Pauvreté, qui es-tu ?

Pour ne l’imaginer que couverte de haillons, Dame Pauvreté fait peur. Aussi l’estimons-nous peu appropriée à nos foyers, qui à l’évidence ont besoin du vêtir et du loger, comme d’ailleurs de tant d’autres nécessités. Alors, volontiers, nous la laissons aux religieux : n’est-ce point à eux d’en faire le vœu, conjointement à ceux d’obéissance et de chasteté ?

Un tel regard, nous le sentons, relève de la caricature, peut-être même du mensonge avec soi-même. Il est le fruit d’un cœur vide, voire esclave d’un siècle avide. A confondre vœu et vertu, il n’encourage que la médiocrité. Si le vœu de ne rien posséder est propre au religieux et se trouve spécifié par la règle de ce dernier, la vertu est appelée à être partagée par tout chrétien, et son exercice multiforme s’adapte à chaque état en particulier. En ce sens, la vertu de pauvreté relève d’abord d’une disposition d’esprit : « Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5, 2).

Oui, la pauvreté chrétienne est une noble Dame, certes remplie de paradoxes. Quand le monde des ténèbres la traite en ennemie, objet de tous les mépris ; quand les têtes mitrées elles-mêmes ont pris ce mauvais pli, pour s’être croisés contre la pauvreté dans le monde, Jésus-Christ, lui, a dit : « Bienheureux les pauvres en esprit ». Autre paradoxe et non des moindres ; là où la pauvreté semble s’identifier au manque et à la privation, ses chantres chrétiens disent combien elle est souveraine possession : « Nous sommes considérés comme pauvres, nous qui enrichissons un grand nombre ; comme n’ayant rien, nous qui possédons tout » (2 Co 6, 10).

Dame Pauvreté, qui donc es-tu, de qui es-tu la parure ?

Cette pauvreté, l’Évangile l’appelle encore simplicité. Elle est la caractéristique du cœur qui n’a qu’un seul principe fondamental de vie, du cœur qui ultimement ne recherche qu’une seule chose : son Dieu, seul capable de la combler. Une telle âme sait que les véritables richesses ne sont pas celles du monde de la matière, mais de l’esprit. Et quand l’Esprit divin, maitre et créateur de tout, vient à se proposer, alors tout n’est plus rien. Assoiffée qu’elle est d’éternité, une telle âme relativise donc ce qui est passager. Parce que le temps est court (1 Co 7, 29), certes « elle use du monde, mais comme n’en usant pas » (1 Co 7, 31). Se sachant rachetée à grand prix, elle ne veut plus se rendre esclave des hommes (1 Co 7, 23), aussi son trésor est-il là où le voleur ne s’approche pas, là où la teigne ne détruit point, là où les bourses ne sauraient s’user (Lc 12, 33-34). Inépuisable, ce trésor relève non du paraître ni de l’avoir, mais de l’être ; de l’être divin qui se communique, parant l’être même de l’homme de divins reflets portant le beau nom de vertu. Alors oui, à la découverte d’un tel trésor proposé à tous et enfoui en chacun par la grâce baptismale, on comprend les âmes consacrées qui délaissent tout pour partir à son immense conquête : « Le royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; celui qui l’a découvert le recache et, dans sa joie, vend tout ce qu’il a pour acquérir ce champ » (Mt 13, 44). C’est la joie d’un saint François épousant promptement Dame pauvreté, mais c’est encore celle de tout chrétien que la vie aura lentement tourné vers les véritables biens, jusqu’à franchir enfin, au soir de sa vie, le seuil de la céleste Patrie.

Fondamentalement, cet esprit de pauvreté est donc caractéristique de celui qui se sait ici-bas étranger et voyageur (He 11, 13). Un tel constat en entraîne aussitôt un second. Notre pérégrination se faisant dans l’adversité – à raison même du premier péché – le détachement chrétien est encore celui du soldat qui, à chaque fois que le combat approche, ne garde que les armes nécessaires ; délibérément, il laisse en arrière tous les impedimenta, ces lourds bagages nécessaires au campement. Oui, l’Église ici-bas est militante, et la lutte est âpre : « Bien-aimés, je vous exhorte, comme des étrangers et des voyageurs, à vous garder des convoitises de la chair qui font la guerre à l’âme » (1 P 2, 11). Quant aux biens matériels, le monde pécheur – et initialement chacun de nos cœurs – est soumis à deux maîtres qui mènent la guerre à l’âme. Le premier répond au nom de Richesse, le second à celui de Misère ; chacun à sa manière tend à enfermer l’homme dans les préoccupations de la matière, et tous deux finissent souvent par opposer les hommes entre eux, détruisant tour à tour la paix familiale, sociale, ou internationale. Le disent suffisamment les querelles d’héritages, le règne de l’intérêt particulier propre au capitalisme comme l’histoire des conflits de ces dernières décennies. Et le règne de Mammon comme celui de Misère ne s’en répandent que plus. Le motif en est simple : le cœur humain laissé à lui-même est habité par un désir désordonné des biens matériels, par la convoitise des biens de ce monde. De cet esclavage destructeur, Dame pauvreté entend nous libérer. A celui qui, re-né avec le Christ, daigne l’écouter, elle s’adresse ainsi : « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; ayez du goût pour les choses d’en haut, non pour celles qui sont sur la terre. […] Faites donc mourir […] l’avarice, qui est une idolâtrie » (Col 3, 1-5).

Comment mener cette lutte, comment faire régner Dame pauvreté en nos foyers ? « Faites l’aumône, faîtes-vous des bourses que le temps n’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux » (Lc 12, 33). La règle de l’esprit de pauvreté est simple : les biens matériels sont là pour faire le bien. L’acte premier de cet esprit de pauvreté reste donc l’aumône. Heureux le foyer qui sait indexer en son budget prévisionnel une part, si minime soit-elle selon les possibilités, pour faire le bien ! Heureux le grand adolescent qui, dès son premier salaire reçu, saura en consacrer une partie à autre que lui-même ! Il ne saura le faire que si, auparavant, il aura appris de ses parents la pratique de l’aumône. La petite Thérèse de Lisieux volera d’autant mieux vers les sommets de l’union à Dieu que son père lui aura appris, encore enfant, à pratiquer chaque dimanche l’aumône envers les pauvres… Qu’est-ce encore que la pauvreté familiale ? Celle qui sait combattre le délétère esprit de consommation, celle qui à travers le respect du patrimoine se considère comme usager des biens de ce monde plutôt que comme propriétaire, et apprend aux enfants la fuite de tout gâchis, qu’il s’agisse de nourriture ou d’électricité. C’est encore elle qui enseigne à se mettre au service des pauvres, à aider les indigents.

Pour le foyer chrétien habité du désir d’éternité, il ne fait aucun doute que la prudence jointe à la générosité saura faire régner Dame Pauvreté en son sein. Alors oui, Bienheureux sont-ils, car le royaume des cieux est à eux (Mt 5, 2). Dès ici-bas, à travers le voile de la foi, Dieu leur donne le centuple en leur découvrant quelque chose de sa transcendance divine.

Chanson d’automne

Interprété par Jean Lumière (1895-1979)

Les paroles de cette chanson sont tirées de la poésie « Paysage d’octobre » (« Les névroses – 1183») de Maurice Rollinat (1846-1903). Rollinat n’est guère recommandable par sa vie (et sa conception de la vie, très sombre), mais c’est un poète qui chante la nature avec talent. N’écoutez pas cette chanson si vous êtes d’humeur mélancolique !  Si vous êtes touché par la leçon de dépouillement que donne l’automne, vous y trouverez de quoi méditer, sans tomber dans le pessimisme surtout ! Pour ceux qui souhaitent connaître le texte intégral du poème : https://fr.wikisource.org/wiki/Paysage_d%E2%80%99octobre

Les nuages sont revenus,
Et la treille qu’on a saignée
Tord ses longs bras maigres et nus
Sur la muraille renfrognée.
La brume a terni les blancheurs
Et cassé les fils de la Vierge,
Et le vol des martins-pêcheurs
Ne frissonne plus sur la berge.

Refrain

Viens cueillir encor un beau jour
En dépit du temps qui nous brise
Et mêlons nos adieux d’amour
Aux derniers parfums de la brise.

(couplet ajouté pour harmonisation, n’est pas de Rollinat)

Les arbres se sont rabougris ;
La chaumière ferme sa porte, 
Et le petit papillon gris
A fait place à la feuille morte.
Plus de nénuphars sur l’étang ;
L’herbe languit, l’insecte râle, 
Et l’hirondelle en sanglotant
Disparaît à l’horizon pâle.

https://open.spotify.com/search/results/jean%20lumi%C3%A8re%2C%20chanson%20d’automne

Les Saisons (Die Jahreszeiten) – L’automne – Oratorio profane (1799-1801) – Joseph Haydn

Notre citation pour septembre et octobre :

Le plus bel instrument, le plus vieux, le plus vrai, la seule origine à laquelle notre musique doit son existence, c’est la voix humaine ». Richard Wagner (1813 – 1883).

 Les Saisons (Die Jahreszeiten) – L’automne – Oratorio profane (1799-1801) – Joseph Haydn

Trio (Simon, Hanne et Lukas) avec chœur

(Texte tiré d’un poème de Thomson, c’est une vision « déiste » de la nature et du travail qui peut néanmoins nous inciter à bénir nos occupations et à rendre grâce à Dieu d’être propre à les accomplir).

Simon :

So lohnet die Natur den Fleiß;

ihn ruft, ihn lacht sie an,

ihn muntert sie durch Hoffnung auf,

ihm steht sie willig bei;

ihm wirket sie mit voller Kraft.

Ainsi la nature récompense le labeur ;

elle le sollicite, elle lui sourit,

elle l’encourage par l’espérance,

elle l’assiste de bonne grâce,

elle agit en sa faveur de toutes ses forces.

 

Hanne, Lukas :

Von dir, o Fleiß, kommt alles Heil.

Die Hütte, die uns schirmt,

die Wolle, die uns deckt,

die Speise, die uns nährt,

ist deine Gab’, ist dein Geschenk.

De toi, ô ! labeur, vient tout salut.

La chaumière qui nous abrite,

la laine qui nous habille,

les aliments qui nous nourrissent,

sont ton don, sont ton cadeau.

 

Hanne, Lukas, Simon :

O Fleiß, o edler Fleiß!

 Von dir kommt alles Heil.

O ! labeur, ô ! noble labeur !

De toi vient tout salut.

 Hanne :

Du flößest Tugend ein,

und rohe Sitten milderst du.

Tu inspires la vertu

et tu adoucis les mœurs grossières.

Lukas :

Du wehrest Laster ab

und reinigest der Menschen Herz.

Tu préserves du vice

et purifies le cœur de l’homme.

 Simon :

Du stärkest Mut und Sinn

zum Guten und zu jeder Pflicht.

Tu renforces le courage

et le sens du bien et du devoir.

  Hanne, Lukas, Simon avec Chœur :

 O Fleiß, o edler Fleiß,…    

O labeur, ô ! noble labeur…

https://www.youtube.com/watch?v=Il7QFtUYXBo

 

 

Le détachement matériel

Nous vivons un temps où « les valeurs » vantées publiquement, officiellement, sont celles de la consommation et du confort…Tout nous y pousse ! Ce monde s’oppose à celui de Dieu, il refuse la lumière de l’Evangile. Il recherche sans fin les plaisirs, les honneurs, les richesses matérielles. Or, si nous voulons vivre en enfants de Dieu nous devons renoncer aux convoitises de ce monde. Renoncer à toutes les choses qui nous éloignent ou même, pire, nous séparent de Dieu ! Réalisons-nous suffisamment le danger d’une telle tendance ? pour nous-mêmes d’abord et, plus encore, pour nos enfants ?

Ce n’est pas tout de « renoncer au mal et aux convoitises de ce monde », saint Paul définit en trois mots le comportement digne d’un « enfant de Dieu », d’un véritable catholique : vivre dans la tempérance, la justice et la piété

Arrêtons-nous sur le premier de ces trois points : la sobriété, la modération, notamment en ce qui concerne l’usage des choses matérielles, c’est-à-dire « vivre en hommes raisonnables », en gardant une maîtrise de soi mais aussi une prudence et une modération dans cet usage des choses créées.

Tournons-nous à présent vers ce petit enfant de la crèche couché sur la paille, le Fils de Dieu lui-même venu nous enseigner comment vivre en vrais enfants de Dieu… Sommes-nous prêts à l’imiter jusqu’à ce dénuement de Bethléem ? Aussi bien, sans aller jusqu’à pareil « extrême », n’avons-nous pas à puiser devant la crèche quelques leçons de simplicité ? Demandons-nous cette grâce de parfait détachement de toutes les choses créées dont la Sainte Famille nous donne l’exemple ?

Bien sûr il y a une consommation normale, juste, légitime, mais elle a des limites : à nous de fixer ces limites, à nous de ne pas les dépasser. Sachons nous faire, sur ces points, une « règle de vie » …et nous y tenir. C’est dans la mesure où nous aurons acquis une bonne maîtrise de nous-mêmes dans la tempérance que nous pourrons mieux les imposer à nos enfants.

Cela ne peut se faire sans un esprit de pénitence et un goût du sacrifice, en sachant accepter de bon cœur les sacrifices imposés ( peu de moyens financiers, une maladie qui prive de loisirs ou contraint à un régime alimentaire contraignant, pas autant d’enfants qu’on aurait souhaités , ou même pas d’enfants du tout parce que la Providence a voulu cet immense sacrifice pour nous…), mais aussi les sacrifices volontaires ( pas de Nutella tous les matins au petit déjeuner, se priver d’acheter un vêtement ou un repas tout fait en prenant le temps de le confectionner soi-même, refuser d’allumer l’ordinateur trop tôt dans la journée tant que l’on n’en a pas un besoin indispensable…).

Nous éduquerons nos enfants à ce détachement matériel :

Vers deux ans, prêter : doucement, l’encourager à prêter ses affaires, à s’en séparer (ce qui est loin d’être spontané à cet âge !). Cela se fera plus par persuasion que par contrainte en mettant en avant le « pour faire plaisir » à l’autre, en restant souple car cela reste du domaine facultatif.

Réparer : nous aurons à cœur de lui apprendre à ne pas abîmer ce qui lui a été prêté, (ou ce qu’il a pris…) ou, sinon de lui faire réparer avant de le rendre (nous le ferons avec lui tout en lui laissant faire lui-même ce dont il est capable).

Vers quatre ans, partager : à partir de trois ou quatre ans, un enfant devient plus disposé à la générosité : il aime faire plaisir aux autres. C’est donc maintenant que l’on peut développer encore cette générosité en reliant les efforts qu’il va faire à l’amour de Jésus : partager avec l’autre, c’est comme si on partageait avec Jésus. Les occasions matérielles ne manquent pas, mais surtout, rien ne sert d’exiger d’eux qu’ils partagent avec les autres ce qu’ils ont envie de garder pour eux si nous-mêmes ne leur en donnons pas l’exemple : maman se prive de dessert car il manque un fruit dans le compotier…papa prête ses outils au voisin…

A six ans et plus, ne pas gaspiller : nous baignons dans une société si poussée à la consommation que, bien souvent, nous n’avons plus conscience des occasions de gaspillage : dans l’alimentation, les vêtements, les fournitures scolaires, le gâchis du papier…A chacun de voir ce qu’il peut améliorer dans sa vie quotidienne pour moins gâcher en vrais enfants gâtés que nous sommes hélas devenus ! Expliquons à nos enfants que tout ce qui est ainsi gaspillé est perdu, alors qu’il pourrait servir à ceux qui n’ont rien…Apprenons-leur à réutiliser un morceau de papier encore vierge, à terminer le pain rassis avant d’entamer la baguette croustillante… accommodons de temps en temps les petits restes qui traînent dans le réfrigérateur, mettons une pièce sur le genou du pantalon troué, ou transformons-le en bermuda ! Nos enfants verront que le détachement matériel n’est pas nécessairement une question de budget, mais surtout un état d’esprit, celui de la pauvreté que nous demande Jésus, de la paille de sa pauvre crèche à son dépouillement sur la croix !

Après douze ans, se former : en plus de la pratique du détachement matériel dans la vie quotidienne, nous les dirigerons vers un apprentissage de la doctrine, au moyen de lectures (comme le catéchisme de St Pie X) et de conversations, meilleurs moyens de leur donner des idées claires et bien fondées.

En apprenant à nos enfants à savoir se contenter du strict nécessaire, sans se plaindre de ce qui leur manque (ou de ce dont ils rêveraient !), sans désirer ou rechercher le « superflu », ils adopteront un style de vie simple et modeste et comprendront que l’on est bien plus par ce que l’on est que par ce que l’on a !

Sophie de Lédinghen

Ces petits riens qui nous agacent…

 

            Ce sont parfois les plus petites choses qui nous irritent le plus facilement. Oh il s’agit surtout de ces petites choses anodines, qui tapent sur les nerfs, mais sans entamer l’amour mutuel des époux. Même un bon mariage offre ses petits défauts à supporter : une manie qui vire au « tic », un craquement de doigts, un raclement de gorge, une maniaquerie maladive dans le rangement d’une petite cuillère…

On avait la certitude d’avoir épousé l’homme parfait, la femme sans défaut, et voilà que peu à peu cesse notre vision du Mont Thabor devant l’époux idéalisé. A présent que nous avons le privilège de nous côtoyer jour et nuit, nous nous apercevons de bien des singularités, qu’elles soient drôles, gauches ou irritantes. Chacun de nous, examiné sous le microscope de la vie quotidienne, va révéler des petites manies personnelles qui, pour notre prochain, paraîtront bizarres ou agaçantes.

Le mariage présente constamment des occasions que nous pouvons utiliser pour ou contre notre amour mutuel. Lorsque nous considérons un défaut chez notre époux et que nous nous y attardons, nous faisons un rapprochement entre sa personnalité et cette manie, et nous commençons à le voir davantage comme un objet que comme une personne, nous le déformons. Or considérer quelqu’un de l’extérieur est manquer à la charité. Observer d’un œil critique celui que l’on aime est une forme de trahison ; cela brise peu à peu la douce intimité qui existe entre les époux. C’est pourquoi nous devons toujours nous efforcer de regarder par-dessus les particularités et considérer l’intérieur en nous attachant à la personnalité profonde de l’être aimé. Plus on y parviendra, plus les petites manies perdront de leur importance… peut-être même jusqu’à devenir quelque peu sympathiques !

Parfois un certain nombre d’agacements se sont accumulés au fond de notre cœur, et l’on se trouve soudain face à une foule de ressentiments qui feront bientôt place à des disputes successives, parties de faits pourtant insignifiants ! Fatigues, aigreurs accumulées…on se répond d’un ton sarcastique. Considérées séparément ces blessures sont anodines…prises toutes ensemble elles deviennent considérables, quoique petites ! Pour une seule vétille, il n’y a pas de problème ; quand il y en a cinquante en même temps c’est tout différent ! Une façon d’éviter leur accumulation est d’en parler en ménage dès qu’elles se produisent, et chercher le remède à ces incidents irritants. Et si une discussion calme ne suffit pas, il reste encore un moyen, en plus de la prière souvent efficace, que l’on peut utiliser intérieurement : au lieu de tenir mentalement un registre dans lequel on consigne toutes les « manies » de son conjoint, efforçons-nous de dissoudre chacune d’entre elles dans notre amour pour lui à mesure qu’elles se présentent. Chaque soir, avant de nous endormir, essayons d’effacer consciemment de notre esprit les petites difficultés de la journée en les offrant en sacrifices à Notre-Dame, en lui demandant de les prendre en charge pour nous ; ainsi pourrons-nous commencer la journée suivante avec un cœur neuf.

Quelle que soit la profondeur de notre amour, nos imperfections et des circonstances difficiles ternissent inévitablement la beauté de l’âme que nous avions d’abord perçue chez notre futur époux, et nous en venons à nous demander si cette vision du Mont Thabor n’était pas simplement une illusion à présent dissipée…

Dans ces moments plus difficiles, tournons-nous alors vers le « coffre aux trésors »de nos plus tendres souvenirs, et efforçons-nous de faire renaître un geste, une parole, un acte de générosité ou d’héroïsme qui nous avait révélé la véritable nature, l’unique beauté de cet amour. Cette simple contemplation fera perdre de l’importance à la difficulté du moment et ravivera votre amour ! Au fur et à mesure de notre vie, prenons bien soin de placer de nouveaux souvenirs dans notre « coffre aux trésors », les petits désaccords s’amenuiseront et nous reverrons notre époux dans toute sa splendeur !

Avez-vous constaté comme il est plus facile de remarquer les défauts des autres, tout en passant allègrement par-dessus les siens ? Il m’est tellement plus agréable de me voir comme un être exceptionnel et de m’installer confortablement dans toutes sortes d’illusions sur ma personne ! Je préfère m’attarder sur les défauts des autres qui ne me posent aucun problème (sauf si j’ai à en souffrir).

Vous avez noté un bon nombre d’imperfections chez celui ou celle que vous aimez, vous le trouvez paresseux, autoritaire, impatient…et au lieu d’en discuter calmement à deux, voilà que vous vous mettez à pointer du doigt ses défauts en indiquant que vous apprécieriez qu’il les corrige…

Non seulement vous n’obtenez pas grand-chose en le critiquant ainsi, mais il se met à répliquer en vous faisant remarquer vos propres défauts (dont, par exemple, votre facilité à le critiquer !), et le tout dégénère en dispute.

Dans la vie conjugale, c’est souvent en commençant à se réformer soi-même que l’on fait progresser les choses ; c’est alors que, chose étrange, on voit apparaître des solutions à nos problèmes, nous réalisons que nos propres actions provoquaient de mauvaises réactions que nous déplorions chez les autres, et nous découvrons que notre pratique des vertus permet aux autres de changer plus facilement.

-Contrairement à ses amis, son mari Patricius ne devint jamais violent, ce qui lui permit de continuer à s’efforcer de l’aimer convenablement.Prenons l’exemple de sainte Monique qui avait un mari dur et irascible. Au lieu d’essayer de changer son caractère par les critiques et les reproches (ce qui n’aurait fait qu’augmenter son irritation) elle maîtrisa son propre caractère et apprit la patience. Ce qui eut pour effet deux choses :

-Par l’exemple de sa bonté, Monique finit par avoir raison de son mari, si bien qu’elle eut la joie de voir ce païen se convertir peu de temps avant sa mort.

Elle vit qu’il était préférable de se concentrer sur l’ivraie de son propre jardin plutôt que d’arracher celle qui poussait dans celui de son mari. La sainteté est plus efficace que l’éloquence !Elle avait détourné son attention principale des imperfections de son mari pour se concentrer sur les siennes propres, en s’efforçant de devenir elle-même plus sainte.

Ce n’est pas ce qui est plus facile qui nous intéresse, c’est ce qu’il y a de plus beau !

SL

Pathologies Estivales

La pénurie de médecins généralistes en ces périodes de vacances, m’amène à présenter les cas de pathologies estivales fréquentes qui amènent en consultation aux urgences nombre de personnes dont les maladies pourraient être traitées simplement.

Ce sont :

–  Les coups de soleil liés bien sûr aux expositions au soleil sur les plages ou au jardin, et ce malgré l’utilisation des crèmes solaires ; en général, le fait d’appliquer une crème solaire une seule fois est insuffisant pour protéger du coup de soleil. Il faut répéter les applications lors d’exposition pendant les jeux et même pendant les baignades des enfants ; il s’agit souvent d’érythèmes solaires – qui sont des brûlures –  dont la gravité est moindre lorsqu’il y a une atteinte de la peau au premier degré (simple rougeur) et qui peuvent être traitées par l’application d’un corps gras type Lait post solaire hydratant ; elles sont plus graves lors de l’endormissement en plein soleil sur une serviette de plage (cela arrive régulièrement… !) et se présentent comme des brûlures au deuxième degré avec des phlyctènes, ces cloques ou « ampoules » désagréables et douloureuses qu’il faut traiter sérieusement en évacuant le liquide intérieur et en faisant des pansements gras jusqu’à cicatrisation. Encore plus grave est l’insolation avec maux de tête persistants et vomissements qui nécessitent alors une consultation médicale dans le centre le plus proche.

– Les troubles digestifs variés et multiples, liés à l’excès de crudités (salades en tout genre que l’on consomme fréquemment l’été) ou à la consommation de glaces, qui sont inévitables par temps chaud, et apportent leur lot de douleurs abdominales, ballonnements, flatulences, nausées, vomissements et diarrhée. La fameuse «gastro» de l’été est plus fréquente qu’on ne le pense. Elle se traite d’abord par la diète alimentaire : les parents ne doivent pas s’inquiéter si leur enfant est incapable d’absorber quelque alimentation que ce soit pendant un jour ou deux ; par contre, il est indispensable d’apporter une hydratation au corps qui ne prend pas de nourriture : ce sera la Solution de Réhydratation pour les tout-petits, disponible en pharmacie même sans ordonnance, et pour les plus grands, l’utilisation inhabituelle du fameux «coca» qui en apportant une dose de sucre non négligeable, les préservera de la cétose du jeûne qui ne fait qu’aggraver les symptômes, cette utilisation restant bien sûr limitée dans le temps. Quant à la diarrhée, le problème est un peu plus délicat puisque l’utilisation du Smecta est actuellement discutée et que les anti-diarrhéiques comme l’Imodium ou le Tiorfan relèvent de la prescription médicale. Pour se dépanner, avant de consulter un médecin, les parents peuvent déjà  utiliser le riz et l’eau de cuisson du riz dont les propriétés sont connues depuis des décennies pour ce genre de problème. La pharmacie familiale de vacances pourrait également disposer d’huiles essentielles de Romarin et de Citron, dont une à deux gouttes matin et soir dans une infusion de Verveine peut réussir à sortir sans trop de difficultés de ces soucis digestifs.

– Les autres maux de l’été sont les pharyngites et les angines : gorges irritées,  difficultés à déglutir, sensation de brûlure intérieure du pharynx, ce sont encore des symptômes fréquents l’été, malgré la chaleur, qui ne sont pas réservés à l’hiver et qui accompagnent souvent les voyageurs, peut-être à cause d’une accumulation de fatigue qui les rendent sensibles au moindre virus de passage ; là encore, avant de consulter un médecin en particulier en cas de fièvre associée, il peut être utile de se dépanner  et d’utiliser les Huiles Essentielles de Thym, de Citron et de Romarin dans une infusion agrémentée d’un peu de miel. [L’utilisation des Huiles Essentielles est stricte et limitée pour un adulte à 12 gouttes maximum par jour, la dose étant à diminuer de moitié pour les enfants.]

– A ceci, il faut ajouter les otalgies qui arrivent souvent après les baignades en piscine et correspondent à des otites externes, sans gravité mais très douloureuses pour enfants et adultes ; elles nécessitent un traitement par une solution auriculaire qui devrait faire partie de la trousse familiale de voyage comme le Polydexa solution auriculaire (mais nécessite une prescription médicale) et auquel on peut associer le Mercurius 7 CH à raison de 3 granules trois fois par jour pour soulager une douleur d’oreille,  en attendant de pouvoir consulter.

– Ensuite on peut trouver pendant les vacances toutes les petites blessures liées aux traumatismes multiples des activités sportives ou de bricolage : plaies superficielles, contusions,  entorses diverses…Après désinfection par Chlorhexidine, Amukine ou Bétadine dermique qui s’achètent en pharmacie, il peut être bon de disposer de granules d’Arnica 5 CH pour les traumatismes récents, à donner à la dose de 3 granules matin midi soir ainsi que d’huiles Essentielles de Gaulthérie couchée et d’Hélichryse qui s’utilisent en application locale mélangées à une base neutre comme l’huile d’olive ou d’amande douce, du beurre de Karité ou toute autre huile de massage disponible.

  Voici donc une présentation rapide des pathologies estivales qui se rencontrent régulièrement et qui peuvent être traitées rapidement et simplement au domicile, la présence de symptômes inquiétants, comme des douleurs intenses, des céphalées persistantes ou un état d’asthénie inhabituelle devant bien sûr amener à une consultation médicale sans attendre.

Dr. N. Rémy

L’élite de demain

Nous avons sur nos genoux, l’élite de demain ! Quand la France quittera cette mauvaise passe et retrouvera son rôle initial –et ce temps arrivera, nous n’en doutons pas – c’est la jeunesse d’aujourd’hui ou celle de demain qui devra déployer toutes les vertus nécessaires pour lui faire retrouver son âme.

Que ce rôle revienne à nos enfants, nos petits- enfants ou nos arrières petits-enfants, peu importe puisque nous croyons en la force de la transmission, nous pensons que chaque maillon de la chaîne a son rôle à jouer en tant qu’héritier du passé et constructeur de l’avenir, fidèle à la vocation propre de la France.

Il faut aujourd’hui mener nos enfants jusqu’à l’héroïsme ! N’ayons pas peur de ce mot ! Soit, ils seront des héros, soit ils seront mangés par l’amour de la facilité et le libéralisme ambiant. Nous vivons dans un monde passionnant dans lequel il y a tout à construire et à redresser mais pour cela il faut posséder l’étoffe d’un héros et marcher sans crainte, fier de sa foi et cohérent dans ses actes. L’éducation de la volonté en est un des secrets mais cela fera l’objet d’un autre article.

Nous ne voulons pas rentrer dans un constat froid et déprimant de ce qu’est notre jeunesse actuelle, nous voulons seulement montrer à chacun l’importance de former des femmes et des hommes capables et responsables.

Nous avons tendance aujourd’hui à nous satisfaire en voyant que les nôtres ont encore quelques règles de politesse, vont à la Messe le dimanche et réussissent plus ou moins bien leurs études… Mais est-ce suffisant pour être l’élite destinée à reconstruire sur les ruines morales, politiques, sociales et économiques de notre pays ?

Il ne suffit pas de les mettre à l’abri du mal, de les maintenir dans un univers protégé et que l’on croit sain ; si nous voulons en faire des chefs, il faut leur donner le double vêtement que nous avons décrit dans notre dernier numéro[1] . Nous tenir à l’écart ne suffit pas; nous serions plutôt très vite rattrapés –avec quelques années de retard peut-être – par tout ce contre quoi nous n’avons pas eu la force de lutter… Mais plutôt que d’être dans « l’agir contre » essayons plutôt de nous construire pour pouvoir « agir pour » ! N’hésitons pas à élever leurs cœurs vers les grandes vérités et donnons leur la chance de devenir des hommes !

Pardonnez  cette liste qui veut juste vous donner quelques pistes et évoquons aujourd’hui des actions toutes pratiques pour  donner à nos enfants « une colonne vertébrale » conséquente, leur faire acquérir un caractère fort, de sorte que les traditions chrétiennes redeviennent des actes posés avec conviction.

Tout d’abord donnez-leur des âmes hautes, généreuses ; non pas d’une sensiblerie poussée à l’excès et entretenue par les musiques actuelles romantiques et sans structure ; non pas non plus par des « musiques » – si elles sont encore dignes de ce nom- revendicatrices qui ne vantent que les droits en oubliant les devoirs de chacun.

Apprenez-leur à respecter le principe d’autorité sans discuter. Nous n’avons pas à justifier toutes nos décisions et il n’est nullement nécessaire de « négocier » avec eux…  Cependant il faut prendre soin de ne pas rompre la communication et éviter de fermer des portes définitivement parfois pour des peccadilles. L’art de commander est difficile (nous y reviendrons).

Ne les laissez pas être médiocres ; la bonne volonté ne suffit pas ! Entretenez autour d’eux un climat moral qui leur apprend à distinguer le bien du mal en vérité. Il faut qu’ils connaissent les réalités du monde qui les entourent, qu’ils sachent aider gratuitement ceux qui sont dans le besoin, sans croire pour autant qu’ils « se sont fait avoir » parce que les amis ont gagné, eux, beaucoup d’argent en trouvant un petit travail tranquille… Non le service gratuit est bien plus formateur ! Sans avoir peur de « se faire exploiter », qu’ils sachent donner et se donner sans compter. Ne comblez pas tous leurs désirs ; apprenez-leur à attendre le cadeau dont ils rêvent…

Ne les gâtez pas par l’abondance de nourriture, de mets de choix, de bonbons ; outre que cela soit mauvais pour leur santé, cela aiguise en eux ce sentiment de satisfaction gratuite de leurs instincts qui ne les aidera pas à la maîtrise d’eux-mêmes. Enseignez-leur à gérer leur argent de poche et à ne pas dépenser à tort et à travers.

Apprenez-leur à avoir de grands désirs : Qu’ils ne se contentent pas d’actions médiocres ; qu’ils sachent se détacher de leur « boîte mail », de leur portable, que cet outil ne soit pas leur maître ! Combien aujourd’hui en sont les esclaves ! Plutôt que de leur interdire (il faut reconnaître que s’il est vraiment tout à fait possible et bon de ne pas avoir de téléphone et d’adresse mail jusqu’au Bac, s’en passer est difficile aujourd’hui quand on est étudiant) discutons avec eux ; expliquons-leur les nuisances de cet esclavage et démontrons-leur combien ils seront plus riches en sachant « l’oublier » de temps en temps. Une interdiction stricte et sans explication ne peut entraîner que tricherie et dissimulation ; instituons des règles (cf. FA 5 et 6) et tenons-nous y.

Ne nous déchargeons pas de notre responsabilité d’éducateur sur l’école. Même quand le choix est excellent, notre rôle ne s’arrête pas là. A nous de marcher la main dans la main en accord avec son projet éducatif. Ne faisons pas de « mauvais esprit » avec nos enfants… (nous perdrions alors tout le bénéfice recherché !). Apprenons-leur à faire généreusement les petits sacrifices qui leur sont demandés et faisons-les avec eux.  Ne cherchons pas « à compenser »… Ce mot ne devrait pas nous venir à l’esprit. La vie est faite d’efforts, un « oui » entraîne toujours plusieurs renoncements ; étudions-les avant de prendre notre décision et une fois celle-ci prise en connaissance de cause, ne nous retournons plus et adhérons sans critique. Si notre choix est digne de nous, nous devons pouvoir y laisser en toute sécurité notre enfant. Sachons faire abstraction des détails- même s’ils nous agacent- pour le bien de celui-ci. (Naturellement cela ne nous empêche pas d’avoir un œil observateur et de parler au directeur si quelque chose nous surprenait).

Choisissons avec soin leurs lectures, discutons-en avec eux. Ayons des conversations enrichissantes pour leur culture générale (art, musique, etc).

Emmenons-les écouter un beau concert ; visitons avec eux les beaux monuments, faisons-leur aimer les traditions locales des régions visitées. Il y a un temps pour tout ; sans arriver à la saturation qui entraînerait un rejet général, transmettons-leur l’amour de leur pays, la compréhension des beaux objets. Donnons- leur le goût de l’effort physique et intellectuel ; organisons des joutes orales entre cousins ou amis pendant les vacances.

Laissons une place raisonnable au sport ; que cela ne devienne pas un culte irraisonné du corps. Comme pour tout apprenez-leur à donner des priorités. Il y a un ordre à respecter.

Se vautrer dans la médiocrité et la facilité est une habitude si facile aujourd’hui et d’aucun pense acheter sa tranquillité en évitant les conflits. Que l’on se détrompe : les grands soucis commencent alors car l’absence de désir est la source de toutes les lâchetés.

Apprenez-leur à faire la part des choses, à ne pas se laisser abattre par les « informations » écoutées en boucle ou transmises en direct sur le portable qu’ils ont accroché au bout des doigts… Leur équilibre émotionnel en deviendrait trop vite fragile et instable.

Mais pour que tout cela soit réalisable donnez-leur l’exemple ! Comment interdire d’aller sur internet si nous y sommes nous-mêmes toute la journée ? Comment leur montrer l’intérêt des activités familiales si nous-mêmes nous passons plusieurs heures à « jouer » sur notre téléphone ?

Notre jeunesse est notre espoir ! Ne nous décourageons pas et tenons bon ! Ce qu’il faut sauver aujourd’hui c’est l’âme de la France et c’est la chrétienté. Si  la tâche peut paraître ardue et ingrate, songeons que le ciel est au bout.  Les vraies joies s’achètent toujours au prix de sacrifices.  La France a les hommes nécessaires à la reconstruction d’une élite, elle peut reprendre un jour sa mission traditionnelle dans le monde. L’héroïsme et la sainteté en sont les clés. Il y a des grâces spéciales pour ceux qui n’ont pas peur !

 Marguerite-Marie

 

 

[1] Cf. FA 16 : D’hier à aujourd’hui in « Il fait froid… »

« ELOIGNEZ LES PETITS ENFANTS DU CHRIST. »

 Nous croyons que Notre-Seigneur Jésus-Christ est le seul vrai Dieu, que notre bonheur est de la connaître, de l’aimer, de l’imiter, de l’adorer, de nous unir à lui, dès cette terre, puis dans l’éternité bienheureuse. En conséquence, nous voulons que les hommes soient baptisés le plus tôt possible car c’est par ce sacrement qu’ils deviennent les enfants de Dieu. Nous n’avons pas plus besoin qu’ils nous donnent leur assentiment pour leur procurer ce bienfait que pour leur donner la nourriture quotidienne que réclame leur corps. Le baptême ouvre la porte de l’ordre surnaturel à l’âme et lui confère la grâce sanctifiante et toutes les vertus surnaturelles. Cette infusion initiale donne alors à chacun l’aptitude à poser des actes d’une excellence divine et vise à nous amener à notre vraie perfection qui est la sainteté ou l’imitation de Notre-Seigneur Jésus-Christ. « Les actes des vertus surnaturelles sont inspirés à notre esprit par les lumières divines de la foi, et exécutés par notre volonté avec le secours divin de la grâce[1] ». Nous ne pouvons rien souhaiter sur la terre de meilleur que de vivre constamment en état de grâce et, mus par l’amour de Dieu, de nous adonner à pratiquer toutes les vertus surnaturelles avec la plus grande ferveur. Tel est l’unique et véritable itinéraire qui permet dès ici-bas de connaître un vrai bonheur, gage de la félicité éternelle.

Mais que se passe-t-il maintenant, lorsqu’un être humain n’a pas été baptisé ? La pratique des vertus lui est-elle totalement fermée ? Il importe de distinguer ici les vertus surnaturelles des vertus naturelles ou acquises. Ces dernières viennent de la répétition des mêmes actes bons que nous effectuons. Peu à peu, nous obtenons une facilité à les accomplir. Ils nous disposent à bien agir, et avec aisance, dans un domaine donné. Les vertus naturelles sont ces bonnes habitudes acquises par la répétition des mêmes actes. Elles sont donc, non pas le fruit du baptême, mais du labeur honnête de l’homme qui essaie de vivre raisonnablement. Les païens peuvent posséder de telles vertus et c’est un constat que nous pouvons faire chez certains d’entre eux.

Toutefois, il faut bien comprendre que les vertus naturelles demeurent déficientes. Car « dans l’ordre présent (celui de l’élévation dans le Christ du genre humain), nulle disposition n’est bonne, purement et simplement bonne, que celle qui adapte le possesseur à la vision de Dieu[2] ». Or les actes des vertus naturelles ne peuvent dépasser notre condition d’être humain raisonnable et volontaire. Ils ne sont pas non plus méritoires pour le Ciel. Et, de plus, même d’un seul point de vue naturel, ils sont souvent entachés par l’ignorance complète de certaines vérités telles que l’humilité. S’il est donc possible de signaler de beaux actes de force et de dévouement, par exemple, dans l’antiquité païenne, il est à craindre leurs racines d’orgueil. Seule la révélation chrétienne, l’exemple et la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ nous découvrent la perfection de la vertu et la grâce de nous mouvoir dans l’accomplissement d’actes authentiquement surnaturels.

Essayons maintenant de considérer où en est l’exercice des vertus surnaturelles et naturelles dans nos sociétés d’aujourd’hui.

Nous avons dit que les vertus surnaturelles nous étaient communiquées lors de l’effusion de la grâce dans nos âmes à notre baptême. La raréfaction des baptêmes a donc pour conséquence immédiate celle des vertus surnaturelles. D’autre part, même si elles existent chez ceux qui sont baptisés et en état de grâce, leur exercice se trouve en réalité freiné par la corruption de la doctrine catholique dans un très grand nombre d’esprits. L’intelligence de l’abnégation et la place nécessaire de la croix ont été massivement oubliées et rejetées au profit d’une existence d’un nouveau genre chrétien. En cette religion, il est de moins en moins supporté que l’on ait le devoir de s’abstenir de certains plaisirs qui s’offrent au motif d’une morale réellement contraignante. Une place est encore accordée à un Dieu qui rassemble les hommes et qui cimente leur fraternité, mais non plus à un Dieu qui oserait encore imposer aux hommes les exigences de ses commandements intangibles.

Les vertus naturelles ne se portent pas mieux que les surnaturelles et pour une raison principale en réalité valable pour les unes et pour les autres. La Foi en Dieu s’est volatilisée. C’est vrai chez les catholiques chez qui la religion s’apparente à un sentiment du divin bien plus qu’à une conviction claire de l’existence de Dieu et à une adhésion au contenu de la Révélation. La transcendance cède la place à l’immanence et l’homme ne croit plus suffisamment en Dieu pour accepter à cause de Lui, de renoncer aux voluptés terrestres. Nous décrivons là une très forte tendance, même s’il ne faut pas généraliser.

Mais ce qui est vrai chez les catholiques provient en réalité d’une montée de l’agnosticisme et de l’athéisme qui est une caractéristique de notre époque. Or la remise en cause de l’existence de Dieu provoque une véritable révolution de l’ordre moral. « Si Dieu n’existe pas, tout est permis » avait noté Dostoïevski. Si notre existence se termine à l’instant de notre mort et que nos actes demeureront à jamais impunis, il devient illusoire de retenir les hommes de céder à leurs passions. Certes, il reste le principe des natures et de leur respect. Mais, dans les faits, qui a nié Dieu est bien près de refuser la permanence des essences et de leurs lois. Si Dieu n’est d’ailleurs pas à l’origine des choses, c’est à chacun de juger, à ses risques et périls, d’en enfreindre les règles s’il estime qu’elles existent. Mais, en réalité, l’existentialisme et le relativisme ont fait leur œuvre et le sentiment le mieux partagé est qu’il n’y a rien de stable. Aucune loi ne s’impose aux hommes et chacun se construit librement comme il l’entend. Est vertueux ce que je décide d’être.

Est-ce donc l’ère de la liberté qui commence ? Que devient cet homme à qui ses géniteurs et ses maîtres annoncent qu’il fait de sa vie ce qu’il lui plaît de faire et qu’il n’a de compte à rendre à personne ? Que ce qu’il décide librement de faire de son existence est bon au motif qu’il l’aura librement décidé ? Il s’oriente vers la satisfaction de ses désirs les plus immédiats. Il exige que ses caprices soient entendus. Au fur et à mesure que se découvrent à lui les jouissances sensuelles, il les recherche toujours plus fortes et grisantes. Tout simplement, parce qu’il est en quête du bonheur et que le monde se réduit à ses yeux à la seule matière.

Dira-t-on que ce petit animal assoiffé de toutes les voluptés, puis un instant repu, et de nouveau en chasse de blandices nouvelles est vraiment libre ? On peut le dire et peut-être même le croire. Mais, à la vérité, pour pouvoir le penser, il faut ne plus rien savoir de la liberté ! La réalité est celle d’un abominable esclavage. L’être humain habitué à ne jamais résister à la tyrannie toujours plus sévère de ses sens est un pauvre malheureux. Dans l’illusion de son eldorado sensuel, il sombrera dans la débauche et les plaisirs orgiaques. Jusqu’à quand ? Jusqu’à cette impression de dégoût de tout et surtout de lui-même et à cette certitude tardive qu’il a pris le mauvais chemin de la vie. Mais comment sortir d’un tel asservissement lorsque la volonté n’a jamais été exercée ? Comme on comprend la vertigineuse augmentation des suicides d’ailleurs vantés par cette société comme le nec plus ultra de la liberté !

En réalité, nous devons dénoncer l’empire du démon. L’homme qui se révolte contre Dieu devient infailliblement la proie du diable. Expert à tenter l’homme, à concéder quelques cacahuètes pour l’attirer, Satan n’est pas original. Il redit inlassablement aux hommes ce qu’il chuchotait à Eve au jardin de l’Eden : « Vous serez comme des dieux ! » Mais notre époque est la plus naïve de toutes celles de l’histoire. Elle répète la promesse du serpent avec une conviction jamais égalée et elle précipite ainsi les enfants des hommes dans un enfer terrestre. Au nom de la liberté !

Plus que jamais, nous devons avoir la ferme volonté d’une parfaite cohérence dans la vie familiale afin que notre foi soit l’unique principe de notre existence. C’est ainsi que nous maintiendrons, en dépit du contexte, la vie catholique sur terre.

Père Joseph

[1] R.P. Joseph Schellhorn in le « Catéchisme de la vie intérieure » 1937 p. 16

[2] Abbé Berto in « Les vertus nécessaires à la jeunesse actuelle

 

Actualités culturelles

 Pont Aven (29):

Jusqu’au 5 janvier 2020, « L’impressionnisme d’après Pont Aven » montre l’importance de cette petite ville bretonne dans les explorations artistiques de Paul Gauguin. Museepontaven.fr

 

  • Chambord (41) :

2019 Chambord a 500 ans ! Bientôt au cinéma, un film de Laurent Charbonnier. Ce film fera se côtoyer deux univers : d’un côté, l’édifice, abrégé de l’industrie humaine, témoin séculaire de la grande Histoire et de l’autre, tout un microcosme animal qui déroule la petite histoire de la vie entre rivière, forêt et lande. De magnifiques images à voir en famille dès septembre….

 

  • Arras (62) :

« Le traité de Versailles », Afin de mieux comprendre pourquoi le château de Versailles fut choisi pour cet événement historique, comment ce château royal fut transformé en haut lieu diplomatique et quelles furent les conséquences du traité, documents, œuvres de comparaison et films documentaires seront également proposés.

Jusqu’au 11 novembre au Musée des Beaux Arts.

  • Rocquencourt (78) :

Jusqu’au 15 novembre, à l’Arboretum, expositions photos « Chèvreloup impressions Nature ». Au fil des saisons, tout au long de l’année, la photographe Snezana Gerbault a saisi les murmures et les couleurs des beaux arbres de ce parc.

 

  • Versailles (78) :

 Magnifique exposition jusqu’en 2020, au Musée National de Versailles. Au cours de ses 42 années passées à Versailles, Marie Leszczynska a fortement influencé l’aménagement du Château ainsi que la vie artistique de son époque.

Mendiants de Dieu  

 

N’est-ce pas là le résumé de ce que nous devons être pour acquérir l’assurance de la vie éternelle ?

Etre mendiants de Dieu, c’est redevenir comme un petit enfant qui attend tout de ses parents ; c’est vivre dans la confiance, la paix et la joie sans se préoccuper de façon désordonnée des biens matériels… Est-ce à dire qu’il ne faut pas que des parents s’inquiètent d’avoir le nécessaire pour leur famille ? Bien évidemment ce serait travestir la pensée de Dieu. Non, ce n’est pas cela ! Etre mendiants de Dieu, c’est mettre de l’ordre dans ses affections. : « Dieu, premier servi[1] », ne nous laissons pas posséder par nos trésors matériels (qui peuvent d’ailleurs parfois être de toutes petites choses n’ayant qu’une valeur sentimentale), libérons-nous des préoccupations qui alourdissent l’âme, et alors nous pourrons atteindre la vraie liberté du cœur : libre pour aimer Dieu !  Un pauvre peut être obnubilé par son manque de moyens, aigri par ce qu’il prend pour une injustice ou un riche hanté par la peur de perdre et de rater ses placements, l’un comme l’autre parviendront-ils à acquérir le détachement qui donne la vraie liberté ?

Dans le discours sur la montagne[2], Notre-Seigneur s’adressait à tous : « Ne vous amassez point de trésors sur la terre, où la mite et le ver consument, où les voleurs perforent et cambriolent. Mais amassez-vous des trésors dans le ciel (…) Car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » Le Fils de Dieu ne demandait pas à tous ceux qui ont entendu ce discours de faire vœu de pauvreté -la vie de famille ne le permet pas- . Il désirait que chacun cependant s’efforce d’acquérir et de pratiquer « l’esprit de pauvreté » en parvenant au détachement affectif des biens de la terre, de manière à ne point en faire son trésor et à ne pas les rechercher avec avidité et esprit de cupidité. Les pères de famille ont le devoir d’administrer leurs biens et même de les accroître au moyen d’un honnête travail mais doivent le faire dans l’ordre, en évitant que leurs affaires ou leurs intérêts matériels ne les distraient des affaires de Dieu : « Que servira-t-il à l’homme de gagner le monde entier, s’il ruine sa propre vie ?[3] »

L’esprit de pauvreté est donc une disposition de l’âme qui tend à nous libérer de l’attachement à la richesse et aux biens qu’elle procure. C’est un état d’esprit et non une classe sociale que Notre-Seigneur vante. Ceux qui possèdent peu et vivent dans la gêne matérielle l’acquerront en acceptant sereinement et patiemment leur condition ; ils trouveront la paix en méditant sur la pauvreté que Notre-Seigneur Jésus-Christ pratiquait sur la terre. Ceux à qui Notre-Seigneur a donné beaucoup obtiendront de nombreux mérites en vivant comme ceux qui ont peu ; en détachant leur cœur des biens terrestres, l’esprit de pauvreté les rendra généreux envers les nécessiteux.

Laissons Saint François d’Assise parler de son épouse Dame Pauvreté :

 « La Pauvreté demeure plongée dans la tristesse, elle est repoussée de tous les hommes. Elle, la Reine de l’univers, la voilà devenue semblable à une veuve délaissée ; elle apparaît vile, digne de mépris, alors qu’elle est la Reine de toutes les vertus. Assise dans la fange, elle se plaint d’avoir vu ses amis la mépriser et se transformer en ennemis.[4] »

Si Saint François a tant aimé « Dame pauvreté » c’est qu’il voyait là un élément essentiel pour atteindre le ciel : faire le vide en soi de tout ce qui n’est pas Dieu, se libérer de toutes affections désordonnées au sens propre puisqu’elles ne mettent pas Dieu en premier lieu. C’est le chemin de la vraie joie car elle trouve son origine dans cette totale liberté vis-à-vis des biens qui permet un abandon complet à la Providence divine. L’âme est alors uniquement guidée par la volonté de Dieu.

  Le mérite sera de demeurer fidèle à la pauvreté et de la supporter avec joie, lorsqu’à cause d’elle on nous méprisera, lorsqu’on nous abandonnera, qu’on refusera de nous secourir et que nous demeurerons seuls. Quand la santé nous fera défaut et que même parfois l’âme, privée de toutes consolations sera en proie aux angoisses et se croira abandonnée de Dieu, alors là vraiment nous approcherons de la pauvreté de Notre-Seigneur sur la Croix et nous pourrons renouveler avec foi, notre acte d’espérance en suppliant la Très Sainte Vierge de demeurer avec nous, puisqu’elle est restée au pied de la Croix !

Ce numéro vous donnera plusieurs éléments pour mieux comprendre et vivre cette vertu.

Que Notre-Dame des Foyers Ardents nous aide tous à acquérir cet « esprit de pauvreté » qui nous fera parvenir aux joies éternelles,

Marie du Tertre

 

[1] Sainte Jeanne d’Arc

[2] Mt. VI, 19-21

[3] Mt, XVI, 26

[4] Saint François d’Assise (1182-1226) – Commentaire du Sermon XIII