De bons amis pour nos enfants

Vingt ans après, deux amis éloignés par des mutations professionnelles se retrouvent :

– Heureusement que je t’ai connu, tu étais plus sage que moi et tu m’as guidé !

– Mais non, c’est toi qui m’as donné envie de progresser et m’as montré que je n’étais pas seul !

– Tu m’as aidé à aller au fond des choses et m’as soutenu quand c’était difficile…

– J’ai osé m’engager dans des bonnes œuvres grâce à toi. Elles m’ont fait grandir.

– Je remercie tes parents qui m’ont accueilli souvent et ont permis à notre amitié de grandir si facilement.

Qui ne souhaite pas que ses enfants puissent avoir ce dialogue un jour ?

L’amitié pour nos adolescents

Les parents seront donc attentifs à observer et à encourager leurs enfants dans le choix de sains camarades puis de quelques bons amis, tout en respectant leur personnalité.

Il faudra découvrir ceux avec lesquels leurs affinités iront de pair avec une bonne influence réciproque : éducation, bonne humeur, piété, générosité envers les autres….

Avec l’âge, l’influence des amis deviendra essentielle pour compléter l’éducation que vous avez voulu donner, et aider le futur adulte à élever son idéal vers le Beau, le Vrai, le Bien. L’ami devient le confident, parfois avant les parents ; mieux vaut qu’il soit un « ange gardien » !

Que faire si votre adolescent est fasciné par un camarade de classe dévergondé ou qui se permet des paroles ou des actes ignorés dans votre maison ? L’adolescent est souvent impressionné par celui qui brille ou qui ose des choses que lui-même ignore. Lorsque cela arrive, sachons questionner l’influence qu’il subit : t’aide-t-elle à grandir dans un idéal noble ? A être fidèle à tes devoirs et à progresser ? Aimerais-tu cet ami comme futur mari de ta sœur ? (Ou l’amie comme épouse de ton frère ?) Notre attention portera sur les actes, sans condamner la personne : peut-être le camarade a t-il une situation familiale difficile, un manque d’éducation, un caractère ingrat ?

N’attendez pas que vos enfants soient attirés par de mauvais éléments pour faciliter les circonstances qui les feront choisir de bons camarades et de bons amis ! Que vos enfants sachent que les vrais amis sont bienvenus chez vous et qu’ils osent les y faire venir : vous serez contents de voir les bonnes influences et détecterez plus facilement les éventuelles faiblesses.

 

Encouragez vos enfants à se donner aux autres dans des mouvements qui cultivent un idéal noble, cet idéal qui sera un point commun avec de futurs amis. Scoutisme, chorale, groupes de formation ou associations sont évidemment prioritaires sur les réunions trop mondaines ou même seulement sportives. 

Si vous vous sentez isolés en province, n’hésitez pas à encourager les jeunes à se déplacer lorsqu’un événement intéressant a lieu un peu loin ! L’amitié naît souvent sans qu’on s’en rende compte, il faut donc prendre le temps de se connaître au-delà des premières impressions, créer les occasions de se retrouver, ne pas vouloir aller trop vite si on veut que l’amitié soit solide et dure longtemps. 

Une saine amitié nous entraîne vers le haut

Apprenons aux jeunes qu’aimer, c’est vouloir le bien de l’autre, sans se rechercher soi-même. Leur amitié sera donc d’autant plus belle qu’ils placeront leur idéal plus haut. Donnons nous-mêmes l’exemple dans nos amitiés !

L’amitié doit savoir donner Dieu en même temps que notre cœur à la personne aimée : vivons donc de Foi et de prière.

Pour soutenir notre ami dans ses difficultés, le préserver du mal, le soutenir voire le redresser dans les chutes, soyons exemplaires et sans respect humain.

Pour nous perfectionner et monter ensemble plus haut, construisons des habitudes vertueuses, connaissons nos défauts et travaillons les vertus que nous possédons déjà.

Développons la confiance mutuelle qui permet les confidences. Celle qui s’appuie sur la franchise et la douceur, et non pas la flatterie. Celle qui sait dire les vérités qui peuvent déranger, mais en choisissant la forme adaptée et le moment opportun où l’âme est accessible.

Pour être heureux de nous retrouver et de passer du temps ensemble, soyons attentifs à l’autre, restons simples et souriants même si notre temps est limité.

Ainsi notre don sera fructueux et nous recevrons en retour des biens encore plus grands que ceux que nous aurons donnés.

Camarades ou amis ?

Aidons nos enfants à distinguer les amis et les camarades. Un ami se choisit avec soin car « l’amitié, c’est la mise en commun de deux vies par l’échange des pensées, le partage des sentiments, la communication de ses projets, la mise en accord des activités et leur essor vers un même idéal1. ».

Cependant les circonstances nous font rencontrer d’autres personnes : à l’école, au travail, dans les différentes organisations de la société. Dans ces milieux, nous devons partout nous montrer bons camarades, pour faciliter la vie commune et pour être apôtres.

Bien sûr, la diversité entre camarades : pensées, façons de sentir, acquis différents est parfois source de difficultés. Elle présente pourtant de gros avantages si nous savons nous en servir. Elle nous aide à enrichir nos propres notions, adoucir nos angles, prendre conscience des nuances, nous adapter aux différentes personnalités, nous exercer à défendre nos idées par l’exemple et par des discussions argumentées, sans violence ni respect humain.

De bons camarades peuvent alors être de bons soutiens quoique d’une manière moins intime et plus limitée que des amis.

Si le niveau est bas, changeons-le ! C’est un programme de conquête et non de timide défense. Ne soyons pas présomptueux, ce ne sera pas possible avec tout le monde et pas seul contre tous. Nous repérerons donc ceux qui ont les meilleures qualités pour nous soutenir dans ce but. Si malgré tout, nous trouvons des tentations pour nous, nous n’obtiendrons pas le progrès pour les autres. Il vaudra mieux, dans ce cas, s’éloigner de ceux à qui nous ne voulons pas ressembler, sans aigreur mais fermement.

 

Hervé Lepère 

1 Père Sertillanges O.P, Jeunes de France 

 

 

 

La précieuse amitié

I – Le Ciel, l’Enfer et la terre

Dans le Ciel, nous croyons que les trois Personnes de la Sainte Trinité vivent ensemble dans une constante et parfaite communauté d’amour. Jamais elles ne se lassent d’être toutes trois dans une telle unité qu’elles ne sont en réalité qu’une seule et même substance divine. Et tous les anges et tous les saints qui sont parvenus dans l’éternité bienheureuse entrent eux-mêmes dans ce bonheur ineffable que leur offre ce Dieu d’amour.

Le spectacle de l’Enfer est tout à l’opposé. Ceux qui y sont rassemblés, anges et êtres humains, ont en commun leur haine de Dieu. C’est là leur signe distinctif qui leur ferme à jamais le Ciel et les précipite à jamais dans leur géhenne. Et, de même qu’il n’est qu’un amour par lequel on aime Dieu et son prochain, il n’est aussi qu’une seule et même détestation qui englobe et Dieu et toutes ses créatures. Condamnés à vivre à tout jamais dans ce même lieu, les damnés multiplient leurs tourments par la haine qu’ils ne cessent de se porter les uns aux autres.

Entre le Ciel et l’Enfer, la terre. Est-elle plus proche du Ciel ou plus proche de l’Enfer ? Selon que les mœurs divines ou que les mœurs infernales prévalent, elle est plus proche du Ciel ou de l’Enfer. Lorsque les sociétés se christianisent, les cœurs s’ouvrent, les liens se renforcent entre les membres qui les composent et, si l’amitié pouvait déjà trouver sa place dans l’ordre naturel, elle se voit hissée à des sommets inconnus des peuples païens, dans l’ordre surnaturel. En revanche, la déchristianisation rapproche la terre de l’Enfer. La haine de Dieu ferme les cœurs et anime toutes les luttes et les antagonismes. L’homme n’est plus qu’un loup pour son semblable.

II – L’Enfer et la terre

A ce stade, il faut se demander comment il est possible que les hommes préfèrent à une terre inspirée par la vue du Paradis celle qui est une préface de l’Enfer. Comment a-t-on pu les persuader qu’ils trouveront leur contentement en cisaillant impitoyablement tous les liens qui les unissaient aux autres ? Que le bonheur était celui de l’homme réduit à l’état du « bon sauvage » de Rousseau ? Etant donné que « les autres », c’était « l’enfer », au jugement de Sartre ? Comment a-t-on pu aujourd’hui les amener à croire à l’avantageuse substitution de la société réelle par la société virtuelle ? Que la belle vie sur la terre, c’est celle où l’on est menacé dès sa conception par l’avortement, incité pendant sa vie au suicide assisté et, si l’on a survécu, encouragé à mourir euthanasié ? Quel tour de force pour qu’ils en arrivent à penser que les voilà ainsi parvenus au sommet d’une existence libre et heureuse !

III – Le Ciel et la terre

Quant à nous, il ne faut pas que nous nous laissions arracher à notre tour l’intelligence des liens d’amitié et d’amitié surnaturalisée, qui doivent exister entre nous. C’est une bataille réelle de chaque jour contre les lames qui cherchent à les couper dans tous les sens. La préservation de liens familiaux, amicaux, paroissiaux, communaux, nationaux, catholiques, nous demande de connaître les dangers qui les menacent et les remèdes qui les restaurent ou les restituent.

Voilà qui situe l’amitié, celle qui doit exister entre les hommes, image de la société céleste, celle qui doit davantage encore exister parmi les chrétiens. Cette amitié n’est pas un luxe mais une nécessité vitale, et pour que nous vivions sur la terre et pour que nous cheminions vers le Ciel.

Ne nous méprenons pas : la culture des liens d’amitié demande à chacun d’entre nous de mener des  combats permanents contre nous-mêmes et, en particulier, contre notre égoïsme. C’est au prix de ces combats généreusement menés que nos cœurs s’ouvrent et demeurent ouverts à Dieu et à notre prochain.

R.P. Joseph

 

L’amitié

Chers amis,

Quand le mot « amitié » est tellement galvaudé, quand chacun court après des « amis » virtuels sur « la toile », et que l’on n’ose parler d’amitié entre certains personnages sans que les sots glosent en imaginant des choses incongrues, il est temps de réhabiliter cette notion et d’en redonner la définition ! L’amitié est une forme d’amour mais non d’un amour au rabais ou d’une caricature ; l’amitié est même une sorte de vertu dont il faut connaître les degrés et savoir apprécier la force et les dangers.

Et que seraient les grands hommes sans les solides amitiés qui les entouraient ? Sénèque fait de l’amitié la vertu la plus digne du philosophe, mais c’est la venue du  Christ qui précise ce qu’est l’amitié dans toute sa plénitude. Saint Augustin écrit que l’amitié n’est vraie qu’en Dieu et qu’elle n’est vraie que parce qu’elle est partagée dans l’amour divin. Saint Augustin comme saint Thomas D’Aquin, Platon et Aristote dans son Ethique à Nicomaque, Cicéron dans son Traité sur l’amitié, ou encore Saint Louis et Joinville,  nombreux sont ceux qui ont connu ou approfondi ce que signifie ce mot qui résonne dans le cœur de chacun.

Vous découvrirez à la lecture de ce numéro quelle est la beauté de l’amitié vraie, sa véritable identité qui rapporte tout à Dieu, et en Dieu et vous constaterez qu’elle s’entretient avec attention mais aussi avec prudence. En revanche, l’absence d’amitié entre les hommes ne peut qu’entraîner vers l’Enfer, lieu de haine par définition. Jésus-Christ, Lui-même, le Jeudi Saint, nous a donné une marche à suivre : « que comme je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi les uns les autres1». Mais ne serons-nous pas toujours déçus par l’amitié humaine, limitée par le péché ? L’unique véritable ami ne serait-il pas Dieu seul ? La lecture de ce numéro viendra nourrir votre  réflexion.

Vous y trouverez aussi une analyse approfondie de la constitutionnalisation de la liberté de l’avortement. N’atteignons-nous pas là une des portes de l’enfer si on se souvient que le Christ a dit à ceux qui n’ont pas secouru leur frère : « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait2 » Et quand une nation ne sait plus protéger les plus faibles, nous sommes bien loin de l’amour que Notre-Seigneur est venu apporter sur la terre…

Un autre article traitera de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, vaste sujet, toujours d’actualité. Et comme à l’accoutumée, vous découvrirez ces petites pépites qui émaillent notre revue et qui lui donnent toute sa fraîcheur !

Nous vous souhaitons deux mois emplis des bénédictions du Ciel sous la protection de Notre-Dame et du Sacré-Cœur, afin qu’ils veillent sur toutes nos familles.

Marie du Tertre

 

1 Jn,13, 34

2 Mt, 25,40

 

 

Prions bien l’un pour l’autre

Ma chère femme, prions bien l’un pour l’autre. J’ai demandé à Dieu et je lui demande souvent qu’aucune prière ne sorte de mon cœur sans que vous n’en receviez quelques applications, pourtant il m’est doux de penser que vous êtes toujours présente à ma prière, toujours présente chaque fois que je joins mes mains ou que je m’agenouille, chaque fois que de mon âme monte une pensée reconnaissante ou d’action de grâces. 

Lettre de Gérard de Cathelineau à sa femme quand il était Capitaine en Indochine

 

Irai-je seul ?

Demain, bientôt… la mort.

Je gagnerai les cieux, je l’espère.

Mon cœur sera dilaté de reconnaissance et d’amour. Irai-je seul ?

Ah non ! Jésus, je ne veux pas pénétrer seul chez vous, je veux vous amener tout le monde à votre image toujours…

Instruisant par mon exemple et payant de mon sang ce peu, ce rien que j’aurais fait pour vous, en regard de ce que vous avez fait pour moi… 

Extrait du carnet de retraite du collégien, Gérard de Cathelineau – 16 ans

 

Sans la communion des saints, pas de cité catholique

Sans la communion des saints, la cité catholique serait-elle possible ? Envisager son existence, c’est croire que dans la charité, tous les chrétiens forment un unique corps, celui dont le Christ est la tête. Et que s’y peuvent retrouver aussi bien les vivants que les morts, les jeunes que les vieux, les malades que les bien portants, les clercs que les laïcs.

Rôle de la communion des saints

La grande erreur de l’humanisme fut de penser que la commune nature des hommes pouvait suffire à créer entre eux un vivre ensemble harmonieux. Nous payons à présent le prix fort de cette imposture. Pour qu’une paix réelle et un amour juste règnent dans la cité, plus que leur nature, les hommes doivent en effet partager une substance commune, afin que s’ordonnent à une volonté unique et à une intelligence supérieure leurs volontés et leurs intelligences particulières. C’est ce bel édifice surnaturel que la communion des saints rend réel, à travers le sacrement de l’amitié spirituelle offert par Dieu : l’Eucharistie.

« On ne peut déplorer le déclin des valeurs occidentales et se refuser à son rite fondateur », écrivait autrefois dans son Journal le polémiste Léon Bloy. C’est aussi ce que souligne le psaume 128 : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent.» Le dogme de la communion des saints est donc constitutif de la cité catholique, tel que chacun d’entre nous se trouve appelé, par son baptême, à laisser Dieu la bâtir en lui et autour de lui. Ceci étant posé, si l’on observe la société actuelle de ce point de vue, on peut à juste titre s’interroger devant l’inquiétante simultanéité de deux crises : celle de l’Etat, celle de l’Eglise.

Corruption des états

France, Pologne, Irlande, trois nations jadis catholiques : un Premier Ministre (Gabriel Attal) pratiquant une forme de népotisme homosexuel en plaçant son ex-compagnon (Stéphane Séjourné) au quai d’Orsay pour la représenter sur la scène internationale dans la première ; un gouvernement fraîchement élu anéantissant toute opposition en limogeant les dirigeants des chaînes publiques et en emprisonnant l’ancien ministre de l’Intérieur ainsi que son adjoint dans la deuxième. Un prochain référendum organisé sur « l’égalité des genres » dans la troisième pour abolir toute référence « archaïque » et « sexiste » aux femmes au foyer. Dans les trois, une politique de la « santé » mettant en place une même répression du catholicisme : constitutionnalisation de l’avortement en France, et, partout, les mêmes lois sur l’euthanasie, l’égalité des orientations sexuelles, l’immigration. Mais il y a plus grave.

Décomposition de l’Église romaine

À Rome, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi encourage les prêtres du monde entier à bénir les couples « en situation irrégulière », ce qui inclut les homosexuels. Le pape lui-même approuve ce document rédigé par un cardinal ayant écrit un traité sur l’art d’embrasser. Fiducia supplicans (« Confiance suppliante ») représente ainsi un soutien implicite aux lois iniques promues par les Etats. Comment des éducateurs pourront-ils expliquer à des jeunes gens que le Seigneur réprouve un vice que son Eglise bénit par ailleurs et que des chefs d’Etat pratiquent ostensiblement ?  Le pape François soutient par ailleurs publiquement le forum de Davos qui encourage le délitement des nations dans un gouvernement totalitaire mondial. Tout est ainsi inversé : plutôt que la communion des saints, c’est bien celle des malsains que les deux puissances censées garantir partout l’autorité, partout, encouragent.

Renverser l’imposteur

Tous les travaux entrepris sur l’ingénierie sociale nous enseignent que c’est d’abord dans les intelligences qu’il faut renverser l’Imposteur. Affirmer, comme le président Macron le fait, qu’il y a une crise de la fertilité française en cherchant la solution du côté de l’immigration sub-saharienne relève de l’imposture politique. Affirmer qu’il y a une crise démographique tout en constitutionnalisant le droit à l’avortement relève de l’imposture intellectuelle. Affirmer que l’oisiveté des jeunes est une cause aux émeutes est une imposture morale. Affirmer qu’on peut rétablir l’autorité à l’école en faisant porter des uniformes à des gosses déstructurés est une imposture symbolique. Cela revient à chaque fois à prendre les conséquences de la décadence française pour les causes de cette décadence afin de couvrir ses propres exactions, ses propres mensonges, sa politique réelle. Affirmer qu’il peut y avoir une souveraineté industrielle et numérique (titre de Bruno Lemaire), alimentaire (titre de Marc Fesneau) et plus généralement européenne (déclarations macroniennes), mais jamais nationale, relève de l’imposture linguistique. On pourrait à l’infini multiplier les exemples d’impostures intellectuelles pratiquées par cette caste, issue de Davos et totalement corrompue…

Des loups et des louves déguisés en agneaux, qui, sous le vernis d’une éducation pseudo bourgeoise, d’une philosophie pseudo française et d’une culture post-moderne prétendument humaniste, détruisent non seulement la nation, mais aussi la société et son avenir, la personne humaine et ses droits fondamentaux. Dans un contexte si désastreux en apparence, s’il demeure une chose à laquelle ils ne peuvent toucher ni s’attaquer, c’est bien la communion des saints. Si l’apparent triomphe du relativisme paraît signifier une forme d’omniprésence du mal dans les sociétés liquides1 post-modernes, cette dernière témoigne d’une forme de résistance absolue à ce mal. Et c’est sans doute la principale raison d’être de ce numéro, foyer plus que jamais ardent, dans un monde si glacial, que d’affirmer l’impérieuse nécessité que le Bien se fasse sentir aussi dans tous les esprits.

G. Guindon

 

1 Concept créé par le sociologue Zygmunt Bauman pour désigner une société où ni la famille, ni l’amour, ni le travail, ni l’amitié ne sont plus des structures solides et où l’information éphémère a supplanté l’histoire durable dans la conscience collective.

 

 

Rien ne sert « à rien »

L’historien catholique qui se prend à réfléchir en essayant de comprendre l’économie du Bon Dieu à travers l’Histoire, peut être pris de vertige !

Tout d’abord, l’idée que toute action de l’Histoire de l’Homme a des conséquences innombrables au point de vue politique, économique, spirituel, sur des millions de vies, laisse perplexe !

Si tel chef d’Etat n’avait pas réagi ainsi, le cours de l’Histoire en aurait été changé.

Si telle décision avait été prise, cette guerre aurait été évitée.

Si l’ascension de tel tyran avait été freinée, combien de vies auraient été sauvées…

Cela a d’ailleurs été le thème de maintes dystopies plus ou moins réussies. En effet, avec notre intelligence humaine très limitée, nous ne mesurons qu’après coup, quelles catastrophes auraient pu être évitées, quel apostolat aurait pu être réalisé, quel bien aurait pu être fait.  Quel dommage ! 

Notre vertige est d’autant plus grand quand on réalise que le Bon Dieu a permis cela, qu’Il n’est pas intervenu, que le Mal n’a pas été endigué, comme nous l’aurions souhaité.

C’est le mystère de la grande économie du Salut, et nous sommes tout à fait incapables de le concevoir, mais Dieu, dans sa toute-puissance, a tout entièrement organisé : nous savons, par les vertus de Foi et d’Espérance, que la volonté divine a permis que tout se passe ainsi, que si le scandale de la Croix paraît se renouveler fréquemment par le triomphe apparent des malfaisants sur cette terre, cependant Dieu vaincra le monde !

Tout compte pour le bonheur éternel de l’Homme, et c’est grâce à la souffrance des bons et aux mérites de la Croix que le triomphe du Bien est assuré.

C’est cela qui fait la fierté et la stabilité de nos convictions !

Nous savons en tant que catholiques que tout concourt à la victoire du Bien, que cette victoire nous a été promise par notre Créateur et parachevée par Lui sur la croix, et que rien ne sert « à rien ».

 

Anxieux comme une mère!

Un jour nous verrons comment Dieu était attentif pour nous, anxieux comme une mère ayant peur de perdre son enfant ; nous verrons comment un péché mortel est un vrai drame mettant les anges en émoi, les saints en prière, la Vierge dans l’angoisse… Ce sont des choses auxquelles nous n’osons pas croire… Elles nous paraissent trop grandes et elles sont si vraies pourtant. Nous sommes enveloppés dans un océan de bonté sainte. N’y a-t- il pas de la joie dans le ciel quand nous nous repentons ?  Là-haut le chrétien saura ce que Dieu faisait pour lui, les stratagèmes auxquels il avait recours pour l’empêcher de se perdre, les appels incessants qu’il adressait, les refus qu’il essuyait. Il verra l’intervention d’âmes qu’il ignorait et qui se sacrifiaient pour lui. Il se sentira solidaire d’une foule d’élus qui auront travaillé à son salut. D’adorables mystères de piété céleste seront dévoilés. L’âme étonnée les découvrira partout : dans les prêtres qu’elle frôlait sans les comprendre, dans les hosties qu’elle recevait sans les goûter, dans les messes, dans les sermons, dans les absolutions… Il découvrira toutes ces merveilles où Dieu se cachait, où Il nous cherchait inlassablement ! Alors ce sera l’extase, l’enivrement de l’esprit ! Extase d’autant plus grande qu’elle sera décuplée par la présence de nos bien-aimés retrouvés au ciel et associés éternellement à notre bonheur ! Voilà la fête qui nous attend Là-haut ! Fête que Dieu nous a préparé en retour de quelques pauvres prières et sacrifices que nous donnons ici-bas dans ce tout petit temps que dure la vie humaine.

Abbé P. Marc – Le don de vous-même

 

Lettre à une amie malade

Je vous gronde de parler de votre vie inutile… Inutile, une âme chrétienne, une âme qui prie !… Mais vous seriez seule sur la terre et incapable de tout mouvement, que vous seriez encore plus utile que le soleil, la lune et les étoiles, car vous pourriez prier pour les âmes du purgatoire, vous seriez comme sur un champ de bataille, parmi des blessés dévorés de fièvre, et portant dans vos mains un verre d’eau fraîche dont une seule goutte peut désaltérer chacun de ces mourants !

Lettre de Louis Veuillot à une amie malade