La peur du climat

Des journaux ont titré : « Pourquoi la France va devenir une fournaise ? », « Une dernière chance ! », « La moitié de l’humanité menacée ! » …

En entreprise, les cadres sont formés à « la Fresque du Climat ». Ils trient des cartes postales et les affichent dans « le bon ordre » : l’action de l’homme par l’agriculture et l’industrie aboutit au réchauffement climatique, aux inondations, guerres et famines… Le message est simple : le réchauffement climatique est l’urgence n°1 et l’homme en est coupable.

Ce catastrophisme ambiant se répand spécialement chez les jeunes provoquant, peur de l’avenir, augmentation des dépressions et des suicides, refus d’avoir des enfants, activisme violent.

La société de consommation

Sortons de la dialectique où il n’y aurait pas d’autre choix qu’un capitalisme libéral poussant à toujours plus de consommation, ou un socialisme centralisateur règlementant la vie quotidienne de chacun pour créer une nouvelle société. Les deux sont souvent alliés : des lobbies promeuvent des règlementations qui favorisent la vente de leurs produits en Occident et la délocalisation des productions dans des pays à faible coût de main d’œuvre et de moindre exigence…

Le catholique voit les choses plus simplement : il sait que la Création est l’œuvre de Dieu, qu’il doit la respecter et l’entretenir au bénéfice des générations futures. Il sait aussi qu’il doit travailler pour s’adapter aux évènements et faciliter une vie paisible en société et la protection des faibles contre les malheurs. Il s’intéresse à la vraie écologie et au climat selon sa responsabilité sociale.

Que veut dire « le réchauffement » ?

Plusieurs questions montrent que le sujet n’est pas aussi évident que le prétendent certains militants écologistes.

Les températures selon les régions et les saisons nous intéressent tous : habillement, agriculture, loisirs en dépendent. Une moyenne régionale a du sens, mais que veut dire une moyenne globale mondiale ? Pourtant, c’est cette moyenne mondiale qui est médiatisée !

Chacun comprend qu’il faut des conditions comparables pour faire des comparaisons valables. Or, les stations météo de 1900, alors à la campagne sont maintenant en ville, et de nombreuses régions du monde n’en avaient pas à l’époque. On parle de 1,5°C de plus en 150 ans1, mais il est courant de voir une température à Paris de 2°C à 3°C plus élevée qu’à 30 km dans la campagne. De multiples corrections sont donc appliquées sur les mesures, ce qui peut biaiser les résultats selon les objectifs de celui qui les choisit…

Le réchauffement qui semble exister est-il lié seulement à l’activité humaine ? Certains scientifiques en doutent. En effet, le Groenland2 a été ainsi nommé parce que c’était une terre verte en 985… Des études géologiques et historiques ont détecté des cycles chaud/froid environ tous les 400 ans en France : un « optimum climatique médiéval » (1050-1350) a été chaud, puis un « petit âge glaciaire » (1600-1800) a précédé la Révolution. Ne verrions-nous pas aujourd’hui le retour d’un cycle chaud en partie naturel ?

Pourquoi les médias ne parlent-ils pas de l’influence de l’activité solaire qui est en partie irrégulière (taches et éruptions solaires) ? 

 Affutons donc notre sens critique !

La montée des eaux est actuellement de 1 à 2 mm par an, soit 20 cm en 100 ans. Est-ce ingérable ?

Les célèbres ours blancs étaient 10.000 en 1960. Leur chasse a été interdite en 1973 : ils sont environ 25.000 aujourd’hui mais la propagande écologiste parle encore de leur prochaine disparition.

A l’été 1168, la Sarthe était à sec. En juillet 1183, on vendangeait en Champagne. La Seine gelait en 1656, 1709, 1788. N’étaient-ce pas des dérèglements climatiques ?

Le nombre de tornades aux Etats-Unis est stable depuis 40 ans, mais internet et la TV nous informent aujourd’hui immédiatement de chacune d’elles, ce qui peut nous inquiéter.

Mais n’oublions pas les vrais problèmes !

La Chine construit deux centrales au charbon chaque semaine3 ! La Chine représente déjà 50% de la capacité mondiale de centrales au charbon, l’énergie la plus polluante.

La production moyenne de déchets ménagers en France en 2015, hors recyclage, est de 271 kg par habitant, alors qu’elle était de 180 kg en 19604. Probable effet de la société de consommation et de la multiplication des emballages qu’il faut combattre.       

Pour tenir l’objectif de promotion mondiale des voitures électriques, il faudrait multiplier par 15 d’ici 2040 l’extraction minière et le raffinage du lithium (matériau essentiel des batteries, 50% des réserves mondiales sont en Chine5). Et l’environnement dans tout ça ?

Quelques conseils pour les pères de famille

Rappelons-nous donc la beauté de la création et notre rôle pour l’entretenir : apprenons à nos enfants à l’observer et la respecter6. Ne laissons pas le monopole de « l’écologie » aux activistes politisés et aux ennemis de la culture chrétienne.

Cultivons l’esprit de pauvreté et combattons l’esprit de consommation. Les familles nombreuses n’ont pas attendu les militants écologistes pour pratiquer le recyclage, la réparation, l’usage des mêmes vêtements, jouets et vélos par plusieurs enfants successifs !

« N’écoutons pas les oiseaux de mauvais augure qui annoncent constamment de mauvaises nouvelles ou la fin de tout… Entretenons la joie dans notre cœur en regardant les grâces reçues de Dieu » Abbé Troadec.

Comme plusieurs scientifiques, nous pouvons avoir des doutes légitimes sur les données, les méthodes d’analyse ou de simulation : la science n’a pas fini de comprendre ces phénomènes climatiques. Restons néanmoins prudents et équilibrés au travail ou en société sur ces sujets passionnels et facilement diviseurs. Si nos interlocuteurs ne sont pas sensibles à nos doutes, choisissons nos combats. Ne polluons pas l’ambiance et le bien commun par des oppositions bruyantes au tri sélectif ou à la température de 19°C dans les bureaux… Mieux vaut garder son énergie pour promouvoir la famille et la sollicitude envers les handicapés ou contrer la propagande du genre ou de l’euthanasie !

 

Hervé Lepère

1 On compare une mesure sur 10 ans (2011-2020) avec une mesure sur 50 ans (1850-1900)-GIEC.

2 Du vieux norrois Grœnland, lui-même composé de grœnn (« vert ») et de land (« terre »).

3 AFP-France 24 du 27/02/2023

4 ADEME-2021

5 IEA-International Energy Agency

6 Voir article « l’écologie en famille » dans ce numéro

 

Confiance au bureau et apostolat

Deux jeunes en début de carrière se retrouvent :

– Mes clients se plaignaient du service après-vente. Je n’en étais pas responsable, mais j’ai proposé des idées pour arranger les choses. Le patron l’a appris et il me propose de devenir responsable de ce secteur ! Une belle promotion !

– Tu es fou, ça va être difficile ! Moi, je me contente de faire ce qu’on me demande. Je risque d’être mal vu si je donne des idées. D’ailleurs, mon patron est peut-être franc-maçon…

Un employé doit s’engager

Chers jeunes (et moins jeunes), une fois entrés dans le monde du travail, notre devoir d’état ne se limite plus à faire nos devoirs scolaires pour notre bien personnel, mais consiste à remplir notre rôle avec tous nos talents et à contribuer au bien commun. C’est un moyen de nous épanouir et de nous sanctifier.

Un catholique a de nombreux atouts pour y réussir : droiture, sens du devoir, courage et persévérance, honnêteté, humilité, respect des autres, charité, recherche du bien commun et non de son seul intérêt personnel, donc capacité à travailler en équipe, à supporter les caractères imparfaits, à s’entraider… Tous les patrons soucieux de la réussite de leur entreprise (même s’ils n’ont pas les mêmes idées religieuses ou politiques que nous) ont besoin de collaborateurs avec ces qualités ! ça tombe bien : nous les travaillons normalement déjà pour notre progrès moral et spirituel !

Le catholique, contrairement à ses autres collègues, sait que le péché originel existe. Il ne s’étonnera donc pas de croiser quelques clients ou fournisseurs malhonnêtes ou menteurs, des profiteurs ou des colériques, des patrons ou des subordonnés avec de gros défauts. Il pourra être déçu, il devra prendre des précautions pour éviter les situations où ces défauts se manifestent, mais il se maîtrisera ou se corrigera pour ne pas tomber lui-même dans la médisance, la colère, la vengeance, l’orgueil ou le découragement. Il saura pardonner et continuer à faire le premier pas pour le bien commun.

Le catholique sait qu’il doit garder un équilibre entre son devoir professionnel et ses devoirs familiaux et sociaux. Engagé à fond pendant ses heures de travail, il sait que la réussite professionnelle n’est pas le but de la vie et qu’il faut « chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste sera donné par surcroît ». Pour progresser, gardons du temps de réflexion et de formation, et soyons équilibrés. Restons raisonnables : si le travail nous envahit soir et week-end, c’est qu’il y a quelque chose à corriger en nous.  

Quelles belles occasions de progrès personnel dans notre engagement professionnel, dans les joies ou les croix ! Ayons donc confiance en nous, en nos talents et en l’assistance de la Providence : « Mais qui donc peut vous nuire, si vous vous montrez zélés pour le bien ? »1.               

Être un bon chef, c’est exigeant

Que vous dirigiez un stagiaire apprenti, une secrétaire, des bénévoles, une petite équipe ou plusieurs centaines de personnes, votre devoir de catholique sera d’être un bon chef ! Ce rôle est déterminant pour créer les conditions du bien commun. Le bien commun de l’entreprise et le développement personnel des collaborateurs sont non seulement des conditions de succès, mais une contribution au règne du Christ-Roi dans la société. Ne soyons donc ni le chef tatillon, ni le laxiste, mais visons haut pour chacun de nos collaborateurs et dans les objectifs collectifs.

« Chaque évènement quotidien, chaque parole, chaque décision est l’occasion d’un éveil de la vie ou d’une fermeture et d’un repli sur soi (de nos collaborateurs). Aucun instant n’est jamais neutre.»2

Le rôle du chef, grand ou petit, est essentiel pour permettre à chacun de donner le meilleur de lui-même et de progresser dans le respect des valeurs morales. N’attendons pas que nos supérieurs soient parfaits pour jouer notre rôle de chef catholique3 à notre niveau ! Voici quelques pistes de réflexion. « Il existe un consensus autour de 4 fondamentaux pour avoir des salariés impliqués et pleins d’initiatives : simplifier le travail, partager l’information, donner autonomie et autorité, considérer les personnes en tant qu’êtres humains. Mais pour être féconds, ces principes doivent s’imposer à tous les étages de l’organisation et rester liés les uns avec les autres.»4

Nous le sentons : pour bien remplir notre rôle de chef, il ne suffit pas d’avoir des talents innés, ni de travailler sur nos propres vertus, il faut aussi nous former voire nous faire aider. Le catéchisme ne suffit pas ! Connaissons-nous suffisamment la doctrine sociale de l’Église ? Elle nous éclairera sur les droits et devoirs de chaque membre de l’entreprise et de la société.

Des témoignages de patrons catholiques ou des formations5 nous seront également utiles. L’exemple de François Michelin (1926-2015) montre qu’on peut être catholique convaincu et propulser son entreprise au premier rang mondial !

L’apostolat par l’exemple

Employé ou patron, cent fois sur le métier il faut remettre l’ouvrage de notre progrès personnel, naturel et spirituel, et développer nos talents (souvenons-nous de la parabole…). Cet effort pour nous corriger de nos défauts – qui n’en a pas ? – sera aussi visible de nos collègues que nos qualités de chrétien : droiture, persévérance dans le devoir d’état et sens du service, charité par le souci du bien commun et attention à chacun, notamment les plus pauvres, défavorisés ou malheureux, avec le sourire que nous afficherons souvent ! Ce sourire doit être le reflet de notre âme, remplie de la grâce de Dieu.

« La première des conditions de travail, c’est le sourire du chef. Garder le sourire en toutes circonstances, c’est difficile quand, à la fatigue, s’ajoute l’inquiétude, les soucis, les ennuis. Rester détendu et bienveillant est pourtant nécessaire : la figure que le chef fait dans l’épreuve conditionne l’attitude de ses salariés.»6

Ces attitudes et ces sourires seront notre premier et plus efficace apostolat au travail ! Ils rendront possibles, pour quelques-uns, des discussions plus approfondies, des questions ou des conseils. Les grandes fêtes et les évènements familiaux, heureux ou tristes, qui frappent ceux que nous côtoyons et nous-mêmes, seront alors souvent des occasions d’aller plus loin de manière personnalisée et avec la confiance de notre interlocuteur.

 

Hervé Lepère

 

La confiance dans l’éducation, l’éducation à la confiance  

Thibaud est dans les derniers de sa classe de CM, il est brouillon et se fait remarquer par sa turbulence… Ses parents s’inquiètent devant lui : « que va-t-on faire de toi ? ». C’est pourtant un gentil garçon, obéissant,  et serviable. Mais sa maman, quelque peu perfectionniste, ne peut s’empêcher de passer derrière lui chaque matin pour tirer la couette un peu plus haut sur son lit, et mieux aligner les fourchettes et couteaux lorsqu’il a mis le couvert… Lorsqu’il bricole avec son père, les clous sont un peu de travers, ce n’est jamais assez bien fait : laisse-moi finir dit alors son père !

Thibaud voit que rien ne va jamais malgré ses efforts… C’est un cercle vicieux : un enfant qui a du mal, des parents qui s’inquiètent et ne supportent pas les imperfections, l’enfant qui se décourage et n’est sur le devant de la scène que lorsqu’il chahute… Comment va se passer l’adolescence ? Et après ? Il est urgent de briser ce cercle et de construire un chemin de progrès pas à pas en travaillant la confiance en complément du sens de l’effort.

La confiance en soi est nécessaire

La confiance en soi est une vision réaliste de nos capacités qui nous permet de mieux contrôler nos émotions, prendre des décisions, oser entreprendre et atteindre nos objectifs.

A contrario, on reconnaît le manque de confiance en soi dans la timidité excessive, la difficulté à faire des choix ou prendre des initiatives, la tendance à se comparer en permanence, la crainte d’être moins bon que les autres, la tendance à se sentir nul, l’évitement des situations de conflit, la difficulté à affirmer une opinion différente de celle du plus grand nombre et même la difficulté à accepter un compliment ou une critique. Si notre enfant, ou nous-mêmes présentons ces symptômes, travaillons à en corriger les racines ou à les dominer ! Comment, en effet, réussir sa vie et même rester catholique sans avoir confiance en soi ? Confiance en nous parce que le travail sur notre nature est réel et est accompagné par le soutien de la grâce de Dieu : « aide-toi, le Ciel t’aidera ! »

La difficulté est de concilier (et c’est possible !) le mépris de soi-même, la vraie humilité avec la nécessaire confiance en soi même, parce que nous reconnaissons les qualités que Dieu nous a données, les talents que nous devons faire fructifier par la grâce de Dieu et sa providence. Si vous vous rebellez et vous énervez pour abattre les obstacles ou si vous vous découragez face aux échecs, c’est peut-être un signe d’amour-propre et d’orgueil blessé… Si vous prenez du recul, cherchez conseil, ajustez votre manière de faire et repartez avec courage en comptant sur la grâce de Dieu et sur votre entourage, c’est au contraire bon signe !

La confiance dans les autres et dans les institutions

Chez l’enfant, la confiance en soi se développera grâce à une atmosphère de confiance réciproque avec ses parents, avec ses vrais amis, avec ses éducateurs, avec de bons prêtres, et par des expériences réussies qui l’encourageront.

Le père, en tant qu’autorité, a un rôle essentiel pour le développement de la confiance propre de l’enfant. Il devra développer et montrer sa confiance envers ses enfants, la pratiquer avec son épouse et les éducateurs, et travailler sa confiance en lui-même. Les grâces du mariage et les grâces d’état de la paternité lui sont données ainsi que ses qualités naturelles pour qu’il ait cette confiance.

La confiance commence entre époux, basée sur l’amour, le soutien mutuel, des règles de vie partagées, une communication ouverte et fréquente, la recherche de la finalité commune : conduire toute la famille au ciel.

Donner sa confiance appelle la confiance réciproque et le respect mutuel. En son absence, la méfiance, la peur et les rapports de force s’installeront et nuiront à l’ambiance de la communauté.

Faire confiance nécessite un effort  !

Faire confiance suppose que la finalité soit partagée, que les règles soient claires et explicites, que la personne ait la connaissance et les moyens suffisants pour y répondre. Il faut savoir dire : « je te fais confiance pour… » : mettre le couvert du mieux possible, rentrer à l’heure de chez tes amis…

La confiance n’exclut pas le contrôle, mais nécessite une grande justice dans les récompenses et les sanctions. Il est essentiel de féliciter l’enfant qui fait une bonne action ou un effort et a mérité notre confiance, au moins autant que l’on reprendra une bêtise ou une désobéissance en tenant compte des personnalités et des circonstances.

Un père perfectionniste voire trop « maternel », fera l’effort d’oser déléguer, s’organiser, lâcher prise et accepter les imperfections en encourageant plutôt la bonne volonté de l’enfant. Il devra valoriser la bouteille à moitié pleine, et non pas la bouteille à moitié vide !

Pour un père naturellement (trop) détendu, distant ou flegmatique, il s’agira de créer des occasions de mettre les enfants en situation de responsabilité, de s’impliquer pour apprendre à ses enfants à affronter des situations nouvelles, des techniques nouvelles et à s’en sortir avec la joie d’avoir réussi !

Développer la confiance de l’enfant en lui-même

Selon ses compétences, chacun trouvera les occasions d’apprentissage par étapes correspondant aux qualités de l’enfant : dans le bricolage, l’enfant commencera par visser vis et boulons, avant d’apprendre à manier la perceuse… Le père commencera par montrer le perçage du 1er trou. Il saura accompagner du geste ou de la voix les trous suivants percés par l’enfant – dans le garage pour ne pas craindre un raté trop visible dans une chambre. Il valorisera ce qui s’est bien passé, indiquera des manières de faire mieux. Puis, il s’occupera d’autre chose en restant proche en cas de besoin. Au bout de quelques séances, l’enfant sera autonome, il en sera fier, il n’aura plus peur de mal faire et saura prendre des initiatives avec confiance.

Le schéma peut être similaire au jardin : passer la tondeuse, tailler les haies puis les rosiers, couper du bois : à la main, à la scie, à la tronçonneuse…La méthode vaut aussi pour les jeux et les services à la maison, la cuisine, la décoration, la mécanique auto, le sport, la musique, le soin des animaux éventuels… L’enfant apprend en même temps une technique et la confiance en lui : ne séparons pas ces deux apprentissages ! Ne confondons pas l’important – sa réussite, sa performance – avec l’essentiel – son développement personnel qui le prépare à l’avenir ! L’enfant apprendra par ses échecs, s’ils ne sont pas permanents et s’il est aidé pour en tirer les leçons, autant que par ses réussites.

Les mouvements scouts et les bonnes écoles, utilisent cette pédagogie du développement de l’autonomie, sous le tutorat des plus expérimentés et apportent un complément utile à la famille pour que les enfants prennent confiance en eux et se préparent ainsi à l’autonomie de l’âge adulte.

Regardons-nous un tailleur de pierre selon son apparence de vulgaire casseur de cailloux ? Il est meilleur d’y voir le constructeur de cathédrales pour l’éternité.

 

Comment regardons-nous nos enfants ? Comme des bébés attardés, comme des ados (un peu) en crise, ou comme l’élite catholique de demain ?

Certes, il faut un peu d’imagination pour voir au-delà du présent ! Et il faudra beaucoup de patience et d’effort. Mais la vision du but ultime va nous guider dans l’éducation. Nous trouverons ainsi la voie qui conduira chaque enfant à tenir sa place dans la société et dans l’Eglise, puis au ciel, celle qui lui apprendra la fidélité, la fierté, la confiance en lui parce qu’il sait qu’il s’appuie sur une bonne formation, une famille, de bons amis, de bons prêtres, et la grâce de Dieu.

    Hervé Lepère

 

Apprendre à voir le beau !  

Une enfant admire une poupée Barbie : « elle est trop belle ! »  Une maîtresse moderne s’extasie devant un gribouillage d’enfant aux couleurs agressives : « bravo, c’est très beau ! »

Un jeune homme remarque une silhouette élancée et apprêtée : « elle est belle ! » C’est peut-être une jolie fille, mais s’il s’avère que c’est une pimbèche ou une précieuse, dirons-nous encore qu’elle est belle ? De tous temps, la femme a été le symbole de la beauté. Mais croyons-nous les magazines qui réduisent la beauté féminine à un physique et à son rituel de beauté : maquillage, soins et parfums ?

Ne laissons pas nos enfants croire que la beauté est une question d’émotion, que des goûts et des couleurs, on ne peut pas discuter, car c’est une question personnelle. Dire que le Beau tient seulement à l’opinion que chacun s’en fait, revient à dire que le Beau n’existe pas.

Ce n’est pas parce qu’un aveugle ne le voit pas que le paysage n’est pas beau, ni parce qu’un ignorant n’en saisit pas le sens qu’un poème est moins beau !

Il nous faut donc ouvrir notre regard à la lumière et éduquer notre intelligence pour voir et aimer le Beau.

 

Voir la beauté dans des genres variés

La beauté d’un paysage n’est pas la même que celle d’une démonstration mathématique, d’un acte de générosité, ou d’un être humain. On parlera même d’une belle récolte, d’un beau chahut ou d’une belle mort…

Quel est le point commun ? En s’inspirant de la tradition Thomiste, disons que plusieurs éléments sont nécessaires pour faire une chose belle : sa perfection (ou plénitude) par rapport à sa finalité, l’harmonie ou les proportions dans la variété des aspects qui la composent, la splendeur ou l’éclat de sa forme : notre intelligence aime la lumière et l’intelligibilité.

Ainsi une maison qui remplit visiblement sa finalité d’être le foyer chaleureux où l’on se retrouve, un lieu qui favorise le repos, et un lien agréable avec son environnement, exprimera une certaine harmonie. Si elle a un certain éclat, sans excès, la maison sera belle.

En revanche, les quartiers modernes aux immeubles composés comme des assemblages irréguliers de cubes de béton, construits par ceux qui pensent que « la maison est une machine à habiter » (Le Corbusier) ne génèrent ni beauté ni bien-être ! Leurs inventeurs se sont trompés de finalité, l’harmonie est absente, le matérialisme utilitariste domine.

« Le Beau, c’est la splendeur de la perfection, ou si l’on aime mieux, la splendeur de l’idéal »1.

 

Apprendre le Beau à l’extérieur

Nous comprendrons progressivement ces notions abstraites lors de visites culturelles ou de promenades dans la nature. Ainsi, nous saisissons bien la plénitude d’une cathédrale. La cathédrale est tout ce qu’elle doit être et possède tout ce qu’elle doit avoir : la capacité de rassemblement, l’hébergement des saintes espèces. C’est le lieu du sacrifice, de la prière, du culte, du mystère, de la prédication… Elle est construite pour la gloire de Dieu et exprime la piété d’un peuple.

Elle nous transporte de l’harmonie et du symbolisme de ses lignes, de son plan et de ses proportions, de sa décoration instructive (vitraux ou statues), de sa lumière ou de sa pénombre qui aident à la prière et au recueillement.

De l’extérieur, elle est un haut lieu de la ville qui attire les regards. Surabondante plénitude, pleine d’harmonie et de splendeur qui en fait sa beauté2.

Apprenons progressivement à nos enfants à voir ces différents aspects : plénitude par rapport aux finalités, harmonie, splendeur. Prenons-nous aussi le temps de regarder et d’apprendre à observer, à élargir les horizons !

Bien sûr chacun a ses dons, ses compétences, son caractère propre et sa forme de culture personnelle. Certains seront plus à l’aise pour mettre en valeur les merveilles de la nature, pour reconnaître les arbres à leurs feuilles ou les pics montagneux à leur profil, d’autres face aux œuvres d’art, à la musique, à la littérature ou aux sciences… Commençons à la maison, chacun à notre place.

 

Apprendre le Beau à la maison 

L’enfant baigne dans l’atmosphère de la maison. Il s’en imprègne. Jour après jour son intelligence est marquée par ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il dit à la maison. Elle est ainsi fortifiée, assouplie, rassurée ou hélas faussée, racornie.

De l’extérieur, l’enfant rapporte beaucoup de faux trésors : publicités, chansons, attrait des jeux vidéo, fascination pour des vedettes sportives ou musicales, pour des camarades qui osent ce qu’on ne fait pas à la maison… Il faut lui apprendre à trier, à voir et à choisir la beauté : beauté des œuvres matérielles, beauté du travail bien fait, beauté des vertus et de l’amour.

Pour cela rien de tel qu’un climat d’équilibre et de joie, un cadre aimé et harmonieux, quelques belles choses selon les moyens de chacun, des conversations animées et proportionnées aux âges et aux circonstances. Tout ceci, avec sérénité, soutiendra la recherche et l’effort vers le Beau, mais aussi le Vrai et le Bien.

« Quand le Beau vient joindre son éclat séduisant au Vrai et au Bien, l’un et l’autre ne gagnent-ils pas plus aisément, plus sûrement notre cœur ? »1.

C’est pour cela que la peinture de Fra Angelico nous paraît si belle : « d’une manière qui ne cesse de nous étonner, l’œuvre de Fra Angelico est à la fois plus ancrée dans la réalité humaine, que celle, souvent très idéalisée et très statique de ses prédécesseurs, et beaucoup plus immatérielle (…) Dans sa peinture comme en théologie, la grâce n’ignore ou ne détruit pas la nature, elle la couronne ». « Telle est la gloire de Fra Angelico d’être le peintre qui pour le plaisir de nos yeux et surtout le bonheur de nos âmes nous aura entrouvert le ciel pour nous le faire voir »3.

Les hommes ont besoin de l’enthousiasme du Beau pour surmonter les défis qui se posent à eux. Le Beau est une voie d’accès à la réalité la plus profonde de l’homme et du monde, et ainsi à Dieu. Donnons du Beau à nos enfants et à nos contemporains !

    Hervé Lepère

 

Parents – école : une cohérence indispensable  

Lors de conversations récentes, j’ai été frappé que trois amis me rapportent séparément le nombre beaucoup plus important d’enfants qui s’éloignent de la Foi et de la morale catholique chez leurs amis qui avaient choisi des écoles sous contrat, par rapport à ceux qui avaient fait l’effort d’écoles indépendantes (hors contrat). 

La cohérence nécessaire à notre équilibre

La cohérence dans notre vie nous fortifie et nous permet d’aller plus loin ! A l’inverse, que de souffrances et de fragilités lorsque nous sommes en proie à des conflits intérieurs, des conflits d’autorité, des conflits de personnes… La cohérence entre la famille, l’école et l’Eglise est donc fondamentale pour la réussite de l’éducation des enfants et la construction de personnalités équilibrées.

En effet, la Foi doit s’incarner dans notre vie. Le laïcisme, ou l’œcuménisme moderniste de la plupart des écoles sous contrat, va au contraire couper le naturel du surnaturel ; ils introduisent dans l’âme de l’enfant une séparation qui va à l’encontre de la nécessaire unité de l’être humain. Consultez les manuels scolaires modernes pour voir combien ils s’opposent souvent frontalement à la doctrine catholique et aux traditions de la culture française ! 

Ensuite, la neutralité dans l’enseignement n’existe pas. Du fait du contact fréquent et de leur répétition, les opinions de l’enseignant vont marquer les enfants : sélection, analyse, interprétation, commentaires sur tous les sujets abordés en cours, qui en seront imprégnés.

Enfin, l’adolescent se formera en étant familier de références cohérentes, qu’il affrontera parfois, mais en sachant qu’elles sont importantes. Sans références, l’adolescent devient au mieux un libéral, relativisant toutes choses jusqu’à la Vérité même puisque chacun peut se construire ses propres valeurs.

Rien sans effort ou sacrifice

Il peut falloir accepter la séparation pour la pension, ou des kilomètres de trajet, des scolarités qui pourraient être le plus gros budget de la famille… Mais quelles récompenses que ces sacrifices qui contribuent à la cohérence dans l’éducation !

Joie de voir souvent dès les premiers mois dans une bonne école, les enfants s’épanouir, se développer dans un environnement cohérent avec celui de la famille ; dépasser leurs parents en science ou en piété.

Satisfaction plus tard lorsque les jeunes adultes restent fidèles à la Foi et à la Morale, rayonnent dans la société et avec de bons amis, puis s’engagent solidement dans la vocation ou le mariage.

Récompense éternelle au ciel, bonheur de pouvoir dire « j’ai transmis ce que j’ai reçu » et remercier pour les grâces de Dieu qui n’ont pas été vaines. Si l’un des enfants vacille, les fondations posées lui donneront l’occasion de revenir plus facilement dans le droit chemin, le moment venu. 

La cohérence concrète : s’engager jusqu’au bout !

La première résolution essentielle, après avoir choisi une bonne école est de s’abstenir de toute critique à l’extérieur comme devant les enfants. La perfection n’existe pas dans les œuvres humaines ! Souvenons-nous que la médisance est un péché. En se propageant, la critique s’amplifie comme la rumeur… Une critique sur le caractère d’un professeur peut se transformer après deux intermédiaires en « un ami de mon ami n’est pas satisfait de l’école ». Ce qui fera peut-être renoncer des parents hésitants. Selon l’enseignement de saint Thomas d’Aquin, sachons donc voir le bien avant de noter les imperfections ! 

N’abîmons pas chez les enfants la confiance due aux autorités et professeurs ! Veillons plutôt à ce que les priorités, les règles de vie spirituelle, de comportement en famille, de tenue à la maison soient cohérentes avec celles de l’école.

Il y a souvent des difficultés réelles à payer les scolarités, pourtant cela reste un devoir majeur. C’est justice pour que la structure de l’école et les enseignants puissent vivre normalement (certains ont aussi une famille à nourrir !). Voyons ces versements comme un investissement dans ce que nous avons de plus précieux : nos enfants et leur salut éternel. Le retour sur investissement n’est pas immédiat, mais il est réel ! Le Bon Dieu nous récompensera au centuple.

J’ai pu admirer des parents qui sacrifiaient leur train de vie, recouraient sans honte aux banques alimentaires, trocs de vêtements, astuces et entraides entre familles, ainsi qu’aux bourses pour financer les scolarités. Certains ont terminé de payer leurs scolarités plusieurs années après que leur dernier enfant a quitté l’école. Que dire, en revanche, de ceux dont les enfants portaient des vêtements neufs de marques à la mode et qui ne payaient pas leurs factures ? Ces mêmes années, des religieuses se sont contentées plusieurs jours de suite, d’une simple soupe le soir, pour que leurs pensionnaires ne manquent de rien et ne s’aperçoivent pas des difficultés…

Heureusement, plusieurs œuvres ont développé des bourses d’entraide1, qu’il faut penser à solliciter. Que ceux qui en profitent en fassent la publicité autour d’eux, pas seulement pour trouver de nouveaux bénéficiaires, mais surtout de nouveaux généreux donateurs : parrains et marraines, oncles et tantes, grands-parents, jeunes célibataires diplômés dont le salaire dépasse largement les besoins. N’ayant pas encore d’enfants, ils ne pensent pas à donner à ces œuvres, et à bénéficier de l’avantage fiscal s’ils payent des impôts2. Plus il y aura de donateurs, plus les familles seront aidées !

Même si nous payons les scolarités à l’heure, ne prenons pas une mentalité de consommateur américanisé qui négocie tout, commente les défauts des produits ou des employés sur internet et multiplie les réclamations !

 

Participer à la vie de l’école, comme à une vie de famille

L’école catholique est si nécessaire à l’éducation que notre reconnaissance doit aller au-delà de la contribution financière. Nos enfants comprendront la valeur de leur école en voyant leurs parents participer systématiquement aux évènements : spectacles, fêtes religieuses ou kermesses, réunions de formation, rencontres avec les professeurs, ventes diverses, travaux… Même lorsque les dates ne nous arrangent pas.

Apprenons à nos enfants à remercier leurs éducateurs principaux par une petite lettre ou carte postale pendant l’été ou les vacances de Noël.

Les éducateurs qui se dévouent, parfois jour et nuit, apprécieront ces témoignages. Ce sont des hommes et des femmes qui sacrifient leur vie pour nos enfants ! Ils méritent notre attention.

 

Et si ce n’est pas possible ?

Lorsque la scolarité dans une vraie école catholique n’est pas possible, les parents devront redoubler d’efforts pour être disponibles à tout instant pour questionner, écouter, corriger, répondre aux questions, éclairer à la lumière de la foi à transmettre. De même, il y aura encore plus nécessité de mieux sélectionner les fréquentations familiales ou amicales et d’orienter le choix  des enfants vers des activités qui développeront leurs qualités morales et spirituelles.

« Les catholiques ne s’emploieront jamais assez, fût-ce au prix des plus grands sacrifices, à soutenir et à défendre leurs écoles, comme à obtenir des lois justes en matière d’enseignement. Ainsi, tout ce que font les fidèles pour promouvoir et défendre l’école catholique destinée à leurs fils est œuvre proprement religieuse, et partant devient un effort essentiel de l’action catholique (…) Qu’il soit donc proclamé hautement, qu’il soit bien entendu et reconnu par tous que, en procurant l’école catholique à leurs enfants, les catholiques de n’importe quelle nation ne font nullement œuvre politique de parti, mais œuvre religieuse indispensable à la paix de leur conscience ».3 

Le pape Pie XI nous confirme ainsi qu’en choisissant d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, le reste nous sera donné par surcroît !

 

    Hervé Lepère

 

1 MCF Mouvement Catholique des Familles, ADEC, Fondation pour l’Ecole…

2 Ils bénéficient d’une réduction d’impôt de 66% du montant du don. Donner 100€ leur coûte seulement 34 € !

3 Pie XI, encyclique Mediator Dei

 

Le rôle du père dans les fiançailles  

Renaud et Elodie annoncent leurs fiançailles, toute la famille se réjouit : ils vont si bien ensemble ! Les parents se préoccupent d’organiser la réception… Au milieu de ces activités, qui s’ajoutent à celles d’un quotidien déjà chargé, Patrick, le père de famille réfléchit à la manière de jouer son rôle de père dans cette étape. Thomas, un oncle, se demande si son fils aîné de 12 ans fera un jour un si bon mariage… Renaud, le fiancé, commence à réaliser qu’après l’euphorie du mariage, il sera à son tour père…

Trois étapes de la vie pour lesquelles cet article peut éclairer ou aider à réfléchir. 

Réussir les fiançailles commence avant les fiançailles !

C’est avant de se fiancer qu’un jeune homme ou une jeune fille se forme, réfléchit, pèse et prie pour faire le bon choix, le moment venu1. De même, c’est avant que les enfants se fiancent qu’un père de famille doit contribuer à les préparer. Vu l’enjeu, mieux vaut s’y prendre à l’avance !

Dans son ménage, le père ne se contente pas d’être « nourricier », de travailler pour procurer le quotidien. D’ailleurs, la mère est très présente sur ce créneau. Le père est aussi un passeur, un préparateur de l’avenir ! Il oriente et prépare ses enfants pour qu’ils accomplissent leur destinée, leur mission dans le monde pour qu’ils l’améliorent par leur future famille, leur travail, leur action dans la société, leur apostolat. Il les enracine dans leur histoire et dans la tradition pour qu’ils portent du fruit à leur tour le moment venu.

« Que dans la famille, sous la vigilance des parents, s’élèvent des hommes de caractère loyal, de droiture valeureuse, qui soient un jour des membres utiles et irréprochables de la société humaine, virils parmi les conjonctures joyeuses ou tristes, obéissants aux chefs et à Dieu : c’est la volonté du Créateur » disait Pie XII le 13 Mai 19422

Gustave Thibon3 nous éclaire sur les vertus particulières nécessaires pour réussir un bon mariage : « Pour être pleine et féconde, l’union des époux doit reposer sur quatre choses que je sépare pour les besoins du discours, mais qui dans la vie s’amalgament jusqu’à l’identité : la passion, l’amitié, le sacrifice et la prière ».

Le père de famille, avec son épouse, aura donc eu soin de se soucier de l’éducation de la volonté (Aimer, c’est vouloir le Bien, parfois jusqu’au sacrifice), du jugement, de la vie spirituelle et de l’équilibre affectif de ses enfants. L’exemple du père lui-même, l’esprit de famille, la paroisse, le choix des écoles, des camarades et amis, donc le choix des activités de loisir ou militantes, auront une influence déterminante pour imprégner puis former le caractère et les inclinations des enfants et adolescents avant l’âge des grands choix de vie.

La complicité du père pendant les fiançailles

Chers pères de famille, si vous avez fait cela, malgré certaines imperfections, si vos enfants cherchent à bien faire, à leur manière, mais sous l’éclairage de la Foi catholique, ayez confiance dans les grâces du sacrement de mariage dont vos enfants vont bénéficier en abondance ! Vous franchissez une étape décisive de votre rôle de passeur, elle comporte ses joies nécessairement mêlées à un effort de détachement.

Au-delà des bons conseils de l’article « notre enfant se fiance » dans ce numéro, signalons quelques points particuliers pour le père de famille.

Dans son rôle de préparateur de l’avenir, le père doit voir loin, parfois plus loin que son épouse. Celle-ci peut avoir un effort à faire pour se détacher affectivement de son enfant, qui va quitter père et mère. Le père redoublera donc d’attention pour soutenir son épouse dans ce détachement, ainsi que dans les soucis matériels. Il aidera à discerner les qualités qu’apportera la future belle-fille ou le futur gendre.

Avec son enfant fiancé, le père aura intérêt à susciter quelques moments de complicité en tête à tête. Ils seront l’occasion d’aller à l’essentiel, d’écouter l’enfant parler de ses projets, des qualités de son futur conjoint et de la belle-famille, de l’encourager à la vertu, à la prière en commun et au sacrifice notamment en gardant une pureté sans tache. Le père aidera ainsi son enfant à se concentrer sur l’aspect spirituel du mariage.

Avec un fils, le père prendra enfin un moment pour quelques conseils d’homme à homme. Il pourra lui rappeler les différences de physiologie et de psychologie entre l’homme et la femme, qui influent sur nos comportements. Il mentionnera l’importance pour l’homme de se donner à son épouse, et de résister à la tentation de la posséder égoïstement.

Quant aux fiancés, naturellement focalisés sur leur future moitié, qu’ils gardent de la délicatesse avec ceux qui les entourent et les aident ! Les parents peuvent être immédiatement ravis surtout lorsqu’ils connaissent déjà le nouveau venu. Mais ils pourraient aussi être surpris et ne pas voir immédiatement les « innombrables » qualités du futur conjoint. Que les fiancés cherchent à les comprendre et restent attentifs aux réflexions et conseils ! Eux, les fiancés, ont eu le temps et la grâce de se découvrir, de développer une admiration, une affection puis un amour mutuel, d’acquérir la certitude que leur futur mariage correspond à la volonté de Dieu4. Les parents n’ont eu ni ce temps, ni cette grâce à la place de leurs enfants : ce ne sont pas les parents qui sont appelés à ce mariage, mais les fiancés ! Dans tous les cas, en exerçant la vertu de prudence, les parents conseilleront, approuveront, questionneront voire diront leurs réticences à leur enfant, c’est leur devoir.

Pour tous, les fiançailles seront l’occasion de faire évoluer leur regard sur le futur conjoint. Les fiancés en particulier, initialement éblouis par l’autre, se rappelleront ce conseil de Gustave Thibon : « l’authentique amour nuptial accueille l’être aimé, non pas comme un Dieu, mais comme un don de Dieu où tout Dieu est enfermé. Il ne le confond jamais avec Dieu, il ne le sépare jamais de Dieu ».

    Hervé Lepère

 

1 Voir le précédent numéro Foyers Ardents 34

2 Radio-message au monde

3 Ecrivain-Philosophe (1903-2001) in « Ce que Dieu a uni »

4 Recollections pour fiancés :

  • au Moulin du Pin (FSSPX) Tel : 02.43.98.74.63.
  • A Mérigny : noviciatndaa@orange.fr ou 05 49 64 80 20 (Samedi 17 et Dimanche 18 Septembre 2022, Mars et Mai 2023.) a
  • Sessions de fiancés du MCF Mouvement Catholique des Familles, à l’école St Michel (36130 Montierchaume, acprès de Châteauroux) : contact@m-c-familles.fr ou 01 75 50 84 86 (Samedi 5 et Dimanche 6 Novembre 2022 – Samedi 11 et Dimanche 12 Février 2023)

 

Rendre possible le choix du bonheur

Mon fils Renaud a déjà 30 ans et ne se décide pas à se marier. Il reste dans son train-train confortable : son travail, sa voiture, son appartement et de bonnes amies… Se donner ? S’ouvrir à d’autres groupes d’amis ? Pour lui, l’effort n’en vaut pas la peine…

Marc, le mien a mis plusieurs années avant d’accepter sa vocation…

  C’est un fait, s’engager à des fiançailles puis au mariage, ou répondre à l’appel de la vocation sacerdotale ou religieuse, est une décision qui va changer le cours de notre vie. Il y a de quoi hésiter, douter, ne pas se sentir capable…

Comment se préparer pour se décider, au bon moment, sans hésitation ni faiblesse ? Le choix décisif nous mettra dans la voie du bonheur, le bonheur de savoir que nous faisons la sainte volonté de Dieu.

 

Se détacher, se donner, persévérer

  Dire « oui, je le veux », nécessite un triple effort : se détacher de son propre confort individualiste pour se donner par amour et pour persévérer dans les joies, les peines et les sacrifices de chaque jour.

  Que nous le voulions ou non, l’époque dans laquelle nous vivons nous influence tous. Elle encourage la satisfaction prioritaire des envies individuelles de confort, de consommation, d’indépendance, d’épanouissement égoïste, de loisirs… Sans nous en rendre compte, nous pouvons élever nos enfants comme s’ils devaient faire le bien naturellement ; nous sommes plein de bonnes intentions et de belles paroles, mais ne voulons pas de contrainte, pas d’effort régulier. Alors, nous sommes déçus lorsque le bien ne résulte pas naturellement de cette éducation sans rigueur. André Charlier en indique les conséquences dans sa « lettre aux parents » :

« Vos enfants ne comprendront rien à l’action de la grâce en eux, ils ne l’apercevront même pas car, lorsque la grâce nous demande quelque chose, c’est ordinairement quelque chose qui coûte : alors ils ne sauront pas lui répondre, ou bien répondront par un refus. »

 

Apprendre à savoir faire un bon choix

  Pour savoir faire le grand choix, exigeant et définitif le moment venu, il faut donc s’habituer à, régulièrement, se détacher du confort du quotidien pour se donner à une belle cause. Le choix de faire, chaque année, le pèlerinage de Pentecôte – 3 jours complets – est le moyen idéal pour s’entraîner !

 

Le pèlerinage est en effet l’image de la vie, dans tous ses aspects : le spirituel, la vie en société dans une atmosphère de chrétienté regroupant des milliers de personnes, avec leur village de toile, la chaleur de l’amitié dans un chapitre, le silence parfois, la monotonie ou l’effort de chaque pas, image des multiples « oui » de chaque jour.

  Une heure de pèlerinage, c’est un jour de notre vie, certains plus faciles et joyeux, d’autres plus souffrants, tous pour Dieu et le prochain. Ce sont les joies, les peines et les sacrifices qui s’entremêlent. Peu importe, il faut se donner, il faut marcher, sourire ou pleurer, se ressourcer aussi pour pouvoir continuer. Chaque pas est une preuve d’amour, parfois facile, parfois difficile ; comme les petits gestes qui rendent un ménage heureux ; comme les attentions, le sourire, >>> >>> les paroles ou les prières qui vont marquer une rencontre, toucher un cœur et aider à sa conversion.

  Le pèlerinage de Pentecôte est plus complet qu’une retraite, où l’on se retrouve seul hors du monde (retraite cependant nécessaire), plus éducatif qu’un sport même intense qui ne reflète qu’un objectif humain externe à notre être, plus exigeant qu’un pèlerinage à Lourdes qui impose peu d’effort physique.

 

En faire un rituel annuel, pour se fortifier

  La régularité d’une pratique aide à persévérer. En faire un rituel est un moyen éducatif formidable.

Qui n’apprend pas à ses enfants à se brosser les dents chaque soir, à faire son lit chaque jour (même vite fait…), à aller à la messe le dimanche ? Au bout d’un moment, on ne se pose plus la question : le soir, dentifrice, le matin tirer la couette, le dimanche la messe… Un rituel approprié est un rempart contre les tentations, une rampe pour s’aider à monter l’escalier du ciel, un exercice d’assouplissement de notre volonté propre.

  Ainsi, prendre l’habitude de faire le pèlerinage de Pentecôte chaque année est formateur pour préparer les grands choix de la vie.

  Nous ne nous donnons pas le choix de ne pas répondre, ni l’excuse d’avoir mieux à faire. Nous ne nous exposons pas à la tentation de la faiblesse naturelle, celle qui nous empêche de répondre à l’appel de Notre-Dame.

  Décider de faire le pèlerinage, c’est s’entraîner au triple effort : se détacher pour décider puis pour partir sans confort, se donner à Dieu ou aux autres, persévérer pendant 72 heures. C’est découvrir la joie de l’effort accompli, des grâces spirituelles et des amitiés, c’est se fortifier en voyant cette foule immense : nous ne sommes pas seuls !

  Le faire chaque année depuis l’âge de 7 ans, c’est, au bout de 14 pèlerinages, en arrivant à l’âge du choix de vie, avoir imité la préparation de Notre Seigneur parti 40 jours au désert avant de démarrer sa vie publique. Quelle meilleure préparation ?

  Bienheureux ceux qui ne se posent pas la question « qu’allons-nous faire à la Pentecôte ? » Chez nous la Pentecôte, c’est pour Notre-Dame, c’est la solennité du Saint Esprit dont nous avons tant besoin pour nous éclairer et nous fortifier. Ils nous attendent ! Pas de question sauf en cas d’examen, de naissance, de mariage ou de décès !

 

S’organiser pour le Bien Commun familial

  L’exemplarité des parents aux yeux des adolescents vaut mieux qu’un long discours.

Il est rare que les deux parents puissent venir ensemble : d’abord parce qu’il faut garder les enfants trop jeunes, ensuite parce qu’il faut rester avec ceux qui préparent des examens… Un des deux parents viendra marcher avec les adultes s’il le peut, ou avec l’encadrement des enfants, ou aider à la logistique. Celui qui reste, par le sacrifice qu’il accomplit et parce qu’il est un seul cœur et une seule âme avec son conjoint,   n’en réalise pas moins un pèlerinage méritoire>>>  >>> pour toute la famille.

Si les enfants doivent aller seuls, nous chercherons des amis pour assurer les trajets avant que l’encadrement des chapitres enfants ou ados ne prenne le relais.

 

  Comment résoudre le problème financier ? Au-delà des efforts d’anticipation, ayons l’humilité de nous faire aider. Sollicitons grands-parents, parrains ou célibataires de notre entourage…Avec l’accord du prêtre, montons une collecte auprès des personnes âgées : elles financeront le pèlerinage de jeunes pèlerins, en échange de prières pour leurs intentions ! Je l’ai vu faire, c’est efficace !

  Entraînons-nous à répondre oui à l’appel du pèlerinage, ce oui qui nous prépare à prononcer, le moment venu, le grand oui de notre choix de vie.

 

« Ami, rejoins-nous sur le chemin,

Portant ton fardeau avec entrain,

Quitte la pauvreté du confort,

Reçois les richesses de l’effort1 ».

 

  Notre-Dame nous rendra au centuple cet effort devenu rituel. Rendez-vous au pèlerinage !

 

  Hervé Lepère

 

La confiance en soi par le jeu

           Hugues entre dans la chambre où ses trois aînés sont bruyants… Des cubes en bois sont mélangés avec les animaux de la ferme et les Playmobil. Le désordre n’est propice ni au calme ni au jeu. Au lieu de se fâcher, papa propose :

– Est-ce que je peux jouer avec vous ?

– Oh oui, mais on ne sait pas quoi faire !

– Voulez-vous jouer à faire un village ? L’un prend la ferme, un autre le commerce, un autre le garage ? Ou bien au Far West ?

– Moi, je fais un ranch avec les vaches ! Moi le shérif avec la voiture de police, moi les Indiens…Papa, vous serez le marchand.

 

  C’est parti ! L’enthousiasme est revenu, chacun construit son enclos, les figurines sont partagées… Les Indiens attaquent puis font la paix des braves sous le regard du policier nommé shérif aujourd’hui, l’institutrice appelle tout le monde en classe. De temps en temps, papa lance une idée : et si c’était la fête de la ville ? un ouragan arrive, que faisons-nous ? L’imagination est stimulée. Au bout d’une heure, papa disparaît sans bruit et le jeu continue sans lui toute l’après-midi.

 

L’importance éducative du jeu

  Qu’est-ce que le jeu sinon un effort plus ou moins spontané de la nature en vue d’exercer les puissances dont l’adulte aura un jour à se servir pour réaliser sa vocation d’homme1 ?

  Au-delà des bons souvenirs, il restera de ce moment un travail de l’imagination, de la collaboration en équipe et de l’habileté manuelle.

Dans ce jeu, le père aura eu l’occasion d’observer les tempéraments, s’affichant beaucoup plus librement que dans un travail scolaire encadré.

Ce jeu aura aussi manifesté l’amour du père pour les enfants, amour qui n’est pas seulement paroles ou embrassades. Un amour fait d’attention et de présence à l’autre, de volonté de lui faire du bien en respectant sa personnalité pour la faire grandir.

  « Saisir ce que doit être la présence du père auprès de l’enfant réclame de revenir à sa mission. Au père, il revient de développer chez l’enfant sa personnalité propre et sa dimension sociale, autrement dit sa liberté et sa responsabilité. L’action du père sur l’enfant consistera donc à forger sa volonté, tâche qui réclame l’éclairage de l’intelligence. Si l’intimité caractérise la présence maternelle auprès de l’enfant, la complicité caractérise celle du père. Le jeu en sera un moyen privilégié. Entré dans le monde de l’enfant par le biais du jeu, le père pourra, toujours sous forme ludique, le faire progresser dans son propre monde, à savoir celui de l’adulte : quelle fierté que celle de l’enfant qui, sous la conduite de la main paternelle, manie pour la première fois la brouette2 ! »

 

La confiance en soi

  La confiance en soi est le fait de se sentir capable de relever des défis à venir.

  Elle est donc indispensable pour rester en possession de ses moyens face aux difficultés inévitables de la vie. Elle aide à être pertinent dans ses démarches, à s’ouvrir à de nouvelles opportunités, à prendre de bonnes décisions et à oser prendre des risques.

  Comment s’engager pour la vie et être fidèle dans un bon mariage ou dans la vie religieuse sans un minimum de confiance en soi, bien sûr appuyée sur la confiance en Dieu ? Comment réussir dans la vie professionnelle et dans l’éducation des enfants sans cette confiance ? Cette qualité doit donc être travaillée dès le plus jeune âge.

Le jeu construit la confiance en soi

  Réussir un défi, recommencer après un échec, organiser ou simplement participer en groupe à un jeu donne confiance dans ses capacités intellectuelles ou physiques, dans son aptitude aux relations sociales ou à la persévérance.

 

  Selon l’âge, le père organise, suggère ou s’associe aux jeux. Il apprend les constructions en cubes ou en Légo, il participe aux cache-cache ou jeux de ballon. Il aide à démarrer des jeux inventés en s’adaptant au rythme et à l’histoire imaginés par les enfants. Les possibilités sont infinies tant les enfants aiment transposer la vie des adultes. N’hésitez pas à devenir un élève dans le jeu de l’école dont votre fille est la maîtresse, à fournir du matériel pour que les enfants en vacances organisent une kermesse, des concours, des spectacles, un goûter, un pèlerinage dont vous serez le public….

  Pour développer la confiance des enfants en eux, sachez perdre « par hasard » en étant maladroit ou stimulez l’attention du plus jeune. Ma grand-mère, jouant à la crapette, ne pouvait s’empêcher de poser la question à son adversaire étourdi : « tu n’as rien oublié ? », suscitant une attention renouvelée et un coup gagnant…

  Le jardinage, le bricolage ou la cuisine peuvent être présentés de manière ludique (sans abuser du désherbage ou de la vaisselle). Laissez les enfants faire, même s’ils font moins bien que ce que vous aimeriez. Faites faire le premier trou de perceuse dans le garage et pas dans le salon ! Limitez vos commentaires pendant l’action… Une fois l’opération terminée, faites un bilan de manière positive : voyez la bouteille à moitié pleine avant la bouteille à moitié vide ! Saluez toujours en premier ce qui a marché : le trou est fait même s’il n’est pas net, le gâteau est bon même s’il est trop cuit… Et indiquez une ou deux manières concrètes de s’améliorer la prochaine fois. Encouragez !

  L’apprentissage et la confiance sont à ce prix. L’objectif est que l’apprenti dépasse le maître, mais cela mettra plusieurs années ! C’est l’occasion pour les parents de travailler la maîtrise de leurs impatiences ou de leur perfectionnisme.

 

La confiance en soi pour relever la société

  « Nous manquons d’hommes d’initiative. Les hommes d’œuvre qui se dévouent à la régénération de la société, se plaignent amèrement qu’ils ne sont pas secondés. Ils ne peuvent aller de l’avant ; leur temps se passe à remonter le moral de leurs troupes qui se laissent traîner plutôt qu’elles ne marchent. Les jeunes gens qui ont au cœur un grand désir du bien se plaignent qu’on ne les a pas préparés au rôle qu’ils doivent jouer dans le monde3. »

  Les œuvres sociales, civiques ou religieuses sont nombreuses et ont besoin de toutes les compétences. « Pour entreprendre ces œuvres en temps opportun et suivant les nécessités des milieux, il faut déjà beaucoup d’esprit d’initiative, il en faut encore davantage pour les faire vivre autrement que sur le papier ou dans les rapports des Congrès (…) Les éducateurs, sans faire cependant de l’éducation de « casse-cou », peuvent beaucoup pour développer cet esprit d’initiative » chez les jeunes.

 

  Saint Jean Bosco, grand éducateur, obligeait chacun, élèves et encadrants, à participer aux jeux – selon leur choix – à chaque récréation.

En effet, le jeu développe la confiance en soi et l’initiative, il forme le tempérament. Ces qualités sont indispensables au redressement de la société et au progrès de l’Église.

 

  Vous ne perdez pas votre temps à jouer avec vos enfants !

 

Hervé Lepère

1 Traité d’éducation à l’usage des parents (ch.9) – J. Viollet

2 La paternité en crise : analyse et remèdes- Abbé P. de la Rocque in « Le père, bienfaiteur ou dictateur », Vu de Haut N° 26- Colloque de l’Institut Universitaire St Pie X-Novembre 2018

3 Soyez des hommes. F-A Vuillermet-2013

 

Retraité ou inactif ?

           Patrice était un professionnel en vue, avec de grosses responsabilités, des voyages d’affaires variés et un réseau impressionnant entretenu avec talent. A fond dans son travail jusqu’au dernier jour avant sa retraite.

           Un mois après sa retraite, Patrice déprime. Le téléphone, le mel, les réseaux sociaux ne le sollicitent plus comme avant. Un mois plus tard, crise cardiaque… C’est l’heure du repos éternel. « Le pauvre, il n’aura pas profité de sa retraite… » diront ses anciens collègues.

 

L’importance d’une vie équilibrée

  La vie de Patrice n’était remplie que de ses activités professionnelles et mondaines. A sa retraite, elle est devenue vide…

Ce cas extrême mais réel illustre l’intérêt d’avoir, à tout âge, une vie équilibrée entre nos différents devoirs d’état : travail, famille, rôle social ; et de préparer sa retraite le moment venu.

Nous vieillirons comme nous aurons vécu… Le dosage entre les activités changera, mais il sera beaucoup plus difficile de démarrer la récitation du chapelet ou le militantisme le jour de notre retraite si nous n’avons jamais rien fait de ce genre avant ! Nous n’aurons ni le goût, ni le temps, ni le réseau de contacts pour y arriver !

A contrario, si nous avons cherché l’équilibre dans les phases précédentes de notre vie, nous trouverons un nouvel élan et de nouvelles motivations en arrivant à la retraite.

 

Le rôle de la retraite

  Pourquoi utiliser le même mot pour la retraite professionnelle et la retraite spirituelle ?

Peut-être pour montrer que la retraite professionnelle doit aider à se détacher du monde (professionnel avec ses gloires) pour se rapprocher de Dieu, c’est-à-dire consacrer du temps à l’amour de Dieu et à l’amour du prochain, puisqu’ils forment un seul et même commandement.

Pour cela, certains conseillent de partager sa retraite en trois tiers : le service des autres, son conjoint et la famille, des activités que nous aimons et n’avons pas eu le temps de faire jusque-là.

  Autrefois, la retraite était l’âge de la transmission du savoir-faire associé à l’exploitation agricole, au commerce, à la charge ou à l’entreprise familiale. La force physique diminuant, le chef de famille chrétien avait le souci de s’effacer progressivement, tout en partageant son expérience et en enseignant aux plus jeunes, les savoirs et les gestes clés. A l’âge de la retraite, retrouvons cette joie de la transmission et la satisfaction de voir nos « élèves » dépasser leur maître en améliorant ce qu’ils ont reçu et en innovant.

 

Pas de catastrophisme !

  « De toute façon, dans 30 ans, il n’est pas certain que nous ayons une retraite ! » diront les jeunes. Notez que c’est déjà ce qui se disait il y a 30 ans…

« La réforme des retraites, une urgence », « la retraite à 67 ans »… Les journaux et les politiques focalisent l’attention sur le nombre de trimestres, l’âge légal, les régimes spéciaux…Tous sujets intéressants mais anxiogènes et exclusivement matérialistes qui pourraient nous détourner du sens chrétien de la vie et des vrais enjeux.

La réussite de notre vie, et de notre retraite, ne se mesure pas à la taille de notre compte en banque ou de notre pension de retraite… Bien sûr, certains auront plus de difficultés que d’autres, mais nous croyons à la Providence. La Charité chrétienne qui s’exerce dans les familles et les paroisses complèteront, si besoin, les nombreux dispositifs d’aide officiels.

N’oublions pas non plus que le système de retraite par répartition que nous connaissons aujourd’hui n’a été mis en place qu’en 1945 ! D’autres systèmes d’entraide ou de capitalisation existaient avant la guerre et pourraient exister demain.

Puisque nous ne pouvons pas prédire l’évolution politique de ces systèmes, vivons avec les grâces de l’instant présent et pratiquons néanmoins une gestion prudente de notre argent, avec un minimum d’anticipation du long terme1. Ainsi ceux qui le peuvent, n’hésiteront pas à devenir propriétaire de leur logement. Il sera une sécurité pour la famille puis pour les jours de la retraite !

 

Mode d’emploi des retraités

  Pour les enfants, les associations, les paroisses, les retraités sont une mine d’or à condition de respecter quelques règles de bon sens.

Ne confondons pas grands-parents et baby-sitters, sauf coups durs temporaires ! Même si les grands-parents sont contents de soulager leurs enfants, leur rôle ne doit pas être uniquement utilitaire. Nous pouvons leur confier des travaux qui les occupent, mais ne leur ajoutons pas de soucis ou de responsabilités qui devraient rester nôtres. Le 4ème commandement reste « honore ton père et ta mère » et non pas « utilise-les sans restriction ».

Au-delà de rendre des services ponctuels, il est bon que les retraités s’engagent dans une ou plusieurs activités.

Cet engagement doit être assez explicite pour éviter les malentendus : le retraité s’engage pour une œuvre de manière régulière, et ne disparaît pas 6 mois sans prévenir parce qu’il fait un séjour improvisé à l’étranger… L’œuvre qu’il a choisie compte sur lui !

Les plus anciens feront attention à ne pas monopoliser les postes à vie, à accepter les idées innovantes des jeunes et à préparer la relève le moment venu.

La collaboration entre actifs et retraités dans le militantisme est l’occasion de retrouver l’esprit de chrétienté dans le brassage des générations, collaborant ensemble à la même œuvre et alliant la fougue de la jeunesse et la sagesse de l’expérience.

Les actifs devront accepter un rythme peut-être plus lent et une manière de faire différente de la part des anciens.

Certains retraités auront besoin d’être sollicités. Ils ne se proposeront pas spontanément parce qu’ils auront peur de s’imposer et de manquer d’humilité, ou qu’ils se sentiront inutiles. N’hésitons pas à insister et à leur proposer un « CDD » dans une association ou une bonne œuvre.

  Chaque retraité peut mettre à profit de nombreux talents visibles ou cachés qu’il a exercés pendant sa vie professionnelle : habileté des mains, sens de l’organisation, réseau de relations, techniques financières, juridiques, informatiques, ressources humaines et psychologie, pédagogie, art… Soyons en tous conscients !

 

  La parabole des talents à faire fructifier s’applique jusqu’à notre dernière heure !

Après la promesse du printemps de la vie – la jeunesse -, après l’épanouissement et la force de l’été – la maturité -, vient la beauté admirable de l’automne – la retraite -, avant le froid de l’hiver de la vieillesse. L’automne est une saison où l’on peut récolter de multiples fruits, construire et cultiver encore, planter pour l’avenir, profiter de la douceur de l’été indien…Sachons admirer la sagesse de Dieu qui conduit notre vie comme les saisons !

 

Hervé Lepère

 

Tu seras un bon mari, mon fils !

           Les quatre enfants jouent dans la chambre, tout à coup, une dispute commence… Le ton monte. Marie se met à crier et à pleurer. Papa arrive donc :

– Qu’est-ce qu’il y a ? Arrêtez de crier !

– Pierre m’a tapé et il m’a tiré les cheveux.

– C’est Marie qui a commencé, elle m’a pris mon jouet et elle ne veut plus jouer avec nous.

 

  Après avoir dit quelques mots de réprimande et séparé les belligérants dans deux chambres, papa revient voir Pierre :

– Un garçon ne frappe jamais une fille même avec une fleur ! Même si elle a tort.

 

Respecter

  Ce principe de nos grands-parents reste d’actualité, et constitue un des premiers pas dans l’apprentissage du respect dû aux femmes.

  A l’adolescence, le papa sera attentif à ce que les garçons continuent à respecter leur mère en parole et en acte. Parfois, ils devront s’excuser pour une parole déplacée ou réparer leur désobéissance par un service rendu à leur mère. Plus tard, les garçons apprendront à ne pas se moquer des jeunes filles qui, certains jours, ne veulent pas sauter dans la piscine avec tous les autres ou restent réservées au milieu de l’excitation ambiante.

  La mère qui a donné la vie, le premier grand bien de l’enfant, ne cesse de renouveler son don chaque jour spécialement pendant l’enfance. Elle mérite donc respect, reconnaissance et affection. Chaque jeune fille est une mère en puissance et mérite aussi un respect spécifique.

 

Admirer

  Le papa saisira les occasions de mettre en valeur les qualités de son épouse devant ses enfants. Qualités de générosité, d’attention, d’organisation ou de créativité, de psychologie ou de courage, de profondeur et de sagesse, de pureté, de piété et de simplicité… Il saura aussi témoigner son amour à son épouse par des mots, des gestes ou des moments d’attention particuliers et réguliers. Si le père a pris l’habitude d’observer et d’entretenir son admiration pour son épouse, s’il le lui dit régulièrement, les enfants comprendront la valeur de l’admiration dans un ménage.

  Parvenu à l’âge de se marier, le jeune homme saura mieux choisir ses amies et sa future épouse. Il faudra choisir entre deux attirances. Telle jeune fille est brillante en société, elle est belle, elle a du succès et je brille avec elle. Telle autre a du charme et des qualités humaines mais reste modeste. Laquelle sera la meilleure mère pour mes enfants ? Laquelle m’aidera à aller au ciel avec eux ? Avec laquelle formerons-nous un ménage qui s’entraidera à progresser ensemble vers la sainteté et pas seulement à briller dans de belles compagnies mondaines ? Future mère ou femme objet ? Celle que j’admire saura me tirer vers le haut !

 

Comprendre les différences et écouter

  Il s’agit de grandir dans la complémentarité voulue par Dieu pour construire un foyer stable et heureux. L’éducation aide à faire découvrir cette complémentarité psychologique entre l’homme et la femme au-delà des différences physiologiques.

« Deviens un homme, mon fils ! » Sachons donner une éducation virile, développer le courage et l’autonomie des garçons, mais sans « machisme » ni esprit de supériorité. L’esprit de service, de chevalerie est une qualité à travailler.

  Une relation de confiance entre le fils et sa mère, les encouragements de la mère pour les bonnes actions de ses fils presque adultes, aideront à préparer la future relation d’un homme avec son épouse. Devenu fiancé puis époux, le jeune homme saura partager ses joies et ses peines, ses convictions et ses doutes, demander pardon et/ou conseil à son épouse.

  Jésus, Dieu supérieur à tous, a bien écouté les conseils de Marie, sa mère aux noces de Cana… Saint Joseph prenait certainement conseil auprès de sa sainte épouse, sauf lorsqu’une apparition céleste donnait des instructions spécifiques, ce qui ne nous arrivera probablement pas…

 

Aimer, c’est donner !

  « Deux caractères brillent par-dessus tout dans le mariage : unité et indissolubilité dit le catéchisme, disons d’une manière plus frappante fermeté et générosité. (…) Générosité. L’Église a toujours compris le mariage comme un don mutuel, comme la négation de l’égoïsme. Il est vrai que le mariage n’est pas un renoncement au bonheur, mais ce bonheur doit être de faire le bonheur de l’autre. Vous vous abandonnez l’un l’autre, vous vous confiez l’un à l’autre. (…) Là encore, pour qui connaît notre pente à l’égoïsme, notre tendance à nous replier sur nous-mêmes, à vivre en nous et pour nous, il y a ici du surhumain, quelque chose qui dépasse la nature. Ici encore, d’une manière ou d’une autre, il faut que Dieu intervienne. Sans Dieu, il ne peut y avoir de mariage selon Dieu. » (Abbé Berto)

  Apprendre à donner, à se donner, pour faire plaisir, c’est une leçon de bonheur si elle est répétée dès le jeune âge et entretenue tout au long de sa vie.

  « Aimer, c’est vouloir le Bien » dit la théologie. Vouloir Dieu, souverain Bien. Vouloir le Bien de son conjoint puis de sa famille et de son prochain. Le fiancé se préparera spécialement à écouter, donner, offrir le meilleur de lui-même pour être heureux avec sa future épouse. Il devra parfois combattre ses inclinations masculines à prendre et posséder.

  Régulièrement le week-end, en vacances, et pendant les grossesses, pour soulager son épouse, le père de famille n’hésitera pas à prendre en charge des tâches fatigantes : vaisselle, conduites, aspirateur, courses… Il saura aussi donner du temps, des compliments et de l’attention à son épouse.

« Les maris ne disent plus assez et ne montrent plus assez à leur femme qu’ils les aiment. S’il ne manifeste plus à sa femme son amour, ce n’est pas parce qu’il ne l’aime plus ; c’est parce qu’il ne comprend pas qu’une femme ne peut vivre sans un amour manifesté. Une des conditions fondamentales du bonheur de l’épouse (et donc du bonheur en famille) est que les maris, au cours de toute leur vie conjugale, et non pas seulement au départ, veillent à demeurer quelque peu « fiancés » ». (La vie conjugale au fil des jours- Pierre Dufoyer)

 

  Prions Notre-Dame de nous éclairer pour être des exemples pour nos fils et leur apprendre à devenir de bons maris – si c’est la vocation à laquelle ils sont appelés ou de bons conseillers s’ils sont appelés au sacerdoce. Notre Dame est la mère du bel amour – du pur amour- de la crainte de Dieu, de la science – de l’éducation et de la connaissance de Dieu-, et de la Sainte Espérance, toujours « positive » et confiante en Dieu en toutes circonstances. Elle saura nous guider et les guider !

Hervé Lepère