Coke en stock !

Il est habituel d’aborder le sujet de la drogue, quelle qu’elle soit : cannabis, cocaïne, héroïne ou amphétamines, sous l’aspect des conséquences naturelles impactant les capacités physiques et psychologiques[1].

Il est un peu plus rare d’aborder le sujet sur l’aspect purement moral.

Il est encore plus anecdotique de s’interroger sur l’aspect économique.

Pour autant c’est sur ce dernier aspect, trop méconnu, que de nombreuses personnes s’approchent et tombent dans le monde des stupéfiants.

Entendons-nous bien, il ne s’agit pas d’explorer le poids du trafic de stupéfiants dans l’économie nationale, voire mondiale. Tous, nous avons connaissance et conscience que certains empires financiers sont bâtis sur la fabrication et la vente de produits stupéfiants. L’existence des cartels n’est pas anecdotique.

Non, il s’agit de se pencher sur la facilité financière qu’apporte la drogue, même au plus petit niveau, au cœur même de nos foyers. Voilà un danger bien méconnu. Les stupéfiants, c’est avant tout de l’économie ! Il y a de l’offre et de la demande ; c’est un commerce où l’argent, beaucoup d’argent, circule.

Or cette facilité s’inscrit parfaitement dans les rouages de notre société de consommation et du paraître :

La drogue, en consommer, c’est fuir la réalité de la vie et de ses peines.

En faire commerce, c’est fuir également la rigueur et la peine du travail…. c’est « gagner sa vie » sans effort.

Quoi qu’il en soit, consommer ou vendre des produits stupéfiants demeure pénalement et moralement répréhensible !

Pour comprendre l’origine de ce commerce facile, rappelons très succinctement ce qui se cache dans les stupéfiants ou plus exactement dans les substances psychotropes.

Il faut avoir conscience que le produit acheté dans la rue n’est jamais pur à 100 %. D’ailleurs, il ne se consomme pas tel quel. Deux raisons essentielles :

La première raison repose sur le fait que la quasi-totalité des produits ne sont pas des produits 100 % naturels. Peu de drogues peuvent se consommer « pures ». Si l’on veut être un peu ironique, le « label bio » ne pourrait être attribué qu’à la « beuh », c’est-à-dire l’herbe de cannabis (qui est de la famille du chanvre). En effet, des procédés chimiques sont nécessaires pour isoler, valoriser l’aspect psychotrope. De fait, l’organisme humain ne peut pas supporter un produit trop riche, trop « pur » en teneur. Une des conséquences pourrait être l’issue fatale par overdose.

  • La deuxième raison vient de l’aspect commercial. Les vendeurs augmentent le poids et baissent la qualité du produit afin de faire plus de bénéfices. Pour reprendre notre herbe de cannabis « bio », il a été retrouvé dans certains sachets d’herbes de marijuana des billes de verres microscopiques ! Fumer un pétard, ce n’est pas qu’inhaler du THC[2]!

            Aujourd’hui la teneur en substance active des drogues a tendance à augmenter ; la cocaïne consommée à ce jour oscille entre 20 et 30 % de pureté et 10 et 15 % pour l’héroïne. En effet, le stupéfiant vendu au détail (« dans la rue ») est un produit qui a été « coupé », c’est-à-dire qu’à la substance psycho active ont été ajoutés des produits plus ou moins « neutres », dans le meilleur des cas. La toxicité des stupéfiants provient donc du produit en lui-même, mais également du produit de coupe.

Examinons les compositions de votre produit vendu dans la rue.

 De la recette … culinaire

Rassembler les ingrédients :

Prenez des feuilles de coca[3]. Faites-les sécher plusieurs jours. Puis mélangez-les à un produit alcalin comme du carbonate de sodium ou de calcium. Ensuite, effectuez un nouveau mélange avec un solvant organique de type kérosène[4]. L’objectif est d’extraire de la plante, les alcaloïdes. Puis, il est nécessaire de faire une adjonction de soude afin d’obtenir une pâte : la pâte de coca. Faites-la reposer et mettez là à sécher.

  • Vous aurez à effectuer plusieurs opérations de nettoyage, de filtrage et de séchage avec à chaque fois l’incorporation d’ingrédients tels que du permanganate de sodium, de l’acétone et de l’acide chlorhydrique.
  • Vous aurez ainsi obtenu le chlorhydrate de cocaïne sous la forme d’une poudre blanche.

 Personnaliser votre recette :

  • Concernant le produit de coupe. Il représente les trois quarts généralement du produit consommé. Là, les analyses montrent que l’imaginaire des « vendeurs » et « revendeurs » n’a quasiment pas de limite.
  • Pour la cocaïne, les principaux produits de coupe sont la lidocaïne (anesthésique local), le lévamisole (vermifuge pour animaux) et la phénacétine (analgésique retiré du marché en 1983 car probablement cancérigène).
  • Mais on peut également trouver du talc, du paracétamol, de la caféine, et/ou de la farine, du lactose (ou lait pour bébé) notamment pour l’héroïne.
  • Dans la résine de cannabis, (ces savonnettes brunes, ou ces barrettes qui permettent de faire des « joints ») il est d’usage de trouver du henné, de la cire, de la paraffine, des colles, de l’huile de vidange, des déjections animales, des hydrocarbures aromatiques, du pneu …

Il faut donc avoir conscience que lorsqu’une personne achète un produit stupéfiant, elle ne connaît ni la qualité du produit (quelle est sa teneur réelle en produit psychoactif ?) ni sa composition (type des produits de coupe ?).

Ces produits :

  • se fument (se faire un joint, un pétard …)[5],
  • s’inhalent (se faire un alu, chasser le dragon, un rail, une ligne, une trace, une seute, une poutre, un sentier, un poteau  …),
  • s’injectent (se faire un fix, un shoot, un taquet, un tanker),
  • s’ingèrent.

La réaction avec l’organisme n’est jamais totalement prévisible.

L’usager recherche dans un premier temps :

  • le flash d’excitation (pour la cocaïne, et les amphétamines)
  • le bien-être ou un état d’apaisement (pour l’héroïne ou le cannabis).
  • Puis dans un second temps, il s’agit de faire durer la période d’effet maximal (appelée la planète ou le plateau), qui s’obtient généralement par la polyconsommation[6].

L’usager subit ensuite le troisième temps : la descente … qui génère une véritable angoisse.

Il n’est pas rare de ressentir des effets néfastes dits de bad trip, suite à une allergie ou à une intoxication.

Très rapidement s’installe le besoin de consommer plus et plus souvent pour éviter cette descente et retrouver les premières sensations. L’accoutumance est déjà là ! Et cela parfois dès la première prise selon le produit utilisé, l’organisme et le psychisme du sujet.

Il y en a pour tous les goûts … et il n’y a pas de règles dans ce marché !

 A la recette … budgétaire

Il existe toute une hiérarchie dans le monde du trafic de stupéfiants. Nous y retrouvons les règles habituelles de l’économie. Il y a des étapes de fabrications (laboratoire clandestin de chimie), de transports (go fast [7] par exemple, caissons maritimes, « mules » humaines [8], etc.), et puis celles de la vente. Il y a donc les importateurs qui se chargent de l’introduction de produits sur le continent. Puis les grossistes et les semi-grossistes qui assurent la distribution plus locale. Enfin il y a le détaillant. Tous ne sont pas consommateurs … mais tous ont un objectif : augmenter les bénéfices. Donc tous coupent le produit.

Pour illustrer ce point particulier, prenons deux exemples malheureusement communément rencontrés.

Premier exemple

Trois, quatre amis mettent en commun quelques économies et rassemblent la somme de 35 000€. Ils décident pour une fois de ne pas passer par leurs habituels vendeurs. Avec cette somme ils partent directement acheter un kilogramme de cocaïne pure dans le nord de l’Europe. Dans les faits le produit n’est jamais pur à 100 % … nous sommes plus près de 70 ou 80 %.

À ce moment-là, leur gramme de cocaïne vaut 35 € (mais ne peut être consommé étant trop pur).

Pour la rendre consommable, notre équipe investit alors 4000 € dans l’achat de 3 kilos de lidocaïne comme produit de coupe.

Ainsi pour 39000€ investis, l’équipe possède 4 kilogrammes de cocaïne à 20 % de pureté.

Le gramme dans la rue se vend 60€[9]. Ainsi en vendant 4000 doses, l’équipe obtient 240 000 € (4000 x 60). Une fois l’investissement déduit, ils se sont fait un bénéfice de 201 000€.

Notons que dans notre exemple, nos jeunes gens ont utilisé un des produits de coupe les plus chers (lidocaïne) et ont vendu un produit à 20 % ; la marge de bénéfice est donc la plus minime. Le bénéfice serait facilement plus important en utilisant du lait de bébé en produit de coupe et en vendant des doses à 10 % de pureté !

L’exemple peut vous apparaître trop gros : lequel de nos enfants, ou nous-mêmes, pourrait investir des sommes pareilles ? C’est exact … travaillons donc au « chrome ».

Deuxième exemple

Celui-ci vous permettra alors d’imaginer que dans une famille, un fils, une fille peut très rapidement, par appât de l’argent facile, se mettre à vendre.

Notre adolescent investit 400 € pour 10 grammes à 40 % de pureté chez un semi-grossiste.

De retour à la maison, il coupe ces 10 grammes pour moitié avec de la farine, du lactose et du sucre issus des placards de la cuisine. Il possède désormais 20 grammes à 20 % de pureté.

En vendant ses 20 grammes à 60 € le gramme, il obtient 1600 € et donc un bénéfice de 1200€ (1600-400).Certains diront qu’engager 400€ peut être encore difficile pour un adolescent dans une famille modeste. Certes, mais le milieu des stupéfiants, comme celui du commerce, utilise toute l’ingénierie de l’économie moderne. Les 10 grammes que votre adolescent rapporte à la maison, lui ont peut-être été donnés « en chrome », c’est-à-dire à crédit. Sur sa première vente et son premier bénéfice, il remboursera alors son fournisseur. Dans notre cas, le bénéfice s’élèvera quand même à 800 €. 800 € pour flamber, 800 € pour s’acheter, pourquoi pas, sa propre consommation … sans qu’un euro ne disparaisse de la maison ou de sa tirelire !

Nous avons connu un adolescent de 14 ans, qui au collège, dans une petite ville de province en Bretagne, avait récupéré un kilo de résine de cannabis en chrome.

Recettes à partager ?

Une bonne recette, généralement, rassemble les familles et les amis pour partager un moment de cohésion, de joie. Mais les recettes ici données n’apportent rien de bon ; y goûter c’est mordre à pleines dents dans la discorde, la tristesse, l’isolement, la maladie et les sanctions pénales. Quatre principales conséquences découlent de l’usage des produits stupéfiants :

  • la déchéance physique : elle est le résultat direct de la consommation de substances impropres à la consommation et néfastes pour l’organisme. Cancers, maladies respiratoires, cardiovasculaires, contamination par salives ou sang (herpes, SIDA ) apparaissent chez les consommateurs. Sans aucun doute, consommer des produits stupéfiants, c’est s’empoisonner !
  • les dommages psychiques : les substances psychoactives engendrent un état de manque[10] qui se traduit par des symptômes physiques, comme la douleur (opiacés), des tremblements, voire des convulsions, souvent accompagnés de troubles du comportement tels que l’anxiété, l’irritabilité, l’angoisse. Le besoin de consommer devient une idée fixe irrépressible, monopolisant toutes les énergies et les pensées. La vie quotidienne tourne largement ou exclusivement autour de la recherche et la prise du produit, entraînant une tension interne et une anxiété exacerbée. Cette sensation de malaise et d’angoisse peut conduire jusqu’à la dépression, bouleverse les habitudes, éloigne de toute vie sociale et affective. C’est un paradoxe de l’usage des stupéfiants : souvent les premières consommations se font entre « amis » mais rapidement, l’ami ne devient que le fournisseur. Il en est de même de l’illusion de l’aisance financière.
  • la dépendance vis-à-vis des fournisseurs et la crainte des règlements de comptes qui représentent des dangers physiques pour soi-même et pour sa famille car le milieu est impitoyable et n’aime pas ceux qui voudraient abandonner…
  • les condamnations, amendes et prisons : il faut savoir que la loi ne prévoit aucune différence entre les drogues (malgré le terme faussement utilisé de « douces ou dures ») et entre les usages (publics ou privés). De même contrairement à ce que pensent les consommateurs : vendre ou offrir des produits stupéfiants, même à des « amis » en petite quantité est assimilé à du trafic. Selon les codes, l’usage de stupéfiant comme le trafic sont des délits punis d’amendes et de peines de prison[11]. Pour autant, les juges tiennent toujours compte du danger de la substance et des circonstances lorsqu’ils déterminent la peine applicable à l’usager. Ainsi, la loi permet aux procureurs de la République de ne pas « poursuivre » l’usager et de choisir de mettre en œuvre des « mesures alternatives aux poursuites ». Ces mesures peuvent être le rappel à la loi, l’orientation vers une structure sanitaire ou sociale, l’obligation de suivre un stage de sensibilisation aux dangers de l’usage de stupéfiants, l’injonction thérapeutique, le retrait provisoire du permis de conduire ..

Trop souvent nous avons en tête une « image d’Épinal » qui illustre ce que l’on croit connaître du monde des stupéfiants. Elle est rarement éloignée de celle du jeune paumé qui commence par fumer des joints et finit par s’injecter des drogues plus fortes. Même après une cure de désintoxication, il se drogue de nouveau. C’est un jeune faible, irrécupérable, qui mourra d’overdose.

Malheureusement la réalité est beaucoup plus banale et commune. Nul milieu n’est épargné. Dans l’éventail des utilisateurs de drogues, tout l’univers social se trouve représenté. L’on y trouve aussi bien des filles que des garçons, des personnes âgées, des adultes, des jeunes, des adolescents, des enfants, des riches et des pauvres.

Alors mieux vaut un an trop tôt qu’une heure trop tard ! Les drogues, les stupéfiants ne doivent pas être un sujet tabou en famille. En parler, ce n’est pas en faire l’apologie, c’est parler de la réalité, c’est sensibiliser, c’est prévenir… c’est former et éduquer.

Aussi avec l’intelligence de situation nécessaire et la psychologie qui s’imposent, les parents aujourd’hui ont un devoir d’aborder ces questions avec leurs enfants. Sans forcement devenir un spécialiste, un certain nombre de documents permettent rapidement d’acquérir la connaissance (académique !) des produits, de leurs effets et des symptômes. À ce titre l’observatoire français des drogues et des toxicomanies apporte une base assez riche, abordant les sujets uniquement sur le plan naturel et les risques. Elle est consultable sur https://www.ofdt.fr[12]. Également les sites de prévention comme www.drogues-info-service.fr ou de la mission interministérielle de luttes contre les drogues et les conduites addictives (« MILD&CA »)[13] apportent beaucoup d’éléments et de réponses précises à diverses questions pratiques.

Soyez convaincu que l’usage des stupéfiants s’est largement banalisé, socialisé. Il suffit de se promener dans la rue et de sentir. Au-delà de la pollution habituelle, il vous arrive de constater que l’odeur de la cigarette de votre voisin est lourde, entêtante, légèrement douce-amère. C’est un usage de résine de cannabis, presque banalisé (les bureaux de tabac vendent même des feuilles à rouler spécifiques !) et pourtant il s’agit de la consommation d’une substance psychotrope interdite. Ce produit, pour l’instant illégal, déconnecte l’être humain de la réalité et fait prendre des risques, physiques et psychologiques, économiques et sociologiques importants, non seulement au consommateur, mais également à ses proches, à nos familles et à toute notre société. Fermer les yeux ne fera pas disparaître ce fléau.

Donc aucune excuse ; pas besoin d’être médecin, ni chimiste ni expert comptable pour en parler !

Griffon S.

[1] Article Foyers Ardents 3, du 14 juin 2017 : « La drogue ».

[2] THC : tétrahydrocannabinol, plus communément appelé THC, est le cannabinoïde le plus présent dans la plante de cannabis.

[3] Cocaïer : arbuste sud-américain, retrouvé essentiellement en Bolivie, en Colombie et au Pérou, pousse entre 700 et 1800 mètres.

[4] C’est peut-être pour cela que l’on plane !

[5] Le jargon du milieu stupéfiant est très riche, mais aussi très variable et changeant. Les termes donnés ici sont les plus courants.

[6] Optimisation des effets par adjonction d’alcool, ou la combinaison de plusieurs produits (speedball : cocaïne + héroïne).

[7] « aller vite ». Il s’agit d’une technique utilisée par les trafiquants pour transporter de grosses quantités de produits en utilisant des véhicules (voitures ou bateaux) puissants et rapides.

[8] Il s’agit d’une personne qui, à son insu ou non, transporte ou stocke des stupéfiants (dans ses bagages, sa maison, ou in corpo, etc.).

[9] Actuellement le gramme de cocaïne dans la rue est à 60€, celui d’héroïne se négocie à 40€, le gramme de cannabis est à 10€ comme celui d’un cachet d’ecstasy.

[10]           La dépendance peut s’installer de façon brutale ou progressive, en fonction de l’individu et du produit consommé. Le passage de l’usage simple à la dépendance n’est souvent pas perçu par la personne qui pense maîtriser sa consommation. Cette impression « d’auto-contrôle » n’est qu’une illusion : on devient dépendant d’un produit sans s’en rendre compte.

[11]            « L’usage illicite de l’une des substances ou plantes classées comme stupéfiants est puni d’un an d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende » (article L.3421-1 du Code de la santé publique). La plupart des actes de trafic de stupéfiants, de nature délictuelle sont punissables de 10 ans de prison et de 7 500 000 euros d’amende (articles 222-36 et 222-37 du code pénal). La cession ou l’offre illicite de stupéfiants à une personne en vue de sa consommation personnelle est moins sévèrement punie de 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende (article 222-36 du code pénal). Certains actes sont punis de peines criminelles.

[12] Notamment dans l’onglet « produits et addictions ».

Également la consultation du site ASUD (www.asud.org), de l’INPES (https://www.santepubliquefrance.fr/) peuvent apporter des éléments complémentaires.

[13] https://www.drogues.gouv.fr/

Dame pauvreté

 Saint François sous le ciel d’Assise
Connut par un beau soir d’été
Tout pure dans sa robe grise
La noble dame Pauvreté

L’un à l’autre toujours fidèle
Ils s’en furent main dans la main
Au bord des choses éternelles
En suivant les plus durs chemins

Nous, hélas en un siècle avide
Sans amour et sans charité
Avons chassé de notre cœur vide
L’idée même de la pauvreté

Nous ne connaissions sur la Terre
Que deux maîtres tous deux puissants
Le premier s’appelait Misère
L’autre Richesse, homme de sang

Face à face, l’œil plein de haine
Sans cesse ils forgeaient à grands bruits
Ces armes, ces fléaux, ces chaînes
Qui nous ont plongés dans la nuit

Et nous, vautrés dans la matière
Tout abrutis par le confort
Phonos, baignoires, frigidaires
Ascenseurs, autos, coffres-forts

Magazines, journaux, romances
Cinémas, dancings et poker
Nous croupissions dans l’abondance
A moitié bouffés par les vers

Nous pouvons déchanter ma belle
Finie la foire aux voluptés
Tout est passé à la poubelle
Il faut rebâtir la cité

C’est bientôt la fin du voyage
Tout au bout de la satiété
Bel arc-en-ciel après l’orage
Voici la sainte Pauvreté

Elle nous dit, blasée, funèbre :
« C’est l’absence et la privation
Qui vous rendront dans vos ténèbres
Ce soleil, l’imagination

 

L’argent ne sera plus le maître
Je verserai, moi, Pauvreté
Dans votre âme qui va renaître
L’ivresse de la liberté

Quand la mort frappe à notre porte
Que sont les honneurs et l’argent ?
Ô riche quand ton âme est morte
Envie alors les pauvres gens !

Car pauvreté n’est pas misère
Elle est sagesse et dignité
Et sur les trésors qu’elle préfère
Vous pourrez mieux vous appuyer

Adieu donc ô triste cohorte
Des parvenus morts en sursis
Politicards, richards, cloportes
Gens en place, cœurs endurcis

Tout en vous serrant la ceinture
Vous vous demandez, stupéfaits
Au bout de la folle aventure
De quoi demain sera-t-il fait ?

Que sont les vrais trésors du sage
Que vous offre la pauvreté ?
Demain sera fait de courage
D’espérance et de charité

Demain sera fait de courage
D’espérance et de charité
Ce sont les vrais trésors du sage

Les cadeaux de la pauvreté. »

Texte de Jean Villard Gilles, poète, chansonnier, comédien, écrivain, compositeur et musicien suisse, né à Montreux le 2 juin 1895.

Vous avez des soucis?

« Le règne de Jésus Christ reçoit sa force et sa forme de l’amour divin : aimer saintement et dans l’ordre, voilà où il se fonde et se résume. Le reste en découle nécessairement : être inviolablement fidèle au devoir, n’attenter en rien au droit d’autrui, mettre les soucis terrestres à leur juste place, donner à l’amour de Dieu la priorité sur tout le reste[1] »

Voilà tout un programme que le Pape Léon XIII, comme un bon père, a établi pour ses enfants. C’est le secret du bonheur.

Cependant aujourd’hui lors des discussions avec les uns ou les autres, on peut constater, que, quelque soit le milieu social ou l’âge de l’interlocuteur, tous, nous avons tendance à nous laisser submerger par nos soucis.

Impossible alors de trouver la liberté d’esprit pour mettre chaque chose à sa place et parvenir à la joie des enfants de Dieu. Joie de s’émerveiller des beautés de la nature, paix donnée par l’amitié avec Dieu, sérénité devant l’avenir comme un enfant abandonné sur l’épaule de son père, bonheur d’appartenir à la grande famille que forme l’Eglise catholique, reconnaissance devant tous les dons reçus….

Non, tout cela échappe de plus en plus aux esprits envahis par l’angoisse de l’avenir, la peur de l’autre, la crainte de perdre, l’amertume vis-à-vis de la société et l’inquiétude pour ses enfants…

Pour faire simple, classons en trois parties les soucis qui se présentent :

A) Ceux qui rongent et qui nous font perdre de vue l’essentiel : Le réchauffement climatique, la pollution,… On dirait qu’on essaie de nous distraire en nous assénant avec force et ténacité ces assertions plus ou moins vérifiées… Certains en ont fait un véritable « dada » et y consacrent toutes leurs conversations ; ils en oublieraient même l’essentiel…

Combien de fois par jour consultons-nous notre téléphone portable, que – par un tour de force extra-ordinaire- nous autorisons à nous communiquer des informations « choisies »qui vont augmenter notre taux de cortisol[2] ?

B) Les considérations sur les mœurs actuelles, et même les questions politiques peuvent nous apparaître comme des questions essentielles et il est bon que ceux qui ont les moyens d’action fassent tout ce qu’il leur est possible mais quand nous sommes impuissants, n’oublions pas que le grand moyen accessible à tous, reste la prière. Dieu nous a montré de multiples fois dans l’histoire de l’humanité les vertus de ce moyen qui apaise le cœur en suppliant Celui qui est le maître de toutes choses.

C) Ceux qui nous touchent personnellement : problèmes personnels, famille, santé, travail, …

            Certains portent réellement une lourde croix : la perte d’un être cher, la maladie ou des épreuves fort douloureuses les accablent. A ceux-là nous ne pouvons que conseiller de pratiquer la dévotion aux Saintes plaies de Notre-Seigneur et de se mettre sous la protection de Notre-Dame avec confiance.

            D’autres se croient vraiment très éprouvés mais ne se rendent pas compte qu’ils se sont fabriqué à eux-mêmes une « croix »…  En effet en recherchant dans un moment de calme, la racine de tous nos soucis, nous nous apercevons que celle-ci se trouve bien souvent en nous-mêmes : nous ressassons comme des slogans des paroles de culpabilité, de manque de confiance, d’esprit vengeur, de regrets…

            – Prenons le temps  de retrouver la paix. C’est en particulier lors d’une bonne retraite[3] que nous pourrons faire un retour sur nous-mêmes en analysant les véritables causes des maux qui nous rongent.  

Avez-vous remarqué combien souvent quand nous analysons notre colère nous nous apercevons que, bien plus que le prochain, c’est nous-mêmes qu’il faudrait accuser ? Car bien souvent c’est nous qui, à l’origine, nous y sommes mal pris… 

Avez-vous noté combien de fois nous nous sommes fait des soucis inutiles en imaginant tant et tant de catastrophes, d’accidents ou de maladies qui pourraient arriver à l’un ou à l’autre, en prêtant tant et tant d’intentions à des gens qui n’en ont pas la moindre idée, en anticipant tant et tant d’événements sans penser que le pire n’arrive pas toujours… Si Dieu prenait au mot les fruits de notre créativité en matière de catastrophes… que d’épreuves !! N’oublions jamais quand « la folle du logis[4] » se met en route de la faire taire immédiatement en récitant lentement un Ave Maria qui nous remettra les idées en place ou la Prière à Saint Michel [5] qui saura éloigner les tentations et les dangers !

            – Ensuite prenons l’habitude de pardonner à tous ceux qui  nous ont blessés : « pardonnez-nous comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés »… Disons-nous vraiment cette prière avec sincérité ? L’être humain est capable de tomber gravement malade rien qu’en ressassant des amertumes…

            – Enfin demandons pardon à Dieu de tout notre cœur et soumettons-nous  à sa divine volonté.

En réalisant avec lucidité cette démarche nous nous exerçons à un véritable esprit de pauvreté : parvenir à nous détacher de notre volonté propre pour adhérer à celle de Dieu. Offrir son avenir à Dieu, non pas en se cachant la tête sous l’aile mais, après avoir fait tout ce que Dieu nous demande, Lui abandonner le reste en s’en détachant. Ne pas se laisser gouverner par nos incohérences mais commencer sa journée par un véritable acte d’abandon et la récitation de la Prière des Apôtres de tout notre cœur.

Mettons de l’ordre dans ces « soucis » pour ne pas perdre de vue l’essentiel et prenons conscience que notre seule véritable préoccupation doit être celle de notre vie éternelle en premier lieu, avec notre époux (se). Prions ensuite pour ceux qui sont sous notre responsabilité directe (enfants) et indirecte (parents, famille, amis, paroisse, voisin, village, collègues, Eglise, pays). Faisons en effet tout ce qui est en notre pouvoir  mais au seul niveau qui nous concerne : prière, sacrifice, exemple, devoir d’état et enfin confions tout  au Sacré-Cœur. Notre-Seigneur a gagné la course de relais : c’est notre secret puisque personne ne le sait plus et c’est ce qui nous aide à garder le sourire au milieu des pires tribulations !

Rayonnons de la vraie joie en esprit de gratitude envers notre Dieu qui nous a tant donné ! « Vis le jour d’aujourd’hui, Dieu te le donne, il est à toi.
Vis le en Lui.[6] » Le démon, quand il a épuisé toutes ses autres armes sans succès envoie l’épreuve du découragement… Alors ne nous laissons par prendre dans ce filet et recourons à la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus :

«  Le Sauveur nous a avertis : A cause des progrès croissants de l’iniquité, la charité d’un grand nombre se refroidira. En présence de tant de maux qui, aujourd’hui plus que jamais, troublent si amèrement les hommes, les familles, les nations, le monde tout entier, où chercher un remède, Frères ? Peut-on trouver une dévotion qui l’emporte sur le culte du Cœur de Jésus, qui réponde plus parfaitement au caractère propre de la foi catholique, qui soit plus apte à subvenir aux besoins actuels de l’Église et du genre humain ? Quelle dévotion plus noble, plus douce, plus salutaire que celle là, dont l’objet est la charité divine elle même ?[7] »

Confiance ! Un jour le Sacré-Cœur reprendra ses droits sur la terre toute entière ! Il viendra juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin.

Espérance Clément

[1]Encyclique «Tametsi futura prospiscientibus » du 1er novembre 1900 Sur Jésus-Christ Rédempteur – Léon XIII

[2] Le cortisol est considéré comme l’hormone du stress.

[3] Calendrier de retraites sur : https://laportelatine.org/activites/retrait/retrait.php

On peut aussi s’adresser au Couvent Saint François, 78 passage de la Marcille 69910 Villiers Morgon

[4]« L’imagination est la folle du logis.» Malebranche

[5] Prière à Saint Michel Archange que vous trouverez sur notre site : http://foyers-ardents.org/dans la rubrique : Les prières des familles catholiques.

[6] http://foyers-ardents.org/category/les-prieres-des-familles-catholiques/

[7] Encyclique Haurietis Aquas du Pape Pie XII sur le Culte du Sacré Cœur de Jésus

Faire fondre le chocolat

 Réaliser un gâteau au chocolat rapidement … et facilement … en faisant fondre le chocolat, en douceur … C’est très facile et tellement plus simple !

Voici une méthode que j’emploie systématiquement.                                   

Cette astuce m’a été apprise par ma mère qui se l’était fait expliquer par une démonstratrice Tupperware.

  • Je fais chauffer un demi-litre d’eau dans la bouilloire.
  • Dans la terrine destinée à la pâte à gâteaux, je casse la tablette de chocolat en une dizaine de morceaux ;
  • je recouvre d’eau bouillante mes morceaux de chocolat, je couvre et je laisse fondre durant 3 à quatre minutes.
  • Pendant ce temps je coupe ma quantité de beurre à incorporer en petits cubes.
  • Je retire le couvercle, je vide l’eau bouillante (brunie par le chocolat) dans l’évier. Faîtes attention, mais ne vous inquiétez pas trop, l’eau et le chocolat ne partent pas ensemble !
  • Et vite, j’incorpore au chocolat fondu les morceaux de beurre qui fondent à leur tour au contact du chocolat bouillant (mélangez rapidement, car le chocolat en se refroidissant durcirait de nouveau).

Vous éviterez ainsi de salir une casserole ou de « cuire » le chocolat, et votre mélange chocolat-beurre est à la bonne température pour incorporer ensuite les jaune d’œufs (ou les œufs entiers).

                Je le redis : que les championnes de l’organisation n’hésitent pas à partager leurs trésors d’organisation en écrivant au journal. Partageons nos talents …

Le concept d’ordre naturel chez Saint Thomas d’Aquin 1/2

De l’intérêt de se fier en science politique à Saint Thomas d’Aquin plutôt qu’à d’autres politologues

La première question qui vient à l’esprit est : pourquoi s’adresser, en science politique, à Saint Thomas d’Aquin plutôt qu’aux nombreux penseurs d’hier et d’aujourd’hui, spécialistes de cette discipline ? En effet il ne manque pas de scientifiques proposant une pensée politique bien structurée sur la Cité et sa finalité. Mais la plupart d’entre eux sont des idéologues[1] alors que Saint Thomas d’Aquin est le docteur réaliste par excellence. Il propose en outre un cursus politique cohérent et exhaustif. Mieux encore, Saint Thomas est le découvreur du concept de « bien commun » politique, en tant que finalité de la Cité. Tant qu’à dépenser un peu d’énergie intellectuelle pour se former à la science de la Cité on a donc tout intérêt à s’initier à la pensée de l’aquinate plutôt que de privilégier les modernes.

Un écueil à éviter avant de débuter une étude du concept de bien commun politique chez Saint Thomas d’Aquin

La compréhension du concept de bien commun implique le dépassement d’un infran[2], comme disent les varappeurs : la compréhension du concept d’ordre naturel. L’expérience montre que des trésors d’énergie et de pédagogie seront dépensés inutilement si l’étude de l’ordre naturel ne précède celle du bien commun. Et c’est à ce travail préalable auquel nous allons maintenant nous atteler.

L’existence d’un ordre naturel affirmée par Saint Thomas d’Aquin

Saint Thomas d’Aquin écrit dans la Somme contre les Gentils : « On voit par conséquent que ce n’est pas seulement en vertu de l’énonciation d’une loi qu’il y a du bien et du mal dans les actes humains, mais en vertu d’un ordre naturel. […] Cela coupe court à l’erreur de ceux qui prétendent qu’il n’y a rien de juste ni de droit qu’en vertu d’une loi positive. »[3]

La notion d’ordre est liée à la notion de finalité.

Qu’est-ce qu’un ordre ?

Le mot ordre désigne un ensemble cohérent (aux yeux de l’esprit), organisé, soumis à des règles, éventuellement régi par des lois, fondé sur un rapport quantitatif, qualitatif, mécanique ou téléologique[4]. Par exemple, l’ordre des outils dans un atelier mécanique.

Mais plus précisément et dans le cas qui nous intéresse ici : « Tout ordre peut donc se définir : La juste disposition de plusieurs choses relativement à leur fin. » [5]  Par exemple, l’ordre d’une armée rangée en bataille. Saint Thomas d’Aquin parle dans le proème[6] de la Somme contre les Gentils de « ceux qui ont charge d’ordonner à une fin » dans le but d’établir le lien qui existe entre la notion d’ordre et celle de finalité : « Tous ceux qui ont charge d’ordonner à une fin doivent emprunter à cette fin la règle de leur gouvernement et de l’ordre qu’ils créent. »[7]  On perçoit aisément l’importance de régler l’ordre que l’Autorité politique va créer, sur la finalité de la Cité, à savoir sur le bien commun politique.

On doit contredistinguer les ordres, simples créations de l’esprit humain, de l’Ordre naturel créé par Dieu.

Un ordre est une véritable création ; mais il n’est la plupart du temps qu’une simple création de l’esprit humain, purement formelle. C’est le cas de l’ordre dans une bibliothèque dont le principe peut être, chez l’un, le classement des livres par auteurs et, chez l’autre, leur classement par thèmes. Ce type d’ordres est bien, selon ce qu’en dit Pascal, une création : « Qu’on ne dise pas que je n’ai rien dit de nouveau : la disposition des matières est nouvelle »[8]. À titre d’exemple, l’ordre des opérations en mathématique et l’ordre des flux physiques en logistique sont des éléments importants de ces sciences. Néanmoins, on peut dire sans risque de tous ces ordres : « il s’agit d’une création de l’esprit humain, dont il est difficile de tirer parti pour explorer les rapports de l’homme, tel qu’il est, à Dieu tel qu’il est ».[9] Ce type d’ordres, création de l’esprit humain, se contredistingue de l’Ordre naturel créé par Dieu. On ne doit pas concevoir l’Ordre naturel à la manière des ordres créés par l’esprit humain, qui sont comme « une classification effectuée a posteriori sur des objets préexistants »[10]. Par exemple, dans une bibliothèque il préexiste un donné, à savoir les livres.

L’Ordre naturel est un ordre intégralement réel

Il faut ajouter à tout ce qui vient d’être dit que l’Ordre naturel est intégralement réel. Cela est important car : « Dieu est ; les créatures sont, par la relation[1] qu’elles soutiennent avec lui : c’est la relation qui est ici logiquement antécédente au terme (la créature, c’est à dire l’être humain) dans lequel elle s’achève, et c’est cela qui donne la mesure de sa réalité. »[11]

Il faut donc restituer à la structure ternaire principe, relation, terme sa véritable économie :

« Le terme, c’est-à-dire la créature, n’étant au fond que ce qui termine la relation, est atteint au plus intime de lui-même par le principe de l’ordre, le Créateur : en sorte que l’ordre de la création est intégralement réel et formellement parfait.[12] »

L’enchaînement des causes

« La stabilité de l’univers, telle qu’elle est macroscopiquement constatable, étant rapportée à un déterminisme de nature, il resterait à expliquer comment ces différentes natures qui sont, chacune pour son compte, principe permanent d’un cycle d’opérations, sont également enchaînées les unes aux autres de telle manière que leur ensemble forme un tout organique. »[13] Une des caractéristiques de cet ordre naturel est cet enchaînement des causes, ce que l’on nomme, en terme technique, la concaténation, que l’on peut définir de la façon suivante : Concaténation, n. f. : Enchaînement, solide liaison, successions d’arguments, comme dans un syllogisme.[14] Cet enchaînement des causes aboutit à un ordre de finalités hiérarchisées nécessaire à la liberté humaine. Comme l’écrit J-H Nicolas : La liberté de l’homme « est fondée sur un déterminisme (l’ordre naturel), sans lequel elle serait impossible et vaine. »[15] Dit d’une autre manière, la liberté humaine – contrairement à ce que l’on peut croire en première approche – exige un ordre naturel. Si tout change tout le temps, la raison humaine ne peut produire la Cité.

 [à suivre…]

Bernard de Midelt et Louis Lafargue

[1] Idéologues professant l’idéalisme (par opposition aux réalistes) : En philosophie, l’idéalisme a désigné les systèmes qui faisaient consister le meilleur de la réalité des choses, ou même leur réalité tout entière, dans leur idée ou leur forme. Cf. A. Lalande, Vocabulaire de la philosophie, t. I, p. 318.

[2] Infran (-chissable) : Passage ou obstacle qui ne peut être franchi sans un entraînement approprié.

[3] Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils, Livre III, Ch. 129.

[4] Téléologie : Étude des finalités. Mourral et Millet, Petite encyclopédie philosophique, éd. Universitaires, 1995, p. 362.

[5] Gaetano Sanseverino, Cosmologie, 1876, § 350.

[6] Proème : terme didactique. Préface, entrée en matière, exorde, argument. Étymologie : en latin proemium vient du grec et signifie « avant » et « chemin ».

[7] Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils, proœmium. Par gentils, entendez païens. Attention, les païens ne sont pas, chez Thomas d’Aquin, des barbares.

[8] Pascal, Pensées, éd. Brunschvicg n°22.

[9] M-L Guérard op, Dimensions de la Foi, éd. Cerf, 1952, Tome 2, p. 169.

[10] M-L Guérard op, op. cit., T 1, p 394.

[11] M-L Guérard op, op. cit., Tome 1, p 394 et sq.

[12] M-L Guérard op, op. cit., Tome 1, p 394 et sq.

[13] M-L Guérard op, op. cit., Tome 2, p 225.

[14] Mourral et Millet, op. cit., p. 56.

[15] J-H Nicolas op, Les profondeurs de la grâce, éd Beauchesne, 1968, p. 342.

Nouvelles technologies

Chers grands parents,

           Notre monde est matérialiste… le bonheur y a été défini, par des principes étrangers à la chrétienté, comme subordonné à la richesse matérielle… pourtant, la porte étroite est très certainement étrangère à cette accumulation de biens ! De plus en plus, le confort et surtout les technologies de l’information, apparaissent comme des biens dont nos contemporains ne pensent plus pouvoir se passer « raisonnablement ». Face à cette profusion de moyens qui semble s’imposer de manière apparemment inéluctable, quelle peut être notre place de grands-parents dans la formation de la vertu de nos petits dans ce domaine ?

Pour comprendre cette place, il faut d’abord analyser les causes et mesurer l’empreinte de ce matérialisme sur nos familles… nous nous orienterons particulièrement dans cet article sur la façon de traiter de l’irruption des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).

Depuis plusieurs siècles, chaque génération a dû faire face à des progrès, ou plutôt des « nouveautés » auxquelles  nos familles ont dû s’adapter ou s’opposer selon les cas. L’arrivée de la télévision, il y a maintenant près de deux générations, en est une illustration particulièrement instructive. Entre les rares familles qui l’ont refusée, celles qui l’ont limitée et celles, plus nombreuses, qui l’ont laissé envahir leur espace, les débats ont été virulents et les choix variés !

Ce qui caractérise notre époque est certainement la profusion soudaine de ces moyens et la manière nécessaire dont ils s’imposent dans nos foyers ! Aujourd’hui, on ne peut plus se passer du portable ou d’internet… De la carte grise à la déclaration d’impôts, tout se traite par internet ! Un père de famille en vacances doit pouvoir communiquer avec son travail par ces moyens modernes… Alors que faire ?

Il y a plusieurs décennies, bien avant l’arrivée de l’internet et du portable, le père Calmel exprimait clairement l’aspect nuisible de la « surcommunication » dans l’un de ses ouvrages : « A cause de moyens techniques nouveaux de communication entre les hommes, à moins d’une grande vigilance et d’une ascèse nourrie par la prière, la dissolution de toute vie personnelle est devenue un danger à l’échelle de la planète. » Plus loin il demandait à Notre Dame « cette réconciliation, non pas avec le temps, mais avec la vie que le Seigneur me demande de vivre en ce temps ». Il nous semble que ces deux phrases résument bien la question et l’orientation que doit prendre la réponse.

Le père Calmel expose la gravité de la situation ; il s’agit de la dissolution de « toute vie personnelle » c’est-à-dire de toute vie intérieure et donc de toute vie chrétienne ! Il propose une solution axée sur trois domaines : la vigilance, l’ascèse et la prière. Seule cette solution permettra à nos familles de mener la vie que le Seigneur leur demande de vivre « en ce temps ». Nous traiterons donc sommairement de ces trois domaines.

  • La vigilancecar ces moyens de communications ne sont pas anodins. Si c’est l’usage des moyens qui les rend bénéfiques ou nuisibles, mettre internet entre les mains d’un enfant est comme mettre un bulldozer entre les mains d’un enfant de 5 ans,  lui demander d’en faire bon usage puis s’étonner qu’il ait détruit la maison ! Nos familles doivent donc être informées des risques que présentent ces technologies par l’accès illimité qu’elles donnent à des informations inutiles voire des perversités presque inévitables… Le sujet doit être abordé en famille avec gravité !
  • L’ascèse, tant il est vrai que se passer de ces moyens exige une véritable ascèse ! Nous ne pensons pas que le mot soit excessif. Il faut une bonne dose d’héroïsme pour leur résister ! Il est nécessaire donc d’apprendre aux enfants à s’en passer le plus possible en en limitant l’accès autant que faire se peut (interdire l’accès à internet seul, avant tel âge et limiter les horaires par exemple), en imposant un accès public (l’ordinateur connecté étant placé dans un lieu de passage).
  • La prièrequi n’exclue évidemment pas les moyens pratiques ! Elle les accompagne ! Les grands-parents doivent prier pour que ces moyens ne pervertissent pas leur vie familiale et doivent, par leur exemple, encourager leurs enfants et petits-enfants à prier pour choisir la voie que Dieu leur demande de prendre dans ce domaine !

Les nouvelles technologies, par les facilités qu’elles apportent et par la mauvaise orientation que leur donne notre monde « Anti-Christ » sont un réel danger pour nos familles ! Nous avons bien conscience de n’avoir pu apporter de recettes mais seulement des éléments de réflexion car nous pensons qu’il est capital que les grands-parents aient réfléchi à ce sujet d’actualité. La nouveauté du temps est qu’il n’y a plus de sanctuaire préservé…

Puisse sainte Anne nous aider à faire les bons choix qui conduirons nos familles à la sainteté…

Des grands-parents

Photos et souvenirs

De retour des vacances, pourquoi ne pas passer quelques moments en famille à trier les photos et souvenirs rapportés par chacun ?

Vider les appareils photos, sélectionner les images à garder, rassembler les cartes postales ou billets d’entrée des monuments visités, inclure des légendes ou des cartes d’itinéraires, faire un petit compte rendu des différents camps…Et pourquoi pas, demander à un tel de faire le récit d’une anecdote ou d’un événement particulier ?

Si l’on ne le fait pas tout de suite, alors que les événements sont encore frais, il y a de fortes chances que cela ne se fasse jamais, et qu’une partie de la mémoire familiale passe à la « corbeille ». L’album des vacances, qu’il soit sous forme de photos tirées, ou si l’on a plus de temps pour la mise en page, imprimé au format livre, permet de se remémorer les bons moments passés ensemble, mais aussi de garder une trace de nos activités. Cet aide-mémoire est précieux pour les plus petits, qui se plaisent à feuilleter les albums-photos, et intègrent ce qui s’est passé avant eux ; mais pour les plus grands également, qui se souviendront mieux de tous ces bons souvenirs, grâce à ces photos qui en sont les meilleurs rappels.

                                                                                                                                                              

 

Réaliser un gâteau au chocolat rapidement … et facilement … en faisant fondre le chocolat, en douceur … C’est très facile et tellement plus simple !

 

Voici une méthode que j’emploie systématiquement.                                   

Cette astuce m’a été apprise par ma mère qui se l’était fait expliquer par

une démonstratrice Tupperware.

1)      Je fais chauffer un demi-litre d’eau dans la bouilloire.

2)      Dans la terrine destinée à la pâte à gâteaux, je casse la tablette de chocolat en une dizaine de morceaux ;

3)       je recouvre d’eau bouillante mes morceaux de chocolat, je couvre et je laisse fondre durant 3 à quatre minutes.

4)      Pendant ce temps je coupe ma quantité de beurre à incorporer en petits cubes.

5)      Je retire le couvercle, je vide l’eau bouillante (brunie par le chocolat) dans l’évier. Faîtes attention, mais ne vous inquiétez pas trop, l’eau et le chocolat ne partent pas ensemble !

6)      Et vite, j’incorpore au chocolat fondu les morceaux de beurre qui fondent à leur tour au contact du chocolat bouillant (mélangez rapidement, car le chocolat en se refroidissant durcirait de nouveau).

Vous éviterez ainsi de salir une casserole ou de « cuire » le chocolat, et votre mélange chocolat-beurre est à la bonne température pour incorporer ensuite les jaune d’œufs (ou les œufs entiers).

                Je le redis : que les championnes de l’organisation n’hésitent pas à partager leurs trésors d’organisation en écrivant au journal. Partageons nos talents …

PLUS RAPIDE, PLUS EFFICACE…PLUS ECONOMIQUE

 

Les 1001 astuces qui facilitent la vie quotidienne !                                                      

Une rubrique qui tente de vous aider dans vos aléas domestiques.

 

 

Sans verser dans le « selfie » à tout-va, il est important que les enfants puissent s’enraciner dans une lignée et une suite d’activités familiales qui, par les photos, leur permettent de garder une trace de leur histoire personnelle et de se créer ainsi des racines.

A notre place

     Il est difficile d’être à notre place, juste avec le devoir d’état monotone, répétitif, lassant.

     Nous voudrions tout posséder : 

     Un foyer heureux, un cercle d’amis présents, une réputation flatteuse, une position honorable, une honnête aisance, la reconnaissance de nos talents.

     Nous voudrions être une référence par les conseils avisés, admirées pour nos qualités intérieures, notre adresse manuelle, notre sens artistique ou notre élégance.

     Être au courant des dernières nouvelles et tout comprendre,

     Avoir raison en tout mais sans nous mettre en porte à faux avec le monde,

     Avancer en vertu, si possible sans la croix

     Sommes-nous alors pauvres en esprit ?

 

     Ce qui est visible dans la jeunesse, au fur et à mesure de l’âge se dissimule et si nous n’y prenons pas garde, enfle de façon cachée comme un abcès. Nous savons en effet de mieux en mieux masquer, dire ou paraître ce que les autres attendent de nous.

     De plus l’expérience acquise nous donne, à nos yeux, le droit de dominer, de juger.

     A celui ou celle qui ne partage pas notre point de vue, nous opposons nos besoins, notre âge, notre expérience, notre fonction, notre état, parfois jusqu’à l’impatience ou la colère.

     Comment alors être pauvre en esprit ?

 

     En regardant les saintes femmes tout à leur service du Maître, nous avons la réponse. Celle du service humble et caché dans le silence et la simplicité.

     Avec leur modeste besogne: nourriture, gite, entretien des tuniques déchirées, soins des pieds abîmés par les longues marches, elles recevaient dans leurs âmes l’enseignement et la douceur du Maître.

     Toutes à leur tâche, l’Evangile ne rapporte pas qu’elles se querellaient pour la première place comme les apôtres et Marthe avait compris comment joindre la prière et la contemplation à son activité.

     Elle qui avait tant souffert avec Lazare des désordres de Marie-

     Madeleine, jetant le déshonneur sur leur famille et faisant craindre pour son salut, avait accepté humblement que sa sœur l’ait dépassée en vie intérieure et s’était désormais mise à son école sans cesser d’être efficace.

     Marthe avait eu la grâce de la pauvreté du cœur.

 

     Ces femmes, pauvres d’elles-mêmes, accompagnaient les disciples de leurs soins attentifs et délicats, restant à leur place dans la prière, sans donner leur avis sur ce qu’il convenait de faire.

     Mendiantes de Dieu, elles recueillaient toute la journée les grâces du Divin Cœur et avec la Vierge Marie, apprenaient à méditer en repassant tout dans leur cœur.

     Sans respect humain et sans peur, elles ont tout donné, fait fi de leur réputation, seules sur le chemin du Calvaire pour s’y tenir avec la Vierge Marie, après que Véronique eut essuyé avec une immense compassion le visage du Sauveur.

     Quelle récompense leur fut-il donnée de cette humble fidélité sans inquiétude pour elles-mêmes ?

     La Sainte Face imprimée sur le linge, et d’être les premiers témoins de la Résurrection.

     A s’être totalement oubliées, par pur amour, elles ont été comblées bien au-delà de ce qu’elles auraient pu imaginer, car justement elles n’attendaient rien.

     Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux est à eux.

                                                En la fête de Sainte Marthe, 29 juillet

                                                                       Jeanne de Thuringe