Benoît, un père de
famille de 7 enfants de 32 à 19 ans, pourtant éprouvé par la grave maladie de
son épouse, me disait récemment : « Je rends grâce à Dieu pour ma
famille, quelle joie ! Mes enfants s’entendent bien ; ils sont
contents de se retrouver en famille et nous entourer. Tous dans le droit
chemin, catholiques pratiquants et engagés ! » .
Pouvoir dire cela après
30 ans de mariage ou plus, n’était–ce pas notre rêve de fiancés et de
jeunes mariés ? Ce rêve doit devenir un projet concret : construire
une famille épanouie, solide et qui rayonne dans la société ; une famille
qui conduit ses membres vers le Ciel, qui transmet et fait grandir ce qu’elle a
reçu.
Si des imprévus surviennent, si certains enfants sont plus difficiles, rien n’est perdu à condition que nous sachions revenir à l’essentiel, et nous faire aider par l’Eglise et de bons amis.
Le soutien mutuel, indispensable à la réussite
Le soutien mutuel
est la seconde finalité du mariage, c’est dire son importance essentielle dans
la réussite du projet familial et de l’éducation des enfants.
L’épouse de Benoît,
elle-même ingénieur d’une grande école, a consacré la plus grande partie de son
temps à sa famille, sans travail extérieur rémunéré, avec le soutien de son
mari, et ils en sont récompensés !
Dans ce choix, le
mari a eu un rôle essentiel: il a établi avec son épouse un projet partagé de
la complémentarité de leurs rôles, et de leur niveau de vie.
Chef d’entreprise à taille humaine
Lorsqu’on m’interroge au bureau, j’aime présenter mon épouse comme « chef d’entreprise », polyvalente: elle assume effectivement les rôles irremplaçables de directrice des ressources humaines, psychologue, responsable des achats et de la logistique, animateur formateur, directrice de la communication externe et interne, gestionnaire et Secrétaire Générale. Elle est parfois également responsable de l’innovation, éditeur, artisan, décoratrice, aide-soignante, animatrice de réseau associatif, enseignante… Ces travaux à forte valeur ajoutée sont-ils moins précieux parce qu’ils ne sont pas rémunérés par un salaire ? Une garde d’enfants salariée les fera- t-elle mieux que ma femme ?
Maris, ayons un
regard positif sur nos épouses pour les défendre, les valoriser, les consoler
lorsqu’elles auront entendu des phrases qui les déstabilisent !
Equilibre et lien
social
Le mari veillera à
l’équilibre de son épouse et la soutiendra dans la recherche d’activités qui
emplissent son cœur au-delà des travaux directement liés au foyer et aux
enfants.
Ainsi, l’épouse
établira des liens entre leur famille et les communautés voisines :
entraide entre familles de l’école ou de la paroisse, mouvements ou cercles de
formation et de soutien entre ménages, associations, formation, kermesse…
Lorsque le mari exerce
une profession indépendante (artisan, agriculteur, cabinet, commerce…), souvent
l’épouse soulage son époux, selon ses talents, avec des responsabilités
convenues ensemble et un temps limité respectant la priorité à la vie de
famille et à ses travaux au service du foyer.
Attention ! Un
travail même non rémunéré, dans des œuvres ou associations, s’il devient
prédominant dans l’emploi du temps, sera aussi néfaste à l’équilibre familial
qu’un travail salarié à l’extérieur…
L’argent, source
fréquente de discorde.
Commençons par ne
pas tout compter en argent: quelle que soit notre fortune réelle, détachons
nous du matérialisme qui peut nous faire manquer de délicatesse envers notre
épouse… Ne nous plaignons jamais d’être le seul à « gagner » de
l’argent, ni d’être fatigué (pourquoi plus qu’elle ?) quand nous rentrons
le soir.
Il faut faire comprendre que l’argent gagné est à nous deux et pour le bien de tous. Organisons-nous et faisons confiance pour les dépenses que l’épouse gère alors sans penser « mon mari ne me donne pas assez »… le mari s’interdisant de dire « fais attention »…ce qui ne peut qu’inciter l’épouse à chercher à « gagner plus » à l’extérieur !
Déléguer, c’est
néanmoins se tenir au courant du budget, s’intéresser aux dépenses et aux
besoins, éviter les conflits en décidant à deux sur les sujets
importants : quelles économies ? Sur quoi et pourquoi ? Quels
investissements et quand ? C’est aussi s’intéresser à tous les aspects non
financiers de la vie de famille et des enfants !
Si la situation est
trop difficile, c’est ensemble que l’on réfléchira à ce que le mari pourrait
faire pour améliorer sa situation, et aux éventuels travaux réalisables par
l’épouse, de préférence à domicile.
La motivation et la
reconnaissance au travail
Le rôle de
l’épouse, maîtresse de maison, est donc aussi un véritable travail. Le chef de
famille, comme le chef d’entreprise envers ses collaborateurs, aura à cœur de travailler la motivation et
d’exprimer sa reconnaissance ! Ce sont des moteurs et des conditions
indispensables à l’équilibre de l’épouse.
L’époux peut
s’inspirer des trois engagements réciproques qu’une grande entreprise française
demande à ses directeurs et ses collaborateurs :
- Être attentif :
s’intéresser, coopérer, reconnaître les efforts;
- Evoluer ensemble,
c’est-à-dire progresser ensemble, partager les idées;
- Permettre à chacun
de donner le meilleur de lui-même, selon ses talents et sa personnalité.
S’il est besoin de
demander ces engagements, c’est que l’individualisme et le matérialisme
contemporains, détruisent le lien social et la capacité à réussir au
travail comme en famille!
Admirer, encourager
son épouse, ses enfants
« Souvent, le regard d’admiration de
l’homme pour son épouse et pour ses filles manque ; la reconnaissance
paternelle manque, ou au moins n’est pas suffisamment exprimée dans le cadre
familial, en public et en privé. L’épouse puis ses filles seront tentées
d’aller chercher dans le monde professionnel cette reconnaissance qui leur a
manqué. La place de la mère de famille au foyer est alors dévalorisée aux yeux
des filles d’autant plus qu’elles ont parfois mis la main à la pâte sans jamais
en recevoir de reconnaissance de la part du père de famille pour qui cela était
seulement « normal », d’où une envie de trouver un autre
« modèle de vie ». Là où la mère de famille devrait être considérée
comme une princesse (à la mesure de son don et pour alimenter ce dernier), elle
n’est quelquefois traitée que comme une bonne, même si l’intention n’est pas
là, c’est évident, la plupart du temps. On oublie que la mère au foyer est
également maîtresse de maison ! Ce rôle ne lui est pas reconnu lorsque le
mari est trop intrusif dans la gestion quotidienne des choses, sous prétexte de
faire valoir son autorité » (conseils
d’un prêtre), ou par inquiétude et manque de confiance sur les capacités de
son épouse.
L’exemple du père,
et ses discussions avec ses fils seront déterminants pour que les fils
eux-mêmes sachent valoriser et encourager leur épouse dans leur rôle de
maîtresse de maison, âme du foyer. Le père les motivera et les aidera à être
courageux dans leurs études et leur travail, quelles que soient leurs
facilités, afin de pouvoir subvenir au mieux aux besoins de leur future
famille !
Hervé Lepère