Démographie et gouvernement mondial

Une relecture de La Bombe P de Paul Ehrlich (1967)

Certains écrivains sont des auteurs visionnaires, ou apparaissent comme tels, soit parce qu’ils décrivent les tendances du monde à venir, soit parce qu’ils orientent la pensée des décideurs et autres agents d’influence que sont les médias et les cercles de réflexion qui dessinent le cadre de la « pensée unique ». La Bombe P (P comme population) de Paul Ehrlich, un best-seller dont la première édition date de 1967, peut, sous beaucoup d’aspects, être considéré comme un ouvrage d’anticipation mais il a surtout exercé une influence considérable sur les décideurs et les leaders d’opinion. Au-delà de la réalisation de beaucoup de ses prédictions, le livre a orienté les mentalités occidentales en créant un lien étroit entre population, ressources et environnement avec en toile de fond une fausse conception de la liberté individuelle.

Le constat de départ de l’ouvrage est que dans une planète que l’auteur voyait à 7 milliards d’habitants en l’an 2000, des centaines de millions d’êtres humains vont mourir de faim et les survivants vont vivre dans un environnement de plus en plus dégradé en raison de la surpopulation et du gaspillage des ressources. Paul Ehrlich voit la solution dans le contrôle démographique et la gestion économe des ressources.    

L’ouvrage est inspiré par la théorie de Malthus : la population s’accroît plus vite que la production, surtout dans les pays sous-développés où la baisse de la mortalité n’a pas été compensée par une baisse de la natalité. En plus de ce déséquilibre entre population et alimentation, la détérioration de l’environnement peut avoir des conséquences encore plus graves : la surpopulation peut entraîner la disparition de certaines espèces, l’agriculture intensive est consommatrice d’engrais et de pesticides dangereux pour la santé, la teneur en oxygène de l’air diminue, la présence accrue de plomb et de mercure menace la santé, le manque d’eau se profile à l’horizon. Les deux sujets sont étroitement liés : avec une population mondiale de 500 millions d’habitants, la crise écologique pourrait être facilement résolue.

Une solution pourrait être apportée par l’accroissement de la mortalité : la famine, les maladies virales plus fortes encore que la grippe espagnole de 1918-1920, la guerre thermonucléaire, etc. pourraient faire baisser la population, mais c’est à la natalité que va s’appliquer le contrôle démographique que l’auteur définit comme la régulation consciente du nombre d’êtres humains désirables non seulement pour la cellule familiale mais aussi pour l’ensemble de la société. Cette régulation peut être obtenue par un renversement de notre système de valeurs ou bien par la contrainte.

Comme les époux veulent trop d’enfants par rapport à ce qui est collectivement souhaitable, une évolution des mentalités est nécessaire pour aller à l’encontre de ce que représente l’appel lancé par Paul VI à l’ONU en 1964 « à multiplier les pains pour approvisionner les tables de l’humanité et non pas favoriser un contrôle artificiel des naissances pour diminuer le nombre d’invités au banquet de la vie ». Pour réduire, voire rendre négatif le taux d’accroissement de la population, une administration dotée de larges pouvoirs coordonnerait au niveau mondial le contrôle démographique et la protection de l’environnement, ainsi que la gestion des ressources. Des mesures fiscales pénaliseraient les familles nombreuses en réduisant les déductions d’impôts au-delà du deuxième enfant, des primes seraient versées aux ménages sans enfant et aux hommes qui se seraient fait stériliser. Le droit à l’avortement serait garanti. L’éducation sexuelle donnée aux enfants permettrait de faire évoluer les mentalités en discréditant les messages des religions en faveur de la famille nombreuse. Les conséquences de la surpopulation sur l’environnement devraient conduire chacun à modifier son mode de vie en acceptant de rouler dans des voitures de moindre cylindrée, de manger des légumes et des fruits exposés au contact des insectes, d’utiliser des détergents moins puissants et des moyens de transport plus lents. L’aide alimentaire consentie par les pays développés serait réservée aux pays en développement qui mettraient en place un contrôle démographique.

C’est à une révision des relations entre l’homme et la nature que Paul Ehrlich appelle : le rôle fondamental de l’homme n’est plus de dominer la nature comme ce fut le cas depuis la Genèse, mais de vivre en harmonie avec elle. Une population réduite à un maximum d’un milliard d’hommes pourrait vivre avec un confort suffisant dans le millénaire à venir si les ressources étaient gérées avec soin.

Au-delà d’une conception purement matérialiste de l’homme et de la création, le catastrophisme de Paul Ehrlich pourrait a priori faire sourire. La population mondiale a atteint les 7 milliards d’habitants en 2011, certes quelques années après l’an 2000 comme annoncé dans La Bombe P, mais la planète a réussi à nourrir ses habitants supplémentaires. La situation de l’alimentation humaine est meilleure en 2020 qu’elle ne l’était lorsque le livre fut écrit en 1967 avec une population multipliée par plus de 2 en 50 ans.

Les idées défendues dans La Bombe P ont contribué à influencer les mentalités : l’augmentation de la population est aujourd’hui perçue comme un risque majeur, l’avortement est autorisé dans la plupart des pays, la contraception artificielle est généralisée dans les pays développés, même dans les milieux catholiques, l’euthanasie est, en droit ou dans les faits, de plus en plus répandue, mais ces écarts par rapport à la morale naturelle ne sont pas seulement imputables à la crainte de la surpopulation. L’attention portée à l’environnement et au prétendu danger que représente la croissance économique annonce le développement durable apparu dans les années 2000 qui tient une large place dans la politique des Etats et la gestion des entreprises, et se retrouve même dans l’encyclique Laudato Si. Il ne manque dans l’ouvrage de Paul Ehrlich que les risques que fait courir la surpopulation sur le changement climatique mais celui-ci n’a été mis en évidence que plus tard, à la toute fin des années 1970. Si Paul Ehrlich évoque l’effet de serre, c’est pour indiquer, comme on le pensait à l’époque, que celui-ci pourrait provoquer un refroidissement de la planète avec le renvoi dans la haute atmosphère de la chaleur solaire destinée à la terre…

L’épidémie du Covid 19 fut aussi l’occasion de promouvoir les effets bénéfiques d’une diminution de la population que la maladie pouvait provoquer. Les propos tenus par l’économiste français Jean-Marc Jancovici, par ailleurs membre du Siècle et de la French-American Foundation, au micro de France Info en mai 2022, sont révélateurs : « Ou bien on régule nous-mêmes [la population] ou bien cela passe par des pandémies, des famines et des conflits. » En mai 2019, il recommandait déjà de réduire la population de façon indolore en ne mettant pas tout en œuvre pour soigner les personnes âgées malades au-delà de 60 ou 65 ans. L’extension des pseudo-libertés individuelles est ici mise au service de la limitation de la population et de la défense de l’environnement. Il n’est pas impossible qu’en sens inverse, la limitation de la population et la défense de l’environnement ne soient pas instrumentalisées pour libérer les individus de la tutelle des religions et en particulier du catholicisme. 

Aujourd’hui, le sujet majeur est moins le nombre d’habitants de notre planète que leur répartition entre les continents. Avec une population européenne de 750 millions d’habitants – en y incluant la Russie – dont beaucoup viennent de l’immigration, face au continent africain d’un milliard et demi d’habitants qui devrait atteindre les quatre milliards à la fin de ce siècle, le status quo est impossible. Les sujets liés à la population n’ont pas fini d’occuper les esprits affranchis de la pensée dominante. 

 

Thierry de la Rollandière

 

Ma Bibliothèque

POUR « REUSSIR » AUPRES DES ENFANTS – P. G. Courtois – Ed. Sainte Madeleine – 2023.  Tout éducateur lira avec profit ce petit livre, fruit de l’expérience d’un grand éducateur. Ces courtes réflexions seront à méditer une à une ; elles enrichiront progressivement les pensées du lecteur qui en fera une application concrète au quotidien.

 – LA VIE DE FAMILLE – CORRESPONDANCE – L. Veuillot – Editions du Saint Nom 2015. On connaît de Louis Veuillot, son combat, on découvrira ici l’homme, l’époux, le chef de famille, le frère, l’ami. Au milieu de son quotidien familial, on découvre la force du chrétien quand il perd son épouse à 28 ans, puis trois de ses cinq filles. La mission de tous les parents sera éclairée par la lecture de ses lettres au style si pur et à la foi radieuse.

GOUTTES DE PLUIE ET DE SOLEIL – S. Cadic – Elor – 2023

Découvrez l’histoire de la famille du Hêtre qui vous fera aimer la France, son histoire et ses richesses ! A utiliser comme livre de lecture tout au long de l’année pour les CM1, CM2 ou à déguster d’une traite, ce livre empli d’aventures, de culture française et de délicatesse est à considérer comme l’un des meilleurs livres proposés aux enfants aujourd’hui.

 LA FERME – Observe et colorie – Editions courtes et longues – 2023

Une frise de plus d’un mètre de long sur carton épais offre un coloriage (avec modèles) de tous les animaux de la ferme. Une bonne occupation pour les enfants à partir de 4-5 ans.

 

Pour compléter cette liste, vous pouvez vous renseigner sur les cercles de lecture René Bazin :

cercleReneBazin@gmail.com  (à partir de 16 ans – Culture, Formation).

 

La Revue « Plaisir de lire » propose un choix de nouveautés pour toute la famille (distraction, histoire, activités manuelles). Envoi d’un numéro gratuit à feuilleter sur écran, à demander à :

PlaisirdeLire75@gmail.com 

 

Bras de Vénus

Ingrédients pour 8 personnes :

– 75 g de sucre

– 3 œufs

– 75 g de farine

– 1 sachet de sucre vanillé

– Sucre glace

– Confiture

Préparation :

– Mélanger le sucre en poudre avec les jaunes d’œufs et le sucre vanillé. Lorsque la composition est devenue mousseuse et blanchâtre, y mélanger avec précaution la farine et en même temps les blancs montés en neige ferme.

– Etendre la pâte sur une feuille de papier disposée sur une plaque de cuisson, en une couche d’environ un centimètre d’épaisseur.

– Faire cuire 15 min à 180°C.

– RAPIDEMENT (pour que le biscuit n’ait pas le temps de sécher) : à la sortie du four, décoller le biscuit en le retournant sur un torchon humide ; ôter le papier et garnir le biscuit de confiture ; le rouler en forme de boudin.

– Badigeonner la surface du biscuit roulé de confiture ou/et saupoudrer de sucre glace (au moment de servir pour éviter que la confiture ne fasse fondre le sucre glace si on met les deux).

– Couper les extrémités pour obtenir un plus beau gâteau !

Conseils et astuces :

Vous pouvez remplacer la confiture par de la crème au beurre, du Nutella ou autre pâte à tartiner ; cela sera bien apprécié par les enfants ! Vous pouvez aussi en faire une bûche de Noël !

 

Potimarron cuit au four

Ingrédients pour 8 personnes :

– 1 gros potimarron (selon les appétits)

– De l’huile

Préparation :

– Bien laver le potimarron ; le vider de ses graines.

– Le couper en très fines tranches.

– Déposer les tranches sur une plaque au four et mettre un bon filet d’huile sur le tout.

– Faire cuire pendant 20-25 min entre 180 et 200°C selon l’épaisseur des morceaux.

– Servir chaud avec de la viande ou du poisson.

Conseils et astuces :

Vous pouvez y ajouter du sel, du poivre, des herbes de Provence, du thym ou tout autre condiment. Ce n’en sera que meilleur !

 

Sauvegarder l’esprit de famille

Chers grands-parents,

 

« La famille est chose sacrée sur laquelle on doit toujours veiller1. »

Une famille qui prie est une famille qui vit.

Qu’est-ce que l’esprit de famille ?

C’est très probablement la façon dont ses membres s’aiment… C’est aussi certainement un ensemble de valeurs, de normes, de comportements et de traditions qui caractérisent cette famille, lui donnent sa personnalité unique et déterminent la façon dont les membres se comportent entre eux et avec les extérieurs.  Il évolue forcément au fur et à mesure que la famille change (naissances, mariages, décès…) mais garde des constantes qui en font sa personnalité.

Cet esprit se fonde sur une culture familiale, une foi, des comportements et des usages communs dans lesquels ses membres se reconnaissent.

Le sujet est particulièrement intéressant au moment où les usages, souvent altérés par l’irruption des moyens de communication modernes, ont tendance à s’uniformiser. Au paterfamilias, sûr de son autorité, gouvernant la famille, succède aujourd’hui un univers plus consensuel dans lequel la parole est plus libre et où les usages disparaissent.

Les comportements définis par des normes sociales, un milieu, une culture familiale, ont tendance à s’estomper au profit de normes plus uniformisées et décontractées…

Faut-il s’en désoler ? Certainement !

Faut-il s’adapter ? Certainement aussi !

Quoi que nous fassions, nos petits-enfants, à leur majorité, auront une indépendance infiniment plus grande que celle qu’ont eue leurs parents. Nous constatons nous-mêmes, au fur et à mesure de l’évolution du temps, que les jeunes familles sont différentes de celles que nous avons vues naître il y a quelques petites années.

Et pourtant, les principes demeurent. Les parents doivent continuer à dire ce que leur a transmis (ou devrait leur avoir transmis) la société chrétienne. Ils doivent continuer à gouverner leur famille pour permettre à leurs petits d’être de bons Français et de bons chrétiens.

Nous pensons que l’esprit de famille sera un vecteur nécessaire pour cette transmission…

Loin d’être un attachement suranné à des usages anciens, il demeurera une fidélité à ce qu’a été la famille… Il sera un ferment de fierté pour ses membres…

 

Alors, comment faire ?

Premièrement, conserver les principes… Si la famille n’est pas une petite chrétienté dans laquelle ce qui est bien est encouragé et ce qui est mal interdit, l’objectif ne pourra être atteint. Il y a des choses qui ne sont pas négociables ! Il est parfois bien de renoncer à certaines choses pour conserver l’essentiel, mais il est interdit d’autoriser ce qui porte atteinte aux principes. Nos familles doivent d’abord être catholiques ! Les parents ont le grave devoir d’y faire régner la vertu et la piété ! Ils ont le devoir grave d’y interdire tout ce qui conduit au mal… Et là, la naïveté n’a pas sa place ! A titre d’exemple, un prêtre me déclarait que 100% des enfants de moins de 18 ans ayant un smartphone étaient allés voir de la pornographie… Quelle horreur ! A-t-on le droit de laisser de tels outils dans les mains d’enfants n’ayant pas la maturité pour y résister ? Autant donner une Porsche à un jeune permis en lui enjoignant de ne pas dépasser le 90 !

Deuxièmement, – et subordonné au premièrement – conserver les usages de la famille. Quand on analyse les usages prévalant dans la société chrétienne (galanterie, signes de respect ou autre), on voit à quel point ils sont une illustration de la charité fraternelle, du respect et de l’attention à l’autre. La soumission aux usages est, en elle-même, un acte d’humilité. Combien de crises seraient évitées si chacun apprenait à être vigilant, non à ses propres désirs, mais à ce qui « doit se faire ! » Ces usages sont souvent la marque de fabrique de l’esprit de famille, et c’est bien !

La spontanéité, l’imagination sont de bonnes choses mais, la soumission à des usages communs, et l’attention à l’autre leur sont très certainement supérieures !

Dans notre société paganisée, il est nécessaire de garder cet équilibre entre le maintien des usages traditionnels et l’adaptation inévitable à l’époque. L’art de gouverner impose d’être vigilant. Le risque étant de déraper soit par laisser-aller soit par excès de rigidité !

 

Prions sainte Anne de nous éclairer dans cette tâche difficile !

Bon courage !       

  Des grands-parents

 

L’homme, un « self-made man » ?

Le petit garçon fit glisser les pages de son missel entre ses doigts. Pendant le chant du graduel et de l’alléluia, il avait toutes les peines de monde à empêcher son esprit de vagabonder. Avec ses images, ses signets de couleur, ses douces pages qui défilaient avec un bruit feutré, noircies de noms de saints, de miracles de Jésus et de textes étranges et mystérieux, son missel l’aidait à passer le temps.

Soudain, entre deux pages, une image retint son attention. Sur la photo imprimée, le regard de la vieille dame semblait vivant. Le garçon se souvint. Quelques semaines auparavant, il était allé à son enterrement. La famille élargie, ceux qu’il connaissait comme ceux qu’il n’avait jamais vus, beaucoup de monde était venu prier pour elle, pour qu’elle aille au Ciel très vite. Avec toutes ces prières, elle devait forcément y être ! Le garçon se tourna vers son père et chuchota : « Papa, est-ce que Bonne-Maman va être canonisée ? »

 

L’homme ne surgit pas de nulle part. Il n’est pas un concept désincarné ou un être issu d’une génération spontanée sans racine. Il n’est pas plus un « self-made man » comme disent les Anglais. Bien prétentieux en effet celui qui affirme s’être construit tout seul. Non, nous sommes d’abord la somme de nos héritages, sur lesquels nous bâtissons le petit édifice de notre vie. Dieu a voulu instituer la famille, seule construction naturelle qu’Il fonda lui-même à la Création. De nos parents nous tirons les atavismes qui nous grandissent ou qui nous diminuent, les traits de caractère qui nous façonnent. Mais nous recevons surtout de nombreuses grâces que Dieu a voulu nous donner. Pour l’immense majorité des Chrétiens, la foi nous vient de nos parents, eux-mêmes la tenant de leurs parents. Et ainsi de suite, jusqu’aux lointains aïeux qui un jour se convertirent, peut-être sous la prédication d’un prêtre du siècle dernier, ou plus loin, d’un saint Dominique, d’un saint Martin, d’une sainte Marie-Madeleine ou même de l’un des Douze Apôtres ? Pensons-nous à ces aïeux d’hier, qui d’une certaine manière, nous ouvrent les portes du Ciel aujourd’hui ?

La noble histoire des hommes est celle de ceux qui œuvrent pour le Salut. Nous-mêmes, nous nous inscrivons parmi les générations qui nous ont précédés et qui ont embrassé le baptême. Avec cette grâce insigne qu’ils nous lèguent, nous héritons de nos ancêtres le devoir de demeurer fidèles. La civilisation, comme le Salut, sont le fruit de la fidélité d’une génération envers celle qui la précède. Sur les fondations héritées, les vivants d’un temps apposent leur pierre. Au sein d’une même famille, peu à peu, les membres doivent s’élever, dépasser même leurs prédécesseurs, non parce qu’ils sont meilleurs, mais parce qu’ils ajoutent leur vertu à celle de leurs anciens de même que chaque année ajoute un cerne sur le tronc du chêne, le rendant, au fil du temps, plus fort et majestueux. La fidélité est le cœur de l’esprit de la famille chrétienne. Elle est fruit de l’humilité, de la reconnaissance et de la force. Humilité, car nous ne sommes que des nains sur les épaules d’un géant. Reconnaissance, car sans nos anciens, nous serions des païens ou des barbares. Force, car maintenir à notre époque demande de savoir rester debout quand le monde entier se vautre.

 

L’esprit de famille est éminemment chrétien. Jésus est venu sur terre dans le cadre d’une famille. Toute une généalogie le précède et clame son sang royal. Il a endossé l’héritage maudit des hommes pécheurs et l’a racheté pour nous léguer l’héritage salvateur des Enfants de Dieu. Qu’est-ce que la Foi, si ce n’est la fidélité à l’héritage reçu du Christ ? Qui peut se prétendre  catholique et ne jamais prier pour les morts de sa famille ?

 

Alors comment pouvons-nous continuer la chaîne familiale, qui parfois remonte à travers des siècles entiers ? Comment enraciner nos enfants dans cet esprit salvateur, comment demeurer fidèles ?

En gardant la mémoire des morts. Ces morts dont certains sont déjà peut-être plus vivants que nous dans le sein de Dieu. La longue cohorte des ombres qui peuplent notre histoire familiale doit peupler aussi notre vie, de manière simple et naturelle. Leur présence nous rappelle que nous aussi un jour nous nous présenterons devant Dieu, avec nos bonnes actions et nos péchés. Comme eux, Dieu nous jugera. Comme nous, ils ont été vivants, un maillon dans une chaîne de transmission de la Foi. Au jugement dernier, nous serons jugés sur les conséquences de nos actes à travers les siècles, sur nos enfants et les enfants de nos enfants, tout au long des générations qui se succèdent.

Appuyons-nous sur la vie de nos anciens qui regorge d’exemples et nous édifie. Ainsi, tel grand-père qui fit le choix de la Tradition en 1970 et demeura fidèle, quitte à sacrifier une situation professionnelle, une réputation ou des amitiés précieuses. Ainsi, telle grand-mère qui se dévoua corps et âme pour enseigner le catéchisme et la doctrine à ses enfants, sacrifiant des années de sa vie. Tel autre qui fit des heures de route pour avoir la bonne messe à des kilomètres, tel autre encore qui se dévoua des années durant aux conférences saint-Vincent-de-Paul ou tout autre œuvre de charité. Demeurer fidèle… Toujours !

Enfin, la mémoire des morts nous fera prier pour tous les anciens de notre famille, qui nous précèdent dans l’éternité. Prions pour qu’ils aillent au Ciel, le plus rapidement possible. Prières et chapelets, jeûnes et messes, nous leur devons tant ! Cette douce habitude soulagera les souffrances de nos ancêtres et nous aidera à demeurer fidèles, pour le Salut de nos enfants, ceux des enfants de nos enfants, sur des siècles durant et pour la gloire de Dieu.

« Non, Bonne-Maman ne sera pas canonisée, mais elle te voit et souhaite ardemment que tu pries pour elle. Veux-tu offrir ta communion d’aujourd’hui pour elle ? »  « Oh oui, papa, pour qu’elle aille au Ciel tout de suite.»

Pour nos aïeux, gloire à Dieu au plus haut des Cieux !

 

 Louis d’Henriques

 

Quam dilecta (psaume 83)

Notre citation pour novembre et décembre :  

Le jour puisse Yahweh envoyer sa grâce, et pendant la nuit,

 je chanterai un cantique de louange au Dieu de ma vie.

Psaume 42, livre deuxième

 

Quam dilecta (psaume 83)

 

Henry du Mont est enfant de chœur puis organiste à la basilique Notre-Dame de Maastrich. Il s’installe à Paris en 1638 et devient organiste de Saint-Paul du Marais. Il sera ensuite organiste de la reine Marie-Thérèse et sous-maître de chapelle de Louis XIV. Son œuvre est essentiellement religieuse.

Le Motet proposé est composé sur le psaume 83, pour deux voix et instruments avec basse continue. Il fut publié en 1652 dans les « Cantica Sacra » alors que du Mont atteignait la célébrité.

Quam dilecta tabernacula tua, Domine virtutum.

Que tes demeures sont aimables, Seigneur des armées

Concupiscit et defecit anima mea in atria Domini.

Mon âme soupire et languit pour les parvis du Seigneur

Cor meum et caro mea exultaverunt in Deum vivum.

Mon coeur et ma chair se sont réjouis du Dieu vivant.

Etenim passer invenit sibi  domum

Même le passereau trouve sa maison

Et turtur nidum sibi ubi ponat pullos suos

Et l’hirondelle un nid pour déposer ses petits

Altaria tua, Domine virtutum

près de tes autels, Dieu des Armées.

Rex meus et Deus meus

Mon Roi et mon Dieu

Beati qui habitant in domo tua Domine

Heureux ceux qui habitent ta maison, Seigneur

In saecula saeculorum laudabunt te.

Ils te loueront dans les siècles des siècles.

http://Quam dilecta • Henri Dumont, La Reverencia, Andrés Alberto Gómez, Perrine Devillers, Dagmar Šašková (spotify.com)

 

Bavoir

Chères couturières,

Joignez l’utile à l’agréable ! Réalisez ce joli bavoir doublé en tissu éponge pour votre bébé qui perce ses dents et mouille régulièrement son petit haut, ou pour faire un joli cadeau de naissance très simple à réaliser et bien efficace.

Nous vous souhaitons une bonne couture !

Atelier couture

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L’amour-propre

Ma chère Bertille,

 Je pense que tu dois particulièrement apprécier le thème de ce numéro, toi qui es tellement attachée à ta famille et je suis contente de pouvoir approfondir avec toi tout ce qu’il représente.

Je voudrais en profiter pour te faire découvrir le plus grand ennemi de l’entente familiale. Tu crois peut-être le connaître ? Sans doute penses-tu que je vais te parler des méfaits de la langue ? Eh bien, non ! Car pour ma part, je pense plutôt à celui qui est à la racine de tout : l’amour-propre !

N’est-ce pas lui le véritable responsable d’un mot un peu aigre, d’une réflexion désagréable, de rancunes tenaces et de toutes ces petites ou grandes rancœurs qui empoisonnent l’esprit de famille…? N’est-ce pas lui qui nous chante à l’oreille qu’il faut que chacun nous reconnaisse comme « le meilleur », celui qui « a toujours raison », celui qui « sait toujours bien s’y prendre », et qui nous inspire sans cesse des mots ou des pensées (car même les pensées sont coupables) contre la charité ? Il nous rend délicats, ombrageux, soupçonneux, rigides et excessifs sur nos droits, aisés à offenser ; il entretient dans nos cœurs une certaine malignité, une joie secrète des petites mortifications qui arrivent au prochain…

Et pourtant… Ceux qui nous regardent ne devraient-ils pas pouvoir s’exclamer : « Voyez comme ils s’aiment » ?

Ne récitons-nous pas soir et matin la prière du Pater : « pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons… » ? Pourquoi alors garder dans notre cœur toutes ces rancunes contre l’un ou l’autre ?

Ne disons-nous pas avec conviction : « Que votre volonté soit faite » ? Pourquoi croyons-nous alors que les autres doivent nous être reconnaissants puisque tout vient de Dieu et de Dieu seul ?

Ne communions-nous pas chaque dimanche ? Pourquoi alors déchirons-nous ensuite à belles dents la réputation de notre prochain ?

N’égrenons-nous pas avec régularité les grains de notre chapelet pour tous ceux qui sont dans l’épreuve ? Pourquoi alors dans le secret de notre cœur avons-nous eu cette petite joie du malheur qui arrive aux autres ?

 

Prenons quelques instants pour examiner si vraiment nous avons « l’esprit chrétien » selon les paroles de l’Evangile. Osons marcher vers la vérité lumineuse et écoutons Celui qui a dit :

– « Je veux la miséricorde, et non le sacrifice1 » et regardons alors avec amour celui à qui nous faisons l’aumône d’un sourire ou d’une aide.

– « Aimez vos ennemis2 » et recommençons tous les « Notre Père » que nous avons dis alors que nous avions de l’amertume dans le cœur.

– « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés3 », et prions pour celui qui erre plutôt que de l’enfoncer davantage.

– « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous, et le serviteur de tous4.» Oublions nos susceptibilités mesquines et notre besoin instinctif de briller en restant à notre place avec le sourire.

– « Nul ne peut servir deux maîtres5 » et demandons-nous si nous n’essayons pas constamment de faire des compromis dangereux pour notre âme tout en maintenant une apparence un peu pharisienne…

– « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce lui-même, qu’il porte sa croix chaque jour, et me suive6 » et humblement examinons si vraiment nous suivons le Christ honnêtement et non pas de façon hypocrite, car accomplir la loi est nécessaire mais n’est pas suffisant. On n’est pas chrétien parce que l’on pratique. On pratique parce que l’on est chrétien. Dieu nous veut tout entiers ; Il va jusqu’au plus profond de l’homme ; non pas seulement dans ses apparences ou ses actes, mais aussi au fond de son cœur et de sa conscience.

Notre christianisme doit être la source d’inspiration vivante de chacun de nos actes ou de nos pensées. Alors seulement nous aurons vraiment compris le message du Christ qui est venu sur terre pour nous dire : « Mes enfants, aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ! »

Voilà ma chère Bertille, ce que je voulais partager avec toi aujourd’hui afin de te faire découvrir le grand ennemi de l’esprit de famille, – au sens large aussi car ne sommes-nous pas tous frères ?

 Je te souhaite déjà une très belle fête de Noël, grande fête de famille s’il en est, où la paix règnera là où l’esprit chrétien sera.

Avec toute mon affection,

Anne

 

1 Saint Matthieu, 12-7

2 Saint Matthieu, 5-44

3 Saint Matthieu, 7-1

4 Saint Marc, 9-34

5 Saint Matthieu, 6-24

6 Saint Luc, 9-23

 

 

Maison de famille

Depuis la plus haute Antiquité, la notion de famille s’est ancrée dans un territoire, qui limitait l’influence de la familia romaine, du clan mérovingien ou de la demeure médiévale. Mais cette famille avait souvent un sens beaucoup plus large que le nôtre car elle regroupait les familiers, les domestiques, les paysans ou les ouvriers, tous ceux qui fréquentaient la maisonnée et la zone géographique sous son influence.

Il ne nous reste pas grand-chose de cette interaction avec une terre, un village, ou une région. L’appartenance à une famille se limite à nos proches, et nombreux sont les jeunes qui connaissent à peine leurs grands-parents, ou les frères et sœurs de leurs parents. C’est une notion très moderne qui va de pair avec la dislocation de la cellule familiale, qui n’est plus le noyau dur de la société contemporaine, le solide fondement de l’ordre chrétien. Cela crée des individus sans base, sans racine, exportables dans n’importe quel pays, sans fidélité ou attachement à la terre de leurs ancêtres, sans atome crochu avec ceux de leur sang.

Pour lutter contre cette tendance lourde de conséquences, il est nécessaire de « revenir à la terre », d’avoir un lieu d’ancrage quelque part en province, de stabiliser les siens autour d’un lieu où ils puissent venir se retrouver, se ressourcer, se reposer, reprendre leur souffle, être chez eux. C’est la raison d’être de la « Maison de Famille », qui est le lieu où l’on maintient l’esprit de famille, où l’on s’entraide, où l’on sait que toutes les générations trouveront leur réconfort, où l’on cultive la confiance et la générosité.

Rares sont encore les maisons de famille qui subsistent à travers les siècles et restent dans la même lignée au fil du temps, mais elles sont souvent le témoignage matériel de la pérennité de cette institution et de la grâce divine du mariage, de la force du clan familial chrétien qui a perduré tout au long de ces générations.