Music for a while – « Oedipus » 1692

Notre citation pour novembre et décembre :  

« Toute la nature me semble si pleine de Dieu :

le vent qui souffle dans les grands arbres,

les petits oiseaux qui chantent,

 le beau ciel bleu, tout cela me parle de Lui. »

Sœur Elisabeth de la Trinité

 

En ce mois de novembre, nous commémorons nos chers défunts avec l’Espérance du repos éternel pour eux, par la grâce de la miséricorde divine.

L’extrait choisi ici vient illustrer, a contrario, toute la violence des croyances antiques. Cette composition musicale de 1692, destinée à accompagner la pièce de Dryden et Lee, « Oedipus », nous évoque la figure d’Alecton, une des trois Erinyes ou « Furies » de la mythologie, chargées d’exécuter la sentence des juges. Alecton, la troisième des furies, ne laisse aucun repos aux criminels, elle ne respire que la vengeance. Elle est représentée armée de vipères, de torches et de fouets, avec la chevelure entortillée de serpents.

Ces déesses « Furies » de l’Antiquité étaient très respectées et même redoutées.  C’est à peine si l’on osait lever les yeux sur leurs statues…

Écrit initialement pour voix et continuo, le morceau existe avec de nombreux arrangements différents, notamment pour clavier seul, et pour violon et clavier.

Music for a while
Shall all your cares beguile.
Wond’ring how your pains were eas’d
And disdaining to be pleas’d
Till 
Alecto free the dead
From their eternal bands,
Till the snakes drop from her head,
And the whip from out her hands.

 

La musique un moment,
Trompera tous vos tourments.
Vous vous étonnerez de voir vos douleurs soulagées,
Et ne daignerez être satisfaits,
Jusqu’à ce qu’Alecto libère les morts
De leurs liens éternels ;
Jusqu’à ce que les serpents tombent de sa tête,
Et le fouet de ses mains.

https://open.spotify.com/search/Purcell%3A%20Music%20for%20a%20While%20%E2%80%A2%20Henry%20Purcell%2C%20Dawn%20Upshaw

« Ombra mai fu » Tiré de l’opéra Serse (Xerxès) – 1738

 

Notre citation pour septembre et octobre :  

« Et, nous-mêmes, ayant juré sur la tombe de Péguy de refaire à la France « un culte, une âme, une foi », ne vous étonnez pas que nous voulions vous réapprendre à chanter. » Père Doncœur (1880-1961)

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Haendel représente la synthèse magistrale des traditions musicales d’Allemagne, d’Italie, de France et d’Angleterre. Ses chefs-d’œuvre les plus connus sont, entre autres, la Water Music et l’oratorio Le Messie. Mais Haendel s’est aussi consacré pendant trente-cinq ans à l’opéra italien (Rinaldo, Orlando…). Le 15 avril 1738 eut lieu à Londres, au Haymarket Theater, la première de Serse aujourd’hui considéré comme « le dernier chef-d’œuvre italien de Haendel ».

L’action se tient dans l’empire perse. Serse (Xerxès 1er, empereur et ancêtre de Darius, empereur vaincu en 331 av. JC), est la proie d’amours contrariés donnant lieu à de multiples rebondissements. L’opéra s’ouvre par un larghetto, durant lequel, bizarrement, Xerxès adresse une invocation pour la prospérité de l’un de ses platanes. Ce largo, devenu extrêmement célèbre, s’interprète communément comme une demande symbolique de paix intérieure et extérieure.

Récitatif :

Frondi tenere e belle

del mio platano amato

per voi risplenda il fato.

Tuoni, lampi, e procelle

non v’oltraggino mai la cara pace,

né giunga a profanarvi austro rapace.

 

Frondes tendres et belles

De mon platane bien-aimé,

Que votre destin soit resplendissant.

Que le tonnerre, la foudre, et les tempêtes

ne troublent jamais votre chère paix

Et que le vent rapace ne puisse pas

vous atteindre pour vous profaner.

 

Larghetto :

Ombra mai fu

di vegetabile

cara ed amabile,

soave più ! »

 

Jamais l’ombre

d’aucun arbre

ne fut plus chère, ni plus aimable,

ni plus douce !

Récitatif :

Handel: Serse, HWV 40, Act 1, Scene 1: Accompagnato. « Frondi tenere » (Serse) • George Frideric Handel, William Christie, Anne Sofie von Otter, Les Arts Florissants (spotify.com)

Larghetto :

Handel: Serse, HWV 40, Act 1, Scene 1: Arioso. « Ombra mai fù » (Serse) • George Frideric Handel, William Christie, Anne Sofie von Otter, Les Arts Florissants (spotify.com)

 

Alma Redemptoris Mater 

 

 

Notre citation pour juillet et août :  

« Chantez, chantez, magnarelles

Car la cueillette aime le chant. »

« Mireille », Charles Gounod

Le chœur des magnarelles

 

« Alma Redemptoris Mater »

Douce et sainte Mère du Rédempteur

 Francesco Cavalli, né le 14 février 1602, à Crema (Lombardie), est mort le 14 janvier 1676 à Venise.

Cavalli est surtout connu pour ses opéras publics, genre alors nouveau et en plein développement.

Mais il nous a aussi laissé des œuvres sacrées, dont des antiennes mariales, Ave Regina Caelorum ainsi que cet Alma Redemptoris Mater. Il vous est proposé ici afin d’honorer notre Mère du Ciel, celle qui est la Reine de toutes les mères et le plus parfait exemple de la maternité.

Alma Redemptoris Mater,

Sainte Mère du Rédempteur,

quae pervia caeli porta manes,

Porte du ciel toujours ouverte,
et stella maris,

Etoile de la mer

succurre cadenti,

Venez au secours de ceux qui sont tombés
Surgere qui curat, populo

et du peuple qui cherche à se relever

tu quae genuisti,

Vous qui avez  enfanté,
Natura mirante,

ô merveille de la nature

tuum sanctum Genitorem

 Celui qui vous a créée
Vierge prius ac posterius,

Vierge toujours vierge

Gabrielis ab ore sumens illud Ave,

Accueillant le salut de l’ange Gabriel

peccatorum miserere.

Prenez pitié de nous, pauvres pécheurs.

 

 

« Et zic et zic et zic et zoc »

 

Notre citation pour mai et juin :  

« Il n’y a bête, ni oiseau
Qu’en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissé son manteau

De vent, de froidure et de pluie. »

Charles d’Orléans (1394 1465)

Richard Cœur de lion, Acte III, scène 6

  Opéra comique créé en 1784, Richard Cœur de Lion met en scène le retour du Roi Richard d’Angleterre de la troisième croisade et son emprisonnement par le Duc Léopold V d’Autriche au château de Linz. Grâce à deux compatriotes, Richard sera libéré (ce qui est historiquement fantaisiste car c’est sa mère Aliénor d’Aquitaine qui paya la rançon de son fils pour le libérer en 1194). L’extrait ci-dessous met en scène un chœur de paysans, campé comme à la fin du XVIIIe siècle, évoquant le goût de Marie-Antoinette dont Grétry était directeur de la Musique.

Le paysan :

Et zic et zic et zic et zoc
Et fric et fric et froc,
Quand les bœufs vont deux à deux,
Le labourage en va mieux.

Le Chœur :
Quand les bœufs vont deux à deux,
La labourage en va mieux.

Le Paysan :
Sans berger, si la bergère
Est en un lieu solitaire,
Tout pour elle est ennuyeux ;
Mais si le berger Sylvandre
Auprès d’elle vient se rendre,
Tout s’anime alentour d’eux.

Et zic, etc.

 

Le Chœur :
Quand les bœufs, etc …

Le Paysan :
Qu’en dites-vous, ma commère ?
Et qu’en pensez-vous, mon compère ?
Rien ne se fait bien qu’à deux ;
Les habitants de la terre
Ma foi ne dureraient guère
S’ils ne disaient pas entre eux :
Et zic etc …

Le Chœur :
Quand les bœufs, etc …

 


Richard Cœur de lion, Acte III: Richard Cœur de Lion, Act III Scene 6: Ronde et Chœur. Et zic et zic et fric et froc (Paysans, Chœur) – titre et paroles par André-Ernest-Modeste Grétry, Herve Niquet, Le Concert Spirituel | Spotify

 

 

 

Notre citation pour mars et avril :  

… Même n’a point la gorge close

Pour avoir sa nichée éclose ;

Et en ses chants si fort se plaît

Que vous diriez que d’autre chose

Ses alouetteaux elle ne paît.

Jacques Peletier du Mans (1517-1582) – « L’Alouette »

Membra Jesu nostri

        Dietrich BUXTEHUDE, compositeur d’ascendance danoise, est avant tout connu pour ses pièces pour orgue. Mais son œuvre pour chœur est progressivement redécouverte à partir des années 1970. Probablement de religion luthérienne, Buxtehude reçoit ses premier enseignements à l’orgue de son père. Il occupera la fonction d’organiste en Suède (Helsingborg), au Danemark (Elseneur) et enfin à l’église Sainte-Marie de Lübeck. Il aura des élèves prestigieux dont Jean-Sébastien Bach. L’ensemble de son œuvre comporte 275 compositions connues.

(1680) dédiés à Gustav Düben, organiste à Stockholm.

Cycle de sept cantates, destinées à la dévotion des plaies de Notre-Seigneur, (les pieds, les genoux, les mains, le côté, la poitrine, le cœur et le visage).

Chacune des cantates comporte une introduction instrumentale, un concert vocal, trois arias, et la reprise du concert vocal.

L’extrait proposé ici est la reprise du concert vocal pour honorer les plaies de la poitrine du Sauveur.


Membra Jesu nostri, BuxWV 75: Ad pectus. Sicut modo geniti infantes rationabiles • Dietrich Buxtehude, RossoPorpora Ensemble, Walter Testolin (spotify.com)

Hodie, hodie

Notre citation pour janvier et février :  

Gentils pasteurs, qui veillez en la prée,

Abandonnez tout amour terrien,
Jésus est né et vous craignez de rien,
Chantez Noël de jour et de vesprée.
Noël !

Jean Danel (1490-1531)

Hodie, hodie

Motet sacré pour le jour de Noël, 1619

Choeur a cappella

Hodie, hodie

Christus natus est

Noe Noe Noe Noe

Aujourd’hui, aujourd’hui

Le Christ est né

Noël, Noël

Hodie, hodie

Salvator apparuit

Alleluia, Alleluia

Aujourd’hui, aujourd’hui

Le Sauveur est apparu

Alleluia, Alleluia

Hodie, hodie

In terra canunt Angeli

Laetantur Archangeli

Noe Noe Noe Noe

Aujourd’hui, aujourd’hui

Sur terre, chantent les Anges

Se réjouissent les Archanges

Noël, Noël

 

Hodie, hodie

Exultant justi dicentes

Gloria in excelsis Deo

Allelulia  Alleluia

Noe noe noe noe …

Aujourd’hui, aujourd’hui

Les justes exultent, disant

Gloire à Dieu au plus haut des cieux

Alleluia, Alleluia

Noël, Noël, Noël …

 

 

Quam dilecta (psaume 83)

Notre citation pour novembre et décembre :  

Le jour puisse Yahweh envoyer sa grâce, et pendant la nuit,

 je chanterai un cantique de louange au Dieu de ma vie.

Psaume 42, livre deuxième

 

Quam dilecta (psaume 83)

 

Henry du Mont est enfant de chœur puis organiste à la basilique Notre-Dame de Maastrich. Il s’installe à Paris en 1638 et devient organiste de Saint-Paul du Marais. Il sera ensuite organiste de la reine Marie-Thérèse et sous-maître de chapelle de Louis XIV. Son œuvre est essentiellement religieuse.

Le Motet proposé est composé sur le psaume 83, pour deux voix et instruments avec basse continue. Il fut publié en 1652 dans les « Cantica Sacra » alors que du Mont atteignait la célébrité.

Quam dilecta tabernacula tua, Domine virtutum.

Que tes demeures sont aimables, Seigneur des armées

Concupiscit et defecit anima mea in atria Domini.

Mon âme soupire et languit pour les parvis du Seigneur

Cor meum et caro mea exultaverunt in Deum vivum.

Mon coeur et ma chair se sont réjouis du Dieu vivant.

Etenim passer invenit sibi  domum

Même le passereau trouve sa maison

Et turtur nidum sibi ubi ponat pullos suos

Et l’hirondelle un nid pour déposer ses petits

Altaria tua, Domine virtutum

près de tes autels, Dieu des Armées.

Rex meus et Deus meus

Mon Roi et mon Dieu

Beati qui habitant in domo tua Domine

Heureux ceux qui habitent ta maison, Seigneur

In saecula saeculorum laudabunt te.

Ils te loueront dans les siècles des siècles.

http://Quam dilecta • Henri Dumont, La Reverencia, Andrés Alberto Gómez, Perrine Devillers, Dagmar Šašková (spotify.com)

 

Du gai soleil – Air de Sophie – Werther – Acte II

Notre citation pour septembre et octobre :  

 « Si du guerrier j’ai les armes puissantes

Si je l’imite et lutte vaillamment

Comme la Vierge aux grâces ravissantes

Je veux aussi chanter en combattant … »

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus – Les trois voeux

 

Du gai soleil

Air de Sophie – Werther – Acte II

(1892) – livret de Blaud et Milliet

Inspiré du roman « Les souffrances du jeune Werther » de Goethe paru en 1774. Donné à Vienne 6 février 1892. Le 27 décembre 1892 à Genève (version française originale) et à Paris, le 16 janvier 1893, à l’Opéra-Comique.

Werther est devenu amoureux de Charlotte qui partage son amour. Mais selon le désir de sa mère mourante, Charlotte épouse Albert au désespoir de Werther. Après quelques mois de voyage, Werther revient au village au mois de septembre et revoit les jeunes époux. Sa tristesse est immense en dépit d’une fête qui se prépare et qui met en joie la petite sœur d’Albert, Sophie.

Massenet a mis en scène le contraste saisissant entre la tristesse de Werther et l’enjouement de Sophie qui essaie de l’inviter, de façon alerte, à la joie de vivre.

SOPHIE
(à  Albert, gaiement) :
Frère ! Voyez ! Voyez le beau bouquet !
J’ai mis, pour le Pasteur, le jardin au pillage !

(s’adressant à Werther) :
Et puis, l’on va danser !
Pour le premier menuet, c’est sur vous que je compte…

Ah ! le sombre visage !
Mais aujourd’hui, Monsieur Werther,
Tout le monde est joyeux ! Le bonheur est dans l’air !
Du gai soleil plein de flamme dans l’azur resplendissant
La pure clarté descend de nos fronts jusqu’à notre âme !
Tout le monde est joyeux ! le bonheur est dans l’air !
Et l’oiseau qui monte aux cieux dans la brise qui soupire …
Est revenu pour nous dire que Dieu permet d’être heureux !
Tout le monde est joyeux !
Le bonheur est dans l’air !
Tout le monde est heureux !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le jour se lève – Mireille

Notre citation pour juillet et août :  

 « Ton chant, divin poète, est aussi doux pour moi

Qu’un bon somme dans l’herbe à mon corps fatigué

ou qu’une eau bien fraîche offerte à ma soif estivale

Par la flûte et la voix, émule de ton maître. »

Virgile – Les Bucoliques

 

                                            “Le jour se lève”

Mireille

Opéra en trois actes, 1964, Londres

Charles Gounod

Opéra inspiré par le poème épique « Miréio » de Frédéric Mistral.

Mireille, fille d’un riche propriétaire, aime Vincent, un pauvre vannier, qui l’aime en retour. Leur amour, contrarié par un rival de Vincent, conduira les amoureux à se retrouver secrètement aux  Saintes-Maries de-la-Mer avec les pèlerins. Mireille devra traverser seule le torride désert de la Crau pour atteindre ce but. Avant de partir, de sa fenêtre, elle entend le chant d’Andreloun, le berger.

Le jour se lève
Et fait pâlir la sombre nuit.
Au loin, déjà l’ardente grève,
Que nulle brise ne soulève,
S’enflamme et luit !
Et dans les airs l’oiseau s’enfuit.
Et moi, tout seul avec mes chèvres,
La soif aux lèvres,
J’erre au hasard dans le désert brûlant,
D’un pas tranquille et lent.
Le lézard gris boit la lumière,
L’humble grillon, dans la poussière,
Chante au soleil,
Et moi couché dans la bruyère
Je vais reprendre mon sommeil.

Pendant les dernières mesures de la chanson du berger, Mireille est sortie de sa chambre et regarde le berger s’éloigner.

Mireille – Acte IV – 1er tableau : XIV. Chanson « Le jour se lève » (Un berger) • Charles Gounod, Michel Plasson, Orchestre Du Capitole De Toulouse (spotify.com)

 

Worthy is the Lamb – Le Messie – 1741

Notre citation pour mai et juin :

« La chanson est une flamme

Chante et te voilà content.

Toutes les ombres de l’âme

Se dissipent en chantant. »

Victor Hugo – Les chanson des rues et des bois – 1865

 

Chœur sur un extrait de l’Apocalypse

Georges Frédéric Haëndel

 

Worthy is the Lamb

That was slain,

And hath redeemed us to God

By His blood,

 

to receive power,

and riches,

and wisdom,

and strength,

and honour,

and glory,

and blessing.

 

Blessing and honour,

Glory and power, 

Be unto Him

That sitteth upon the throne,

And unto the Lamb,

For ever and ever.

Amen

Digne est l’agneau

Qui a été immolé

Et nous a rachetés à Dieu

Par son Sang,

 

De recevoir puissance

Et richesses

Et sagesse

Et force

Et honneur

Et gloire

Et louange.

 

Louange et honneur

Gloire et puissance

Soient à Celui

Qui est assis sur le trône

Et à l’Agneau

Pour les siècles des siècles.

Amen