Enthousiasme et devoir d’état

Ma chère Bertille,

 Tu me faisais part dimanche, à la sortie de la Messe, de la difficulté que tu rencontres pour tenir emploi du temps et résolutions ; en effet de nombreux évènements venant sans cesse contrecarrer ton programme bien rempli, tu as toujours un grand sentiment d’insatisfaction qui te donne envie de tout abandonner et de laisser à l’avenir les circonstances régler ta vie !

Je voudrais t’aider à y voir plus clair.

 Rappelons tout d’abord que l’on touche là à la difficulté de l’obéissance, car qu’est-ce qu’une règle de vie, qu’un emploi du temps, que des résolutions précises si on ne pratique pas une certaine forme d’obéissance ? Voilà un mot qui ne plaît guère. Pourtant, il faut obéir, car sur terre tout le monde obéit à quelqu’un. Et le plus puissant en apparence est le plus esclave. Par contre, le plus esclave peut être le plus libre de la vraie liberté, qui s’appelle la maîtrise de soi-même. Souvent, nous voulons le bien et nous faisons le contraire. C’est ne pas se posséder. On est maître de soi quand la volonté bonne – et non pas la bonne volonté qui ne suffit pas – est la plus forte. Or, pour fortifier la bonne moitié de nous-mêmes et accroître son empire sur la mauvaise, il faut plier celle-ci et prendre l’habitude d’obéir. C’est une réalité même si elle n’est pas très facile à entendre.

 Ceci dit, venons-en maintenant à des conseils pratiques : il est important d’avoir une règle précise et pourtant assez souple pour s’adapter à tous les besoins. On néglige souvent l’une des données. Tantôt une règle rigide et brutale paralyse toute personnalité, tantôt elle se perd dans le vague et n’est plus qu’une anarchie organisée. La première donne un vrai sentiment d’insatisfaction et de culpabilité à celui qui ne peut la tenir malgré toute sa bonne volonté ; alors que la deuxième ne peut satisfaire celui qui aura l’impression le soir d’avoir perdu sa journée et papillonné ici et là !  Entre ces deux excès, la juste mesure doit se trouver dans l’application intelligente et large d’une règle établie avec assez de précision pour qu’on puisse la considérer vraiment comme un plan de vie. En prenant de bonnes habitudes intellectuelles et morales grâce auxquelles on s’acquittera machinalement et comme par réflexe de certains actes élémentaires, on acquerra un esprit libre, capable de prendre des décisions plus importantes.

Adoptons ensuite l’habitude de tout bien faire. Puisse cette habitude, devenant comme une seconde nature donnée à tous, assurer la sûreté et la promptitude de décision qui caractérisent les âmes fortement trempées.

 Un autre principe sera de toujours aller jusqu’au bout du travail commencé, sans papillonner d’un dossier à l’autre pour s’apercevoir enfin que ce n’est « ni fait, ni à faire » ! Perdons l’habitude de « zapper » pour employer un néologisme devenu si courant et emprunté à ceux qui passent facilement d’une émission à une autre sans jamais être satisfaits, ni approfondir quoi que ce soit…

Enfin, et j’aborde là une pratique qui me semble essentielle car j’ai remarqué que quand le devoir d’état devient gênant, au lieu de s’y appliquer avec un soin particulier, on cherche 1000 bonnes raisons de s’en affranchir… Et si on le considérait autrement ? Les choses sont intéressantes dans la mesure où on veut y trouver de l’intérêt. Tout est intéressant, ou plutôt tout ce qu’on s’efforce de bien faire est intéressant. Un proverbe très juste dit qu’il n’y « a pas de sot métier ». Soyons persuadés qu’il n’y a pas davantage de sot travail. L’effort même qu’on y donne est une source de joie. Aimons les règles, elles nous paraîtront douces. Cultivons même un enthousiasme pour ces tâches quotidiennes qui peuvent paraître si puériles et sans importance et qui ont pourtant tant d’importance aux yeux de Dieu. Citons l’exemple du petit Jean-Marie Vianney qui, ne parvenant pas à aller aussi vite que son frère pour le désherbage des betteraves, prit la petite statue de la Sainte Vierge qu’il ne quittait jamais, l’enveloppa avec soin dans son mouchoir et la lança très loin devant lui ; ainsi mû par son amour pour Notre-Dame, il trouva la force d’avancer plus vite, le travail lui parut plus facile et il dépassa même son frère aîné… Voilà la force que donne l’amour !

 Dès ton réveil, prends donc la résolution de tout bien faire, jusqu’au bout et de tout ton cœur, avec un bel enthousiasme et pour l’amour de Dieu, voilà la vraie discipline. Tu verras combien tu seras alors portée et tu découvriras la véracité des paroles du Christ : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons : je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes, car mon joug est doux et mon fardeau léger1. » 

 En espérant que ces quelques conseils t’aideront pour prendre tes résolutions de 2025, je t’embrasse affectueusement et te souhaite une sainte année,

Anne

 

Jour après jour

Jour après jour, ta vie s’écoule, monotone, cachée, sans action de grande envergure, la routine s’installe et tu as toujours la tentation de t’y soustraire, sous mille prétextes.

Pourtant, que de richesses dans ces petits moments besogneux sans éclat, qui, accomplis généreusement avec amour, consolent le Cœur divin et élèvent l’âme. Que de bien, dans la communion des saints, tu peux faire par cette offrande cachée, qui t’

Apprend à aimer ton devoir d’état.

Il est nécessaire de l’organiser pour bien le faire sans maugréer. Ton emploi du temps prévoit dans l’ordre, chaque tâche, et doit commencer par un moment de prière, même courte, pour mettre ta journée sous le regard divin, lui donnant ainsi toute sa valeur.

N’oublie pas aussi que nous sommes de pauvres êtres ayant besoin de détentes. Choisis-les en fonction de tes goûts et donne leur la place nécessaire pour œuvrer ensuite sans tension, ainsi tu

Apprends à aimer ton devoir d’état.

 

Que ta place dans le monde soit simple ou plus prestigieuse, là où Dieu t’a voulue avec tes responsabilités, tout est fait d’abord de petits riens qui s’enchaînent et souvent t’enchaînent.

Dans l’exercice du devoir d’état, la vraie charité veut que notre prochain soit le plus proche par le sang, ou la proximité.

Soudain, c’est un enfant malade, un parent à soulager, un dossier urgent à régler qui se met en travers de ce que tu avais prévu.

Il faut alors renoncer avec le sourire, en voyant la main divine qui t’

Apprend à aimer ton devoir d’état.

Celui-ci se conjugue avec celui de nos parents, de notre mari, de nos collègues de travail ou de ceux avec qui nous servons en association, ou par dévouement. Bien souvent, à notre insu, nous y mettons trop de nous-mêmes et une secrète complaisance se glisse dans nos meilleures intentions. Te voilà alors contrariée car même le bien que tu avais projeté, ne peut se faire.

Vois-y la main de Dieu qui purifie ton intention, et t’

Apprend à aimer accomplir ton devoir d’état.

 

Enfin, ne te laisse pas prendre au piège de le détourner au profit d’œuvres, apparemment plus nobles, même spirituelles. Une prière trop longue ou un service extérieur pouvant attendre, n’ont jamais tenu une maison, écouté un enfant et donc sanctifié une mère de famille.

Ce renoncement fréquent à ce qui nous attire, cette pénitence, est, selon le mot de saint François de Sales, le seul humus sur lequel grandira ta fleur, dont tu verras les fruits dans l’Eternité.

« Fleuris là où Dieu t’a plantée. » 

 

     Jeanne de Thuringe

 

Etoile de la mer

Méditons ensemble cette belle prière de saint Bernard :

Où que tu sois, ô mortel, si tu es battu par les vagues de cette mer secouée par des vents mauvais, ne détourne pas ton regard de la lumière de cette étoile,

Bien souvent nous nous lamentons jusqu’au désespoir de ce qui nous arrive, de la crise de l’Eglise ou de la société dans laquelle nous vivons. Notre-Dame n’a pas vécu dans une époque facile : l’amour de Dieu transformé par les pharisiens en préceptes pesants et compliqués, un pays sous le joug romain, l’exil dans l’Egypte païenne et lascive, enfin l’annonce de sa vive souffrance à venir : le glaive de douleur… Une vie pauvre, cachée, avec un époux au dur travail, sans éclat.

Pourtant jamais elle n’a désespéré de Dieu, et paisible, s’en remettait en tout à Sa providence, restant tout abandonnée et digne dans l’épreuve.

Notre-Dame, aidez-moi à vous regarder et vous imiter.

 

Si tu veux échapper aux dangers, si tu es secoué par les flots de l’orgueil, de l’ambition, de la médisance, de l’envie, regarde l’Étoile, invoque Marie.

Quand la jalousie, l’impatience, le désir de montrer qui nous sommes, trouvent une place dans nos cœurs, ou du moins essaient de s’y loger, ils sont nos ennemis puisqu’ils nous détournent de la Charité. Nos pensées mauvaises, nos paroles dures ne nous font pas grandir, nous faisons du mal parfois difficile à rattraper.

Avant de nous précipiter avec nos réactions trop humaines, posons-nous un instant, voire longtemps si la tentation est bien violente. Prions Notre-Dame et demandons-lui de nous éclairer. Nous serons tout étonnés du calme qui revient et de la solution qu’elle peut nous montrer, même si nous devons nous faire violence…

Notre-Dame, aidez-moi à vous regarder et vous imiter.

 

Si la colère, l’avarice, les tentations de la chair menacent, comme des vents furieux, la barque de ton âme, regarde Marie, invoque Marie.

Quand l’esprit du monde, avec toutes ses convoitises, nous séduit et nous aveugle au point de nous faire prendre une mauvaise route, quand nous tournons et retournons un problème sans y voir de solution, lorsque nous pressentons un possible danger qui nécessiterait de quitter des fréquentations aux fruits incertains.

Lorsque notre intelligence n’y voit plus, passant et repassant sans cesse des idées contradictoires, supplions Notre-Dame d’y voir clair. Elle viendra à notre secours sans tarder et remettra tout en place.

Notre-Dame, lumière des égarés, éclairez-moi.

 

Au milieu des périls, des angoisses, des doutes, que ta prière et ta pensée ne s’éloignent jamais de ton cœur et de tes lèvres.

Pour vivre avec Notre-Dame, prenons ou conservons l’habitude du chapelet quotidien, et de réciter ses litanies ou d’assister à la messe les jours de ses fêtes,

Que ces journées mariales nous soient une joie et un cœur à cœur avec notre Mère du Ciel.

Qu’elle occupe nos pensées et notre cœur comme un tout petit enfant qui n’a d’yeux que pour sa mère et lui montre sans cesse son affection.

Notre-Dame, en vous aimant, faites-moi aimer votre Fils davantage.

 En pensant à Elle, tu ne te perdras pas. En te confiant à Elle, tu ne mourras pas. Si Elle te tient dans sa main, tu ne tomberas pas ; sous sa protection, tu n’as rien à craindre.

      Jeanne de Thuringe 

 

Le scapulaire vert du Cœur Immaculé de Marie. 

Ma chère Bertille,

 Hier, tu m’as téléphoné pour confier à nos prières ton oncle mourant qui a cessé toute pratique religieuse depuis longtemps et qui repousse toujours l’idée de voir un prêtre. Tu me disais combien tu lui étais attachée et combien tu aurais voulu l’aider à retrouver le chemin du Ciel. En effet, lui permettre de se raccommoder avec le Bon Dieu et de ce fait de parvenir aux joies éternelles serait la plus grande des grâces !

 Laisse-moi te parler d’un moyen peu connu et pourtant tellement surnaturel que Notre-Dame a mis à notre disposition en 1840 : le scapulaire vert du Cœur Immaculé de Marie. 

En effet, nous connaissons tous les grâces accordées à ceux qui accompliront les demandes de Notre-Dame à Fatima en récitant le Rosaire et en l’honorant tout particulièrement les premiers samedis du mois1. Mais peu nombreux sont ceux qui connaissent les grâces immenses accordées au moment de la mort par le scapulaire vert.

 Comme à l’accoutumée, Notre-Dame choisit une manière toute discrète de manifester sa Toute Puissance : C’est à une des filles de la Charité (du même ordre que sainte Catherine Labouré), qu’elle apparut plusieurs fois, dans un petit village de Seine-Maritime, Blangy-sur-Bresle, et qu’elle révéla ce moyen de salut. « C’est par ce signe sensible de ma miséricorde que je veux amener à mon Fils ses plus cruels ennemis lorsqu’ils seront à l’heure de comparaître devant lui » lui dit-elle en lui montrant un scapulaire vert.

Avec la bénédiction du Pape Pie IX, la dévotion prit petit à petit son essor. Ce scapulaire ne nécessite pas d’imposition particulière et sera béni simplement par le prêtre. Il est réservé aux grands malades qui vont bientôt mourir et à ceux qui refusent de se réconcilier avec Dieu. Le seul engagement demandé consiste en la récitation quotidienne, avec confiance et persévérance de la prière : « Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous maintenant et à l’heure de notre mort », par le malade lui-même, ou s’il ne le veut ou ne le peut pas, par la personne qui le lui a remis. Elle prendra soin de le déposer dans sa chambre et même s’il le faut de le cacher sous son matelas.

 Trop simple pour être vrai, me diras-tu ? Il faut croire en la délicatesse de Notre-Dame qui, comme une Maman, veille sur chacun de ses enfants et donne en ces temps d’apostasie un moyen accessible à tous pour gagner le ciel. « Là où la faute a abondé, la grâce a surabondé2

De nombreux récits de miracles ont été racontés et les prêtres peuvent en témoigner. Ils sont souvent appelés auprès de mourants qui réclament enfin le secours des sacrements alors qu’ils refusaient cette grâce depuis de longues années et avaient parfois commis de graves fautes. Tu te souviens peut-être de celui qui a assassiné Monseigneur Affre sur les barricades en 1848 ? Il mourut réconcilié avec le Bon Dieu grâce au scapulaire vert. Alors utilisons avec foi, confiance et persévérance ce moyen pour aider tous nos proches à se rapprocher de Dieu et à sauver leur âme.

 Notre-Dame veille toujours sur ses enfants, elle l’a redit à Fatima en 1917 et ne peut manquer à sa parole.

J’unis mes prières aux tiennes en ce mois de novembre pour que ce scapulaire soit connu et utilisé sans respect humain – pour reconquérir des âmes pour le ciel3 !

Je n’oublie pas non plus ton oncle ; que Notre-Dame lui vienne en aide !

 Je t’embrasse affectueusement,

Anne

 

1 FA n° 4

2 Rm 5, 20

3 On peut se procurer le scapulaire vert auprès du Carmel, dans toutes les librairies catholiques et on lira avec profit le « Marchons Droit » n°142 sur le sujet.

 

« Engagez-vous, qu’ils disaient »

La rentrée est passée avec son lot de bonnes résolutions ; deux mois après, il est temps de dresser un premier bilan. De l’enthousiasme de la fin de l’été, que reste-t-il ? Nos bonnes décisions se sont-elles envolées avec les feuilles de l’automne ? Ou au contraire sont-elles encore bien vivaces comme les couleurs chatoyantes de ce début novembre ?

La période de la vie étudiante est propice à toutes sortes d’engagements. En fonction des capacités que Dieu nous a données, nous pouvons souvent dégager du temps pour de multiples activités, même si notre premier devoir d’état est évidemment le travail et la réussite de nos études.

Et c’est là qu’il faut choisir entre les courts de tennis, les pots dans les bars avec les bons copains ; les visites culturelles, le cinéma, toutes sortes de divertissements, ou l’engagement dans une œuvre au service du bien commun ou de l’Eglise.

Comme pour tout choix, il faut se poser la question de ce que l’on gagne ou de ce que l’on perd en vue de notre salut. Et l’engagement dans les œuvres fait pencher généralement la balance très fortement du côté du gain.

Cet apprentissage du don, en plus d’être méritoire en soi, nous entraîne et nous prépare pour le don total qui constituera le reste de notre vie dans la vocation ou le mariage. Préparons-nous à tout donner plus tard en donnant un peu de notre temps dès maintenant.

On a souvent tendance à reporter les engagements sous prétexte que nous aurons plus de temps demain… Et pourtant, c’est pendant la période étudiante et tant qu’on est célibataire que nous pouvons au mieux nous entraîner au don de soi. Après cela, les évènements s’enchaîneront encore plus vite et les devoirs du ministère ou de la vie familiale seront encore plus prenants. Ils constitueront d’ailleurs déjà un don en soi et s’ils n’empêchent pas l’engagement, le temps à y consacrer sera réduit.

Profitons donc de cette période pour donner ponctuellement, à la mesure de nos capacités, et en choisissant le type d’engagement qui nous convient.

Le choix ne manque pas, il y en a pour tous les goûts, entre SOS Chrétien d’Orient pour ceux qui ont le goût de l’aventure, le MJCF ou la légion de Marie pour ceux qui ont une âme d’apôtres. La Maîtrise Scoute bien sûr, la conférence saint Vincent de Paul pour ceux qui ont la fibre sociale. La participation aux spectacles de la Dame de Pierre ou encore à l’association cinématographique Ermonia pour ceux qui veulent remettre à l’honneur et diffuser la culture chrétienne. SOS calvaire pour replanter la croix au cœur de nos campagnes. Et plus simplement encore, l’engagement au service des groupes d’étudiants, de jeunes professionnels, d’une paroisse, d’une chorale, de l’organisation d’un pèlerinage…

Tant et tant d’œuvres recherchent des bonnes volontés prêtes à s’engager, à consacrer ne serait-ce qu’un peu de leur temps pour étendre le règne du Christ-Roi dans la société. Il est aussi très enthousiasmant de voir naître et de pouvoir participer à tout ce bouquet de nouvelles initiatives.

Un seul prérequis est nécessaire à tout engagement afin qu’il soit bénéfique à coup sûr : conserver une vie intérieure bien vivante pour nourrir et remplir son âme de Dieu avant de pouvoir faire rejaillir ses grâces autour de soi. Dans « L’âme de tout apostolat », Don Chautard va même jusqu’à dire que sans une vie intérieure intense et entretenue, l’engagement dans les œuvres peut conduire à la ruine de l’âme. En effet, l’orgueil et la vaine gloire s’insèrent rapidement dans notre esprit et parviennent petit à petit à nous détourner de Dieu et à tout gâcher.

Alors foncez, profitez de cette période de tous les possibles pour vous engager à fond et surtout n’oubliez pas en parallèle de développer votre vie de prière, cela vous sera rendu au centuple !

Antoine

 

Instrument de paix

Dans les rencontres prévues ou imprévues, des âmes viennent parfois vers toi avec le cœur las, lourd d’épreuves mystérieuses, et ploient sous le fardeau. La croix a fragilisé une foi apparemment solide pour certains, les leurs ont pu se détourner de Moi et le vase intérieur semble prêt de se briser. Que dire alors, et comment soulager,

Lorsqu’une âme souffrante s’ouvre à toi.

Tu ne peux être un instrument de ma paix, de cette paix intérieure que Seul je donne, si tu n’es pas centrée sur Moi.

Si ton cœur, chaque matin ne s’unit pas au Mien, par la communion physique ou spirituelle, par un regard échangé entre toi et Moi assez longtemps pour que J’habite en toi pour la journée, Je ne pourrai donner à travers toi, la paix

Lorsqu’une âme souffrante s’ouvre à toi.

Celle qui dépose dans le secret de ton cœur, ses doutes, ses faiblesses, ses peurs, ses révoltes, me cherche. C’est Moi qui permets que tu sois mon instrument, auquel je vais donner les grâces, afin que ma Providence s’accomplisse.

Tu dois être ma main fidèle et ne pas tirer fierté de tes compétences car tout vient de Moi, sans Moi, tu ne peux rien,

Lorsqu’une âme souffrante s’ouvre à toi.

Aie une oreille attentive, un cœur affectueux, un regard doux, à l’image de ce que Je fus sur les routes de Palestine pendant ma vie terrestre. Ne brusque pas une âme, ne la juge pas, comment serais-tu à sa place, le cœur broyé ? Relève la moindre belle et bonne chose pour t’y appuyer comme levier afin d’encourager, et prie. Prie ma Mère tout en écoutant et en répondant, demande-lui de parler à ta place,

Lorsqu’une âme souffrante s’ouvre à toi.

Si tu as toi-même souffert ou souffres encore, tu sais la valeur de la discrétion. Les larmes, devenues perles plus tard dans mon Royaume, ne se jettent pas aux quatre vents. Ta bouche est donc scellée.

Ta peine doit être mise de côté, pour accueillir pleinement celle de l’autre, pour t’effacer devant une souffrance plus grande.

Cela ne peut se faire que si tu possèdes toi-même la paix intérieure, ma paix, voyant en tout, la volonté divine, même brutale et incompréhensible. Au plus fort de ma Passion, mon âme était en paix car toujours unie à mon Père, souviens-t’en,

Lorsqu’une âme souffrante s’ouvre à toi.

Enfin, garde toujours ta porte ouverte, prête à renouveler l’écoute. Cultive la bonne humeur par des journées bien équilibrées, où la place reste pour celui qui peine et s’invite dans ta vie avec sa charge. Si ton cœur compatissant est toujours uni au Mien, tu sauras ne pas être dérangée et faire passer la charité avant tes projets, sans mauvaise humeur.

Tu pourras ainsi transmettre ma paix, la faire grandir et être bon instrument, pour ramener vers Moi,

Lorsqu’une âme souffrante s’ouvre à toi.

 

     Jeanne de Thuringe 

 

Faut-il désespérer?

Ma chère Bertille,

 Tu me fais part dans ta dernière lettre de ton découragement, de ta lassitude de voir le délitement de la société. Tu as l’impression d’assister, impuissante, à la destruction de la France et cela te désespère. Tes parents et grands-parents ont mené le même combat, sont descendus dans la rue pour défendre leurs convictions ; ils ont mis leurs espoirs dans des hommes, dans des partis, ils ont fait parfois de grands sacrifices… Et le constat est aujourd’hui implacable, malgré les efforts et les espoirs de tous, la France a oublié qu’elle était « Fille aînée de l’Eglise », qu’elle avait une mission à remplir ; elle semble même prendre plaisir à montrer le mauvais exemple…

Sans doute, le monde où nous vivons est-il devenu le royaume de ces amoraux à qui il semble que tout soit permis ; sans doute le combat pour que l’Eglise, l’Etat et la famille vivent en cohérence semble-t-il dépassé ; sans doute ceux qui veulent demeurer fidèles aux lois de l’Eglise paraissent-ils devenus des êtres anachroniques, « vivant entre eux, à part de la mode, à part du monde réel… »

L’être humain, ne songeant qu’à son plaisir et à son égoïsme, croque dans la pomme à la hâte, la rejetant dès son premier désir assouvi pour un autre plus prometteur. L’air est chargé lui-même de tous les reniements moraux et spirituels et nos poumons cherchent en vain une bouffée d’air pur, et nos yeux un lieu où poser le regard …

 Mais faut-il pour autant désespérer ?

Tu me diras que seule, tu ne peux rien ; c’est exact ! Mais par le baptême tu es devenue le temple du Saint -Esprit et depuis ce jour béni, tu n’es et ne seras plus jamais seule ! 

Un prêtre orateur qui marqua les esprits, ayant à parler dans une grande salle, prévint son auditoire qu’on allait tout éteindre. Puis dans l’obscurité, il craqua une allumette et demanda qui pouvait voir la flamme ; une acclamation générale retentit. Tirant tout de suite la leçon, il poursuivit : « c’est ainsi que brille une bonne action dans un monde mauvais ! » Et pour prolonger l’expérience, il demanda que chacun gratte une allumette et bientôt 1000 petits points de lumière jaillirent dans la salle qui fut du coup pour quelques instants tout illuminée. La démonstration s’avérait sans réplique : Que chacun donne sa flamme et celles-ci ainsi conjuguées réduiront les ténèbres et confondront l’obscurité.

 Tirons donc à notre tour une leçon à ne pas oublier :

Dieu nous a placés chacun, volontairement, là où nous sommes ; et Il attend que nous aussi, nous allumions notre flamme car d’autres ont besoin de cette lumière pour s’y réchauffer ou pour les éclairer ! Maudire l’obscurité ne sert à rien, la briser, ne serait-ce que pendant quelques instants, est une œuvre splendide.

 Aime – Sois généreuse – Aimer c’est donner et donner c’est tout donner, or on ne donne pour de bon, sans calcul, que lorsqu’on a d’abord tué son amour de soi. Ça ne se fait pas tout seul, tant l’amour-propre est enraciné en nous ! Courage ! C’est ce qu’on donne qui enrichit. Et avant tout, fais de Dieu l’amour essentiel de ta vie. Ne crains pas qu’Il ferme ton cœur aux tendresses humaines, au contraire, Seul, Il saura les purifier et t’orienter vers l’âme grande que tu recherches.

Espère contre toute espérance. C’est parce que le monde est obscur à déchiffrer que la foi est une vertu et l’espérance sa sœur jumelle. Si le chrétien lui-même désespère, alors qui portera la flamme jusqu’au dernier jour ? Ne plus espérer, c’est douter de l’amour infini de Dieu !

C’est à cause de son étouffement spirituel que déchoit le monde, et pour retrouver un peu d’air, il n’a besoin que de véritable charité, d’espérance, de justice et d’humilité. Dieu nous a confié le dépôt de cette vie spirituelle ; à nous de la transmettre ! Il ne nous a pas promis une vie tranquille et confortable et Il veut que tous, nous portions notre croix. Mais il nous faut la porter avec un franc sourire pour qu’on sache que nous sommes plus forts que la souffrance. Et aussi pour que ceux qui nous blessent comprennent que leurs flèches nous atteignent en vain. Bénis les coups reçus, aime ceux qui viendront, ils te seront utiles pour mieux aimer.

Sois fidèle dans les petites choses : ta prière du matin et du soir, ton chapelet, ton examen de conscience quotidien. Persévère dans tes résolutions, surtout quand elles te coûtent… C’est ta fidélité que Dieu récompensera car les petites actions quotidiennes demandent souvent plus de vertu qu’une action d’éclat ! Laisse-toi faire par Dieu, Il te parle, dans la paix de ton cœur, et Lui seul saura t’apporter la sérénité dont tu as besoin.

Et ensuite, comme sainte Jeanne d’Arc, marche hardiment et agis « plutôt aujourd’hui que demain et demain que plus tard ». Ne pense qu’au sommet et monte avec ardeur, toujours vaillante, sans crainte et sans reproche !

 Garde courage et compte sur ma fidèle amitié,

 

Anne

 

L’aigle noir

Peut-être avez-vous observé lors de vos récentes vacances d’été à la montagne, un de ces aigles noirs planant dans le ciel ?

Il s’élance d’une falaise et aussitôt des corbeaux batailleurs l’assaillent de toutes parts, cherchant à lui crever les yeux pour l’aveugler. Mais lui, imperturbable, après quelques coups de griffes, continue en planant, son ascension paisible, porté par les courants ascendants.

Il monte, il monte, et en quelques tours dans le ciel, sans montrer aucun effort, il s’est élevé au-dessus de la mêlée des corbeaux qui n’arrivent pas à le suivre en dépit de leurs battements d’ailes effrénés. Sans se soucier des circonstances, des aléas, tout entier tendu vers le ciel, il y monte dans la paix et sans agitation.

Si parfois nous sommes inquiets pour le choix de notre orientation, pour la découverte de notre vocation, si parfois notre esprit se trouble à l’idée de pouvoir échouer dans nos études ; si parfois la critique nous atteint ; si parfois nous doutons de nos capacités à réussir dans nos entreprises ; si parfois notre âme se trouble ; si parfois nous perdons la paix intérieure, pensons à l’aigle noir. Le démon, tel les corbeaux criards, cherche à nous aveugler, à nous empêcher de monter vers le ciel. Il est l’ennemi de la paix et agit dans le trouble pour nous accrocher à la terre dans l’inquiétude. Au contraire, Jésus ne nous a-t-il pas dit : « Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix » ?

Comment conquérir et conserver cette paix intérieure qui est à la fois la base sur laquelle les vertus fleuriront plus facilement, mais aussi le résultat de la culture des vertus ?

La paix étant la tranquillité de l’ordre, si notre vie est en ordre, nous n’avons pas de vraie raison d’être troublé et de perdre la paix, donc chassons ces idées noires. A l’inverse, si nous n’avons pas la paix, commençons par remettre notre vie en ordre, et la paix reviendra.

 

Mais tout d’abord, qu’est-ce qui trouble la paix intérieure ?

C’est cette petite voix qui résonne en nous et dont nous avons du mal à discerner si elle vient de notre conscience, de notre ange gardien ou si elle vient du Malin.

Et alors, quelle attitude tenir face à cette petite voix lancinante qui certaines fois n’est pas loin de nous rendre fou ?

Voici quelques petits conseils simples, fruits de l’expérience et tout à fait modulables en fonction des situations qui sont toutes différentes bien entendu.

Commencer par prier et faire un acte d’abandon : « Mon Dieu, venez à mon aide, je suis là pour faire votre volonté. »

Si cela persiste, confier ces troubles, ces questions à un bon ami. Cela permettra de mettre des mots sur le ressenti, et parfois rien que cela pourra faire s’évanouir le trouble.

Limiter la rêverie et maîtriser l’imagination galopante : si je ressens cela, c’est que je suis fait comme cela ou pour cela… Tout ceci n’est que du vent : s’en tenir aux faits, se les rappeler, ne pas les interpréter.

Quand les questions persistent, il peut être important de prendre le temps de réfléchir sérieusement pour y répondre une bonne fois pour toutes. Par exemple, faire une retraite sur la question de la vocation sera très utile. Car dans ce cadre privilégié, nous serons plus à même de faire les bons choix, aidés par les méthodes de discernement de saint Ignace qui sont très efficaces pour identifier si une inspiration vient de Dieu ou du démon.

Ces moments dédiés à la réflexion permettent sinon de décider du moins d’approfondir notre choix, et il est important de ne pas remettre en question tout le travail et les décisions prises en retraite.

Si on a accordé le temps suffisant à l’examen de la question sous le regard de Dieu et que malgré tout celle-ci persiste, alors il faut y couper court et fuir sans scrupule. C’est encore le Malin qui vient nous troubler.

Un directeur spirituel sera aussi d’une très grande aide dans le cas d’un esprit souvent troublé.

Enfin, tel l’aigle noir, cherchons seulement à monter vers le ciel, et portés par les courants ascendants de la grâce, les corbeaux batailleurs n’auront pas longtemps prise sur nous.

 

Antoine

 

Ose être toi-même

« Je suis maître de moi comme de l’univers ;

Je le suis, je veux l’être. Ô siècles, ô mémoires

Conservez à jamais cette illustre victoire.»

Ces quelques vers d’Auguste dans le Cinna de Corneille n’ont-ils jamais fait rêver les plus timides d’entre nous ? Quelle plus grande victoire que la victoire sur soi-même ? La victoire dont parle Auguste ici, est une victoire sur son esprit de vengeance lorsqu’il accorde de façon magnanime le pardon à Cinna, son assassin. Mais n’est-ce pas une victoire aussi grande sur soi-même que celle de surmonter sa timidité quand, introverti, le manque de confiance en nous peut aller jusqu’à nous paralyser ?

La timidité est une difficulté temporaire qui concerne principalement les plus réservés d’entre nous à l’âge où ils n’ont pas encore acquis suffisamment d’estime d’eux-mêmes pour pouvoir s’adresser aux autres sans crainte de leur regard. Elle concerne donc beaucoup de jeunes, et la bonne nouvelle c’est que l’on peut en sortir assez facilement à condition de le vouloir.

Si nous sommes timides, nous n’avons souvent que peu d’estime de nous, et nous avons tendance à chercher l’estime qui nous manque dans le regard des autres. Le problème est que nous ne sommes pas certains de l’obtenir et cela risque de blesser notre orgueil. Nous préférons donc plus souvent ne pas nous exposer à ce regard pour ne pas mettre en danger le peu de confiance en nous qu’il nous reste. Ayant de ce fait peu d’occasions de rentrer réellement en relation avec nous et de découvrir notre personnalité, les autres peuvent donc avoir tendance à nous méjuger un peu rapidement ce qui, de ce fait, diminue encore notre estime personnelle et alimente le cercle vicieux de la timidité.

Petit à petit, si ce défaut n’est pas combattu pied à pied, nous nous renfermerons sur nous-même et nous irons de tristesse en dépression. Une timidité excessive est ainsi un véritable frein au développement de notre personnalité d’homme et de chrétien libre et autonome, et peut aller jusqu’à nous bloquer sur le plan professionnel ou personnel.

Alors comment lutter contre ? Puis-je réellement me sortir de cette timidité qui me paralyse ?

– Non, c’est fichu, je suis né comme cela, je suis condamné à supporter ma timidité et ses tristes conséquences jusqu’à la fin de ma vie !

– Eh non ! Ce n’est pas vrai. N’écoute pas l’esprit menteur qui cherche à t’enfoncer en utilisant les faiblesses de ta nature ! Au fond, c’est sur l’orgueil et le respect humain qu’il joue sa gamme.

– Au contraire, compte sur ton ange gardien qui est le mieux placé pour te sortir de cette ornière. Quand tu n’oses pas ou que tu as peur de t’adresser à quelqu’un, invoque son ange gardien pour qu’il le dispose favorablement, et le tien pour qu’il t’inspire les bons mots. Demande-lui, ainsi qu’au Saint-Esprit, de t’envoyer le don de Force. Et armé des secours du ciel et de la communion fréquente, qui est le meilleur moyen d’obtenir de l’aide pour grandir dans cette vertu de Force, il ne te reste plus qu’à passer à l’action.

Sache pour commencer qu’au moins 50% des gens ont été timides à divers degrés dans leur vie et que 80% d’entre eux ont réussi à beaucoup progresser en vieillissant.

Ensuite, exerce-toi chaque jour à faire une action que tu n’oses pas faire par timidité, en la considérant comme le petit défi du jour.                   

 Commence par des choses assez faciles :   

– Te regarder dans la glace et remercier Dieu pour tout ce qu’il a fait pour toi,

– Dire quelques mots au clochard que tu croises le matin,

– Faire un compliment à la boulangère,

– T’obliger à développer quand on te pose une question,             

– Expliquer tes choix,

– Décrire à ton entourage ce que tu ressens devant une situation,

– Lever la main en cours pour poser une question devant tout le monde,

– Quand tu es devant une situation qui te paraît ridicule, rire de toi et dédramatiser,

– Répondre au téléphone,

– Appeler spontanément un ami, etc.

Et lors de ton examen de conscience, remémore-toi les réussites que tu as eues durant la journée. Cela te permettra de te rendre compte progressivement que tu es capable de surmonter cette peur du regard des autres, et ainsi d’augmenter ta confiance en toi.

Le cercle vertueux se met alors en place : c’est ainsi plus facile de s’adresser aux autres qui de ce fait, te connaissent mieux et t’estiment davantage parce qu’au fond tu es un chic type, et ils te le disent, tu en prends ainsi conscience et tu n’as donc plus peur de ne pas l’être, etc, etc…

 

Un autre moyen qui peut aussi t’aider, c’est d’imaginer tout ce que tu pourrais faire si tu osais t’adresser aux autres sans crainte. Cela ne te donne-t-il pas envie d’y parvenir ? Ah si seulement j’osais …

Oui tu en es capable, avec l’aide du Ciel et un peu d’exercice, tout est possible ! Il faut simplement le vouloir. Et la volonté, c’est comme un muscle qu’il faut exercer et entraîner pour qu’il révèle toute sa puissance.

Parles-en aussi à un bon ami. Cela fera d’abord un bon exercice pratique, et tu découvriras sans doute qu’il a eu ou qu’il a les mêmes difficultés. Cela vous permettra de vous entraider et de vous lancer des défis d’audace.

Enfin, si tu suis ces quelques conseils, au bout de quelques mois, les progrès seront déjà tangibles et dans quelques années, personne ne pourra deviner que tu es un « ancien timide ». Ta confiance en toi ne dépendra plus du regard des autres, mais sera placée sous le regard de Dieu.

Et souviens-toi que « l’audacieux se trompera parfois, le timide toujours, l’audacieux pourra échouer, le timide n’ayant rien entrepris, rien risqué, ne réussira jamais ».

Devenir audacieux, c’est tout le bien que je te souhaite, cher ami, en « situation temporaire de timidité ».

Bon courage et en avant, le jeu en vaut vraiment la chandelle !

Antoine

 

Sois prête pour ta mission

Ma chère Bertille,

 Jamais on n’a tant parlé de la femme, et pourtant jamais on n’a vu tant de désabusées, d’aigries et d’insatisfaites. On pourrait être surpris si on ne savait pas que le bonheur est fait de l’accord de toute vie avec ses tendances profondes, or il est clair que la femme n’a jamais été plus éloignée de sa vocation dans notre société dépravée ! Et pourtant Dieu seul sait combien le monde a besoin du cœur de la femme ! Je parle bien ici du cœur, de son cœur et non de cette sensibilité à fleur de peau dont on a fait trop souvent l’apanage du sexe féminin.

Créée pour porter la vie en son sein, (c’est tout son mystère), elle est faite pour porter aussi la vie en son cœur et en son âme. Quand on regarde aujourd’hui une jeune fille, on devine déjà quelle mère elle sera ; quand on la voit dure et soucieuse de ses seuls droits, sans aucune pitié, criant « moi, moi, moi, mon indépendance, mon épanouissement personnel, ma carrière… ! », on plaint l’enfant qu’elle mettra au monde, même si elle l’étouffe de baisers ou si elle se donne beaucoup de mal pour « compenser ». Mais quand on voit un cœur charmant qui cherche à faire plaisir, qui met du bonheur comme un bouquet de violettes sur la table, qui n’oublie ni la vieille tante grognon, ni l’exaspérant jeune frère, qui se glisse à la cuisine le soir pour faire discrètement la vaisselle et qui sait se retirer pour prier, on pense à la beauté unique de la vocation féminine, irremplaçable dans le monde.

La femme est faite pour l’accueil et pour le don, et quelle que soit sa destinée, bienheureuse sera celle qui se sera ainsi préparée !

Résumons donc quelles sont les principales qualités à développer ou à cultiver pour parvenir à remplir au mieux cette mission attribuée par Dieu Lui-même à chacune de nous en particulier.

 « Plus une femme est sainte, plus elle est femme1»

La femme est aux portes entre deux mondes, elle entend les voix de la terre et celles du ciel. Elle sera donc attentive et docile à l’Esprit-Saint qui parle en toute créature en apprenant à faire silence pour l’entendre. Venant de Dieu et allant vers Dieu, l’Inépuisable lui donnera tout ce qui est nécessaire en force, énergie, intelligence et douceur. Et pour mieux atteindre Dieu, elle se tournera vers Notre-Dame.

A Jésus par Marie : se laissant emporter de l’amour de Marie à celui de Jésus en contemplant les intimes relations qui existent entre la mère et le fils, trouvant non seulement en Marie une mère, mais découvrant qu’Elle est une vierge, une épouse et une mère dont le rôle ici-bas a été le même que le sien.

Le chapelet quotidien – accompagné de la méditation des mystères -, l’assistance à la Messe qui nourrira l’âme par la communion fréquente – non seulement le dimanche mais aussi en semaine dès que possible -, la dévotion aux premiers samedis du mois, l’habitude de l’oraison quotidienne qui rapproche l’âme de son créateur l’aideront à imiter autant que possible la Vierge Marie, qui doit servir de mère et de modèle, et apprend à chacune « à garder toutes ces choses dans leur cœur ».

 Des qualités de cœur

Si le cœur représente une faiblesse pour celles dont l’éducation a été négligée, il peut et doit devenir une force pour les femmes qui sont conscientes de leur mission.

Comment répondre au désir de donner beaucoup à tous ceux que l’on aime ? Multipliez vos richesses. Il faut tant de ressources pour animer un foyer, donner à chacun ce qu’il attend : force d’âme, tempérance, volonté, esprit de pénitence, générosité, loyauté, en renonçant à ses propres petits plaisirs, à son indépendance pour être capable d’ouvrir les vraies portes de la vie, de l’esprit, du cœur, de l’âme et distribuer l’amour et la foi.

Le vrai, l’indispensable charme de la femme est fait surtout du rayonnement, de la beauté morale, de la bonté qui modèle un être par l’intérieur et suggère instinctivement les attitudes et la tenue.          

Vous souffrez ? Ne vous repliez pas sur vous-même. La seule manière d’échapper à l’excès des peines >>> >>> est d’apprendre à sourire dans les épreuves et à se tourner vers les autres. C’est le sens de l’existence de la femme. Une jeune fille égoïste restera une femme égoïste, enfermée dans le vide horrible de son bien-être personnel, le vide de son cœur, la stérilité de sa vie. Oublions les paroles de ces féministes qui veulent se réserver pour leur épanouissement personnel : pour laisser fleurir la femme qui est en nous, donnons sans arrière-pensée et donnons-nous pour la joie de faire fleurir la joie, comme on plante des fleurs pour embellir un jardin, et pour cette joie de créer qui réjouit celui qui crée et ceux qui en profitent.

La femme au cœur épanoui et offert sera alors capable de comprendre, d’encourager, d’aider, de consoler, d’apporter parfois le frein modérateur ou de donner d’autres jours l’élan impulsif qui permettra de surmonter le découragement dans les épreuves.

 La formation intellectuelle

Dans l’éducation d’une jeune fille, aucun savoir n’est superflu du moment qu’il concourt à lui procurer une exécution plus parfaite du rôle que Dieu lui réserve. Instruction religieuse dépassant le simple catéchisme appris à l’école, Lettres, philosophie, éducation musicale et artistique, culture générale et ouverture d’esprit permettant de s’intéresser à tous : rien ne sera inutile. Pour avoir beaucoup à donner, enrichissons notre esprit. Apprenons à penser au lieu de nous contenter de sentir. L’intuition féminine ne suffit plus pour résoudre les problèmes complexes que l’on rencontre aujourd’hui. La culture n’est pas la conquête d’un examen, c’est l’application de sa pensée et aussi de son cœur à tout ce qui intéresse la vie. Ces richesses intérieures qu’apporte la culture permettent de se défendre contre les tentations qui viennent souvent de la monotonie de la vie, de l’ennui. Que de femmes ne se supportent pas entre les quatre murs de leur maison ! Mais si elles avaient une vie de l’esprit et de l’âme, elles ne s’ennuieraient jamais. Elles fuient non leur maison, mais leur vide intérieur. Que reste-t-il à l’âge du déclin aux femmes qui ont misé sur leur beauté ? Celles qui ont misé sur leur esprit et sur leur âme n’ont rien à craindre, elles ont un trésor à l’abri de la rouille et des voleurs, une possibilité d’engranger chaque jour, dans le champ de l’amour et de l’âme, de nouvelles récoltes qu’elles distribueront autour d’elles.

 Un corps sain

Quelle que soit ta mission, il te faut garder un corps sain ; pour cela inutile en général de faire beaucoup d’efforts quand on est jeune et en bonne santé ; cependant il faut prendre garde à ne pas ruiner sa santé par une alimentation déséquilibrée, des régimes insensés, des abus inconsidérés, des nuits sans sommeil qui ruineraient le capital santé ! N’oublie pas que si Dieu t’appelle à transmettre la vie, tu légueras aussi à tes enfants toutes tes carences ou tes empoisonnements…

Privilégie les activités saines comme la marche ou la natation ; découvre une activité manuelle qui te permettra d’occuper les heures calmes (couture, gravure, encadrement). Telle la femme forte de l’Evangile, apprends à faire toi-même tout ce qui te sera utile dans ta maison.

 Quelle que soit notre route humaine, mariage, célibat, vie religieuse, il n’y a qu’une manière d’être heureux, c’est de prendre la main du Seigneur et de se laisser guider par lui avec confiance. Lui seul connait la mission qu’il a prévue pour chacun sur la terre mais il est certain que celle qui aura développé ses qualités féminines et ouvert ainsi son cœur saura répondre à son appel avec générosité et amour.

 Je te souhaite de bonnes vacances, bien reposantes après cette année difficile ! N’oublie pas de prendre le temps de méditer sur toutes ces pensées afin de prendre de bonnes résolutions pour l’année qui vient.

Bien affectueusement,

 

Anne