Ecologie chrétienne en famille

« Dieu les bénit (l’homme et la femme) et leur dit : Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, et tous les animaux qui rampent sur la terre. Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre nourriture. » Gen.1.28

 L’univers n’est donc pas un chaos informe mais un cosmos créé et ordonné par Dieu. L’homme doit le respecter comme tel et comme héritage commun, ce qui implique une responsabilité vis-à-vis des générations futures. Cette idée de préservation de la Création est un devoir auquel tout chrétien qui se respecte est naturellement attaché, la créature étant redevable et respectueuse de tout ce que son Créateur a mis à sa disposition pour survivre convenablement. Loin de cette notion chrétienne, la gauche « écolo-bien-pensante » s’est emparée de cette idée et en fait actuellement son étendard pour des raisons beaucoup plus terre à terre, en tout cas, païennes et anti catholiques. Aux chrétiens d’aujourd’hui de redonner à l’homme sa vraie place dans la Création, respectant les lois biologiques, mais aussi morales voulues par Dieu pour le bien commun de tous.

En pratique :

Nous sommes d’accord, nos actes dans ce domaine ne sont souvent que des gouttes d’eau dans l’océan ! En réalité, il s’agit de vivre simplement en faisant preuve de bon sens, et de pratiquer les vertus autant que nous le pouvons. On sait, par exemple, que la pilule contraceptive, moralement condamnable, est une catastrophe écologique pour les écosystèmes.

Concrètement, comment agir quotidiennement en famille tout en respectant la Création ?

User sans abuser :

Ne pas surconsommer, éviter le gaspillage, c’est faire preuve d’esprit de pauvreté, de sacrifice parfois lorsqu’on renonce à des achats superflus tant sur le plan vestimentaire qu’alimentaire… Vivre plus simplement, sans recherche immodérée de confort et de satisfaction matérielle.

« Le gaspillage ! Pères et mères de familles, faites que vos enfants comprennent mieux quelles choses sacrées sont le pain et la terre qui nous le donne. Votre époque l’avait trop oublié ! D’une honnête simplicité de la vie, elle avait insensiblement glissé à la recherche et à la satisfaction des joies malsaines et de besoins factices. » (Pie XII, le 15 nov. 1946)

Que penserait ce saint pape en nous voyant vivre aujourd’hui ? Voyons ensemble quels points nous pourrions rectifier ou améliorer dans notre vie de chaque jour :

 Les « 4 R » : réduire, réutiliser, réparer, recycler 

  • Réduire: acheter selon ses besoins réels, modérer les consommations énergétiques (chauffage, eau, lumière, programme des machines, prendre une douche plutôt qu’un bain, bien fermer les robinets, etc), limiter la garde-robe en ne remplaçant que ce qui est usé, selon la loi du « une chose entre/ une autre sort » dans le placard.
  • Réutiliser: récupérer les feuilles des cahiers inachevés comme papier de  brouillon, accommoder les restes du réfrigérateur, passer les vêtements d’un enfant à l’autre selon leur croissance.
  • Réparer: les jouets ou objets encore utilisables, raccommoder le linge abîmé (trous, accrocs, ourlets, boutons), raccourcir les manches percées aux coudes et transformer en bermudas les pantalons et bas de pyjamas usés aux genoux…
  • Recycler: les vieilles lunettes1 et les bandages neufs peuvent être envoyés à la Mission Rosa Mystica2 au profit des Philippines. On peut rapporter les médicaments non consommés dans n’importe quelle pharmacie. Trier les jouets et vêtements et les donner ou vendre s’ils sont encore utilisables. Récupérer par exemple les dos de chemises (usées habituellement aux cols et poignets seulement !) qui sont souvent de jolis tissus réutilisables pour la confection d’habits de poupées, de bavoirs, de biais à coudre pour border agréablement un ouvrage comme un porte-serviette, ou tout objet selon l’imagination et la créativité des couturières… !

On trouvera encore une multitude de petits réflexes à adopter, comme ne pas jeter les mégots de cigarette dans la nature sachant qu’ils polluent une grande quantité d’eau ; débrancher les appareils électriques plutôt que de les laisser en veille ; ne pas recharger les téléphones la nuit (ce qui se fait à peu près en deux heures. Les laisser sur le secteur consomme du courant et abîme la batterie).

Une consommation respectueuse de l’environnement est bénéfique pour l’économie familiale, bonne pour la santé et le bien commun de tous.

Contempler la Création :

N’oublions pas que l’on respecte davantage ce que l’on admire et aime ! Il est très facile de sensibiliser nos enfants à la grandeur et la bonté du Bon Dieu pour nous à travers sa Création. Contempler les merveilles de la nature, les hautes montagnes et l’immensité de la mer, comme les toutes petites bêtes qui courent sur le sol ! L’utilité des abeilles, des araignées, des vers de terre les passionnera, et ils les laisseront vivants pour ne pas entraver le petit travail qui leur est demandé par le Créateur dans nos jardins !

 

Cultiver son potager est aussi une bonne occasion d’observer comme tout a été admirablement prévu et organisé : les saisons, le travail de la terre pour préparer la plantation, la germination des graines qui deviendront de belles pousses vigoureuses, avant de donner les fruits et les légumes qui feront la joie de toute la famille ! Il y a aussi les maladies, les limaces qui dévorent les salades et les oiseaux voleurs de fruits… Il faut se donner du mal dans un potager, et souvent se battre pour soigner et protéger. Parfois l’on y arrive et l’on rend grâce à Dieu. Parfois la peine engagée est perdue, et l’on en tire des leçons pour l’année suivante.

Lorsque les récoltes sont abondantes, ne les laissons pas perdre ! Si le Bon Dieu nous les offre si gracieusement, ne nous contentons pas de notre simple consommation mais vendons ou distribuons le surplus à des personnes qui seront sûrement ravies d’en profiter. Au besoin, invitons-les à cueillir elles-mêmes les fruits et légumes pour nous épargner cette peine.

 

Il y aurait encore une quantité d’exemples simples à donner dans ce domaine, il suffit au chrétien de vivre de façon respectueuse et équilibrée face à la nature. Si nous sommes vertueux (esprit de pauvreté, de sacrifice, respect des mœurs chrétiennes, amour de Dieu à travers ses œuvres), alors nous respecterons la Création.

Que les chrétiens, déjà sensibilisés à la défense de la vie humaine, étendent leur souci à la protection de la nature, non comme des incroyants mais par un engagement découlant de leur foi en Dieu, Créateur et Souverain Maître de toutes choses.

 

Sophie de Lédinghen

 

1 Faire noter la correction par l’ophtalmologiste avant l’envoi pour faciliter le travail de l’opticien en Mission.

2 Dr et Mme de Geoffroy 1524 route départementale 29, 64120 Aïcirits

 

 

A la découverte de métiers d’art : Peindre à la période romane

Souvent, pour parler des peintures murales ornant les édifices construits aux Xième et XIIème siècles, à la période dite romane, l’on entend dire qu’il s’agit de fresques. Mais qu’en est-il exactement ?

Tout d’abord qu’est-ce qu’une fresque ?

Le terme fresque, hérité de l’expression italienne a buon fresco, désigne une technique picturale bien précise suivant laquelle un pigment est posé directement sur un enduit frais, qui vient tout juste d’être appliqué sur le mur. Comme pour toute peinture murale, le mur est d’abord préparé, lissé ou piqueté pour faciliter l’adhérence de l’enduit.

Puis l’enduit, principalement composé de sable et de chaux, est appliqué en différentes couches successives allant d’un mélange plus rugueux à un ensemble plus lisse et homogène. Une fois l’enduit préparé, la peinture peut commencer. Et c’est là qu’une véritable fresque se distingue d’une peinture murale dite a secco.

Pour qu’il s’agisse d’une fresque, l’enduit doit être encore frais lorsque le pigment, dilué dans de l’eau de chaux, est posé dessus. Il est alors emprisonné dans l’enduit par un phénomène physique de carbonatation le rendant quasi-ineffaçable. En séchant, la chaux qui se trouve dans l’enduit entre en contact avec le dioxyde de carbone présent dans l’air et forme une couche de carbonate de calcium appelée calcin qui emprisonne le pigment dans l’enduit.

Au contraire, lorsque le pigment est posé sur un enduit sec, la technique est dite a secco. Le phénomène de carbonatation n’intervient pas et il faut recourir à un liant, c’est-à-dire une colle telle que le jaune d’œuf ou la gomme arabique, pour permettre au pigment d’adhérer sur l’enduit.

C’est cette spécificité technique qui est à l’origine de l’étonnante longévité d’une fresque. Exposée jours et nuits aux intempéries, elle ne risque pas de s’effacer. Tant que l’enduit adhère sur le mur ou que le mur tient, elle se conserve. Ses couleurs peuvent passer, s’estomper, s’affadir, mais la fresque en elle-même est toujours là.

Cette longévité liée au phénomène de carbonatation implique toutefois une grande rapidité d’exécution puisque le temps de séchage de l’enduit est d’une journée. La surface enduite le matin doit donc être entièrement peinte jusqu’aux moindres finitions avant la fin de la journée. Enfin, une fois un pigment posé, il ne peut plus être effacé car il n’est pas soluble à l’eau. Il est donc impossible de revenir en arrière.

 

Qu’en est-il aux Xième et XIIème siècles ?

Les véritables fresques sont particulièrement rares dans les édifices médiévaux avant tout pour une raison pratique. Sur un chantier tel qu’une église où l’espace mural à peindre est considérable, la technique a fresco requiert d’anticiper la surface peignable en une journée puisque la préparation de l’enduit se fait quotidiennement. Cette surface à peindre en une journée est appelée giornata.

Le décompte des giornata dans un édifice permet en grande partie d’évaluer le temps nécessaire à la réalisation d’un ensemble peint. Du fait de ces contraintes techniques, rares sont les véritables fresques.

La plupart du temps, on constate que c’est la technique mixte, intermédiaire entre la fresque et la technique a secco, qui est utilisée. L’essentiel de la peinture est réalisé sur enduit frais mais les finitions sont à sec, ce qui explique que certains pigments, appliqués à sec, tombent plus rapidement que ceux à frais. Parfois, les peintres réhumidifient l’enduit lorsqu’il a partiellement ou totalement séché mais utilisent tout de même un liant pour poser leurs pigments. De manière générale, la technique picturale la plus répandue au Moyen-Age est la détrempe dite également a tempera : les pigments sont dilués et mélangés à un liant partiellement ou totalement soluble à l’eau. En dépit de ces différences techniques, les pigments ne changent pas, ni leur ordre d’application.

L’ordre d’application des pigments :

Comme le stipule le traité de peinture rédigé par le moine Théophile au XIIème siècle, Le traité des divers arts, les pigments ne sont jamais mélangés entre eux avant la pose sur l’enduit. Aucun mélange de couleur n’est effectué en amont.

Une couleur différente peut être obtenue par superposition de pigments sur l’enduit. Ainsi, en Touraine, on constate que le bleu identifié sur les peintures de l’église de Rochecorbon (Indre et Loire, XI-XIIème siècles) est un faux bleu obtenu par superposition de différents pigments non bleus. La teinte grisâtre obtenue, par contraste avec les couleurs rouges et blanches avoisinantes, paraît effectivement bleue et pallie l’absence de pigment de cette couleur à disposition du peintre.

Effet d’optique particulièrement ingénieux et caractéristique de nos peintres du XIème siècle qui, quoiqu’il arrive, s’adaptent aux matériaux mis à leur disposition. Chacun fait au mieux avec ses propres moyens.

La première étape, après préparation des pigments, est le dessin préparatoire. Souvent à l’ocre rouge, le peintre dessine les contours principaux des personnages ou de la scène qu’il souhaite représenter. Puis, il peint les fonds colorés et aplats principaux des vêtements avant d’ajouter les rehauts dessinant les plis des vêtements ou les détails du visage. Les finitions interviennent enfin. Par exemple, pour réaliser le visage d’un personnage, le peintre dessine d’abord les contours du visage, puis il applique les carnations roses, ajoute les ombres vertes, appelées pseudo-verdaccio, les aplats des joues, des lèvres ou du nez, et éclaire le tout avec des rehauts blancs qui viennent reproduire les lumières naturelles du visage.

Réalisé à frais, le dessin préparatoire est particulièrement tenace. Sa conservation sur le long terme permet souvent de constater les revirements du projet du peintre, ce que l’on appelle les repentirs. Un personnage ou une scène initialement prévue en tel endroit est finalement déplacé.

Les aplats colorés qui constituent les fonds cachent un temps cette erreur de calcul, mais au fil des siècles les fonds, qui ne sont pas toujours réalisés à frais, tombent et laissent apparaître l’ombre du personnage initial.

Vous l’aurez compris, les peintures murales qui ornent nos édifices médiévaux romans sont rarement de véritables fresques. A l’époque gothique, le savoir pictural se diversifie mais peu d’ensembles s’avèrent a fresco. Mais au fond, la pureté technique importe peu puisque c’est le message qui prime.

Au Moyen-Age, une peinture murale vise à faire connaître Dieu en parlant à nos sens, à le révéler ainsi et non à exalter la dextérité d’un artiste dont la gloire rejaillirait davantage sur lui-même ou son commanditaire que sur son Créateur. Le résultat moins technique n’enlève rien à la beauté du message, les programmes peints n’étant pas moins ambitieux lorsqu’ils sont a fresco ou non. Seule la longévité change, requérant donc de notre part un plus grand soin.

                  Une médiéviste

 

Actualités culturelles

 Chili (Ile de Pâques)

Qui n’a jamais entendu parler des Moaï, ces statues emblématiques de l’Ile de Pâques ? Classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, elles ont été sculptées entre le XIIIème et le XVIIIème siècle dans la roche volcanique locale en vue d’honorer les ancêtres. Monumentales, elles varient entre 4 et 10 mètres de haut, et la plus lourde pèse 80 tonnes ! Après les incendies qui ont endommagé plusieurs sculptures à la fin de l’année 2022, l’île fait de nouveau parler d’elle grâce à la récente découverte d’une autre statue : plus petite que ses congénères (1m60 « seulement »…), cette petite nouvelle est constituée d’un corps complet et a été découverte dans le lac-même du cratère du volcan Rano Raraku. Le lac, récemment desséché, n’avait jusque-là fait l’objet d’aucune découverte, mais les chercheurs comptent bien y regarder de plus près !

 

  • France (Paris)

Recteur de Notre-Dame de Paris, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas a confirmé, le 9 mars dernier, que la réouverture de la cathédrale aurait bien lieu le 8 décembre 2024, pour la fête de l’Immaculée Conception. A cette date, les cérémonies religieuses ainsi que les visites pourront reprendre, même si le chantier des chapelles et celui du parvis ne seront certainement pas achevés (ils ne le seront probablement pas avant 2028-2030). Aujourd’hui, les artisans se sont lancés dans la réfection de la flèche, à l’identique de celle de Viollet-le-Duc ; elle devrait être en place d’ici fin 2023.

En attendant, n’hésitez pas à visiter l’exposition gratuite installée sous le parvis de la cathédrale afin de présenter le chantier : une bonne occasion de découvrir l’ampleur des travaux ainsi que les métiers d’art mis en œuvre. Cette visite peut s’accompagner d’une seconde à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à la découverte de l’exposition « Notre-Dame de Paris. Des bâtisseurs aux restaurateurs » retraçant la construction de ce chef-d’œuvre ainsi que ses restaurations au cours des siècles.

 

  • France (Paris)

Appartenant à un ensemble d’une dizaine de peintures réalisées par Gustave Caillebotte entre 1877 et 1879 pour dépeindre les loisirs modernes de la bourgeoisie urbaine, la Partie de bateau (1877-1878) était jusqu’à nos jours la propriété des descendants de l’artiste. Constituant l’un des derniers chefs-d’œuvre impressionnistes en collection privée, l’œuvre fait désormais partie des collections nationales. En effet, en janvier 2020, le ministère de la culture a refusé d’accorder le certificat d’exportation du tableau en raison de son intérêt patrimonial : devenu « Trésor national » à cette date, la peinture pouvait être acquise par l’État dans les 30 mois, ce qui a eu lieu grâce au mécénat du groupe LVMH (pour 43 millions d’euros). Depuis le mois de février 2023, vous pouvez donc l’admirer au Musée d’Orsay.

 

  • France (Toulouse)

Alors qu’avaient lieu à Toulouse des travaux de réhabilitation des façades de l’Hôtel-Dieu, une découverte majeure a réjoui le cœur des archéologues. En effet, le chantier de consolidation du Pont Vieux (Pont de la Daurade) a révélé une statue du XVIème siècle dissimulée dans la pile même du pont. Haute de 80 cm, cette sculpture est en excellent état de conservation puisqu’on en possède encore les deux-tiers (il manque malheureusement le torse et la tête). Une inscription sur le socle (« S. JACOB… 15… ») permet d’affirmer qu’il s’agit de Saint Jacques le Majeur, également reconnaissable à sa besace de pèlerin. D’après les chercheurs, la statue aurait été utilisée comme pierre de remblai pour le pont suite à sa détérioration (probablement après le XVIIème siècle). Cette découverte est une bonne occasion de rappeler que la basilique Saint-Sernin de Toulouse ainsi que l’Hôtel-Dieu étaient effectivement des étapes du chemin de Compostelle.

 

Au pays des contes à l’envers

Il était une fois un pays où l’on écrivait les contes à l’endroit. Dans ce pays-ci, le méchant loup, qui dévorait les agneaux, était chassé. L’ours, qui menaçait les troupeaux, était tué. Et puis un jour, des gens qui pensaient, assis dans leur bureau, bureau qui se trouvait dans un immeuble, immeuble situé au cœur d’une grande ville, ces gens-là se dirent : « Il est mauvais de chasser les loups, les lynx et les ours. Ils étaient dans notre pays bien avant nous. Ils ont donc le droit, bien plus que nous, d’occuper notre sol. D’ailleurs, nous préférons penser que tout être vivant étant égal à l’homme, c’est à l’homme de s’adapter. » Leur esprit se mit à fumer et, forts de leur idée révolutionnaire qui allait rétablir un ordre pour eux perdu, ces ronds de cuir écrivirent des lois, donnèrent des ordres pour que, à leur avis, la nature pût reprendre ses droits.

Les loups arrivèrent par l’Italie, dit-on. Quant aux ours, on les fit venir de Slovénie pour les réintroduire dans les Pyrénées. L’idée était merveilleuse. Ces ours de moyenne montagne furent lâchés sur les sommets. Il leur fut naturel de descendre vers des lieux plus cléments, habités par l’homme. Les Pyrénéens réagirent. Comment ? s’écria-t-on en haut lieu. L’homme menaçait la liberté de l’ours ? C’était indécent ! Inacceptable ! C’est pourquoi, depuis ce jour, dans ce pays, on commença à écrire les contes à l’envers.

Le loup arriva dans la forêt des Maures. Il s’y trouva bien, le territoire était vaste, le climat agréable ; les cours d’eau, c’est regrettable, étaient parfois réduits en été, à un filet mais il y avait des troupeaux. De beaux troupeaux de brebis et d’agneaux bien tendres. Ces brebis, nommées « museau rouge » en provençal, ne portent pas de cornes. C’est encore mieux, pensaient les novateurs, parce qu’un coup de corne de brebis, cela fait mal. Mais c’est moins bien pour se défendre. Notre loup rencontra une louve et fonda une meute. C’étaient les fantômes de la nuit. Ils avançaient sans bruit, comme en dansant sur leurs hautes pattes. De belles bêtes fourrées de gris et blanc. Crocs pointus, regard luisant, ils n’avaient qu’un seul défaut : il leur fallait manger. Comme la grand-mère du petit chaperon rouge n’était pas là, ils aimaient bien croquer un agneau. Ils n’avaient pas l’habitude de faire des méchouis. Non, les loups avaient des goûts simples, ils attaquaient, mordaient au cou et la victime, en quelques instants, se trouvait pantelante dans leur gueule.

Ils attaqueront nos enfants ! criaient les bonnes gens.

Mais les bonnes gens n’avaient pas de pouvoir, ils étaient relégués, mis de côté. Comment ? Se réclamer du bon sens ? Quel mauvais goût, quel manque de discernement ! N’avaient-ils donc pas lu dans les derniers avis que le pays avait changé de nom ? Un poète avait même rimaillé une nouvelle charte affichée sur les murs de chaque mairie. Ce ne fut pas suffisant pour faire changer les mentalités. On exigea donc que cette charte figure en bonne place dans chaque foyer. Ce texte, d’une valeur littéraire discutable, avait cependant l’avantage d’être clair. En voici quelques extraits :

Cet édit, vous le pensez bien, causa un brave trouble aux bonnes gens. Cependant, leur bon sens étant à toute épreuve, ils trouvèrent un moyen d’obéir sans céder. Le tableau, tenu par un clou vacillant, se trouva affiché la tête en bas sur le mur extérieur des maisons, où bientôt la pluie, le soleil et le vent en firent disparaître le texte.

Pendant ce temps, les loups progressaient. Les bergers imaginèrent de mêler les chiens élevés en même temps que les agneaux, à leurs troupeaux. Ces pauvres patous avaient beau veiller, aboyer, lutter, les meutes faisaient des ravages épisodiques. Ce n’était pas grave, les citadins haut placés pensaient qu’en donnant de l’argent aux bergers, le problème se tasserait. Mais les bergers manifestaient leur colère : « Nous n’élevons pas des brebis et des agneaux pour nourrir les loups ! Quelle colère, quel dégoût ! »

Seulement la forêt des Maures ne suffit bientôt plus à la nouvelle population canine. Elle émigra même dans les villes.

Il en fut de même dans les Pyrénées. Les gens de Paris avaient décidé de faire de cette région de montagne une sorte de réserve touristique. Les chemins de randonnée étaient entretenus, les troupeaux paissaient l’été, laissés plus ou moins à eux-mêmes ; les bergers étaient devenus des salariés qui bénéficiaient de leurs jours de congé obligatoires. Bref, les mentalités avaient bien changé. Seuls demeuraient quelques irréductibles qui se permirent, à leur tour, d’afficher leur charte sur les murs des maisons.

Dans ce pays des contes à l’envers, on vit bientôt des loups siéger dans les mairies et des ours enseigner dans les universités. Les sangliers piétinaient les jardins, les cerfs broutaient sur les chemins.

Les habitants ne pouvaient plus sortir et ne se faisaient plus entendre. Ils eurent alors recours aux bonnes vieilles méthodes, celles qui avaient été le guide de leurs grands-parents. Les églises étant habituellement fermées, peu desservies, ils s’en procurèrent les clefs et entrèrent en procession. Ils dépoussiérèrent les bancs, les allées, les statues. Les dames lavèrent les nappes et fleurirent les autels. Ils allumèrent des cierges, et, à défaut de présence réelle, ils se mirent à invoquer la Sainte Vierge et tous les saints. Mais la Sainte Vierge leur dit : « Comment ? Vous priez la mère et oubliez le Fils ? Comment ? Vous avez oublié que Jésus a confié les clés du royaume des Cieux à saint Pierre ? L’église est la maison de Dieu, allez chercher ses serviteurs, allez chercher les chefs du troupeau des fidèles. »

– Ah ! Pauvres de nous ! Comment allons-nous faire ? Bonne mère, les prêtres ont quitté leur soutane, certains sont allés hurler avec les loups, d’autres ont tout abandonné, perdus dans la forêt de leurs doutes.

– C’est vrai, leur répondit Marie. Mais si vous cherchez bien, vous trouverez les fidèles serviteurs de mon Fils. Ce ne sont pas ceux qui font le plus de bruit. Ils n’officient pas forcément dans de grandes et belles églises. Ils sont peut-être perdus au fond des bois ou au cœur des villes. Ils ont peut-être été rejetés comme la mer abandonne sur le rivage les restes d’un navire. « Cherchez et vous trouverez » a dit mon Fils.

Les Gaulois aiment discuter, disait déjà Jules César. Les Français n’en ont pas perdu l’habitude. Déjà de bonnes personnes ouvraient la bouche pour demander : « Mais à quoi les reconnaîtrons-nous ? » Alors la Sainte Vierge leva simplement les sourcils et tous comprirent : la conversation était terminée. Chacun fit un grand signe de croix. On souffla sur les cierges et sur les bougies. Et, dans toute la France, on sortit des églises. La nuit était tombée. Le ciel était d’un bleu profond et d’innombrables étoiles scintillaient. Tous entendirent au fond de leur cœur la même voix qui leur disait : « Levate capita vestra ! » et chacun obéit. Et cela suffit. Quand les bonnes gens reprirent leur chemin, une étoile brillait sur leur front. C’était la même étoile que celle qui brillait sur le front de saint Dominique, en plus petit, en plus discret. C’était une étoile légère comme la flamme des bougies, aussi claire, aussi belle, aussi fragile aussi. Il fallait certes la protéger des vents adverses mais elle avait la particularité de se fortifier dans la prière et les combats – car chaque prière est un combat et leur combat était une prière. Et ces nouveaux Chouans, ces chefs étoilés partirent à la recherche de leurs pasteurs. Ils ouvraient tout grand les yeux et c’était délicieux, rafraîchissant, d’avoir retrouvé son cœur d’enfant. Les faux bergers étaient tout ternes, les bons bergers avaient cette flamme au fond d’eux-mêmes. Et l’on recommença à prêcher. Et l’on recommença à prier. Les missions furent remises à l’honneur. Le peuple reprenait confiance, le peuple faisait un soulèvement silencieux. C’était une pluie d’étoiles.

Pour les chefs du pays des contes à l’envers, c’était insupportable. Il fallait que tout cela cesse. Ils organisèrent une véritable rencontre, un événement exceptionnel. De la Provence aux Pyrénées, des Alpes au Massif Central, des Vosges aux Ardennes et des Ardennes à la Bretagne, une journée de l’Egalité fut annoncée, prévue et minutieusement préparée. Pour ce jour mémorable, on choisit la date du 14 juillet, dite Fête Nationale. Tous les loups et les ours furent conviés, tous les personnages importants du pays furent réunis. Aucune étoile, hélas, ne brillait sur leur front. Le discours du président commença ainsi : « Si nous nous trouvons aujourd’hui ici, mes chers amis… »

Dès ces premiers mots, les loups grognèrent et les ours aussi. « Mes chers amis ! pensèrent-ils – car ces animaux-là pensaient – mais nous ne sommes pas et n’avons jamais été les amis de l’homme ! »

Cependant le président continuait : « Si nous sommes réunis, c’est pour témoigner aujourd’hui de l’égalité du loup et de l’homme, de l’ours et de l’homme et du loup et de l’ours. »

Le pauvre homme ne put dire un mot de plus.

Toutes les femmes se levèrent indignées : « Encore une fois, on ne parle pas de nous ! Nous sommes tenues pour rien, nous sommes rabaissées, invisibles, inexistantes !  »

Les loups et les ours n’ayant jamais tissé aucun lien d’amitié ni entre eux, ni avec personne, se rebellèrent en même temps.

Ce fut un fameux bouleversement, les animaux sauvages se livrèrent à un combat féroce, personne ne fut épargné, ni bête, ni être humain, sauf les plus intelligents qui partirent en courant. Ils courent et courent encore comme on l’écrit dans les contes de nos grand-mères.

Et c’est ainsi que notre pays put se remettre au travail pour remettre les choses et les contes à l’endroit, pas à pas, à pas d’amour, sous le regard de Dieu.

 

Sophie Oustallet

 

Fondements religieux de l’écologie actuelle

 Parce que nous sommes reconnaissants à Dieu de cette magnifique nature qu’Il a créée, ne devrions-nous pas emboîter le pas au mouvement écologique et considérer que le « respect de la nature forme un socle intellectuel et émotionnel sur lequel tous peuvent s’accorder : autant le croyant, respectueux de l’œuvre divine, que l’incroyant, saisi par la majesté et la beauté de la nature » ? N’est-ce pas d’ailleurs la caution que lui accorde le pape François à travers son encyclique « Laudato Si » ou son synode sur l’Amazonie ?

Derrière le rideau de verdure attirant de l’écologie, il nous faut en réalité manifester que se dissimule une idéologie hostile au dessein de Dieu sur la place qu’Il a réservée à l’homme dans sa création et à Dieu Lui-même. Elle s’en prend d’abord aux deux commandements faits à l’homme de se multiplier et de dominer la nature et elle s’insurge plus profondément encore en refusant la conception de l’homme comme image de Dieu et en militant pour son option panthéistique. C’est ce que nous souhaitons brièvement exposer en montrant, à chaque fois, l’appui qu’elle reçoit de François.

I – Le rejet des injonctions divines de se multiplier et de dominer la nature

A) Ecologie et malthusianisme

Les mises en garde se sont multipliées : « Dans le monde entier, nombre des ressources indispensables à la survie et au bien-être des générations futures s’amenuisent et la dégradation de l’environnement s’intensifie, sous l’effet des modes de production et de consommation non viables, d’une croissance démographique sans précédent et d’une pauvreté généralisée et persistante et de l’inégalité sociale et économique1 » En présence de cette situation, l’écologie affirme son malthusianisme et tire toutes ses ficelles de mort à l’échelle planétaire : contraception, avortement, euthanasie, stérilisation, planification des naissances, etc.

Le surpeuplement de la planète doit être conjuré par une fermeture drastique à la vie qui s’oppose frontalement à la grande invitation divine que Dieu fait à Adam et Eve d’être féconds et de se multiplier : « Soyez féconds, multipliez-vous et remplissez la terre2. »

Une telle incitation à la procréation est jugée avec une extrême sévérité par le sanhédrin verdâtre qui y voit l’origine de l’irresponsabilité avec laquelle les générations qui se sont succédé sur la terre ont augmenté le nombre des rejetons de la race humaine sans se préoccuper des ressources de la planète. Le Dieu de la Genèse se trouve explicitement mis en accusation par plusieurs conférences internationales des grands organismes mondialistes.

Comme on l’a vu dès le synode sur la famille, le pape François est entré lui-même dans cette sérénade. En particulier, il a compromis l’enseignement de l’Église à propos du contrôle artificiel des naissances dans l’« Instrumentum Laboris3 » et a proposé une approche erronée de la relation entre la conscience et la loi morale.

B) Ecologie et domination de la terre par l’homme 

La vindicte des écologistes ne rend pas seulement la Genèse responsable de la surpopulation mais également de la mise à sac de la nature par l’homme. Le parterre des verts stigmatise cette fois-ci le deuxième grand commandement de Dieu à nos premiers parents : « Soumettez la terre et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui rampent sur la terre4. » L’inconscience de Dieu n’a pas su prévoir les conséquences déplorables de cette autorité qu’Il conférait aux hommes. Cette rhétorique trouve également place depuis des décennies dans les textes les plus officiels et les plus solennels.                                                   Voilà, par exemple, ce que l’on peut lire dans la conférence sur l’environnement de Stockholm organisée par l’ONU, en 1972 : « La science et ses applications techniques qui feraient de l’homme le maître de l’univers, usant et abusant à sa guise des ressources naturelles, deviennent souvent valeur en elles-mêmes. (…) Ces conceptions puisent leur meilleure justification dans les convictions religieuses judéo-chrétiennes, selon lesquelles Dieu aurait créé l’homme à son image et lui aurait donné la terre pour qu’il la soumette à sa loi5. » Dans cette citation, la critique va au-delà de l’imprudence avec laquelle Dieu aurait concédé à l’homme ce gouvernement sur la Création. Elle s’en prend, plus profondément, à la conception de l’homme qui aurait été créé à l’image de Dieu.

Notons que, de nouveau, François fait chorus dans son encyclique « Laudato Si ». Les chrétiens auraient tiré de la Genèse la pensée qu’ils peuvent tout se permettre avec les créatures : « S’il est vrai que, parfois, nous les chrétiens, avons mal interprété les Ecritures, nous devons rejeter aujourd’hui avec force que, du fait d’avoir été créés à l’image de Dieu et de la mission de dominer la terre, découle pour nous une domination absolue sur les autres créatures6. »

II – Le rejet d’un Dieu spéciste et l’option panthéistique

A) Ecologie et spécisme 

Le terme « spécisme » est péjoratif. Il a été élaboré pour dénoncer la valorisation et la précellence d’une espèce sur les autres. Il sert à condamner tous ceux qui ont jusqu’ici pensé que l’espèce humaine se trouverait au sommet de la hiérarchie de toutes les espèces animales et à intimider ceux qui conserveraient encore une telle conception de l’univers. La transformation des mentalités est très largement due à l’imposition de la théorie de Darwin car « l’existence de l’âme ne saurait être compatible avec la théorie de l’évolution. L’évolution est synonyme de changement et ne saurait produire des entités éternelles7». Rien ne distingue donc essentiellement l’être humain de tout organisme vivant et ne saurait lui conférer des droits qui ne seraient pas ceux de tous.

Mais, à qui la faute si l’homme s’est estimé non point partie intégrante de l’écosystème mais supérieur à lui ? Au Dieu de la Genèse évidemment comme le rapporte l’UNESCO : « Les écologistes critiquant la Genèse ont soutenu que, puisque selon ce livre, l’homme est créé à l’image de Dieu, qui lui a donné de dominer sur la nature et lui a ordonné d’assujettir la terre, la Genèse confère manifestement à l’Homme un droit venant de Dieu d’exploiter la Terre sans restriction morale (sauf quand l’exploitation de l’environnement peut affecter l’homme lui-même). L’essence de l’homme, unique parmi les créatures, et faite à l’image de Dieu, confère à l’homme des droits uniques et des privilèges parmi les créatures8. »

On le voit, ce qui est en cause, c’est bien l’homme, image de Dieu, l’homme, distingué parmi les autres vivants, l’homme qui devient ainsi le dieu de la Création. Le haro est prononcé contre cette théologie monothéiste qui a placé l’homme sur un piédestal, piédestal du haut duquel, il a piétiné les espèces qu’il estimait inférieures à la sienne.

La théologie de François ne dénie pas à l’homme d’être « image de Dieu » mais accorde à tous les êtres d’être habités par le Christ : « Le Christ a assumé en Lui-même ce monde matériel et à présent, ressuscité, Il habite au fond de chaque être, en l’entourant de son affection comme en le pénétrant de sa lumière9. »  En cette grave confusion entre le monde naturel et le monde surnaturel, François hisse les créatures non-humaines au niveau des créatures humaines en état de grâce :elles seraient habitées par le Christ et se trouveraient ainsi sur pied d’égalité avec elles.

B) Ecologie et panthéisme

On ne s’en étonnera pas : ce Dieu est rejeté comme criminel et les écologistes couvrent au contraire de louanges le panthéisme.

Voilà par exemple, la comparaison esquissée par Harari – considéré comme premier intellectuel de la planète – entre le « cosmos animiste » et le « cosmos théiste  » : « Dans le cosmos animiste, tout le monde dialoguait avec tout le monde. Si l’on avait besoin de quelque chose de la part du caribou, des figuiers, des nuages ou des rochers, on s’adressait directement à eux. Dans le cosmos théiste, toutes les entités non humaines ont été réduites au silence10. » Pour quel motif ont-elles été réduites au silence ? Parce que Dieu ou les dieux en ont fait « le héros central autour duquel tourne tout l’univers11 ». Et c’est à cause de cette conception véhiculée par le « cosmos théiste » que l’homme s’est cru tout permis et a saccagé la terre.

Aussi le changement de paradigme des Verts exige-t-il l’éradication de cette vision religieuse qui passe de l’Ancien au Nouveau Testament et fait de l’homme le roi de la création sur terre. L’antispécisme des Verts, très largement tributaire de la thèse darwinienne, considère l’espèce humaine comme une parmi les autres, n’ayant que le droit de s’intégrer dans la nature sans avoir la prétention de la dominer. Il s’accommode parfaitement avec le panthéisme qui attribue à chaque être vivant une part de divinité.

Parce que tout est sacré autour de lui, l’homme doit changer son regard sur son environnement : « Il y a une correspondance entre la vision du monde écologique et la vision du monde de la pensée hindoue. L’écologie se représente également le monde comme une unité, c’est-à-dire holistiquement – considérant l’unité existant entre un individu et son environnement. Ainsi deux éléments majeurs de l’hindouisme contribuent au développement d’une éthique universelle de l’environnement : l’empathie et la compassion envers toutes les formes de vie et un sentiment d’harmonie avec l’environnement conduisant à le protéger et à l’améliorer12. »

Là encore, François n’est pas en reste avec son « éco-théologie ». Il instrumentalise le vocabulaire chrétien au service de l’écologie en invitant les hommes à une « conversion écologique13 » et favorise le panthéisme par son mélange de l’ordre surnaturel avec l’ordre naturel : « L’Eucharistie unit le ciel et la terre, elle embrasse et pénètre toute la Création. Le monde qui est issu des mains de Dieu, retourne à Lui dans une joyeuse et pleine adoration dans le pain eucharistique, la Création est tendue vers la divinisation, vers les saintes noces, vers l’unification avec le Créateur Lui-même14. »

Entre l’amour de saint François d’Assise pour la nature et celui des écologistes et du Pape François, il y a un monde. Au lieu de considérer les êtres qui nous entourent avec respect parce qu’ils ont été créés par Dieu et qu’ils nous parlent de Lui, on supprime l’existence du Dieu Créateur pour diviniser et absolutiser la nature.

R.P. Joseph

1 « ONU, conférence internationale sur la population et le développement, Le Caire » cité par Pascal Bernardin dans « L’Empire écologique » Ed. ND des Grâces 1998, p. 548

2 Gen. I, 28

3 Instrumentum Laboris, n° 137

4 Gen I, 28

5 Conférence de Stockholm (1972) organisée par l’ONU, citée par Pascal Bernardin dans « L’empire écologique » Ed. ND des grâces 1998, p. 417

6 « Laudato Si » N° 67

7 Huval Noah Harari dans « Homo Deus, une brève histoire de l’avenir » Albin Michel 2017, p. 122

8 UNESCO, Unep « Changing minds – Earthwise, Paris, 1991, p. 19, cité par Bernardin, op. Cité p. 419

9 Laudato Si n°221

10 Harari, opus cité p.107

11 Ibidem p. 106

12 Unep cité par Bernardin, opuscule cité p 424

13 Laudato Si n°217

14 Laudato Si n°236

 

Ecologie et respect de la création

Chers amis,

« Ecologie intégrale », « conversion écologique », « écologie scientifique », « protéger l’environnement », « sauver ma planète », on ne compte plus les expressions qui envahissent notre vocabulaire depuis une décennie !

Le chrétien, dévot de saint François d’Assise, s’étonne de voir le monde découvrir une notion qu’il connaît déjà : le Christ lui-même n’a-t-il pas fait ramasser le reste de pains et de poissons lors d’un de ses éclatants miracles ?

L’expression « gérer ses biens en bon père de famille », héritée du « paterfamilias » romain avait même été introduite en 1804 dans notre Code civil1. Une éducation digne de ce nom donnait aux enfants l’habitude du respect de la nature et des animaux. Rien de bien nouveau ! N’était-ce pas là ce qu’on appelle « économie » (oikonomía, administration de la maison) ?

Mais est-ce vraiment le respect de la Création qui motive ces campagnes massives ? N’est-il pas surprenant que l’écologie soit devenue en si peu de temps le « combat du siècle  » ?

Les adeptes du néologisme « écologie » seraient curieux de découvrir la biographie de son inventeur ! En effet, plutôt que de parler d’économie – terme qui convenait parfaitement à la gestion de la terre – Ernst Haeckel préféra le mot « écologie » (Oikos = maison ; logos = l’art de la pensée verbale), afin de lui donner une connotation nouvelle qui corresponde à ses convictions monistes2. Grand ami de Darwin et de Thomas Huxley (surnommé le « bouledogue de Darwin » et grand-père d’Aldous), Haeckel est considéré comme le créateur du terme « écologie » qu’il définit en 1866. Ce médecin allemand « prit part en 1904 à Rome à un congrès international de libres penseurs qui réunit près de 2 000 personnes. Là-bas,

il fut nommé cérémonieusement « antipape3 ». Il est dit aussi que ses idées furent reprises par l’idéologie nazie3

Liée en sa racine avec la théorie de l’évolution, la notion d’écologie prit alors toute son ampleur en Allemagne et en Angleterre. On comprend mieux comment les deux amis, Haeckel et Darwin, se plurent à faire triompher leurs théories qui n’avaient en réalité pour unique but que de détruire dans son origine le récit de la Création tel qu’il nous est lu chaque nuit pascale.

Je vous laisse découvrir dans ce numéro ces théories destructrices qui pénètrent dans nos foyers : des livres de nos tout-petits jusqu’aux racines de notre foi ! Que l’approfondissement de cette thèse nous permette de mieux connaître le mal à combattre, nous aide à garder un équilibre serein sans vaciller et sans nous laisser ébranler par les sirènes écologiques, et qu’au milieu de tant de périls, nos cœurs chantent en ces mois de mai et de juin, la gloire de Notre-Dame et du Sacré-Cœur !

Marie du Tertre

1 Dans le Code civil, de la consommation, rural, de la pêche maritime, de l’urbanisme et enfin dans celui de la construction et de l’habitation. Supprimée en 1984 dans certains codes et dans les derniers par la loi n° 2014-873 du 4 août 2014, publiée au journal officiel du 5 août 2014.

2 Philosophie qui enseigne l’abolition des frontières traditionnellement installées entre le végétal et l’animal, ou encore entre l’animal et l’humain.

3 https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Ernst-Haeckel.html