Flan de courgettes

Ingrédients pour 6 personnes :

– 1 kg de courgettes râpées

– 1 échalote ciselée

– 3 gousses d’ail pressées

– 4 œufs 

– 1/2 verre de lait

– 1/2 verre d’eau

– 8 cuillères à soupe de farine

– 60 g de parmesan râpé

– Quelques feuilles de basilic ciselé

– Ciboulette coupée en petits morceaux

– Sel / poivre / huile d’olive

Préparation :

– Battre les œufs en omelette et y incorporer la farine, le lait et l’eau.

– Mélanger aux courgettes râpées

– Ajouter le parmesan, l’échalote, l’ail, le basilic et la ciboulette.

– Saler et poivrer.

– Verser ce mélange sur une plaque de cuisson huilée ou sur une plaque en silicone

– Faire cuire au four à 200°C pendant 25 minutes

 

Ce flan peut se manger chaud ou froid lors d’un pique-nique. Bon appétit !

 

 

Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni  

           « Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit », et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra ainsi lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

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Jésus ! Il n’est pas d’autre nom sur terre par lequel nous puissions être sauvés ! Qu’il est béni, notre Sauveur, lui dont le nom lui-même sauve tant d’âmes de l’enfer ! Sait-on qu’à chaque fois que l’on prononce avec respect ce nom de Jésus, nous pouvons sauver une âme ? Comme il est béni, celui dont le nom seul fait trembler l’enfer et attire tant de grâces sur la terre !

 

Jésus le fruit de vos entrailles : pourquoi l’Eglise me fait-elle dire « le fruit de vos entrailles », et non « votre fils », ou encore « votre enfant » ? Parce que, selon des hérésies, Jésus ne serait pas le fils de Marie selon la chair. En disant « de ses entrailles », on exclut de nombreuses perversions hérétiques sur l’Incarnation. Prêtant foi au mensonge du serpent infernal qui leur promet de devenir comme des dieux en mangeant du fruit défendu, nos premiers parents, Adam et Eve, nous ont coupés de Dieu. Et vous, ô ma Mère, par l’Incarnation, vous avez produit le fruit de Vie, réparant ainsi la faute de notre première mère. Oui, vraiment le fruit de vos entrailles est béni, car il vient nous réconcilier avec le Ciel, par sa venue en ce monde, il nous donne la paix et nous montre le chemin du Ciel. « Ô bienheureuse faute qui nous a valu un tel Sauveur », chante-t-on à la veillée pascale !

 

Le fruit de vos entrailles : le fruit, c’est aussi un mot que l’on utilise pour désigner la conséquence, le résultat de quelque chose : le fruit du péché, c’est la mort. Eve a mangé du fruit défendu, et elle est morte. Mais le fruit des entrailles de Marie, c’est-à dire la conséquence de l’amour inconditionnel du Bon Dieu pour nous, et dont la Sainte Vierge se fait le réceptacle, c’est la Vie, c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ incarné pour nous ouvrir les portes du Ciel. Les entrailles, c’est ce que nous avons au plus profond de nous, c’est notre cœur et notre estomac, c’est ce qui serre quand nous avons du chagrin ou qui se dilate quand nous sommes remplis de bonheur. C’est dans le cœur amoureux de Marie que le Verbe s’est fait chair, que l’amour infini de Dieu pour les hommes s’est manifesté. Jésus, se faisant homme, a voulu partager nos joies et nos souffrances. Bien plus, il s’est fait lui-même le pain de vie, pour venir habiter physiquement, réellement dans nos âmes, dans mon âme.

 

Jésus, Jésus, Jésus, je veux que votre nom soit sans cesse sur mes lèvres, que vous habitiez chaque jour dans mon cœur par la Sainte Eucharistie, afin que la bénédiction qui vous accompagne rejaillisse sur moi et sur ceux qui m’entourent. Je veux à mon tour porter des fruits, par la réponse de mon amour à votre amour, et avancer ainsi sur le chemin du Ciel. Ma tendre mère du Ciel est là pour me guider, elle qui vous a porté neuf mois en son sein avec recueillement et humilité. Que mes communions soient autant d’occasions de me rapprocher de vous, ô Marie, et puisque mon cœur est vôtre, recevez-y Jésus pour moi, afin qu’il s’y sente bien et qu’il ne s’y laisse jamais déloger. Ainsi, la bénédiction du Ciel m’accompagnera toujours, et j’espère fermement atteindre ainsi le bonheur du Ciel, et chanter vos louanges pour l’éternité, avec tous les saints et les anges, particulièrement mon fidèle gardien qui veille sans cesse à ses côtés, m’encourageant sans cesse sur le chemin de la vertu.

 

« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, Hosanna au Fils de David » !

 

Germaine Thionville

 

Cinéma – Père –

« Dire que la société serait chrétienne si les individus qui la composent étaient de vrais chrétiens, est une vérité de La Palisse. Il resterait à prouver, et ce serait difficile, qu’on peut avoir de vrais chrétiens, en grand nombre, dans un pays où les 4/5e des enfants reçoivent une éducation sans Dieu, où les 9/10e de la presse sont mauvais, où la famille est dissociée par la loi du divorce, où l’immoralité règne en maîtresse dans les usines et les ateliers, et se propage partout par cette apothéose de la chair qu’est le cinéma ?»

Joseph Vassal, en 1931

 

Père éducateur, père démagogue

 François, Monsieur, n’est pas coupable du désastre qui le hante. Il a été mal-aimé. Au lieu d’être à l’amarre à laquelle il aurait pu s’accrocher, sur nos mers en délire, vous avez préféré danser la gigue avec lui, sur le radeau.

Vous n’avez pas compris cette simple évidence : que l’amour ne consiste pas pour un père, à plaire à son fils mais à en faire un homme. Face à votre enfant, vous vous êtes conduit comme un démagogue soucieux de son indice hebdomadaire de popularité et non de l’avenir plus lointain de son peuple. Au lieu d’élever (quel beau mot : élever ! Rendre plus haut !) votre fils et de vous proposer en exemple, vous vous êtes conduit comme un histrion en quête d’applaudissements d’une foule qu’il veut toujours distraire.

L’arbre doit être taillé pour pousser droit et porter des fruits. Une comptabilité doit être bien tenue et en ordre pour que l’affaire prospère. Un champion doit être corrigé par son entraîneur pour atteindre à l’efficace perfection du geste. Les mots, dans les discours, doivent être choisis, maîtrisés et ordonnés pour se couler dans un style. Et je pourrai aligner ainsi cent et mille exemples. Mais un enfant n’est pas un arbre ou une affaire, me direz-vous !

Et si ! Voyez le vôtre par exemple : il ne porte aucun fruit et son âme est en faillite.

Jean Cau, in Le quotidien du médecin, février 1975

 

La science, de l’intégrité à la corruption  

L’homme cartésien aime croire à l’intégrité des hommes de science. Concevoir qu’à l’image des autres hommes, les scientifiques puissent faire preuve de corruption lui répugne. L’histoire de la science occidentale s’inscrit pourtant dans une longue, méthodique et persévérante révolte contre Dieu, que le mythe faustien (parmi d’autres) incarne. Mais ce qui devrait l’alarmer, au contraire, le rassure : les ennemis de Dieu ne peuvent que désirer son confort ! Et travailler à son bien !

Une corruption théologique : La perte de l’intégrité

Selon Mgr Gaume, « Le don de science n’est pas la science, il en est le moyen nécessaire, qui communique à l’entendement une impulsion, une vigueur, une étendue. De là, un discernement pour distinguer le vrai du faux, le solide de l’imaginaire, le réel de ce qui n’est qu’apparent.»1

Ce moyen nécessaire offert par l’Esprit-Saint, trouve-t-il encore asile dans l’esprit de nos scientifiques ? Qu’en est-il, dans leurs universités et leurs laboratoires, de cette exigence de fidélité au vrai, au solide, au Réel ? « Le but véritable et légitime des sciences n’est autre que de doter la vie humaine d’inventions et de ressources nouvelles »2 écrivait déjà Francis Bacon en 1620, dans son Novum Organum. Sa méthode expérimentale reposait sur « une sorte d’homologie entre le vrai et l’explicable »3 qui a considérablement restreint le domaine de la science au champ de la seule nature, tel que l’homme s’est mis à la penser dans son rejet viscéral de la scolastique médiévale et de sa philosophie : Bacon, Kepler, Leibniz, Copernic ou Newton, autant de savants humanistes dont les liens avec la kabbale, la gnose ou l’illuminisme sont aujourd’hui avérés. Leur laboratoire prolongeait l’antre de l’alchimiste, dans la vénération d’un même totem. L’abstraction de la machine humaine et celle du cosmos païen qu’on y célébrait préfigurait la fureur sans limite du transhumanisme contemporain. La première forme de corruption de la science fut ainsi une transgression d’ordre ésotérique.

Une corruption politique et financière : La soumission au politique

Lorsque la Convention révolutionnaire comprit que le télégraphe optique de Claude Chappe (1763-1805), qui dormait depuis quatre ans dans ses cartons, constituait un moyen d’inscrire la mosaïque de pays qu’était la France de l’Ancien Régime dans la cohérence spatiale et idéologique de l’État centralisé, elle finança son implantation sur tout le territoire. Le franc-maçon Lakanal, dans un rapport sur le télégraphe de la fin de l’année 1794 s’exalte : « Il rapproche les distances. Rapide messager de la pensée, il semble rivaliser de vitesse avec elle ». La propagande millénariste pour Internet évoquant  « le monde comme un village global » et « les autoroutes de la pensée » prétend-elle autre chose ? L’instrumentalisation de la science par la tyrannie politique est une vieille histoire…

Six millions de chercheurs nourris par la peur du déclassement social sont aujourd’hui en concurrence, au sein d’une communauté internationale massifiée et soumise au projet libéral globalisé : Ultra compétition et spécialisation à outrance sont leurs maîtres mots. L’incessante quête de financement transforme en universitaires du spectacle des biologistes, économistes, informaticiens, climatologues, chimistes, astrophysiciens, géologues, psychologues, pédagogues, virologues, statisticiens et consorts… Censées servir le Bien Commun, leurs recherches se trouvent assujetties au service des vérités transitoires et des fables utopiques que les États leur commandent.4

Une corruption intellectuelle : Gouffre ou périlleux défilé ?

Au lieu d’éclairer le vulgum pecus, la science se rend ainsi complice des narratifs tantôt effrayants, tantôt rassurants, destinés à abuser de sa crédulité. Pandémies à répétition, réchauffement climatique endémique, villes intelligentes, homme augmenté, procréation assistée et médecine transhumaniste sont autant d’escroqueries intellectuelles montées en bandes organisées pour piller les états et asservir les populations. Ce phénomène va croissant depuis l’avènement du scientisme, lorsque le prestige du savant usurpa celui du prêtre, et le statut de la découverte scientifique celui du sacrement : la religiosité qui adouba la vaccination de Pasteur entoure aujourd’hui la promotion de l’intelligence artificielle : pour dénoncer cette fraude langagière, Gérard Berry5 dans sa leçon inaugurale du Collège de France, oppose l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle : « intuition, rigueur, lenteur, d’un côté, rapidité, exactitude, stupidité de l’autre », lâche-t-il. Entre les deux, un gouffre ! Ce qui pose évidemment un problème de maîtrise. Car l’intelligence artificielle, c’est de l’information ; et l’information, ce n’est ni de la matière ni de l’énergie.

Afin de ne pas succomber à la fascination devant l’intelligence artificielle, on ne peut que méditer la prière de saint Bonaventure, dont le De reductione artium ad theologiam, classe l’habileté technique, « inventée par l’homme pour suppléer aux déficiences de son corps » au plus bas dans la  « hiérarchie des lumières », et la science de l’oraison au plus haut : « Dangereux, enseigne-t-il, est le passage de la science à la sagesse, si l’on ne place au milieu la sainteté ! Aidez-nous à franchir le périlleux défilé ; faites que toute science ne soit jamais pour nous qu’un moyen de la sainteté pour parvenir à plus d’amour.» Mais, la science contemporaine, dans un degré plus périlleux encore que l’art contemporain, s’est éloignée du souci du véritable Bien Commun, dans la fidélité aux lois de la Création. Comme les catholiques prient pour recevoir de Dieu de saints prêtres, il leur faut pareillement prier, aujourd’hui, pour des scientifiques qui soient des saints…

G. Guindon

 

1 Mgr Gaume, Traité du Saint Esprit, ch. 29, p 596

2 Bacon, «Aphorisme 81», Novum Organum sive indiciade interpretatione naturae.-, (1620) p. 141.

3 Nissim Amzallag, La Réforme du Vrai

4 Voir à ce sujet l’instructif Mythes et réalités de la science du physicien Jérôme Halzan.

5 Les cours de Gérard Berry sont disponibles en ligne sur le site Internet du Collège de France

 

A l’école

Est-ce que le savoir-vivre s’applique aussi à l’école ? C’est la question qu’on pourrait se poser en voyant les « incivilités » en tous genres dont souffrent les professeurs. Récemment, une jeune institutrice en voyage en Afrique, me faisait part de sa surprise en voyant la discipline et le respect pour l’autorité qui règnent dans les classes des pays qu’elle a traversés !

Serait-ce que les règles de politesse de l’ancien temps y sont toujours de mise, que le souffle du grand laisser-aller démagogique français n’a pas encore atteint les enseignants d’outre-Méditerranée ?

Rappelons quelques points essentiels qui rythmaient la vie scolaire de bien des écoles, il n’y a pas si longtemps, et qui se retrouvent heureusement encore dans quelques établissements où la discipline est respectée :

Respect des horaires, rassemblement en silence dans la cour de récréation.

Entrée en classe en rangs 2 par 2, en uniforme ou avec un tablier, boutonné, les bras croisés derrière le dos (afin d’apprendre à se tenir droit).

Accueil du professeur debout, jusqu’à ce qu’il nous invite à nous asseoir. On lève la main pour prendre la parole, on n’interrompt pas le professeur, et l’on attend qu’il ait fini son explication pour poser sa question.

On ne l’appelle pas par son prénom, mais Madame, Mademoiselle ou Monsieur. Quand on parle de lui, on ne dit pas : Dupont, mais « Monsieur » Dupont, même en son absence. Quand on le croise dans les couloirs, on lui dit : « Bonjour Monsieur » distinctement avec un franc sourire, même s’il vient de nous rendre un devoir « exagérément sous-noté ».

Les caricatures, surnoms et autres quolibets sont à proscrire ; de même pour les batailles d’objets volants non identifiables, le trafic de matériel, ou d’information pendant les devoirs, les portables… Je ne vais pas vous faire un récapitulatif de règlement intérieur.

Tout ce formalisme n’est pas facultatif. Lui seul permet de maintenir un climat d’étude et de courtoisie, qui devient bientôt de la confiance et même de l’affection du professeur vis-à-vis de sa classe, confiance réciproque, entraide entre camarades. Ce n’est plus la lutte des classes, le combat irrémédiable entre les « sachants » et les « apprenants », le professeur garde chiourme, mais plutôt un grand navire avec un maître d’équipage chargé de faciliter la traversée de ses matelots vers les terres inconnues du Savoir.

Ce n’est pas un idéal inatteignable, saboté par les commentaires assassins des élèves sur les réseaux sociaux, mais une condition indispensable pour lutter contre l’ignorance invincible de cette génération de « mal appris », qui n’a même pas appris à apprendre… C’est d’ailleurs la méthode appliquée par toutes les petites structures qui veulent redresser la situation dans des zones déshéritées : discipline, politesse, confiance.

 

A l’école du Divin Maître

Il est une école où il n’y a pas de bancs, sauf peut-être ceux de l’église, pas de professeurs, si ce n’est le prêtre, pas de cahier, si ce n’est nos bonnes ou mauvaises pensées et œuvres, pas de notes, si ce n’est notre récompense (ou non) au Ciel, pas de cour de récréation si ce n’est le champ immense de la vie, pas de camarades si ce n’est notre prochain, pas de livres de références, si ce n’est l’Evangile.

Tu l’auras deviné, c’est l’école du Divin Maître

 

Les seuls, dans cette école, qui ont un diplôme en poche et l’assurance d’un bon travail, sont ceux qui, comme les saints, travaillent à se réformer, à s’oublier sans cesse, à deviner avec délicatesse le besoin des autres, à vivre profondément de l’Evangile, à présenter tous leurs besoins et la misère humaine dans ses tréfonds et ses grandes peines, au Bon Sauveur. Là pas de risque de se tromper d’orientation, avec la Sainte Vierge, notre sainte maîtresse qui nous accompagne sur le chemin,

A l’école du Divin Maître

 La littérature est apparemment sans logique puisqu’il est dit « Bienheureux ceux qui pleurent, ils seront consolés », « Bienheureux les pauvres en esprit car le Royaume des Cieux leur appartient », « Bienheureux ceux qui sont persécutés pour la justice car grande sera leur récompense dans les Cieux », et ainsi pour tout le sermon sur la montagne avec ses béatitudes.

Quant aux mathématiques, il semblerait qu’elles fussent réduites souvent aux nombres 7 ou 12…

Les lois de la physique sont mises à mal avec la marche de Notre Seigneur et de saint Pierre sur les eaux, et les poissons pêchés contre toute attente dans des zones inconnues.

A l’école du Divin Maître

 

La géographie est quelque peu malmenée puisque les collines sont priées de s’abaisser, les vallées de se combler et les chemins tortueux de se redresser…

De même en Histoire puisqu’il nous est rappelé que pour Dieu, mille ans sont comme un jour, et qu’Il voit en un instant toutes les époques à la fois.

Enfin, aucun effort d’apprentissage des langues étrangères, qui après être tout à coup apparues avec une histoire de Tour de Babel, sont comprises sans effort un jour de grand vent…

A l’école du Divin Maître

 

Pour ce qui est des études supérieures, l’économie est apparemment sans fondement moral puisque l’intendant infidèle y est loué, la loi salariale défie toute logique, le salaire étant le même pour une heure ou une journée du travail.

Enfin le droit et la politique font état d’un royaume sans pouvoir visible, sans armée, sans défense où les brebis seront au milieu des loups et les serviteurs persécutés et tués.                  >>>   >>> Et pour conclure, il n’est nul besoin de briguer les premières places, puisque les premiers seront les  derniers et les derniers, les premiers.

A l’école du Divin Maître

 

Pourtant, un petit enfant qui vit de cette école-là, est bien plus savant que celui qui aura fait de longues études, comme le dit le saint Curé d’Ars à un pénitent.

Pas de besoin de tricher, notre ange gardien nous souffle toujours à l’oreille la bonne réponse, mais souvent, nous ne l’écoutons pas.

Chaque matin, ouvrons notre Evangile et méditons avec simplicité ces lignes si belles que nous connaissons, hélas superficiellement, alors qu’elles demandent un vécu profond et une réelle « incarnation » dans toutes nos actions. La réponse est toujours là quand nous hésitons sur la conduite à tenir et pour nous aider à voir plus haut.

Puissions-nous jusqu’au bout, mettre en œuvre, bien réellement tout ce que nous apprenons,

A l’école du Divin Maître.

                  Jeanne de Thuringe

 

Ma bibliothèque

ENFANTS :

A partir de 3 ans : Souris des bois – Une année dans la forêt – A. Melvin – Albin Michel Jeunesse – 2022

A partir de 6 ans : Mon petit mois du Sacré-Cœur ; pensées et coloriages pour chaque jour – Quentin Moreau – 2022

– Dès 7/8 ans : Tout feu, tout flamme – K.-M. Amiot – Mame – 2022

– Dès 12 ans : Elisabeth de France – Le sacrifice d’une princesse – M. Vial-Andru – Filvmena – 2022

 

ADULTES (à partir de 16 ans)

– Actualités : Cette révolution scolaire qui tue la France – Une lutte diabolique contre l´excellence française – Cl. Meunier-Berthelot – Edition des trianons – 2022

– Spiritualité : Sainte Marie-Madeleine, la foi victorieuse – Père Jean-Dominique – Cahiers Saint Dominique – Edition du Saint Nom – 2022 (à vendre chez Clovis)

Culture : La société chrétienne – Cardinal Pie – De Regno – 2022

Education : 2 livres et un cahier pour encadrer l’enseignement des petites et moyennes sections. Editions La petite maison – M-G Chauvet – 2022

– Histoire : Le Grand siècle au féminin – M-J. Guillaume – Perrin –2022

 

Pour compléter cette liste, vous pouvez vous renseigner sur les Cercles de lecture René Bazin :

cercleReneBazin@gmail.com  (à partir de 16 ans- Culture, Formation)

 

La Revue : « Plaisir de lire » propose un choix de nouveautés pour toute la famille (distraction, histoire, activités manuelles) Envoi d’un numéro gratuit à feuilleter sur écran, à demander à :

PlaisirdeLire75@gmail.com 

 

Salut, demeure chaste et pure – Faust

 

Mon Dieu …

Donne de quoi chanter à moi pauvre poète

Pour les gens pressés qui vont, viennent, vont

Et qui n’ont pas le temps d’entendre dans leur tête

Les airs que la vie et la mort y font.

Marie Noël

La rentrée des classes voit le retour à la maison, de la famille plus ou moins enthousiasmée à l’idée de reprendre le labeur quotidien. Mais généralement, les murs familiers sont retrouvés avec grand plaisir.

Deux extraits musicaux qui traitent du thème de la maison, avec poésie et nostalgie.

 

Salut, demeure chaste et pure

Faust

Opéra en cinq actes, création du Théâtre Lyrique en 1859. Opéra inspiré de l’œuvre de Goethe (« Faust »).

Le Docteur Faust, âgé, veut en finir avec la vie, le Diable lui propose de lui rendre sa jeunesse en échange de son âme. Le thème du salut de l’âme sera ensuite évoqué tout au long de l’opéra. L’objet de la passion du Docteur Faust, Marguerite, sera sauvée grâce à sa prière, et l’opéra se termine aussi par la vision du Docteur Faust en prières.

Ce thème, largement utilisé dans la littérature, le théâtre, est ici dramatisé et romantisé à l’extrême, avec l’incohérence propre au XIXème siècle. N’en savourer donc que les meilleurs extraits comme celui-ci qui constitue une partie du répertoire ordinaire des grands ténors.

A l’acte III, le Docteur Faust se trouve dans le jardin de Marguerite et chante cette cavatine (courte pièce vocale pour soliste ne comportant qu’une ou deux sections sans reprise) où l’objet de son amour et sa maison s’identifient l’une l’autre.

Salut, demeure chaste et pure

Salut, demeure chaste et pure

Où se devine la présence

D’une âme innocente et divine

Que de richesse en cette pauvreté
En ce réduit, que de félicité
Que de richesse
Que de richesse en cette pauvreté,
En ce réduit, que de félicité

 

O Nature
C’est là que tu la fis si belle,
C’est là que cette enfant
A dormi sous ton aile
A grandi sous tes yeux

Là, que de ton haleine
Enveloppant son âme
Tu fis avec amour épanouir la femme
En cet ange des cieux


C’est là ! Oui ! C’est là !

Salut, demeure chaste et pure
Salut, demeure chaste et pure
Où se devine la présence
D’une âme innocente et divine

Salut !
Salut, demeure chaste et pure
Où se devine la présence
D’une âme innocente et divine

 

Le bon élève (1)

Qu’est-ce qu’un bon élève ? Est-ce l’écolier classé parmi les premiers ? Cette idée paraît bien étroite… Un bon élève est plutôt l’enfant qui s’accroche en classe parce qu’il a le goût de s’instruire. C’est un écolier épanoui qui retirera de ses années scolaires un profit décisif pour sa vie d’adulte. Tous les enfants ne sont pas faits pour être « premier de classe », il n’y a qu’un premier par classe ! Et si beaucoup peuvent être de très bons élèves, tous n’ont pas les mêmes capacités de compréhension, de mémoire, ni les mêmes centres d’intérêt, mais tous peuvent être épanouis en faisant le mieux qu’ils peuvent tout au long de leur scolarité.

 

C’est à la maison que se font les bons élèves

Les mauvais aussi. 90% des écoliers qui ont pris un bon départ restent bons élèves jusqu’au bout, car c’est pendant ses premières années que l’enfant apprend à apprendre, et cela commence à la maison. Les parents doivent se persuader qu’ils ont en main la clé de la réussite de leur enfant, c’est-à-dire de leur avenir, qu’il soit spirituel, familial, professionnel, relationnel…

Que faut-il donc donner à ses enfants pour qu’ils aillent bien, à l’école comme à la maison ? Nous en avons déjà parlé1, leur équilibre dépendra beaucoup de l’atmosphère familiale (paisible, ordonnée, bonne entente entre les parents…) et de l’affection. Une personne qui se sent aimée est plus forte pour réussir, à n’importe quel âge, car elle ne se sent pas seule. Pour l’enfant, l’affection est plus qu’une aide, c’est un besoin vital, surtout pendant les trois premières années de sa vie. Mais après, il ne devient pas tout d’un coup guidé par la seule raison. Pendant longtemps encore, le cœur va être au centre de ses préoccupations, de son développement intellectuel, affectif, social. Chez le tout jeune enfant, tout se passe comme si, tant que le cœur n’est pas satisfait, l’intelligence se bloquait. Cette domination du cœur sur l’intelligence est entière jusqu’à « l’âge de raison » (environ sept ans). Ensuite, lentement, l’intelligence acquiert plus d’indépendance vis-à-vis du cœur, surtout si l’enfant a des parents aimants, et qui savent l’exprimer en le corrigeant ou l’encourageant selon les circonstances. 

Après l’affection, le plus grand besoin des enfants est l’autorité. Savez-vous ce qu’on appelle aux États-Unis des « runaways » ? Ce sont des jeunes, entre 12 et 16 ans, qui fuient leur maison. C’est un fléau national, le drame de centaines de parents qui ont cru qu’on pouvait élever des enfants sans aucune contrainte, qu’il fallait céder à tous leurs caprices si l’on voulait éviter les « frustrations ». Alors, complètement abandonnés à eux-mêmes, ne trouvant personne pour les guider chez eux, les conseiller, les reprendre ou exiger, ces enfants se sont enfuis ! L’autorité des parents consiste à savoir ce qui est utile pour le bien de l’enfant, au physique comme au moral ; être décidé à imposer sa volonté lorsqu’elle est juste ; être ferme, ne pas céder aux supplications. Non seulement l’enfant accepte cette autorité, mais il la recherche si elle fait défaut.

Savez-vous pourquoi l’affection et l’autorité que vous donnez à votre enfant le rendent heureux ? Parce que cela lui donne un sentiment de sécurité dont il a grand besoin pour grandir !

 

Aider son enfant

Pour la majorité des parents, aider un enfant dans ses études, c’est lui faire recommencer à la maison la division ou l’analyse qu’il n’a pas comprise. Il y a une manière prévoyante et facile d’aider un enfant,  avant même qu’il aille à l’école : c’est d’encourager les qualités qu’il possède et qui lui seront utiles dans sa scolarité, et de reprendre sa nature désordonnée par le péché originel en éduquant par exemple son sens de l’effort, de la volonté, en développant aussi sa curiosité et la maîtrise de lui-même.

Il s’agit d’abord du désir que l’enfant a de grandir et de faire lui-même ce qu’il voit faire les autres. Cela le rend capable de grands efforts. Regardez votre petit, pour attraper un objet dans sa main, puis pour se tenir aux barreaux de son parc, faire entrer une perle dans une bouteille, il recommence dix fois, vingt fois avec persévérance. Autant de fois cela rate, autant de fois il recommence ! Personne ne le dérange car il ne dérange personne. Il est prêt à tous les efforts. C’est lorsqu’il veut faire les choses que l’on faisait pour lui que cela se gâte : manger, se déshabiller, ranger…car, évidemment il est maladroit, cela prend du temps, et maman est pressée ! Alors au lieu de laisser l’enfant faire tout seul, on le lui fait. Ou bien quand il tente à grand peine de monter une tour de cubes, on l’interrompt, sans égard pour son effort. Ou bien encore s’il veut aider à mettre le couvert, on refuse : « Tu es trop petit !». Ainsi on lui retire la joie de réussir, ainsi qu’une bonne occasion de prendre confiance en lui-même. Encouragez donc votre enfant dans ses tentatives de progrès au fur et à mesure qu’il grandit. A l’école, il aura sans cesse des efforts à faire. Il se trouvera sans cesse devant des tâches qui lui sembleront difficiles. Vous ne serez pas là pour les faire à sa place. Comment pourrez-vous lui dire « Fais donc un effort » si vous avez régulièrement découragé tout désir de progrès.

Par ailleurs l’enfant est curieux, c’est normal, il a tout à découvrir, tout à comprendre. Cette curiosité lui sera très utile à l’école. Avant la parole, il découvre ce qui l’entoure avec les yeux, puis avec les mains : il touche, déplace… C’est ainsi qu’il apprend à connaître. Puis, lorsqu’il sait parler, l’enfant exprime sa curiosité par des questions de plus en plus précises au fur et à mesure de l’évolution de son langage. C’est la période de l’inventaire où l’enfant veut mettre un nom sur chaque chose. Viennent ensuite les « pourquoi ? », il veut comprendre et savoir à quoi servent les choses et pourquoi on fait les actions. Il faut alors user de patience pour répondre avec des mots simples et adaptés à son âge, afin de satisfaire ce moyen d’apprendre. Refuser l’explication serait stériliser la curiosité de l’enfant. Et demain, à l’école, il pourrait devenir cet élève qui désespère parents et enseignants car il ne s’intéresserait à rien.

Il y a une autre qualité, qui, elle, n’est pas naturelle, et sur laquelle je voudrais attirer aussi l’attention car elle sera très utile à votre enfant en classe : la maîtrise de soi. Un bien grand mot pour un petit écolier qui en aura tant besoin pour ne pas interrompre la maîtresse dès qu’il aura une réflexion à faire, et gênera la classe. Ou encore qui prendra le ballon, même si ce n’est pas à son tour de jouer, et que ses camarades excluront. La maîtrise de soi suppose un contrôle, et de la parole et des gestes, sans lequel la vie en société n’est guère possible. Ce contrôle est particulièrement difficile pour l’enfant car celui-ci est essentiellement spontané et égocentrique, c’est-à-dire qu’il ramène tout à lui sans tenir compte de ceux qui l’entourent. Cette maîtrise de soi (que les adultes n’ont pas toujours !) s’apprend dès la petite enfance. Par exemple : l’enfant a le droit de parler à table, mais ne doit pas interrompre celui qui parle. On ne lui donnera pas toujours tout de suite ce qu’il souhaiterait en lui demandant d’attendre un peu. Il se contrôlera à l’occasion de certains jeux en famille, comme par exemple le Mistigri2 : s’il a le valet de pique, il doit se maîtriser pour ne pas le dire, et l’offrir négligemment à son voisin, etc. On lui apprendra à accepter un contretemps, ou bien encore à ne pas clamer sa déception s’il n’a pas la fève lorsque l’on tire les rois !

Les parents comprendront, bien sûr, que tous ces efforts seraient vains pour inculquer la maîtrise de soi à leurs enfants s’ils les voient eux-mêmes crier et se mettre sans cesse en colère : la maîtrise de soi s’apprend essentiellement par l’exemple. (À suivre…)     

Sophie de Lédinghen 

 

1 cf. FA n°29 Aimer son enfant ; n°30 Aimer vraiment son enfant ; n°31 Qui aime bien, châtie bien

2 Jeu du Mistigri : On retire du jeu 3 valets en ne gardant que le valet de pique. On distribue toutes les cartes entre les joueurs qui posent devant eux les paires qu’ils peuvent constituer. À tour de rôle, chaque joueur fait tirer une carte de son jeu à son voisin situé à sa gauche. Celui-ci pose deux cartes s’il a réussi à réaliser une paire. Le joueur qui reste à la fin avec le Mistigri est le perdant !

 

Essai « littéraire » : idéal classique, idéal moderne

Note préliminaire, à titre d’introduction :

Sans vouloir ressusciter une querelle stérile entre Anciens et Modernes, nous voudrions nous interroger sur les grandes lignes qui caractérisent d’un point de vue littéraire, le classicisme d’une part, la modernité d’autre part. Précisons bien qu’il ne s’agit-là ni d’une étude historique – au sens événementiel du terme – ni d’une étude proprement littéraire – au sens où la littérature « épouse ›› son époque – mais d’un essai philosophique puisqu’il importe de déterminer les propriétés essentielles de ces deux tendances littéraires. En ce sens, classicisme et modernité ne seront pas analysés comme courants littéraires, inscrits dans un temps et un lieu déterminés mais comme état d’esprit, idéal artistique. A ce titre d’ailleurs, ne peut-on considérer par exemple Baudelaire ou P. Valéry – relativement à l’écriture – comme des écrivains classiques alors que La Bruyère et Fénelon – relativement aux idées – présentent bien des aspects modernes ? Clio sera donc soumise à Minerve, ut decet. Signalons enfin que Boileau (surnommé « la conscience du classicisme ») et Baudelaire (auteur du fameux « qui dit romantisme dit art moderne : Salon de l840) ››, en tant que théoriciens de l’art en général ayant su s’interroger sur les finalités de l’art littéraire en particulier, nous serviront de cicérones.

I – « Rien n’est beau que le vrai », tel est l’idéal classique formulé par Boileau1

Que faut-il entendre ici par « vrai » ? Le vrai, c’est la nature mais la nature à la fois générale et choisie : générale, c’est à dire universelle, susceptible d’intéresser les hommes capables de réfléchir et de sentir, et choisie, c’est à dire « sélectionnée » parce que les exceptions ou les singularités (au sens étymologique du terme) sont contraires au plan ordinaire de la nature. De plus, nous n’arrivons au général que par le choix : c’est parce que Phèdre est un modèle choisi de « l’amour-passion ›› qu’elle intéresse tous les hommes en proie à la passion amoureuse. Si ce naturel est surtout psychologique à l’âge classique, il importe peu qu’il soit réel (vérité de fait : Molière, Racine, La Rochefoucauld) ou idéal (vérités de raison : Corneille, Pascal, Bossuet). Concernant le genre de la tragédie par exemple, là où Corneille affirmera : « le sujet d’une belle tragédie ne doit pas être vraisemblable »2, Racine au contraire soutiendra : « il n’y a que le vraisemblable qui touche dans la tragédie »3, mais là où Corneille et Racine, du point de vue de la finalité classique se rejoignent, c’est qu’ils nous ont proposé des types d’hommes éternels. Polyeucte et Joad représentent le type chrétien comme Rodogune et Hermione incarnent la vengeance humaine au-delà des différences individuelles, humaines, trop humaines. De la même manière, ne parle-t-on pas désormais d’un Harpagon pour désigner un avare (figure de style appelée antonomase !) ou d’un Julien Sorel pour indiquer l’ambitieux ? La notion de type, par nature universelle, connexe à la notion de modèle – le type parce qu’il est universel, peut servir de modèle ou de référence – permettra alors « l’émergence » des notions d’imitation et d’admiration : « le vrai seul est aimable »4.

A l’inverse, que propose « l’idéal » moderne ? « L’imagination est la reine du vrai et le possible est une des provinces du vrai » nous dit Baudelaire5. (Une province privilégiée, indique-t-il au cours de son exposé, où le possible s’oppose au naturel). Or, si c’est l’imagination qui appréhende le vrai, ce « vrai » n’est plus l’universel, le nécessaire, mais correspond à l’imaginaire, au singulier. « La modernité », reconnaît l’auteur des « Paradis artificiels », « c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art ›› (sic)6. La notion de type est alors récusée au profit de la notion d’individu et à la notion d’imitation se substituera celle de création. Il est difficile par exemple de dégager des types d’un roman de M. Proust : on y trouvera une accumulation d’individus constitués d’éléments insignifiants ou singuliers (Swann, les Guermantes).

« Nous voulons

Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?

Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau »7

 

II – « Le vrai seul est aimable »

Aux yeux des esprits classiques, la vérité doit être universelle pour satisfaire à la véritable beauté artistique : « quoi que vous écriviez, évitez la bassesse »8. L’écrivain classique, quel que soit le genre littéraire utilisé, ne peut plaire et toucher que par la présentation (directe ou indirecte) du vrai et du bien. Vivre selon le vrai, c’est agir bien, c’est à dire conformément à la raison qui constitue la dignité de l’homme suivant la pensée de Pascal : « Toute la dignité de l’homme consiste en la pensée »9.

En un mot, vivre selon la pensée, c’est mener une vie vertueuse. Notons d’ailleurs que plus le vrai exposé sera idéal, c’est à dire moral, plus pourra naître l’admiration du lecteur ou du spectateur : « quand une lecture vous élève l’esprit, et qu’elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l’ouvrage ; il est bon et fait de main d’ouvrier. »10 Pour un esprit classique, contrairement au cerveau (terme baudelairien) moderne, le plaisir (trop « artistique ») vise une conversion, une purification parce que la psychologie, plus ou moins implicitement, est subordonnée à la morale. Corneille à ce sujet, a écrit ces paroles fortes dans sa Préface à Nicomède : « le succès a montré que la fermeté des grands cœurs, qui n’excite que de l’admiration dans l’âme du spectateur, est quelquefois aussi agréable que la compassion que notre art nous commande – de mendier pour leurs misères »11. Quant à Boileau, dans sa lettre à Perrault lors de la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes, il exprimait la même idée à propos du rôle des auteurs classiques : « Les grands écrivains doivent leur gloire à la constante et unanime admiration de ce qu’il y a eu dans tous les siècles d’hommes sensés et délicats, entre lesquels on compte plus d’un Alexandre et plus d’un César. Ceux que j’ai toujours vus le plus frappés de la lecture des écrits des grands personnages – Homère, Horace, Cicéron, Virgile – ce sont des esprits du premier ordre, ce sont des hommes de la plus haute élévation »12. L’art pour l’art est donc inconcevable pour une intelligence classique : quoiqu’en dise J.-J. Rousseau, « l’Avare » de Molière est certainement plus une école de grandeur d’âme qu’une « peinture de mauvaise mœurs ». (Indirectement bien sûr comme peut corriger la comédie c’est-à-dire « ridendo mores »).

En revanche, si l’imaginaire seul constitue la « vérité ›› moderne, il constitue aussi le principe de la beauté moderne. Ecoutons cet aveu de Baudelaire, exprimé à travers les propos de celui qu’il appelle « l’homme imaginatif »13 : « Je trouve inutile et fastidieux de représenter ce qui est parce que rien de ce qui est ne me satisfait. La nature est laide et je préfère les monstres de ma fantaisie à la trivialité (sic) positive ». A la notion normative d’admiration (et surtout d’imitation) va se substituer la notion équivoque d’évasion. Jamais les concepts de créativité, de spontanéité et de liberté ne seront autant sollicités puisque les modernes ne font plus figure – cf. « Le Roi se meurt ›› de Ionesco – de héros ou de prophètes mais de dandy et de bohèmes. En langage baudelairien, le bohémianisme de la condition humaine, exode sans prophète, a succédé à l’héroïsme du genre humain.           « Les hommes vont à pied

Promenant sur le ciel des yeux appesantis

Par le morne regret des chimères absentes »14

 

III – « Aimez donc la raison »15

Seule la raison entendue comme l’excellence de l’homme permet d’appréhender le vrai parce que le vrai c’est la nature épurée et affinée. L’ordre, la juste mesure, l’harmonie – d’« Antigone» à « Eugénie Grandet » – exigent lumières de l’intelligence et efforts de la volonté. A l’opposé, si l’imagination est « la reine des facultés ›› et si elle a créé le monde, « il est juste qu’elle le gouverne »16. Bien plus, toujours selon les vues perçantes de l’auteur des « Fleurs du mal ›› – et un mouvement littéraire comme le surréalisme l’a confirmé – l’imagination « crée un monde nouveau, elle produit la sensation du neuf »17. Dès lors, la nature n’est plus un livre d’où l’artiste doit abstraire un sens et à partir duquel il peut rejoindre un Auteur du Kosmos mais elle devient un « dictionnaire »18 avec lequel l’homo faber élabore de lui-même un discours19.

 

Conséquences :

Que conclure, d’un point de vue pédagogique, de cette brève analyse ? Si l’on considère la formation et l’éducation scolaire, c’est assurément à la source de l’idéal classique qu’il faut abreuver nos élèves. N’est-ce pas là, la finalité littéraire de notre école ? En revanche, l’idéal moderne présente bien des beautés qui peuvent « détendre » ou divertir ; de plus, bien choisies, certaines œuvres modernes constituent comme le contre-point des chefs-d’œuvre classiques. En ce sens, réformer, c’est encore former ; mais le poids du classicisme nous paraît décisif car, qui opérera la critique (au sens étymologique – grec ~ de « discernement ») sinon la raison, éclairée par la foi dans une école catholique ? Il y a deux cents ans environ (!), A. Chénier écrivait :

« Sur des pensers nouveaux, faisons des vers antiques ››, En guise d’épilogue, nous proposerions volontiers aux plus artistes de nos élèves, la formule suivante : « Sur des pensers antiques (ou classiques) faisons des vers nouveaux. »20

Nota Bene

Signalons, in fine, que Monseigneur Lefebvre, lui-même avait mis en garde dès « l’été chaud » contre « la littérature catholique moderne » qui « peut conduire un lycéen à la révolte et aux pires dégradations »21 et, ajoutait Monseigneur, : « je n’ai pas évoqué pour rien la littérature catholique moderne car le drame de ce temps, c’est que les clercs, dont la mission est de « vertébrer » les caractères et les âmes, se sont laissés dénaturer, quand ils ne sont pas allés à la rencontre de la perversion pour lui donner la main.» (ibid). Même si le mot « littérature » peut être ici entendu métaphoriquement (toute forme de « doctrine » ou de « discours »), que les professeurs se méfient donc dans le choix des lectures : docti caveant !

 Joseph LAGNEAU

 

Bibliographie sommaire :

Boileau : Art poétique, Epitres, Satires.

Baudelaire : Salon de l859 les Fleurs du Mal : pour l’esthétique baudelairienne, consulter le maître- Livre de Rémi Brague : « Images vagabondes ». Edition La transparence, mars 2008.

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1 Boileau : Epitre IX, vers 43 premier hémistiche.

2 Corneille : Préface d’« Héraclius ».

3 Racine : Préface de Bérénice.

4 Boileau : Epitre IX, vers 43, second hémistiche.

5 Baudelaire : Salon de 1859, 3 : « reine des facultés ».

6 Baudelaire : Le peintre de la vie moderne, 4 : « la modernité ».

7 Baudelaire : Les fleurs du mal : « le voyage », dernière strophe.

8 Boileau : l’Art poétique, chant l, vers 79.

9 Pascal 1 Pensées n° 365 : « pensée ».

10 La Bruyère : Les Caractères : « l’idéal classique » 3l.

11 Corneille : « Préface à Nicomède » : in fine.

12 Boileau : Lettre à M. Perrault, 1700 : extrait.

13 Baudelaire : Salon de l859, 41 : « le gouvernement de l’imagination ».

14 Baudelaire : Les fleurs du mal :« Bohémiens en voyage ».

15 Boileau : Art poétique, chant 1 vers 37.

16 Baudelaire : Salon de l859, 3.

17 Baudelaire : ibidem.

18 Formule du peintre Eugène Delacroix.

19 Cf. les remarquables analyses de M. M. de Corte sur ce thème in « L’intelligence en péril de mort. »

20 A. Chénier : l’lnvention, extrait.

21 Non, « Entretiens de Jose Hanu avec Monseigneur Lefebvre, Stock, 1977 – p. 29