L’homme, un « self-made man » ?

Le petit garçon fit glisser les pages de son missel entre ses doigts. Pendant le chant du graduel et de l’alléluia, il avait toutes les peines de monde à empêcher son esprit de vagabonder. Avec ses images, ses signets de couleur, ses douces pages qui défilaient avec un bruit feutré, noircies de noms de saints, de miracles de Jésus et de textes étranges et mystérieux, son missel l’aidait à passer le temps.

Soudain, entre deux pages, une image retint son attention. Sur la photo imprimée, le regard de la vieille dame semblait vivant. Le garçon se souvint. Quelques semaines auparavant, il était allé à son enterrement. La famille élargie, ceux qu’il connaissait comme ceux qu’il n’avait jamais vus, beaucoup de monde était venu prier pour elle, pour qu’elle aille au Ciel très vite. Avec toutes ces prières, elle devait forcément y être ! Le garçon se tourna vers son père et chuchota : « Papa, est-ce que Bonne-Maman va être canonisée ? »

 

L’homme ne surgit pas de nulle part. Il n’est pas un concept désincarné ou un être issu d’une génération spontanée sans racine. Il n’est pas plus un « self-made man » comme disent les Anglais. Bien prétentieux en effet celui qui affirme s’être construit tout seul. Non, nous sommes d’abord la somme de nos héritages, sur lesquels nous bâtissons le petit édifice de notre vie. Dieu a voulu instituer la famille, seule construction naturelle qu’Il fonda lui-même à la Création. De nos parents nous tirons les atavismes qui nous grandissent ou qui nous diminuent, les traits de caractère qui nous façonnent. Mais nous recevons surtout de nombreuses grâces que Dieu a voulu nous donner. Pour l’immense majorité des Chrétiens, la foi nous vient de nos parents, eux-mêmes la tenant de leurs parents. Et ainsi de suite, jusqu’aux lointains aïeux qui un jour se convertirent, peut-être sous la prédication d’un prêtre du siècle dernier, ou plus loin, d’un saint Dominique, d’un saint Martin, d’une sainte Marie-Madeleine ou même de l’un des Douze Apôtres ? Pensons-nous à ces aïeux d’hier, qui d’une certaine manière, nous ouvrent les portes du Ciel aujourd’hui ?

La noble histoire des hommes est celle de ceux qui œuvrent pour le Salut. Nous-mêmes, nous nous inscrivons parmi les générations qui nous ont précédés et qui ont embrassé le baptême. Avec cette grâce insigne qu’ils nous lèguent, nous héritons de nos ancêtres le devoir de demeurer fidèles. La civilisation, comme le Salut, sont le fruit de la fidélité d’une génération envers celle qui la précède. Sur les fondations héritées, les vivants d’un temps apposent leur pierre. Au sein d’une même famille, peu à peu, les membres doivent s’élever, dépasser même leurs prédécesseurs, non parce qu’ils sont meilleurs, mais parce qu’ils ajoutent leur vertu à celle de leurs anciens de même que chaque année ajoute un cerne sur le tronc du chêne, le rendant, au fil du temps, plus fort et majestueux. La fidélité est le cœur de l’esprit de la famille chrétienne. Elle est fruit de l’humilité, de la reconnaissance et de la force. Humilité, car nous ne sommes que des nains sur les épaules d’un géant. Reconnaissance, car sans nos anciens, nous serions des païens ou des barbares. Force, car maintenir à notre époque demande de savoir rester debout quand le monde entier se vautre.

 

L’esprit de famille est éminemment chrétien. Jésus est venu sur terre dans le cadre d’une famille. Toute une généalogie le précède et clame son sang royal. Il a endossé l’héritage maudit des hommes pécheurs et l’a racheté pour nous léguer l’héritage salvateur des Enfants de Dieu. Qu’est-ce que la Foi, si ce n’est la fidélité à l’héritage reçu du Christ ? Qui peut se prétendre  catholique et ne jamais prier pour les morts de sa famille ?

 

Alors comment pouvons-nous continuer la chaîne familiale, qui parfois remonte à travers des siècles entiers ? Comment enraciner nos enfants dans cet esprit salvateur, comment demeurer fidèles ?

En gardant la mémoire des morts. Ces morts dont certains sont déjà peut-être plus vivants que nous dans le sein de Dieu. La longue cohorte des ombres qui peuplent notre histoire familiale doit peupler aussi notre vie, de manière simple et naturelle. Leur présence nous rappelle que nous aussi un jour nous nous présenterons devant Dieu, avec nos bonnes actions et nos péchés. Comme eux, Dieu nous jugera. Comme nous, ils ont été vivants, un maillon dans une chaîne de transmission de la Foi. Au jugement dernier, nous serons jugés sur les conséquences de nos actes à travers les siècles, sur nos enfants et les enfants de nos enfants, tout au long des générations qui se succèdent.

Appuyons-nous sur la vie de nos anciens qui regorge d’exemples et nous édifie. Ainsi, tel grand-père qui fit le choix de la Tradition en 1970 et demeura fidèle, quitte à sacrifier une situation professionnelle, une réputation ou des amitiés précieuses. Ainsi, telle grand-mère qui se dévoua corps et âme pour enseigner le catéchisme et la doctrine à ses enfants, sacrifiant des années de sa vie. Tel autre qui fit des heures de route pour avoir la bonne messe à des kilomètres, tel autre encore qui se dévoua des années durant aux conférences saint-Vincent-de-Paul ou tout autre œuvre de charité. Demeurer fidèle… Toujours !

Enfin, la mémoire des morts nous fera prier pour tous les anciens de notre famille, qui nous précèdent dans l’éternité. Prions pour qu’ils aillent au Ciel, le plus rapidement possible. Prières et chapelets, jeûnes et messes, nous leur devons tant ! Cette douce habitude soulagera les souffrances de nos ancêtres et nous aidera à demeurer fidèles, pour le Salut de nos enfants, ceux des enfants de nos enfants, sur des siècles durant et pour la gloire de Dieu.

« Non, Bonne-Maman ne sera pas canonisée, mais elle te voit et souhaite ardemment que tu pries pour elle. Veux-tu offrir ta communion d’aujourd’hui pour elle ? »  « Oh oui, papa, pour qu’elle aille au Ciel tout de suite.»

Pour nos aïeux, gloire à Dieu au plus haut des Cieux !

 

 Louis d’Henriques

 

Quam dilecta (psaume 83)

Notre citation pour novembre et décembre :  

Le jour puisse Yahweh envoyer sa grâce, et pendant la nuit,

 je chanterai un cantique de louange au Dieu de ma vie.

Psaume 42, livre deuxième

 

Quam dilecta (psaume 83)

 

Henry du Mont est enfant de chœur puis organiste à la basilique Notre-Dame de Maastrich. Il s’installe à Paris en 1638 et devient organiste de Saint-Paul du Marais. Il sera ensuite organiste de la reine Marie-Thérèse et sous-maître de chapelle de Louis XIV. Son œuvre est essentiellement religieuse.

Le Motet proposé est composé sur le psaume 83, pour deux voix et instruments avec basse continue. Il fut publié en 1652 dans les « Cantica Sacra » alors que du Mont atteignait la célébrité.

Quam dilecta tabernacula tua, Domine virtutum.

Que tes demeures sont aimables, Seigneur des armées

Concupiscit et defecit anima mea in atria Domini.

Mon âme soupire et languit pour les parvis du Seigneur

Cor meum et caro mea exultaverunt in Deum vivum.

Mon coeur et ma chair se sont réjouis du Dieu vivant.

Etenim passer invenit sibi  domum

Même le passereau trouve sa maison

Et turtur nidum sibi ubi ponat pullos suos

Et l’hirondelle un nid pour déposer ses petits

Altaria tua, Domine virtutum

près de tes autels, Dieu des Armées.

Rex meus et Deus meus

Mon Roi et mon Dieu

Beati qui habitant in domo tua Domine

Heureux ceux qui habitent ta maison, Seigneur

In saecula saeculorum laudabunt te.

Ils te loueront dans les siècles des siècles.

http://Quam dilecta • Henri Dumont, La Reverencia, Andrés Alberto Gómez, Perrine Devillers, Dagmar Šašková (spotify.com)

 

Bavoir

Chères couturières,

Joignez l’utile à l’agréable ! Réalisez ce joli bavoir doublé en tissu éponge pour votre bébé qui perce ses dents et mouille régulièrement son petit haut, ou pour faire un joli cadeau de naissance très simple à réaliser et bien efficace.

Nous vous souhaitons une bonne couture !

Atelier couture

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L’amour-propre

Ma chère Bertille,

 Je pense que tu dois particulièrement apprécier le thème de ce numéro, toi qui es tellement attachée à ta famille et je suis contente de pouvoir approfondir avec toi tout ce qu’il représente.

Je voudrais en profiter pour te faire découvrir le plus grand ennemi de l’entente familiale. Tu crois peut-être le connaître ? Sans doute penses-tu que je vais te parler des méfaits de la langue ? Eh bien, non ! Car pour ma part, je pense plutôt à celui qui est à la racine de tout : l’amour-propre !

N’est-ce pas lui le véritable responsable d’un mot un peu aigre, d’une réflexion désagréable, de rancunes tenaces et de toutes ces petites ou grandes rancœurs qui empoisonnent l’esprit de famille…? N’est-ce pas lui qui nous chante à l’oreille qu’il faut que chacun nous reconnaisse comme « le meilleur », celui qui « a toujours raison », celui qui « sait toujours bien s’y prendre », et qui nous inspire sans cesse des mots ou des pensées (car même les pensées sont coupables) contre la charité ? Il nous rend délicats, ombrageux, soupçonneux, rigides et excessifs sur nos droits, aisés à offenser ; il entretient dans nos cœurs une certaine malignité, une joie secrète des petites mortifications qui arrivent au prochain…

Et pourtant… Ceux qui nous regardent ne devraient-ils pas pouvoir s’exclamer : « Voyez comme ils s’aiment » ?

Ne récitons-nous pas soir et matin la prière du Pater : « pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons… » ? Pourquoi alors garder dans notre cœur toutes ces rancunes contre l’un ou l’autre ?

Ne disons-nous pas avec conviction : « Que votre volonté soit faite » ? Pourquoi croyons-nous alors que les autres doivent nous être reconnaissants puisque tout vient de Dieu et de Dieu seul ?

Ne communions-nous pas chaque dimanche ? Pourquoi alors déchirons-nous ensuite à belles dents la réputation de notre prochain ?

N’égrenons-nous pas avec régularité les grains de notre chapelet pour tous ceux qui sont dans l’épreuve ? Pourquoi alors dans le secret de notre cœur avons-nous eu cette petite joie du malheur qui arrive aux autres ?

 

Prenons quelques instants pour examiner si vraiment nous avons « l’esprit chrétien » selon les paroles de l’Evangile. Osons marcher vers la vérité lumineuse et écoutons Celui qui a dit :

– « Je veux la miséricorde, et non le sacrifice1 » et regardons alors avec amour celui à qui nous faisons l’aumône d’un sourire ou d’une aide.

– « Aimez vos ennemis2 » et recommençons tous les « Notre Père » que nous avons dis alors que nous avions de l’amertume dans le cœur.

– « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés3 », et prions pour celui qui erre plutôt que de l’enfoncer davantage.

– « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous, et le serviteur de tous4.» Oublions nos susceptibilités mesquines et notre besoin instinctif de briller en restant à notre place avec le sourire.

– « Nul ne peut servir deux maîtres5 » et demandons-nous si nous n’essayons pas constamment de faire des compromis dangereux pour notre âme tout en maintenant une apparence un peu pharisienne…

– « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce lui-même, qu’il porte sa croix chaque jour, et me suive6 » et humblement examinons si vraiment nous suivons le Christ honnêtement et non pas de façon hypocrite, car accomplir la loi est nécessaire mais n’est pas suffisant. On n’est pas chrétien parce que l’on pratique. On pratique parce que l’on est chrétien. Dieu nous veut tout entiers ; Il va jusqu’au plus profond de l’homme ; non pas seulement dans ses apparences ou ses actes, mais aussi au fond de son cœur et de sa conscience.

Notre christianisme doit être la source d’inspiration vivante de chacun de nos actes ou de nos pensées. Alors seulement nous aurons vraiment compris le message du Christ qui est venu sur terre pour nous dire : « Mes enfants, aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ! »

Voilà ma chère Bertille, ce que je voulais partager avec toi aujourd’hui afin de te faire découvrir le grand ennemi de l’esprit de famille, – au sens large aussi car ne sommes-nous pas tous frères ?

 Je te souhaite déjà une très belle fête de Noël, grande fête de famille s’il en est, où la paix règnera là où l’esprit chrétien sera.

Avec toute mon affection,

Anne

 

1 Saint Matthieu, 12-7

2 Saint Matthieu, 5-44

3 Saint Matthieu, 7-1

4 Saint Marc, 9-34

5 Saint Matthieu, 6-24

6 Saint Luc, 9-23

 

 

Maison de famille

Depuis la plus haute Antiquité, la notion de famille s’est ancrée dans un territoire, qui limitait l’influence de la familia romaine, du clan mérovingien ou de la demeure médiévale. Mais cette famille avait souvent un sens beaucoup plus large que le nôtre car elle regroupait les familiers, les domestiques, les paysans ou les ouvriers, tous ceux qui fréquentaient la maisonnée et la zone géographique sous son influence.

Il ne nous reste pas grand-chose de cette interaction avec une terre, un village, ou une région. L’appartenance à une famille se limite à nos proches, et nombreux sont les jeunes qui connaissent à peine leurs grands-parents, ou les frères et sœurs de leurs parents. C’est une notion très moderne qui va de pair avec la dislocation de la cellule familiale, qui n’est plus le noyau dur de la société contemporaine, le solide fondement de l’ordre chrétien. Cela crée des individus sans base, sans racine, exportables dans n’importe quel pays, sans fidélité ou attachement à la terre de leurs ancêtres, sans atome crochu avec ceux de leur sang.

Pour lutter contre cette tendance lourde de conséquences, il est nécessaire de « revenir à la terre », d’avoir un lieu d’ancrage quelque part en province, de stabiliser les siens autour d’un lieu où ils puissent venir se retrouver, se ressourcer, se reposer, reprendre leur souffle, être chez eux. C’est la raison d’être de la « Maison de Famille », qui est le lieu où l’on maintient l’esprit de famille, où l’on s’entraide, où l’on sait que toutes les générations trouveront leur réconfort, où l’on cultive la confiance et la générosité.

Rares sont encore les maisons de famille qui subsistent à travers les siècles et restent dans la même lignée au fil du temps, mais elles sont souvent le témoignage matériel de la pérennité de cette institution et de la grâce divine du mariage, de la force du clan familial chrétien qui a perduré tout au long de ces générations.

 

Qu’il est bon d’habiter ensemble !

Il y a des familles rayonnantes d’une joie vraie, unies en toutes circonstances, fortes d’un esprit commun, d’une touchante solidarité, et cela se voit au premier coup d’œil ! Est-ce donc possible ? Bien sûr que cela est possible, même si toute œuvre humaine n’est jamais parfaite, il suffit de le vouloir, de le décider et d’en prendre les moyens.

 

Vouloir un foyer chrétien uni 

Pour créer, maintenir ou renforcer l’unité familiale, il est tout d’abord nécessaire de croire que cette unité est possible, et se dire qu’elle ne pourra se faire sans notre volonté. Unis par les liens du sang, les membres d’une même famille sont également unis par l’union de vie surnaturelle : union de la grâce, de la foi, de la charité. « La grâce ne détruit pas la nature mais la perfectionne.» « La charité maintient les affections naturelles dans l’ordre en même temps qu’elle les élève, qu’elle les purifie, qu’elle les ennoblit et, en un mot, les surnaturalise1.» La charité entraîne ainsi l’homme à aimer toujours davantage les membres de sa famille pour leurs biens supérieurs que sont la vie éternelle, la grâce, les vertus. Toute la famille doit donc être également unie par le désir de progresser spirituellement.

 

Ce qui unit 

La prière : « Si la famille prie, elle vit, si elle prie unie elle vit unie.» (Pie XII) On ne recommandera jamais assez de dire la prière en famille. L’enfant qui aura vu son père, sa mère à genoux reproduira naturellement ce geste tout au long de sa vie. Prière du matin, du soir, examen de conscience, chapelet ainsi qu’une éducation spirituelle régulière donneront le sens de la présence habituelle de Dieu dans la petite âme. Le dimanche, toute la famille assistera regroupée à la messe, comme une petite Église domestique qu’elle est. On est plus fort lorsque l’on est ensemble, on prie mieux et on se tient bien en voyant Papa et Maman à côté.

 

– L’ambiance : si les parents sont eux-mêmes bien unis, se témoignant délicatement leur affection mutuelle, cela engendrera un climat de paix, de sérénité qui aura beaucoup de retentissement sur le climat général de la famille. Les enfants reproduiront entre eux, et envers leurs parents, des gestes affectueux ; se parleront comme ils entendent leurs parents se parler (ou leur parler) ; seront joyeux si l’ambiance y entraîne et qu’ils ont le cœur léger. Et s’il arrive que les parents aient besoin de s’expliquer, qu’ils le fassent sans éclats, et en dehors des enfants. Ou si encore un mouvement d’impatience ou un mot vif venait à fuser, que les parents s’en demandent pardon aussitôt.

 

L’atmosphère de la maison doit être joyeuse et chaleureuse. La joie n’est pas le plaisir, la facilité. Non, la joie chrétienne n’amollit pas, ne décourage pas, au contraire elle ranime l’énergie dont elle est le reflet, et s’accroît elle-même par le combat. La joie qu’il faut établir en famille est donc la joie de l’effort, la joie de la victoire, la joie du sacrifice. Ce sourire dans la générosité qui plaît tant à Dieu ! « La seule manière qui soit vraie, utile, chrétienne, de regarder cette terre de péché, c’est celle du vainqueur ; il faut racheter le monde avec joie2. »

 

– Tout ce qui ne se dit pas mais qui se vit comme une évidence : le respect de soi et celui des autres. La valeur morale des gestes comme celle du langage porteront l’enfant au respect ou à la grossièreté, à la délicatesse ou à la brutalité. Si le père de famille se laisse aller à des vulgarités, comme jurer au volant de sa voiture, inévitablement les jeunes enfants répèteront très spontanément ce qu’ils auront entendu ! Les parents veilleront sur leur propre langage, et ne se laisseront pas aller à des paroles ou à des expressions qui témoigneraient qu’ils ont perdu le contrôle d’eux-mêmes. Ils auront une autorité juste, ne critiqueront pas leur prochain, resteront bienveillants et sans rancune, pardonnant toujours même s’ils ont été péniblement offensés. À ce sujet, il y a des « affaires de grandes personnes » qui ne concernent en rien les enfants et que les parents doivent garder pour eux. Cela ramène plus vite une paix de l’esprit, puis le pardon, plutôt que de troubler toute la famille. « Toute vérité n’est pas toujours bonne à dire ! »

 

– Le règlement familial : « La liturgie de l’Église se compose d’un très riche ensemble de rites, réguliers et obligatoires. Elle compte sur la puissance de ces rites pour nous inspirer le respect et l’amour que nous devons avoir pour Dieu3.» Si donc on veut développer dans l’âme des enfants de bonnes habitudes tout empruntes de sentiments chrétiens, il faut qu’il y ait des règles, pour ainsi dire des « rites chrétiens » de la vie de famille, bien définis, et respectés par tous. Ces rites, pour être efficaces, seront stables et communs à tous les membres, car la famille a besoin d’homogénéité pour conserver la force de sa vitalité et de son caractère, pour calmer l’agitation de la vie et faire régner la paix. En rentrant chez soi, on les y trouvera et l’on se ressourcera. « La règle n’est pas un obstacle pour l’enfance. Elle est un besoin, elle est une nécessité4. »

 

Commençons par bannir les caprices, les plaintes, le mensonge, les gros mots, les portes qui claquent, au profit de la franchise, la bonne humeur, la confiance mutuelle, l’esprit de service… Ensuite, ne nous critiquons jamais entre nous. Protégeons notre intimité familiale en « réglant nos affaires » entre nous, et toujours chrétiennement ! Pensons surtout à voir notre prochain avec le regard de la foi plutôt que celui de la passion, en nous efforçant de bien vite pardonner, et du fond de notre cœur.

 

Les horaires et la régularité dans le rythme quotidien ou hebdomadaire sont un socle pour la fidélité aux petites, puis aux grandes choses.

Le milieu familial doit aussi avoir la « splendeur de l’ordre » (saint Augustin). Le désordre matériel entraîne en effet l’esprit à ne pas plus s’étonner du désordre des idées et de la conduite que du désordre de sa chambre. Le mot « désordre » lui-même est devenu synonyme de « dérèglement des mœurs ». Il faut donc exiger que, dans leur petit domaine, les enfants rangent eux-mêmes le fatras de livres, de jeux et de vêtements qui traînent dans leur chambre. Si l’on a eu cette exigence pour eux et que le reste de la maison est habituellement propre et ordonné, les petits s’imprègneront naturellement de ce goût de l’ordre et acquerront une qualité éminente : la maîtrise de soi.

Il est nécessaire que tous se sentent bien en famille. C’est à chacun d’y mettre du sien, d’y contribuer en une fusion des pensées, des sentiments et des vertus comme les flammes entremêlées d’un même feu consumant l’égoïsme, l’individualisme, les recherches de soi… Toutes ces duretés étouffent un véritable esprit de famille. C’est de tout cela que dépend le bonheur d’un foyer où il fait bon se retrouver le soir, et « habiter ensemble ».

 

   Sophie de Lédinghen 

 

Les oligo-éléments

Les oligo-éléments sont des éléments contenus dans un sel minéral. Ils sont nécessaires à la vie de l’organisme mais en quantité très faible. On distingue les oligo-éléments essentiels dont la carence est dangereuse pour l’organisme, mais dont l’excès peut aussi provoquer des troubles et les oligo-éléments qui ne sont pas essentiels.

Cette étude sera donc une simple présentation des oligo-éléments et nous verrons par la suite dans quelles maladies il sera possible de les utiliser.

OLIGO ELEMENTS ESSENTIELS :

– Le Chrome :  il est présent dans les céréales complètes et les œufs. Il participe à la fabrication de l’insuline, hormone hypoglycémiante fabriquée par le pancréas ; il a donc sa place dans le traitement du diabète et les cures d’amaigrissement.

– Le Fer : retrouvé dans les viandes rouges et les légumes secs, il est très important pour l’organisme, avec son rôle dans l’oxygénation du sang, le maintien des fonctions cognitives, le système immunitaire.

– Le Fluor : présent dans les aliments comme le thé, les poissons, le sel, il participe à la protection de l’émail dentaire donc il est essentiel pour prévenir les caries.

L’iode : sa présence dans le milieu marin permet de le retrouver dans les fruits de mer, les algues, le sel iodé. Il intervient dans la fabrication des hormones thyroïdiennes.

– Le Cobalt : il se retrouve dans les fruits, les légumes, les viandes, les poissons. Il a un intérêt pour le traitement de l’anémie des femmes enceintes.

– Le Cuivre : l’oligo-élément cuivre est présent dans divers aliments tels que les légumineuses et les oléagineux. Il est notamment indiqué en tant qu’antioxydant, et contre les états infectieux et rhumatismaux.

– Le Manganèse : on retrouve le manganèse dans les céréales complètes et de nombreux végétaux dont les bananes. Il participe à la protection des os et à la production d’insuline. Il est notamment utilisé pour lutter contre la fatigue. Dans l’alimentation du sport, le manganèse bloque les radicaux libres et réduit ainsi les inflammations tissulaires.

– Le Molybdène : disponible dans les oléagineux et les légumineuses, le molybdène est utilisé pour la production des protéines. Il est généralement présent dans des cures permettant de traiter des pathologies touchant les reins ou le métabolisme.

– Le Nickel : oligo-élément que l’on retrouve notamment dans le soja, le chocolat et les oléagineux. Il sert principalement à l’assimilation et au métabolisme du fer par l’organisme.

Le Sélénium : vous le trouvez dans les produits de la mer et dans les œufs. Le sélénium a un rôle antioxydant, immunitaire et anti-inflammatoire. Une cure de sélénium est aussi pratiquée par les sportifs contre la fatigue musculaire.

Le Vanadium : les produits de la mer, les viandes, les champignons et les produits laitiers sont des aliments contenant du vanadium. Il régule certaines enzymes de l’organisme, favorise la minéralisation des os et des dents, lutte contre le mauvais cholestérol.

Le Zinc : présent dans les huîtres, les viandes, les céréales complètes et les légumes secs. On le retrouve souvent dans les cures pour la peau et les cheveux. Il fait également partie des aliments antioxydants. Dans l’alimentation du sport, la cure de zinc renforce les articulations et les ligaments.

– L’Étain : les fruits en conserve sont parmi les aliments les plus riches en étain. Il semble jouer un rôle antioxydant.

OLIGO-ÉLÉMENTS NON-ESSENTIELS :

Les oligo-éléments non-essentiels ne sont pas considérés comme indispensables dans le sens où leur carence n’entraîne aucun effet négatif sur l’organisme. En revanche, il ne faut pas les consommer de manière excessive.

Aluminium : Il est surtout employé pour favoriser le mélange et l’absorption des autres oligo-éléments. Il peut également être recommandé contre l’insomnie et l’anxiété.

Arsenic : présent dans le riz et les légumes, l’arsenic contribue à la croissance et à la reproduction. Toutefois, il présente un fort taux de toxicité lorsqu’il est ingéré en trop grande quantité.

Baryum : le baryum est surtout présent dans l’eau de source naturelle ayant été en contact avec des roches. Il s’agit d’un oligo-élément non essentiel qui peut se révéler toxique en trop grande quantité.

– Brome : présent dans les céréales, la viande et les champignons, le brome a un effet sédatif, mails il peut déclencher des réactions cutanées.

– Silicium : oligo-élément que l’on trouve notamment dans les céréales complètes, le silicium est utile à la synthèse du collagène, de l’élastine et de l’acide hyaluronique. Il est utilisé pour des cures permettant de renforcer les os et les cartilages et pour diminuer les rides.

– Argent : l’argent sous forme d’oligo-élément est utilisé comme cure antibactérienne et contre les différentes infections.

– Titane : non essentiel, le titane ne semble pas présenter de vertus particulières pour notre organisme.

– Plomb : en tant que métal lourd, le plomb est à éviter, car il présente une forte toxicité pour notre organisme.

– Cadmium : il s’agit également d’un métal lourd plutôt nocif pour notre santé.

– Mercure : le mercure est l’un des métaux lourds qui se révèle toxique pour notre organisme. Toutefois, on le trouve sous forme d’oligo-élément colloïdal utilisé dans certains traitements antiseptiques pour la peau et dans certains traitements contre l’infection génito-urinaire.

Après cette introduction, nous présenterons par la suite des cas concrets de maladies où les oligo éléments peuvent être utilisés en complément de traitements allopathiques ou bien seuls en modification du terrain.

 

Dr Rémy

 

Ar Baradoz      Le Paradis

En ce temps de la Toussaint, voici un cantique bien connu des bretons, « Ar Baradoz », chanté lors des enterrements, particulièrement émouvant et solennel. Il comporte vingt-neuf couplets, ce qui ne nous permet pas de le transcrire intégralement.

Vous en trouverez donc quelques-uns, emblématiques des vertus de Foi, d’Espérance et de Charité qui imprègnent les paroles.  A méditer pour nous aider dans notre marche vers le Ciel.

  1. Jezuz ! Pegen bras eo
    Plijadur an eneoù,
    Pa’z int dirak Doue, (bis)
    Hag en e garantez (bis)

Jésus ! combien est grand

Le bonheur des âmes,

Quand elles sont devant Dieu,

Et dans son amour !

 

  1. Berr gavan an amzer,
    Hag ar poanioù dister,
    O soñjal deiz ha noz,
    E gloar ar baradoz.

Je trouve le temps court,

Et légères les peines,

En songeant nuit et jour

A la gloire du Paradis.

 

  1. Pa sellan en neñvoù,
    Hag etrezek va bro,
    Nijal di a garfen,
    Evel ur goulmig wenn.

Quand je lève les yeux vers le ciel,

Vers le ciel ma patrie,

Je voudrais y voler

Comme une petite colombe blanche.

 

  1. Pa vo pred ar marv,

Neu e me gimiado

Ouzh ar c’hig ankenius,

Enebour da Jezuz.

Quand viendra l’heure de la mort,

Alors je quitterai

Cette chair douloureuse,

L’ennemie de Jésus.

(non compris dans l’extrait spotify) :

 5 Gant joa e c’horto’an

An tremen diwezhañ ;
Hast am eus da welet

Jezuz, va gwir bried.

J’attends avec joie
Le dernier passage,
J’ai hâte de voir Jésus,

Mon véritable époux.

http://Kantig ar baradoz – Version longue • Yann-Fañch Kemener, Florence Rousseau, Aldo Ripoche (spotify.com)

 

 

La famille

« C’est une œuvre formidable que de refaire tout un monde depuis ses fondations ; mais si l’on veut affronter cette entreprise avec des chances de succès, il est certain que le premier élément organique qui devra être fortifié sera toujours la famille, appelée constamment « la cellule fondamentale de la société ». Tout le corps sera ce qu’elle est ; et ils démontrent qu’ils l’ont bien compris ceux qui l’assaillent de tous côtés1. » En quelques années, on constate que même le vocabulaire a dû être modifié : on entend parler de « familles monoparentales, décomposées, recomposées, homoparentales », et autres mots barbares ou néologismes… Les expressions toutes simples et bien connues telles que : réunion de famille, maison de famille, fonder une famille prennent un petit air « vintage » qui font sourire certains mais qui irritent ceux qui sont convaincus qu’avoir trop d’enfants est nuisible pour la planète…

Faut-il croire que les heures de gloire de la famille sont définitivement dépassées ?

« La famille ne peut être abolie, écrivait Trotsky2, il faut la remplacer. »

La technique n’est pas nouvelle : sous apparence de bien, on nous présente des lois funestes mais qui, grâce à des évènements bien orchestrés, conquièrent les ignorants et les faibles par des arguments doucereux et font croire encore que c’est pour leur bien que l’Etat prend en charge nos enfants… N’y a-t-il pas des enfants maltraités, enlevés, à qui l’on n’apprend rien, enchaînés même ? Et grâce à des faits horribles mais rarissimes, nous allons nous soumettre à des techniques d’asservissement qui n’auront rien à envier au monde communiste du début du XXe siècle…

« La famille était jadis un temple, un Etat, un atelier. Elle a cessé de l’être. Elle est encore un hôtel mais elle perdra à son tour ce caractère. La famille n’est plus une école, à peine une nursery », écrivait-on déjà dans le Revue du Ministère français de l’Education Nationale en Octobre 1964. Mais nous y voilà ! Elle n’est plus maintenant qu’une nursery puisqu’on lui enlève ses enfants dès l’âge de 3 ans ! Le président Emmanuel Macron a même annoncé le 26 juin 2023 l’ouverture de l’école maternelle aux enfants de 2 ans dans les quartiers prioritaires, à partir de 2027. Que ce soit dans le domaine de la médecine où l’on a perdu l’habitude de demander aux parents ce qu’ils souhaitent pour leurs enfants, ou dans celui de la sexualité où l’on fait croire aux parents qu’ils n’ont pas les compétences pour savoir si leur enfant est un garçon ou une fille, tout laisse penser que ce monde est devenu fou. Et n’entend-on pas parler de projets toujours plus inquiétants ?

Et la famille dans tout cela ?

On le sait, seule la famille peut donner les racines de toutes les éducations : éducation de la responsabilité, de la justice, du respect, de la piété, de l’intelligence et de la volonté, du soutien mutuel, de la gratuité, le sens du passé, le souci du présent, la prévoyance de l’avenir, le sens du sacré, l’éducation du sacrifice, de la soumission à la Providence : tous ces éléments sont directement menacés par l’esprit de la société moderne qui ne cherche que la discontinuité, la primauté de l’intérêt matériel, le refus du passé et de toute hiérarchie morale, l’isolement social, l’instabilité  chronique et surtout la négation de Dieu.

La famille est le seul remède aux maladies du monde moderne parce qu’on y côtoie la vie, le mérite, le travail, l’amour, le pardon, le détachement, la souffrance et la mort et ces réalités resteront toujours les seules maîtresses d’éducation pour ceux qui savent les recevoir.

Mais comment faire en sorte de se mettre en condition pour hériter et transmettre ce qui, de tout temps, a construit la famille ?

Dieu ne nous demande pas l’impossible. Un temps viendra, et nul ne sait ni le jour ni l’heure, où Il manifestera sa puissance. En attendant, Il ne nous demande qu’une seule chose : faire notre devoir d’état, sans nous laisser annihiler par la crainte, sans nous laisser impressionner par le langage des sirènes et sans non plus nous laisser noyer comme la grenouille bien célèbre…

 

III. Pour une famille catholique !

Avant tout il nous faut être des hommes et des femmes instruits, habiles, résolus et tenaces, capables d’agir sans nous laisser décontenancer, sans nous décourager par une fausse impression d’isolement. « Car Dieu se sert de ce qu’il y a de petit et de faible ici-bas pour confondre ce qu’il y a de fort et de sage selon le siècle3. »

 

A) Transmettons une Foi vivante

Pour illustrer cette affirmation, je ne vous citerai que ces deux exemples qui se passent de commentaires, mais qui démontrent les conséquences de deux éducations radicalement différentes : l’une sans foi, la seconde fécondée par l’espérance :

– Un détenu de la prison du Mont-Saint-Michel, condamné aux travaux forcés, entendant sa sentence avec calme, s’écriait : « Je pardonne aux juges, leur sentence est juste. Je pardonne aux gendarmes, ils ont bien fait de m’arrêter. Mais il y a dans cette enceinte un homme à qui je ne pardonne pas ; cet homme, c’est mon père. Il m’a élevé sans religion. A cause de lui, je suis aujourd’hui condamné. »

– Le grenadier Louis Azéma, mort à 20 ans en 1914, avant le dernier assaut, écrivait : « Maman, si je suis tué, ne pleure pas : regarde au ciel. » Ou encore, après 5 jours d’agonie dans une tranchée : « Que Dieu me donne son ciel ! Je vous recommande mes parents ; dites-leur merci de m’avoir élevé chrétiennement…»

B) Aimons d’un amour chrétien et intelligent

L’éducation est une œuvre d’amour. Il ne suffit pas d’avoir une famille, il faut la bien élever, c’est-à-dire, la hisser vers le ciel, le vrai, le bien, le beau, au-dessus des passions naissantes, au-dessus de tous les périls qui nous environnent et nous attirent vers le bas. L’amour chrétien est un amour qui croit, qui agit et qui prie. La prière des parents est la cuirasse d’airain qui protège les enfants et la clef d’or qui leur ouvre le Paradis !

Il ne suffit pas, loin s’en faut, de donner de l’instruction et une situation : l’éducation est une formation profonde qui atteint l’être spirituel de l’enfant jusqu’à le vivifier dans ses racines et jusqu’à l’agrandir et le transfigurer dans ses cimes. L’amour intelligent met l’âme au-dessus du corps, préfère le fond à la forme et place la vertu au-dessus de la science. Cohérence, rectitude et énergie morale en sont les maîtres mots.

 C) Manifestons une autorité qui surveille et qui réprime

Qui aime bien, montre le bon exemple, commande, surveille, réprime, et au besoin châtie bien. Depuis le péché d’Adam et Eve, Satan se déchaîne pour tenter leurs malheureux enfants… Le XXIe siècle, qui met dans la poche et dans la chambre de chacun un outil, porteur des pires tentations, exige des parents fermeté et rigueur pour leurs enfants. La tenue exemplaire qu’ils montreront eux-mêmes à ce sujet sera la meilleure leçon. Lectures, revues, amitiés, relations, mais aussi occupations, jeux, musique, ordinateur et téléphone… : rien ne doit être laissé à l’abandon !

Si les parents abdiquent leur autorité (et si, pire encore, l’un des parents cède en cachette de son époux), s’ils ont pris pour de la bonté de leur part ce qui n’était qu’aveuglement, s’ils ont obéi à leur cœur plus qu’à leur conscience, alors qu’ils relisent la Sainte Ecriture : « Le fils qui n’est pas retenu devient un cheval indompté ; si vous faites un jeu de ses passions, vous grincerez des dents au dernier jour. »

Si nous voulons que la France chrétienne survive, il ne faut pas faiblir sur ces sujets capitaux ! A nous donc d’infuser cette vertu dans l’âme de ceux qui feront la France de demain !             

 D) Gouvernons avec sagesse

Si la famille nécessite une vie spirituelle, morale et religieuse, elle a aussi une vie extérieure, matérielle et sociale. C’est la Sagesse qui y mettra l’ordre. Elle quantifie et domine avec intelligence la part nécessaire au rang social, gère le reste avec prudence et sacrifie ce luxe inutile qui amollit les âmes, prépare une jeunesse impuissante, sans ressort, énervée, sans élan et sans avenir parce qu’il annihile la volonté et la force d’âme.

Le luxe endurcit les âmes car l’homme est prêt à tout lui sacrifier. On voit aujourd’hui pour quelques euros de plus – qui viendront assouvir des désirs dont le sacrifice aurait été vertueux-, de plus en plus de familles céder aux tentations actuelles du double salaire. Au père de famille d’examiner en sa conscience si cela est vraiment nécessaire et si aucune autre solution ne peut être envisagée (travail à domicile de la mère par exemple laissant une certaine souplesse). Mais dès qu’il est possible de sortir de cette situation, empressons-nous d’y mettre fin. Luttons collectivement contre ce moyen mis en place pour détruire la famille. En quittant le foyer familial pour exécuter un travail rémunéré, les mamans ajoutent une fatigue supplémentaire au remord qui les rongera de ne pas avoir été disponibles aux heures où tel enfant aurait eu besoin de vider son cœur, où tel autre nécessitait de trouver une présence à la maison pour éviter de mauvaises occupations, où un époux, las du combat quotidien, aurait eu besoin de réconfort. Epuisée par sa double journée, comment  la mère pourrait-elle trouver le moment de se remplir par un doux cœur à cœur avec Dieu pour répandre ensuite autour d’elle toutes les grâces reçues et la paix acquise ? Comment ne pas voir là – encore une fois sauf dans les situations exceptionnelles – un des moyens fondamentaux mis en place pour détruire la famille ?

La sagesse remet l’accessoire à sa place et revient à l’essentiel. C’est la belle simplicité qui modère et contient le superflu en ne conservant que ce qui est primordial. Il y va du retentissement sur le salut des âmes d’une, voire plusieurs générations, de l’honneur de la société familiale et de l’avenir même de la patrie.

Les inquiets rétorqueront qu’il n’y a rien de plus petit et de plus faible, socialement parlant, que la famille, et que celle-ci est déjà détruite. Qu’ils se détrompent : si l’ardeur dépensée aujourd’hui contre elle est si violente, c’est bien parce qu’elle est encore bien présente tellement ses racines sont profondes dans notre terre de France où tous nos ancêtres reposent ! Qu’y a-t-il de plus naturellement et surnaturellement ordonné au règne de la vérité ici-bas et donc au règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ ? Et n’est-ce pas notre devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir – en premier lieu dans notre foyer – pour restaurer cette cellule, quelles que soient les fureurs du vent de l’Histoire ? La famille n’est-elle pas comme une petite pierre telle que celle dont se servit le tout jeune David ? Pierre toute divine qui suffit à abattre Goliath, le totalitaire ? Alors reprenons-nous, et, sous le regard de Dieu, examinons ce que nous pouvons améliorer pour la plus grande gloire de Dieu et le règne du Christ-Roi !

 

Inspiré du livre de Monseigneur Gibier, Famille

Cultiver l’esprit de famille, c’est faire le bonheur de tous !

Lorsque vous atteindrez 20 ans de mariage, vous serez étonnés d’entendre vos enfants partager des souvenirs familiaux qui les ont marqués…

« Te souviens-tu des dîners de retour de pension ? – Oh oui, maman préparait souvent des harengs fumés dans l’huile ou des crevettes. Nous étions contents de nous retrouver ! » ou plus sérieux :

« Et les parents qui parlaient toujours aux nouveaux à la sortie de la messe ? »  « Et quand ils nous racontaient les histoires des arrière-grands-parents ? »

Ces évènements, insignifiants pour les adultes, marquent l’enfance et l’adolescence. Ils enrichissent cet héritage qui fait chaque famille différente des autres par son ambiance, ses coutumes, son histoire, son esprit. Richesse de la famille, une cellule vivante, qui la rend apte à être utile à la société, et qui forme les adultes et les chrétiens de demain.

Le père, appelé à être le guide éclairé et sage de sa famille, a un rôle essentiel pour développer un bon esprit de famille. Pour cela, il travaillera trois éléments essentiels :

 

L’unité dans la famille, image de la Sainte Trinité

L’ambition suprême de l’esprit de famille est d’être l’image de la vie de la Sainte Trinité : une vie d’amour, pleine de respect mutuel, de dévouement ou de sacrifice pour le bien commun sous le regard de Dieu. Vivre en famille dans l’unité, c’est se préparer au ciel où nous vivrons de la vie même de la Trinité Sainte. Les parents doivent être l’image de Dieu le Père, créateur, bon, vrai, juste et miséricordieux ; les enfants l’image de Dieu le Fils, obéissant, dévoué, aimant. S’ils travaillent avec volonté et persévérance à construire et maintenir l’unité dans leur famille, cet esprit d’unité et d’amour sera à l’image de l’Esprit-Saint, la richesse de leur vie de famille, une inspiration et un puissant soutien en toutes circonstances. L’unité de la famille est donc un bien supérieur qui mérite des efforts pour chasser tout ce qui s’y oppose : discordes, égoïsme, jalousies, susceptibilités, irrespect… Quel lieu agréable qu’une famille en paix où l’on sent le bonheur de se retrouver, l’entraide lorsque l’un des membres est en difficulté, l’admiration des qualités des autres, l’oubli de leurs défauts, sauf lorsqu’on peut aider à les corriger !

Se rattacher à son passé, comme levier pour l’avenir

Mettons notre présent en perspective. Il faut « s’efforcer de se remettre en contact avec une tradition vivante, surtout celle de >>>              >>> l’Eglise. (…) On n’ignorera pas, non plus, les richesses du patrimoine national et local, souvent si attirant, plein de sagesse séculaire1 ». Les leçons du passé sont un remède contre le découragement – que de tribulations ont déjà traversées l’Eglise et la France- un encouragement pour l’avenir, une inspiration pour nos actions de chaque jour.

Relions-nous à cette Histoire, par les bons exemples du passé de nos familles. Certains ont la chance d’avoir des ancêtres ou parents, modèles de Foi catholique et de vertu, de dévouement au bien commun, à l’Eglise ou au pays. Qu’ont-ils fait ? Comment se sont-ils distingués de membres moins honorables ?

D’autres familles ont eu des histoires chaotiques ou éloignées de la Foi… Mais si vous lisez ces lignes, c’est que la Providence de Dieu vous a amené à vouloir mener une vie chrétienne, et à chercher le bien de votre famille. Des personnes extérieures, laïcs ou religieux, ont eu une influence à certains moments décisifs. Vous en êtes aussi les héritiers. Qui étaient-ils ? Des vertus naturelles : droiture, honnêteté, travail, sens de la famille, attention aux autres, patriotisme, fierté… existaient certainement chez certains de vos ancêtres. Lesquels ?

L’exemple, le plus précieux des patrimoines

« Le bon exemple est le plus précieux des patrimoines que vous, chers époux, puissiez donner et léguer à vos enfants. C’est la vision ineffaçable d’un trésor d’œuvres et de faits, de paroles et de conseils, d’actes pieux et de démarches vertueuses, qui restera toujours vivante, imprimée dans leur mémoire et leur esprit, comme un des souvenirs les plus émouvants et les plus chers, qui rappellera et ressuscitera pour eux vos personnes aux heures de doute et d’hésitation entre le bien et le mal, le danger et la victoire. Aux heures troubles, quand le ciel s’assombrira, vous leur réapparaîtrez comme un horizon lumineux qui éclairera et dirigera leur chemin2. »

L’exemple incarne les principes et les vertus et les rend accessibles, compréhensibles, imitables. Il est contagieux, il marque les enfants, et plus largement tous ceux que nous côtoyons. 

Le père a un rôle concret à jouer

Il sera déterminant pour mettre en place quelques éléments clés indispensables à un bon esprit de famille. Tout d’abord, il sera le garant de la paix et de l’ordre dans la famille par le respect des lois de Dieu et la bonne organisation de la vie de la maison. Il devra encourager et aider son épouse pour cela, et prendre sa part selon les besoins et ses compétences. A ce titre, il devra aussi lutter contre les vices qui menacent l’unité. Il interviendra pour séparer rapidement les enfants qui se bagarrent, calmer les disputes, et ne tolèrera pas les paroles blessantes ou irrespectueuses entre membres de la famille. Il surveillera le maintien de la pureté et combattra le mensonge. Il apprendra à demander pardon, à pardonner et à faire le premier pas pour apaiser les tensions éventuelles.

Il cherchera à être un exemple par sa vie spirituelle, son amour pour son épouse et sa famille, son expérience et ses connaissances, ses vertus. Malgré ses imperfections, il sait qu’il peut compter sur la grâce de Dieu donnée par le sacrement de mariage.

Qu’il se forme en permanence pour développer ses talents d’éducateur, s’enrichir de l’Histoire, trouver des bons exemples dans sa famille et les partager. Qu’il recherche ce qui élève : la Foi et les œuvres, l’honneur ou la fidélité, la conscience professionnelle, le don de soi et la charité…

Enfin, le père aura souvent un rôle essentiel pour créer des occasions de bons moments en famille, spécialement par les activités et distractions du dimanche. En prenant du temps avec ses enfants le dimanche, il crée des souvenirs marquants et une relation de confiance dans la famille, qui seront des atouts et des joies pour l’avenir !

Quel enjeu et quel rôle enthousiasmant que de développer un bon esprit de famille !

L’esprit de famille, c’est la solidité des bases pour se ressourcer, se guider, porter demain le poids de ses responsabilités, vivre en vrai chrétien, rayonner et changer le monde pour qu’il redevienne une chrétienté ! Cultivons donc ce trésor !

 

Hervé Lepère