Le chant liturgique

Un soir à la maison, Grégoire, qui a juste 12 ans et qui chante au chœur d’adolescents du Conservatoire de la ville toute proche, lance la discussion au sujet de la musique et plus spécifiquement du contenu des programmes de chants des chorales.

– J’aime bien les chansons que l’on chante au Conservatoire. Les mélodies sont agréables et puis les rythmes sont très entraînants alors que les cantiques que l’on chante lors de la messe du dimanche semblent plus monotones et plus lourds. Pourquoi ne chante-t-on pas des chants qui bougent un peu ? Les cantiques sont tristes parfois.

Son frère Augustin, de 18 ans, qui a suivi une première retraite de Saint Ignace lui rétorque que tout cela est normal. A la chorale du conservatoire, le chef de chœur recherche souvent en premier lieu à intéresser ses élèves. Il choisit donc des chants agréables et dynamiques qui peuvent plaire à un maximum d’élèves et aussi au public des concerts. Tous recherchent un plaisir immédiat. A la messe, nous sommes là pour louer, honorer et servir Dieu, attitude que nous devrions avoir dans toutes les activités de notre vie d’ailleurs. Donc le but n’est pas le même ici qu’au Conservatoire.

Papa, qui a suivi l’échange intervient alors pour préciser quelques points. L’assistance à la messe est le plus important des actes de religion. C’est le renouvellement du Sacrifice de la Croix et les fidèles y participent par leurs prières et par leurs chants à la louange divine. Il ne s’agit plus de savoir si le chant nous plaît ou non, mais si ce chant est digne de Dieu, le loue et l’honore. Ainsi nous nous unissons aux anges et aux saints qui chantent éternellement la gloire de Dieu dans le Ciel. Pendant le Sanctus, pensons particulièrement à la cour céleste qui nous accompagne.

– Mais ce n’est pas un peu compliqué de choisir des chants adaptés ? reprend Grégoire.

– C’est pourquoi, répond Augustin, les chefs de chœurs passent du temps pour élaborer le programme des cantiques convenant aux différentes circonstances.

– En effet, précise Papa, qui dirige la chorale paroissiale de la chapelle desservie par de bons prêtres traditionnels où il emmène chaque semaine sa nombreuse famille, les cantiques sont choisis en fonction de la fête et surtout au regard des pièces grégoriennes qui ne sont pas facultatives et qui donnent la couleur propre de chaque messe. Les introïts du jour de Noël (Puer natus) et du jour de Pâques (Resurexit) n’ont pas la même couleur ni le même entrain. Autant le premier est joyeux et enlevé autant le deuxième est posé et recueilli. On ne pourrait pas chanter n’importe quel cantique avant l’un ou l’autre de ces introïts comme il ne nous viendrait pas à l’idée de mettre de la moutarde dans un dessert. Dans les deux cas il est nécessaire de faire preuve de bon sens. Si on fait des mauvais choix, on ne met pas l’objectif au bon niveau.

Quelle est la fin que nous recherchons ? Quel est le meilleur moyen à prendre pour l’atteindre ? Telles sont les questions que l’on doit se poser en permanence, sinon c’est comme si l’on marchait dans une grande forêt sans carte ni boussole.

Tout à coup Madeleine, 13 ans, prend part au débat pour ajouter qu’à son avis on ne chante bien que si on éprouve du plaisir, et que certains cantiques que l’on chante à la chapelle sont vraiment trop tristes.

– La musique passe d’abord par les sens, ajoute Papa, et c’est pourquoi nous avons plus ou moins de plaisir à l’écouter et à la mémoriser suivant notre sensibilité. Mais il n’en reste pas moins vrai qu’elle doit atteindre l’âme et nous faire remonter à Dieu auteur de tout bien. Sinon c’est du vol ou du caprice si nous gardons égoïstement ses bienfaits. J’insiste sur ce que nous avons dit tout à l’heure. Notre chant, à la messe tout particulièrement, est une louange pour Dieu. Il ne faut donc pas en rester à une première impression de tristesse ou de joie. Il faut analyser le contenu des chants et la fin recherchée. Certaines pièces seront plus méditatives et d’autres moins, selon ce que le compositeur a voulu exprimer, et le choix sera effectué en fonction de ces critères, selon la période liturgique et pour aider les fidèles à mieux prier.

Tout fier, Augustin reprend,

– Mon saint patron a dit : « Chanter, c’est prier deux fois. »

– Effectivement, le chant nous aide à porter notre prière vers Dieu, précise Papa. Il n’est pas besoin d’être un grand chanteur pour louer Dieu avec sa voix.

– L’autre jour j’ai entendu une messe avec des solistes, continue Grégoire, et cela avait de l’allure, rien à voir avec les chants à la paroisse !

– Attention, Grégoire, ajoute Papa, ces chanteurs ont-ils la foi, chantent-ils pour rendre gloire à Dieu, ou sont-ils venus comme à un concert pour une prestation qui leur sera rémunérée ? En toute chose il faut considérer l’esprit, l’intention qui motive cette action. Le Bon Dieu sera plus honoré par un chant simple d’une paroisse qui y met tout son cœur avec une pureté d’intention que par des pièces interprétées par des professionnels qui ne pensent pas à Lui.

Maman intervient pour étayer les propos de Papa en donnant l’exemple du « Je vous salue Marie » de l’Isle-Bouchard. A l’occasion de ses apparitions dans l’église du village, la Très Sainte Vierge a demandé à plusieurs reprises à Jacqueline Aubry, l’ainée des voyantes, de chanter avec la foule le « Je vous salue Marie qu’elle aimait bien ». C’est sans doute plus la foi avec laquelle tous chantaient que la qualité vocale de l’exécution que la Très Sainte Vierge attendait.

Le chant liturgique fait partie intégrante du culte rendu à Dieu conclut Papa. En effet, l’homme est fait pour vivre en société et doit rendre un culte public à Dieu. D’où il en découle l’obligation d’assister à la messe tous les dimanches et fêtes, et d’y chanter de tout son cœur les pièces les plus accessibles. C’est-à-dire non seulement les cantiques mais aussi les différentes parties des Kyriale et Credo. Le Père Emmanuel du Mesnil Saint loup avait réussi à entraîner ses paroissiens à chanter mêmes les pièces grégoriennes après les avoir répétées dans la semaine sous sa direction. Nous sommes bien loin des cantiques faciles entendus parfois dans les messes de mariage des cousins qui ne vont pas à la messe traditionnelle. Mais nous pourrons continuer cette discussion un autre jour avec des exemples et des arguments pour donner les éléments pour choisir les meilleurs chants.

            François

 

« Tout ce qu’on donne fleurit, tout ce qu’on garde pourrit ! »

            Tout le monde peut aider son prochain ! Pas besoin nécessairement d’avoir un surplus d’argent ; il existe de nombreuses manières de faire du bien autour de soi. Il faut seulement savoir acquérir une grandeur d’âme qui permet de donner avec délicatesse et charité. N’oublions pas de garder l’équilibre dans nos actions avec ordre et justice : il ne s’agit pas d’ouvrir sa maison à tous les passants sans distinction et au détriment de sa famille… Il s’agit de faire du bien autour de soi avec mesure et équilibre en analysant à deux et sous le regard de Dieu ce qu’il est juste de faire en classant les priorités.

Bien souvent on est prêt à aider ses amis : on se passe les habits des plus jeunes, on se prête une perceuse, mais n’oublions-nous pas ceux que nous connaissons un peu moins et qui pourtant en auraient davantage besoin ?

Ces quelques lignes, sous la forme d’une liste non exhaustive pourront vous y aider.

– Dès l’enfance, montrons à nos enfants l’exemple en aidant gratuitement et sans maugréer les personnes âgées (un bricolage, une conduite, une visite), les familles autour de nous, la paroisse, etc… Dès que nos enfants deviennent adolescents, nous pourrons alors leur montrer qu’ils ont atteint l’âge de donner eux aussi : un baby-sitting gratuit pour aider une maman à reprendre souffle, une pelouse à tondre, le ménage de l’église, etc…

– Donnons les vêtements des plus jeunes, les uniformes de pension, ou montons une bourse de vêtements autour de l’école.

– Disposons un tableau d’affichage dans notre paroisse pour les dons et les échanges : Le surplus de l’un fera sans doute le bonheur de l’autre…

– Proposons des places dans notre voiture pour un pèlerinage, une procession.

– Montons un cercle de lecture qui permet à tous de lire des livres toute l’année pour une somme raisonnable (CRB[1]).– Faisons connaître les organismes de Bourses (MCF, etc). Que les parents n’hésitent pas s’ils en ont besoin à se renseigner auprès de leur école pour connaître les différents organismes. Il est parfois surprenant de voir certaines familles demander aux écoles des réductions importantes et ne rien se refuser sur le budget vacances ou vêtements ; un minimum d’objectivité permettra au père de famille de faire le point et de tirer les conclusions qui s’en suivent. Les parents doivent être un exemple d’honnêteté pour leurs enfants qui auront vite fait de juger au fond de leur cœur cet acte peu délicat.

 – Si nous en avons le temps, montons une association[2] qui nous permettra de recueillir les colis alimentaires pour les distribuer aux plus nécessiteux.

 La petite vertu d’économie ; quelques petites astuces !

Cette vertu a un nom bien ringard qui fait grincer les dents et fuir les plus « courageux… Et pourtant ! Les parents ne doivent pas négliger de donner à leurs enfants une éducation en la matière ; leur exemple sera aussi le meilleur enseignement ; mais que les amis aussi n’hésitent pas à donner délicatement des conseils.

– Dès que l’enfant a de petites économies, apprenez-lui à en faire deux parts : l’une pour un don, et l’autre pour un achat intelligent (comme c’est dommage de perdre ses premiers euros dans des bonbons…) Bien souvent, le fait d’avoir donné avant de dépenser permet de comprendre la valeur de l’argent.

– Donnez-lui l’habitude de ne pas gaspiller, de ne pas jeter à tort et à travers, de ranger, c’est là aussi une marque de respect pour ceux qui ont travaillé en amont de ces objets que nous sommes prêts à si vite abandonner !

– Mettez en garde contre les jeux d’argent, (course hippique, pari, etc.…) Dans certains groupes de jeunes la tentation est forte et l’effet de groupe assuré… La fuite devant certains dangers quand on sait que l’on ne saura pas y résister est de rigueur !

– Attention aux départs à l’étranger : se renseigner pour avoir le meilleur taux de change ; vérifier son contrat de téléphone pour que l’envoi de sms, de vidéos ne ruinent pas le budget. S’assurer de sa couverture santé, d’assurance à l’étranger. Penser à régler le voyage avec sa carte bleue personnelle qui assure ainsi une assistance en cas de maladie ou d’accident.

– Apprenez à vos enfants à tenir leurs comptes. Régulièrement l’un ou l’autre nous fait part de débits inopinés sur sa carte bancaire… Il peut s’agir de débit de petites sommes grâce aux cartes bancaires sans contact, mais aussi de sites indélicats (achats d’occasion souvent) qui gardent en mémoire votre numéro de carte bleue et qui font de petits prélèvements récurrents. Si vous ne faites pas vos comptes, ils passeront inaperçus…

Certaines banques proposent des feuilles de compte, il en est de toutes sortes aussi à trouver sur le net ; pour ceux qui préfèrent le papier, nous vous conseillons un petit ouvrage très pratique qui vous tient toujours à jour[3]. Pas question d’être obsédé par les questions d’argent mais seulement de savoir gérer au mieux ; et plus on prend l’habitude jeune plus cela sera facile !

Pour certains il sera nécessaire de faire le point chaque semaine. Faites ce petit test facile : classez les achats effectués en 3 catégories : indispensables- utiles – inutiles. Si les achats inutiles sont majoritaires, il semble que vous vous laissez guider par l’émotionnel et non par votre raison. Quelques habitudes simples auront un double effet : elles vous apprendront à avoir de la volonté et elles vous permettront de réguler votre budget. Notez tout achat non indispensable sur une liste et consultez-là un mois plus tard ; vous pourrez constater alors si cette dépense est encore d’actualité. N’achetez jamais « au coup de cœur », réfléchissez et revenez plus tard. N’utilisez la période des soldes que pour ce qui est essentiel car toute bonne affaire n’est pas forcément à faire… En revanche, anticipez vos cadeaux de Noël ou d’anniversaire et faites-les en période de soldes…

– Pour les vêtements, utilisez les sites d’occasion de plus en plus répandus. Evitez de regarder les publicités qui sont de véritables miroirs à alouettes… pour ne pas vous « laisser plumer »… Fuyez aussi les relations qui dépensent trop facilement… cela vous évitera de vous laisser entraîner à des achats inconsidérés.

– Profitez des prix intéressants des achats groupés ; pour le fuel chauffage en particulier ; renseignez-vous auprès des fournisseurs qui vous donneront les coordonnées des groupes de votre région.

– Apprenez à cuisiner. Oublions cette idée toute faite et fausse que cela prend des heures ! Il existe des recettes très faciles, à faire à l’avance ou dans l’instant et qui sont tellement moins chères et meilleures pour la santé que les plats préparés, le sandwich ou la portion surgelée… L’économie réalisée sur ce budget pourra permettre un petit extra un jour de fête !

Faites vos menus pour la semaine en parallèle avec votre liste de courses et n’achetez que le nécessaire ; cela vous évitera de jeter les aliments périmés et de remplir votre caddie de ce dont vous n’avez pas besoin. De plus en plus de « jardins » s’ouvrent au commerce ou aux échanges ; profitez-en pour trouver de bons légumes à des prix raisonnables !

– Profitez de cette nouvelle application: « Too good to go[4] » : Un panier d’articles à consommer rapidement, d’une valeur de 12/15 €, vous sera remis pour la somme de 3 à 5 € ; il ne restera plus qu’à acheter le complément.

– Evitez à tout prix d’acheter à crédit les achats de biens fugitifs ; publicité, banque, financiers, tous vous y incitent mais même si le taux proposé est bas, il est terrible de voir des foyers mis en danger pour l’achat d’un canapé ou d’une voiture neuve… ! Attention aux dangers des crédits à la consommation en ligne si rapides à obtenir !

– Utilisez avec prudence les coupons, les promotions, les ventes en lot ; examinez avec soin l’intérêt de cette « affaire en or ».

Tous ces petits conseils vous permettront d’acquérir un esprit de prudence par rapport à votre consommation.

Cette vertu d’économie ne doit pas être confondue avec lésinerie, au contraire, elle permet de dépenser à bon escient et laisse de la place à la générosité car rogner sur l’accessoire, permet de se concentrer sur l’essentiel. Et puis, ne l’oubliez pas : il n’y a pas que l’argent qui peut être distribué, il y a aussi son temps, son sourire, sa paix de l’âme et pour tout cela on peut oublier de faire des économies…

Marguerite-Marie

[1] Contact : CercleReneBazin@gmail.com

[2] Ceux qui sont intéressés peuvent nous contacter, nous leur donnerons les indications nécessaires.

[3] Mon budget – pocket – Mémoniak 2019-2020

[4] https://toogoodtogo.fr/fr/

Coke en stock !

Il est habituel d’aborder le sujet de la drogue, quelle qu’elle soit : cannabis, cocaïne, héroïne ou amphétamines, sous l’aspect des conséquences naturelles impactant les capacités physiques et psychologiques[1].

Il est un peu plus rare d’aborder le sujet sur l’aspect purement moral.

Il est encore plus anecdotique de s’interroger sur l’aspect économique.

Pour autant c’est sur ce dernier aspect, trop méconnu, que de nombreuses personnes s’approchent et tombent dans le monde des stupéfiants.

Entendons-nous bien, il ne s’agit pas d’explorer le poids du trafic de stupéfiants dans l’économie nationale, voire mondiale. Tous, nous avons connaissance et conscience que certains empires financiers sont bâtis sur la fabrication et la vente de produits stupéfiants. L’existence des cartels n’est pas anecdotique.

Non, il s’agit de se pencher sur la facilité financière qu’apporte la drogue, même au plus petit niveau, au cœur même de nos foyers. Voilà un danger bien méconnu. Les stupéfiants, c’est avant tout de l’économie ! Il y a de l’offre et de la demande ; c’est un commerce où l’argent, beaucoup d’argent, circule.

Or cette facilité s’inscrit parfaitement dans les rouages de notre société de consommation et du paraître :

La drogue, en consommer, c’est fuir la réalité de la vie et de ses peines.

En faire commerce, c’est fuir également la rigueur et la peine du travail…. c’est « gagner sa vie » sans effort.

Quoi qu’il en soit, consommer ou vendre des produits stupéfiants demeure pénalement et moralement répréhensible !

Pour comprendre l’origine de ce commerce facile, rappelons très succinctement ce qui se cache dans les stupéfiants ou plus exactement dans les substances psychotropes.

Il faut avoir conscience que le produit acheté dans la rue n’est jamais pur à 100 %. D’ailleurs, il ne se consomme pas tel quel. Deux raisons essentielles :

La première raison repose sur le fait que la quasi-totalité des produits ne sont pas des produits 100 % naturels. Peu de drogues peuvent se consommer « pures ». Si l’on veut être un peu ironique, le « label bio » ne pourrait être attribué qu’à la « beuh », c’est-à-dire l’herbe de cannabis (qui est de la famille du chanvre). En effet, des procédés chimiques sont nécessaires pour isoler, valoriser l’aspect psychotrope. De fait, l’organisme humain ne peut pas supporter un produit trop riche, trop « pur » en teneur. Une des conséquences pourrait être l’issue fatale par overdose.

  • La deuxième raison vient de l’aspect commercial. Les vendeurs augmentent le poids et baissent la qualité du produit afin de faire plus de bénéfices. Pour reprendre notre herbe de cannabis « bio », il a été retrouvé dans certains sachets d’herbes de marijuana des billes de verres microscopiques ! Fumer un pétard, ce n’est pas qu’inhaler du THC[2]!

            Aujourd’hui la teneur en substance active des drogues a tendance à augmenter ; la cocaïne consommée à ce jour oscille entre 20 et 30 % de pureté et 10 et 15 % pour l’héroïne. En effet, le stupéfiant vendu au détail (« dans la rue ») est un produit qui a été « coupé », c’est-à-dire qu’à la substance psycho active ont été ajoutés des produits plus ou moins « neutres », dans le meilleur des cas. La toxicité des stupéfiants provient donc du produit en lui-même, mais également du produit de coupe.

Examinons les compositions de votre produit vendu dans la rue.

 De la recette … culinaire

Rassembler les ingrédients :

Prenez des feuilles de coca[3]. Faites-les sécher plusieurs jours. Puis mélangez-les à un produit alcalin comme du carbonate de sodium ou de calcium. Ensuite, effectuez un nouveau mélange avec un solvant organique de type kérosène[4]. L’objectif est d’extraire de la plante, les alcaloïdes. Puis, il est nécessaire de faire une adjonction de soude afin d’obtenir une pâte : la pâte de coca. Faites-la reposer et mettez là à sécher.

  • Vous aurez à effectuer plusieurs opérations de nettoyage, de filtrage et de séchage avec à chaque fois l’incorporation d’ingrédients tels que du permanganate de sodium, de l’acétone et de l’acide chlorhydrique.
  • Vous aurez ainsi obtenu le chlorhydrate de cocaïne sous la forme d’une poudre blanche.

 Personnaliser votre recette :

  • Concernant le produit de coupe. Il représente les trois quarts généralement du produit consommé. Là, les analyses montrent que l’imaginaire des « vendeurs » et « revendeurs » n’a quasiment pas de limite.
  • Pour la cocaïne, les principaux produits de coupe sont la lidocaïne (anesthésique local), le lévamisole (vermifuge pour animaux) et la phénacétine (analgésique retiré du marché en 1983 car probablement cancérigène).
  • Mais on peut également trouver du talc, du paracétamol, de la caféine, et/ou de la farine, du lactose (ou lait pour bébé) notamment pour l’héroïne.
  • Dans la résine de cannabis, (ces savonnettes brunes, ou ces barrettes qui permettent de faire des « joints ») il est d’usage de trouver du henné, de la cire, de la paraffine, des colles, de l’huile de vidange, des déjections animales, des hydrocarbures aromatiques, du pneu …

Il faut donc avoir conscience que lorsqu’une personne achète un produit stupéfiant, elle ne connaît ni la qualité du produit (quelle est sa teneur réelle en produit psychoactif ?) ni sa composition (type des produits de coupe ?).

Ces produits :

  • se fument (se faire un joint, un pétard …)[5],
  • s’inhalent (se faire un alu, chasser le dragon, un rail, une ligne, une trace, une seute, une poutre, un sentier, un poteau  …),
  • s’injectent (se faire un fix, un shoot, un taquet, un tanker),
  • s’ingèrent.

La réaction avec l’organisme n’est jamais totalement prévisible.

L’usager recherche dans un premier temps :

  • le flash d’excitation (pour la cocaïne, et les amphétamines)
  • le bien-être ou un état d’apaisement (pour l’héroïne ou le cannabis).
  • Puis dans un second temps, il s’agit de faire durer la période d’effet maximal (appelée la planète ou le plateau), qui s’obtient généralement par la polyconsommation[6].

L’usager subit ensuite le troisième temps : la descente … qui génère une véritable angoisse.

Il n’est pas rare de ressentir des effets néfastes dits de bad trip, suite à une allergie ou à une intoxication.

Très rapidement s’installe le besoin de consommer plus et plus souvent pour éviter cette descente et retrouver les premières sensations. L’accoutumance est déjà là ! Et cela parfois dès la première prise selon le produit utilisé, l’organisme et le psychisme du sujet.

Il y en a pour tous les goûts … et il n’y a pas de règles dans ce marché !

 A la recette … budgétaire

Il existe toute une hiérarchie dans le monde du trafic de stupéfiants. Nous y retrouvons les règles habituelles de l’économie. Il y a des étapes de fabrications (laboratoire clandestin de chimie), de transports (go fast [7] par exemple, caissons maritimes, « mules » humaines [8], etc.), et puis celles de la vente. Il y a donc les importateurs qui se chargent de l’introduction de produits sur le continent. Puis les grossistes et les semi-grossistes qui assurent la distribution plus locale. Enfin il y a le détaillant. Tous ne sont pas consommateurs … mais tous ont un objectif : augmenter les bénéfices. Donc tous coupent le produit.

Pour illustrer ce point particulier, prenons deux exemples malheureusement communément rencontrés.

Premier exemple

Trois, quatre amis mettent en commun quelques économies et rassemblent la somme de 35 000€. Ils décident pour une fois de ne pas passer par leurs habituels vendeurs. Avec cette somme ils partent directement acheter un kilogramme de cocaïne pure dans le nord de l’Europe. Dans les faits le produit n’est jamais pur à 100 % … nous sommes plus près de 70 ou 80 %.

À ce moment-là, leur gramme de cocaïne vaut 35 € (mais ne peut être consommé étant trop pur).

Pour la rendre consommable, notre équipe investit alors 4000 € dans l’achat de 3 kilos de lidocaïne comme produit de coupe.

Ainsi pour 39000€ investis, l’équipe possède 4 kilogrammes de cocaïne à 20 % de pureté.

Le gramme dans la rue se vend 60€[9]. Ainsi en vendant 4000 doses, l’équipe obtient 240 000 € (4000 x 60). Une fois l’investissement déduit, ils se sont fait un bénéfice de 201 000€.

Notons que dans notre exemple, nos jeunes gens ont utilisé un des produits de coupe les plus chers (lidocaïne) et ont vendu un produit à 20 % ; la marge de bénéfice est donc la plus minime. Le bénéfice serait facilement plus important en utilisant du lait de bébé en produit de coupe et en vendant des doses à 10 % de pureté !

L’exemple peut vous apparaître trop gros : lequel de nos enfants, ou nous-mêmes, pourrait investir des sommes pareilles ? C’est exact … travaillons donc au « chrome ».

Deuxième exemple

Celui-ci vous permettra alors d’imaginer que dans une famille, un fils, une fille peut très rapidement, par appât de l’argent facile, se mettre à vendre.

Notre adolescent investit 400 € pour 10 grammes à 40 % de pureté chez un semi-grossiste.

De retour à la maison, il coupe ces 10 grammes pour moitié avec de la farine, du lactose et du sucre issus des placards de la cuisine. Il possède désormais 20 grammes à 20 % de pureté.

En vendant ses 20 grammes à 60 € le gramme, il obtient 1600 € et donc un bénéfice de 1200€ (1600-400).Certains diront qu’engager 400€ peut être encore difficile pour un adolescent dans une famille modeste. Certes, mais le milieu des stupéfiants, comme celui du commerce, utilise toute l’ingénierie de l’économie moderne. Les 10 grammes que votre adolescent rapporte à la maison, lui ont peut-être été donnés « en chrome », c’est-à-dire à crédit. Sur sa première vente et son premier bénéfice, il remboursera alors son fournisseur. Dans notre cas, le bénéfice s’élèvera quand même à 800 €. 800 € pour flamber, 800 € pour s’acheter, pourquoi pas, sa propre consommation … sans qu’un euro ne disparaisse de la maison ou de sa tirelire !

Nous avons connu un adolescent de 14 ans, qui au collège, dans une petite ville de province en Bretagne, avait récupéré un kilo de résine de cannabis en chrome.

Recettes à partager ?

Une bonne recette, généralement, rassemble les familles et les amis pour partager un moment de cohésion, de joie. Mais les recettes ici données n’apportent rien de bon ; y goûter c’est mordre à pleines dents dans la discorde, la tristesse, l’isolement, la maladie et les sanctions pénales. Quatre principales conséquences découlent de l’usage des produits stupéfiants :

  • la déchéance physique : elle est le résultat direct de la consommation de substances impropres à la consommation et néfastes pour l’organisme. Cancers, maladies respiratoires, cardiovasculaires, contamination par salives ou sang (herpes, SIDA ) apparaissent chez les consommateurs. Sans aucun doute, consommer des produits stupéfiants, c’est s’empoisonner !
  • les dommages psychiques : les substances psychoactives engendrent un état de manque[10] qui se traduit par des symptômes physiques, comme la douleur (opiacés), des tremblements, voire des convulsions, souvent accompagnés de troubles du comportement tels que l’anxiété, l’irritabilité, l’angoisse. Le besoin de consommer devient une idée fixe irrépressible, monopolisant toutes les énergies et les pensées. La vie quotidienne tourne largement ou exclusivement autour de la recherche et la prise du produit, entraînant une tension interne et une anxiété exacerbée. Cette sensation de malaise et d’angoisse peut conduire jusqu’à la dépression, bouleverse les habitudes, éloigne de toute vie sociale et affective. C’est un paradoxe de l’usage des stupéfiants : souvent les premières consommations se font entre « amis » mais rapidement, l’ami ne devient que le fournisseur. Il en est de même de l’illusion de l’aisance financière.
  • la dépendance vis-à-vis des fournisseurs et la crainte des règlements de comptes qui représentent des dangers physiques pour soi-même et pour sa famille car le milieu est impitoyable et n’aime pas ceux qui voudraient abandonner…
  • les condamnations, amendes et prisons : il faut savoir que la loi ne prévoit aucune différence entre les drogues (malgré le terme faussement utilisé de « douces ou dures ») et entre les usages (publics ou privés). De même contrairement à ce que pensent les consommateurs : vendre ou offrir des produits stupéfiants, même à des « amis » en petite quantité est assimilé à du trafic. Selon les codes, l’usage de stupéfiant comme le trafic sont des délits punis d’amendes et de peines de prison[11]. Pour autant, les juges tiennent toujours compte du danger de la substance et des circonstances lorsqu’ils déterminent la peine applicable à l’usager. Ainsi, la loi permet aux procureurs de la République de ne pas « poursuivre » l’usager et de choisir de mettre en œuvre des « mesures alternatives aux poursuites ». Ces mesures peuvent être le rappel à la loi, l’orientation vers une structure sanitaire ou sociale, l’obligation de suivre un stage de sensibilisation aux dangers de l’usage de stupéfiants, l’injonction thérapeutique, le retrait provisoire du permis de conduire ..

Trop souvent nous avons en tête une « image d’Épinal » qui illustre ce que l’on croit connaître du monde des stupéfiants. Elle est rarement éloignée de celle du jeune paumé qui commence par fumer des joints et finit par s’injecter des drogues plus fortes. Même après une cure de désintoxication, il se drogue de nouveau. C’est un jeune faible, irrécupérable, qui mourra d’overdose.

Malheureusement la réalité est beaucoup plus banale et commune. Nul milieu n’est épargné. Dans l’éventail des utilisateurs de drogues, tout l’univers social se trouve représenté. L’on y trouve aussi bien des filles que des garçons, des personnes âgées, des adultes, des jeunes, des adolescents, des enfants, des riches et des pauvres.

Alors mieux vaut un an trop tôt qu’une heure trop tard ! Les drogues, les stupéfiants ne doivent pas être un sujet tabou en famille. En parler, ce n’est pas en faire l’apologie, c’est parler de la réalité, c’est sensibiliser, c’est prévenir… c’est former et éduquer.

Aussi avec l’intelligence de situation nécessaire et la psychologie qui s’imposent, les parents aujourd’hui ont un devoir d’aborder ces questions avec leurs enfants. Sans forcement devenir un spécialiste, un certain nombre de documents permettent rapidement d’acquérir la connaissance (académique !) des produits, de leurs effets et des symptômes. À ce titre l’observatoire français des drogues et des toxicomanies apporte une base assez riche, abordant les sujets uniquement sur le plan naturel et les risques. Elle est consultable sur https://www.ofdt.fr[12]. Également les sites de prévention comme www.drogues-info-service.fr ou de la mission interministérielle de luttes contre les drogues et les conduites addictives (« MILD&CA »)[13] apportent beaucoup d’éléments et de réponses précises à diverses questions pratiques.

Soyez convaincu que l’usage des stupéfiants s’est largement banalisé, socialisé. Il suffit de se promener dans la rue et de sentir. Au-delà de la pollution habituelle, il vous arrive de constater que l’odeur de la cigarette de votre voisin est lourde, entêtante, légèrement douce-amère. C’est un usage de résine de cannabis, presque banalisé (les bureaux de tabac vendent même des feuilles à rouler spécifiques !) et pourtant il s’agit de la consommation d’une substance psychotrope interdite. Ce produit, pour l’instant illégal, déconnecte l’être humain de la réalité et fait prendre des risques, physiques et psychologiques, économiques et sociologiques importants, non seulement au consommateur, mais également à ses proches, à nos familles et à toute notre société. Fermer les yeux ne fera pas disparaître ce fléau.

Donc aucune excuse ; pas besoin d’être médecin, ni chimiste ni expert comptable pour en parler !

Griffon S.

[1] Article Foyers Ardents 3, du 14 juin 2017 : « La drogue ».

[2] THC : tétrahydrocannabinol, plus communément appelé THC, est le cannabinoïde le plus présent dans la plante de cannabis.

[3] Cocaïer : arbuste sud-américain, retrouvé essentiellement en Bolivie, en Colombie et au Pérou, pousse entre 700 et 1800 mètres.

[4] C’est peut-être pour cela que l’on plane !

[5] Le jargon du milieu stupéfiant est très riche, mais aussi très variable et changeant. Les termes donnés ici sont les plus courants.

[6] Optimisation des effets par adjonction d’alcool, ou la combinaison de plusieurs produits (speedball : cocaïne + héroïne).

[7] « aller vite ». Il s’agit d’une technique utilisée par les trafiquants pour transporter de grosses quantités de produits en utilisant des véhicules (voitures ou bateaux) puissants et rapides.

[8] Il s’agit d’une personne qui, à son insu ou non, transporte ou stocke des stupéfiants (dans ses bagages, sa maison, ou in corpo, etc.).

[9] Actuellement le gramme de cocaïne dans la rue est à 60€, celui d’héroïne se négocie à 40€, le gramme de cannabis est à 10€ comme celui d’un cachet d’ecstasy.

[10]           La dépendance peut s’installer de façon brutale ou progressive, en fonction de l’individu et du produit consommé. Le passage de l’usage simple à la dépendance n’est souvent pas perçu par la personne qui pense maîtriser sa consommation. Cette impression « d’auto-contrôle » n’est qu’une illusion : on devient dépendant d’un produit sans s’en rendre compte.

[11]            « L’usage illicite de l’une des substances ou plantes classées comme stupéfiants est puni d’un an d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende » (article L.3421-1 du Code de la santé publique). La plupart des actes de trafic de stupéfiants, de nature délictuelle sont punissables de 10 ans de prison et de 7 500 000 euros d’amende (articles 222-36 et 222-37 du code pénal). La cession ou l’offre illicite de stupéfiants à une personne en vue de sa consommation personnelle est moins sévèrement punie de 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende (article 222-36 du code pénal). Certains actes sont punis de peines criminelles.

[12] Notamment dans l’onglet « produits et addictions ».

Également la consultation du site ASUD (www.asud.org), de l’INPES (https://www.santepubliquefrance.fr/) peuvent apporter des éléments complémentaires.

[13] https://www.drogues.gouv.fr/

Jour funeste

 

15 avril 2019.


Face au désolant spectacle, l’homme de 2019 braque ses caméras pour capturer une image de l’édifice agonisant. Et il twitte. Il like. Il partage son désarroi. Il envoie ses messages éphémères, une seconde d’émotion face à l’éternité qui meure. D’autres, déjà fils de l’enfer, déversent leur haine ou leur indifférence, se gargarisant du sacré en flamme, ironisant sur le miracle qui n’eut pas lieu :  ce sont les fils des pharisiens qui moquaient le Christ en croix.
Jour funeste. Jour où le temple de la lumière de Dieu s’est évanoui dans l’air, emporté par des fumées atroces, dévoré par un incendie odieux, monstre hideux, aux formes mouvantes, comme  les convulsions de la mort, profané par les flammes qui se bousculent pour arracher à la dame de pierre son toit de bois millénaire, faire tomber ses tours et briser ses voûtes. Ce 15 avril, Lundi Saint, c’est le jour où dans la nuit, la lumière a disparu, noyée dans les acres ténèbres.

Mais qu’ils pleurent, qu’ils soupirent ou qu’ils ricanent, tous, ils contemplent la silhouette de la grande dame de pierre qui se dessine dans le tourment du feu, un peu médusés devant cette dantesque danse aux ombres déformées. Mais l’homme de 2019, sait-il seulement ce qu’il voit ? Voit-il seulement ?

Car ce qu’il regarde sans le voir, c’est la beauté qui se retire de la ville des arts, c’est le crépuscule de la lumière bannie de Paris, c’est Dieu qui s’en va, Dieu qui quitte la France, sa fille ingrate qui l’a renié.

Il y a quelques semaines, j’ai eu la chance (ou la prémonition ?) d’aller visiter la cathédrale. Avec mon épouse, nous sommes restés de longues minutes assis sous la haute voûte, entre les murs qui embrassent la lumière. Puis, au fond, dans la chapelle où l’on cache Dieu, derrière un pilier, nous avons récité notre chapelet, sous le regard des vitraux aux mille visages qui racontent un peuple de bâtisseurs, qui content la chasse de saint Hubert, la moisson ou les martyrs des premiers siècles. Quelle splendeur ! Réalise-t-on ce que la cathédrale enveloppe entre ses murs ?

 

La cathédrale gothique, génie des Français du temps où ils aimaient Dieu, est le temple de la Vérité, de la lumière donnée aux hommes, de la Révélation qui irrigue nos intelligences, de la charité qui transcende notre volonté, de la grâce qui pénètre nos cœurs au plus profond. Le verbe de Dieu s’est fait chair, et la foi s’est faite pierre. La cathédrale, c’est le temple construit par des hommes libres, venus des campagnes et de tout le pays pour monter ses hauts murs, pour ouvrir ses immenses baies sur les parfums colorés du paradis, pour toucher le ciel de ses tours. La cathédrale, c’est le catéchisme de pierre, c’est l’église qui voit et qui enseigne. La cathédrale, c’est le ciel ouvert sur la terre, c’est l’écrin aux mille couleurs, étincelant de tous ses feux, protégeant en son sein le miracle de la religion. Si Dieu est mort sur le bois, il a ressuscité sur la pierre, et cette pierre venue des entrailles de la terre, formée à l’aube des temps, c’est la pierre de l’autel, c’est la pierre éternelle qui porte le Saint Sacrifice. Les Français, lorsqu’ils aimaient Dieu, ont creusé la terre, pour en extraire les pierres venues du fond des âges. Ils les ont taillées, et ils ont monté les piliers, dessiné les arceaux audacieux, inventé les arcs-boutants qui portent le chœur, sculpté les visages, signé les clés de voûte qui joignent la douce nef en un long manteau, comme la main de Dieu protégeant ses enfants, puissante et légère, douce et pleine d’audace. Les piliers des cathédrales portent la terre elle-même, leurs nefs naviguent dans le ciel, leurs vitraux capturent la lumière et la font glisser sur les murs, ils en révèlent son cœur aux mille couleurs, comme la religion et la grâce font couler dans les âmes des baptisés les parfums de Dieu et de ses saints.

La cathédrale ne peut qu’être catholique. Elle est universelle, parce que ce qu’elle raconte, c’est la vérité elle-même, elle porte l’éternité sous sa voûte, elle est la demeure de Dieu.

Mais la voûte s’est effondrée, au niveau du transept, là où les deux bras de la croix se rejoignent, au niveau du cœur du Christ, là ou la lance transperça la divine victime et fit couler sur la terre le sang et l’eau, l’amour et la grâce. La transcendance chrétienne est contenue toute entière dans les lignes de la croix : une ligne verticale, plantée dans la terre et pointant vers le ciel, une ligne horizontale pour embrasser l’humanité aimante. La croix de la cathédrale, c’est cela : de l’orient vers l’occident, du lever du soleil à son coucher, du début jusqu’à la fin des temps, c’est l’éternité dessinée sur la terre. Mais l’éternité s’en est allée. La mort l’a emportée. La nuit s’est abattue sur la ville lumière, et l’homme de 2019 verse sa larme. Il partage son “émotion”, et il se rassure en se disant qu’il n’est pas le seul à pleurer, qu’il communie avec tous les hommes, car la cathédrale est le temple de tous, le temple des arts et de l’histoire. L’évêque se réjouit que le grand rabin de Paris lui ait témoigné son émotion. Puis il donne une accolade au président pour le remercier de sa volonté de rebâtir. Tous ces mots sont vides, pleins d’émotion mais vides de sens, vides de vérité.

Homme de 2019, vois-tu comme tu es loin de tes aïeux ? Comment as-tu pu à ce point oublier ? On ne rebâtit pas une cathédrale comme on construit un pont ! La cathédrale n’est pas le temple des hommes, elle est le temple de Dieu ! Elle est l’image de sa gloire éternelle, elle est le symbole de sa grandeur, elle témoigne de la vérité qui prit chair, elle a la forme du gibet qui sauva l’humanité, elle est dédiée à la mère de Dieu, la Vierge pure, elle est l’élan de la foi d’un peuple. Elle n’est pas un musée, un décor de théâtre, un magasin, un poste de dépense pour le budget de l’état, un sujet de photographie, un incontournable touristique, non ! Elle est le temple de Dieu ! Elle est l’étendard de la vérité du Salut ! Les hommes qui l’ont bâtie le savaient, car ils aimaient Dieu. Et ce qu’ils ont bâti est éternel et ne mourra jamais. Voilà l’Espérance: en bâtissant un temple de pierre, les Français qui aimaient Dieu ont sauvé leurs âmes, confirmé un peuple pour toujours, et ce peuple, c’est celui du Ciel. Alors, puisse Dieu donner aux hommes de 2019 la grâce de voir la vérité. Et alors, Dieu reviendra habiter Paris, alors la beauté retrouvera les couleurs de son diadème de pierre, alors Paris pansera sa plaie et retrouvera la lumière.

Prions la sainte Vierge que la France retrouve la foi de ses anciens qui aimaient Dieu. Et toi homme de 2019 qui veut rebâtir, puisses tu retrouver dans cet élan la force de rebâtir ton cœur. Alors nous pourrons rebâtir !

Louis d’Henriques.

Cultiver ses richesses

L’action de la femme dans la société est en complète évolution ; on ne peut comparer la vie de nos grands-mères à celle de nos jeunes filles actuelles. Mais pour autant, la mission de la femme, elle, n’a pas varié car Dieu ne change pas, et dès son premier regard sur Eve, Il a répandu sur elle ses bénédictions afin qu’elle puisse accomplir sa mission jusqu’à la fin des temps. La femme ne trouve sa voie que lorsqu’elle est comprise et honorée en tant que femme, et non pas en tant que réplique de l’homme.

Mais pour que nos jeunes filles actuelles sachent donner ce que l’on attend d’elles, il faut qu’elles soient formées ! Pour avoir beaucoup à donner, il faut être riche !

Les disciplines intellectuelles donneront le contrepoids de l’intelligence à la sensibilité, car il ne faut pas se contenter de « sentir », il faut aussi penser… Ne nous satisfaisons pas de l’intuition féminine qui est réelle mais qui ne sera pas suffisante pour rayonner dans toute sa mesure. Il n’est pas question ici d’inciter les femmes à faire de hautes études : la culture n’est pas la conquête d’un examen, elle est l’application de la pensée et aussi du cœur, à tout ce qui intéresse la vie. Se cultiver nous apprend à réfléchir, que ce soit sur un livre, une œuvre d’art, la nature ou le spectacle de la vie !

Ces richesses intérieures apportées par la culture nous défendent contre les tentations qui viennent souvent de la monotonie de la vie, de l’ennui. Quand on a une vie de l’esprit et de l’âme, on ne s’ennuie jamais ! Que reste-t-il, à l’âge du déclin, aux femmes qui ont tout mis dans leur apparence physique? Celles qui ont misé sur leur esprit et leur âme n’ont rien à craindre : elles ont là un trésor qui leur donne la possibilité d’engranger chaque jour de nouvelles récoltes pour elles-mêmes et pour les autres.

Loin de vouloir la cloîtrer dans un foyer rétréci, l’éducation doit lui donner tous les éléments pour devenir une épouse et mère épanouie, équilibrée et heureuse sans aigreur ni ressentiment mais fière de sa mission. Elle doit se préparer à ses devoirs futurs, conservant sa dignité et réalisant son œuvre de fondatrice de famille chrétienne, de reine de son foyer, de mère et d’éducatrice sans oublier son rôle apostolique et social.
Les parents auront à cœur d’aider leurs filles à découvrir en elles une richesse à développer. A chacune la sienne…
Si vous avez le désir de donner beaucoup à tous ceux que vous aimez, développez vos richesses, nourrissez-vous de ressources qui vous serviront, le temps venu, à « animer » votre foyer, à donner à chacun ce dont il aura besoin ! Il ne s’agit pas de niveau ou de capacités mais de trouver un thème qui vous inspire: Histoire, Philosophie[1], cours d’approfondissement des vérités de la Foi[2], mais aussi art, activités manuelles, nature, etc…

Comment trouver sa place dans la société actuelle ?

 L’expérience montre qu’il existe des périodes dans la vie d’une mère de famille où l’emploi du temps est moins rempli: avant la naissance des premiers enfants et après leur départ du foyer vers la pension (si on a fait ce choix), pour leurs études supérieures ou plus tard pour mener leur vie.

Sans perdre de vue sa mission principale auprès de son mari, de ses enfants et des siens, il est évident que la femme peut profiter de cette période pour nourrir et cultiver sa richesse en occupant ses temps libres.

Le but recherché n’étant pas de « gagner de l’argent » mais bien de trouver son équilibre en se donnant, en continuant à nourrir son esprit ou tout simplement en pratiquant une activité que l’on a plaisir à exercer.

Cet avenir doit être envisagé à l’avance ; et c’est dès l’adolescence que l’on doit découvrir ou encourager le talent ou les aptitudes de chacune. On pourra ainsi cultiver, entretenir ou promouvoir une activité qui pourra être reprise dans un avenir plus ou moins proche, après le mariage.

Il est important de garder à l’esprit que même une action bénévole et généreuse doit répondre à quelques principes essentiels pour ne pas perdre de vue la mission principale de l’épouse et de la mère :

– L’action est-elle honnête, autorisée et source de bien ? (attention aux ventes pyramidales à la mode…)

– Celle-ci m’empêche-t-elle de faire mon devoir d’état ? (une obligation de présence à des jours et heures fixes me permettra-t-elle de me libérer pour la maladie d’un enfant, pour être présente lors de vacances décalées d’un autre, pour être toujours disponible pour les besoins des miens à toutes les époques de la vie (époux, enfants, petits-enfants ?) 

– Est-elle compatible avec mon équilibre nerveux et ma fatigue physique ?

– Cette activité ne va-t-elle pas grever le budget familial de façon déraisonnable ?

Une fois toutes ces questions résolues sous le regard de Dieu, avec son époux et éventuellement le conseil d’un prêtre qui connait bien le foyer, choisissons parmi les idées suivantes qui ne sont que des exemples !

Quand on a du temps libre, plusieurs activités peuvent être envisagées :

– Le bénévolat doit être une priorité car n’est-ce pas là la vocation de la femme que de donner ?

  • Visiter les malades, les personnes âgées de la paroisse ou de notre village.
  • « Dépanner » une amie débordée en lui « empruntant » un panier de linge à repasser, aider aux devoirs les enfants d’une maman fatiguée, proposer à une autre de lui garder ses enfants une après-midi …
  • Faire le raccommodage de la sacristie, aider au ménage de la Chapelle ou à fleurir l’autel, se proposer pour la chorale, instituer un « Rosaire des mamans », monter une bibliothèque paroissiale (livres ou cd), aider le prêtre pour le catéchisme, organiser ou tenir une procure, s’investir dans l’Œuvre Saint Vincent de Paul, la Milice de Marie…
  • Rendre service à l’école, surveillances, cantines, ménage. Proposer son aide aux associations connues (secrétariat, articles).
  • Organiser une marche ou un pique-nique paroissial, une visite de musée, des conférences.
  • Maintenir les liens par la fabrication d’un calendrier familial avec les photos de tous ou d’un journal familial envoyé aux grands-parents.

Il suffit simplement bien souvent de proposer un peu de temps au prêtre qui dessert notre paroisse pour qu’il nous oriente vers une bonne action.

Ensuite, comme saint François d’Assise qui avait plaisir à jouer avec un petit oiseau, cultivons la richesse – découverte dès l’adolescence- qui pourra nous donner l’équilibre dont nous avons besoin. On ne peut tendre un arc jusqu’à ce que la corde se rompe. « Dieu est un bon père qui veut que ses enfants se récréent, jouent, pourvu que ce soit en sa présence[3].» A chacun son tempérament : les unes trouveront leur satisfaction au cœur de leur maison (cuisine, réfection d’une chambre, jardinage), d’autres au contraire auront besoin de contacts humains et de sortir un peu de leur univers privé pour mieux y rentrer ensuite.

L’activité choisie doit apporter un délassement mais sera encore plus profitable si elle nous permet d’apporter un supplément de richesses à nos enfants. Elle offrira un sujet de discussion avec les siens et en société ; elle pourra aussi augmenter l’admiration du mari pour son épouse (on sait que celle-ci est un des éléments qui entretient l’union) et donner la petite note de confiance en soi qui participe à l’épanouissement général.

Les domaines peuvent être variés :

  • Des activités intellectuelles telles que la musique, la généalogie, la lecture d’un thème privilégié : histoire, éducation, philosophie, tout ce qui augmente la culture générale…
  • Des activités manuelles : encadrement de gravures, broderie, tapisserie, réfection de fauteuils, peinture sur bois, sur porcelaine, réalisation de bouquets, gravure sur verre, dessin, peinture, … (beaucoup d’associations proposent des occupations variées).
  • Si on en a les capacités, on peut donner des cours (de soutien scolaire, de musique mais aussi d’activités manuelles aux adultes)

Ces activités pourront apporter un petit complément financier si besoin est ; pour cela l’idéal est qu’elles puissent être exécutées à domicile (encadrement de gravure, tapisserie, fabrication de chapeaux, de bijoux, couture, …) et en « anticipant  toujours les imprévus » dans le délai de commande afin que le devoir d’état puisse toujours passer en premier !

Il est important que cet apport financier soit ajouté au budget familial afin de participer réellement aux besoins familiaux. Et pour bien garder à l’esprit notre vocation de « semeuse de joie », n’hésitons pas à, régulièrement et généreusement, offrir nos services sans demander de rémunération à ceux qui en ont besoin…

On aura compris que ces occupations ne pourront sans doute pas être entretenues pendant les années où la maison est comme une ruche bourdonnante et où les « temps libres » seront rares et souvent consacrés au repos ou à la détente. Mais en revanche quand la maison n’est pas encore pleine ou qu’elle se sera vidée, il est important que la mère au foyer, aidée et encouragée par son époux, recherche son équilibre.

Alors en effet elle sera heureuse de trouver la bonne formule –qui peut varier selon les époques de la vie – en utilisant les dons que son créateur lui a confiés pour conserver et répandre la plénitude de sa générosité et de ses facultés.

Elle trouvera alors la sérénité de l’âme et pourra continuer à répandre autour d’elle sa joie de vivre.

Que Notre-Dame des Foyers Ardents vous guide sur ce chemin, grâce aux vertus de prudence et de joie.

 Marguerite-Marie

[1] Cours en CD Session Saint Thomas http://stthomasdaquin.free.fr/cours_saint_thomas_par_correspondance.html

[2] Cours de Catéchisme de M. l’abbé Billecocq

[3] Traité de la Joie de l’âme chrétienne.

Père Ambroise de Lombez. O.F.M.

Faire aimer l’Eglise à nos enfants

« Aimer le Christ ou aimer l’Église, c’est tout un ». Nous avons à cœur de faire aimer Notre Seigneur à nos enfants, pensons-nous seulement à leur faire aimer son Église ? Certes, en ces temps d’épreuve et de crise, la chose paraît plus délicate qu’à l’ordinaire[1] ; elle n’en est pas moins nécessaire, tout au contraire. Pour être malade, l’Église n’en demeure pas moins notre mère et, d’un point de vue humain, une mère que l’on sait menacée n’en est que plus aimée. Il devrait en être ainsi de notre amour pour l’Église, même si nous la savons indéfectible. A cet amour d’ailleurs se mesure la vérité de notre amour pour Notre Seigneur. Ce qui est vrai de Pierre en ce domaine l’est aussi de nous : son amour pour le Christ se vérifie dans son amour pour l’Église, pour les brebis du Christ[2].

A n’en pas douter, là comme ailleurs s’applique à l’endroit des plus jeunes la méthode préventive de saint Jean Bosco. Jusqu’à l’âge des dix – onze ans, ce grand éducateur voulait prévenir le mal, faire en sorte qu’il croise le moins possible l’âme des petits. Il aurait aimé que l’enfant ne voie que le bien autour de lui pour mieux l’imiter, pour mieux combattre aussi les germes de mal qui sont en lui. Ainsi, des difficultés de l’Église comme des défaillances de ses ministres, on ne parlera pas devant les petits. Autant que possible, on évitera également les circonstances où le mauvais exemple de certains pourrait hélas choquer leur sens de Dieu et du sacré.

De l’Église et de ses ministres, il importe de leur donner initialement une vision toute positive. A l’instar du Bon samaritain[3], Jésus nous a confié à son Église, pour qu’elle prenne soin de nous. Elle est pour nous une mère qui panse nos plaies et nous nourrit, elle est la vigne du Christ qui, par ses ministres, nous vivifie de la divine sève. Hors d’elle, c’est-à-dire sans cette dépendance vitale à l’Église et à ses ministres, nous serions comme ces sarments morts qui ne sont bons qu’à être jetés au feu[4]. N’hésitons pas, auprès de ces petits, à reprendre ces paraboles et images de l’Évangile, pour les initier à l’amour de l’Église. On pourra encore profiter d’un baptême pour expliquer discrètement à l’enfant, pendant la cérémonie même, combien lui-même a tout reçu de l’Église, par la médiation du prêtre. Il saisira ainsi combien sa vie quotidienne de prière et de sacrifice s’enracine dans son appartenance à l’Église, et ne la reliera que mieux au mystère de la Messe lors de ses communions.

Lui enseignant la hiérarchie de l’Église à l’aide de belles et dignes photos, on apprendra encore à l’enfant à prier pour le pape, les évêques, les prêtres. L’offrande de la journée[5], récitée chaque matin au pied du lit, en sera l’occasion : quand il n’y a pas d’intention particulière, on proposera à l’enfant de toujours prier « aux intentions du pape[6] et pour les besoins de sa sainte Église ». Devenu plus grand, on le fera participer, à chaque fois que cela sera possible, aux adorations perpétuelles organisées régulièrement dans chaque Prieuré aux grandes intentions ecclésiales. L’heure sainte au foyer, dans le cadre des Foyers Adorateurs, pourra encore être un moment privilégié.

Grandissant, l’enfant découvre bien vite l’existence du mal autour de lui. Dieu l’a voulu ainsi : faire le bien réclame de découvrir préalablement là où il n’est pas. Ainsi, oui, le pré-adolescent puis l’adolescent vont toujours plus découvrir tant les limites des hommes d’Église que la crise qui secoue celle-ci de l’intérieur. L’heure des grandes discussions arrive, et avec elles celles des premières distinctions. Pour mieux leur faire connaître et aimer l’Église, il importe qu’ils saisissent que, jusqu’à la fin des temps, celle-ci sera ici-bas composée de bon grain et d’ivraie[7], de bons et de mauvais poissons[8], et ce jusque dans ses ministres ; que l’Église elle-même sera toujours comparable à cette barque battue par les flots où, à vue humaine, Jésus semble dormir[9] ; mais que si Dieu permet cela, ce n’est que pour mieux manifester la puissance de sa grâce, pour faire triompher l’action secrète du Christ qui jamais n’abandonne son Église[10]. En un mot, le jeune adolescent, à l’âge où il se forme un idéal, doit saisir que l’Église sera militante jusqu’à la fin des temps, que les armes de Dieu ne sont pas celles du monde, que la victoire du Christ et le triomphe de l’Église sont assurés.

Des mauvais pasteurs, il faudra lui apprendre à se préserver. Car il faut que l’adolescent saisisse le mal et la destruction qu’engendre l’hérésie diffuse dans le Corps même de l’Église, tel un cancer. Oui, l’Église sa mère est une mère malade, malade en sa partie humaine. Aussi, précisément parce qu’il aime l’Église, parce que le mal et l’erreur s’en prennent à elle et ruinent les âmes, il doit haïr cette maladie ; s’en préserver, la soulager, la combattre autant qu’il est en lui. A cette fin, que toujours il reste lumière au milieu des ténèbres, en laissant bien vivants en lui ces trésors de foi et de vie aujourd’hui reniés de fait. Et quand bien même de mauvais pasteurs voudraient les lui faire abandonner au profit de la maladie, il ne devra pas les écouter[11] ; ce ne sera là désobéir qu’en apparence, car un tel discours n’est plus celui de l’Église – une mère ne peut vouloir la mort de son enfant – mais émane d’un membre comme saisi par le délire de la maladie. Loin de céder à ces enseignements tronqués, qu’il s’en tienne à ce que l’Église a toujours enseigné, là il trouvera les voies du salut[12].

Malgré ces mauvais pasteurs, Dieu toujours vivifie son Église, laquelle continue à nous enseigner et à nous nourrir. A cette fin, Dieu n’omettra jamais d’envoyer de bons pasteurs[13].

Quels que soient les défauts de ces derniers, qu’ils soient présentés au pré-adolescent tels des héros, dignes de respect et d’obéissance : on ne tire pas sur un capitaine qui au milieu des périls mène à bien la barque en laquelle nous sommes, sous prétexte qu’un bouton de sa vareuse serait mal attaché ! On lui est au contraire reconnaissant de son dévouement, et on l’y seconde. Et qu’on se rappelle surtout qu’à travers et par cet homme, c’est Dieu qui se donne.

L’enfant, devenu adolescent et bientôt jeune adulte, saisira à cette école combien, en ces temps si troublés, l’Église reste la fidèle épouse du Christ qui, en son amour, le suit partout où il va[14]; aujourd’hui unie à la Passion et comme défigurée de par la fuite des Apôtres eux-mêmes, demain partageant sa gloire.

Il saisira qu’aimer en vérité le Christ et l’Église aujourd’hui, consiste à rester dans cette dépendance profonde de l’Église de toujours, sans relativiser nullement le mal qui présentement la ronge. Seul cet amour sera fécond, parce qu’il sera vrai. Puisse-t-il engendrer de nombreuses vocations. 

Abbé  P. de LA ROCQUE


[1] Cf. Plus loin, article : Aimer l’Église en vérité

[2] Jn 21, 17

[3] Lc 10, 30-37

[4] Jn 15, 6

[5] « Divin Cœur de Jésus, je vous offre, par le Cœur Immaculé de Marie, mes prières, mes œuvres et mes souffrances de cette journée en réparation de toutes mes offenses, et à toutes les intentions pour lesquelles vous vous immolez continuellement sur l’autel. Je vous les offre en particulier pour… »

[6] Cf. notre rubrique : Le saviez-vous ? p. 21

[7] Mt 13, 24-30

[8] Mt 13, 47-50

[9] Mt 8, 23-27

[10] Mt 28, 20

[11] Jr 23, 16

[12] Jr 6, 16

[13] Jr 23, 1-4

[14] Ap 14, 4

Le choix du conjoint

  S’il est une discussion essentielle à mener entre parents et adolescents, c’est bien celle qui concerne le choix de l’époux.

En effet, c’est tant que les cœurs ne sont pas encore « pris » que les orientations et les discussions peuvent être menées en éliminant, autant que faire se peut, les émotions.

Avant tout, une réflexion profonde et sérieuse doit être menée par le grand adolescent lui-même : Où Dieu me veut-il ? Vocation ? Appel au mariage ? C’est une affaire personnelle qui ne doit pas être imposée ni réprimée. Cette réflexion doit être menée sereinement et sous le regard de Dieu. Le meilleur moment sera la paix trouvée lors d’une ou deux retraites qui permettra de discerner avec l’aide d’un prêtre ce que Dieu veut pour chacun de nous.

Si nous ne sommes pas appelés à la vocation sacerdotale ou religieuse ; il nous faut, tout aussi sereinement réfléchir au mariage.

Beaucoup pensent –avec une grosse pointe de romantisme- que l’âme sœur arrivera un beau matin et que le coup de foudre manifestera de façon immédiate si la personne rencontrée est la bonne…

Nous voudrions aujourd’hui vous donner quelques éléments indispensables de réflexion pour discuter de tout cela en famille et pour aider notre jeunesse à faire de bons mariages solides et rayonnants. Le fait d’y réfléchir aujourd’hui posément vous permettra, quand le moment sera venu, de consulter votre raison ; elle dominera alors votre sensibilité.

Etre marié demande un engagement définitif qui liera non seulement vos deux vies mais aussi celle de tous vos descendants. Le mariage est l’anneau d’une chaîne entre vos ancêtres (des deux côtés) et l’immense légion de vos descendants… Ce n’est pas une simple belle aventure, une grande fête et un voyage de noce dans un pays de rêve… Il y aura des moments merveilleux mais aussi des jours difficiles… des grâces sans nombre mais aussi des épreuves… des jours ensoleillés, mais aussi des tempêtes…

On n’épouse donc pas le corps de rêve, le nom célèbre, la belle voiture ou le compte en banque mais celle ou celui qui sera le père ou la mère de nos enfants ; celle ou celui qui nous accompagnera jusqu’à la mort dans les joies et les peines…

Même si les considérations spirituelles sont capitales, ce sacrement ouvre sur une vie commune qui sera, ne l’oublions pas, remplie de considérations quotidiennes, très pratiques.

Il faut donc en premier lieu se connaître, prendre en compte ses défauts et ses qualités pour établir en quelque sorte le profil type de la personne qui sera appelée à devenir notre « moitié » : Une maniaque du rangement ne supportera pas un garçon complètement désordre, un passionné de la campagne ne choisira pas une fille qui n’aime que la ville…

Ensuite, il faut se poser en observateur… Lors de vos rencontres entre jeunes (dîner entre amis, pèlerinages, etc…) n’hésitez pas à observer les uns et les autres, (discrètement bien sûr), pour mieux connaître la gente opposée et vous faire une idée plus précise qui éclairera vos choix et vous aidera, quand le moment sera venu, à être à même de juger avant de décider, de comparer les différents comportements, d’apprendre à observer… Ceci en continuant à brider votre cœur pour ne pas encore se laisser prendre par des sentiments avant que l’heure ait vraiment sonné.

« Et le coup de foudre ? me direz-vous ; cela n’a rien de très spontané votre affaire ! » Les coups de foudre annoncent souvent l’orage… Mieux vaut, sans nier l’importance de la sensibilité, faire rentrer la raison pour un choix dont les conséquences sont si importantes ! Les inclinations sont des indications mais ne doivent pas être le seul argument où la raison n’aurait pas sa place.

Quand l’heure du choix approchera, plusieurs éléments devront entrer en ligne de compte : l’étude des caractères, l’éducation reçue, la vie spirituelle et morale, la valeur intellectuelle sont des notions capitales dont l’équilibre sera gage d’une union stable.

Une question capitale doit nous venir à l’esprit quand le choix approche : Est-ce que ce garçon ou cette fille est celui que je veux donner comme père ou mère à mes enfants ? Car si on se marie c’est tout d’abord pour donner la vie, ne l’oublions pas !

D’autres questions ont aussi leur importance : Est-ce que nous serons prêts à monter au ciel ensemble, l’un soutenant l’autre et non pas l’un traînant et tirant l’autre ?

Est-ce que ce choix me fait progresser et me hisse vers un plus grand bien ou au contraire est-ce que cela me contraint à « renier ce que j’ai adoré » et me fait plutôt descendre ?

Enfin, élément à ne pas négliger -même s’il ne sera pas le premier-, est-ce que les sentiments sont partagés ? Car si les mariages de raison étaient monnaie courante autrefois, dans la société qui est la nôtre aujourd’hui, il peut être dangereux de se marier  sans que les sentiments soient à l’unisson.

Il est important de regarder vivre, parler, agir celui sur lequel notre regard s’incline. Ce qui demande d’examiner les chocs psychologiques qui peuvent avoir été vécus, les influences subies ou en vigueur. Il vaut mieux pour savoir jusqu’où l’on peut aller ensemble, savoir d’où l’autre vient (milieu familial, hérédité, éducation) mais aussi son milieu social (il est prouvé que pour éviter les froissements, il vaut mieux être de milieu similaire), la situation future du conjoint, l’instruction (attention aux trop grandes disproportions; veiller à ce que la situation professionnelle de l’époux lui permette de nourrir sa famille et que celle de l’épouse ne lui soit pas supérieure).

On tiendra compte du tempérament, de la constitution physique, de la santé, des talents naturels ; tout cela principalement pour porter un jugement objectif et veiller à ce que tous ces éléments soient complémentaires avec les nôtres.

De même on ne négligera pas d’examiner le caractère, la formation morale, les jugements et les goûts pour être sûrs qu’il n’y a pas de points qui pourraient être rédhibitoires en vue de l’harmonie générale.

Bien exigeant tout cela ? Non, il faut tout juste se connaître assez pour ne pas emménager dans un appartement aménagé à partir du catalogue Ikéa 2018, alors que vous ne supportez que les meubles de style… ou que vous soyez bercé par la musique de Johnny Hallyday alors que vous n’aimez que Mozart… Autant se mettre d’accord à l’avance car la vie quotidienne peut alors très vite devenir difficile …

Enfin deux qualités semblent aujourd’hui capitales de part et d’autre et il est toujours temps à l’adolescence de les cultiver si vous voulez avoir un jour un foyer fécond et uni : la générosité et l’humilité. En effet l’égoïsme tue l’amour ; les qualités de cœur sont donc essentielles afin que chacun soit prêt au renoncement et au don de soi pour l’autre et pour son foyer. Quant à l’humilité, elle nous permettra d’accepter toujours la volonté de Dieu avant toute chose.

Le jour du choix venu, n’hésitons jamais à demander conseil à ceux qui nous connaissent bien, qui auront un jugement droit et désintéressé ; en particulier à nos parents qui veulent notre bien, au prêtre qui nous connaît personnellement, à un ami fidèle. Ils seront le plus souvent de bon conseil.

En attendant continuons chaque jour notre combat contre notre défaut principal, cultivons nos qualités, développons notre intelligence de cœur, conservons notre pureté de cœur et de corps afin d’offrir le meilleur à celui qui acceptera d’unir ses jours au nôtres jusqu’à la mort. N’oubliez pas non plus de prier chaque jour pour que Dieu vous envoie votre perle… C’est plus sûr que le coup de foudre…

Haut les cœurs dans l’abandon à la volonté de la Providence, sous le regard de Dieu et de sa sainte épouse.

Espérance Clément

“Allez par tout le monde et prêchez l’Évangile à toute la création.“

La première chose que devra faire toute personne désireuse de toucher le cœur des musulmans sera de hisser son âme à la hauteur de ses ambitions. Ainsi, pourquoi ne pas consacrer un jour par mois, le premier vendredi par exemple, pour offrir un jeûne à cette intention.

Par ailleurs, l’histoire de l’Eglise et plus particulièrement de la liturgie, nous offre l’exemple d’une prière qui s’est forgée au cours des siècles en réaction notamment au péril du Mahométanisme : l’Angélus. Qu’on se souvienne notamment d’Urbain II, en 1090, lors du lancement de la première croisade, ou encore de Callixte III, presque 4 siècles plus tard, en 1455, face au terrible Mahomet II qui avait pris 2 ans plus tôt Constantinople et qui s’était juré, après avoir servi de l’avoine à sa monture sur l’autel de la basilique Sainte Sophie, de répéter son exploit sur celui de Saint Pierre… Ceux qui n’auraient pas ou plus l’habitude de réciter l’Angélus pourront  donc y trouver un noble motif pour (re)mettre le pied à l’étrier. Quant à ceux qui auraient tendance à le négliger, ils pourront être sûrs que leur application et leur fidélité à l’observer ne manqueront pas de porter des fruits de conversion, fussent-ils invisibles…

Assez exceptionnellement il faut bien l’admettre, il se pourra que votre interlocuteur émette des réticences à parler religion avec vous. Pour qui voudra donc briser la glace dans ce cas, il pourra être utile de rappeler l’épisode des premiers sectateurs de Mahomet qui, face aux persécutions dont ils faisaient l’objet à la Mecque, trouvèrent un refuge auprès du roi chrétien, le Négus d’Abyssinie qui refusera de les livrer ensuite à une délégation de Qoraïchites (principale tribu juive de la Mecque opposée à la prédication de Mahomet) venue les réclamer. Le Coran garde une trace de cette aventure  dans la sourate 19, verset 58 : »Quand les versets du Tout-Miséricordieux leur étaient récités (au Négus et à sa cour), ils tombèrent prosternés en pleurant ».Ceci étant posé, il conviendra de ne surtout pas négliger le plan de la charité, car toute cette préparation spirituelle  ne portera ses fruits que si le « vecteur », c’est à dire vous, est parfaitement modelé. C’est pourquoi, dans toute discussion, il faudra que votre interlocuteur musulman sente, presque physiquement, que vous avez quelque chose qu’il n’a pas ou plutôt que vous êtes quelque chose qu’il n’est pas. Et ce quelque chose c’est justement la charité. Il  devra sentir que vous ne pouvez faire autrement que l’aimer. Non pas d’un sentiment vaguement altruiste et superficiel, dont il pourra le plus souvent être lui-même capable, à l’instar de beaucoup de nos contemporains, mais d’un véritable amour de Charité, c’est à dire ce désir profond de vouloir le bien de l’autre et quel plus grand bien que la découverte de la Vérité et sa « possession » éternelle au ciel ?

Plus tard, la suna (tradition) nous apprend que ce sera une délégation des chrétiens (sans doute monophysites) de Najrân (au Yémen) qui seront reçus par Mahomet qui leur permettra d’aller prier à la mosquée.

Plus récemment, les exemples de Saint François d’Assise, accueilli en 1219 (lors de la 5ème croisade) par le sultan musulman d’Egypte ou encore de Charles de Foucauld (1858-1916), dans son  ermitage de Tamanrasset, pourront également être évoqués.

Intellectuellement parlant, qu’il soit bien clair qu’à moins d’une assistance spéciale du Saint-Esprit, vous ne retournerez pas comme une crêpe un musulman convaincu en une seule discussion. Tout au plus pourrez-vous instiller un peu de doute dans cet esprit qui n’aura souvent jamais appris à douter dans le sens où il n’aura jamais confronté sa foi à sa raison. Et ce sera déjà énorme…

Attendez-vous également à vous faire reprocher l’illogisme de votre religion puisque, professant la Sainte Trinité, vous serez taxé par le fait même de polythéisme, ou plutôt d' »associationisme », pour reprendre un terme que l’on retrouve à foison dans le Coran dans la mesure où vous associez à Dieu, d’autres divinités, à savoir Jésus (nommé « Issa ») et… Marie. Ce à quoi vous aurez beau jeu de rétorquer que ce dernier point est effectivement une belle erreur que l’on retrouve dans le livre sacré des musulmans et que si vous êtes un « associateur », ils sont eux, selon la belle expression de Saint Jean Damascène dans son « De Haeresibus », des « mutilateurs », qui prétendent mieux connaître Dieu qu’il ne se connaît lui-même. Par ailleurs, le Coran n’affirme-t-il pas que Dieu est inconnaissable (27:65)… ?

Evitez-donc d’aborder ce sujet dans un premier temps, tellement il est une pierre d’achoppement pour les musulmans. En islam, l’enfer n’est pas éternel. Vous pourrez avoir bu de l’alcool, omis les cinq prières rituelles quotidiennes et même mangé du porc, vous irez alors passer un certain temps, et même un temps certain en enfer, mais vous n’y serez pas pour l’éternité. Les seuls qui auront droit pour toujours à ces terribles supplices décrits à l’envi dans le Coran, sont ceux qui auront donné des associés à Allah, c’est à dire vous, puisqu’à côté de Dieu, vous placez le Fils et Marie… (4:48). Cette donnée explique par ailleurs comment il est difficile, pour un musulman, de franchir le pas, tellement l’enjeu est psychologiquement énorme pour lui.

Un des grands arguments avancé par les musulmans pour justifier la suprématie de leur religion est l’argument chronologique. Leur religion étant la dernière révélée elle est la seule véritable puisque elle est l’aboutissement des messages délivrés au peuple juif par Moïse et aux chrétiens par Jésus. D’ailleurs, le Coran parle de Mahomet comme du sceau des prophètes (33:40) qui vient parachever et clore à la fois la révélation.

Il est pourtant aisé de montrer que l’islam, loin d’être un perfectionnement du message évangélique, n’en est que la corruption, dans la mesure où il opère un virage à 180° en reprenant de manière littérale et servile des commandements de l’ancien testament qui n’avaient leur justification qu’en raison de la faiblesse des hommes (la répudiation – cf. le Christ qui déclare aux Pharisiens en Matthieu 19,8 : « C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes; au commencement, il n’en était pas ainsi ») ou en vue de préparer la venue du Christ et d’annoncer les sacrements de la Nouvelle Alliance (cf. la circoncision, qui préfigure le baptême).

Enfin, il conviendra d’avoir à l’esprit la grande loi de l’abrogation en islam, qui trouve son fondement notamment dans le verset 106 de la sourate[1] 2 (« la vache »). Selon cette théorie, admise par tous les théologiens musulmans, les sourates et/ou versets ultérieurs abrogent des versets antérieurs qui seraient contradictoires. Le problème est que parmi les sourates les plus violentes, figure notamment la sourate 9 (« le repentir ») avec son fameux verset 5 (appelé le verset du sabre) qui abroge à lui seul des dizaines (certains parlent de plus de 200) de versets plus pacifiques ou tolérants. En effet, la sourate 9 est considérée comme l’avant dernière, voire la dernière sourate révélée par Dieu à Mahomet !

Quelle différence alors avec le message évangélique où Jésus nous enseigne que les commandements se résument à aimer Dieu par dessus tout et son prochain comme soi-même pour l’amour de Dieu. Si la sourate 9 est l’aboutissement de la révélation musulmane, faut-il considérer l’injonction de « tuer les associateurs où que vous les trouviez… » comme l’état ultime de la révélation ? Ne s’agirait-il pas plutôt d’une insupportable régression par rapport à l’enseignement du Christ ?

Jean Félix

Vous souhaitez en savoir plus sur l’apostolat auprès des musulmans, vous pouvez contacter notre groupe : saintjeandematha@hotmail.com

[1] Etymologiquement, sourate signifie une enceinte, quelque chose qui délimite. On peut le traduire par chapitre qui regroupe et donc « délimite » un certain nombre de versets.

Qu’entend-on par : La doctrine du Christ-Roi ?

Nous ne vivons plus au temps de la monarchie française qui était d’essence chrétienne et catholique et nous avons progressivement perdu le sens commun des notions de roi et de royauté. Ne sommes-nous pas « citoyens de la République Française » ? Cette République n’a-t-elle pas été constituée en 1789 par les seules forces des révolutionnaires réunis en assemblée sans le concours ni de Dieu, ni de l’Église ? Ainsi la mentalité démocratique moderne nous rend presque inconcevable le terme de « sujet » au sens politique, c’est-à-dire celui qui est « assujetti », soumis à des lois qu’il n’a pas faites (au premier rang desquelles la loi naturelle qui lui est donnée par Dieu), et à des principes et un prince (du latin princeps de la même famille que le mot principe) qui est celui qui incarne l’institution royale et sur qui se fonde l’unité politique (car la volonté générale n’existe pas et donc ne s’incarne pas, raison pour laquelle vous ne verrez jamais Marianne se promener dans la rue). Au temps de la société féodale, le vassal faisait allégeance à son suzerain en lui rendant foi et hommage.

Même s’il n’y a plus de roi ni de monarchie chrétienne en France, nous catholiques devons cependant toujours savoir et tenir fermement que Notre – Seigneur Jésus-Christ est Roi, comme Dieu et comme homme, et que nous sommes ses sujets qui lui sont complètement soumis, spirituellement comme temporellement. Il est Roi parce qu’Il est Dieu et qu’Il a reçu du Père « la puissance, l’honneur et la royauté[3] ». De fait il n’y a pas, depuis 1789, de « République des Cieux » (de même que l’Église instituée par le Christ pour mener les hommes au salut ne pourra jamais être une démocratie malgré tout ce qui a pu être annoncé depuis 1962 !). Notre-Seigneur Jésus-Christ est Roi car Il possède par nature « la primauté d’excellence et de perfection sur toute créature, en particulier la science et la puissance pour gouverner et ordonner à sa gloire et à celle de Dieu toutes les choses humaines temporelles »[4]. Non seulement Il a créé tout l’univers mais Il le gouverne et rien n’échappe à sa divine Providence : « comme Verbe de Dieu, consubstantiel au Père, Il ne peut pas ne pas avoir tout en commun avec le Père et, par suite, la souveraineté suprême et absolue sur toutes les créatures. ». Sur toutes les créatures, c’est-à-dire qu’elles soient chrétiennes ou non. Le Pape Léon XIII l’affirmait déjà à la fin du 19ème siècle : l’empire du Christ « ne s’étend pas seulement aux chrétiens baptisés… il embrasse également et sans exception tous les hommes même étrangers à la foi chrétienne »[5]. Ainsi le Christ est-il l’Alpha et l’Omega, le principe et la fin de l’histoire, et à la fin des temps chaque homme sera soumis à son jugement.Les chevaliers prêtaient des serments de fidélité et les quarante rois qui ont fait la France exerçaient leur commandement sur des sujets qui se confiaient en eux (les mots de « foi », de  « fidélité » et de « confiance » ont la même racine étymologique). Nous ne trouvons rien de tel dans notre démocratie contemporaine basée sur le contrat social rousseauiste passé entre citoyens égaux en droit et libres de toute attache, de tout engagement. Dans cette conception politique, la société corrompt ce « tout parfait et solitaire » qu’est l’homme (eritis sicut deus) et le pouvoir des gouvernants est un pis-aller qu’il faut diviser pour se prémunir de ses abus. Une réflexion en profondeur sur un tel type de société et son gouvernement ne peut être une question indifférente pour tout catholique. L’étude réaliste de la politique par Aristote prolongée par Saint Thomas d’Aquin nous enseigne que l’homme est un animal politique : ce n’est pas un bon sauvage et il lui est naturel de vivre en société. De plus, parmi tous les régimes possibles, la royauté constitue habituellement le meilleur gouvernement[1], le plus vertueux et le plus apte à poursuivre le bien commun, tandis que notre démocratie moderne est le pire des régimes corrompus. Cette analyse est donc fondamentale puisque le Pape Pie XII a rappelé fort justement que « de la forme donnée à la société, conforme ou non aux lois divines, dépend et découle le bien ou le mal des âmes »[2]. Le Pape Pie XI a exposé avec force cette merveilleuse doctrine du Christ-Roi dans sa remarquable encyclique Quas Primas en 1925.  Il poursuivait ainsi l’œuvre de Saint Pie X, dont la devise était Omnia instaure in Christo, et celle de Pie IX et du Cardinal Pie[6]. S’appuyant sur les Saintes Écritures, le Pape Pie XI rappelle que Notre Seigneur est « le Roi établi par le Père sur Sion, sa montagne sainte, pour recevoir en héritage les nations et étendre son domaine jusqu’aux confins de la terre »[7]. Les nations et non simplement les individus, c’est-à-dire les peuples et les gouvernements, ce qui témoigne encore de l’universalité de sa royauté et surtout qu’il s’agit bien d’une royauté « au sens propre du mot » comme le rappelle l’encyclique et pas seulement « au sens métaphorique » (comme lorsque nous disons par exemple que Notre Seigneur Jésus-Christ est « Roi des cœurs »). En effet, si le Christ règne sur tous les hommes et sur les sociétés naturelles comme la famille, combien ne doit-il pas régner plus encore sur la vie publique, les associations, les entreprises et les institutions politiques. Les hommes ne peuvent cantonner Notre Seigneur Jésus-Christ à leur vie individuelle « privée » (c’est le « laïcisme ») et le priver ainsi de son autorité sur la vie politique puisqu’Il en est Lui-même à l’origine : « Non est potestas nisi a Deo[8] ».

L’Histoire Sainte comme l’histoire des chrétientés est remplie d’innombrables exemples où la conversion du chef entraîne celle de sa famille et de ses subordonnés car ce sont les supérieurs qui font les inférieurs (que l’on pense au centurion romain de l’Évangile). Sans cette affirmation publique de la foi par les premiers apôtres et disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ, et leurs demandes inlassables qu’un culte public soit rendu à la vraie religion, l’empire romain puis la France ne se seraient jamais convertis et des millions d’âmes n’auraient pu être sauvées (depuis la conversion de Constantin en passant par le baptême de Clovis jusqu’aux missions dans tout l’empire français au 19ème siècle). Ce culte public rendu à la vraie religion est la condition nécessaire pour que le Christ règne effectivement sur les nations qui se consacrent à Lui en baptisant ses chefs et en leur conférant l’autorité politique pour qu’ils commandent en son nom. Pie XI fait ainsi œuvre éducatrice pour les États en instituant par l’encyclique Quas Primas la fête liturgique du Christ-Roi : « Les États apprendront par la célébration annuelle de cette fête que les gouvernants et les magistrats ont l’obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d’obéir à ses lois […] car sa dignité royale exige que l’État tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens dans l’établissement des lois, dans l’administration de la justice, dans la formation intellectuelle et morale de la jeunesse, qui doit respecter la saine doctrine et la pureté des mœurs ».

Louis Lafargue

[1] Voir la démonstration de Saint Thomas dans le De Regno, traduction Rulleau, édition Civitas, 2010. Pour une introduction à cette question, voir l’article A propos du régime politique « le meilleur » par Bernard de Midelt dans le n°174 de la revue de l’Action Familiale et Scolaire (AFS).

[2] Pie XII, message de la Pentecôte, 1941.

[3] Daniel, VII 13-14.

[4] Mgr Tissier de Mallerais, Politique du Christ-Roi, revue Civitas n°12, 2ème trimestre 2004.

[5] Léon XIII, Annum sacrum, 25 mai 1899.

[6] Lire à ce sujet l’excellente synthèse du P. Théotime de Saint-Just, La royauté sociale de N.S. Jésus Christ d’après le Cardinal Pie parue en 1923.

[7] Psaume 2.

[8] « Toute autorité vient de Dieu », épitre de Saint Paul aux Romains, 13, 1.

Esprit es-tu là?

Dans notre société en mal de repères, le satanisme et tout ce qui s’y rapporte prend une ampleur impressionnante.

Certains de nos lecteurs seront peut-être surpris que nous abordions un tel sujet. Et pourtant … « 10 000 « guérisseurs » au moins travaillaient en 2015. Le nombre de voyants a plus que doublé, passant de 40 000 en 2003 à 100 000 en 2007. En 2016, l’abbé Prigent, exorciste, estimait que « deux jeunes sur trois touchent aux verres baladeurs et aux tables tournantes ». Depuis mai 2015, le jeu de« Charly Charly » banalise par internet le spiritisme auprès de millions de jeunes. On ne compte plus les films, BD, romans, sites internet, forums, jeux vidéo, articles concernant le diable. Outre le succès étonnant de Harry Potter, on connaît celui exorbitant du chanteur sataniste Marilyn Manson ou de chanteuses blasphématrices comme Lady Gaga, Mylène Farmer ou Madonna […][1]« 

Sans dramatiser, il nous faut analyser les faits réels et sans se voiler la face, aborder ce sujet « brûlant » avec nos adolescents afin de leur faire comprendre que tout ceci a son importance et ne doit pas être considéré comme un jeu sans danger. Nos enfants vivent au milieu d’une jeunesse sans repères et nous devons les mettre en garde contre ces pratiques afin de les en protéger.

Certes, « ce problème du spiritisme est aussi vieux que l’humanité. Il date de la première mort humaine. Observons pourtant qu’il ne s’est peut-être jamais posé en France avec autant d’actualité qu’à l’heure présente»[2] :

– Littérature enfantine infestée de vampires, de divination, magie blanche ou noire. On trouve même des exercices pratiques pour enfant de 8 ans leur apprenant à réaliser des séances de spiritisme[3].

– Fêtes en tous genres (Helfest, soirée Halloween, …)

– Profanation satanique dans les cimetières

– Musique métal et Gothic

– « Internet est sûrement aujourd’hui, et de très loin, la plus grande porte d’entrée vers les mouvances sataniques.[4] »

– Voyance (Salon de la voyance, démarchage téléphonique)

Le spiritisme s’est insinué dans les milieux catholiques et cela de façon plus évidente encore après le Concile Vatican II. – « Oui, l’Église permet de s’adresser à ces personnes très particulières  (= aux médiums), mais avec beaucoup de prudence et à quelques conditions. Les médiums auxquels on peut demander de l’aide doivent être des personnes qui mènent leur expérience, même si c’est avec des techniques modernes, en s’inspirant de la foi. S’ils sont prêtres, [sic], c’est mieux ».[5]

Démonologie ou explication PRÉTERNATURELLE :

Même s’il ne faut pas voir le démon partout, il ne faut pas non plus tomber dans l’excès inverse : « La plus grande ruse du démon, c’est de nous persuader qu’il n’existe pas », dit Baudelaire.

 Il existe bel et bien, et agit entre autres dans le spiritisme ; c’est ce qu’affirment :

  • Un Père de l’Eglise, Saint Augustin : « Ces Esprits, trompeurs, non par nature mais par malice, se donnent pour des dieux ou pour des âmes des morts, et non pour des démons, ce qu’ils sont réellement. »[6]
  • Le Magistère : Comme le phénomène du spiritisme s’était particulièrement développé aux États-Unis au XIXè siècle, il n’est pas étonnant que les évêques américains se soient préoccupés de la question, notamment au 2è Concile de Baltimore, en 1866.
  • Les moralistes catholiques : Reprenant l’enseignement du Magistère pour expliciter la valeur peccamineuse de l’exercice du spiritisme et de l’évocation des morts, ces moralistes concluent régulièrement en précisant qu’il y a risque réel, dans ces pratiques, d’ouvrir une porte à l’action extraordinaire du démon.
  • Les spirites : les sœurs Fox, dont le récit fut à l’origine du mouvement spirite, prises à la fin de leur vie d’une fringale de confessions publiques, déclaraient : « Le spiritisme est du commencement à la fin, une duperie. C’est la plus grande duperie du siècle… »
  • Satan : « Dans l’antiquité, Satan jouissait du culte intérieur et du culte extérieur : il en jouit encore chez les nations idolâtres. Or, Satan ne change ni ne vieillit, ce qu’il fut, il veut l’être, ce qu’il eut, il veut l’avoir. Il le veut d’autant plus que les oracles, les évocations, les apparitions, les guérisons[7], les prestiges étaient son principal instrument de règne et une partie intégrante de sa religion. Il était donc infaillible que tôt ou tard, il reviendrait avec tout ce cortège de pratiques victorieuses, habilement modifiées suivant les temps et les personnes ».[8]

Appuyés sur ces diverses affirmations, on peut conclure avec le DTC[9] que le spiritisme porte la marque de celui dont il a été écrit qu’il est trompeur dès le commencement. Cet « ange de lumière, comme lors de la première tentation, proposera à ses victimes, de fausses espérances ; et en même temps il jouera, par ses procédés, avec la crédulité des hommes et les conduira à sa fin. Certes, parfois dans les débuts, le spiritisme semblera respirer le vrai et le bien ; mais petit à petit filtreront quelques doutes sur la Religion, et finalement un dogme sera directement nié, comme celui de l’efficacité de la prière. »

Attiré par sa blessure, « le désir immodéré d’expérimenter et de connaître[10] » l’homme sera en péril d’erreur grave pour l’intelligence et en péril moral pour la volonté. » ?

L’homme ainsi lancé sur une route bien large vers la perdition, n’a plus qu’à suivre le mouvement que les « Esprits » attendent de lui : « aversio a Deo, conversio ad creaturam ». A jouer avec le feu, d’aucuns se brûlent parfois les doigts…; tables tournantes, « oui-ja », verres parlants… Ces techniques pas tout-à-fait démodées, (« oui-ja » vendus en commerce rayon « enfants » !) ne sont jamais tout-à-fait sans danger… Fuyons donc toute occasion qui se présenterait de jouer avec le Malin. La prudence nous demande de discuter avec nos enfants de toutes ces notions afin qu’ils ne se laissent pas prendre par surprise et si certains ont malheureusement déjà eu cette expérience, qu’ils se rapprochent d’un prêtre.

Rappelons que le premier moyen efficace et incontournable pour se libérer du démon, c’est la pratique fervente de la vie chrétienne : fidélité aux commandements, prière et vie sacramentelle ; réagissant ainsi aux attaques démoniaques, celles-ci coopèrent au bien de l’âme qui en est sujette.

N’oublions jamais que Satan a déjà perdu la guerre, confions-nous et confions nos enfants au Cœurs de Jésus et de Marie, nous serons bien protégés !

Capucinus

[1] L’homme Nouveau-12/05/2018

[2]Rp. Réginald-omez op.  « peut-on communiquer avec les morts ? » p.7

[3] Petit livres des soirées pyjama. Catherine Mory, Larousse 2011

[4] Ouest-France-27/09/2013

[5]Rp. Coretti (ofm) cité dans le Courrier de Rome Sept. 1998 p.4, 1°Col.

[6] « De civit.Dei » lib. 10 C. 11,2

[7] Que le démon fut actif de ce point de vue, les nombreux « ex-voto » suspendus aux murs des temples païens d’autrefois attestent la croyance et la reconnaissance des peuples.

[8] Monseigneur GAUME ibid. p.533

[9] Dictionnaire de Théologie Catholique

[10] Saint Augustin, Confessions