A l’école du Divin Maître

Il est une école où il n’y a pas de bancs, sauf peut-être ceux de l’église, pas de professeurs, si ce n’est le prêtre, pas de cahier, si ce n’est nos bonnes ou mauvaises pensées et œuvres, pas de notes, si ce n’est notre récompense (ou non) au Ciel, pas de cour de récréation si ce n’est le champ immense de la vie, pas de camarades si ce n’est notre prochain, pas de livres de références, si ce n’est l’Evangile.

Tu l’auras deviné, c’est l’école du Divin Maître

 

Les seuls, dans cette école, qui ont un diplôme en poche et l’assurance d’un bon travail, sont ceux qui, comme les saints, travaillent à se réformer, à s’oublier sans cesse, à deviner avec délicatesse le besoin des autres, à vivre profondément de l’Evangile, à présenter tous leurs besoins et la misère humaine dans ses tréfonds et ses grandes peines, au Bon Sauveur. Là pas de risque de se tromper d’orientation, avec la Sainte Vierge, notre sainte maîtresse qui nous accompagne sur le chemin,

A l’école du Divin Maître

 La littérature est apparemment sans logique puisqu’il est dit « Bienheureux ceux qui pleurent, ils seront consolés », « Bienheureux les pauvres en esprit car le Royaume des Cieux leur appartient », « Bienheureux ceux qui sont persécutés pour la justice car grande sera leur récompense dans les Cieux », et ainsi pour tout le sermon sur la montagne avec ses béatitudes.

Quant aux mathématiques, il semblerait qu’elles fussent réduites souvent aux nombres 7 ou 12…

Les lois de la physique sont mises à mal avec la marche de Notre Seigneur et de saint Pierre sur les eaux, et les poissons pêchés contre toute attente dans des zones inconnues.

A l’école du Divin Maître

 

La géographie est quelque peu malmenée puisque les collines sont priées de s’abaisser, les vallées de se combler et les chemins tortueux de se redresser…

De même en Histoire puisqu’il nous est rappelé que pour Dieu, mille ans sont comme un jour, et qu’Il voit en un instant toutes les époques à la fois.

Enfin, aucun effort d’apprentissage des langues étrangères, qui après être tout à coup apparues avec une histoire de Tour de Babel, sont comprises sans effort un jour de grand vent…

A l’école du Divin Maître

 

Pour ce qui est des études supérieures, l’économie est apparemment sans fondement moral puisque l’intendant infidèle y est loué, la loi salariale défie toute logique, le salaire étant le même pour une heure ou une journée du travail.

Enfin le droit et la politique font état d’un royaume sans pouvoir visible, sans armée, sans défense où les brebis seront au milieu des loups et les serviteurs persécutés et tués.                  >>>   >>> Et pour conclure, il n’est nul besoin de briguer les premières places, puisque les premiers seront les  derniers et les derniers, les premiers.

A l’école du Divin Maître

 

Pourtant, un petit enfant qui vit de cette école-là, est bien plus savant que celui qui aura fait de longues études, comme le dit le saint Curé d’Ars à un pénitent.

Pas de besoin de tricher, notre ange gardien nous souffle toujours à l’oreille la bonne réponse, mais souvent, nous ne l’écoutons pas.

Chaque matin, ouvrons notre Evangile et méditons avec simplicité ces lignes si belles que nous connaissons, hélas superficiellement, alors qu’elles demandent un vécu profond et une réelle « incarnation » dans toutes nos actions. La réponse est toujours là quand nous hésitons sur la conduite à tenir et pour nous aider à voir plus haut.

Puissions-nous jusqu’au bout, mettre en œuvre, bien réellement tout ce que nous apprenons,

A l’école du Divin Maître.

                  Jeanne de Thuringe

 

Ma bibliothèque

ENFANTS :

A partir de 3 ans : Souris des bois – Une année dans la forêt – A. Melvin – Albin Michel Jeunesse – 2022

A partir de 6 ans : Mon petit mois du Sacré-Cœur ; pensées et coloriages pour chaque jour – Quentin Moreau – 2022

– Dès 7/8 ans : Tout feu, tout flamme – K.-M. Amiot – Mame – 2022

– Dès 12 ans : Elisabeth de France – Le sacrifice d’une princesse – M. Vial-Andru – Filvmena – 2022

 

ADULTES (à partir de 16 ans)

– Actualités : Cette révolution scolaire qui tue la France – Une lutte diabolique contre l´excellence française – Cl. Meunier-Berthelot – Edition des trianons – 2022

– Spiritualité : Sainte Marie-Madeleine, la foi victorieuse – Père Jean-Dominique – Cahiers Saint Dominique – Edition du Saint Nom – 2022 (à vendre chez Clovis)

Culture : La société chrétienne – Cardinal Pie – De Regno – 2022

Education : 2 livres et un cahier pour encadrer l’enseignement des petites et moyennes sections. Editions La petite maison – M-G Chauvet – 2022

– Histoire : Le Grand siècle au féminin – M-J. Guillaume – Perrin –2022

 

Pour compléter cette liste, vous pouvez vous renseigner sur les Cercles de lecture René Bazin :

cercleReneBazin@gmail.com  (à partir de 16 ans- Culture, Formation)

 

La Revue : « Plaisir de lire » propose un choix de nouveautés pour toute la famille (distraction, histoire, activités manuelles) Envoi d’un numéro gratuit à feuilleter sur écran, à demander à :

PlaisirdeLire75@gmail.com 

 

Salut, demeure chaste et pure – Faust

 

Mon Dieu …

Donne de quoi chanter à moi pauvre poète

Pour les gens pressés qui vont, viennent, vont

Et qui n’ont pas le temps d’entendre dans leur tête

Les airs que la vie et la mort y font.

Marie Noël

La rentrée des classes voit le retour à la maison, de la famille plus ou moins enthousiasmée à l’idée de reprendre le labeur quotidien. Mais généralement, les murs familiers sont retrouvés avec grand plaisir.

Deux extraits musicaux qui traitent du thème de la maison, avec poésie et nostalgie.

 

Salut, demeure chaste et pure

Faust

Opéra en cinq actes, création du Théâtre Lyrique en 1859. Opéra inspiré de l’œuvre de Goethe (« Faust »).

Le Docteur Faust, âgé, veut en finir avec la vie, le Diable lui propose de lui rendre sa jeunesse en échange de son âme. Le thème du salut de l’âme sera ensuite évoqué tout au long de l’opéra. L’objet de la passion du Docteur Faust, Marguerite, sera sauvée grâce à sa prière, et l’opéra se termine aussi par la vision du Docteur Faust en prières.

Ce thème, largement utilisé dans la littérature, le théâtre, est ici dramatisé et romantisé à l’extrême, avec l’incohérence propre au XIXème siècle. N’en savourer donc que les meilleurs extraits comme celui-ci qui constitue une partie du répertoire ordinaire des grands ténors.

A l’acte III, le Docteur Faust se trouve dans le jardin de Marguerite et chante cette cavatine (courte pièce vocale pour soliste ne comportant qu’une ou deux sections sans reprise) où l’objet de son amour et sa maison s’identifient l’une l’autre.

Salut, demeure chaste et pure

Salut, demeure chaste et pure

Où se devine la présence

D’une âme innocente et divine

Que de richesse en cette pauvreté
En ce réduit, que de félicité
Que de richesse
Que de richesse en cette pauvreté,
En ce réduit, que de félicité

 

O Nature
C’est là que tu la fis si belle,
C’est là que cette enfant
A dormi sous ton aile
A grandi sous tes yeux

Là, que de ton haleine
Enveloppant son âme
Tu fis avec amour épanouir la femme
En cet ange des cieux


C’est là ! Oui ! C’est là !

Salut, demeure chaste et pure
Salut, demeure chaste et pure
Où se devine la présence
D’une âme innocente et divine

Salut !
Salut, demeure chaste et pure
Où se devine la présence
D’une âme innocente et divine

 

Le bon élève (1)

Qu’est-ce qu’un bon élève ? Est-ce l’écolier classé parmi les premiers ? Cette idée paraît bien étroite… Un bon élève est plutôt l’enfant qui s’accroche en classe parce qu’il a le goût de s’instruire. C’est un écolier épanoui qui retirera de ses années scolaires un profit décisif pour sa vie d’adulte. Tous les enfants ne sont pas faits pour être « premier de classe », il n’y a qu’un premier par classe ! Et si beaucoup peuvent être de très bons élèves, tous n’ont pas les mêmes capacités de compréhension, de mémoire, ni les mêmes centres d’intérêt, mais tous peuvent être épanouis en faisant le mieux qu’ils peuvent tout au long de leur scolarité.

 

C’est à la maison que se font les bons élèves

Les mauvais aussi. 90% des écoliers qui ont pris un bon départ restent bons élèves jusqu’au bout, car c’est pendant ses premières années que l’enfant apprend à apprendre, et cela commence à la maison. Les parents doivent se persuader qu’ils ont en main la clé de la réussite de leur enfant, c’est-à-dire de leur avenir, qu’il soit spirituel, familial, professionnel, relationnel…

Que faut-il donc donner à ses enfants pour qu’ils aillent bien, à l’école comme à la maison ? Nous en avons déjà parlé1, leur équilibre dépendra beaucoup de l’atmosphère familiale (paisible, ordonnée, bonne entente entre les parents…) et de l’affection. Une personne qui se sent aimée est plus forte pour réussir, à n’importe quel âge, car elle ne se sent pas seule. Pour l’enfant, l’affection est plus qu’une aide, c’est un besoin vital, surtout pendant les trois premières années de sa vie. Mais après, il ne devient pas tout d’un coup guidé par la seule raison. Pendant longtemps encore, le cœur va être au centre de ses préoccupations, de son développement intellectuel, affectif, social. Chez le tout jeune enfant, tout se passe comme si, tant que le cœur n’est pas satisfait, l’intelligence se bloquait. Cette domination du cœur sur l’intelligence est entière jusqu’à « l’âge de raison » (environ sept ans). Ensuite, lentement, l’intelligence acquiert plus d’indépendance vis-à-vis du cœur, surtout si l’enfant a des parents aimants, et qui savent l’exprimer en le corrigeant ou l’encourageant selon les circonstances. 

Après l’affection, le plus grand besoin des enfants est l’autorité. Savez-vous ce qu’on appelle aux États-Unis des « runaways » ? Ce sont des jeunes, entre 12 et 16 ans, qui fuient leur maison. C’est un fléau national, le drame de centaines de parents qui ont cru qu’on pouvait élever des enfants sans aucune contrainte, qu’il fallait céder à tous leurs caprices si l’on voulait éviter les « frustrations ». Alors, complètement abandonnés à eux-mêmes, ne trouvant personne pour les guider chez eux, les conseiller, les reprendre ou exiger, ces enfants se sont enfuis ! L’autorité des parents consiste à savoir ce qui est utile pour le bien de l’enfant, au physique comme au moral ; être décidé à imposer sa volonté lorsqu’elle est juste ; être ferme, ne pas céder aux supplications. Non seulement l’enfant accepte cette autorité, mais il la recherche si elle fait défaut.

Savez-vous pourquoi l’affection et l’autorité que vous donnez à votre enfant le rendent heureux ? Parce que cela lui donne un sentiment de sécurité dont il a grand besoin pour grandir !

 

Aider son enfant

Pour la majorité des parents, aider un enfant dans ses études, c’est lui faire recommencer à la maison la division ou l’analyse qu’il n’a pas comprise. Il y a une manière prévoyante et facile d’aider un enfant,  avant même qu’il aille à l’école : c’est d’encourager les qualités qu’il possède et qui lui seront utiles dans sa scolarité, et de reprendre sa nature désordonnée par le péché originel en éduquant par exemple son sens de l’effort, de la volonté, en développant aussi sa curiosité et la maîtrise de lui-même.

Il s’agit d’abord du désir que l’enfant a de grandir et de faire lui-même ce qu’il voit faire les autres. Cela le rend capable de grands efforts. Regardez votre petit, pour attraper un objet dans sa main, puis pour se tenir aux barreaux de son parc, faire entrer une perle dans une bouteille, il recommence dix fois, vingt fois avec persévérance. Autant de fois cela rate, autant de fois il recommence ! Personne ne le dérange car il ne dérange personne. Il est prêt à tous les efforts. C’est lorsqu’il veut faire les choses que l’on faisait pour lui que cela se gâte : manger, se déshabiller, ranger…car, évidemment il est maladroit, cela prend du temps, et maman est pressée ! Alors au lieu de laisser l’enfant faire tout seul, on le lui fait. Ou bien quand il tente à grand peine de monter une tour de cubes, on l’interrompt, sans égard pour son effort. Ou bien encore s’il veut aider à mettre le couvert, on refuse : « Tu es trop petit !». Ainsi on lui retire la joie de réussir, ainsi qu’une bonne occasion de prendre confiance en lui-même. Encouragez donc votre enfant dans ses tentatives de progrès au fur et à mesure qu’il grandit. A l’école, il aura sans cesse des efforts à faire. Il se trouvera sans cesse devant des tâches qui lui sembleront difficiles. Vous ne serez pas là pour les faire à sa place. Comment pourrez-vous lui dire « Fais donc un effort » si vous avez régulièrement découragé tout désir de progrès.

Par ailleurs l’enfant est curieux, c’est normal, il a tout à découvrir, tout à comprendre. Cette curiosité lui sera très utile à l’école. Avant la parole, il découvre ce qui l’entoure avec les yeux, puis avec les mains : il touche, déplace… C’est ainsi qu’il apprend à connaître. Puis, lorsqu’il sait parler, l’enfant exprime sa curiosité par des questions de plus en plus précises au fur et à mesure de l’évolution de son langage. C’est la période de l’inventaire où l’enfant veut mettre un nom sur chaque chose. Viennent ensuite les « pourquoi ? », il veut comprendre et savoir à quoi servent les choses et pourquoi on fait les actions. Il faut alors user de patience pour répondre avec des mots simples et adaptés à son âge, afin de satisfaire ce moyen d’apprendre. Refuser l’explication serait stériliser la curiosité de l’enfant. Et demain, à l’école, il pourrait devenir cet élève qui désespère parents et enseignants car il ne s’intéresserait à rien.

Il y a une autre qualité, qui, elle, n’est pas naturelle, et sur laquelle je voudrais attirer aussi l’attention car elle sera très utile à votre enfant en classe : la maîtrise de soi. Un bien grand mot pour un petit écolier qui en aura tant besoin pour ne pas interrompre la maîtresse dès qu’il aura une réflexion à faire, et gênera la classe. Ou encore qui prendra le ballon, même si ce n’est pas à son tour de jouer, et que ses camarades excluront. La maîtrise de soi suppose un contrôle, et de la parole et des gestes, sans lequel la vie en société n’est guère possible. Ce contrôle est particulièrement difficile pour l’enfant car celui-ci est essentiellement spontané et égocentrique, c’est-à-dire qu’il ramène tout à lui sans tenir compte de ceux qui l’entourent. Cette maîtrise de soi (que les adultes n’ont pas toujours !) s’apprend dès la petite enfance. Par exemple : l’enfant a le droit de parler à table, mais ne doit pas interrompre celui qui parle. On ne lui donnera pas toujours tout de suite ce qu’il souhaiterait en lui demandant d’attendre un peu. Il se contrôlera à l’occasion de certains jeux en famille, comme par exemple le Mistigri2 : s’il a le valet de pique, il doit se maîtriser pour ne pas le dire, et l’offrir négligemment à son voisin, etc. On lui apprendra à accepter un contretemps, ou bien encore à ne pas clamer sa déception s’il n’a pas la fève lorsque l’on tire les rois !

Les parents comprendront, bien sûr, que tous ces efforts seraient vains pour inculquer la maîtrise de soi à leurs enfants s’ils les voient eux-mêmes crier et se mettre sans cesse en colère : la maîtrise de soi s’apprend essentiellement par l’exemple. (À suivre…)     

Sophie de Lédinghen 

 

1 cf. FA n°29 Aimer son enfant ; n°30 Aimer vraiment son enfant ; n°31 Qui aime bien, châtie bien

2 Jeu du Mistigri : On retire du jeu 3 valets en ne gardant que le valet de pique. On distribue toutes les cartes entre les joueurs qui posent devant eux les paires qu’ils peuvent constituer. À tour de rôle, chaque joueur fait tirer une carte de son jeu à son voisin situé à sa gauche. Celui-ci pose deux cartes s’il a réussi à réaliser une paire. Le joueur qui reste à la fin avec le Mistigri est le perdant !

 

Essai « littéraire » : idéal classique, idéal moderne

Note préliminaire, à titre d’introduction :

Sans vouloir ressusciter une querelle stérile entre Anciens et Modernes, nous voudrions nous interroger sur les grandes lignes qui caractérisent d’un point de vue littéraire, le classicisme d’une part, la modernité d’autre part. Précisons bien qu’il ne s’agit-là ni d’une étude historique – au sens événementiel du terme – ni d’une étude proprement littéraire – au sens où la littérature « épouse ›› son époque – mais d’un essai philosophique puisqu’il importe de déterminer les propriétés essentielles de ces deux tendances littéraires. En ce sens, classicisme et modernité ne seront pas analysés comme courants littéraires, inscrits dans un temps et un lieu déterminés mais comme état d’esprit, idéal artistique. A ce titre d’ailleurs, ne peut-on considérer par exemple Baudelaire ou P. Valéry – relativement à l’écriture – comme des écrivains classiques alors que La Bruyère et Fénelon – relativement aux idées – présentent bien des aspects modernes ? Clio sera donc soumise à Minerve, ut decet. Signalons enfin que Boileau (surnommé « la conscience du classicisme ») et Baudelaire (auteur du fameux « qui dit romantisme dit art moderne : Salon de l840) ››, en tant que théoriciens de l’art en général ayant su s’interroger sur les finalités de l’art littéraire en particulier, nous serviront de cicérones.

I – « Rien n’est beau que le vrai », tel est l’idéal classique formulé par Boileau1

Que faut-il entendre ici par « vrai » ? Le vrai, c’est la nature mais la nature à la fois générale et choisie : générale, c’est à dire universelle, susceptible d’intéresser les hommes capables de réfléchir et de sentir, et choisie, c’est à dire « sélectionnée » parce que les exceptions ou les singularités (au sens étymologique du terme) sont contraires au plan ordinaire de la nature. De plus, nous n’arrivons au général que par le choix : c’est parce que Phèdre est un modèle choisi de « l’amour-passion ›› qu’elle intéresse tous les hommes en proie à la passion amoureuse. Si ce naturel est surtout psychologique à l’âge classique, il importe peu qu’il soit réel (vérité de fait : Molière, Racine, La Rochefoucauld) ou idéal (vérités de raison : Corneille, Pascal, Bossuet). Concernant le genre de la tragédie par exemple, là où Corneille affirmera : « le sujet d’une belle tragédie ne doit pas être vraisemblable »2, Racine au contraire soutiendra : « il n’y a que le vraisemblable qui touche dans la tragédie »3, mais là où Corneille et Racine, du point de vue de la finalité classique se rejoignent, c’est qu’ils nous ont proposé des types d’hommes éternels. Polyeucte et Joad représentent le type chrétien comme Rodogune et Hermione incarnent la vengeance humaine au-delà des différences individuelles, humaines, trop humaines. De la même manière, ne parle-t-on pas désormais d’un Harpagon pour désigner un avare (figure de style appelée antonomase !) ou d’un Julien Sorel pour indiquer l’ambitieux ? La notion de type, par nature universelle, connexe à la notion de modèle – le type parce qu’il est universel, peut servir de modèle ou de référence – permettra alors « l’émergence » des notions d’imitation et d’admiration : « le vrai seul est aimable »4.

A l’inverse, que propose « l’idéal » moderne ? « L’imagination est la reine du vrai et le possible est une des provinces du vrai » nous dit Baudelaire5. (Une province privilégiée, indique-t-il au cours de son exposé, où le possible s’oppose au naturel). Or, si c’est l’imagination qui appréhende le vrai, ce « vrai » n’est plus l’universel, le nécessaire, mais correspond à l’imaginaire, au singulier. « La modernité », reconnaît l’auteur des « Paradis artificiels », « c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art ›› (sic)6. La notion de type est alors récusée au profit de la notion d’individu et à la notion d’imitation se substituera celle de création. Il est difficile par exemple de dégager des types d’un roman de M. Proust : on y trouvera une accumulation d’individus constitués d’éléments insignifiants ou singuliers (Swann, les Guermantes).

« Nous voulons

Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?

Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau »7

 

II – « Le vrai seul est aimable »

Aux yeux des esprits classiques, la vérité doit être universelle pour satisfaire à la véritable beauté artistique : « quoi que vous écriviez, évitez la bassesse »8. L’écrivain classique, quel que soit le genre littéraire utilisé, ne peut plaire et toucher que par la présentation (directe ou indirecte) du vrai et du bien. Vivre selon le vrai, c’est agir bien, c’est à dire conformément à la raison qui constitue la dignité de l’homme suivant la pensée de Pascal : « Toute la dignité de l’homme consiste en la pensée »9.

En un mot, vivre selon la pensée, c’est mener une vie vertueuse. Notons d’ailleurs que plus le vrai exposé sera idéal, c’est à dire moral, plus pourra naître l’admiration du lecteur ou du spectateur : « quand une lecture vous élève l’esprit, et qu’elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l’ouvrage ; il est bon et fait de main d’ouvrier. »10 Pour un esprit classique, contrairement au cerveau (terme baudelairien) moderne, le plaisir (trop « artistique ») vise une conversion, une purification parce que la psychologie, plus ou moins implicitement, est subordonnée à la morale. Corneille à ce sujet, a écrit ces paroles fortes dans sa Préface à Nicomède : « le succès a montré que la fermeté des grands cœurs, qui n’excite que de l’admiration dans l’âme du spectateur, est quelquefois aussi agréable que la compassion que notre art nous commande – de mendier pour leurs misères »11. Quant à Boileau, dans sa lettre à Perrault lors de la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes, il exprimait la même idée à propos du rôle des auteurs classiques : « Les grands écrivains doivent leur gloire à la constante et unanime admiration de ce qu’il y a eu dans tous les siècles d’hommes sensés et délicats, entre lesquels on compte plus d’un Alexandre et plus d’un César. Ceux que j’ai toujours vus le plus frappés de la lecture des écrits des grands personnages – Homère, Horace, Cicéron, Virgile – ce sont des esprits du premier ordre, ce sont des hommes de la plus haute élévation »12. L’art pour l’art est donc inconcevable pour une intelligence classique : quoiqu’en dise J.-J. Rousseau, « l’Avare » de Molière est certainement plus une école de grandeur d’âme qu’une « peinture de mauvaise mœurs ». (Indirectement bien sûr comme peut corriger la comédie c’est-à-dire « ridendo mores »).

En revanche, si l’imaginaire seul constitue la « vérité ›› moderne, il constitue aussi le principe de la beauté moderne. Ecoutons cet aveu de Baudelaire, exprimé à travers les propos de celui qu’il appelle « l’homme imaginatif »13 : « Je trouve inutile et fastidieux de représenter ce qui est parce que rien de ce qui est ne me satisfait. La nature est laide et je préfère les monstres de ma fantaisie à la trivialité (sic) positive ». A la notion normative d’admiration (et surtout d’imitation) va se substituer la notion équivoque d’évasion. Jamais les concepts de créativité, de spontanéité et de liberté ne seront autant sollicités puisque les modernes ne font plus figure – cf. « Le Roi se meurt ›› de Ionesco – de héros ou de prophètes mais de dandy et de bohèmes. En langage baudelairien, le bohémianisme de la condition humaine, exode sans prophète, a succédé à l’héroïsme du genre humain.           « Les hommes vont à pied

Promenant sur le ciel des yeux appesantis

Par le morne regret des chimères absentes »14

 

III – « Aimez donc la raison »15

Seule la raison entendue comme l’excellence de l’homme permet d’appréhender le vrai parce que le vrai c’est la nature épurée et affinée. L’ordre, la juste mesure, l’harmonie – d’« Antigone» à « Eugénie Grandet » – exigent lumières de l’intelligence et efforts de la volonté. A l’opposé, si l’imagination est « la reine des facultés ›› et si elle a créé le monde, « il est juste qu’elle le gouverne »16. Bien plus, toujours selon les vues perçantes de l’auteur des « Fleurs du mal ›› – et un mouvement littéraire comme le surréalisme l’a confirmé – l’imagination « crée un monde nouveau, elle produit la sensation du neuf »17. Dès lors, la nature n’est plus un livre d’où l’artiste doit abstraire un sens et à partir duquel il peut rejoindre un Auteur du Kosmos mais elle devient un « dictionnaire »18 avec lequel l’homo faber élabore de lui-même un discours19.

 

Conséquences :

Que conclure, d’un point de vue pédagogique, de cette brève analyse ? Si l’on considère la formation et l’éducation scolaire, c’est assurément à la source de l’idéal classique qu’il faut abreuver nos élèves. N’est-ce pas là, la finalité littéraire de notre école ? En revanche, l’idéal moderne présente bien des beautés qui peuvent « détendre » ou divertir ; de plus, bien choisies, certaines œuvres modernes constituent comme le contre-point des chefs-d’œuvre classiques. En ce sens, réformer, c’est encore former ; mais le poids du classicisme nous paraît décisif car, qui opérera la critique (au sens étymologique – grec ~ de « discernement ») sinon la raison, éclairée par la foi dans une école catholique ? Il y a deux cents ans environ (!), A. Chénier écrivait :

« Sur des pensers nouveaux, faisons des vers antiques ››, En guise d’épilogue, nous proposerions volontiers aux plus artistes de nos élèves, la formule suivante : « Sur des pensers antiques (ou classiques) faisons des vers nouveaux. »20

Nota Bene

Signalons, in fine, que Monseigneur Lefebvre, lui-même avait mis en garde dès « l’été chaud » contre « la littérature catholique moderne » qui « peut conduire un lycéen à la révolte et aux pires dégradations »21 et, ajoutait Monseigneur, : « je n’ai pas évoqué pour rien la littérature catholique moderne car le drame de ce temps, c’est que les clercs, dont la mission est de « vertébrer » les caractères et les âmes, se sont laissés dénaturer, quand ils ne sont pas allés à la rencontre de la perversion pour lui donner la main.» (ibid). Même si le mot « littérature » peut être ici entendu métaphoriquement (toute forme de « doctrine » ou de « discours »), que les professeurs se méfient donc dans le choix des lectures : docti caveant !

 Joseph LAGNEAU

 

Bibliographie sommaire :

Boileau : Art poétique, Epitres, Satires.

Baudelaire : Salon de l859 les Fleurs du Mal : pour l’esthétique baudelairienne, consulter le maître- Livre de Rémi Brague : « Images vagabondes ». Edition La transparence, mars 2008.

***********************************

1 Boileau : Epitre IX, vers 43 premier hémistiche.

2 Corneille : Préface d’« Héraclius ».

3 Racine : Préface de Bérénice.

4 Boileau : Epitre IX, vers 43, second hémistiche.

5 Baudelaire : Salon de 1859, 3 : « reine des facultés ».

6 Baudelaire : Le peintre de la vie moderne, 4 : « la modernité ».

7 Baudelaire : Les fleurs du mal : « le voyage », dernière strophe.

8 Boileau : l’Art poétique, chant l, vers 79.

9 Pascal 1 Pensées n° 365 : « pensée ».

10 La Bruyère : Les Caractères : « l’idéal classique » 3l.

11 Corneille : « Préface à Nicomède » : in fine.

12 Boileau : Lettre à M. Perrault, 1700 : extrait.

13 Baudelaire : Salon de l859, 41 : « le gouvernement de l’imagination ».

14 Baudelaire : Les fleurs du mal :« Bohémiens en voyage ».

15 Boileau : Art poétique, chant 1 vers 37.

16 Baudelaire : Salon de l859, 3.

17 Baudelaire : ibidem.

18 Formule du peintre Eugène Delacroix.

19 Cf. les remarquables analyses de M. M. de Corte sur ce thème in « L’intelligence en péril de mort. »

20 A. Chénier : l’lnvention, extrait.

21 Non, « Entretiens de Jose Hanu avec Monseigneur Lefebvre, Stock, 1977 – p. 29

 

Les fiançailles (suite et fin)  

Chers grands-parents

Comme promis dans notre dernier envoi, bien que cela soit d’abord et peut-être uniquement le rôle des parents, il nous paraît utile de parler des conseils à donner aux fiancés.

De fait, une mauvaise compréhension de ce que sont les fiançailles, la disparition de certains usages, l’affadissement de certains principes de prudence, peuvent nuire au profit que les fiancés doivent tirer de cette riche période voire transformer ce temps en un fiasco pouvant avoir des conséquences dramatiques pour les fiancés et la suite de leur mariage.

Nous avons retenu 3 points sur lesquels il nous paraît utile d’insister.

  • Les fiançailles sont un engagement
  • Les fiançailles sont une période d’enrichissement mutuel
  • Les fiançailles sont une période de risques.

 

I – Les fiançailles sont un engagement

« Les fiançailles sont faites pour être rompues » entend-on parfois. Non ! Elles peuvent être rompues car elles ne constituent pas un engagement sacramentel définitif comme le mariage. Elles doivent l’être si les fiancés s’aperçoivent qu’ils se sont gravement trompés. Mais elles ne sont pas d’abord faites pour cela. Elles sont un temps de préparation, d’amélioration de la connaissance mutuelle. Il importe que les jeunes qui s’engagent le fassent avec prudence, après avoir pris conseil de personnes éclairées. Dans certaines familles, les fiançailles donnent lieu à une messe au cours de laquelle les jeunes s’engagent publiquement. Cela n’est pas forcément nécessaire étant donné le caractère précaire des fiançailles mais montre bien l’importance de cet engagement.

Prudence ce qui impose aux prétendants de s’assurer que les conditions d’un mariage sont pleinement réalisables. Quelle tristesse de voir parfois des jeunes de 18 ans, n’ayant ni la maturité pour choisir, ni les conditions matérielles de s’unir, s’engager secrètement, sans prendre conscience que les sincères émois qu’ils ressentent peuvent n’être que provisoires. Ces imprudences font parfois de gros dégâts, notamment chez les jeunes filles promptes à s’émouvoir1. Dieu donne les grâces pour prendre ce genre de décision quand les conditions sont réunies, notamment l’âge et la capacité à subvenir aux besoins de la future famille !

Sincérité ! C’est-à-dire honnêteté ! Les fiancés qui s’engagent le font dans un réel désir de don mutuel, ils ne jouent pas un rôle, ils doivent savoir que cette période est propice à l’idéalisation, aux illusions – surtout sur soi-même – la vie future apparaissant comme idéale avec une telle compagne ou un tel compagnon. Que penser d’un jeune qui s’engagerait sans faire les efforts nécessaires pour réussir ses études et trouver un travail.

Les fiançailles ne sont donc surtout pas une « période d’essai » pendant laquelle on fait mieux connaissance pour savoir si on va s’engager mais un engagement pendant lequel  on perfectionne sa connaissance mutuelle et on prépare sa vie future.                               

 II – Les fiançailles sont une période d’enrichissement mutuel

Plutôt qu’une suite de fêtes et de divertissements, les fiançailles sont d’abord la période où l’on complète sa connaissance de l’autre. Cela s’accompagne certainement de rencontres amicales, de sorties en commun permettant de partager sa manière de voir mais ces activités doivent être envisagées avec le sérieux de personnes qui ont décidé d’unir leurs vies.

Les fiançailles doivent être le temps des conversations, de la prière en commun, de la prise de conseils. Les jeunes doivent peu à peu se faire une idée de ce que sera la vie avec l’autre, connaître ses idées et être bien sûr de partager la même conception du mariage de la vie chrétienne et de l’éducation des enfants, le connaître avec ses qualités et ses défauts, connaître sa famille pour comprendre dans quel contexte la future famille se réalisera…

Tout cela se mettra bien entendu en place dans le mariage mais les fiançailles sont l’occasion de discussions – peut-être interminables – pendant lesquelles les jeunes peuvent réfléchir et mettre au point ce que sera leur futur ménage… Tout cela nécessite du temps. Pour que cela soit fructueux, il est nécessaire aussi de prendre du recul, les rencontres doivent être plus riches que fréquentes et nous recommandons fermement de limiter autant que faire se peut le téléphone et les textos2.

 

III – Les fiançailles sont une période de risques

Tout le monde connaît les risques que l’attirance naturelle peut faire courir à de futurs époux. Ce que l’on sait moins, ce sont les mesures et règles à adopter pour y faire face… Il est souvent d’usage de faire preuve d’angélisme « Ils savent ce qu’ils font ! » et de laisser les fiancés libres dans toutes leurs rencontres !

Pourtant, la chair est faible ! Et dans notre monde pollué par toutes sortes de spectacles et avachi par le confort, les choses ne se sont pas améliorées ! Il nous paraît utile de rappeler quelques règles minimales pour que la prudence soient respectée.

  • Rappeler la tenue. Les fiançailles n’ouvrent aucune dérogation quant à l’attitude des jeunes l’un envers l’autre. Ni étreintes, ni embrassades ! Ils peuvent se tenir par la main, rien de plus.
  • Leurs rencontres doivent se passer dans le cadre familial ou public. Ils ne doivent jamais se rencontrer dans la chambre de l’un ou l’autre ni dans des lieux totalement isolés…
  • Bien entendu, ils ne doivent jamais passer une nuit seuls dans une maison ni aller à l’hôtel ensemble !

 

Globalement, sans en revenir à la règle ancienne où ils ne devaient se voir que sous l’œil de leur mère, les fiancés doivent toujours pouvoir être vus là où ils se rencontrent. Cela les encouragera naturellement à une prudence salutaire.

Ces règles peuvent paraître sévères mais nous savons que les chutes sont nombreuses ! Un de nos amis, participant à la préparation des mariages dans le diocèse d’Evry, nous a déclaré qu’en 11 ans, il n’avait jamais rencontré de fiancés vivant dans la chasteté ! Comment s’étonner des taux de divorces !

 

Prions sainte Anne pour nos petits fiancés, qu’ils fassent de bons mariages chrétiens et nous donnent beaucoup de petits-enfants !

  Des grands-parents

 

 

1 Il y a heureusement parfois d’heureuses issues à ce genre d’engagement mais elles sont rares ! Que de casse à côté !

2 Certains fiancés se transmettent des dizaines de textos par jour ! Il est pourtant bien nécessaire, entre les rencontres de poursuivre son devoir d’état, de prendre du recul et de prier !

 

 

Calmer mon bébé « survolté »

Minuit, ou une heure du matin, ou pire encore…

Bébé s’est mis à pleurer pour… pour « quoi » au fait ? Les dents, un mal de ventre, un cauchemar ?

Vous avez vérifié qu’il n’y avait rien de grave…  Qui pourrait comprendre ses larmes ? Ni Papa, ni Maman, ni la baby-sitter éventuellement. Il est impossible de le rendormir …

 

Posez Bébé deux minutes dans son lit, et vite remplissez un lavabo d’eau tiède. Mettez une chaise devant le lavabo. Reprenez votre petit crieur dans vos bras, remontez les manches de son pyjama, asseyez-vous sur la chaise avec votre petit sur les genoux, et doucement faites-lui sentir l’eau du bout des doigts.

Effet de surprise garanti ! Votre bébé va se calmer et « patouiller » cinq à dix minutes. Calmé, il se rendormira sans difficulté. Et vous certainement aussi sans avoir à essayer pour bébé, le bain de la toute dernière chance, épuisant pour ses parents.

De la part d’une de nos lectrices, avec tous nos remerciements.

 

Etudiant!

L’été s’achève, le Bac en poche, les grandes vacances sont passées à toute vitesse dans un mélange d’euphorie et d’inquiétude face à l’inconnu de la vie étudiante qui vient. Après les résultats parfois surprenants de « parcours sup », il a fallu trouver un logement, signe de l’indépendance nouvelle.

Etudiant ! le jour de la rentrée est arrivé. Plein de promesses et synonyme de relative indépendance vis-à-vis des parents et de vie d’adulte. Vous voilà plongé dans le grand bain du monde avec ses attraits, ses richesses et ses mirages. Si vous sortez d’une école catholique, c’est une des premières occasions de côtoyer des camarades qui ne le sont pas, qui ne pensent pas comme vous, souvent par ignorance, parfois par conviction. Quoi qu’il arrive, vous passerez souvent pour un extra-terrestre, un « visiteur » revenant du passé. Parfois hostiles, souvent surpris voire curieux, tout dans votre apparence sera soumis à leur regard interrogateur. Ferez-vous tout pour passer inaperçu, pour paraître comme eux ou resterez-vous vous-même ? La question se posera plusieurs fois et il vous faudra à chaque fois trouver la bonne réponse, seul ! La plupart du temps, vous n’aurez pas de questions directes et quels que soient vos efforts pour passer inaperçu, vous serez considéré comme différent. Mais cette différence, si elle est assumée, les attirera à vous et voyant en vous quelqu’un d’honnête et d’heureux, ils chercheront à vous connaître mieux. De nouvelles amitiés d’un nouveau genre naîtront, l’occasion pour vous d’approfondir votre foi pour être en mesure de répondre à leurs questions, et de faire de l’apostolat si l’occasion se présente, au moins par votre exemple.

Les tentations ne seront pas négligeables, alcool à volonté et autres amusements lors des soirées d’intégration. Mais cela sera facilement surmonté si vous vous appuyez sur les grâces et les armes qui sont à votre disposition.

Profitez-en pour fréquenter les groupes d’étudiants catholiques de votre paroisse. L’occasion d’établir ou de renforcer des amitiés. Confrontés aux mêmes difficultés, aux mêmes questions, aux mêmes épreuves, ce sont dans ces moments que se forment les belles et profondes amitiés qui pourront durer toute la vie. C’est aussi le temps de découvrir les joies des week-end entre amis, des dîners passés à deviser et à refaire le monde.

Les groupes d’étudiants proposant soit des prières, soit souvent des conférences seront l’occasion de continuer votre formation. Appuyée sur des lectures, des discussions et conférences, cette formation intellectuelle que vous allez pouvoir poursuivre tout au long de votre vie d’étudiant aura pour objectif principal de vous faire découvrir le monde tel qu’il est réellement, les différentes forces qui s’y affrontent et d’échapper à l’image trompeuse qu’il veut bien donner de lui, de distinguer le vrai bien qu’il offre et dont on peut bénéficier honnêtement, des vrais maux qu’il présente sous apparence de bien.

La prière et la fréquentation des sacrements seront les armes les plus puissantes qui vous permettront de tenir dans la durée, pour rester vous-même, catholique convaincu et heureux de l’être dans un monde apostat.

Enfin, si vous vous fixez dès le début un rythme de vie bien précis avec une heure de lever, une heure de coucher, temps réservé à la prière et un temps pour la lecture, vous prendrez rapidement de bonnes habitudes qui seront votre meilleur garde-fou contre l’oisiveté et le temps perdu sur internet qui est l’autre grand danger de la vie seul. C’est la tentation facile qui guette chacun d’entre nous quand nous rentrons le soir dans notre chambre d’étudiant. Allumer l’ordinateur et vagabonder sur Youtube ou Facebook ou autres futilités. Le démon vous y attend au carrefour et se frotte les mains. En plus de ces habitudes de rythme de vie, collez une image ou une médaille de la sainte Vierge sur votre ordinateur. Sous le regard de votre mère, vous serez plus fort contre les tentations et elle vous protégera.

Tout ce beau programme a un seul objectif qui sera certainement celui de votre vie de jeune homme étudiant : devenir un homme catholique accompli qui, grâce à Dieu, grâce à son caractère et à sa volonté bien trempée, à sa connaissance du monde dans lequel il évolue et à la science qu’il a acquise durant ses études peut prétendre à avoir un métier et fonder une famille.

 

Telle est la vraie vie d’étudiant, la vraie liberté des enfants de Dieu qui vous procurera le bonheur durant ces années charnières où vous vous prendrez en main et où vous deviendrez un homme ! Vous savourerez la joie d’avancer à grands coups de rame dans la vie souple comme l’eau sous le regard de Dieu ! Alors en avant et que l’aventure commence !

 

Antoine

 

Petites réflexions sur l’école  

Les grandes vacances d’été sont un temps long, propice à préparer la rentrée. Les repas en famille, les emplois du temps allégés, les longues discussions le soir quand la chaleur se fait plus douce, les retrouvailles avec les cousins et les grands-parents, tous ces moments sont des temps précieux où nous pouvons regarder notre vie, sortir la tête de l’eau et apercevoir l’horizon au loin. Ce sont aussi des temps où nous pouvons contempler ce qui nous entoure, nous nourrir des multiples enseignements que la Providence glisse dans notre vie quotidienne et que souvent nous ne voyons pas quand nous courrons après les obligations de l’année scolaire qui rythment nos journées sans répit.

Aujourd’hui c’est la rentrée. Le quotidien revient avec ses nouveaux impératifs, comme chaque année en septembre. Alors, avant de replonger et affronter les courants, prenons quelques minutes pour replacer la fin au dessus de nos actions. Que faisons-nous ? Mais surtout pourquoi ? 

L’école est un lieu où nos enfants vont recevoir un enseignement. Le but est de former la nature humaine blessée par le péché originel. Nos premiers parents avaient la science infuse et l’amitié avec Dieu en naissant. Mais, depuis le premier péché, nous devons acquérir le peu de science que les siècles ont accumulé et nous devons apprendre à connaître Dieu par le catéchisme et l’éveil spirituel. Là est le premier but de l’école, qui vient en complément de l’éducation que nous recevons de nos parents. L’école apporte ce que la famille ne peut apporter. Mais le but est le même. L’enfant est comme un verre vide, sec et creux, seule l’eau de la connaissance peut le remplir. Connaissance de Dieu, de la Création et de ses lois, de la culture de nos pères. Cela doit nous conduire à être docile face au maître, accepter notre ignorance afin de recevoir l’enseignement. L’élève qui croit tout savoir est un enfant arrogant, demain, il sera un adulte sot. Aussi, que les enfants se rappellent leur ignorance, de là viendra l’envie d’apprendre. Que les parents veillent à ce que leurs enfants soient dociles à la maison, afin de l’être aussi à l’école. Ceci est la première réflexion.

L’eau vive de la connaissance que les maîtres enseignent, ce sont nos parents, nos aïeux, les générations passées qui l’ont puisée. Aristote, saint Thomas d’Aquin, saint Augustin, Mendel, Newton, Pythagore, derrière chacun de ces noms qui parsèment les manuels scolaires se trouve un homme qui est venu ajouter sa pierre à l’édifice de la connaissance humaine, l’un ne pouvant avancer sans son prédécesseur. Et nous au milieu ? Souvent, nous peinons à acquérir ce que nos anciens ont inventé. Car finalement la nature humaine reste la même. Nous ne sommes pas plus intelligents que nos anciens avec nos téléphones et nos ordinateurs. Peut-être même sommes-nous plus bêtes, ayant des encyclopédies en deux clics dans nos poches mais pas grand chose dans nos caboches. Cela doit nous conduire à plus d’humilité. De cette humilité découle la confiance en nos maîtres et l’obéissance à nos éducateurs. Que les parents travaillent cette humilité, malgré les grands débats en famille ou sur internet, les avis tranchés et la multitude d’inepties que nous ingérons, nous sommes des nains juchés sur les épaules de ceux qui nous précédent. Voire des sots abrutis par l’instantanéité et la sentimentalité de notre époque. Que les enfants apprennent à se mettre à l’écoute de leurs aînés, afin de continuer jusqu’à la mort à s’émerveiller. Voilà la deuxième réflexion.

 

Enfin, notre époque moderne a inversé les valeurs. Nous savons cela et en constatons les dégâts partout autour de nous : sous-culture bon marché et vulgaire, débats politiques et sorties littéraires souvent médiocres quand ce n’est pas sordide ou scandaleux (causant de nombreux péchés), collègues de travail ne sachant plus ni écrire, ni exprimer une idée, et de plus en plus anti-culture, wokisme et culture de mort. Mais sommes-nous si certains de ne pas être nous aussi infectés par l’air ambiant ? Après tout, nous respirons, nous aussi, ce même air vicié. Notamment, ne sommes-nous pas parfois influencés par les idées modernes : individualisme et négation du péché ? Nos enfants, malgré leur jolies petites bouilles, sont blessés par le péché. Comme nous, ils seront paresseux, orgueilleux, menteurs ou insolents, ou tout cela à la fois. Comme nous, ils feront la foire en classe, rechigneront à l’effort, mépriseront leur professeur ou répondront à l’abbé, ou tout cela à la fois. Depuis quelques années, les enfants hyper-actifs, surdoués, incompris ou inadaptés au système pullulent. Mais, il n’y aurait plus de cancres ? De paresseux ? D’orgueilleux et de menteurs ? Ne tombons pas dans le panneau. Si certain cas sont avérés et si les parents font bien de veiller à cela, n’oublions pas que nos enfants sont de jeunes pousses qui ont besoin de tuteur droit et contraignant pour pousser vers le Ciel, sans quoi ils ramperont sur le sol ou casseront au premier coup de vent. Voilà la troisième réflexion.

En cette période de rentrée, gardons ces petites réflexions à l’esprit. Le bon élève est celui qui, docile et humble, se met à l’écoute de ses maîtres pour grandir vers le Ciel, celui qui travaille à corriger ses défauts avec l’aide de ses éducateurs, celui qui travaille au mieux de ce qu’il a comme talent pour accomplir la volonté de Dieu et un jour parfaire la Création par son métier. Le mauvais élève est celui qui méprise l’enseignement donné, refuse de se corriger et ménage son petit confort. Et nous-mêmes, parents ou adultes ? Sommes-nous de bons élèves ? L’école ne cesse jamais. Dieu place sans cesse des maîtres sur notre route : nos abbés, nos anciens dont les écrits doivent s’aligner dans nos bibliothèques, la Création qui nous entoure et que Dieu nous donne pour nous émerveiller et nous initier à la contemplation et à la connaissance de ses perfections. Sommes-nous humbles et dociles envers ces maîtres ? Sommes-nous de bons élèves ? Méditons cela tandis que les dernières journées d’été meurent avec septembre.

 

Louis d’Henriques

 

 

 

 

 

 

 

Le martyr

Ouvrons notre martyrologe, et parcourons -en les fêtes. Le 21 janvier est fêtée sainte Agnès, vierge morte à l’âge de 13 ans ; au 18 mai est fêté saint Venant, au 7 juin sainte Blandine et ses compagnons, au 3 août saint Étienne, au 27 septembre saints Côme et Damien, au 27 novembre saint Jacques, au 13 décembre sainte Lucie. Ce ne sont là qu’une infime partie des saints que l’Eglise honore du titre de martyr, c’est-à-dire de « Témoin ». Ils sont d’âges et de condition sociale divers, jeunes ou vieux, pauvres ou riches, mais tous ont en commun d’avoir été mis à mort en raison de leur amour pour Dieu. Ils sont, pour beaucoup, d’une autre époque, mais n’en restent pas moins extraordinairement actuels. Beaucoup sommes-nous à les admirer comme des personnages d’un autre monde, un peu à la manière des héros des fictions modernes, sans chercher davantage à les imiter ou à apprendre de leur vie. La grandeur de leur amour pour Dieu les éloigne de nous, alors qu’elle devrait nous aspirer vers le Ciel. Attardons-nous donc un instant sur ce personnage du martyr en commençant par le définir, puis en l’opposant à la vision de religions et idéologies non chrétiennes, et enfin en rappelant certains points sur l’acte du martyre.

 

Qu’est-ce qu’un martyr ?

Le terme tire son étymologie du grec « marturos » : « témoin1 ». On parle jusqu’au XIème siècle de « martre », que l’on retrouve en toponymie dans le mot Montmartre : mont des martyrs. La forme finale de martyr est ensuite préférée pour éviter toute confusion avec l’animal.

Le martyr est l’homme qui, en haine de Dieu et de ses vertus (Vérité, Justice, …), est mis à mort, ou subit des souffrances qui auraient dû le faire mourir : saint Jean est par exemple appelé martyr alors qu’il est mort de vieillesse, mais il a auparavant miraculeusement survécu à un bain d’huile bouillante. Dans l’antiquité de l’Eglise, seuls les martyrs étaient considérés comme saints, ayant prouvé à travers les souffrances inouïes des persécutions leur véritable amour de Dieu. Il existe deux types de martyrs, si l’on peut ainsi dire. Les premiers sont ceux qui, avant d’être mis à mort, supportent les souffrances infligées par leurs bourreaux sans renier leur amour de Dieu. L’Histoire regorge d’exemples extraordinaires et édifiants de ces chrétiens restés fermes dans leur Foi malgré les cruautés extrêmes de leurs persécuteurs. Les seconds sont les chrétiens qui, tués en haine de Dieu, n’ont pas à proprement parler à défendre leur Foi. Leurs bourreaux ne cherchent pas à les faire renier, mais simplement à les éliminer parce que chrétiens. Dans ce cas, le titre de martyr leur est également attribué s’il est attesté qu’ils ont, sans doute possible, accepté de mourir pour Dieu.

 

Le martyr chez les non-chrétiens

Dans sa Somme théologique2, saint Thomas d’Aquin s’interroge sur l’acte de martyre, et met en lumière le côté à la fois héroïque et surnaturel de cet acte. Tout le monde reconnaît que l’homme prêt à mourir pour une cause est digne de louange et de respect, puisqu’il fait le don de sa vie là où tant d’autres préfèrent abandonner et sauver leur peau. Mais il serait injuste de ne voir dans le martyr qu’un simple héros parmi tant d’autres, mort pour une cause humaine, éphémère et parfois immorale. Le héros humain meurt en effet par amour de la patrie, par amour de l’autre, par amour de l’honneur ou encore par amour du danger, tandis que le martyr meurt par amour pour Dieu et de ce qui s’y rapporte. Les deux buts sont infiniment éloignés, et le moindre martyr dépasse ainsi le plus grand des héros : « Le martyre est par nature le plus parfait des actes humains, comme témoignant de la plus grande charité »3. Le spectacle des légions de chrétiens morts en saints pour l’amour de Dieu n’a pas manqué de frapper les non-croyants, à tel point que le terme même de « martyr » se retrouve couramment pour désigner soit un homme qui donne sa vie pour une cause, soit un homme soumis à de très grandes souffrances. Le dictionnaire universel de Furetière, de 1690, définit ainsi le « martyr » pour les non-chrétiens : « se dit abusivement des hérétiques et des païens qui souffrent pour la défense de leur fausse religion, et qui se sacrifient à leurs idoles ».

 

Le titre de « martyr » a cela de commode, pour les non-chrétiens, qu’il permet surtout de donner une légitimité à une idéologie. Par exemple, le Parti Communiste français n’a cessé de mettre en avant ses « martyrs » morts pendant la Résistance, soi-disant pour la défense de la France et des français, justifiant ainsi les assassinats faits sur ordre et occultant les sabotages effectués contre l’armée française au début de la guerre, sur ordre de Moscou. Le contraste est encore plus flagrant si l’on se penche sur la notion de martyr telle quelle est utilisée dans une religion comme l’Islam. « Martyr » revêt de multiples sens, le premier désignant l’homme « qui meurt ou se blesse et meurt de sa blessure dans une bataille menée pour la cause d’Allah »4. Les autres s’appliquent à différents types de morts telles que la maladie, l’écrasement sous les décombres, la mort en défendant ses biens, etc… On pourrait presque résumer en donnant le titre de martyr à tout musulman qui décède.

Il ne faut en définitive pas confondre la vertu de Force, qui nous est une grâce de Dieu, avec la force humaine, fruit du caractère de chacun et d’efforts purement humains. Le seul vrai martyr est chrétien, les autres ne le sont que par abus de langage ou détournement de sens.

 

Devenir martyr

Selon une étude publiée en janvier 2022 par l’ONG Portes Ouvertes, plus de 360 millions de chrétiens sont persécutés à travers le monde, soumis à des atteintes allant de « l’oppression quotidienne discrète » (vexations, interdits divers5)  aux « violences les plus extrêmes » (mort6). Les chiffres officiels de 2021, ne comptant que les cas documentés, recensent pour cette année 5.898 meurtres de chrétiens, tués en raison de leur religion. La probabilité d’être mis à mort pour sa Foi reste faible, en fonction du pays où l’on se trouve, mais existe bien. L’assassinat du Père Hamel en 2016, en Seine-Maritime, est frappant justement parce qu’il est comme une exception chez nous. Cependant, malgré sa relative rareté, le martyre doit rester comme une balise pour le chrétien. Il est, en effet, nous l’avons déjà dit, l’expression la plus parfaite de l’amour de l’homme pour son Créateur : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime »7.  

Il en résulte que le chrétien doit être prêt, à tout instant, à donner sa vie par amour de Dieu ; autrement, sa Charité serait-elle sincère ? « Celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera »8, nous rappelle Notre Seigneur. La réaction naturelle du chrétien peut alors être l’appréhension, la crainte de ne pas aimer assez Dieu, la peur de reculer par amour de la vie. C’est oublier que le martyre est une grâce donnée par Dieu, qui ne donne jamais d’épreuve au-dessus de nos forces, sans nous procurer son soutien : « Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces »9. Le martyre ne dépend donc pas d’une quelconque force humaine. Il suffit de lire quelques pages du martyrologe pour trouver des exemples d’enfants, de jeunes gens et jeunes filles qui,  timides et faibles d’apparence, ont subi des souffrances indescriptibles sans renier Dieu. Le plus dur, pour la nature humaine blessée, est de saisir cette grâce divine et de la laisser agir en nous.  

 

Cela signifie-t-il qu’il suffit d’attendre la grâce de Dieu, et de laisser faire ? Ce n’est bien évidemment pas le cas, car la grâce ne peut agir si elle ne trouve un terreau favorable dans l’âme choisie. Il est difficile, même si rien n’est impossible à la grâce, de rester ferme devant les bourreaux si l’on ne s’est jamais rien refusé, si l’on n’a développé un certain amour de Dieu et une certaine endurance à la pénitence et à la souffrance, un certain amour de la Vérité et des choses du Ciel. Nous ne sommes pas tous appelés à témoigner, au prix de notre vie, de notre Foi devant les ennemis de Dieu, mais nous ferions de bien piètres chrétiens si nous ne nous y préparons un tant soit peu, chacun selon nos capacités. La grâce de Dieu pourvoira au reste, pourvu que nous n’y mettions pas d’obstacles.

 

Les siècles ont passé depuis le temps des catacombes et des chrétiens jetés en pâture aux bêtes du cirque, mais chaque époque compte son lot de martyrs et de témoins du Christ. C’est aujourd’hui au Moyen-Orient et en Asie que l’Eglise souffre le plus : pouvons-nous affirmer que ce ne sera pas demain au tour des pays d’Europe ? Dieu nous en garde, mais Lui seul décide de nos épreuves. Si le moment vient pour nous de témoigner de notre Foi et de notre amour de Dieu, que ce soit veillant et prêts à recevoir la grâce du Créateur, tels les serviteurs de la parabole que le Maître trouve debout à son retour. Faisons notre part, Il fera la sienne : « les hommes d’armes batailleront, et Dieu donnera la victoire ».

 

Un animateur du MJCF

 

1 A ne pas confondre avec « Martyre » : le « témoignage »

2 2nda 2ndae, q.124

3 2nda, 2ndae, q.124 art.3

4 http://www.3ilmchar3i.net/article-la-signification-du-martyr-chahid-89224564.html

5 NDR

6 NDR

7 Jean, XV, 13

8 Marc, VIII, 35

9 1 Cor. X, 13