Faut-il être « dans le vent » ?

Chères grands-mères, chers grands-parents,

           Plus le temps passe, plus la présence de notre monde s’impose à l’intérieur de nos maisons. Alors qu’il y a quelques années, les familles disposaient d’une certaine liberté pour s’habiller, se distraire, prier… De plus en plus, la mode s’impose. Le fait n’est pas nouveau ; de fait, il doit exister depuis le péché originel. Ce qui est nouveau, c’est son aspect péremptoire. Chaque année, de nouveaux usages sont imposés à la masse. Il faut avoir tel jeu (électronique), il faut être habillé de telle manière (même chez les petits), il faut avoir vu tel film. Sinon… on est disqualifié, ou pour prendre un mot en vogue « diabolisé ».

  Tant pis si le film est un peu douteux, tans pis si telle mode n’est pas décente, tant pis si tel jeu est abêtissant ! Ce qui compte c’est d’être « dans le vent » ! Et nous y sommes tous sensibles !

  Notre génération, qui a vécu une pression moindre et à qui l’âge peut avoir donné une certaine indifférence à ces choses, voit ces affaires avec une certaine inquiétude, voire avec consternation mais se trouve assez démunie quant aux réponses à apporter. Que faut-il faire ?

  En soi, une mode est neutre. En matière de coquetterie, saint François préconisait d’en faire suffisamment pour ne pas choquer les mondains et pas trop pour ne pas gêner les gens simples… Dans le principe, « in medio stat virtus »… Il n’est donc pas nécessairement mauvais de « faire comme les autres ».

  Mais, que faire dans un monde « anti-Christ » dans lequel tout est fait pour détruire tout sentiment chrétien ? C’est d’autant plus difficile que la nature s’habitue à tout ! « A force de tout voir, on finit par tout supporter, à force de tout supporter, on finit par tout accepter » nous dit saint Augustin. Ce qui devrait nous choquer finit par devenir acceptable par répétition ! Une loi abominable sur l’avortement a été adoptée cet été sans déclencher la moindre réaction. Même nos fidèles catholiques se passionnent plus pour les questions de santé que pour ces affreuses lois !

  Il faut d’abord placer les choses au bon niveau ! « Que Notre-Dame me garde cette grâce, cette réconciliation, non pas avec le temps, mais avec la vie que le Seigneur me demande de vivre en ce temps1 ». Dieu ne nous demande pas d’être en accord avec notre temps. Il nous demande chaque matin de réfléchir à ce que sera notre devoir du jour et de nous examiner chaque soir sur ce que nous aurons fait. La mode ne doit jamais être une référence. Tel jeu stupide – voire pire – doit être banni de notre maison, même si toute la classe le possède ! Telle tenue vestimentaire indécente ou vulgaire doit être bannie de notre maison, même si toute la classe l’a adoptée ! Et il en va de même pour tel film qu’il « faut avoir vu » !

  En la matière, il y a certainement aujourd’hui un devoir grave de prendre ses distances par rapport au monde qui nous entoure. Chacun chez nous, dans la mesure de nos possibilités, bannissons tout ce qui nous éloigne de Dieu, n’acceptons la modernité que dans la mesure où elle n’est pas contraire à la Foi. Nous savons que, dans bien des familles, la paix familiale impose des concessions parfois regrettables. Prenons ces concessions comme des mesures de tolérance pour un bien supérieur et non comme des actes de charité ! Sachons que dans bien des cas, nos « fashion victims2 » se croient libres et qu’elles n’accepteront de se soumettre que lorsqu’elles auront réalisé l’esclavage dans lequel elles se trouvent.

  La bienveillance, l’exemple, une autorité justement acceptée aideront nos « victimes » à saisir peu à peu la juste voie à suivre…

  Prions saint Anne de nous donner l’autorité et la délicatesse pour piloter notre navire au milieu de tous ces écueils…

Des grands-parents

1 Père CALMEL

2 Esclaves de la mode

 

Votre vie est sublime !

           « Ô jeunes filles, ô femmes, vous êtes des êtres faibles, mobiles et sans défense, mais avec l’union à Dieu, l’adhérence de votre volonté à la sienne, de votre vie à sa Providence, vous devenez fortes, de la force même de Dieu, pourvu que vous le laissiez être votre éducateur, votre précepteur, votre docteur, en un mot votre père !

  Votre vie est sublime si vous la comprenez… Arrachez-vous du rivage, gagnez le large, et ramez vers les splendeurs de l’éternelle beauté ! »

Extrait de « Ô Femmes ! Ce que vous pourriez être » – G. Joannes

 

Paroles de Sœur Lucie

           « L’une des choses particulièrement demandée par Notre-Dame était la modestie dans le vêtement. (…) Les modes féminines sont une véritable folie et une arme diabolique dont on se sert pour détruire la moralité chrétienne et perdre les âmes, oui les âmes, et les corps aussi puisque le corps participe au malheur de l’âme dans ce monde et dans l’éternité. Pour le moment, les gens ne veulent pas penser sérieusement à l’au-delà pour ne pas être tourmentés par les remords de conscience, mais le temps passe et, qu’on le veuille ou non, on est forcé de passer dans l’éternité ! A quoi serviront alors les vanités ? Pourquoi ne forme-t-on pas des groupes de dames ou de jeunes filles qui travailleraient dans ce sens en commençant par donner l’exemple. La prière est nécessaire mais ne dispense pas de l’action. Si l’une se joint à l’autre, elles obtiendront la victoire, mais elles sont nécessaires toutes les deux, unie l’une à l’autre. » Fatima – 1961

 

Quand faut-il apporter un cadeau lors d’une invitation chez des amis ou de la famille ?

           Voilà une question qui revient souvent : « Est-ce qu’on leur apporte quelque chose ? »

Vous pouvez vous en abstenir dans plusieurs cas :

– Quand l’hôtesse vous a déjà demandé de participer à la confection d’un des mets du repas ;

– Quand les hôtes vous rendent une politesse et qu’eux-mêmes ne vous ont rien offert en venant chez vous, ou que vous les avez reçus maintes fois avant qu’ils ne vous rendent la pareille ;

– Quand ils vous invitent pour vous remercier d’un service que vous leur avez rendu.

 

En revanche :

– Si vous leur êtes déjà redevables de beaucoup d’invitations ;

– Si ce sont des amis très chers ;

– Si vous êtes reçus pour un séjour ;

– Si vous savez que vous ne pourrez pas leur rendre la pareille ;

– Si vous avez envie de les honorer et de leur faire plaisir ;

  Alors, ne vous privez pas de cultiver l’amitié par un de ces petits cadeaux qui font toujours plaisir : une bonne bouteille, un pot de confitures de votre fabrication, un petit bijou pour la maîtresse de maison, une babiole chinée chez votre antiquaire préféré, ou mieux, un bon livre que vous aimeriez leur faire découvrir. Si vous apportez des fleurs, préférez une plante à un bouquet, car celui-ci pourrait créer un embarras à votre hôtesse qui perdra du temps à chercher le vase adéquat alors qu’elle aimerait discuter avec ses amis.

Tout ce que l’on donne fleurit, tout ce que l’on garde périt.

 

Tu seras un bon mari, mon fils !

           Les quatre enfants jouent dans la chambre, tout à coup, une dispute commence… Le ton monte. Marie se met à crier et à pleurer. Papa arrive donc :

– Qu’est-ce qu’il y a ? Arrêtez de crier !

– Pierre m’a tapé et il m’a tiré les cheveux.

– C’est Marie qui a commencé, elle m’a pris mon jouet et elle ne veut plus jouer avec nous.

 

  Après avoir dit quelques mots de réprimande et séparé les belligérants dans deux chambres, papa revient voir Pierre :

– Un garçon ne frappe jamais une fille même avec une fleur ! Même si elle a tort.

 

Respecter

  Ce principe de nos grands-parents reste d’actualité, et constitue un des premiers pas dans l’apprentissage du respect dû aux femmes.

  A l’adolescence, le papa sera attentif à ce que les garçons continuent à respecter leur mère en parole et en acte. Parfois, ils devront s’excuser pour une parole déplacée ou réparer leur désobéissance par un service rendu à leur mère. Plus tard, les garçons apprendront à ne pas se moquer des jeunes filles qui, certains jours, ne veulent pas sauter dans la piscine avec tous les autres ou restent réservées au milieu de l’excitation ambiante.

  La mère qui a donné la vie, le premier grand bien de l’enfant, ne cesse de renouveler son don chaque jour spécialement pendant l’enfance. Elle mérite donc respect, reconnaissance et affection. Chaque jeune fille est une mère en puissance et mérite aussi un respect spécifique.

 

Admirer

  Le papa saisira les occasions de mettre en valeur les qualités de son épouse devant ses enfants. Qualités de générosité, d’attention, d’organisation ou de créativité, de psychologie ou de courage, de profondeur et de sagesse, de pureté, de piété et de simplicité… Il saura aussi témoigner son amour à son épouse par des mots, des gestes ou des moments d’attention particuliers et réguliers. Si le père a pris l’habitude d’observer et d’entretenir son admiration pour son épouse, s’il le lui dit régulièrement, les enfants comprendront la valeur de l’admiration dans un ménage.

  Parvenu à l’âge de se marier, le jeune homme saura mieux choisir ses amies et sa future épouse. Il faudra choisir entre deux attirances. Telle jeune fille est brillante en société, elle est belle, elle a du succès et je brille avec elle. Telle autre a du charme et des qualités humaines mais reste modeste. Laquelle sera la meilleure mère pour mes enfants ? Laquelle m’aidera à aller au ciel avec eux ? Avec laquelle formerons-nous un ménage qui s’entraidera à progresser ensemble vers la sainteté et pas seulement à briller dans de belles compagnies mondaines ? Future mère ou femme objet ? Celle que j’admire saura me tirer vers le haut !

 

Comprendre les différences et écouter

  Il s’agit de grandir dans la complémentarité voulue par Dieu pour construire un foyer stable et heureux. L’éducation aide à faire découvrir cette complémentarité psychologique entre l’homme et la femme au-delà des différences physiologiques.

« Deviens un homme, mon fils ! » Sachons donner une éducation virile, développer le courage et l’autonomie des garçons, mais sans « machisme » ni esprit de supériorité. L’esprit de service, de chevalerie est une qualité à travailler.

  Une relation de confiance entre le fils et sa mère, les encouragements de la mère pour les bonnes actions de ses fils presque adultes, aideront à préparer la future relation d’un homme avec son épouse. Devenu fiancé puis époux, le jeune homme saura partager ses joies et ses peines, ses convictions et ses doutes, demander pardon et/ou conseil à son épouse.

  Jésus, Dieu supérieur à tous, a bien écouté les conseils de Marie, sa mère aux noces de Cana… Saint Joseph prenait certainement conseil auprès de sa sainte épouse, sauf lorsqu’une apparition céleste donnait des instructions spécifiques, ce qui ne nous arrivera probablement pas…

 

Aimer, c’est donner !

  « Deux caractères brillent par-dessus tout dans le mariage : unité et indissolubilité dit le catéchisme, disons d’une manière plus frappante fermeté et générosité. (…) Générosité. L’Église a toujours compris le mariage comme un don mutuel, comme la négation de l’égoïsme. Il est vrai que le mariage n’est pas un renoncement au bonheur, mais ce bonheur doit être de faire le bonheur de l’autre. Vous vous abandonnez l’un l’autre, vous vous confiez l’un à l’autre. (…) Là encore, pour qui connaît notre pente à l’égoïsme, notre tendance à nous replier sur nous-mêmes, à vivre en nous et pour nous, il y a ici du surhumain, quelque chose qui dépasse la nature. Ici encore, d’une manière ou d’une autre, il faut que Dieu intervienne. Sans Dieu, il ne peut y avoir de mariage selon Dieu. » (Abbé Berto)

  Apprendre à donner, à se donner, pour faire plaisir, c’est une leçon de bonheur si elle est répétée dès le jeune âge et entretenue tout au long de sa vie.

  « Aimer, c’est vouloir le Bien » dit la théologie. Vouloir Dieu, souverain Bien. Vouloir le Bien de son conjoint puis de sa famille et de son prochain. Le fiancé se préparera spécialement à écouter, donner, offrir le meilleur de lui-même pour être heureux avec sa future épouse. Il devra parfois combattre ses inclinations masculines à prendre et posséder.

  Régulièrement le week-end, en vacances, et pendant les grossesses, pour soulager son épouse, le père de famille n’hésitera pas à prendre en charge des tâches fatigantes : vaisselle, conduites, aspirateur, courses… Il saura aussi donner du temps, des compliments et de l’attention à son épouse.

« Les maris ne disent plus assez et ne montrent plus assez à leur femme qu’ils les aiment. S’il ne manifeste plus à sa femme son amour, ce n’est pas parce qu’il ne l’aime plus ; c’est parce qu’il ne comprend pas qu’une femme ne peut vivre sans un amour manifesté. Une des conditions fondamentales du bonheur de l’épouse (et donc du bonheur en famille) est que les maris, au cours de toute leur vie conjugale, et non pas seulement au départ, veillent à demeurer quelque peu « fiancés » ». (La vie conjugale au fil des jours- Pierre Dufoyer)

 

  Prions Notre-Dame de nous éclairer pour être des exemples pour nos fils et leur apprendre à devenir de bons maris – si c’est la vocation à laquelle ils sont appelés ou de bons conseillers s’ils sont appelés au sacerdoce. Notre Dame est la mère du bel amour – du pur amour- de la crainte de Dieu, de la science – de l’éducation et de la connaissance de Dieu-, et de la Sainte Espérance, toujours « positive » et confiante en Dieu en toutes circonstances. Elle saura nous guider et les guider !

Hervé Lepère

 

Kling, Glöckchen kling Noël autrichien traditionnel

1 . Kling Glöckchen kling !
Laßt mich ein, ihr Kinder,
Ist so kalt der Winter,
öffnet mir die Türen,
laßt micht nicht erfrieren !
Kling, Glöckchen klingelingeling,
Kling Glöckchen kling!


  1. Kling, Glöckchen klingelingeling,
    Kling Glöckchen kling !
    Mädchen hört und Bübchen,
    Macht mir auf das Stübchen !
    Bring’euch milde Gaben,
    Sollt euch dran erlaben.
    Kling, Glöckchen klingelingeling,
    Kling Glöckchen kling!

    3. Kling, Glöckchen klingelingeling,
    Kling Glöckchen kling !
    Hell erglühn die Kerzen,
    Öffnet mir die Herzen,
    Will drin wohnen fröhlich,
    Frommes Kind, wie selig !
    Kling, Glöckchen klingelingeling,
    Kling Glöckchen kling!
  2. Tinte, clochette, ting-a-ling-a-ling,
    Tinte, clochette, tinte !
    Laissez-moi entrer, les enfants
    Il fait si froid l’hiver,
    Ouvrez-moi la porte,
    Oh, ne me laissez pas geler !
    Tinte, clochette, ting-a-ling-a-ling,
    Tinte, clochette, tinte !
  3. Tinte, clochette, ting-a-ling-a-ling,
    Tinte, clochette, tinte !
    Filles et garçons, écoutez-moi,
    Ouvrez-moi la pièce!
    Je vous apporte beaucoup de cadeaux,
    Vous devriez les aimer.
    Tinte, clochette, ting-a-ling-a-ling,
    Tinte, clochette, tinte !

 

  1. Tinte, clochette, ting-a-ling-a-ling,
    Tinte, clochette, tinte !
    Les bougies brillent ardemment,
    Ouvrez-moi vos cœurs
    J’y entrerai gaîment
    Saint enfant, tant béni !
    Tinte, clochette, ting-a-ling-a-ling,
    Tinte, clochette, tinte !

Le Christ a vaincu le monde !

 

           « Regardez avec sang-froid cet avenir, quel qu’obscur et caché qu’il vous puisse apparaître. Mais au milieu de cette obscurité une chose apparaît en pleine lumière : la mission que vous avez à remplir. Que chacune de vous avance en donnant l’exemple, en soutenant et stimulant les autres par son aide. Toutes ne peuvent pas tout et il n’est pas donné à chacune de travailler avec des fruits égaux, mais chacune de vous possède ce savoir-faire aimable et puissant qui peut conquérir les âmes à la bonne cause, la cause de Jésus-Christ.

  Poursuivez donc avec entrain votre route au nom du Seigneur ! Le Christ-Roi et la Vierge Immaculée sont avec vous. Ayez confiance ! Le Christ a vaincu le monde ! »

Pie XII aux jeunes filles

 

Semeuse de force et de beauté morales

 

           « Parce que vous êtes enfants de Dieu et faites à son image, la souillure de l’âme lui est repoussante et douloureuse. Elle est un coup de marteau permanent sur les clous de la Croix. Parce que vous n’avez pas le droit de manquer de respect à vous-mêmes ; vous n’avez pas le droit de ternir la maison de Dieu qu’est votre corps. Comment le Seigneur demeurera-t-il en sa demeure si elle est maculée, salie ? Veillez et priez ! Ne soyez pas téméraires, ne dites pas que vous pouvez tout lire, tout voir, tout entendre. N’approchez pas du feu, ne le bravez pas ; il vous consumerait et vous seriez perdues !

  Notre idéal l’exige ! Notre rôle de semeuse de force et de beauté morales le réclame ! Notre volonté de nous préparer aux tâches de l’avenir, au bonheur du foyer, aux missions familiales et sociales qui nous attendent demain, nous l’impose. Nous ne nous déroberons pas devant le devoir que notre sens de l’idéal chrétien rend spontané et naturel chez nous !

  Nous voulons rester fières de nous-mêmes et de notre influence !

  La joie profonde d’un cœur limpide et d’une âme délicate doit être la première source de notre fierté, comme elle sera la première cause de notre rayonnement et de notre bonheur ! »

Extrait de « Nous et notre cœur »

 

La fin d’un monde par Patrick Buisson

           C’est une plongée dans l’histoire, une histoire récente et sociologique de la France, à laquelle nous invite Patrick Buisson dans La fin d’un monde puisque ce passage de l’ancien au nouveau monde qu’il décrit s’étend sur une quinzaine d’années, de 1960 à 1975. Le développement économique qui marque la fin des Trente Glorieuses s’accompagne d’une transformation des mentalités qui modifie en profondeur la société française. L’auteur illustre cette révolution petite bourgeoise, pour reprendre le sous-titre de l’ouvrage, par trois grandes thématiques que sont le grand déracinement lié à la forte baisse du nombre d’agriculteurs et à l’exode rural, le krach de la foi et la perte du sacré qui ont suivi le concile Vatican II, et le déclin de la virilité et, plus généralement, de la verticalité.

 

  Dans un style clair, l’auteur met en perspective les faits dont il dégage une analyse pénétrante qui ne manque pas de souffle. Un des fils rouges de cette révolution des mentalités peut être trouvé dans le vide qui saisit la société : les campagnes se vident et cela n’est pas neutre quant au rapport des français à la terre, les églises se vident des fidèles et même des prêtres, l’autorité paternelle se vide de sa légitimité et l’homme lui-même se vide de toute vie intérieure au profit des apparences que sont la mode et la consommation, en bref, de l’esprit du monde.       

 

  La partie la plus intéressante du livre est consacrée à l’évolution du catholicisme pendant cette période courte au regard de l’histoire de l’Eglise mais ô combien foisonnante. Dans le sillage de l’aggiornamento lancé par Jean XXIII, l’Eglise s’ouvre au monde, proclame la liberté en matière religieuse, promeut l’œcuménisme et entend rechercher le salut de tous les hommes et pas seulement celui des fidèles. La question du salut ne se pose d’ailleurs plus vraiment puisque l’Eglise renonce à parler des péchés personnels et des fins dernières. Cet abandon de pans entiers de la doctrine professée jusque là sème un grand trouble chez les catholiques et ce d’autant plus qu’il s’accompagne d’une modification en profondeur de la liturgie. La disparition du latin, l’adoption d’un nouveau rite de la messe, la liberté d’adaptation reconnue aux clercs dans les célébrations accélèrent à partir de 1965 le déclin déjà amorcé de la pratique religieuse. La perte d’identité d’un clergé qui se dit en recherche et la banalisation de l’état clérical qui rapproche le mode de vie des clercs de celui des laïcs provoquent de nombreux abandons de la vie religieuse.       

 

L’ouverture au monde est illustrée en particulier par l’expérience des prêtres ouvriers. Celle-ci s’avère un échec mais entraîne un rapprochement politique du clergé avec la gauche qui peut aller jusqu’à une certaine connivence avec le marxisme. Le mouvement de mai 1968 consacre l’influence des chrétiens progressistes dans l’Eglise. La conférence épiscopale française n’est pas en reste en soutenant à mots à peine couverts le socialisme et les mouvements des syndicats ouvriers. Il est possible d’y voir la conséquence du refus du concile de condamner le communisme mais aussi, les deux phénomènes pouvant coexister sans difficulté, la conviction, ancrée chez beaucoup d’esprits de cette époque, y compris chez les clercs, du caractère inéluctable de l’avènement du marxisme auquel il apparaît plus prudent de se rallier.    

 

  Dans l’ordre intellectuel, la foi l’emporte sur la religion. Autrement dit, la foi devient une affaire de conscience personnelle qui dépasse l’action de la grâce par les sacrements. Une telle conception rapproche les nouveaux catholiques des protestants. Le mépris des clercs pour la piété populaire et le déclin du culte marial et de celui des saints, joints à une certaine intellectualisation de la foi entraînent la déchristianisation du plus grand nombre. La sociologie des catholiques pratiquants se réduit pour se concentrer, surtout dans les villes, sur la bourgeoisie. Le refus de regarder la mort en face est une autre illustration du déclin de la foi comme si l’homme n’acceptait plus sa fin considérée comme une défaillance technique qu’il convient de réparer ou de différer le plus possible.    

 

  La dernière thématique est relative à la fin du pater familias et à l’exacerbation du féminisme dans toutes ses dimensions qui signent l’abandon du modèle traditionnel de l’homme mari, père, soldat et travailleur, et de la mère qui reste au foyer pour élever ses enfants. Le phénomène hippie influence l’idéal masculin tandis que la libéralisation du divorce, de la contraception et de l’avortement traduit en actes le slogan ni Dieu, ni mec des femmes libérées.  

 

***

 

  La lecture de ce brillant ouvrage laisse quand même le lecteur sur une interrogation. Celui-ci va être tenté de conclure comme l’y invite le slogan figurant sur le bandeau du livre : c’était mieux avant. Est-ce si sûr ? oui dans la mesure où la décadence des esprits et des mœurs est incontestable entre 1960 et 1975 et même plus encore dans les années qui ont suivi. Mais était-ce vraiment mieux avant 1960 ? Les prémices du déclin n’étaient-ils pas déjà en place ? Poser la question est déjà y répondre. Il faut remonter avant 1960 pour trouver les facteurs explicatifs de ce déclin même si les années 1960 marquent, surtout en ce qui concerne la religion et les mœurs, une accélération du processus de décomposition. L’auteur laisse au lecteur le soin de trouver les causes et les remèdes aux phénomènes qu’il décrit. En ce qui concerne les remèdes à la crise du catholicisme, nous pouvons relever que la réaction traditionnaliste existait déjà au moins en germe avec la création par Mgr Lefebvre en 1970 de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X pendant la période couverte par l’ouvrage. D’autres thèmes auraient pu y être abordés come le développement de l’immigration déjà très présente au cours de la période 1960-1975, la libéralisation des échanges et la mise en place de la Communauté Economique Européenne même si les effets de l’ouverture des frontières se sont surtout fait sentir après 1975.   

 

  Au-delà de ces questionnements, La fin d‘un monde est un livre très intéressant à lire tant il fourmille de citations pertinentes et d’anecdotes savoureuses sur l’histoire de cette période. L’on se prend à espérer qu’un jour, une analyse de même qualité puisse être écrite sur la période étrange que nous vivons et qui est source d’autres ruptures.     

 

Thierry de la Rollandière

1 Editions Michel Albin 2021

 

La jeune fille

Chère Bertille,

 

           Je te remercie pour ta dernière lettre : tu t’y plains d’entendre souvent que tout va mal, que la Foi se perd de plus en plus, que les gens n’ont plus le sens du sacré, que s’il y a tant de désordres dans le monde (incendies, guerres, persécutions, mauvaises récoltes de fruits et de légumes…) c’est sans doute que le Bon Dieu est fâché, etc… Loin de te désespérer, et je t’en félicite, tu me demandes comment toi, jeune fille dans le monde, tu peux faire quelque chose.

 

  C’est une excellente question, ma chère Bertille ! A une époque où tout le monde semble se détourner de Dieu, la jeune fille a une place de choix pour ramener l’amour du Bon Dieu dans les cœurs. Saint Pie X disait : « Donnez-moi dix femmes chrétiennes et je referai la chrétienté. » Voyons comment cela peut se faire.

 

  Le Bon Dieu a donné à la femme un cœur rempli de sensibilité et de délicatesse pour aimer et rayonner. Ne dit-on pas que la femme est la reine de son foyer ? La source de cet amour se trouve dans la sainte Eucharistie : c’est en s’unissant à l’amour divin que la jeune fille découvre le sens profond de sa vocation et transmet la Charité de Dieu. Par la sainte Communion, l’âme devient la demeure de la Sainte Trinité, le temple du Saint Esprit. La jeune fille est alors dépositaire d’un grand trésor qu’elle peut transmettre par son attitude, sa joie simple et paisible, sa douceur, sa bonté.

 

  Ma chère Bertille, si tu te laisses conquérir par le cœur de Jésus, Il te transformera et faira croître les vertus qui vont petit à petit changer ton comportement extérieur. Tu as déjà remarqué, je suppose, que nous ne connaissons des gens que ce qu’ils veulent bien nous dire et nous montrer d’eux, et que nous avons vite fait de nous faire une opinion d’autrui à partir de sa tenue vestimentaire, de son comportement en société, de son langage. Notre extérieur traduit donc notre intérieur. Plus tu seras unie au Bon Dieu dans ton fort interne et plus tu auras la volonté de faire rayonner son amour, plus cela paraîtra sur ton extérieur. Saint François de Sales nous dit : « La netteté extérieure représente en quelque façon l’honnêteté intérieure1 ? ». Cette réforme intérieure est la base avant toute autre réforme : « Pour moi, nous dit saint François de Sales, je n’ai jamais pu approuver la méthode de ceux qui, pour réformer l’homme, commencent par l’extérieur, par les contenances, par les habits, par les cheveux. Il me semble, au contraire, qu’il faut commencer par l’intérieur, « Convertissez-vous à moi, dit Dieu, de tout votre cœur. Mon enfant, donne-moi ton cœur » ; car aussi, le cœur étant la source des actions, elles sont telles qu’il est… Quiconque a Jésus-Christ en son cœur, il l’a bientôt après en toutes ses actions extérieures2. » Le père Jean Dominique ajoute : « Le vêtement… est une œuvre d’art. Il a pour but, en effet, d’exprimer avec des moyens matériels, les réalités spirituelles, par le visible, les choses invisibles : « per visibilia ad invisibilia3. »

  Peut-être te demandes-tu comment se manifestent ces changements extérieurs une fois le cœur gagné à Dieu ? Tout d’abord, dis-toi que cela se fait progressivement, tout doucement à la manière du Bon Dieu, via la grâce. Ce changement progressif te conduira petit à petit à notre plus grand modèle, la très Sainte Vierge Marie. Cette Maman que Jésus nous a donnée sur la Croix est toujours prête à nous aider et à nous tirer d’un mauvais pas. Si elle reste bien présente dans ton esprit, elle peut t’aider dans des choix pratiques de la vie quotidienne : la sainte Vierge aimerait-elle cette jupe ou robe que je souhaite acheter ? Est-il bon que je m’habille en homme dans telle ou telle situation ? Comment la sainte Vierge se tiendrait-elle assise dans un fauteuil du salon ? Est-ce que la sainte Vierge emploierait le vocabulaire que j’utilise ?

 

  Si tu te mets ainsi à l’écoute de la Sainte Vierge, tu seras une jeune fille rayonnante, je dis rayonnante car l’amour de Dieu qui brûlera alors dans ton cœur rayonnera par ton attitude et ton comportement et tu feras un bien immense autour de toi : « La femme par sa manière de se vêtir, prouve à son entourage qu’elle possède une âme spirituelle et une mission très haute qui lui donne des relations privilégiées avec Dieu. Un vêtement est beau quand il prêche la noble vocation de la femme4. » Tu ne te rendras certes pas compte de ce bien qui est fait autour de toi, Dieu seul sait tout le bien qui est fait par une belle âme simple. Je pense que si nous le savions, nous en aurions le vertige. En effet, l’histoire de l’Eglise et la vie des saints sont remplies de ces témoignages de conversion de personnes touchées par la bonne tenue et la joie de jeunes filles chrétiennes.

 

  Alors, ma chère Bertille, sois fière d’être catholique et alors tu œuvreras pour l’Eglise et pour la France !

  Je t’embrasse bien affectueusement,

Anne

1 Aux sources de la joie avec saint François de Sales, Chanoine F. VIDAL, p.76

2 Aux sources de la joie avec saint François de Sales, Chanoine F. VIDAL, p.74

3 D’Eve à Marie La mère chrétienne, Père Jean-Dominique, O.P., p.56

4 D’Eve à Marie La mère chrétienne, Père Jean-Dominique, O.P., p.56