Couples fondateurs

Il est de nombreux exemples dans l’histoire des hommes, qu’elle soit politique, artistique ou religieuse, où nous trouvons des « couples-fondateurs », assemblés pour le succès de telle cause ou pour la création de telle institution.

Beaucoup de grands hommes ont leur inspiratrice secrète, telle Madame de Maintenon pour Louis XIV, ou leur muse créatrice, telle Cassandre pour Ronsard, qu’ils le reconnaissent ou non. Et l’influence féminine, si elle n’agit pas directement, sait susciter les plus belles destinées, comme les plus féroces batailles. Nous ne pouvons citer ici toutes les muses artistiques des grands peintres, mais les livres d’histoire de l’art sont remplis de portraits féminins évocateurs de l’inspiration créatrice des égéries de tous les siècles.

De même, les plus grands destins féminins, ont souvent été soutenus par les œuvres d’hommes de qualité, citons seulement l’œuvre de réforme du Carmel de sainte Thérèse d’Avila, docteur de l’Eglise, qui a été prolongée et confortée par saint Jean de la Croix.

On retrouve également ces binômes dans les œuvres conjointes de saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal, de saint Vincent de Paul et sainte Louise de Marillac, de saint Pierre Fourier et de la bienheureuse Alix Le Clerc. Comme si la sainteté de l’un, et son rayonnement, trouvaient écho et leur plein épanouissement dans une œuvre féminine jumelle.

De la même façon que l’homme et la femme sont complémentaires dans la parentalité, nombre de grandes réalisations humaines ont eu besoin pour leur engendrement de « parents spirituels », d’un homme et d’une femme qui ont mis leurs compétences en commun pour œuvrer de concert à l’expansion du bien. C’est, somme toute, une autre façon d’obéir au précepte de la Genèse, donné par le Créateur à Adam et Eve en commun : « Croissez et multipliez ! »

 

Housse de coussin

Chères couturières,

Aujourd’hui, c’est la réalisation d’une housse de coussin que nous vous proposons !

Rapides à confectionner et d’un niveau en couture très facile, ces housses vous permettront d’assortir vos coussins à votre canapé, de décorer la chambre de votre enfant, ou tout simplement de remplacer les housses usées en un tour de main !

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N’hésitez pas à nous faire un retour et bonne cousette !

Atelier couture

 

 

 

L’Etape par Paul Bourget

L’Etape fait partie des premiers romans de la seconde partie de la carrière littéraire de Paul Bourget (1852-1935). Cette dernière commence au tout début du XXe siècle au moment de son retour au catholicisme qu’il avait abandonné à l’adolescence. Sa conversion lui a permis, après qu’il eut étudié les maladies de l’âme, d’en indiquer les remèdes. Hostile au scientisme et à l’incroyance, il prône le retour au catholicisme et s’en prend à la démocratie qu’il accuse de niveler élites et fortunes, d’opposer les classes sociales entre elles et de former des caractères individualistes, ambitieux et aigris. Paul Bourget prend également position en faveur des écoles catholiques, attaquées par le gouvernement de l’époque, qu’il considère comme indispensables à la cohésion nationale et à la morale. Dans ses romans, il s’affiche comme un défenseur de l’ordre social, pour la famille, contre le divorce (dans Le Divorce), pour l’ancienne noblesse (dans L’Emigré) et n’admettra qu’une mobilité sociale progressive dans son roman intitulé L’Etape, publié en 1902.

L’Etape est considéré comme l’archétype de l’œuvre de combat. Le professeur Joseph Monneron, libre penseur, anticlérical, promoteur des principes de la Révolution française, est malheureux dans son ménage mal assorti et déçu par ses enfants. Son fils aîné, Antoine, fréquente les courses et les lieux de plaisir et, pour se procurer de l’argent, en arrive à faire des faux en écritures. Sa fille, Julie, se laisse séduire par un ami de ses frères, Adhémar de Rumesnil, et tire un coup de revolver sur son amant qui l’a abandonnée enceinte. Son dernier fils est un gamin vicieux et mal élevé. Seul le second de ses enfants, Victor, montre une âme élevée mais, fils d’un père anticlérical et jacobin, il est porté vers des idées religieuses qui sont odieuses à celui-ci. De plus, il s’est épris de Brigitte, fille du philosophe catholique Ferrand qui a été autrefois condisciple de son père à l’Ecole normale supérieure. A la fin, l’honnêteté intellectuelle de Joseph Monneron va lui faire admettre la valeur et la générosité de Victor et ne pas s’opposer au bonheur de son fils. Entre temps, le professeur Ferrand va expliquer à son ancien camarade, et c’est la thèse du roman, la cause profonde de ses malheurs. Fils de paysans, Joseph Monneron a voulu s’élever trop vite dans l’échelle sociale pour atteindre une situation à laquelle aucune hérédité, aucune tradition, aucune éducation ne l’avait préparé, au risque de brûler les étapes.

Cette thèse du roman qui lui a donné son titre a, il faut le reconnaître, plutôt mal que bien affronté l’épreuve du temps, au moins dans son côté le plus péremptoire. Fort heureusement, elle ne représente pas, à supposer qu’elle l’ait jamais représenté, l’aspect le plus intéressant de l’ouvrage. Le roman est très bien construit et le lecteur se laisse facilement prendre au jeu de l’intrigue. Paul Bourget y fait preuve de ses qualités d’analyse psychologique de ses personnages. Pour le lecteur du XXIe siècle qui observe les conséquences de la déchristianisation des cadres de la société depuis la fin du XIXe siècle, la description de la famille Monneron montre, au-delà de la réussite universitaire du père de famille, la faillite des illusions rousseauistes des doctrinaires de la Révolution de 1789 et les limites d’une morale qui se refuse à admettre un fondement transcendant. La mauvaise appréhension de la réalité qui en résulte entraîne de nombreuses déconvenues dans l’éducation des enfants. La grandeur d’âme et la générosité des héros catholiques du roman forment un vif contraste avec les traits moins flatteurs des personnages non catholiques. Le roman contient également une description intéressante de la société parisienne du début du siècle dernier et fait aussi croiser le lecteur avec un abbé démocrate qui essaye, avec une bonne foi à toute épreuve, de réconcilier le catholicisme avec les principes de 1789, ainsi qu’avec le fondateur d’une université populaire, type intéressant du juif idéaliste absorbé par des rêves de régénération sociale.

Paul Bourget rejette le déterminisme physiologique d’Emile Zola et explique la psychologie des individus par leur vie intérieure. Pour lui, la vie n’apparaît incohérente qu’aux esprits incapables d’identifier les causes de leurs comportement. Cette anatomie morale, si on poussait ce concept jusqu’à son point extrême, réduirait à peu de choses le rôle de la liberté et de la volonté des personnes et contribuerait à rétablir le déterminisme que l’auteur entend combattre. Les personnages de L’Etape peuvent en ressortir très, voire trop construits, ce qui donne une certaine visibilité mais peut-être un peu de lourdeur à ce qui peut légitimement apparaître comme un parti-pris du romancier. L’ouvrage souligne enfin le rôle essentiel joué dans la société par la famille que l’auteur conçoit comme un relais indispensable entre la Nation et les individus qui la composent. 

 

Thierry de la Rollandière

 

Atteindre l’idéal

Vouloir atteindre l’idéal, c’est brûler du désir ardent de « servir » (…)

Les vrais fils du ciel sont aussi les fils de la terre, les plus humains et les plus joyeux : la vie intérieure éclaire l’âme et la nourrit de ses riches substances reçues de Dieu par le canal de la prière, de l’oraison, des sacrements et des exercices de charité. C’est elle qui rend possible la pratique des vertus qui nous font amis de Dieu. 

Claude Prudence

 

« Fils de Dieu »

Vous êtes des « fils de Dieu », savez-vous ce que cela signifie ? Osez vous en souvenir et n’ayez pas peur. Car vous avez toujours peur qu’on veuille vous priver de quelque chose : alors vous vous empressez de vous saisir de l’immédiat et vous laissez perdre l’essentiel. Mais on veut vous donner tout car être « fils de Dieu » cela ne signifie aucune mutilation, aucune diminution de vous-même, mais au contraire l’exaltation de ce qu’il y a de meilleur en vous dans la joie et la lumière ! 

André Charlier – Lettres aux capitaines

 

La répartition des rôles dans le foyer

Dieu a donné à la femme plus qu’à l’homme, avec le sens de la grâce et de la beauté, le don de rendre plus aimables et familières les choses les plus simples, et cela précisément parce que, créée semblable à l’homme pour former avec lui une famille, elle est faite pour répandre le charme et la douceur au foyer de son mari et y assurer une vie à deux féconde et florissante.

Pie XII – Allocutions aux jeunes époux 25/02/1942

Maris, vous avez été investis de l’autorité. Dans vos foyers, chacun de vous est le chef, avec tous les devoirs et toutes les responsabilités que comporte ce titre. N’hésitez donc point à exercer cette autorité ; ne vous soustrayez point à ces devoirs, ne fuyez point ces responsabilités. La barre de la nef domestique a été confiée à vos mains : que l’indolence, l’insouciance, l’égoïsme et les passe-temps ne vous fassent pas abandonner ce poste. Mais, envers la femme que vous avez choisie pour compagne de votre vie, quelle délicatesse, quel respect, quelle affection votre autorité ne devra-t-elle pas témoigner et pratiquer en toutes circonstances, joyeuses ou tristes ! 

Pie XII – Allocutions aux jeunes époux 10/09/1941

 

Soumission et désinvolture

Quand l’épouse, refusant plus ou moins consciemment la soumission à laquelle elle est appelée, anéantit l’autorité de son mari en lui déniant, pratiquement, le pouvoir d’être la tête de la nouvelle cellule spirituelle qu’ils forment ensemble, elle absorbe sa vocation. Il n’est peut-être pas sans signification profonde que tant d’hommes aujourd’hui abdiquent leurs responsabilités, alors que tant de jeunes filles et de femmes portent le pantalon avec une inconsciente désinvolture.

Marcel Clément – Un seul cœur, une seule âme, une seule chair.

 

L’homme moral

C’est à notre sexe qu’il appartient de former des géomètres, des tacticiens, des chimistes, etc. ; mais ce qu’on appelle l’homme, c’est-à-dire l’homme moral, est peut-être formé à 10 ans ; et s’il ne l’a pas été sur les genoux de sa mère, ce sera toujours un grand malheur. Rien ne peut remplacer cette éducation. Si la mère surtout s’est fait un devoir d’imprimer profondément sur le front de son fils le caractère divin, on peut être à peu près sûr que la main du vice ne l’effacera jamais.

Joseph de Maistre – Les soirées de Saint Pétersbourg

 

Le jour se lève – Mireille

Notre citation pour juillet et août :  

 « Ton chant, divin poète, est aussi doux pour moi

Qu’un bon somme dans l’herbe à mon corps fatigué

ou qu’une eau bien fraîche offerte à ma soif estivale

Par la flûte et la voix, émule de ton maître. »

Virgile – Les Bucoliques

 

                                            “Le jour se lève”

Mireille

Opéra en trois actes, 1964, Londres

Charles Gounod

Opéra inspiré par le poème épique « Miréio » de Frédéric Mistral.

Mireille, fille d’un riche propriétaire, aime Vincent, un pauvre vannier, qui l’aime en retour. Leur amour, contrarié par un rival de Vincent, conduira les amoureux à se retrouver secrètement aux  Saintes-Maries de-la-Mer avec les pèlerins. Mireille devra traverser seule le torride désert de la Crau pour atteindre ce but. Avant de partir, de sa fenêtre, elle entend le chant d’Andreloun, le berger.

Le jour se lève
Et fait pâlir la sombre nuit.
Au loin, déjà l’ardente grève,
Que nulle brise ne soulève,
S’enflamme et luit !
Et dans les airs l’oiseau s’enfuit.
Et moi, tout seul avec mes chèvres,
La soif aux lèvres,
J’erre au hasard dans le désert brûlant,
D’un pas tranquille et lent.
Le lézard gris boit la lumière,
L’humble grillon, dans la poussière,
Chante au soleil,
Et moi couché dans la bruyère
Je vais reprendre mon sommeil.

Pendant les dernières mesures de la chanson du berger, Mireille est sortie de sa chambre et regarde le berger s’éloigner.

Mireille – Acte IV – 1er tableau : XIV. Chanson « Le jour se lève » (Un berger) • Charles Gounod, Michel Plasson, Orchestre Du Capitole De Toulouse (spotify.com)

 

Se connaître, se comprendre, s’aimer

C’est faute de se connaître respectivement et mutuellement que bien des époux, des frères et sœurs, des amis se heurtent parfois jusqu’à se blesser profondément. Ce sujet passionnant et délicat devrait constituer un chapitre important au grand livre de l’éducation parentale.

Voici quelques pistes, très générales, qui guideront peut-être les parents sur les différences psychologiques, biologiques masculine et féminine, leurs richesses et nécessaire complémentarité pour une meilleure compréhension.

 

Ce n’est ni dans l’art, ni dans la science, ni dans les découvertes, ni dans les lettres pour elles-mêmes, ni dans la domination que la femme atteindra sa fin : elle est ordonnée de corps et d’âme pour la maternité ou pour le sacrifice, dans le dévouement. Rôles sublimes auxquels elle n’apportera jamais trop de compétences, et qui nécessite donc une intelligente et solide éducation.

Tandis que généralement le garçon perçoit, compare, juge, la femme saisira souvent par une perception intérieure mystérieuse, « l’intuition », le sens d’un geste, d’une démarche, d’un regard, d’un sourire, d’un mot. Cette différence essentielle dans la manière d’aborder le champ des conceptions intellectuelles saute déjà aux yeux chez le petit garçon comparé à la fillette.

 

L’intelligence :

En face d’un objet inconnu, le premier demande : « Comment l’a-t-on fait ? D’où cela vient-il ? » La petite fille s’exclame : « C’est beau ! » ou « C’est laid ! », « Pour qui est-ce ? » Dans le premier cas, recherche de la vérité ; dans le second, expression d’émotion.

La mémoire de la femme subit le contrecoup de son affectivité envahissante pour tout ce qui l’intéresse. Ses souvenirs se fixent ou se transforment au gré de ses impressions du moment. Celles-ci sont renforcées par l’imagination dominante. Les devoirs de rédaction des jeunes filles sont riches de fantaisies précisément parce qu’elles ont une facilité à s’évader du réel dans le rêve (ou le roman vécu jusqu’à l’intime !). Le langage des fillettes est, de ce fait, très aisé et coloré, alors que celui des garçons du même âge reste hésitant, embarrassé, sec, comme un énoncé de problème ! De cette vérité découle la nécessité d’une culture, d’une éducation spirituelle et temporelle, pour contrebalancer les effets souvent désastreux de leurs penchants innés.

 

La raison :

L’homme se place nettement en face de la situation, en dégage le côté immuable et concentre toutes ses énergies pour résoudre au mieux le problème de sa propre existence en fonction de son milieu, de ses charges familiales ou professionnelles, de ses moyens. Logique raisonnable, capacité d’atteindre, dans le cours des événements, une tranquillité d’âme relative, « égocentrique », qui peut tenir lieu de bonheur.

La femme, souvent, répugne instinctivement à calquer sa vie sur la réalité, et lutte contre les points fixes qui la jalonnent, même si de perpétuelles désillusions meurtrissent son cœur. Illogisme poussé à fond dans la recherche du possible dans l’impossible, souffrance perpétuelle qui parfois diffuse d’étranges mélopées !

Selon les psychologues, il n’y a là ni incohérence, ni manque de raison, mais différence entre la logique abstraite masculine et la logique concrète féminine. L’une repose sur la loi théorique des idées, la seconde sur l’imprévu pratique de l’existence. Ce déséquilibre apparent est permis par la Providence pour rétablir sur un autre plan la stabilité familiale compromise par les événements anormaux dont la vie de chacun de nos foyers est épinglée.

 

La sensibilité : 

L’élan originel de la femme la porte spontanément vers autrui, vers l’homme « pour lequel, dit saint Paul, elle a été créée ». C’est sa tendance, son but.

« Par ce don vital, supérieur à tout don, la femme sait qu’elle vaut surtout par le cœur. Mais, en raison de sa constitution délicate, vibrante, les risques de sa sensibilité sont extrêmes, et c’est parce qu’elle éprouve, pour un rien, ce frémissement intense qui irradie le flux nerveux jusqu’aux ultimes ramifications de son organisme, qu’elle croit « trop » en son cœur1. »

La grande illusion des jeunes filles et des femmes est de tenir pour raisonnable cette passion de sentir à fond, cette erreur qui les livre cœur et âme à la faculté « d’éprouver », de faire du sentiment à tout propos, de confondre l’épanouissement du cœur avec ce culte exagéré de la sensibilité : sensualisme des émotions qui détourne peu à peu du véritable amour ! La maîtrise de ce sentiment est difficile, mais nécessaire, bien avant la puberté (surveillance des lectures, musiques, amitiés, travail de la volonté, etc). L’aiguillage de ce sentimentalisme requiert une force en dehors de sa nature (la raison), et comme base d’élan un idéal supérieur à celle-ci (la foi) : deux ailes capables de stabiliser en plein vol l’amour féminin. Ce déséquilibre apparent justifie son besoin de dévouement, de protection, de direction. Se dévouer, c’est-à-dire entourer l’élu, qu’il soit le mari ou l’enfant, de toutes les délicatesses de l’amour, de tout l’appui d’une tendresse indéfectible.

 

L’amour propre :

Chez l’homme, l’amour propre est souvent basé sur l’intérêt, il s’appelle ambition et vise le profit (puissance ou fortune). La femme dédaigne, en général, les privilèges qui ne visent que la domination, les honneurs, l’autorité ; elle désire être première dans l’estime des autres pour augmenter leur affection à son endroit. C’est la logique de sa dépendance passionnelle pour autrui : le jugement des autres prévaut sur la réalité. Cela se remarque dès l’enfance des petites filles, très facilement portées à « être sages » quand il s’agit de mériter un éloge. Ce travers, s’il n’est pas combattu par l’éducation et la grâce divine, est un frein moral puissant et source de graves défauts : se vanter à tout propos, se mettre en lumière, dénigrer le prochain, avoir recours au mensonge…

Le remède à cet amour propre est d’abord dans la formation familiale sérieuse des filles, qui les habitue à raisonner, et surtout dans l’éducation chrétienne qui leur fait rechercher la cause de leurs fautes. Il appartient aux hommes de ne pas se laisser prendre par la critique ou la médisance féminine. Leur silence éloquent arrêtera comme par magie les critiques. Qu’ils en usent sans crainte, et n’exploitent jamais la vanité des jeunes filles ou femmes avec lesquelles ils se trouvent.

 

L’expansion :

Dans un jardin public où sont groupés des bébés qui essayent leurs premiers pas ou premiers mots, il est facile de distinguer les fillettes des garçons, aux avances, aux gazouillis, aux caresses prodiguées par celles-là à ceux-ci, lesquels en demeurent comme étonnés et gênés ! Toute jeune, la petite fille manifeste ce besoin d’extériorisation. Quand les unes et les autres ont grandi, les petites sœurs racontent beaucoup plus volontiers que leurs frères les menus incidents. S’il s’agit d’écrire en famille, entre amies, les fillettes le font spontanément avec satisfaction, tandis que les garçons considèrent l’exercice comme un supplice. Ils n’ont rien à dire parce que chez eux le besoin d’expansion n’existe pas. Le raisonnement, aptitude originelle développée dans le cerveau masculin, apporte avec lui une certitude qui n’exige pas de contrôle ; l’intuition, l’émotion, instinctives à la femme, demeurent essentiellement vagues, il leur faut la communion intellectuelle avec d’autres êtres vivants. C’est l’abus de ce besoin qui est cause du bavardage excessif des jeunes filles et des femmes. Les écolières parlent entre elles en reproduisant, en se racontant les unes aux autres, les manières d’agir de leurs mères ou de leurs professeurs. Alors que les garçons jouent rarement aux jeux d’imitation, et ne convoitent des camarades que pour dépenser leurs forces musculaires ou partager des récréations mouvementées.

Le jeune homme, comme la jeune fille doivent se souvenir qu’ils sont des êtres complémentaires, convaincus que si le fond entre les deux sexes est commun, il y a entre eux, du fait de leurs caractéristiques et de leurs fonctions physiques, des différences morales considérables. Il a des déficiences qu’elle doit compenser, comme elle a des faiblesses qui appellent le soutien de l’homme. Il leur faut se connaître tels qu’ils sont, non pas pour se mépriser, se comparer, mais pour se comprendre, et en se comprenant s’attacher l’un à l’autre, être une aide réciproque et vraiment aimer.        

 

Sophie de Lédinghen

 

1 Marie-Madeleine Defrance, Psychologie des filles pour l’instruction des garçons.