Et se prosternant, ils l’adorèrent

Profitons de ce temps de Noël pour expliquer à nos enfants ce qu’est la prière d’adoration. A des tout-petits de 3 ou 4 ans, il est encore tôt pour « expliquer » ce mystère de l’Incarnation, mais c’est dès maintenant qu’il faut les en faire vivre :

Ce petit enfant couché sur la paille, c’est Jésus, le Fils de Dieu. Il est Dieu, le Roi du Ciel et de la terre…On prendra un air bien solennel pour montrer tout le respect que l’on doit avoir pour ce si petit Bébé. Quand les bergers sont entrés dans l’étable, qu’ont-ils fait d’abord ? Ils se sont mis à genoux devant l’Enfant Jésus pour l’adorer. Et quand les Rois Mages sont arrivés après leur long voyage, qu’ont-ils fait ? Ils virent l’Enfant avec Marie sa mère, et se prosternant, ils l’adorèrent. (Matth.2, 10).

Pourquoi les bergers et les Rois Mages se sont-ils mis à genoux devant le petit Jésus ? Parce qu’ils savent que ce tout petit Enfant, c’est le Fils de Dieu. Nous aussi, nous allons nous prosterner devant Jésus pour L’adorer, parce qu’il est Dieu. On ne peut adorer que Dieu ! (C’est pourquoi on n’emploie ce mot que pour Dieu seul…même pas pour le chocolat ou pour d’autres fantaisies !)

Et comme l’ange de Fatima l’a montré aux petits bergers Lucie, Jacinthe et François, à genoux, nous nous prosternerons la face contre terre. Après un petit temps de silence les enfants pourront répéter : « Jésus je vous adore de tout mon cœur, de toute mon âme. Je crois que vous êtes le Fils de Dieu et je Vous aime par-dessus tout. »

L’adoration est la première attitude de l’homme qui se reconnaît créature devant son Créateur. Les premiers chrétiens l’ont compris, eux qui sont morts par milliers par refus d’adorer idoles ou faux dieux. « L’adoration est le prosternement de l’esprit devant le Roi de gloire (Ps23, 9-10) et le silence respectueux face au Dieu toujours plus grand » (St Augustin).

Nous l’avons dit souvent : c’est en priant nous-mêmes que nous apprenons à nos enfants à prier. La toute première des prières n’est-elle pas l’adoration ? Si nous, parents, avons un sens profond de l’adoration, c’est tout naturellement que nous le transmettrons à nos enfants. A partir du moment où le bon Dieu voit nos efforts pour réellement Le mettre EN PREMIER dans notre vie et dans l’éducation de nos enfants, Il nous donnera toutes les grâces dont nous aurons besoin pour mener à bien cette grande et belle tâche : faire de nos enfants des adorateurs de Dieu !

Cette formation se fait dès les toutes premières années, en habituant le tout petit à vivre en présence de Dieu. Pour cela il suffit de se remettre en esprit devant Dieu, non seulement présent partout, mais aussi au-dedans de nous, et de se rappeler Son immensité, Son grand amour pour nous et Son secours dans tous nos besoins. On apprendra que l’on peut prier Dieu en tous lieux, et l’on admirera toutes ces belles choses qu’Il a créées tout autour de nous : les paysages les animaux, les fleurs…tout cela est l’occasion de faire monter  nos prières vers le Créateur.

 Quand on prie le bon Dieu, cela se fait dans le silence, mais on ne passe pas instantanément de l’agitation à l’immobilité. Prenons le temps nécessaire pour obtenir le calme qui apporte aussitôt détente et repos : l’âme devient alors disponible pour s’élever vers Dieu. N’oublions pas que la bonne tenue est aussi le « silence du corps », et gardons  le « silence des yeux »… quand on prie en famille, comme à la messe, on ne se retourne pas. Il y a là une discipline dont il faut donner progressivement l’habitude à l’enfant (à partir de 2ans et demi ou trois ans), pendant la prière, on « commande à son corps » de ne plus bouger, cela viendra progressivement. Pour cela il faut déjà  avoir donné au jeune enfant des habitudes de respect, de bonne tenue, de maîtrise de soi dans la vie quotidienne

Pendant la prière, et particulièrement la prière d’adoration, les gestes sont importants : signe de croix, génuflexion, savoir se gêner pour Dieu en restant bien à genoux et pas sur les talons. Quand on s’adresse à la Majesté de Dieu on se doit d’avoir une attitude respectueuse, un sens du sacré. C’est cette bonne tenue qui favorisera le recueillement et fera prendre conscience que c’est véritablement à Dieu que nous nous adressons.

Lorsque nous irons à l’église voir la crèche, nous irons d’abord devant le tabernacle prier Jésus, parce qu’au Tabernacle, Jésus est là, vivant. Cette visite à l’église pourra être l’occasion d’apprendre aux plus petits à bien faire une génuflexion, geste d’adoration et de respect.

Pour être solide, la piété doit s’appuyer sur ce mystère de l’Incarnation. Il faut imprimer fortement cette idée que l’Enfant Jésus est Dieu. Cet amour pour Jésus grandira quand l’enfant comprendra pourquoi Il est venu. Plus tard la Rédemption touchera à nouveau son cœur.

Vous verrez alors que vous n’aurez pas perdu votre temps car vous aurez donné à vos enfants le sens de la vie de l’Enfant-Dieu, et développé sa piété envers le Christ depuis le bois de la Crèche jusqu’au bois de la Croix.

SL

ACTUALITÉS CULTURELLES

  • Châteauneuf sur Loire (45) :

« Maurice Genevoix (1890-1980) un hymne à la vie » jusqu’au 28 janvier au Musée de la marine de Loire. Une invitation à redécouvrir la personnalité et l’œuvre de l’écrivain, enfant de Châteauneuf sur Loire. « Il mit au service de son œuvre sa prodigieuse mémoire, ses dons d’observation, sa sensibilité vive et sa langue raffinée « la plus pure, la plus française »…

  • Château de Chantilly (60) :

A partir du 23 février 2019, réouverture des appartements privés du duc et de la duchesse d’Aumale après presque deux ans de travaux de restauration de leur décor et mobilier. Il s’agit des seuls appartements princiers entièrement conservés en France.

  • Lyon (69) :

« Claude, un empereur au destin singulier (10 avant JC- 54 après JC) » jusqu’au 4 mars au Musée des Beaux-Arts.  Qui était l’empereur Claude, né à Lyon, et qui n’aurait jamais dû régner sur le vaste empire romain ?

  • Valloire (73) :

Du 15 au 18 janvier, et du 22 au 25 janvier, concours internationaux de sculptures sur glace. 50 sculpteurs du monde entier s’affrontent amicalement dans la neige.

  • Evian (74) :

« Légendes des pays du Nord » jusqu’au 17 février au Palais Lumière. L’enchantement des contes de Noël à travers des illustrations finlandaises.

  • Paris (XVe) :

Profitez des vacances scolaires pour une bonne sortie en famille au Salon de l’agriculture, du 23 février au 3 mars au Parc des Expositions, Porte de Versailles.

  • Rouen (76) :

« Pratiques du dessin du XVIe siècle à nos jours » jusqu’au 11 février au Musée des Beaux-Arts (exposition gratuite).

  • Fontainebleau (77) :

 « Louis Philippe à Fontainebleau- Le roi et l’histoire » jusqu’au 4 février au château de Fontainebleau seront exposées plus de 200 œuvres appartenant au château ou prêtées par des collections publiques ou privées.

  • Versailles (78) :

« Louis Philippe et Versailles » au château jusqu’au 3 février : une plongée dans le Versailles du XIXe siècle.

  • Castres (81) :

« Trésors de la cathédrale de Castres » jusqu’au 3 février vous pourrez admirer au Musée Goya les ornements et objets liturgiques provenant de la cathédrale et appartenant à la ville.

  • Avignon (84) :

« Triptyque de Venasque, renaissance d’un chef d’œuvre » jusqu’au 29 avril au Musée du Petit Palais. On le disait impossible à restaurer…venez le redécouvrir après 40 ans passés dans les réserves…

  • Rueil-Malmaison (92) :

« Meubles à secrets, secrets de meubles » jusqu’au 18 février au Musée National du château de Malmaison. A l’occasion de l’achèvement de la restauration (par l’Ecole Boulle) d’un secrétaire spectaculaire à secrets inédits, venez parcourir les pièces du Musée pour y découvrir tiroirs et cachettes dissimulés …

Le foyer, royaume de charité

De part le sacrement de mariage et les grâces reçues, nous régnons sur notre foyer ; or une reine n’est-elle pas responsable de l’atmosphère générale de son royaume ? N’est-ce pas nous, qui, en tant que cœur de la famille, devons donner le « la » de l’ambiance générale pour que chacun ait plaisir à s’y retrouver ?

Bien sûr une maman aura à cœur, même avec de petits moyens, de donner une âme à sa maison en y mettant sa touche féminine et en l’imprégnant d’une note chaleureuse. Naturellement elle mettra tout son talent de cuisinière en soignant particulièrement les bons petits plats qui feront plaisir à chacun le dimanche ou le jour du retour des plus grands… Mais si tout ceci est nécessaire, ce n’est pas suffisant… Penchons-nous aujourd’hui sur l’atmosphère profonde de la maison, cette ambiance saine et toute imprégnée de charité qui doit régner au cœur de la famille.

Notre rôle est ici primordial. Il demande un grand équilibre et quelques notions pour garder le cap afin que notre foyer rayonne de la vraie charité.

L’une des conditions pour bien donner est, nous vous l’avons déjà dit, d’avoir personnellement trouvé un équilibre spirituel et affectif. Seul le trop plein se  répandra alors autour de nous.

Se remplir pour donner

Le premier élément est bien entendu de déceler les dons reçus  et de savoir en être reconnaissant :

-vis-à-vis de Dieu qui nous a tout donné et dont le don est encore permanent. Est-ce que je suis consciente que tout vient de Dieu ? Est-ce que je lui rends les honneurs qui lui sont dus ? Apprenons à regarder en arrière pour remercier la Providence de ses multiples interventions qui nous ont guidées tout au long de notre chemin. Si parfois, dans l’instant, nous n’avons pas compris les voies de Dieu, souvent,  à posteriori, nous ne pourrons que rendre grâce !

-vis-à-vis de nos parents. Bien souvent on rencontre des personnes qui ont gardé des amertumes et des aigreurs par rapport à leur famille. Si l’on veut construire et donner en vérité, ne doit-on pas pardonner, voir les éléments positifs qui ont marqué notre vie et nous grandir sans nier les imperfections mais s’en servant de tremplin pour rebondir ? Avons-nous pensé à remercier nos parents pour tout ce qu’ils nous ont transmis ? Pour la vie et la foi qu’ils nous ont données ? Leur sommes-nous gré d’avoir été le maillon d’une grande chaîne et de nous avoir transmis notre histoire familiale ?

-vis-à-vis de la société, de nos maîtres, de nos prêtres,… savons-nous reconnaître tout le bien qui nous a été fait ?

On ne peut soi-même devenir un maillon positif de la chaîne  que si l’on reconnaît ce que l’on a reçu, si l’on pardonne les erreurs qui ont été faites et si l’on tire les conclusions qui nous permettront de mûrir et de pouvoir construire à notre tour !

Ne nous berçons pas d’illusions : nous avons tous vécu des événements plus ou moins difficiles dans notre vie, été victimes d’erreur de jugement ou d’orientation mais la perfection n’est pas de ce monde et si nous ne reproduisons pas les impairs qu’ont faits nos parents, nous en ferons certainement d’autres… Notre nature n’étant pas parfaite, c’est la loi, l’important est de ne pas garder et ruminer des souvenirs indéfiniment ! Savoir pardonner nous aidera alors à donner à notre tour !

Après ce travail sur nous-mêmes, il nous faut être vigilant pour conserver ou acquérir une stabilité harmonieuse à tous les niveaux : une maman épuisée, excédée et de mauvaise humeur n’aura plus qu’une toute petite flamme pour rayonner…

Attention, messieurs, c’est bien vous qui êtes responsables de l’équilibre de votre femme ; vous devez donc veiller sur elle : « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle (…). C’est ainsi que les maris doivent aimer leurs femmes, comme leurs propres corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Car jamais personne n’a haï sa propre chair ; mais il la nourrit et l’entoure de soins, comme fait le Christ pour l’Eglise[1]. » La femme doit trouver son « épanouissement » dans son foyer et non « malgré » ou « en dehors de » celui-ci. Par le don qu’elle fait d’elle-même à tous, elle reçoit en plénitude et peut alors transmettre la joie des enfants de Dieu.

Pour que la flamme rayonne en vérité, il faut donc :

– Avoir une vie spirituelle riche car c’est le seul moyen de transmettre l’amour de Dieu.

– Respecter un rythme naturel équilibré (Sommeil, nourriture, exercice physique…) en connaissant ses faiblesses et ses limites.

– Occuper sainement ses temps libres (après son devoir d’état) en pratiquant les œuvres de miséricorde, puis aussi en exerçant l’une ou l’autre de ses « passions » (lecture, histoire, enseignement, encadrement, tapisserie…)

c’est ce que Saint Thomas appelait la vertu d’eutrapélie[2].

– Ménager des moments privilégiés avec son époux pour écouter ce qu’il a à dire et prendre le recul nécessaire.

C’est alors que l’épouse pourra véritablement Rayonner !

Elle aura à cœur de transmettre à ses enfants les qualités familiales, l’histoire de leurs deux familles : il y a toujours une belle âme, un héros ou une histoire à raconter…

Elle saura voir le positif, et leur apprendre à toujours considérer « le verre à moitié plein », examiner ce qui va bien, apprendre à ses enfants à dire merci (l’ingratitude est un défaut qui fait tellement souffrir !). Elle les aidera à analyser les échecs pour en faire une progression.

Elle veillera à ce que chacun puisse s’exprimer et « raconter » à son tour et que tout le monde l’écoutera avec bienveillance. Elle maintiendra un climat de paix en bonne harmonie.

Elle sera très vigilante pour éliminer les ruminations toxiques qui empoisonnent les âmes, bannir l’esprit de critique systématique : ces médisances et calomnies qui déforment le cœur. Elle leur enseignera les vertus de bénignité et de bienveillance  en opposition avec la jalousie et les rancœurs. Elle apprendra à ses enfants à critiquer les actes (il le faut bien malheureusement…)  et non les personnes.

Elle leur enseignera à recevoir la reconnaissance des autres sans mièvrerie. Chacun doit savoir accepter un compliment pour un acte bien fait quand il est dû, sans fausse pudeur mais avec humilité et la maman prendra garde à ne pas nuire à la formation du cœur de son enfant en recherchant elle-même les compliments. Ceux-ci doivent être justes mais on ne doit pas s’appesantir dessus. Elle doit exiger que les réflexions déplacées sur la « beauté » de l’enfant ne soient pas entendues par la personne concernée… qui n’en tirera que vanité et dureté de cœur.

Son rôle est bien de forger des cœurs droits et purs sans jamais tomber dans le sentimentalisme mais en ayant toujours pour objectif de former des âmes pour le ciel.

Ainsi la charité règnera profondément au cœur du foyer.

Que Notre-Dame des Foyers ardents vous aide en ce début d’année à faire le point sur ce qui doit être amélioré pour que votre famille reste ou devienne un lieu de paix où chacun aime à venir se ressourcer.

Marguerite-Marie


[1] Saint Paul ; Epitre aux Ephésiens- (5-25)

[2] «il est contraire à la raison d’être un poids pour autrui, de n’offrir aucun agrément et d’empêcher son prochain de se réjouir … ceux qui refusent de se distraire, qui ne racontent jamais de plaisanteries et rebutent ceux qui en disent, ceux-là sont vicieux, pénibles et mal élevés» (IIa IIae, Q168, a 4)

Le mot du Père Joseph

Nous ne nous sommes donnés à nous-mêmes ni notre être ni notre condition humaine. C’est du néant que nous avons été tirés et notre existence ne s’explique que par la Toute-Puissance divine qui nous a créés et nous maintient ensuite dans l’être, instant après instant. Nous nous trouvons donc dans une dépendance essentielle à Dieu qui s’étend d’ailleurs à l’universalité de tous les biens dont nous disposons ou dont nous avons besoin.

            Et, parce que Dieu, pour nous procurer ses innombrables bienfaits, fait souvent appel à de nombreux médiateurs célestes ou terrestres, nous devenons également tributaires et débiteurs, quoique dans une moindre mesure, de tous ceux, anges ou saints, parents ou maîtres, par qui nous arrivent les dons divins, tant dans l’ordre naturel que dans l’ordre surnaturel.

            Il faut remarquer ici que l’homme, parmi toutes les créatures, se distingue même en ce qu’il est la plus indigente de toutes, celle qui exige le plus de soins et d’attention pour vivre et se développer. Tandis que les anges ont tout de suite été créés dans leur perfection naturelle ou que les petits poussins, sitôt cassée leur coquille, sont déjà presque autonomes, ce sont de longues années qui seront nécessaires pour qu’arrivent à maturité les enfants des hommes. Et le Fils de Dieu lui-même prenant notre nature humaine, langé par sa mère et lui prenant le sein, n’a pas échappé à cette loi fondamentale de dépendance.

            Est-il nécessaire que l’homme ait conscience de sa condition ? Certes, les adultes acceptent volontiers d’un tout petit enfant qu’il ne sache pas manifester sa gratitude. Mais, bien avant qu’il n’ait atteint l’âge de raison, l’œil maternel lui-même sait se faire sévère si l’enfant qui balbutie à peine quelques mots, ne dit pas « merci » quant il le faut. Et chacun considérera avec sévérité et inquiétude l’enfant qui grandit sans élan de reconnaissance à l’égard de ceux dont il reçoit tant de choses au quotidien. Son ingratitude provoque une juste indignation et resserre souvent le cœur de ceux qui auraient eu envie de lui donner davantage.

            Mais ces adultes, qui ont mille fois raison d’exiger de leurs enfants la reconnaissance, joignent-ils eux-mêmes tous les jours les mains pour remercier Dieu de la profusion des biens qu’Il ne cesse de leur dispenser ? Pensent-ils encore que la douce chaleur du soleil et que la pluie qui régénère la terre sont des dons du Ciel qui suffisent déjà à requérir notre gratitude ? Ne demandent-ils pas à leurs enfants ces remerciements qu’ils refusent à Dieu ? Et s’ils ne l’obtiennent que si mal de leur progéniture, n’est-ce d’ailleurs pas en raison de leur propre méconnaissance des dons de Dieu ?

            Avant que les enfants ne se campent devant leurs parents, les adultes orgueilleux se sont les premiers campés devant leur Dieu. A la racine de notre ingratitude se trouve notre péché d’orgueil. Nous ne voulons pas accepter de reconnaître cette situation de totale indigence où nous nous trouvons. C’est Saint Paul qui a admirablement su exprimer cette relation entre l’oubli des bienfaits divins et notre orgueil : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi t’en vanter comme si tu ne l’avais pas reçu ?[1] »

            André Gide ne s’est pas trompé, pour une fois, en disant que la fatuité est toujours accompagnée de sottise. Et, en réalité, quel spectacle triste et ridicule que celui de l’infatuation humaine, de cet extrême aveuglement où se perd l’homme enivré de lui-même. Saint Paul continue à ironiser : « Déjà vous êtes rassasiés ! Déjà vous vous êtes enrichis ! Sans nous, vous êtes devenus rois ! Eh, que ne l’êtes-vous donc rois, pour que nous partagions, nous aussi, votre royauté ![2] »

            Cette dénonciation du rassasiement, si proche de l’hébétude, n’est-elle pas également prononcée par la douce Vierge Marie dans son « Magnificat » ? Elle exprimera le terrible châtiment des « riches », c’est-à-dire de ceux qui sont satisfaits d’eux-mêmes, qui n’ont plus conscience d’être misère et poussière : « Il a comblé de biens les affamés, et renvoyé les riches les mains vides.[3] » Comprenons-nous que ce renvoi est le plus terrible des malheurs ? Ce n’est point que Dieu prenne plaisir à nous renvoyer mais nos âmes, comme des outres toutes gonflées d’elles-mêmes, sont devenues comme inaptes à recevoir l’eau vive que Dieu avait réservée pour elles. Qu’est-ce que Notre-Seigneur pouvait apporter aux pharisiens tout pénétrés de leur importance, tout persuadés de leur perfection ? Il se heurte tristement à leurs portes closes et distribue alors ses trésors aux publicains et aux âmes qui ont pris conscience de leur indigence.

            Faut-il écrire les lignes qui suivent pour vous, chers parents, ou pour vos enfants ? Je crois qu’il faut les écrire pour vous. Si vous comprenez l’importance de ce message et que vous cherchez à en vivre, vos enfants se feront tout naturellement vos imitateurs et seront les grands bénéficiaires du travail de la grâce dans vos âmes. Comprenez ce que Notre-Seigneur vous dit à vous en s’adressant à la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu.[4]»  « Si tu le  connaissais, comme c’est toi qui me le demanderais ! Comme ton âme serait altérée, impatiemment désireuse de se le procurer ! Comme tout te semblerait fade et morne hors l’espérance de cette eau vive qui est ma vie, ma vie divine que je veux te donner ! Comme tu comprendrais qu’il n’est qu’un seul désir qui doive habiter le cœur de l’homme, celui de moi-même, ton Sauveur ! Et tous les autres désirs, qui sont autres que moi seul, ne sont que des vipères qui divisent et désolent ton âme ! Le comprends-tu ? »

            Chers parents, soyez des âmes de désir et des âmes d’un seul désir. Soyez des âmes uniquement désireuses de ce Dieu qui est votre Tout. Que pourrait-il donc vous manquer si vous possédez Dieu ? Que pourriez-vous rechercher d’autre si vous l’avez trouvé ? Jamais vous ne le rechercherez, jamais vous ne le désirerez suffisamment. Il n’est aucun excès possible dans la volonté de s’unir à Lui. L’amour est sortie de soi-même. L’amour est comme une flamme, comme elle, il ne doit jamais se fatiguer de s’élancer de tout lui-même vers le Ciel.

            Parce que nous sommes les héritiers d’un Père qui est le Bon Dieu lui-même, la vue des splendeurs que nous avons reçues de lui doit nous remplir d’admiration et de joie. Notre reconnaissance et notre amour doivent s’élever vers Lui. Nos âmes doivent être toutes remuées de tant de bonté. Et nos cœurs doivent se dire cependant que ce ne sont encore que les prémices du don parfait que Dieu veut nous faire et qui est le don de lui-même, pour l’éternité. Si nous devons attacher la plus grande importance à développer nos aptitudes d’âme à recevoir par la conscience de notre indigence, par la culture de l’humilité et de la reconnaissance, c’est en vue de notre admirable destinée surnaturelle. Dieu est amour[5]. Et parce que Dieu est amour, Il ne se contente pas de donner mais Il se donne Lui-même à ceux qui s’ouvrent pour le recevoir. Alors, rappelons-nous qu’Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu.[6]»

Pardonnez-nous, ô mon Dieu, de ne pas vous avoir reçu ! Faites que désormais, nous vous recevions, de tout notre cœur embrasé, de tout l’élan de notre âme, de tout notre amour afin de réellement « devenir enfants de Dieu.[7] »

Père Joseph


[1] I Cor. 4-7

[2] I Cor. 4-8

[3] Luc I, 53

[4] Jn. 4, 10

[5] 1 JN 4,16

[6] JN I,11

[7] JN, 1

A vos machines!

http://foyers-ardents.org/wp-content/uploads/2019/01/Jupe-Emmanuelle-instructions-avec-photos.pdf

http://foyers-ardents.org/wp-content/uploads/2019/01/Jupe-Emmanuelle-instructions-sans-photos-pour-imprimer.pdf

Chère amies,

Ce mois ci nous vous proposons une nouvelle jupe. Elle est présentée ici dans un tissu et une couleur pour tous les jours, facile à assortir, mais nous laissons d’autres réalisations se préparer dans vos imaginations ; le patron se coud dans un tissu souple, donc velours fin plus coloré, crèpe pour une jupe de fête, flanelle colorée, laine légère…tout est possible, vous pouvez même la garder dans un coin pour en faire une jolie jupe d’uniforme pour les camps d’été.

Nous vous souhaitons une bonne couture !

http://foyers-ardents.org/wp-content/uploads/2019/01/JUPE-N2.pdf

Marie Hélène et Isabelle.

Savoir recevoir

Chers amis,

            L’équipe de Foyers Ardents  vous souhaite une bonne et sainte année, toute remplie d’espérance… car « que sert à un homme de gagner le monde entier, s’il vient à perdre son âme[1]… ».  Que la sérénité et la paix de Noël envahissent nos cœurs et y demeurent ! Que peut-on souhaiter de meilleur?

            A partir de ce mois de janvier, nous vous offrons quatre pages supplémentaires avec une nouvelle rubrique de philosophie politique. En effet cette notion, peu abordée de nos jours, mérite d’être étudiée et la formation de nos chefs de famille le réclame. Vous découvrirez dans ce premier numéro : « Le devoir d’état et la politique ».

            Nous traitions dans notre numéro précédent du fait de « savoir donner », aujourd’hui Foyers Ardents voudrait permettre à chacun de comprendre la notion plus subtile et pourtant capitale de « savoir recevoir ». En effet, de même que la grâce passe et que nous ne savons pas toujours la recevoir, de même il nous faut être en des dispositions particulières pour recevoir toutes les sortes de dons. Or la vie n’est-elle pas faite toute entière de dons ? Don de la foi, tout d’abord, de la vie, de la famille, de l’enseignement, des soins… Dons reçus de Dieu, de ses ancêtres, de ses parents, de son époux, de l’Eglise, de la société, de ses professeurs, des soignants, des frères et sœurs, des amis…

En tout premier lieu, n’avons-nous pas tout reçu de Dieu ? Aussi l’homme se doit de Le reconnaître comme son bienfaiteur universel, l’adorer et en conséquence suivre ses lois.

Comment donc recevoir ces dons ? Bien souvent nous les considérons comme un dû et nous n’avons pas même l’idée de remercier. Il arrive aussi que nous soyons gênés de recevoir car si donner demande générosité et délicatesse, recevoir demande beaucoup d’humilité et de gratitude. Nous nous cachons derrière un : « c’était pas la peine », « je ne le méritais pas ! » qui nous dévalorise et met mal à l’aise le donateur.

Chacun d’entre nous est à la fois donneur et receveur, c’est ainsi que Dieu l’a voulu et cela nous permet d’examiner plus concrètement les devoirs que cela entraîne de part et d’autre afin que la joie du ciel rayonne dans nos vies.

Que Notre-Dame des Foyers Ardents nous aide à être à la fois, délicats, généreux, humbles et reconnaissants envers chacun et envers Dieu en tout premier lieu.            

Marie du Tertre


[1] Saint Matthieu 16,26