Au secours ! Mon enfant ne comprend rien en cours de calcul !

Ayant constaté ce problème récurrent, nous avons donné la parole à un ancien instituteur qui, fort de son expérience de plus de 40 ans, a accepté de nous dévoiler sa méthode inédite ! Nous espérons que Foyers Ardents, dont la vocation est d’aider et de soutenir les familles sur tous les sujets, pourra là encore rendre service ! N’hésitez pas, en cette période de vacances, à mettre en pratique ces exercices mis à la portée de tous afin d’aider votre enfant à dépasser certains blocages qui pourraient avoir un retentissement sur toute sa scolarité.

 

Souvent, face aux erreurs répétitives, nous sommes démunis pour redresser ou corriger la mauvaise technique : oubli de la virgule, tables déficientes, problèmes incorrects, etc.

Nous n’osons pas aller au fond de la difficulté car nous sommes convaincus que cela serait vain. Abordons ici plusieurs difficultés classiques et travaillons à y remédier :

 

1 – L’enfant sait-il vraiment compter ?

De nombreuses comptines enfantines aiment à répéter les chiffres, dans le bon ordre, sans autre ambition que de mémoriser une suite. C’est en répétant cette suite que l’enfant se plaît à dire qu’il sait compter. Suffit-il d’énumérer les nombres, comme une comptine, pour « savoir compter » ? Certainement pas ! Une erreur commune est d’apprendre aux enfants à compter sur leurs doigts en appelant successivement le pouce : 1, l’index : 2, et ainsi de suite comme si l’on donnait un nom à chacun des doigts. C’est oublier que le 2 n’existe que par son assemblage avec le 1 ! On ne dira donc pas un, deux, trois en levant les doigts les uns après les autres, donnant au doigt levé le nom mentionné, mais en prenant soin de les grouper pour passer au doigt suivant.   

Les enfants aiment compter et parfois, à l’occasion d’un anniversaire, comme la situation s’y prête, nous pouvons demander à l’enfant d’ajouter lui-même la nouvelle bougie ainsi que son nouveau chiffre. Cette unité supplémentaire l’aidera à comprendre la technique du plus un, permettant la progression des nombres, vu les gâteaux à venir.

De même, nous saisirons la préparation de la table pour associer membres de la famille et invités au nombre d’assiettes mises (association objets ou personnes comptés et unités à compter).

 

2 – Nombre ou chiffre ?

Si nous demandons quels sont les chiffres et quels sont les nombres, la réponse banale est : « 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 sont les chiffres et après ce sont les nombres.»

Soyons précis : le nombre représente les objets comptés et le chiffre, tout comme la lettre, sert à l’écriture de ce nombre. Prenons par exemple 124 : on dit que le nombre 124 est écrit à l’aide de trois chiffres comme chat est écrit à l’aide de quatre lettres. Ecrit à l’aide des chiffres 1 ; 2 ; 4, le nombre 124 (cent + vingt + quatre) s’énonce ainsi (nombre d’unités présentes).

Afin que l’enfant visualise correctement la méthode pour compter et se familiarise avec les chiffres et les nombres, nous recommandons le boulier ABAX. Ces petites vidéos aideront à comprendre la méthode employée.                  

 Compter de 1 à 5 : 

https://drive.google.com/file/d/15mhR2_SdZsBsvOwXtscccu-bfANBJ4vx/view

Compter de 5 à 9 : https://drive.google.com/file/d/1WjETAxRGWwVcNaSithj40UJKSCjX4L2s/view

Passage à la dizaine : 

https://drive.google.com/file/d/1dvhiHe-5A5sp4iP-9HrytJE-a5f68uIz/view

3 – La place : une notion capitale !

La lecture d’un nombre s’effectue de gauche à droite ; mais sa construction s’effectue de droite à gauche. La numération française est dite positionnelle :  les paquets plus gros sont mis devant c’est-à-dire à gauche : ainsi le chiffre 1 changera de nom et de valeur suivant la place occupée. Successivement : un ; dix ; cent.

On dit que les chiffres sont ordonnés. On commence par indiquer les unités : ordre des unités, puis ordre des dizaines et enfin ordre des centaines. En conséquence, tout nombre doit être écrit à l’aide d’un, deux, ou trois ordres. Attention : tout ordre absent sera mentionné par le zéro. Le zéro est muet et représente un ordre vide, ainsi le nombre « cent un » s’écrit 101 en chiffres car la dizaine est absente.

 

4 – Donner des explications claires pour éviter une erreur courante :

Souvent on entend dire : « Multiplier par dix, c’est ajouter un zéro.» Attention c’est l’effet mais non la cause. En effet, lorsqu’une unité est multipliée par dix, l’ensemble produit un groupement dans l’ordre supérieur. Quittant son ordre pour cet ordre supérieur, ce groupement le laisse par conséquent vide et celui-ci sera occupé par le zéro (5×10 = 50). Sinon on rencontrera cette erreur : 5,2 x10 = 5,20. La consigne « multiplier par 10, c’est ajouter un zéro » est donc fausse !

D’autres diront que « multiplier un nombre à virgule par dix fait avancer la virgule d’un rang ». On peut faire remarquer que lorsque le train avance, ce ne sont pas les arbres qui avancent mais c’est le train. D’où multiplier un nombre à virgule par dix, c’est faire avancer tous les chiffres d’un rang ! On passe par-dessus la virgule car tous deviennent dix fois plus grands en changeant d’ordre.

Dans la même logique un nombre divisé par dix fera reculer tout le monde d’une rangée, virgule ou pas.

 

5 – Les tables de multiplications : un cauchemar !

Mais faisons un test pour savoir si la consigne est bien comprise :

Question : 3 fois 8 ?

Réponse fréquente : 24.

Nouvelle question : 3 fois merci ?

Aucune réponse apprise : alors on s’entendra dire « Merci, merci, merci ». 

Du fait de cette bonne réponse, réitérons notre demande : 3 fois 8 ?  

Si on redit 24, redemandons de redire trois x merci et donnons la bonne réponse : 3 fois 8 = 8, 8, 8.

Ainsi on sera tous d’accord pour les questions suivantes.

– Disons « 5 fois 3 » soit 3 ; 3 ; 3 ;3 ; 3 ; nous verrons ainsi, le rôle de chacun des chiffres : 5 est le multiplicateur, il n’apparaît pas dans les calculs, son rôle est de reproduire 5 fois le 3.

Il ne reste plus qu’à apprendre par cœur les résultats :                                                                             

 – soit par addition successive    3 fois 5 = 5 + 5 + 5 = 15

– soit en mémorisant le résultat. 5 x 3 = 15.                                                                               

 6 – Nous ne pouvons pas faire les calculs uniquement avec des « astuces » !

Ecoutons un enfant faire la division d’un nombre :

124 : 3 = ?  On l’entend dire : « Le 1 étant trop petit, je le mets avec le 2 pour faire 12.»

Mais pourquoi 12 ?

Expliquons-lui plutôt : « Le 1 représentant une centaine, formée de dix dizaines, je groupe les dizaines présentes :  10 + 2 = 12 ». Et tout sera plus clair dans sa tête !

            Prenons un autre exemple : dans la soustraction, lorsque les unités sont en nombre insuffisant, l’enfant dit « j’ajoute dix et j’abaisse mon 1 ». Donnons un sens à cette technique en expliquant que l’on peut bien ajouter dix unités à condition de dire : « je prends une de mes dizaines.»

7 – Le boulier ABAX

Bien d’autres erreurs peuvent surgir dans la scolarité : nombres décimaux, système métrique, cas de divisibilités, preuve par neuf, etc. Nous avons donc construit un système simple qui permettra grâce à la visualisation et à la manipulation de concevoir un enseignement logique et clair ou une mise à niveau en cas de situation d’échec ou dyscalculie.

La manipulation et la visualisation des anneaux permettront une acquisition plus rapide du lexique de la numération française. (Bases vingt et soixante : unités groupées par vingt ou par soixante). Le tout accompagné de chiffres. Plus de souci pour comprendre et assimiler les nombres 11,12,13,14,15,16…

Addition et soustraction passeront du geste à l’écriture. De même la multiplication et la division représentées à l’aide de plusieurs bouliers guideront l’apprentissage.

Le boulier facilitera l’apprentissage des nombres décimaux et de leur virgule, du système métrique, des cas de divisibilité, etc. 

Nous vous proposons ici une vidéo qui vous permettra de comprendre toutes les notions expliquées plus haut et de les mettre en pratique soit dans leur globalité soit pour expliquer une notion non acquise. https://www.youtube.com/watch?v=2Z_0wVQiJY0

Ce boulier sera comme un GPS, guidant et corrigeant, remettant tous dans la bonne direction.

Notre seul but étant d’aider nos petits élèves à partir sur de bonnes bases afin que ces premières notions soient assimilées en s’aidant autant de la visualisation que de la manipulation.

 

          Jacques Després                 

Les apparitions et le message de Notre-Dame de la prière à l’île Bouchard

Le 8 décembre dernier a été commémoré le 75ème anniversaire des apparitions de la Sainte Vierge en l’église Saint-Gilles de l’Ile Bouchard (37). Ce sanctuaire marial proche de Chinon n’est pas très connu et ce n’est qu’en 2001 que Mgr Vingt-Trois, alors archevêque de Tours, a autorisé officiellement le culte public de Notre-Dame de la Prière et les pèlerinages à l’Ile-Bouchard. Dès avant lui, cependant, Mgr Gaillard, archevêque de Tours, contemporain des événements, avait autorisé la construction de la grotte  désirée par la Sainte Vierge et Mgr Ferrand, son successeur, avait accordé la réalisation de la statue représentant l’apparition.

En cette période de la fin de 1947, la situation de la France, qui commençait à se relever des épreuves de la guerre, est catastrophique et quasiment insurrectionnelle : de grandes grèves paralysent l’activité économique, des sabotages sont opérés et ont de graves conséquences (déraillement du train Paris-Tourcoing qui fit 20 morts le 3 décembre), le parti communiste et la CGT sont sur le point de déclencher la guerre civile pour prendre le pouvoir comme dans les pays d’Europe de l’Est. La situation semble désespérée et le gouvernement de Robert Schuman est débordé et pense à mobiliser l’armée.

C’est alors que la Sainte Vierge, comme à Pontmain en 1871 ou lors de la bataille de la Marne en 1914, décide d’intervenir pour sauver la France qui lui avait été consacrée dans le passé par les rois (en particulier Louis XIII).

Ce 8 décembre 1947, jour de l’Immaculée Conception, en se rendant à l’école du village tenue par les Sœurs de Sainte Jeanne Delanoue, Jacqueline Aubry (12 ans), sa sœur Jeanne (7 ans) et leur cousine Nicole Robin (10 ans) vont prier à l’église Saint-Gilles. Elles vont s’agenouiller devant l’autel de la Sainte Vierge et récitent une dizaine de chapelet. Elles voient alors une Belle Dame et à son côté un « Beau Ange » (comme le dira la jeune Jeanne). Elles vont vite dehors pour inviter d’autres enfants à venir voir ; mais seule Laura Crozon (8 ans) verra comme elles la Belle Dame. Comme dans beaucoup d’apparitions la Sainte Vierge ne se montre qu’à des enfants pour faire passer ses messages.

Tout de suite Notre-Dame recommande : « Dites aux petits enfants de prier pour la France car elle en >>> >>> a grand besoin. » Jacqueline lui demanda alors : « Madame, êtes-vous notre maman du Ciel ? » « Oui, je suis votre maman du Ciel » répond-elle. L’ange indique qu’il est l’ange Gabriel. Celui-ci est en vénération devant la Mère de Dieu comme lors de l’Annonciation et il récitera à chaque fois le Je vous salue Marie avec les enfants. Au moment de la bénédiction du salut du Saint Sacrement dans l’église, la belle dame et l’ange disparaissent pour s’effacer devant Jésus Hostie et ils réapparaissent ensuite.

Le mardi 9 décembre nouvelle apparition aux quatre enfants. La Sainte Vierge leur demande d’embrasser la croix de son chapelet puis elle leur montre avec une impressionnante lenteur comment il faut faire le signe de croix. Elle demande alors à nouveau de « prier pour la France qui ces jours-ci est en grand danger ». Puis elle leur dit de demander à M. le Curé de venir l’après-midi avec la foule et les enfants pour prier et enfin de construire une grotte afin d’y placer sa statue et celle de l’ange ; on peut voir aujourd’hui une grotte dorée et les statues demandées dans l’église Saint Gilles, là où ont eu lieu les apparitions.

Notre-Dame demande alors : « Chantez le Je vous salue Marie, ce cantique que j’aime bien », puis elle dit « O Marie conçue sans péché » et les enfants continuent « priez pour nous qui avons recours à vous » ; confirmant ainsi la rue du Bac et la médaille Miraculeuse. Puis la Sainte Vierge bénit l’assistance par un majestueux signe de croix.

Ce soir-là le comité national de grève décide à la surprise générale la reprise du travail… Robert Schuman, catholique convaincu, dira qu’il y avait eu certainement une intervention du Ciel pour apaiser ainsi la situation.

Le lendemain environ 150 personnes sont présentes dans l’église autour des petites voyantes. Dès qu’elle apparaît, la Sainte Vierge demande aux enfants de chanter le Je vous salue Marie puis de baiser sa main. Jacqueline Aubry demande alors : « Madame, voulez-vous faire un miracle pour que tout le monde croie ? ». Notre-Dame lui répondit : « Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles, mais pour vous demander de prier pour la France. Demain vous y verrez clair et vous ne porterez plus de lunettes. Je vais vous confier un secret que vous ne direz à personne. »

En effet Jacqueline Aubry avait une conjonctivite purulente de naissance et était atteinte de myopie et de strabisme, ce qui l’handicapait. Dès le lendemain matin elle était guérie complètement ! Ce fut le seul miracle physique accordé par la Sainte Vierge. Monsieur le curé dit alors : « C’est donc vrai qu’Elle descend parmi nous ! »

Devant plus de 200 personnes Notre-Dame demande aux enfants : « Chantez le Je vous salue Marie. Priez-vous pour les pécheurs ? » Jacqueline demande alors : « d’où vient cet honneur que vous veniez en l’église saint Gilles ? » La Sainte Vierge répondit : « c’est parce qu’il y a des personnes pieuses et que Jeanne Delanoue y est passée. » (On peut noter aussi qu’en 1429 Sainte Jeanne d’Arc en route pour Chinon est venue prier dans cette église). Puis Jacqueline demanda : « Madame, voulez-vous bien guérir ceux qui ont des maladies nerveuses et des rhumatismes ? » Après un instant la Sainte Vierge répondit : « JE DONNERAI DU BONHEUR DANS LES FAMILLES ». Notre-Dame est bien la protectrice des foyers ardents qui la prient avec ferveur.

Le vendredi 12 il y a environ 400 personnes présentes autour des enfants dans l’église. La dame est auréolée d’un arc-en-ciel lumineux et le mot MAGNIFICAT est inscrit sur sa poitrine. En France, la reprise >>> >>> du travail a été générale ; le pays a échappé à la guerre civile qui paraissait pourtant inévitable.

Notre-Dame recommande aux enfants : « Priez et surtout priez beaucoup pour les pécheurs. » Jacqueline demanda : « Madame, voulez-vous guérir une personne très pieuse ? » La réponse fut : « Je ne suis pas venue pour faire des miracles, mais pour vous demander de beaucoup, beaucoup prier. »

Le samedi 13, devant des centaines de personnes venues parfois de loin, croyants et incroyants, la Vierge demande à nouveau de chanter le Je vous salue Marie puis des dizaines de chapelet et l’invocation « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». Afin de faire authentifier les apparitions pour vaincre l’incrédulité, Jacqueline demanda alors : « Madame, faites donc un miracle ! » et Notre-Dame répondit : « Plus tard. Je reviendrai demain pour la dernière fois. »

Le dimanche 14 décembre, l’église est pleine à craquer. « Madame, voulez-vous bénir Monseigneur l’Archevêque et donner des prêtres à la Touraine ? » Marie approuva en souriant et en inclinant la tête ; puis elle bénit la foule et embrassa les fleurs présentées par les enfants. Jacqueline demanda alors : « Madame, que faut-il faire pour consoler Notre-Seigneur de la peine que lui font les pêcheurs ? » La Sainte Vierge répondit : « Il faut prier et faire des sacrifices. » C’est la même réponse qu’à Fatima ! Jacqueline se fit insistante : « Madame, je vous en prie, faites une preuve de votre présence. » La réponse fut : « Avant de partir, j’enverrai un vif rayon de soleil. Dites à la foule de chanter le Magnificat. »

Alors que le ciel est gris et très bas, un vif rayon de soleil illumine l’église pendant quelques minutes et vient éclairer le coin de la chapelle où se trouvent les enfants, en contournant un pilier et en se déployant sur l’autel de la Vierge. Ce phénomène (comme à Fatima) a été aperçu par les habitants des campagnes environnantes.

Par la suite, de nombreuses grâces et conversions ont été obtenues comme en témoignent les très nombreux ex votos qui sont placés dans l’église. Les voyantes ont mené une existence paisible et discrète dans la région. Jacqueline Aubry a été la principale dispensatrice des apparitions de l’Ile Bouchard. Elle a enseigné à Tours et n’a pas cessé de témoigner de ce qu’elle avait vu. Après sa retraite elle est revenue dans la petite ville et on pouvait la voir tous les jours dans l’église animer le chapelet. Elle n’hésitait pas à répondre à tous ceux qui la questionnaient et un jour elle a montré à mes petits-enfants comment la Sainte Vierge lui avait appris à faire le signe de croix. Elle est décédée en 2016 et repose dans le cimetière près de l’église, en toute discrétion.

Aujourd’hui, le message de Notre-Dame de la Prière reste d’actualité. La France et les pécheurs ont besoin de prières et c’est bien le chapelet récité ou chanté par les enfants qui apportera le bonheur dans les familles et les bénédictions sur l’Eglise et notre pays.       

Alain Fontaines     

 

Avant de choisir l’élu…  

Le mariage est un contrat. Ce contrat définit les clauses qui unissent les époux dans le but de fonder une  famille. L’origine du mariage remonte à la Genèse. Dieu crée Adam mais, dit-il, « il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Alors, il prit une côte d’Adam avec laquelle il forma le corps d’Eve. En contemplant la première femme, Adam s’écrit : « Voici l’os de mes os et la chair de ma chair (…). C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront une seule chair. » Ainsi fut institué le mariage. Dans le Nouveau Testament, Notre-Seigneur Jésus-Christ l’élève au rang de sacrement. Désormais, les époux trouvent dans cette institution les moyens suffisants de sainteté. Par la grâce sacramentelle, ils ont en effet toutes les grâces pour accomplir saintement les devoirs du contrat matrimonial : procréation, éducation et soutien mutuel. C’est dans cette grâce sacramentelle qu’ils puisent leur force, leur espérance et leur fidélité. Le mariage n’est pas une institution comme une autre. En effet, celle-ci est ordonnée au bien commun de la société civile et ecclésiastique de telle sorte que la stabilité et la paix de ces sociétés dépendent en grande partie de celles du mariage. C’est dire combien est important le fait de contracter un bon mariage et par conséquent de choisir le bon conjoint.

 

Avant de choisir…

Il convient au plus haut point de considérer la sainteté du mariage et de demander les lumières au Saint-Esprit pour le choix important qui se présente à nous. Il convient ensuite de considérer le jugement de nos parents qui nous connaissent et veulent notre bien. De même que celui de nos frères et de nos sœurs ou encore de celui de nos amis. En général, ces personnes sont plutôt très spontanées et simples dans leur avis. Enfin, notre directeur spirituel a également un jugement éclairé puisqu’il s’appuie sur l’expérience de l’Eglise et du confessionnal. Envisageons les questions concrètes à se poser en cette matière à la fois si importante et si délicate.

 

Les questions essentielles.

Commençons par le début. Il faut se demander s’il paraît raisonnable de considérer, dans la personne fréquentée, le futur père ou la future mère de mes enfants. Cette perspective aide à mûrir notre jugement et >>>       >>> soutient la vertu de prudence qui est un juste milieu entre la précipitation et l’indécision.

Ensuite, il faut se dire que le foyer sera d’autant plus saint qu’il sera stable et ordonné. Cette stabilité est principe de paix parce qu’il est le résultat de l’exercice habituel de la charité. C’est le secret de la sainteté conjugale. Pour atteindre cette stabilité, il faut donc une unité profonde entre les conjoints. Comment savoir si nous parviendrons à la construire ensemble ?           

 

Il s’agit tout d’abord de s’entretenir sur la vie spirituelle et sacramentelle.

Où mon conjoint souhaite-t-il aller à la messe le dimanche ? Quelle communauté veut-il fréquenter de manière habituelle ? Il est en effet évident que cette question a une incidence sur la prédication et le catéchisme que recevront les enfants. Il est impératif que ce sujet soit réglé (au moins pour éviter les disputes hebdomadaires !). Dans le contexte de la crise de l’Eglise, il arrive que cette discussion si sensible soit assez animée à cause d’un désaccord. Il faut alors au futur conjoint beaucoup de patience, de délicatesse et de clarté pour réussir à éclairer l’autre sur sa position. La vérité se transmet en effet avec douceur, humilité et persévérance. Si ce point-là n’est pas réglé avant le mariage, il ne le sera pas après. C’est une illusion de penser le contraire. Et nombreux sont ceux ou celles qui y tombent… et qui regrettent par la suite ! On imagine que le futur conjoint changera forcément, alors qu’en réalité il ne le fera pas, ou rarement. On remarque parfois que cette illusion est entretenue volontairement pour éviter d’affronter le problème. Attention, il ne faut pas oublier que le mariage étant un sacrement ordonné au bien commun, une erreur volontaire aura un impact sur la société et, plus spécialement, sur les enfants ! Il faut donc toujours penser aux conséquences des choix posés. 

 

Dans le domaine de la vie spirituelle, sans se transformer en confesseur, il faut observer la vie religieuse de la personne fréquentée : est-elle fidèle à sa prière quotidienne, au chapelet, à la communion et à la confession fréquente ? A-t-elle déjà effectué une retraite (en faire une avant le mariage !) ? Connaît-elle les principales notions de la doctrine catholique ? N’oublions pas que nous serons demain des éducateurs et qu’il faudra transmettre à notre tour. Nous connaissons cet adage : on ne donne que ce que l’on possède. Il peut arriver que le conjoint soit en voie de conversion : il faut rester très prudent car c’est un chemin souvent long et laborieux tant cela demande un changement total de vie conforme à l’évangile. Pour savoir si le futur conjoint ne feint pas la conversion, observons s’il se rend à la messe le dimanche de lui-même, s’il continue à étudier le catéchisme, s’il pose des questions sur la foi et la morale, s’il a même des objections, signes de réflexion sur le sujet.

 

Penchons-nous maintenant sur la personnalité de notre futur conjoint.

Il est difficile de ne vivre que sur des apparences. Chasser le naturel et il revient au galop. Pour observer le futur conjoint dans la réalité de ce qu’il est, il convient de se rendre plusieurs fois chez la future belle-famille. Nous entrevoyons alors le futur conjoint dans son élément naturel dans lequel, forcément, il sera vrai. Il est alors plus facile de répondre à ces questions qui donnent un éclairage supplémentaire sur sa personnalité : est-ce que je le connais bien ? Depuis quand ? Quelles sont ses qualités ? Ses défauts ? Quelles sont mes qualités ? Mes défauts ? Quelles sont les différences de caractère entre lui et moi ? Ces différences me font-elles peur ? Sont-elles importantes ? Est-ce que je pense pouvoir les supporter et surtout aider mon conjoint à les surmonter ? Est-ce que j’ai réfléchi aux bons moyens qui me permettront de l’aider dans ce sens ? Car c’est cela l’amour conjugal : vouloir le bien de l’autre. « J’exhorte surtout les mariés à l’amour mutuel que le Saint-Esprit leur recommande tant en l’Ecriture », dit Pie XII dans un discours aux jeunes mariés. Mais quel est cet amour que vous inculque le pieux maître de la vie chrétienne ? Est-ce peut-être le simple amour naturel et instinctif, comme celui d’une paire de tourterelles, écrit >>> >>> saint François de Sales, ou l’amour purement humain connu et pratiqué des païens ? Non, tel n’est point l’amour que le Saint-Esprit recommande aux époux. Il leur recommande plus que cela : un amour qui, sans renier les saintes affections humaines, monte plus haut, pour être dans son origine, dans ses avantages, dans sa forme et dans sa manière « tout saint, tout sacré, tout divin », semblable à l’amour qui unit le Christ et son Eglise ».

 

Toutes les questions doivent être posées : quelle éducation a-t-il reçue ? Où a-t-il suivi sa scolarité ? Est-ce que les sujets de conversations seront globalement intéressants ? Ses manières de vivre me conviennent-elles ? Mon futur conjoint est-il poli ? Sait-il se tenir en société ? N’oublions pas, nous vivrons toujours avec lui. La différence dans l’éducation reçue peut être un obstacle à la stabilité conjugale. Aussi, il faut bien vérifier si ma famille et celle de mon futur conjoint ont à peu près le même rang social et la même manière d’éduquer.

 

Connaître la future belle famille est nécessaire car non seulement elle est un indice supplémentaire sur la personnalité du futur conjoint mais, en plus, elle sera la deuxième famille que je fréquenterai régulièrement. Ainsi donc : avez-vous passé quelques jours dans votre future belle-famille ? Les séjours se sont-ils bien passés ? Que pensez-vous de vos futurs beaux-parents ? Les appréciez-vous ? Pourquoi ? Vos futurs beaux-parents sont-ils heureux du mariage ? Si la réponse est négative, – pourquoi ? Il ne faut jamais négliger l’avis des beaux-parents qui connaissent votre conjoint plus que vous-même. Connaissez-vous ses frères et sœurs ? Les appréciez-vous ? Avez-vous de bonnes relations avec eux ? Que vous ont-ils dit de votre futur ? Êtes-vous prêt à passer des vacances avec eux ?

 

N’oubliez pas que vous allez forcément confier vos enfants à votre belle-famille. Êtes-vous prêt à le faire ? Si non, pourquoi ? Les beaux-parents, les beaux-frères, les belles-sœurs ainsi que les futurs cousins auront une influence sur vos enfants. Partagez-vous donc les mêmes convictions dans les domaines essentiels : religion, éducation, culture, politique ?

 

La stabilité conjugale se fonde également sur l’unité dans les convictions qui touchent des domaines importants.

Tout d’abord la manière d’appréhender la vie conjugale : où voulez-vous habiter ? Avez-vous parlé sérieusement du problème du travail de l’épouse et de sa présence au foyer1 ? Votre conjoint sera-t-il souvent absent ? A cause de son travail ou de ses occupations associatives ? Autre ? Il faut faire attention aux mouvements associatifs qui empiètent sur la vie de famille. L’engagement n’est louable que dans la >>>   >>> mesure où il ne m’empêche pas d’accomplir les devoirs conjugaux. La vie maritale contraint parfois d’arrêter certaines activités.

 

Tout sujet doit être abordé, y compris certain sujet délicat comme la moralité qui entoure les relations conjugales : avec générosité, suis-je prêt à accueillir tous les enfants que Dieu nous donnera ? Votre futur est-il dans les mêmes dispositions ? Avez-vous une certaine appréhension ? Pensez-vous que la chasteté conjugale sera difficile à tenir ? Le mariage est certes un remède à la concupiscence néanmoins il n’éteint pas toutes les tentations contre la chair. C’est pourquoi, il convient que la vertu de pureté se perfectionne avant comme pendant le mariage. S’il y a des questions sur un point qui entoure la moralité de ce sacrement, il faut absolument trouver les réponses auprès du prêtre qui vous prépare. On ne reste jamais sur un doute, surtout dans un tel domaine tant pour enlever les scrupules que pour éviter un laxisme qui ferait sombrer les époux dans le péché.

 

Dans le domaine éducatif, êtes-vous en accord sur la manière de concevoir l’éducation ? Avez-vous suffisamment de connaissances personnelles  pour transmettre la culture ? Pour éclairer le jugement de votre enfant dans le domaine religieux, politique et social ? Dans quelle école comptez-vous inscrire vos enfants ? Quel catéchisme voulez-vous pour eux ? Quelle est la manière idéale selon vous d’encourager la vertu chez l’enfant ? Chez l’adolescent ? Comment entrevoyez-vous la manière de corriger l’enfant ? L’adolescent ? Parlez de ces sujets est toujours très éclairant car il permet de comprendre l’éducation reçue par le futur conjoint. En général, nous avons tendance à reproduire ce que nous avons vécu.

Les questions proposées ne sont évidemment pas exhaustives. Il y en a d’autres qui se poseront naturellement au fur et à mesure de la préparation au mariage.

 

Qu’en ce domaine, les fiancés soient toujours d’une grande simplicité et d’une grande prudence. D’une grande simplicité car il n’y a pas de conjoint idéal. Il y aura forcément des imperfections chez l’autre. Mais dans la mesure où celles-ci ne sont pas un obstacle majeur à la sainteté conjugale, elles seront principe de vertus. De prudence car la fin du sacrement est grande.

 

Que les fiancés se confient avec confiance à la Sainte Famille. Qu’ils sachent que leur mariage vaudra ce qu’auront valu leurs fiançailles.

 

Abbé Michel de Sivry 

 

Seigneur, que voulez-vous de moi ?  

Afin de « réussir dans la vie » sur le plan professionnel, vous avez fait des recherches, des bilans, des salons, vous avez passé de nombreuses heures à choisir école, profession, stages et employeur… Mais, tout au long de ces démarches, avez-vous considéré le but final, avez-vous pensé à votre âme et au plan de Dieu sur elle ? Avez-vous dépensé la même énergie pour réussir votre vie dans sa globalité ?

  Envisager uniquement son avenir professionnel et négliger de réfléchir à ces questions essentielles serait suicidaire pour toute âme bien née. Pour cela, il n’y a pas de QCM ou de site dédié, il n’y a qu’une seule voie : avoir un véritable désir de faire la volonté de Dieu !

  Examinons quel sera le plus court chemin.

  Tout d’abord, il faut passer le cap de l’adolescence et parvenir à l’âge adulte en travaillant sur sa formation personnelle, ensuite éloigner les ennemis de notre âme et sortir d’éventuels esclavages, enfin vouloir accomplir la volonté de Dieu en faisant une élection honnête qui, non seulement permettra de voir clair sur son avenir, mais montrera le plus sûr chemin pour parvenir au ciel.

I Devenir adulte

  Le confort extrême, la facilité matérielle, les épreuves adoucies, la perte du sens du combat, favorisent une certaine mollesse d’âme peu propre à l’acquisition de la maturité.

  Cependant rien n’est irréversible ! Il ne tient qu’à chacun de travailler ces différents points, afin de passer de l’âge de l’adolescence à l’âge adulte. En prendre conscience est déjà un grand pas.  

  De nombreuses connaissances ont été acquises depuis l’enfance ; mais ont-elles été suffisamment mûries ? Il ne suffit pas de poursuivre sa scolarité dans de bonnes écoles (pour ceux qui ont eu cette chance), il faut encore avoir vraiment assimilé sa formation. Bien souvent, l’échéance des examens a entraîné les élèves à n’apprendre que pour l’épreuve et, trop rapidement, les cours de Maths, comme les cours de doctrine sont classés et rangés. On oublie souvent qu’une mémoire non entretenue perdra très vite ses réflexes et que les connaissances acquises s’évanouiront si on ne les entretient plus. C’est donc un devoir de continuer à entraîner son jugement, son raisonnement, sa réflexion en étudiant de bons livres, en écoutant des conférences, en s’entourant de vrais amis avec lesquels on pourra converser sur de bons sujets. On assiéra ainsi ses convictions sur une véritable structure, indispensable pour comprendre, analyser et décider de ses actions. C’est le chemin de la liberté. Une solide culture doctrinale, philosophique et historique, permettra une réelle transmission ; nous ne sommes pas des déracinés, il nous faut donc apprendre d’où l’on vient pour savoir où aller !

  Les trois grands fléaux de notre société matérialiste et libérale sont la perte du sens de l’effort, du sacrifice et de la responsabilité. Il nous faut donc parvenir à les retrouver et pour cela affermir sa volonté en se donnant un emploi du temps (horaires de lever, de coucher, limitation des écrans, par exemple) et des objectifs à atteindre. On pourra aussi s’engager dans des œuvres généreuses (chorale de paroisse, formation des enfants de chœurs, engagement pour le pèlerinage…). Toute responsabilité entraîne des sacrifices qui forgeront le caractère. Elles permettront d’exercer la volonté, de sortir de soi et d’une éventuelle timidité ; elles donneront une expérience humaine toujours profitable. Ayons le sens des responsabilités qui nous prépareront à celles que Dieu nous confiera par la suite.

  Enfin, il sera capital d’acquérir des habitudes chrétiennes. L’éloignement géographique et les contraintes étudiantes ou professionnelles mettant des distances, il faudra garder sans y déroger les habitudes de piété souvent acquises à la maison : prières du matin et du soir, récita->>> >>> tion du chapelet, assistance à la messe même si l’école organise une sortie de groupe le dimanche… Ces efforts publics sont souvent difficiles mais, nombreux sont les témoignages qui montrent le rôle de l’exemple et du rayonnement des âmes fidèles.

  C’est aussi le moment de cultiver de saines amitiés, constructives. Elles aideront alors à développer les vertus de générosité et de dévouement.

II Connaître ses ennemis – Sortir des esclavages

  On sait combien les dégâts sur les âmes sont infinis et combien ont perdu leur vocation ou leur pureté par l’utilisation d’internet. Il est essentiel de l’utiliser uniquement comme un outil et jamais comme moyen de distraction. L’usage discipliné des écrans, limité à la stricte utilité sera aussi une occasion de forger sa volonté.

  Comment offrir à Dieu ou à un conjoint un corps malmené par des esclavages, un cœur taché et une âme flétrie ? Qui pourra croire en un repentir sincère ? Prenons, la décision ferme de ne pas souiller ses yeux et ses oreilles par des spectacles et des fréquentations qui scandalisent toute âme pure. La pureté nous demande aussi de ne pas jouer avec le cœur des autres, c’est si facile et cela laisse tant de blessures !

  Luttons aussi contre l’esprit d’indépendance : « Qui est comme Dieu1 ? » La tendance actuelle est de vouloir faire croire à chacun qu’il est libre de faire ce qu’il veut, comme il veut, quand il veut… Ne serait-ce pas une façon de nier notre dépendance à la toute-puissance divine ? Prenons l’habitude de respecter, avec humilité, l’autorité de ceux qui sont les représentants de Dieu sur terre.

  Aujourd’hui le « progrès » nous a amenés à vouloir « tout, tout de suite ». Prenons le contre-pied en aimant le travail bien fait, en terminant les tâches commencées, en étant fidèle à l’accomplissement du devoir d’état… C’est là la vertu des forts, de ceux qui ne céderont pas aux tentations de luxe et de plaisir. Cette somme de petites efforts accumulés  participera à la construction d’hommes et de femmes prêts pour le combat spirituel qui mènera vers Dieu.

  Dans ce monde de facilité et de plaisir, l’égoïsme est passé roi… La vie se chargera sans doute de nous aider à lutter contre ce défaut ! Qui dira la générosité de ce prêtre qui, après une nuit auprès d’un mourant, devra encore assurer sa messe tôt le matin et écouter ses paroissiens… ? Qui verra les heures de la mère de famille auprès de son enfant malade ou connaîtra le sacrifice de ce père de famille nombreuse ne pouvant profiter de son salaire mensuel, tout entier requis pour les besoins des siens ? Afin que ces épines de la vie ne soient pas trop douloureuses, il faut apprendre à être généreux de son temps, de son argent, de son sourire dans les épreuves. La noblesse de cœur, acquise tout au long des ans, donnera la maturité suffisante pour aller de l’avant et conquérir le ciel !

  Sachons regarder la réalité en face et ne pas attendre que les évènements soient nos maîtres ; il n’y a en réalité pas d’alterna->>> >>> -tive : notre devoir est de nous engager dans le combat pour le règne de Notre-Seigneur. La médiocrité, les plaisirs, la vie facile et superficielle n’offrent que des voies sans issue et l’on connaît la désolation extrême de ceux qui ont été hypnotisés par ces miroirs aux alouettes attirant leurs proies vers une mort certaine…

III Faire un choix

  Point n’est besoin de faire cette élection trop tôt (sauf vocation perçue en toute certitude et parfois très jeune), et en tous cas pas avant d’avoir véritablement compris ce que nous sommes devant Dieu, personnellement et sans « tuteur ».

  Quand nous aurons ainsi travaillé à notre propre perfectionnement et assuré notre structure en nous prenant en main, alors seulement nous serons capables de comprendre le plan de Dieu. Après avoir assimilé les germes de l’éducation reçue et pris de véritables habitudes chrétiennes, alors seulement nous aurons acquis la maturité pour comprendre l’enjeu de notre choix. Cette décision qui engagera tout notre avenir doit être faite loin du bruit et de l’agitation mais au contraire avec calme devant Dieu. On pourra ainsi apporter des réponses honnêtes et surtout bien loin du « qu’en dira-t-on », véritable ennemi des décisions essentielles.

Le meilleur moyen est alors de faire une retraite d’élection. Les retraites de saint Ignace sont reconnues universellement pour aider à parfaire cette maturité et faire un choix en connaissance de cause.

  Il ne faudra pas non plus négliger l’avis de ses parents. Ils aiment leurs enfants pour ce qu’ils sont en vérité et seront de bon conseil. N’hésitons pas à nous approcher d’un prêtre à qui nous ouvrirons notre âme en toute honnêteté ; il a l’expérience et saura nous guider.

  Ne perdons pas de vue que quelle que soit notre mission, nous devons être un exemple pour notre prochain. Ne craignons pas d’appartenir à l’élite et d’avoir de grands désirs. Si Dieu nous appelle, nous serons prêts et si nous devons créer un foyer, il nous enverra l’âme sœur qui sera sur le même diapason pour fonder un véritable foyer catholique, loin des bassesses et des petitesses !

  Enfin il faudra savoir attendre, observer comprendre… Les voies de Dieu ne sont pas les nôtres et la précipitation dans ces grandes décisions est souvent néfaste.

Prendre son temps, consulter, prier, progresser, laisser parler Dieu…

  Quelle que soit le plan de Dieu, nous sommes les maillons d’une chaîne entre ceux qui nous ont précédés et les âmes qu’Il nous confiera. Il serait bien imprudent de l’oublier, de se laisser aller au gré du vent sans réflexion en faisant une impasse sur les valeurs essentielles !

  Chacun d’entre nous est bénéficiaire du grand miracle de la foi et par-delà les siècles, nous sommes les héritiers de la civilisation chrétienne. Là sont tous les espoirs de la restauration de la France catholique ! N’hésitons pas à être généreux pour qu’elle vive et qu’elle éclaire encore le monde de son rayonnement ! Haut les cœurs !

Marguerite Marie

1 Paroles prononcées par l’archange saint Michel en chassant Lucifer du Paradis après sa révolte.

 

Apprendre à grandir

           Lorsqu’un soldat est incorporé dans l’armée, il commence par faire ses classes. Il apprend à saluer l’autorité, à distinguer les grades et reconnaître ceux qui les portent, à vivre avec ses camarades, à marcher au pas, à courir – sac au dos et arme en main – à tirer, à faire des manœuvres, etc. Un jour, il est prêt pour partir au combat. Plus la formation est poussée, plus la qualité s’impose : instructeurs exceptionnels, méthodes précises et rigoureuses, candidats triés sur le volet : ainsi en est-il des armées d’élite comme la Légion, les commandos marine ou le GIGN. Ces règles valent pour n’importe quelle profession, qu’il s’agisse, d’un compagnon du devoir, d’un médecin, d’un pilote de ligne, d’un violoniste ou d’un acteur de théâtre.

  Ce qui revient à dire que toute formation requiert quatre éléments : un formateur, un candidat, une finalité, une méthode. D’où quatre questions : qui forme, qui est formé ? comment, et jusqu’où ?

  En éducation, les formateurs sont les parents, celui qui est formé est l’enfant, le but à atteindre est le Ciel et le moyen est l’éducation. Or qu’y a-t-il de plus grand que de faire d’un enfant un saint ? Quel formateur sera assez qualifié pour cette noble et redoutable tâche où une éternité est en jeu ? Ces lignes se borneront à déterminer ce que nous devons faire grandir chez un enfant.

  Tout enfant naît avec cinq talents. C’est un bouquet à cinq fleurs : la piété, l’intelligence, la volonté, la sensibilité artistique et l’aptitude physique. Comment faire grandir ces cinq fleurs selon les âges ? Rappelons tout d’abord quelques grands principes :

– On ne donne que ce que l’on a. Comme une plante, l’enfant grandit aussi haut que son tuteur, mais ne va pas plus loin. Il suit ses courbures torves ou ses limites. Les parents doivent pratiquer ce qu’ils enseignent et alors, il arrive même que parfois, le disciple dépasse le maître.

– Il est important de ne pas adapter l’enfant à nos propres caprices (je veux sortir ce soir chez des amis, donc mon enfant se couchera tard). Ni nous plier à ses caprices (il a faim, il pleure, il veut ou ne veut pas, donc je cède). Il convient que parents et enfants s’adaptent à ce qui est objectivement bon pour l’enfant. L’éducation est une école de renoncement pour les parents, de docilité pour l’enfant. En éduquant, on s’élève. Certes, les deux parents sont à l’œuvre dans l’éducation. Au départ, la mère a un rôle central et le père est davantage en appui. Puis, pour les garçons, les rôles s’inversent : le père prend progressivement une place prépondérante dans l’éducation de son adolescent, tandis que la mère écoute, tempère et conseille.

– L’enfant requiert une attention de tous les instants. Avec calme et fermeté, la maman se penche sur ce jardin où poussent les ronces et les lys : elle jardine, plante, place un tuteur et met de l’engrais, puis elle arrache, taille, coupe et retranche. C’est une passion, incompatible avec une vie mondaine et agitée qui n’est que la fuite du devoir d’état, de la Croix.

– On distingue quatre étapes chez l’enfant : la petite enfance, le primaire, le collège et le lycée. Chaque étape est très importante et doit être respectée : ce n’est pas en tirant sur les radis qu’ils poussent plus vite, et ce qui est laborieusement obtenu à un âge serait passé sans effort à un autre. Cependant, on peut anticiper ou continuer à travailler un point d’une étape à l’autre. Il n’y a pas de recette, c’est un savoir-faire. Nous donnons les objectifs à atteindre. Un enfant est achevé d’être imprimé à quatre ans dit-on, car les grandes lignes sont dessinées et forment les bases de toute une vie. En primaire, l’enfant apprend les notions fondamentales : distinguer le vrai du faux, s’enflammer pour le bien, fuir le mal. Au collège, l’enfant affine ses vertus personnelles et se corrige de ses défauts : ses efforts visent à perfectionner l’individu. Au lycée, il se tourne vers le bien commun, s’oublie pour servir son prochain. Il se forge un haut idéal et de fortes convictions pour sa vie d’homme qui va bientôt commencer.

– Certes, pas d’illusions. Tout enfant – et donc le vôtre ! – est capable des pires bêtises. Hélas, le péché originel laisse de profondes blessures. Mais, avec la grâce de Dieu et par une bonne éducation, il est aussi capable du meilleur ! N’ayons pas peur d’être exigeants et de viser haut. On se fait une idée trop mesquine de la grandeur d’un enfant. Il a un potentiel immense. On peut être très exigeant et le mener très loin car il aspire aux grandes choses, à un grand idéal, à un grand sacrifice. Trop souvent, nous le rétrécissons à nos courtes vues.

1) La piété

   L’âme est faite pour Dieu, mais cela n’est pas naturel à l’homme. C’est sur les genoux de la maman que se forge la religion, l’amour de Dieu, de Jésus et de sa Mère. Les premiers élans du cœur passent du cœur de la mère à celui de l’enfant.

  Au primaire, il faut donner à l’enfant l’amour de Jésus et Jésus crucifié. L’enfant s’est-il ouvert la main en tombant ? Maman montre les plaies de Jésus et lui fait comprendre, par sa souffrance, ce que Jésus a souffert pour nous. Il embrasse les plaies de Jésus et offre de tout son cœur ses souffrances à Jésus. Il doit apprendre à réciter le chapelet en famille, à bien se tenir durant la prière comme à la messe. Il doit soigneusement être préparé à recevoir les sacrements. Dans l’examen de conscience, la maman forme la conscience de son enfant et lui inculque l’amour du bien et l’horreur du péché : « Je préférerais te voir mourir plutôt que de te voir commettre un seul péché mortel », disait Blanche de Castille au futur saint Louis. Seule une mère héroïquement chrétienne peut prononcer en vérité une telle sentence. Lors de la préparation à la confession, sur un papier que l’enfant lira (avec la formule de conclusion), la maman s’efforcera surtout d’inciter l’enfant à la contrition. La régularité est la clef de la sainteté.

  Au collège, l’enfant doit apprendre à prier seul. Il va visiter le Saint-Sacrement et récite une dizaine de chapelet, des litanies. Il connaît bien son missel et fréquente assidûment un livre de piété. Il choisit un confesseur à qui il ouvre son cœur et son âme, il le prend pour guide et lui est fidèle. Il peut s’engager dans des œuvres qui soutiennent sa piété. Il doit avant tout construire une relation avec le Bon Dieu : le bon Jésus m’écoute, me parle, me conseille et me donne les grâces pour bien faire. C’est souvent à ces jeunes âges que l’appel de Dieu se fait entendre. Encore faut-il l’entendre ! L’adolescent doit se familiariser avec ce cœur à cœur avec Dieu présent dans le Tabernacle. Cette piété, qui aura un rayonnement immense pour toute sa vie d’homme, doit se développer autour de l’amour de la messe, du chemin de Croix, de l’Imitation de Jésus-Christ, et par-dessus tout, de la dévotion à la Sainte Vierge que l’enfant prend pour Mère : il se consacre à Elle, il l’aime et veut être son humble serviteur.

  Au lycée, il s’engage dans des confréries qui sont tournées vers l’apostolat. Il s’initie à l’oraison. Il participe volontiers à la beauté de la Liturgie par les chants et le service de l’autel. Il fait une retraite avant de quitter les bancs de l’école. Il prie, se sacrifie, frappe à la porte du séminaire pour voir si le Bon Dieu le veut là. Il n’a qu’un désir : faire la volonté de Dieu ! La question n’est pas de savoir ce que veut faire un enfant plus tard, mais de savoir ce que Dieu attend de Lui ! « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » ; « Parlez Seigneur, votre serviteur écoute » ; « non pas ma volonté, mais la vôtre ! ».

  Ce point rayonne sur tous les autres, car l’homme est fait pour connaître, louer, honorer et servir Dieu.

2) L’intelligence

   L’intelligence doit se soumettre avec humilité, docilité et amour au vrai. C’est par la façon de vivre de ses parents que l’enfant s’imprègne des notions du vrai et du faux. Ils doivent être intègres et intransigeants. La maman ne cède pas et ne se ment pas à elle-même. L’enfant sent le cachet de l’authenticité, la meilleure garantie de l’amour du vrai.

Offrons tout de suite la part belle à la bibliothèque familiale, puisqu’une grande part de l’éducation de l’intelligence se fera par la lecture. Dans une maison, d’un simple regard on constate où est la place de l’écran, et où est celle de la bibliothèque. Le ton est donné. Les parents veillent à ce qu’il y ait une bonne bibliothèque dans la maison, avec des livres variés qui correspondent aux âges des enfants.

Au début du primaire, en maternelle, il faut se garder d’une formation trop intellectuelle. C’est à cet âge, une fois pour toutes, que l’enfant va intégrer, par le geste, les notions primordiales comme se repérer dans l’espace (ici, là, dessus, dessous) et de temps (avant, maintenant, après). Il doit exécuter son travail scolaire avec assiduité et courage : c’est son premier devoir ! Sur le plan de l’intelligence, il doit former son jugement (vrai/faux), sa conscience (bien/mal), sa prudence (moyens/fin).

  Un point qui a son importance : la montre. L’enfant apprend à lire l’heure, non avec une montre digitale qui ne donne qu’une heure exacte, mais avec une montre à aiguilles qui donne surtout la notion de durée : il visualise et réalise qu’il lui reste vingt minutes avant midi ; à trois heures, nous sommes au milieu de l’après-midi.

  Dans les classes suivantes, l’enfant enrichit son imaginaire, son vocabulaire et sa réflexion par la lecture d’histoires édifiantes – vraies ou vraisemblables. L’amour de la lecture se fait dès le primaire. Qu’on ne s’y trompe pas : le devoir scolaire, loin d’être un pensum, est le moyen privilégié d’éducation par lequel une mère apprend à connaître son enfant. Elle va découvrir ses talents et ses défauts : mon enfant est-il brillant, persévérant, courageux, ou bien dépourvu de mémoire, de concentration, ou de compréhension ? La collaboration avec la maîtresse, qui le connaît par cœur, est le meilleur moyen de bien le cerner et de le faire progresser dans les autres domaines.

Si en primaire, les parents font le travail avec l’enfant, progressivement, il faut le rendre autonome. On vérifie que le travail est bien pris en classe, bien appris, bien compris. Il y a des points clefs de contrôle et de suivi.

  Au début du collège, l’enfant apprend à rédiger son agenda, à faire son cartable, à classer les cours, les exercices et les devoirs. Il doit s’adapter à plusieurs professeurs et faire la distinction entre le savoir et la personne de l’enseignant. Il apprend à apprendre seul. Il organise son travail : j’apprends, puis j’applique la leçon par les exercices, enfin je suis prêt pour le devoir. En quatrième, il construit et charpente sa pensée par un travail plus réfléchi et plus copieux. Il préfère la lecture de livres d’Histoire ou d’aventure aux bandes dessinées et aux films. Plus les écrans sont invisibles dans la maison, moins l’enfant les réclame. Les films tuent l’imagination, la réflexion et l’expression. C’est souvent dramatiquement irréversible.

  Au lycée, il plonge dans l’univers de la réflexion, du débat des idées. Il apprend à structurer sa pensée par un raisonnement rigoureux et à argumenter en mobilisant les données acquises par sa culture générale. Il lit des ouvrages conséquents, solidement charpentés et bien écrits. L’Histoire est maîtresse de vie. La biographie pousse à imiter l’exemple des héros et des saints. Un livre à thème philosophique ou qui développe une pensée nourrit la réflexion et les convictions. C’est l’âge où le jeune homme s’enflamme pour un idéal. Ce sont les idées qui mènent le monde, et ceux qui les possèdent savent où ils vont.

3) La volonté ou la formation du caractère

   L’éducation de la volonté apprend le bon usage de la liberté : l’enfant doit devenir un adulte autonome, maître de soi ou maître de rien. Dès les premiers mois naissent les premiers caprices. Il faut être ferme dès le début. Le petit cheval sauvage commence par porter le mors et la selle. Puis il est à la longe et apprend à marcher, tourner, s’arrêter. Enfin il est monté et suit les ordres du cavalier. De même, l’enfant apprend par le sommeil et le repas qu’il a un maître, des limites, des règles et des horaires : c’est le cadre rigoureux dans lequel il s’épanouit.

  En primaire, l’enfant doit apprendre à lutter contre les défauts qui blessent la vertu de justice comme le mensonge, la tricherie, le vol, l’irrespect : il faut être intraitable ! C’est tout l’honnête citoyen qui est en gestation. La maman lui explique la gravité de ces fautes qui, pour n’être souvent que vénielles, mettent en jeu tous les fondements de la vie en société. Elle accompagne son enfant et lui fait rendre l’objet du larcin, avouer ses mensonges et demander pardon aux personnes lésées. Il apprend l’humilité et la docilité par l’obéissance et le respect. Les règles de politesse doivent être très tôt inculquées. L’enfant ne fait que contracter des dettes, car il n’apporte rien que son sourire et sa politesse, et il doit savoir auprès de qui il contracte ses dettes. D’où les formules fondamentales comme « Bonjour Monsieur », « Merci Madame », « S’il vous plaît Monsieur l’abbé », « Pardon Mademoiselle », etc. L’apprentissage de la politesse à cet âge, se résume pour une grande part à la tenue à table, au respect des adultes : on se tait et on se tient bien en leur présence. Il intègre les notions d’ordre, de priorité entre l’essentiel et l’accessoire, en rangeant sa chambre, ses affaires, et surtout en faisant son lit tous les matins.

  Le collégien commence par apprendre l’autonomie : dans ses affaires, son cartable, son agenda. Il joue à des jeux vrais, réels, sains. Puis, en quatrième, il doit travailler les vertus qui forgent son caractère. Souvent, il faut l’aider en provoquant la situation où le caractère est mis en défaut pour que l’enfant réalise qu’il a une faille à régler. Méfions-nous des enfants trop sages. Il faut que l’homme qui sommeille en lui, encore engoncé dans un monceau d’égoïsme, soit mis au monde. Et pour cela, l’adolescent roule au GPL : Générosité, Pureté, Loyauté. La pureté est à préserver au prix de grands combats : un cœur pur est une source transparente comme le cristal, il brille comme une flamme et s’élance comme une épée. Pour l’aider à garder ce trésor, deux vertus auxiliaires sont indispensables : la générosité et la loyauté. Car l’impureté est une forme d’égoïsme. En travaillant la générosité, l’adolescent sort de lui-même, évite l’oisiveté et se tourne vers les autres. Son maître mot : rendre service ! Tous les services, spontanément et avec le sourire ! La loyauté préserve également la pureté car elle évite les situations de duplicité où, se cachant de ses parents par le mensonge et la désobéissance – notamment sur la question des écrans – l’enfant s’expose à la chute. Sur ce sujet, combien de parents ruinent toute leur éducation pour avoir manqué de vigilance sur ce point. La politesse est également très importante, surtout la politesse du cœur qui consiste à se gêner pour ne pas gêner. Deux points à travailler : lutter contre la vulgarité des manières et du langage qui sont les prémices de l’impureté ; respecter les adultes : saluer discrètement, laisser passer devant une porte, proposer ses services, et, à moins d’y être invité, ne pas écouter et ne pas participer à leurs conversations.

  Arrivé en fin de lycée, le jeune homme doit se poser deux questions. Pourquoi moi ? Pourquoi ai-je tout reçu depuis l’enfance, en famille, en paroisse, à l’école, dans des mouvements de jeunesse, contrairement à la plupart de mes contemporains ? Mais surtout, pour en faire quoi ? Dois-je tout garder pour moi, me servir de mes talents pour bien gagner ma vie et jouir de tous les plaisirs ? Évidemment que si le Bon Dieu m’a fait naître dans ce monde qui va si mal et m’a tout donné, alors que tout est à reconstruire, c’est qu’Il me confie une mission : être un chrétien et consacrer tous mes talents pour rebâtir la chrétienté en ce monde apostat, à l’instar de tous les saints et héros qui ont fait et sauvé la Chrétienté. Quel merveilleux idéal ! Ecce – Adsum !

4) La sensibilité artistique

  L’homme n’est pas qu’une âme, ni qu’un corps. A la jonction entre ces deux éléments, il y a la sensibilité qu’il faut éduquer. C’est souvent là, avec le point suivant, que se situe l’équilibre des tempéraments. Avoir une passion, un violon d’Ingres qui sera la consolation aux heures dures, le contrepoids dans l’échec, la fierté dans la vie ! La musique, le théâtre, la peinture forment l’enfant au goût sûr, au sens des nuances, à l’harmonie des proportions. Ils affinent le bon sens, disposent à la mesure et à la pondération.

Dès l’enfance, il est important que l’enfant évolue dans le beau : le choix des couleurs de sa chambre, de ses habits et de ses jouets construit son goût. A la maison, la musique est souvent allumée et verse ses mélodies équilibrées, joyeuses et harmonieuses. Il faut privilégier les compositeurs baroques et classiques, car leur musique, harmonieuse, équilibrée et structurée, adoucit et éduque les mœurs.

  Rapidement, l’enfant a besoin d’apprendre à distinguer, à nuancer. Et cela passe par les sens. Il découvre les sons aigus et graves, forts et doux, il les localise (stéréo). Il reconnaît les couleurs sombres et claires, fondamentales et complémentaires, proches et éloignées. Son toucher appréhende le rugueux et le lisse, le froid et le chaud, le liquide et le solide, etc. Son palais apprend la nuance des goûts salés et sucrés, amers et acides, cela par une nourriture variée. La maman sollicite ses sens en variant les exercices sous forme de jeux et de découvertes. Ce point est très important pour la suite de son éducation. Toutes les erreurs, même philosophiques, proviennent d’un manque de distinction des idées : c’est une forme de grossièreté de l’esprit qui manque de nuance et de jugement.

  Puis, il pratique la musique en jouant d’un instrument, il s’approprie les formes et les couleurs par la peinture et le dessin, il forme son goût par les activités manuelles.

  Au collège, il poursuit sa formation, mais il doit également se produire, exposer aux regards critiques des autres le fruit de son travail. Les applaudissements l’encouragent à poursuivre, il se rend compte que l’art se vit et se partage. Il doit travailler les règles de l’art et se les approprier. A ce stade, l’art est travaillé de façon personnelle, il perfectionne l’individu. L’enfant muscle, assouplit et affermit ses membres, affine ses sens et son goût, s’émerveille à réaliser le beau, se discipline par l’habileté manuelle.

  Au lycée, il intègre un ensemble. En effet, prenons ce brillant violoniste qui connaît par cœur son instrument, ses gammes et sa partition. Il doit maintenant jouer dans un orchestre, et doit non seulement trouver sa place parmi les siens, mais être en harmonie avec les altos et les violoncelles, sous la baguette d’un chef d’orchestre, en vue de l’exécution d’une œuvre, notamment lors d’un concert. Il découvre que, dans la vie, il faut s’accorder (avoir le même but et les mêmes méthodes), progresser au même rythme, et s’exprimer en nuances pour laisser la place à chacun, sinon c’est la cacophonie. Les perfections individuelles sont harmonieusement mises au service d’un ensemble qui les dépasse. Et il découvre le rôle particulier du chef : mener et unifier des talents variés en vue d’un bien commun. Ainsi il apprend, dans le concret, toutes les règles de la philosophie politique.

5) L’aptitude physique

   Le corps est un don de Dieu, le bon serviteur de notre âme. Il doit être respecté, lavé, nourri, vêtu, reposé, développé pour devenir robuste et souple.

  La propreté est primordiale. Le nourrisson doit être régulièrement lavé et changé. Son odorat se développe très vite. Il doit sentir bon.

  Si le nourrisson a besoin de chaleur, dès le primaire, l’enfant peut s’habituer à avoir un peu froid, surtout dans la chambre où il dort. Il doit courir, car cet âge déborde de vie. Le sommeil est la base de tout. Il doit beaucoup dormir et faire des siestes jusqu’à un âge avancé, cela prépare son équilibre mental et ses facultés de concentration. S’il n’a pas d’horaires de coucher et de lever, il se dérègle, ne dort plus ou mal. Les repas sont à heures fixes, l’enfant doit finir son assiette. Ces règles, acquises, sont capitales pour la suite.

  En primaire, il doit manger de tout pour élargir son goût et apprendre le sens des nuances. Par l’éducation physique, l’enfant domestique et maîtrise son corps : il trouve l’équilibre dans ses mouvements, apprend à monter un escalier, à sauter dans un rond, à enjamber une corde. Rapidement, il apprend à être propre, à se laver et se changer seul. En fin de primaire, il commence les jeux collectifs où il apprend à respecter des règles simples et à être bon camarade ; car voulez-vous connaître un enfant ? Regardez-le jouer : dans le jeu, il se livre tout entier et les passions se déchaînent. La surveillance active est très importante car le jeu est un grand moyen d’éduquer le caractère.

  Le collégien apprend à s’habiller, à avoir de l’allure, de la tenue, du maintien. Il adapte son vêtement à l’activité, aux lieux et aux personnes fréquentées. Il évite deux excès : la négligence et la coquetterie. Sa devise : sobre et de bon goût. L’activité physique, la gymnastique, vise à développer, charpenter, assouplir et muscler son corps. On vise une perfection personnelle : la vitesse, l’endurance, le cardio, la respiration, les performances et l’adresse par les sauts, les lancers, etc.

Comme pour les arts, au lycée, le jeune homme met ses talents au service des autres. Il fait partie d’une équipe, et son but est de la faire gagner et non de jouer « perso ». Il s’oublie : seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.

  Chaque génération a le grave devoir de recevoir, d’intégrer et de transmettre ce savoir-faire : faire grandir les cinq talents que le Bon Dieu a offerts à chaque homme à sa naissance. Chaque petite graine, parvenue à maturité, devient à son tour un arbre où les oiseaux du Ciel viennent y faire leur nid. Toute sa vie d’adulte, la nouvelle génération puisera, comme dans un trésor, dans cette belle et vaste éducation reçue. De même qu’on ne transmet que ce que l’on a reçu, il faut aussi transmettre intégralement ce qu’on a reçu et ne pas croire qu’on fera différemment ou mieux que nos anciens. Commençons par faire comme eux, aussi bien qu’eux, et ce sera déjà presque parfait. Ce patrimoine reçu et transmis a fait les héros et les saints. Ce qui n’est pas transmis est perdu, nous le voyons depuis des décennies. A nous de relever la chrétienté !

R.P. Louis

 

La vie : une ascension vers Dieu

           Quand la maturité des ans a fait son œuvre et assagi l’enthousiasme et la fougue de la jeunesse, que les cheveux blanchissent doucement et que le rythme donné par la croissance naturelle de la famille s’est passablement calmé, il arrive que les foyers se sentent complètement désemparés.

Il est donc capital, après avoir réfléchi à l’organisation pratique de cette nouvelle étape, de se pencher sur son aspect plus spirituel. Inutile de se désoler sur les années qui passent, sur ce que l’on a fait ou ce qu’on aurait dû faire, sur l’avenir ou sur le passé… Contemplons les choses en face, en toute honnêteté, à deux et devant Notre-Seigneur et sa sainte Mère.

   Si l’Eglise a prévu les trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance pour ses ordres religieux, ne pourrait-on pas en appliquer l’esprit à ceux qui sont unis par les liens du mariage ? Et ne faut-il pas ranimer cette flamme à chaque étape de notre vie d’époux en vue de notre ascension vers Dieu ? L’union des cœurs de deux époux n’est jamais quelque chose d’acquis pour la vie. Il faut y travailler chaque jour ; l’épouse y est sans doute plus attentive car elle est la gardienne du foyer depuis de longues années mais, maintenant que le gardien y vit son quotidien, il est bon que l’un comme l’autre trouvent ensemble les braises qui alimenteront l’âtre pour en accroître le rayonnement.

 

L’esprit de pauvreté

  Embrasser cette nouvelle forme de vie exige du nouveau retraité un dépouillement ; restrictions sans doute de son niveau de vie mais surtout dépouillement de ce qui faisait un peu son identité, de ce qui remplissait sa vie depuis tant d’années. Pour l’épouse, c’est un nouveau tournant, elle avait peut-être, – après le départ des enfants -, rempli ses temps libres par des activités multiples, il va falloir aujourd’hui repenser une nouvelle organisation pour réchauffer le cœur d’un époux qui sans doute a besoin d’elle, même s’il ne l’exprime pas. Esprit de pauvreté encore et toujours de celle dont la vocation est de se donner aux autres sans compter, ni sa peine, ni son temps, en s’oubliant soi-même dès qu’un cœur a soif.

Il importe moins de vivre avec agrément que de servir avec enthousiasme, moins de « briller » que d’être, moins d’amasser que d’offrir. Et les enfants qui nous ont appris l’abnégation, en nous dépouillant nous ont comblés !

  Même s’il est nécessaire de ménager des moments pour se retrouver à deux – certains grands-parents sont très sollicités -, l’esprit de pauvreté est là pour nous rappeler que les croisières et les voyages coûteux, sans mesure, risquent de nous enfermer dans un égoïsme à deux qui ne saura plus offrir à tous le rayonnement dont il a pourtant la vocation.

  Les ans nous ôtent régulièrement des facilités, des aptitudes… Il nous faut accepter jour après jour ces défaillances ; l’esprit de révolte ne résoudra rien : la souffrance fait mal mais n’est pas un mal… Elle peut être offerte, c’est un moyen de sanctification non négligeable tant qu’elle ne nous rend pas insupportables aux autres ! N’oublions pas en la matière que nos souffrances sont données en premier lieu non pour le salut du prochain mais pour le nôtre…

  Quand viennent les années, il nous faut aussi toujours davantage posséder une fille de la vertu de pauvreté qui se nomme : abandon… Nous sommes entre les mains du Seigneur et nul ne sait ni le jour ni l’heure ! On remarque avec acuité aujourd’hui combien vivre dans la crainte de la mort peut faire commettre des actes insensés à ceux qui n’ont pas l’espérance du ciel ! C’est donc une grâce à demander chaque jour avec persévérance que de garder la sérénité et de parvenir à la dernière heure dans la paix et la joie de retrouver son Dieu. Une dame de ma connaissance disait à la toute fin de ses jours à son infirmière qui lui demandait où elle trouvait encore la force de sourire : « Je souris tout le temps car le Bon Dieu me voit et je trouve cela important de Lui montrer que je suis contente d’aller vers Lui. »

 

L’esprit d’obéissance

  Ce renoncement à l’indépendance, à la tranquillité, cette disponibilité offerte à tous : époux, épouse, enfants, petits-enfants, peuvent être vécus comme une charge et un « devoir » mais, il serait bien plus beau de les offrir comme une réponse aux appels divins ! Quand Notre-Dame fut « dérangée » dans ses prières par l’ange Gabriel, on ne peut imaginer qu’elle quitta son prie-Dieu en murmurant… On raconte qu’une sainte mère de famille qui suspendait ses prières pour la dixième fois pour répondre à l’appel des siens, retrouva quand elle revint, ses prières écrites en lettres d’or ; son ange gardien était content d’elle !

 

  • Répondre aux demandes quand on aimerait trouver la tranquillité ;
  • Faire abstraction de nos préférences ;
  • S’abandonner aux voies de la Providence qui prend parfois des voix bien humaines ;
  • S’oublier non par renoncement mais par amour ;
  • Se taire quand on a tant envie de dire des mots qui débordent mais en réalisant pleinement que mieux vaut ne pas causer de blessures que d’avoir à les réparer ;
  • Ecouter son conjoint sans avoir systématiquement l’esprit de contradiction ;
  • Savoir le questionner sur les sujets qu’il aime ;
  • Continuer à s’intéresser aux occupations, aux activités de l’autre ;
  • Suggérer des thèmes qui ranimeront un esprit fatigué ;
  • Ecouter ensemble des sermons, des conférences enrichissantes.

 

N’est-ce pas entretenir la flamme qui ne doit jamais s’éteindre ? N’est-ce pas là une façon d’obéir en réalisant notre mission d’âme sœur  qui nous permet de parvenir ensemble à l’union des cœurs et des âmes ?

 

L’esprit de chasteté

  Qui dira combien la pureté chrétienne est vraiment la fleur de l’âme bien née ? Cette belle vertu chrétienne, nécessaire à tous les âges qui ne s’acquiert que par un exercice fréquent, une vigilance habituelle, un travail sans cesse renouvelé ! Les affiches et les sollicitations multiples, augmentées par cette puissante machine de perversion qu’est le portable, font travailler notre humilité et nous montrent sans cesse que c’est Dieu qui donne la force !

   Certains pensent que leur âge leur permet de tout voir, de tout entendre, de tout lire… Oh comme le démon a été fort quand il a inspiré cette phrase : « Interdit aux moins de 18 ans »… Est-ce à dire que le péché n’existe plus après la majorité ?

  Ce n’est que grâce à l’aide du ciel, à la prière, aux secours fréquents des sacrements d’Eucharistie et de Pénitence que la pureté peut être conservée. C’est bien la protectrice des familles : par elle les ménages sont en paix, les enfants gardent l’innocence de leur enfance. Elle donne la joie intérieure, la sécurité, la fécondité. Mais c’est une reine exigeante qui réclame une vigilance de tous les instants ! Et dès la moindre concession faite aux esprits impurs, elle s’envole pour d’autres foyers qui sauront la conserver… Prenons garde donc, quel que soit l’âge, à ces ennemis sur lesquels notre époque laïcisée fonde son quotidien. Que l’on n’oublie pas que l’exemple que les petits-enfants verront chez leurs grands-parents (revues, livres, films, sites et même tenue vestimentaire et comportement général) auront un retentissement d’autant plus grave qu’ils détiennent à leurs yeux une autorité donnée en héritage. La portée d’un film vu entre amis et celle du film regardé avec et sous les yeux des parents ou des grands-parents n’est pas la même en raison de la caution apportée ! Malheur à celui qui aura scandalisé le plus petit d’entre les miens !

 

Une union des cœurs à entretenir

   La fatigue, les insomnies, les maux divers – dont l’âge est la cause – sont autant de raisons de baisser la garde : on se laisser aller à des petites disputes qui, petit à petit, seront remplacées par des silences, on ne fait plus d’efforts pour supporter les petites manies du conjoint qui ne s’arrangeront pas en vieillissant, on ne se préoccupe plus de l’union des cœurs qui demande une vigilance tel le lait sur le feu. Certains pensent que c’est une fatalité, d’autres que les enfants étant élevés, le rôle d’éducateur étant achevé, l’union des cœurs n’a plus son objet d’exister. Détrompez – vous ! Jusqu’à votre dernier soupir vos descendants chercheront dans vos yeux cette union qui vous unit l’un à l’autre ! C’est une nécessité absolue, un repère et un exemple nécessaire pour plusieurs générations ! Croyez-en l’expérience des prêtres qui assistent souvent à ces derniers regards entre époux ! Et à l’heure de la mort, il n’est plus temps de faire illusion…

  Permettez-moi de citer une phrase écrite sur l’image de son mariage par une mère de famille décédée huit jours après son époux : « Ensemble on aime et on se réjouit, ensemble en travaille, ensemble on espère, ensemble on monte vers Dieu ! » et ensemble, ils sont morts à 89 ans !

  L’Eglise, tellement blessée et humiliée par ces foyers qu’elle a bénis et qui aujourd’hui la renient, a besoin de vous, pour que vous témoigniez de la force de l’amour chrétien ! Que vous soyez un exemple pour les jeunes foyers qui vous regardent et qui, à travers vous, verront que le mariage chrétien n’est pas un mirage, une illusion. Qu’il est toujours possible, quand on en a la ferme volonté, avec la grâce de Dieu et le secours des sacrements, de surmonter les pires épreuves et de parvenir ensemble aux collines éternelles dans l’action de grâces. Et ce, pour la plus grande gloire de Dieu et de l’Eglise catholique !

  Que Notre-Dame des Foyers Ardents donne à chacun de nos foyers la volonté de rester unis par cette union des âmes, si chère à Notre-Seigneur, jusqu’à l’éternité afin qu’ils rayonnent de cette charité du Christ qui n’est pas un vain mot !

Marguerite-Marie

 

« Le meilleur poignard pour frapper l’Église, c’est la corruption »

           Ce propos est tiré d’une correspondance entre deux chefs de la Haute Vente italienne (lettre datée du 9 août 1838, tombée entre les mains du pape Grégoire XVI). Pour bien comprendre cette assertion, il faut citer tout le passage, où apparaît au grand jour la méthode choisie par la Franc-Maçonnerie pour en finir avec l’Église : « Le Catholicisme n’a pas plus peur d’un stylet bien acéré que les monarchies. Mais ces deux bases de l’ordre social peuvent crouler sous la corruption : ne nous lassons donc jamais de corrompre. Tertullien disait avec raison que le sang des martyrs enfantait des chrétiens. Il est décidé dans nos conseils que nous ne voulons plus de chrétiens ; ne faisons donc plus de martyrs : mais popularisons le vice dans les multitudes ; qu’elles le respirent par les cinq sens, qu’elles le boivent, qu’elles s’en saturent. Faites des cœurs vicieux et vous n’aurez plus de catholiques. C’est la corruption en grand que nous avons entreprise, [c’est elle] qui doit nous conduire un jour à mettre l’Église au tombeau. »

 

  Ce projet démoniaque est, à notre époque, déjà bien avancé. C’est à se demander si l’on peut tomber plus bas ! N’est-ce pas en effet le « carnaval » partout (selon l’étymologie, le mot signifie : « Chair, porte-toi bien ! ») : dans les rues et à l’école, sur internet et à la télévision, dans les lois et dans les mœurs ? Ce déluge d’impureté envahit tout et pénètre bien sûr, insensiblement peut-être, mais très réellement, dans nos maisons et nos foyers. Bon nombre de chrétiens préfèrent fermer les yeux pour ne pas l’admettre ; cependant le fait est là, et pour ne pas se laisser emporter par le mouvement général, il faut une vertu peu commune. « Puisse-t-il nous être donné à tous de comprendre, disait déjà à son époque le cardinal Pie, que les vertus ordinaires ne suffisent plus ni pour nous sauver, ni pour sauver les autres ! ». A quel gigantesque combat nous sommes appelés ! Ayons bien conscience que nous n’en sortirons victorieux que dans la mesure où nous aurons vaillamment combattu : « Le Royaume des Cieux souffre violence, et ce sont les violents qui le ravissent ! » (Matt 11,12). Rappelons donc brièvement les moyens à employer pour pouvoir remporter la victoire. D’abord, la fuite généreuse des occasions volontaires, car, selon le proverbe : « Celui qui aime le danger y périra. » Ensuite, une certaine ascèse de vie : rien, en effet, ne prépare mieux les chutes ni n’entretient mieux dans le vice que la mollesse et le laisser-aller. Enfin, la fréquentation des sacrements et la prière régulière, car, selon la parole de Notre Seigneur : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire ! » (Jean 15,5).

 

  Mais venons-en maintenant à un point plus particulier. S’il est vrai que la corruption peut employer différents moyens pour se répandre, un de ses principaux fers de lance est évidemment ce qu’il est convenu d’appeler : la mode. Celle-ci, en effet, a un impact public qui lui permet d’agir efficacement sur les mœurs générales, en bien comme en mal. C’est ce que soulignait Pie XII, lorsqu’il disait : « La société parle par le vêtement qu’elle porte. » Si donc les modes sont indécentes et scandaleuses, il est bien évident que les conséquences pour les mœurs sociales seront désastreuses. Aussi le même pape rappelle cette vérité, que beaucoup, même parmi les chrétiens, ne veulent pas voir : « Tant que la modestie chrétienne ne sera pas pratiquée, la société continuera à s’avilir. » Notre Dame de Fatima avait révélé déjà à la petite Jacinthe, comment la mode entraînerait les masses dans l’impureté. Celle-ci, après s’être entretenue avec la Reine du Ciel, disait : « Les péchés qui jettent le plus d’âmes en enfer sont les péchés d’impureté », et elle ajoutait tristement, comme pour en manifester la cause : « On lancera des modes qui offenseront beaucoup Notre Seigneur. » Quant à nous, une fois que nous aurons compris l’importance de la mode et de son impact, nous comprendrons aussi la résolution qu’il nous faut prendre à son égard, que l’Apôtre nous répète inlassablement depuis vingt siècles : « Ne vous conformez pas au monde ! » (Rom 12,2). Ce que Notre Dame exprime ainsi : « Les personnes qui servent Dieu ne doivent pas suivre les modes [sous-entendu : mondaines et indécentes].» En effet, si les chrétiens, qui sont censés être « le sel de la terre », font eux-mêmes le jeu du monde, qui donc empêchera la corruption de se répandre partout victorieusement ?

 

  Il importe que chacun d’entre nous, face à un tel assaut de l’enfer et de ses suppôts, réagisse fortement selon ce principe du combat spirituel : « Agere contra » (agir en sens inverse). Commençons d’abord par ouvrir notre cœur aux paroles du prêtre, lorsqu’il a le courage de nous rappeler à l’ordre sur ce point, car c’est là son devoir, comme l’explique le cardinal Pie : « Malheur à moi et à vous, prêtres de Jésus-Christ, si nous ne luttons pas d’exemple et de paroles contre l’envahissement des maximes et des vanités d’un monde ennemi de la croix de notre Maître ! » Et ensuite, tâchons de faire en sorte que notre habillement et notre tenue respirent toujours, non l’esprit du monde et des trois concupiscences, mais le plus authentique esprit chrétien. Et pour ne pas rester dans des généralités, je donnerai, d’abord aux hommes puis aux dames, quelques conseils propres à chacun.

 

  Messieurs, vous devez donner l’exemple à tous les membres de votre famille d’un habillement toujours digne, qui inspire le respect. Aujourd’hui, bon nombre de chrétiens se laissent aller à des tenues négligées et désinvoltes. Les vêtements de sport, ou vulgaires, sont portés presque continuellement, et on perd en particulier l’habitude de venir à l’église « endimanché ». Comment s’étonner, dès lors, de voir débarquer dans les sacristies, pour servir la messe, des enfants ou des jeunes gens en short, en T-shirt et en baskets ? Vous me direz : cela n’a pas de conséquences directes sur la moralité, du moins du point de vue de la pureté. C’est peut-être vite dit, étant donné que souvent, ces vêtements sont légers ou moulants, ce qui n’est pas forcément très édifiant pour l’entourage, surtout féminin. Mais, quoiqu’il en soit, ce qui est certain, c’est qu’il n’y a plus de respect de soi ni des autres dans ces attitudes désinvoltes ; or le respect, qui s’oppose à la familiarité et à la vulgarité, est un des remparts principaux de l’honnêteté et de la pureté des mœurs. La négligence et le laisser-aller ouvrent la porte à la corruption. Encore faut-il, pour résister à ces tendances, avoir la force de ne pas céder au respect humain, qui nous incite à faire comme tout le monde. Lorsque j’étais encore lycéen, il était de règle, les jours de sortie, de quitter l’école en uniforme, car on cherchait à nous inculquer une certaine éducation dans ce domaine, qui a, soulignons-le à nouveau, son importance. J’ai toujours été dégoûté de voir plusieurs de mes camarades s’enfermer dans les toilettes du train pour en ressortir avec des tenues… conformes au monde. Messieurs, donnez donc l’exemple à tous les membres de votre famille, et apprenez-leur à ne pas rougir d’être chrétiens dans un monde qui ne l’est plus, en usant, au besoin, de cette autorité que Dieu vous a confiée. Notre Seigneur n’a-t-Il pas dit : « Celui qui aura rougi de Moi devant les hommes, je rougirai de lui devant mon Père » (Mc 8, 38) ?

 

  Quant à vous, mesdames, il est bien évident que votre tenue a un impact beaucoup plus direct sur la moralité publique. Écoutez sur ce point, ce qu’écrivait le franc-maçon cité plus haut : « J’entendais dernièrement un de nos amis rire d’une manière philosophique de nos projets, et nous dire : pour abattre le Catholicisme, il faut commencer par supprimer la femme. Le mot est vrai, dans un sens ; mais puisque nous ne pouvons pas la supprimer, corrompons-la… ». Vous voyez combien les ennemis de l’Église ont bien compris ce que les papes ont répété à plusieurs reprises, à savoir, que c’est vous, surtout, qui êtes les gardiennes des mœurs chrétiennes : c’est là votre mission, et c’est là votre gloire. La prolifération des modes indécentes est voulue par la Franc-Maçonnerie de longue date, pour vous détourner de cet impérieux devoir. On peut lire dans un article de « La Vie Spirituelle », de juillet-août 1926 : « Si la mode a été corruptrice, c’est parce que la femme chrétienne, gardienne du foyer et de ses mœurs, était le rempart qui empêchait le mal de déborder et de chasser Dieu de la société. La mode a été faite corruptrice parce que les agents de démoralisation l’ont voulu ainsi, et, si humiliant que ce soit, il faut bien le reconnaître, la femme chrétienne de tous les pays du monde a été, dans ses écarts de la mode, le jouet et l’instrument de ceux qui avaient intérêt à la pervertir. » Puisqu’il est évident que l’on veut se servir de vous pour, sinon répandre, du moins laisser passer la corruption, je ne peux que vous inciter à faire tout l’inverse : par la pratique fidèle et constante d’une parfaite modestie, inspirez la pureté, prêchez les bonnes mœurs !

 

  Pour cela, commencez par connaître ce que l’Église réprouve. Voici les précisions que n’a pas dédaigné de donner la Sacrée Congrégation du Concile, le 23 août 1928 ; elles ont d’ailleurs été répétées par le cardinal Pompili, vicaire de Pie XI, en 1938, puis par les épiscopats de différents pays du monde : « On ne peut considérer comme étant décent un vêtement dont le décolletage dépasse la largeur de deux doigts au-dessous de la naissance du cou ; un vêtement dont les manches ne descendent pas au moins jusqu’aux coudes, et qui descend à peine au-dessous des genoux. Indécents sont également les vêtements d’étoffes transparentes [ou fendus, évidement !]. » Plus récemment, au début des années 2000, Mgr Fellay (FSSPX) rappelait avec bon sens que : « Ne peut certainement pas être appelée décente une robe qui ne couvre pas [entièrement] les genoux quand la personne est assise. » Remarquez que ces précisions soulignent les limites à ne pas franchir pour éviter les scandales, elles ne décrivent pas l’idéal de la modestie chrétienne ; et pourtant, force vous est de constater que les limites de la décence sont aujourd’hui allègrement franchies par de nombreuses chrétiennes, qui portent, même à l’église, des tenues bien légères. Si plusieurs n’osent pas adopter des vêtements franchement scandaleux, la grande majorité se contente manifestement de ce qu’on appelle la « jupe aux genoux », laquelle est impuissante à inspirer le respect et la vertu, et ne répond d’ailleurs pas, à y regarder de près, aux demandes et aux désirs de l’Église… N’oublions pas également que le pantalon ne convient pas aux femmes, comme le rappelaient, entre autres, les évêques du Canada, en 1946 : « Le port du pantalon sous le moindre prétexte, ou, ce qui est pire, dans le but de s’exhiber en public, n’est pas digne d’une vraie chrétienne. » Cela parce que, dans la majorité des cas, il ne voile pas les formes, mais aussi parce qu’il fait adopter par celles qui le porte des attitudes masculines qui vont à l’encontre de la nature et des qualités propres de la femme. Enfin, n’oublions pas de signaler que saint Paul demande aux chrétiennes, par humilité et respect, de ne pas paraître sans voile aux assemblées liturgiques ; c’est pourquoi l’Église leur prescrit, dans le Droit Canon, de ne pas pénétrer dans les lieux saints la tête découverte. Et ce précepte ne se présente pas comme étant facultatif.

 

  Connaître précisément ces différentes directives de l’Église enseignante n’est cependant pas suffisant. Il faut encore les aimer et avoir à cœur de les observer par amour pour Notre Seigneur. Lorsqu’une chrétienne en a saisi l’esprit, au-delà de la lettre, la modestie ne lui coûte plus, et sa parfaite tenue non seulement ne cause aucun scandale, mais elle répand la bonne odeur des vertus et prêche ainsi les bonnes mœurs. « La modestie, disait une sainte religieuse du début du XXème siècle, qu’est-ce donc ? C’est le parfum très suave de deux sublimes vertus qui, insensiblement, se répand dans les cœurs, les attire et les transforme. C’est l’odeur très douce de la pureté et de l’humilité. » (Mère Louise-Marguerite Claret de la Touche). Elle est, selon l’heureuse expression de Benoît XV, « le plus bel ornement de la femme chrétienne », car elle relève sa dignité et sa beauté, et lui permet de rayonner. Que l’on ne s’y trompe donc pas : quoi qu’en dise le monde, les femmes les plus modestes sont aussi, et de loin, les plus belles, parce qu’elles sont plus semblables à Notre Dame. Alors, mesdames, aimez la modestie, et faites-la aimer par vos filles dès leur plus tendre enfance, car une vertu n’est vraiment possédée que lorsqu’elle est aimée et pratiquée avec constance. Que la transmission fidèle de cette valeur chrétienne, qui n’est pas accessoire au dépôt de la foi (lequel inclut de façon nécessaire les bonnes mœurs), soit un des principaux objectifs de l’éducation de vos enfants, afin que l’on puisse graver à votre honneur sur votre tombe, comme sur celle d’un grand évêque (Mgr Lefebvre) : « Tradidi quod et accepi ! J’ai transmis ce que j’ai reçu (ou du moins, ce que j’aurais dû recevoir) !»

 

  Mais il est clair que ce « bon combat » vous demande, à vous plus encore qu’aux hommes, une force particulière, car vous êtes plus sensibles qu’eux aux regards et aux jugements que l’on porte sur vous, d’où la tendance au « conformisme » facile. Un jour que je prenais le train, des lycéennes d’une école catholique, dont l’habillement très modeste m’édifiait beaucoup, montèrent à bord. Mais quel ne fut pas mon étonnement de voir qu’elles avaient le même courage que mes camarades, dont je vous parlais plus haut : s’enfermant dans les toilettes, elles en ressortaient en pantalon ! C’est ici le lieu de citer ces fortes paroles du père Calmel : « On ne refera des chrétiennes et une France que si un certain nombre de filles sont farouches et acceptent de passer « pour imbéciles » en matière de costume [NB : C’est un véritable honneur que de passer pour imbéciles aux yeux des imbéciles]. Il faut avoir le courage de résister à la mode, à certains avantages pratiques, pour ne pas donner sa caution à un état d’esprit laïque, contre Dieu et contre sa loi inscrite en nos cœurs. Si les femmes chrétiennes, les jeunes filles chrétiennes ne sont pas les premières à porter témoignage de valeurs authentiquement chrétiennes, sur qui peut-on compter ? »

 

  Demandez donc, mesdames, à la très Sainte Vierge, victorieuse de toutes les batailles de Dieu, de vous communiquer sa force, cette vertu des martyrs, sans laquelle il vous sera impossible de remplir votre mission. « Qui trouvera une femme forte ? Son prix dépasse tous les trésors du monde ! » (Prov 31,10). Ne laissez pas les ennemis de la Religion profiter de votre faiblesse, car, comme le disait Saint Pie X « De nos jours, plus que jamais, la force des mauvais, c’est la lâcheté et la faiblesse des bons, et tout le nerf de Satan réside dans la mollesse des chrétiens ». Il faut du cran pour faire barrage à la corruption : « Mortifiez-vous dans votre habillement, disait l’abbé Edouard Poppe, ne soyez pas de ces demi-chrétiennes qui, tout en n’osant pas suivre la mode dans toutes ses audaces, la suivent malgré tout de loin ! Soyez courageuses, et habillez-vous décemment, chastement ! Allongez votre robe comme il convient, dussiez-vous être les seules de votre paroisse à le faire ! C’est de la mortification que viennent les forces secrètes, les consolations inattendues… Nous avons tous besoin de cela pour devenir bons, nous-mêmes, et pour rendre les autres meilleurs. »

   En guise de conclusion, mesdames et messieurs, je me permettrais de vous signaler deux moyens pour trouver la force de conserver un habillement et un comportement vraiment chrétiens malgré les pressions du monde. D’abord une piété profonde, non purement sentimentale, qui soit source d’un ardent amour de Notre Seigneur, qui trempe votre volonté et l’affermisse dans le bien de façon inébranlable. Ensuite, les pieuses associations, car évidemment l’union fait la force. J’en veux pour preuve ce témoignage d’une jeune tertiaire de saint François qui avouait que sans le soutien du Tiers-Ordre et de sa règle, qui prescrit la modestie de l’habillement, elle ferait comme toutes les autres. Serrons-nous donc les coudes dans cette lutte contre l’esprit du monde, et il n’y aura plus de brèche dans ce rempart que nous devons opposer au débordement de corruption dans lequel Satan voudrait noyer l’Église. La mode n’a rien d’irréversible : à nous, chrétiens, de la faire et non de la subir. Comme le disait sainte Jeanne d’Arc : « Combattons généreusement et Dieu donnera la victoire ».

 

RP Paul-Marie, capucin

 

 

  

 

La joie d’offrir

           La plus grande, la plus belle, la plus durable joie qui existe sur cette terre est certainement l’arrivée d’un enfant dans une famille. Père, mère, grands-parents, parrain, marraine, frères et sœurs, amis, tout le monde se réjouit à l’occasion d’une naissance. Pourtant, cette joie si profonde est précédée d’une épreuve plus ou moins difficile pour la maman, et Jésus le savait bien : « La femme, quand elle enfante, est en peine, parce que son heure est arrivée ; mais quand elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de ses douleurs, dans la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde1 ».

 

  Arrêtons-nous quelques instants sur cette phrase de Jésus. Notons tout d’abord qu’il est ici question de « douleurs » et non pas de « souffrance », comme partout dans la Sainte Ecriture quand il s’agit du don de la vie ; et le terme de « douleur » dans ce cas précis, est très juste. En effet, le Larousse définit la souffrance comme « un état prolongé de douleur physique ou morale », alors que la douleur est une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable » selon l’IASP (Association internationale pour l’étude de la douleur). Dans le cadre d’une naissance, la maman a mal certes, mais le dénouement étant positif, l’issue étant l’immense joie dont nous comble la naissance d’un enfant, il s’agit bien de douleurs physiques et non pas de souffrance morale.

 

  Tout a commencé au paradis terrestre, juste après le péché originel, quand Dieu prononce cette sentence : « Tu enfanteras dans la douleur2 ». Ailleurs dans l’Ecriture, saint Paul dit que la femme « sera sauvée en devenant mère3 ». Or, de nos jours, le recours à une anesthésie péridurale lors d’une naissance est devenu très fréquent. Alors que faut-il penser de ce recours quasi systématique à la péridurale ? Est-ce ne pas accepter les conséquences du péché originel ? Ou est-ce un progrès considérable de la médecine qui a permis de diminuer les complications ces dernières décennies ?

 

  Bénéficier d’une péridurale permet en premier lieu de soulager la douleur, bien sûr, et c’est la plupart du temps le but recherché : une maman reposée peut se sentir davantage prête à accueillir sereinement son bébé. On peut aussi l’utiliser afin de sécuriser un accouchement plus à risque (jumeaux, bébé en siège, pathologie maternelle connue, hémorragie ou césarienne lors d’un accouchement précédent, etc) et ce côté sécurisant peut rassurer tout le monde, les parents autant que l’équipe médicale. Ce sont là deux arguments majeurs qui ont certes une valeur non négligeable, et il faut prendre en compte ces raisons médicales.

 

  Cependant, une péridurale ne présente pas que des avantages car la maman est moins active pour aider son bébé à naître. L’évènement devient presque extérieur à elle. Certains avancent même que les bébés nés sous péridurale seraient moins éveillés, moins vifs que ceux nés sans anesthésiants, mais nous n’avons jamais observé cela dans les quelques cinq cents naissances que nous avons accompagnées jusqu’à présent (en revanche, les bébés naissent généralement endormis dans les cas d’anesthésie générale auxquels on a recours uniquement dans de très rares situations de césarienne en urgence absolue).

 

  Et si nous nous posions la question autrement : pourquoi choisir d’accoucher sans péridurale ?

  D’un point de vue naturel d’abord : pour accompagner son bébé au mieux dans ce moment capital et pour l’aider autant que possible et rester en lien avec lui ; est-ce qu’une mère n’est pas prête à tout pour aider son enfant ? 

 

  D’un point de vue médical ensuite : une fois la péridurale posée, la maman doit rester allongée ; plus question donc de travailler de concert avec la gravité et donc de faciliter la descente du bébé. Par conséquent rester libre de ses mouvements permet d’activer le travail et de peut-être même l’accélérer un peu ; la participation de la maman sera plus active et l’accouchement en sera facilité. De plus, il arrive régulièrement qu’une péridurale soit trop dosée ce qui ne facilite pas la naissance naturelle et augmente les risques d’instrumentation et d’action médicale.

 

  Enfin et surtout, d’un point de vue spirituel : afin d’offrir et prier pour cet enfant à naître, pour tous ceux qui veilleront sur lui, ses parrain et marraine, pour les intentions de nos familles et toutes celles qui nous sont confiées, mais aussi en réparation de nos fautes passées et de celles de nos proches. Dieu nous donne la possibilité de coopérer de manière effective à notre salut éternel, alors nous qui connaissons la valeur de la douleur et du sacrifice, profitons de ces moments riches en grâces pour être généreuses dans notre offrande et soyons reconnaissantes de ce grand don de l’amour de Dieu pour nous et nos enfants.

 

  Répondons à une dernière question qui peut venir à l’esprit d’une maman sur le point d’accoucher :  qu’en est-il des complications soudaines et imprévisibles lorsqu’il n’y a pas de péridurale ? Sachez qu’il est rarement trop tard pour poser une péridurale et le personnel médical qui sent venir les complications saura vous conseiller. Il y a toujours une solution ! Il est très important d’être en confiance avec la sage-femme qui vous accompagne ce jour-là, afin de vous en remettre à ses décisions si besoin était.

 

  Soyez-en convaincues, c’est vraiment une aventure à vivre, vous vous découvrirez des ressources insoupçonnées et vous forcerez l’admiration de votre mari qui vous respectera d’autant plus et sera tellement fier de vous. Cela demande de se dépasser certes, d’aller au-delà de ses limites, il faut le savoir et ne pas en être surprise, mais que sont quelques heures difficiles en comparaison d’une si belle récompense après !

 

  Bien sûr, le don de la vie implique de nombreux sacrifices qui ne se limitent pas au moment de la naissance, il y a également la pénibilité de la grossesse, la fatigue de l’allaitement, les nuits sans sommeil et bien d’autres soucis. C’est pourquoi le « tu enfanteras dans la douleur » de la Genèse ne se limite pas à accoucher avec ou sans péridurale. Il ne s’agit certainement pas de culpabiliser ou de vous dévaluer si vous en avez demandé une jusqu’à présent, mais nous avons certainement un devoir, en tant que catholiques, de ne pas nous contenter de la solution de facilité, et de saisir les occasions d’offrande et de sacrifice par amour de Dieu et en esprit de réparation. Chaque cas étant différent, c’est à chacune de se poser la question pour elle-même et d’y répondre personnellement.

 

  A certaines qui auraient aimé donner la vie le plus naturellement possible, le bon Dieu demandera peut-être le sacrifice de ne pouvoir accoucher comme elles l’avaient espéré, et c’est parfois encore plus difficile d’accepter ses propres limites et d’en faire l’offrande que de passer quelques heures pénibles. A d’autres enfin, le bon Dieu demande le sacrifice d’un berceau vide. Quelle dure épreuve pour ces ménages. Alors prions les unes pour les autres, afin que chacune de nous connaisse la valeur salvatrice d’un sacrifice et ait le courage d’être généreuse.

 

  Ces pistes de réflexion ne se veulent pas un argumentaire scientifique et exhaustif sur le recours à la péridurale, mais elles sont plutôt l’écho des paroles de Pie XII qui nous encourage nous, sages-femmes, à « mettre dans le cœur [des mères] le désir, la joie, le courage, l’amour et la volonté d’avoir soin de leur tout-petit4». Puissent ces quelques lignes vous faire réfléchir sur la grandeur et la beauté de la maternité, c’est notre souhait le plus cher.

Agnès

 

1 Saint Jean XVI 21-22

2 Genèse III 16

3 Timothée II 15

4 Al. aux sages-femmes, 20 octobre 1951

 

Venez à moi, vous tous qui souffrez

           Depuis le premier péché de nos ancêtres, Adam et Eve, la souffrance est notre lot sur terre. Elle prend des formes différentes : souffrances du corps pour les uns – maladie, handicap, stérilité… -, souffrances de l’âme pour les autres, – doute, séparation, passé difficile, inquiétude pour les siens,… Mais qui d’entre nous ne peut se reconnaître dans le portrait de l’un ou l’autre des aimés de Dieu énumérés dans les Béatitudes1 ?

Il y a des natures plus ou moins sensibles, des tempéraments plus vigoureux que d’autres, des personnes qui se confient, d’autres qui gardent tout dans leur cœur, et d’autres qui ont su dépasser leur épreuve en l’offrant à Dieu et en s’unissant à Lui. Cependant rien n’est jamais acquis : un souvenir, une date, un lieu, réveillent les plaies que l’on croyait cicatrisées car la mémoire n’est pas toujours un allié. Et chacun, quel que soit son tempérament a ou aura sa part à offrir sur terre pour participer aux souffrances du Christ.

  Restons confiants, bien unis à Notre-Seigneur : si les épreuves ne sont pas encore venues, quand l’heure sonnera, Dieu enverra son lot de grâces, de consolation et de force pour les supporter. Si elles sont déjà là, puisons dans le trésor de son Cœur miséricordieux et dans celui de sa sainte Mère pour y trouver consolation et paix. Et si elles sont passées, reconnaissons comment Dieu nous a soutenus et profitons de cette « expérience » pour aider ceux qui souffrent car Celui qui sait ce que c’est que de souffrir sera le meilleur soutien de ceux qui sont frappés par l’épreuve.

 

« Et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus2 »

 

-Vous tous qui souffrez dans votre corps, des douleurs parfois crucifiantes, quotidiennes et renouvelées…

– Vous qui voyez l’âge avancer, vos forces disparaître, la dépendance arriver, l’immobilité ou la paralysie vous guetter…

– Vous dont le cœur se serre d’angoisse en soignant un époux malade, un enfant handicapé,…

– Vous qui fermez les yeux d’un père, d’une mère, d’un enfant…

– Vous dont la maison s’est vidée car les cœurs ingrats l’ont délaissée et vous laissent à votre solitude…

– Vous qui luttez pied à pied avec les idées noires qui vous obsèdent et qui combattez contre les tentations de désespoir…

– Vous dont la vie est si compliquée et qui regrettez amèrement le passé que vous avez abîmé sans pouvoir le refaire…

– Vous dont le cœur maternel aimerait tant s’ouvrir pour accueillir la vie et dont le foyer, malgré toutes les prières et les soins, reste vide…

– Vous qui étiez unis pour le meilleur et pour le pire et que la mort a séparés…

– Vous qui tremblez pour l’âme d’un époux, d’un père, d’un enfant qui se perd…

– Vous qui êtes dans des conditions matérielles tellement difficiles que vous ne voyez plus d’issue à vos soucis…

-Vous qui êtes seul pour mourir dans une maison de retraite ou un hôpital où l’on vous refuse la visite des vôtres et même celle du prêtre…

– Vous tous les isolés, les âmes désespérées et lasses, les cœurs froissés et incompris, les esprits inquiets devant l’avenir tellement incertain, vous tous qui souffrez, qui pleurez, qui êtes rongés par les rancœurs, n’oubliez jamais que Dieu vous aime, que son Cœur connaît toutes nos douleurs et qu’Il a longuement prié son Père pour chacun d’entre nous ! « Le lendemain, s’étant levé longtemps avant le jour, Il sortit, gagna un endroit solitaire et là, Il priait3. »

Oui pour vous tous, infirmes et malades du corps et de l’âme, pour chacun de ceux qui pleurent et qui souffrent, le Bon Maître, en ce petit matin encore silencieux a longuement prié.

 

Seigneur, celui que vous aimez est malade !4 

 

  Quelle que soit l’épreuve qui a frappé, la profondeur de la peine d’une âme souffrante qui s’ouvre à nous est impressionnante. Ces tsunamis qui les ont foudroyés ont bouleversé profondément leur équilibre. Bien souvent le manque de sommeil, le déséquilibre d’une vie compliquée dont la régularité a forcément été perturbée, n’aident pas à prendre le recul nécessaire. Aidons-les déjà à reprendre pied naturellement par de petites actions toutes simples. A Bethsaïde, Jésus prit la main du pauvre aveugle pour le conduire hors du bourg5, loin de l’agitation du monde, vers le calme silencieux qui apaise et qui guérit.

Ecoutons leurs besoins, leur souffrance, laissons-les épancher leur cœur quand elles en ont envie ; et quand elles ne souhaitent pas parler, respectons leur silence et sachons aussi être présents par la prière, montrer notre affection sans nous imposer et dans la discrétion. Cette œuvre de miséricorde n’est pas facile à accomplir, n’oublions jamais d’implorer le Saint-Esprit afin qu’il nous inspire les bons mots. Chaque être humain a sa personnalité, son histoire, chaque âme est délicate comme une fleur et quelles que soient ses apparences elle cache des trésors de désir ou des profondeurs de souffrance que seul un regard vraiment attentif, disponible et aimant peut deviner et comprendre. Imitons notre maître « Sur chacun, Il posait les mains6 » ; faisons-nous « toute à tous7 », comme Jésus, sans faire de reproche, mais en faisant nôtre sa douleur.

Pour compatir vraiment à la souffrance des autres, il faut soi-même avoir souffert, il faut aimer mais surtout s’oublier et ne pas s’écouter. Comme Jésus qui renonça aux consolations de ses amis au jardin des oliviers en s’oubliant pour ne plus songer qu’à leur fatigue : « Dormez maintenant et reposez-vous8

  Les âmes souffrantes ont souvent l’impression qu’elles sont tellement blessées qu’elles n’arrivent plus à prier. Le Père de la Chevasnerie enseigne alors une attitude toute simple et à la portée de tous : « Jésus, je vous offre toute ma journée pour vous faire plaisir. » Pour vous faire plaisir cette douleur, ce médicament à prendre, cette personne à supporter ; pour vous faire plaisir cette inquiétude qui me ronge, ce souci qui m’obsède ; pour vous faire plaisir mon chapelet que je n’arrive même plus à tenir ; pour vous faire plaisir cette angoisse qui m’étreint…

« Tout faire pour plaire au Seigneur Jésus, c’est adopter l’attitude que nous devrions toujours avoir envers Lui, celle des « tout-petits », humbles et confiants9. »

  Enfin malgré la douleur il est important de parvenir à retrouver la paix ; et celle-ci se trouve à trois niveaux :

la paix avec Dieu qui passe en général par le sacrement de confession. N’hésitons pas si cela est nécessaire à demander auparavant un entretien avec le prêtre qui saura nous aider à trouver cette paix de l’âme. Il nous apportera l’aide de Celui que Marthe et Marie font appeler dans leur détresse lors de la mort de leur frère Lazare : Jésus, Lui qui seul, console et fortifie en donnant à notre souffrance sa raison d’être et son immortel espoir de fécondité.

– la paix avec les autres qui passe bien souvent par le pardon. En effet, il semble que cette phrase de l’Evangile soit souvent mal assimilée : « Car si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne pardonnera pas non plus vos offenses10. » Dans les faits, chaque jour, et plusieurs fois par jour dans la prière du « Notre Père », nous reconnaissons que le pardon que nous sollicitons de Dieu est conditionné par celui que nous accordons… N’attendons pas le crépuscule de notre vie pour pardonner, c’est un grand moyen pour retrouver la paix de l’âme !

– la paix avec soi-même, « « Vis le jour d’aujourd’hui, Dieu te le donne, il est à toi. Vis-le en lui. Le jour de demain est à Dieu, il ne t’appartient pas. Ne porte pas sur demain le souci d’aujourd’hui. Demain est à Dieu, remets-le-lui. Le moment présent est une frêle passerelle, si tu le charges des regrets d’hier, de l’inquiétude de demain, la passerelle cède et tu perds pied. Le passé ? Dieu le pardonne. L’avenir ? Dieu le donne. Vis le jour d’aujourd’hui en communion avec lui11 ».

La paix permet de purifier notre cœur et de donner toute sa fécondité à toute souffrance quelle que soit son origine.

 

Ayez confiance !

 

  Il semble que la souffrance rend la prière toute puissante et le cœur de Notre Père ne peut résister à la vue d’un de ses enfants qui souffre et supplie pour l’un de ses frères. Dieu le Père ne reconnaît-il pas dans cette voix douloureuse qui L’implore, les accents même de son Fils souffrant et priant pour nous ?

Notre Divin Maître si délicat et si bon avec la veuve de Naïm montra pour elle une vraie compassion : « ne pleurez pas12 » ! Ne pleurons pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance.

A travers les plus rudes épreuves de la terre, consolons-nous en songeant que nous sommes les petits enfants de notre Père qui nous aime : du Père dont le Fils a souffert comme nous, qui ne permet nos douleurs que pour nous faire participer à la Rédemption des pauvres âmes qui n’ont pas su le trouver.

Aimons la contemplation des passages de l’Evangile ; on y trouve tant de passages où Notre-Seigneur consolait ou guérissait ! Goûtons les sentiments du Cœur Divin. Entretenons-nous familièrement avec Lui ; parlons-Lui de nous, de nos souffrances mais parlons-Lui aussi de Lui pour Lui ressembler toujours davantage. Ainsi petit à petit nous nous habituerons à Le suivre et il nous deviendra facile de penser, de parler, d’écouter et même de souffrir comme Lui et avec Lui en apprenant à Le contempler et à L’aimer.

  Tournons-nous vers notre maman du ciel, qui, mieux que celle de la terre connaît notre détresse ; elle, la dernière consolatrice de son Divin Fils, Mère des douleurs, Mère à laquelle nous avons été confiés, elle saura consoler tous les cœurs, apaiser tous les désespoirs, encourager les contritions, accueillir les projets, deviner les désirs et les rêves, fortifier les volontés chancelantes et même nous apprendre à aimer notre Croix.

  Et si, la route du Calvaire nous semble bien longue, alors, comme Simon de Cyrène, pour reprendre courage, considérons Jésus qui marche à nos côtés ; son divin regard nous remerciera de notre aide, en nous donnant la force de tenir nous aussi jusqu’au Calvaire…

  Que Notre-Dame des Foyers Ardents veille sur nous tous,

Marguerite-Marie

1 Saint Matthieu – V, 1-12

2 Saint Marc – XXI, 15

3 Saint Marc- I, 35

4 Saint Jean – XI, 3

5 Saint Marc – VIII, 22

6 Saint Luc – IV, 40

7 Toute à tous – Elisabeth Leseur

8 Saint Marc – XIV, 41

9 R.P. de la Chevasnerie – Bienheureux vous tous qui souffrez

10 Saint Matthieu – VI, 14-15

11 Prière trouvée sur une petite sœur assassinée à Alger

12 Saint Luc – VII, 13

 

Usage et mésusage de l’alcool : Quelques repères

           Le sujet n’est pas nouveau. La difficulté réside dans le fait que l’usage de certains alcools est bénéfique (y compris sur le plan sanitaire), mais que leur abus ou mésusage comporte des risques graves. Et pourtant, il n’est pas rare de constater une banalisation du sujet. « Allez, un dernier », « Ce n’est pas tous les jours Noël », « J’arrête quand je veux ». Y compris dans les milieux les plus chics ou traditionnels. Quelques repères pour entretenir notre vigilance sur le plan physique et aussi moral.

 

Epidémiologie

  L’usage d’alcool est très courant dans notre pays ; il a aussi une  place importante dans les rites sociaux. Il peut être expérimental, occasionnel ou régulier.

On considère que 20% de la population adulte dépasse une consommation de 5 verres/ jour1.

L’alcool est responsable de 41 000 décès par an en France, soit 7% de tous les décès, dont 16 000 par cancer, 9 900 par maladie cardiovasculaire2, près de 3000 par accident de la route, et de 10 à 20 % des accidents du travail déclarés1.

Dans un échantillon de consommateurs d’alcool, 11% ont déclaré que leur consommation a augmenté pendant le confinement décrété en raison de la pandémie COVID. Les raisons invoquées sont l’ennui, le manque d’activité, le stress et le plaisir3.

En moyenne quotidienne, le nombre de passages aux urgences en lien direct avec l’alcool représente jusqu’à 3,1% (variabilité régionale). Il s’agit en majorité d’intoxications éthyliques aiguës2.

La consommation varie aussi suivant les régions en fonction du type d’alcool. Le nord et l’est de la métropole sont davantage concernés par la consommation de bière, le sud par la consommation de vin, l’ouest par les alcools forts et les autres types d’alcool2.

 

Définitions

  L’usage simple, ou usage à faible risque, est défini par une consommation à la fois asymptomatique, et inférieure aux seuils recommandés en France4. Nous ne nous y attarderons pas, mais convenons qu’une consommation régulière et modérée de certains alcools (exemple du vin) peut avoir certains bienfaits pour la santé, en ce qui concerne les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, et même sur le déclin cognitif.

 

La Société Française d’Addictologie décrit trois catégories de mésusage de l’alcool4 :

– l’usage à risque,

– l’usage nocif,

– l’usage avec dépendance.

 

1- L’usage à risque

  – Il est d’abord un risque différé et cumulatif. La morbidité (complications listées ci-dessous) et la mortalité augmentent au-delà de 21 verres par semaine chez l’homme et de 14 verres5 par semaine chez la femme ou encore de 4 verres par occasion pour un usage ponctuel.

  – Il est aussi un risque immédiat lorsque la consommation peut devenir nocive dans certaines circonstances.

La liste n’est pas exhaustive : conduite de véhicule ; travail à un poste de sécurité ; consommation rapide ou associée à d’autres substances psychoactives ; pathologies organiques ou psychiatriques associées ; modification de la tolérance ; situations physiologiques particulières (grossesse, dette de sommeil…).

2- L’usage nocif et la dépendance

  « L’usage nocif et l’usage avec dépendance, correspondent aux formes symptomatiques de l’usage, c’est-à-dire qui se traduisent par des conséquences visibles sur le plan social, psychologique ou médical4. »

3- L’usage avec dépendance est une conduite d’alcoolisation caractérisée par une perte de la maîtrise de la consommation par le sujet, indépendant donc de la quantité ou des dommages (qui restent souvent liés). Apparaissent une « tolérance » à l’alcool et des signes de sevrage plus ou moins prononcés. « L’alcoolisme chronique est une intoxication chronique provoquée par l’absorption de boissons alcoolisées, absorption souvent renouvelée et généralement par petites doses. Cette forme d’alcoolisme, la plus grave d’ailleurs, est parfois méconnue sous prétexte qu’elle n’occasionne pas d’ivresse ; bien des personnes en sont atteintes et l’ignorent. Ce fait, tous les médecins praticiens le constatent dans toutes les classes de la société6. »

Mais on aurait tort d’associer la problématique de l’alcool aux jeunes qui font la fête et qui abusent, ou aux adultes alcooliques. Grâce aux limites suivantes données en nombre de verres, on se rend compte que dans une soirée de mariage par exemple on peut vite les dépasser. Et passé ces limites, on s’expose aux risques listés. Cependant chacun doit se connaître car pour certains ces limites seront déjà bien supérieures à ce qu’ils peuvent supporter.

Principaux dommages physiques de l’usage nocif de l’alcool.

  Les concentrations en alcool sont plus faibles dans les boissons fermentées (vin, bière, cidre,… etc) que dans les boissons distillées (qui contiennent par ailleurs des alcools plus toxiques. On se souvient de la réplique célèbre d’Audiard : « On a arrêté la production, les clients devenaient aveugles »).

 

L’usage nocif, qui définit les « consommateurs à problèmes », voit apparaître des dommages liés à une consommation à risque répétée.

Voici une liste des dommages habituellement cités4 :

 

  • Dommages somatiques – traumatismes :

Hypertension artérielle – cardiomyopathie, augmentation du risque d’un cancer, pancréatite et cirrhose, polynévrite, épilepsie, delirium, dysfonctionnement sexuel.

  • Dommages psychologiques et psychiatriques :

Anxiété́, dépression, troubles du sommeil,  dommages cognitifs, suicide et tentative de suicide.

  • Dommages relationnels :

Problèmes conjugaux, maltraitance, dysfonctionnement familial.

  • Dommages sociaux et professionnels :

Perte d’emploi, arrêt de travail, précarisation, violence, rixes et problèmes judiciaires, perte du logement, accident de la voie publique et du travail.

 

Essai d’appréciation morale

un don du Ciel…

  L’invention de la culture de la vigne est attribuée à Noé. Dom Guéranger souligne la miséricorde de Dieu qui donne le vin à l’homme pour soutenir sa faiblesse. « Jusqu’au temps du déluge, nos ancêtres soutinrent leur existence par l’unique secours des fruits de la terre. Mais lorsque Dieu jugea à propos dans sa sagesse et sa miséricorde d’abréger la vie de l’homme afin de resserrer le cercle de ses dépravations il daigna lui permettre de se nourrir de la chair des animaux, comme pour suppléer à l’appauvrissement des forces de la nature. En même temps Noé, poussé par un instinct divin, exprimait le jus de la vigne (Gn 9,20) ; et un nouveau supplément était apporté à la faiblesse de l’homme. »7

 

  « Le vin, c’est la vie pour l’homme quand on en boit modérément » (Si 31 ,27). Ce don du ciel apporte santé – le bon samaritain « versa de l’huile et du vin sur ses blessures» (Lc 10, 34) ; saint Paul conseille à Timothée « cesse de ne boire que de l’eau, prends un peu de vin à cause de ton estomac et de tes fréquents malaises » (1Tm 5,23) – et aussi joie : « Gaité du cœur et joie de l’âme, voilà le vin qu’on boit quand il faut et à sa suffisance. » (Si 31,28) et « Vous, faites croître l’herbe pour le bétail et les plantes à l’usage des humains, pour qu’ils tirent le pain de la terre et le vin qui réjouit le cœur de l’homme. » (Ps 103, 14-15)

 

  Pie XII disait : « Le vin est en soi une chose excellente. Sans faire état de la sagesse populaire, dont les Saints Livres ont maintes fois adopté les maximes, soit pour louer le vin soit pour en blâmer les excès, tout chrétien se rappelle que le premier miracle du divin Maître aux Noces de Cana consista dans la transformation d’une copieuse quantité d’eau en vin généreux. (…) Usant de l’intelligence que lui avait donnée le créateur, l’homme fit le pain à partir du blé et le vin à partir du raisin, et le fils de Dieu fait homme, prenant entre ses mains créatrices ces produits essentiels de la terre et de l’homme, soutiens et stimulants de sa vie passagère, les changea dans sa puissance et bonté infinies en soutiens et stimulants de la vie qui ne passe pas. Depuis 2000 ans, les générations chrétiennes puisent dans le sacrement du pain et du vin l’aliment de leur vie spirituelle (…). Le travail de l’homme et le fruit de ses efforts servent à l’action de grâce, à l’adoration, à l’expiation et à la prière ; ils préparent la matière qui sera convertie en nourriture et en boisson pour la vie de l’âme. »8

 

… malheureusement dévoyé

  L’Eglise enseigne que « la gourmandise est l’amour déréglé du manger et du boire. (…) En ce qui concerne le boire elle se manifeste sous deux formes :

  • l’ivresse quand il s’agit d’un acte transitoire (péché) ;
  • l’ivrognerie (parfois appelé alcoolisme) quand il s’agit de l’habitude de boire (vice).»9

 

  « L’action raisonnable et librement ordonnée à une fin constitue la caractéristique de l’être humain. (…) De plus, il est tenu de conformer toutes ses actions aux exigences de l’ordre moral. Étant donné que les dynamismes naturels et les instincts aveugles sont impuissants à assurer par eux-mêmes une activité ordonnée, l’usage de la raison et des facultés supérieures s’avère indispensable, tant pour percevoir les normes précises de l’obligation, que pour les appliquer aux cas particuliers. De là découle l’obligation morale de ne pas se priver de cette conscience de soi sans vraie nécessité. Il s’ensuit qu’on ne peut troubler la conscience ou la supprimer dans le seul but de se procurer des sensations agréables, en s’adonnant à l’ivresse ou en absorbant des poisons destinés à procurer cet état, même si l’on recherche uniquement une certaine euphorie. »10

 

  Aux effets physiques listés ci-dessus, ajoutons les conséquences morales suivantes de l’ivresse ou de l’ivrognerie : impureté – « Ayant bu du vin, Noé fut enivré et se dénuda. » (Gn 9,21), abrutissement, pauvreté – « restera indigent qui aime les plaisirs, point ne s’enrichira qui aime vin et bonne chère (Pr 21,17), bouffonnerie (recherche immodérée des jeux, des plaisanteries et de tout ce qui peut exciter le rire chez les autres), loquacité (quand l’homme qui a trop mangé ou trop bu parle sans discernement, révèle tout ce qu’il devrait taire, il manque à la réserve qu’il devrait garder), querelles, violences, parfois meurtre. « L’ivresse excite la fureur de l’insensé pour sa perte, elle diminue sa force et provoque les coups. » (Si 31,30).

 

  Voici ce que le saint Curé d’Ars disait: « Il n’en est pas de l’ivrognerie comme des péchés qui, avec le temps et la grâce se corrigent. Pour celui-là, il faut un miracle de la grâce, et non une grâce ordinaire. Me demanderez-vous pourquoi les ivrognes se convertissent si rarement ? En voici la raison : c’est qu’ils n’ont ni foi, ni religion, ni pitié, ni respect pour les choses saintes. Rien n’est capable de les toucher et de leur faire ouvrir les yeux sur leur état malheureux. »11

 

  Ces effets se font aussi sentir à l’échelle du foyer familial et de la société. « L’alcoolisme brûle les veines de tout un peuple ; il épuise la race bien plus profondément que le carnage des batailles. »12

A celui qui sait qu’il ne peut résister à la tentation, on ne peut que donner le conseil de la fuite. Fuir devant une occasion très prochaine de tomber est un acte de courage qui se demande dans la prière.

 

  Pie XII disait : « Dans plus d’un pays du monde, l’intempérance dans la boisson, conduisant aussi souvent à l’alcoolisme, est devenu aujourd’hui une cruelle menace et une réelle tragédie spirituelle pour des milliers d’âmes. Qui fera le compte des foyers brisés par ce péché ? Qui mesurera la somme de biens pour les âmes auxquelles ce péché a fait obstacle ? C’est un mal social et une destruction spirituelle qui réclament l’étude éclairée et le zèle dévoué de tout apôtre, laïc et ecclésiastique. »13

Et de conclure : « Comment rester indifférent devant les terribles conséquences physiques et morales de l’alcoolisme ? »8

 

En conclusion

  Laissons au pape Pie XII le mot de la fin « Il peut certes y avoir de sérieuses raisons de se priver de vin, raisons de prudence personnelle, d’amour du prochain, de réparation religieuse pour ses propres fautes ou pour celle des autres. Sous cet aspect, beaucoup ont fait et font encore de bien graves sacrifices. Mais il est néanmoins légitime de mettre en évidence de façon aussi scientifique que possible, les hautes qualités alimentaires et hygiéniques du vin. Nous sommes persuadés qu’en cela vous rendrez service à l’humanité, car en même temps vous aiderez à préciser la mesure hors de laquelle l’usage de toute créature est un abus. »8

  « Avec le vin ne fais pas le brave, car le vin a perdu bien des gens » (Si 31,25).

  Et saint Paul : « Que vous mangiez, que vous buviez, (…) faites tout pour la gloire de Dieu. » (1Co 10,31)

Dr L

 

1- Recommandations de la SFA 2003 – Les mésusages d’alcool en dehors de la dépendance. Usage à risque – Usage nocif. Alcoologie et Addictologie 2003 ; 25 (4S) : 1S-92S

2- Bulletin épidémiologique hebdomadaire – Février 2019. Santé publique France.

3- Enquête Santé Publique France, recueil du 30 mars et 1er avril 2020

4- Recommandation de bonne pratique 2014 – Mésusage de l’alcool : dépistage, diagnostic et traitement. Alcoologie et Addictologie. 2015 ; 37 (1) : 5-84

5- L’unité de mesure servant à définir les seuils de risque en France est le verre-standard, défini par une quantité d’alcool pur de 10 grammes, correspondant approximativement à 10 cl de vin, à 25 cl de bière à 5 % vol, ou à 3 cl d’alcool à 40 % vol.

6- Précis de médecine préventive. Docteur PH Haddad. 1949. Chapitre 15 – Fléaux -sociaux alcoolisme.

7- L’année liturgique. Dom P Guéranger. Tome V : Le carême. p4.

8- Allocution au septième congrès de la vigne et du vin. Pie XII. 16 septembre 1953 (Trad Fr O.R. 18 septembre 1953)

9- La doctrine catholique. Auguste Boulenger. 1917. Réédition CLOVIS 2020.

10- Discours à des médecins sur les problèmes moraux de l’analgésie. Pie XII. 24 février 1957.

11- Sermons de Jean-Baptiste Marie Vianney, pauvre curé d’Ars. Robert Morel éditeur. 1965

12- Hauts les cœurs ! Mgr Julien, (1ère série)

13- Allocution à des pèlerins irlandais. Pie XII. 13 septembre 1956. (Trad fr O.R. 6 octobre 1956).