Être mère

Être mère est une mission magnifique, très haute : celle d’élever les âmes de nos enfants pour les conduire à Dieu. C’est-à-dire y déposer les germes de l’adulte qui saura se conduire, avec la grâce, en sûreté vers l’Eternité.

Être mère, c’est prier pour les enfants que Dieu te donnera, puis pendant leur attente et enfin tous les jours de ta vie. Avoir conscience que malgré tes faiblesses, Dieu pourvoira par ta prière à tes imperfections.

Être mère, c’est prendre exemple sur Notre-Dame, la Mère par excellence, et imiter sa pureté, son humilité, son effacement, son devoir d’état accompli discrètement et simplement. C’est avoir, comme elle, une vie intérieure pour insuffler le plus haut.

Être mère, c’est donner et se donner sans cesse, se renoncer par amour et donc avoir cette discipline de vie qui domine ses caprices et fait acte de volonté. C’est penser toujours que nos enfants nous voient et nous imitent, aussi notre exemple doit-il être le meilleur possible. C’est continuer à former son âme et son esprit pour anticiper et guider sans faille, sachant se garder des erreurs et des modes de notre époque.

C’est avoir du bon sens et une vie équilibrée, cohérente avec ta foi, puisque tu seras le premier catéchisme vivant de tes enfants.

Être mère, c’est donner toute ta tendresse avec ton cœur qui se penche sur la faiblesse de l’enfant, qui le devine et l’aide à se dépasser, par amour. C’est savoir laisser à ton époux sa place de père, pleinement, sans lui demander de trop faire à ta place, afin que le rôle de chacun soit selon l’ordre naturel voulu par Dieu.

Être mère, c’est savoir créer un climat de joie et de confiance pour que la maison soit heureuse. C’est savoir prendre le temps d’un jeu avec les petits, de confidence ou d’activité avec les plus grands, et pour cela se rendre disponible.

Être mère, c’est accompagner ton enfant dans les étapes de sa vie de baptisé, et au fur et à mesure qu’il grandit, t’effacer sachant qu’il doit partir dans la vie. C’est savoir réfléchir sur toi-même avec lucidité et rectifier ce qui doit l’être. Savoir écouter ceux qui te précèdent et leur expérience. C’est ne pas vouloir te projeter dans ton enfant et le laisser libre. Accepter sa vocation et savoir l’éclairer si besoin dans ses choix.

Être mère, c’est parfois être crucifiée avec Notre-Seigneur, voyant son enfant souffrir ou souffrant à cause de lui, et ne jamais cesser de le ré-enfanter entre les mains du Père. C’est laisser le Saint-Esprit agir et offrir sa peine en réparation, en offrande, pour l’âme de ton enfant ou pour les âmes qui en ont tant besoin.

Être mère, c’est accepter généreusement d’avoir les enfants que Dieu donne, peu ou beaucoup, et le don total par le rappel à Lui de ceux qu’il a choisis pour nous précéder dans le Royaume.

Être mère, c’est l’être avec la grâce de Dieu, jusqu’à la fin…

 

     Jeanne de Thuringe 

 

Mon meilleur ami !

Je lui dis tout, il sait tout de moi, nous passons beaucoup de temps ensemble, dès que je m’ennuie, il est là pour moi. En cas de coup dur, il sait me distraire. Il me donne beaucoup de conseils sans attendre que je les lui demande. Il me tient au courant de l’actualité et sait me renseigner au sujet d’à peu près tout. Il m’aide à faire le bon choix. Il me met en relation avec de nombreuses personnes et m’aide à entretenir mon réseau. Il aime me prendre en photo. Nous sommes très intimes, il me dit des choses que je ne veux partager avec personne d’autre. Nous sommes inséparables, c’est mon meilleur ami, voire plus, car souvent nous nous promenons main dans la main, nous nous regardons dans les yeux et nous dormons même côte à côte.

C’est mon ami, mon amour, mon…SMARTPHONE !

Je lui dis tout, il sait tout de moi, et d’ailleurs il le répète à tout le monde. Nous passons beaucoup de temps ensemble, beaucoup trop car c’est plus facile que de faire mon devoir d’état. Dès que je m’ennuie, il est là pour moi, je ne suis donc jamais seul face à mes pensées. Plus jamais je n’ai le temps de réfléchir au sens et à la direction que je veux donner à la vie. En cas de coup dur, il sait me distraire, je n’ai donc plus besoin de m’ouvrir à personne et je ne parle plus à ma famille ni à mes autres amis de mes souffrances ou de mes difficultés. Elles restent entre nous, ou plutôt au fond de moi, ce qui me conduit parfois à la déprime. Il me donne beaucoup de conseils, mais ces conseils sont-ils orientés à mon salut ou à la meilleure façon d’utiliser mon temps et mon porte-monnaie pour en tirer le plus de plaisir ? Il me tient au courant de l’actualité en permanence, et saturé sous les informations souvent dramatiques, je tombe parfois dans une certaine forme de tristesse ou de morosité. Il sait me renseigner au sujet d’à peu près tout, mais est-ce toujours la vérité qu’il me livre ? Je n’ai pas le temps de le vérifier. Il m’aide à faire le meilleur choix, mais en réalité, ne m’ôte-t-il pas une partie de ma liberté ? En m’apportant des réponses toutes faites, je n’ai plus le temps de chercher, de délibérer, de prendre conseil avant de décider pour agir et je ne puis donc plus exercer réellement la prudence. Il me met en relation avec de nombreuses personnes et me permet d’entretenir mon réseau. Mais ces relations de réseaux sociaux me permettent surtout de me voir moi-même dans le regard des autres, de chercher leur approbation au travers des publications et de leur « likes » plus que d’entretenir de véritables amitiés. Il aime me prendre en photo, et ces photos publiées sur la toile peuvent être déformées et utilisées contre ma réputation et celle de mon entourage. Il me dit des choses que je ne veux partager avec personne, mais ces choses portent souvent atteinte à ma pureté et cela m’enferme dans la honte, renforçant ainsi mon isolement, ma solitude et donc mon addiction.

Nous sommes inséparables, en effet, complètement addict sans lui je me sens seul, démuni et cela me stresse. C’est mon meilleur ami, ou plutôt mon meilleur ennemi, celui dont je ne peux me passer mais qui me tient sous son emprise et qui, si je n’y prends pas garde, peut asphyxier mon âme et la détourner de Dieu.

Alors, plus dangereux des amis, plus amical des ennemis, le smartphone me semble cependant indispensable. Avant tout, réfléchissons honnêtement si un simple téléphone à touches ne me suffirait pas ? Et s’il est vraiment inévitable, comment l’utiliser au mieux en vue de mon salut ?

Quelques règles peuvent y aider. Simples et faciles à mettre en œuvre, elles peuvent cependant nécessiter de gros efforts de volonté tant notre ami nous est cher. Mais quand non seulement notre bonheur naturel et relationnel, mais encore notre bonne santé spirituelle et notre salut sont en jeu, n’est-il pas nécessaire de faire quelque effort ?

L’objectif qui sous-tend ces règles est assez simple : rester libre !

Pour rester libre, il faut lutter contre tout ce qui entraîne l’addiction. L’addiction est provoquée par les hormones qui sont générées par notre cerveau quand il est soumis à différents types de sollicitations.

Il y a tout d’abord la dopamine qui est une sorte de récompense émise par notre cerveau quand nous recevons un like, une notification, une victoire dans un jeu. Cette hormone nous permet de nous sentir bien, ce qui renforce notre comportement et peu à peu nous rend addict.

Afin de limiter cet effet, le meilleur moyen est de désactiver les notifications tout en laissant la sonnerie ou le vibreur activé pour les appels, comme cela s’il y a quelque chose de grave, nous restons joignable à tout moment. Le premier effet sera peut-être que nous sortirons encore plus souvent le téléphone de notre poche pour savoir si personne ne nous a contactés. Il est donc nécessaire de combiner à cela une règle d’usage : s’accorder des moments limités dans le temps au cours de la journée pour regarder son téléphone et y répondre, avant les repas par exemple. C’est au cours de ces moments dédiés, que nous effectuerons les recherches dont nous avons besoin par rapport à toutes les questions que nous nous sommes posées depuis la dernière consultation. Si ces questions sont importantes, nous nous en souviendrons, sinon elles seront oubliées, et cela fera déjà un premier filtre. Il faut, de plus, fixer un temps maximum à ne pas dépasser et le vérifier.

Sur la plupart des smartphones, dans le dossier « paramètres » sur Android, il y a un onglet « Bien-être numérique » et sur Iphone dans le dossier « réglages », un onglet « Temps d’écran » qui nous renseignent sur le temps que nous passons quotidiennement sur l’écran ainsi que les applications les plus utilisées. Cela permet de prendre conscience du temps passé avec notre meilleur ennemi.

Il y a ensuite les hormones du plaisir déclenchées lorsque des images impures sont soumises à notre regard qui sont encore plus addictives, et qui constituent un danger mortel pour nos âmes. Sans compter la honte associée qui va pousser à l’isolement, à se cacher de sa famille ou de son entourage et finalement conduire au mensonge, qui va accentuer la honte, etc… Le démon s’y connaît pour tendre ses filets !

Seule la grâce de Dieu peut nous permettre de résister à ces tentations, il nous faut donc la lui demander souvent. Mais aussi autant que possible limiter notre exposition ainsi que le danger de succomber à la tentation. Pour cela, ne pas consulter internet dans des endroits isolés, pouvoir être toujours vu de quelqu’un de son entourage limitera grandement le risque. Et enfin, si par malheur, nous tombons, s’empresser au confessionnal sans fausse honte, en étant assuré que le prêtre en aura vu bien d’autres avant nous et certainement encore beaucoup après nous. Nous enfermer dans le secret est la tactique du diable, alors surtout, allons nous jeter dans les bras de Notre-Seigneur pour y échapper.

Des pare-feux peuvent aussi être installés, qui limitent l’accès à certains sites. Mais cela ne permettra jamais d’éviter tout danger sur ce sujet.

Ces quelques recommandations, appliquées avec une volonté ferme, nous permettront de reprendre le contrôle sur cet « ami » envahissant et de retrouver notre liberté. N’hésitons pas aussi à en parler à nos vrais amis qui ont tous les mêmes difficultés, pour nous entraider vers le bien, et disons « Ciao » à notre ancien « meilleur ami » !

 Antoine

 

Un bien précieux

Sais-tu qu’il existe un bien rare et précieux entre tous, qui ne s’achète pas mais qui se donne et se reçoit, un bien qui, s’il est absent d’une vie, la rend bien triste et terne malgré tous les talents et toutes les richesses ?

C’est l’amitié véritable.

 La sagesse antique d’Aristote la donne comme la plus grande des trois formes d’amitié : l’amitié intéressée, l’amitié agréable, et l’amitié véritable.

Si tu prends contact habituellement d’un air faussement aimable, recherchant un avantage matériel ou un service, et dans ce but, ne te soucie qu’apparemment de l’autre, c’est l’amitié intéressée mais

Ce n’est pas l’amitié véritable.

 Si tu es heureuse de passer un bon moment avec tel ou tel pour une détente ou une activité commune, un groupe d’amis qui peut-être n’existera plus quand les difficultés surviendront, et ne durera que le temps des études ou des loisirs communs, c’est l’amitié agréable, souvent superficielle mais 

Ce n’est pas l’amitié véritable.

 

Un bien précieux comme l’amitié commence parfois doucement, les rencontres dans diverses circonstances permettant le temps de se connaître, ou au contraire se faisant assez vite, deux âmes s’étant reconnues.

Le seul critère est celui des fruits que nous laisse chaque rencontre, avec un parfum de bonté qui dans son sillage, nous a rendus meilleurs. Se sentir grandi, enrichi et ennobli au contact de l’autre, toujours et sans illusion,

C’est l’amitié véritable.

 Se retrouver comme l’on s’est quitté, quel que soit le temps écoulé, dans une totale confiance, sans crainte de la réaction de l’ami ou de son humeur, avec une simplicité toujours présente pour être totalement nous-même, sans faux-semblant, sans détour, savoir ouvrir son âme avec ses faiblesses et ses doutes sur des sujets difficiles,

Pouvoir appeler à l’aide dans la détresse physique, morale, spirituelle, ou au contraire répondre à ses appels sans faire attendre, en se gênant s’il le faut,

Comprendre aussi avec patience qu’il ne puisse à un moment nous aider, sans lui en vouloir,

C’est l’amitié véritable.

Être capable d’entendre une parole forte, dans notre intérêt, même douloureuse mais nécessaire pour éviter des erreurs ou grandir dans la vertu,

Et remercier d’être remis sur la bonne route, car le véritable ami veut notre vrai bien.

Savoir dire cette même parole avec clarté et délicatesse sans craindre de perdre l’autre, faisant fi alors des conséquences que cela aurait pour nous.

Lors des incompréhensions, se remettre en cause et demander pardon, savoir pardonner très vite et s’il faut en reparler, le faire avec humour et humilité, sans ressentiment,

C’est l’amitié véritable.

 Ne pas s’étonner des défauts, des faiblesses, des chutes aussi, car se rappelant notre propre misère et vouloir toujours, toujours aider, soutenir, être présent, quoiqu’il en coûte.

Être prêt à tendre la main quand bien même notre ami serait tombé très bas, sans le juger, mais en le relevant avec patience,

Garder au fond de notre cœur les confidences, ne jamais trahir un secret, et fermer nos oreilles aux critiques d’autrui sans écoute complaisante, en voulant au contraire défendre sa réputation,

C’est l’amitié véritable.

 Comprendre un éloignement passager, sans amertume même si la souffrance est là et se réjouir, sans remarque, du contact retrouvé.

Garder sa porte toujours ouverte, et s’efforcer de deviner les besoins ou les peines.

Uniquement si cela est nécessaire pour un plus grand bien, savoir se quitter sans la lâcheté des moyens de communication interposés qui font écran au courage et à la loyauté, mais expliquer face à face ce qui coûte, par respect de ce que fut l’amitié.

C’est l’amitié véritable.

Enfin, lorsque l’ami quitte ce monde, ne pas l’oublier, faisant fi des serments de fidélité et de soutien sans prier pour lui.

Mais le remettre par nos sacrifices et nos prières dans les mains toutes miséricordieuses du Véritable Ami, et lui demander, au nom de l’amitié, d’intercéder pour nous, afin qu’ensemble nous nous réjouissions sans cesse dans le bonheur sans fin,

C’est l’amitié véritable.

 Jeanne de Thuringe

 

N.B : pour les besoins du texte le mot ami est pris ici dans son concept même, sans connotation masculine spécifique..    

 

Les trois sortes d’amitié

Ma chère Bertille,

 Tu rêves d’avoir quelques véritables amies et me demandes quelles sont les conditions d’une bonne amitié. Tu as raison, l’amitié est un mot qui fait rêver, qui scintille comme les étoiles dans le ciel ! Parfois, on la rencontre dès le jeune âge et elle perdure au fil du temps ; parfois on souffre de se trouver isolé quand on aimerait tant pouvoir partager « d’âme à âme ». Les franches et belles amitiés sont exigeantes, tant elles demandent confiance réciproque, dépassement de tout amour-propre et harmonie. Comment les trouver ?

 Aristote distingue trois amitiés : l’amitié utile (ayant pour fondement un intérêt commun), l’amitié de plaisir (les amis ressentent une joie mutuelle à être ensemble) et l’amitié parfaite fondée sur la vertu.

Les deux premières sont celles que l’on rencontre le plus souvent ; elles se nouent et se dénouent au fil des ans et sont souvent fondées sur les centres d’intérêts communs. Quoi qu’il en soit, il faut veiller à ce que celles-ci soient saines afin de toujours mener vers le Vrai, le Beau et le Bien.

Tu te demandes donc comment savoir si une amitié est mauvaise ou même seulement inutile ?

Il est un signe qui ne trompe pas : si elle te rend triste, t’abaisse et te mène vers un repli sur toi, une vision pessimiste ou égoïste sur le monde, alors « taillez, tranchez, il ne faut pas s’amuser à découdre ces folles amitiés, il faut les déchirer1. »

Parmi les mauvais amis, on reconnaît les égoïstes qui ne voient que leur intérêt ; les arrivistes qui cultivent les belles relations pour se frayer un chemin professionnel ; les accapareurs qui veulent tout recevoir sans jamais rien donner, les vaniteux qui se juchent sur un piédestal pour se faire aduler ; les jouisseurs qui ne cherchent qu’une exaltation excitante comme celle qui se propage sur « la toile », les volages qui papillonnent et font souffrir, les exclusifs qui n’admettent aucun partage, les médiocres et les vulgaires… Ne nous attardons pas sur ces relations superficielles et malsaines qui ne font que combler un vide absolu et qui sont l’apanage des « petits » ;  leur âme, soit par manque de profondeur, soit par absence de volonté, n’a pas réussi à acquérir la valeur que Dieu propose pourtant à chacun. Quelle que soit la gloire qui les entoure, le prestige qui les auréole ou le bruit étourdissant qui retentit autour d’eux, détournons la tête et passons, car le bien de notre âme mérite d’être entouré par de vrais amis.

 Approfondissons donc cette amitié vertueuse que tu souhaites :

Bien plus qu’une question de sentiments, la véritable amitié est aussi un choix de la volonté. Les vrais amis, comme une cordée, partent vers les plus beaux sommets de leurs idéaux partagés. L’amitié favorise le don de soi, l’enrichissement de sa personnalité, la lutte contre les défauts car « Toute âme qui s’élève élève le monde » écrivait Elisabeth Leseur.

Ces êtres qui, quand on les côtoie, donnent envie d’être meilleurs et entraînent vers le bien se reconnaissent non par les dons reçus mais par l’utilisation noble de leur vie dans le sens du bien, par leur attitude de conscience en face du devoir et par la puissance de sacrifice qu’ils sont capables de mettre au service de ce même devoir et de ce même idéal. Ils ne sont pas parfaits, mais ils cherchent à progresser. La belle amitié, « fondée sur la beauté de l’âme, naît dans des régions plus libres, plus pures et plus profondes que toute autre affection2. » Elle s’entretient et doit être réciproque ; elle incite à la confidence pour s’enrichir et se soutenir, ce qui nécessite la confiance et ne supporte aucune ambiguïté ou mélange d’intérêts. Tu comprends mieux maintenant pourquoi l’amitié entre filles ou entre garçons sera plus facilement vraie qu’une amitié mixte tant le désir de plaire ou de conquérir, si naturel entre garçons et filles, risque de polluer ce qui unit les âmes.

 

Il y aurait encore beaucoup à dire, ma chère Bertille, mais je te laisse méditer toutes ces réflexions et me dire au cours de notre prochaine conversation ce que ces pensées t’ont inspiré.

 

Anne

 

L’Eglise du silence

Dis-moi, veux-tu être généreuse, et rentrer dans la communauté silencieuse de l’Eglise ? Faire de ta vie ordinaire un bouquet perpétuel ?

 

Pas l’Eglise que j’ai fondée de manière visible, pauvrement au début et qui a grandi avec ses cardinaux en habits rouges et ses évêques mitrés, ses ors et ses pompes, mais l’Eglise du silence.

Dis-moi, veux-tu donner et recevoir ?

 

Dis-moi, sais-tu, toi qui parfois te plains de la monotonie de tes journées, que leur apparente peine est une richesse ? Qu’à ta petite place où tu rêves parfois de grandeurs, d’actions visibles et de reconnaissance, tu portes en réalité un trésor.

Dis-moi, veux-tu donner et recevoir ?

 

Trésor de la vie cachée qui offre dans le secret tout ce qu’elle peut pour le salut des âmes. Qui par une action tout amoureuse et humble, comme balayer sa cuisine ou attendre sans maugréer le train en retard, sauve une âme inconnue en lui offrant la grâce de la lumière divine ou la contrition pour se jeter dans les bras du Père.

 

Prières et offrandes du quotidien pour les âmes du purgatoire qui n’ont pas assez aimé et œuvré, et sont ainsi, avec les messes, mystérieusement soulagées et délivrées.

Dis-moi, veux-tu donner et recevoir ?

 

Tout royaume, tout Etat a sa police secrète et son réseau d’espions qui en livrant les informations utiles, permettent d’éviter des dangers. Personne ne le voit ni le sait. Il en est de même dans mon Royaume où ce réseau inconnu est à l’œuvre. Les âmes qui sont miennes peuvent éviter bien des drames en se dévouant à Mon service, sans se faire voir.

Dis-moi, veux-tu donner et recevoir ?

 

Dis-moi, dans tes peines, tes doutes, tes épreuves, ne sois pas triste. En effet, quelque part un prêtre offre sa messe pour les âmes troublées, une petite religieuse son office ou la préparation du repas de la communauté pour ton âme. Ni elle, ni toi ne le sait, et pourtant, quand la grisaille se dissipe, elle a sa cause dans ces petites offrandes inconnues.

 

Un saint au Ciel, peut-être un membre de ta famille physique ou spirituelle (car au Ciel, tous sont saints désormais) intercède pour toi et te montre le chemin.

Dis-moi, veux-tu donner et recevoir ?

 

Nous ne sommes pas encore des saints, pourtant nous bénéficions tous des bonnes œuvres et des prières les uns pour les autres, comme de celles des âmes qui nous ont précédés dans le Royaume ou se purifient en priant pour nous depuis le purgatoire.

La maman qui offre la peine que lui donne ses grands enfants, pour eux et tous ceux qui s’égarent, élargit son cœur à toute la jeunesse dont elle devient mère spirituellement. De même, la jeune fille qui offre ses incertitudes et ses peines de cœur pour toutes celles, qui comme elle, cherchent leur route.

L’une et l’autre font œuvre d’Eglise, mieux que certains prédicateurs.

Dis-moi, veux-tu donner et recevoir ?                                                                             >>>       >>> Quelle joie, lorsque nous voyons dès ici-bas les fruits de nos actions unis aux mérites de Notre-Seigneur. Mais quelle joie plus grande encore sera la nôtre, de découvrir dans l’Eternité, la profusion de nos petits riens jetés dans le cœur de Dieu, et ce que nous devrons à tous nos bienfaiteurs, connus et inconnus.

Tu auras donné et reçu.

 

Jeanne de Thuringe

 

De Pagnol à TikTok

« Le grand-père était provençal. Quand il était jeune, il chantait bellement des Noëls et plus souvent des sérénades. Il riait volontiers, et le soir, pendant la courte veillée au coin du feu, il savait raconter des histoires d’amour », écrivait Marcel Pagnol.

Le petit-fils était parisien. Il était champion sur Fifa, et le soir en rentrant, après avoir pris un paquet de chips dans le placard et être monté dans sa chambre, il savait faire des vidéos trop classes sur TikTok.

Tel est le saut générationnel entre le grand-père de Marcel Pagnol et son petit-fils. Que signifient ces deux phrases assez banales, mais qui résument en quelque sorte l’évolution de nos modes de vie ?

Ce qui saute aux yeux dans les romans naturalistes du début du XXe siècle, de même que dans les films réalisés jusque dans les années 60, c’est le lien social qui rassemblait et unissait les voisins, les familles, les habitants d’un même quartier, immeuble, village. On faisait société.

Loin de moi l’idée de vouloir ressusciter le passé, poussé par la nostalgie d’une bonne ambiance de quartier. Mais mon propos se veut plus philosophique. « L’homme, nous dit Aristote, – et cela n’a pas changé depuis – est un animal sociable raisonnable.» Il a donc besoin de vivre en société pour correspondre à sa nature et trouver le bonheur.

Or aujourd’hui, pour de multiples raisons, dans notre monde individualiste, ce lien social s’est distendu jusqu’à parfois disparaître. Nos compatriotes sont rongés par la solitude et par l’isolement derrière leurs écrans.

Et nous-même, connaissons-nous notre voisin ?

Sous prétexte que nos voisins et notre entourage sont trop différents, nous avons tendance à nous replier dans notre cercle de relations habituelles en nous disant que les autres ne peuvent rien nous apporter, que cela ne sert à rien de perdre du temps à discuter avec eux.

Et ce faisant, tout en nous plaignant de la dissolution de la société, nous avons notre part de responsabilité.

Si nous attendons que nos proches correspondent à notre idéal pour commencer à leur parler, alors restons tranquilles, il n’y a pas d’urgence !

Mais si au contraire, nous cherchons à participer au bien commun, à rendre service dans les petites sociétés dans lesquelles nous sommes naturellement implantés, entreprise, village, quartier, immeuble, famille, paroisse, quelle que soit la conformité de leurs membres avec notre idéal, alors nous aurons contribué à notre place à ralentir le délitement de la société, de la cité. En allant ainsi au contact de notre prochain, nous avons le moyen de semer facilement des graines de bonheur.

Ceci sans compter les bénéfices insoupçonnés que nous pourrons tirer pour nous-même : découverte de nouvelles personnes, entraide en cas de coup dur, etc.

D’un point de vue plus spirituel, c’est aussi montrer l’exemple et rayonner en tant que catholique. Ce sera l’occasion de prodiguer les œuvres de miséricorde temporelles et spirituelles et qui sait, de ramener peut-être des âmes à Dieu. Et ce faisant, comme un bienfait n’est jamais perdu dans ce monde ni dans l’autre, de se préparer des intercesseurs au purgatoire ou au paradis.

Alors, au lieu de nous lamenter sur les forums de la déliquescence de la société, cherchons à ancrer dans la réalité, auprès de notre entourage, les petites vertus chrétiennes. C’est non seulement un devoir politique, mais aussi une application du commandement de Dieu : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même1,» et nous découvrirons en sus comment « c’est en donnant qu’on reçoit2 » !

 Antoine

1 Second commandement de Dieu

2 Extrait de la prière de saint François d’Assise

 

Sur les balcons du ciel…

Ma chère Bertille,

 Tu me disais hier combien le devoir d’état te semble lourd parfois, combien la vie quotidienne d’un catholique peut sembler austère et combien la conquête du ciel peut être ardue. Tu préfèrerais encore un vrai combat franc et net plutôt que cette vigilance perpétuelle qu’il faut avoir contre le démon qui aimerait te voir faire des compromis et des concessions à l’esprit du monde !

Il est bien vrai que si parfois le démon attaque directement et violemment les âmes, il aime aussi mener une guerre d’usure… Il fait miroiter à nos yeux la vie plus facile de ceux qui ont choisi une voie moins austère que la nôtre ; il nous allèche par le bien que l’on pourrait faire si nous rencontrions telle personne, l’apostolat, le rayonnement que l’on pourrait avoir si nous faisions telle concession… Il est très habile et sait nous prendre par nos faiblesses.

Rassure-toi ! Personne n’est à l’abri de ces tentations, cependant n’oublie jamais que du haut des balcons du ciel, des âmes qui nous aiment et veulent notre salut nous regardent et veillent sur nous ! Cette pensée pleine d’espérance nous préserve du découragement qui nous atteint certains jours quand le devoir d’état nous semble si lourd… En effet, le soir du Vendredi Saint, il n’est pas difficile à genoux devant une croix de mettre sa tête dans ses mains et, l’âme emplie d’un grand élan d’amour, de choisir de suivre le Christ sur le chemin du Golgotha, mais d’un vendredi Saint à l’autre, il est 365 jours où la croix prend l’aspect de toutes les banalités quotidiennes : un coup d’épingle par-ci, une parole vive par-là, une petite méchanceté, une humiliation, un contretemps, une bonne intention mal accueillie, et surtout la monotonie déconcertante et épuisante du devoir d’état si facile et si ennuyeux… Et c’est juste à ce moment de lassitude que la tentation d’une petite concession par rapport à la ligne de conduite fixée vient se montrer sous son meilleur jour…

C’est alors que sonne la minute du choix : que faire ? Céder une, puis deux fois, aux sirènes tentatrices ou résister avec fermeté en invoquant ces héros qui nous ont précédés et qui nous regardent de là-haut avec tant de charité ?

Beaucoup tombent et ne se relèvent pas. Beaucoup préfèrent après quelques échecs renoncer pour toujours à leur idéal de peur des hontes successives qui les attendent à chaque reniement partiel : c’est si douloureux, si humiliant de constater sa faiblesse… Le patineur novice et susceptible enlèvera ses patins et renoncera à ce sport de peur de faire rire de ses chutes maladroites ; il pourra alors se mettre sur le bord de la glace, les mains dans les poches, et rire des culbutes des autres. Son amour-propre sera sauf, mais il aura renoncé à son rêve. Le « à quoi bon » est souvent l’excuse du faible qui pleure mais c’est souvent aussi de l’orgueil dissimulé, un accord avec la médiocrité parce qu’on avait aimé l’idéal et que celui-ci au lieu de venir à notre rencontre en nous épargnant les difficultés nous a montré la Croix… Mais si malheureusement beaucoup de nos contemporains tombent, d’autres se relèvent ! Le sage pèche 7 fois le jour, dit l’Ecriture, et on oublie de dire qu’il se relève 7 fois aussi…

Ceux qui savent reprendre courageusement leur route sont nos maîtres en expérience ; ils ont le secret de la persévérance. Où la puisent-ils ? D’abord dans la fermeté de leur idéal, mais l’amour fort, est victorieux des obstacles. Et si nous n’aimons pas, Dieu nous ne trouvons pas l’énergie nécessaire pour continuer la route. C’est le grand cercle vital : il faut aimer pour agir et il faut agir pour aimer. Nous faisons des actes d’amour pour aimer Dieu et nous aimons Dieu dans la mesure des actes d’amour que nous faisons pour lui. L’idéal dans l’âme ne suffit pas : il rendait facile les victoires au début, puis l’âme s’est fatiguée et la monotonie de l’effort l’a voilé…

Où trouver la force dans ces minutes-là ?  En nous-mêmes ? Mais quand je m’appuie sur moi-même, je m’appuie sur une faiblesse bien fragile et je ne dois pas m’étonner de mes chutes ! Pourquoi oublier le grand mot prononcé par le Seigneur Jésus dans les suprêmes épanchements de son cœur après la Cène : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » ? Se sanctifier est une œuvre surnaturelle et seul, le Christ vivant peut nous donner les grâces nécessaires, Lui qui en est la source.

Invoquons ceux qui nous ont précédés, ceux qui gravirent le sommet de l’héroïsme en prouvant ainsi leur grandeur ! Grandeur morale de celui qui sait où trouver la force pour ne pas faiblir. Grandeur de l’être qui ne voulant pas se dédire, reste fidèle malgré tout à la tâche entreprise, à l’idéal cherché, et ne prétexte point, pour se libérer du fardeau, la monotonie douloureuse, les déceptions cruelles, les appels tentateurs de la vie facile, les ricanements des sceptiques. Conscience lumineuse et claire, lavée de pleurs et parfois de sang, purifiée par le sacrifice, voilà la seule vraie grandeur des martyrs, des saints, des héros obscurs, des Vendéens mourant pour leur foi au creux des bocages, des petites Sœurs cachées dans leur cloître, des missionnaires tombant à la conquête des âmes…

Les routes sont nombreuses mais le but identique et toute vraie grandeur se résume en la manière splendide dont on s’arrache à l’égoïsme pour se donner à plus grand que soi : au devoir, à l’idéal, à Dieu ! Sans nous laisser leurrer par les illusions trompeuses des fausses réputations que le monde accorde, marchons dans la vérité, sans compromis faciles, avec une conscience du devoir sans cesse plus éclairée et un désir sans cesse raffermi de rejoindre les héros qui nous ont précédés.

Et le jour où, laissant notre corps couché sous la terre silencieuse d’un cimetière, nous verrons nos yeux s’ouvrir à la vérité unique, nous retrouverons ceux qui nous ont précédés sur les balcons du ciel…

 « Permettez, sainte Vierge Marie, que je sois toute ma vie le serviteur de Dieu, et sans hésitation, le défenseur de toutes les causes saintes, à l’instar de mes ancêtres1 ! »

C’est la prière que je t’engage à réciter avec moi chaque matin car elle aide à être fidèle dans tous les combats !

Je t’embrasse affectueusement et te souhaite un saint Carême.

Anne

1 Gérard de Cathelineau

 

Aide-mémoire pour les périodes troubles

Ma chère Bertille,

 Dans la période trouble que nous vivons actuellement, j’ai pensé qu’il te serait utile d’avoir quelques repères pour t’éclairer quant aux grandes questions qui se posent sur la Foi et la fidélité à l’Eglise. J’ai lu très récemment le Commonitorium (aide-mémoire) de saint Vincent de Lérins qui avait donné les principes intangibles pour éclairer les âmes troublées. Après avoir cité les paroles de l’Ecriture Sainte qui répondent à ceux qui cherchent la vérité : « Interroge tes pères et ils te répondront ; tes anciens et ils te formeront », il expose les critères de l’orthodoxie (pensée droite).

Je te retranscris telles quelles ces phrases capitales écrites par un saint canonisé. Elles font autorité et elles ont le mérite d’être très claires et très faciles à appliquer :

 « Si moi ou tout autre voulait prendre sur le fait les sophismes des hérétiques qui surgissent de nos jours, éviter de tomber dans leurs pièges, et demeurer dans une foi saine en restant sain et sans atteinte, il faut, avec l’aide de Dieu, abriter cette foi derrière un double rempart : d’abord l’autorité de la loi divine, ensuite la tradition de l’Eglise catholique.

Et dans l’Eglise catholique elle-même, il faut veiller soigneusement à s’en tenir à ce qui a été cru partout, et toujours, et par tous ; car c’est cela qui est véritablement et proprement catholique, comme le montrent la force et la définition du mot lui-même, qui enveloppe l’universalité des choses. Et il en sera finalement ainsi, si nous suivons l’universalité, l’antiquité, le consentement général. Nous suivrons l’universalité, si nous confessons comme unique vraie foi celle que confesse l’Eglise entière par tout l’univers ; l’antiquité, si nous ne nous écartons en aucun point des sentiments manifestement partagés par nos saints aïeux et par nos pères ; le consentement enfin, si dans cette antiquité même, nous adoptons les définitions et les doctrines de tous, ou du moins de presque tous les évêques et les maîtres.

Mais peut-être dira-t-on : « N’y aura-t-il alors, dans l’Eglise du Christ, aucun progrès de la religion ? » Certes il faut qu’il y en ait un, et considérable ! Mais cela à condition que ce soit vraiment pour la foi un progrès et non un changement, étant donné que ce qui constitue le progrès c’est que chaque chose soit augmentée en restant elle-même, tandis que le changement, c’est que s’y ajoute quelque chose venu d’ailleurs. Car si l’on tolérait une seule fois cette licence de l’erreur impie, je tremble de dire quel danger s’ensuivrait de détruire, d’anéantir la religion. Sitôt qu’on aura cédé sur un point quelconque du dogme catholique, un autre suivra, puis un autre encore, puis d’autres et d’autres encore seront abandonnés, d’une façon en quelque sorte coutumière et licite. Et si l’on commence à mêler le nouveau à l’ancien, les idées étrangères aux idées domestiques, le profane au sacré, nécessairement cette habitude se propagera partout, si bien qu’ensuite, dans l’Eglise, il ne demeurera plus rien d’intact, rien d’entamé, rien d’inviolé, rien d’immaculé, mais qu’il y aura une maison de passe des erreurs impies ou scandaleuses, précisément là où se trouvait auparavant un sanctuaire de la chaste et incorruptible Vérité.

Il est assurément nécessaire pour tous les catholiques qui ont à cœur de démontrer qu’ils sont les fils légitimes de leur mère l’Eglise, qu’ils adhèrent à la sainte foi des saints Pères, qu’ils s’attachent à elle et qu’ils détestent les profanes nouveautés des profanes, qu’ils en aient horreur, qu’ils les traquent, les poursuivent. »

 J’espère que ces lignes t’aideront, toi et tes amis, à voir plus clair, sans te laisser troubler au milieu de cette période difficile. Je te conseille vivement la lecture de ce petit aide-mémoire à la portée de tous ; il te montrera que l’Eglise a déjà traversé des périodes bien troubles, et que les saints et les Pères de l’Eglise nous ont donné les clés pour les surmonter tout en gardant la paix de l’âme.

Je te souhaite une sainte année 2024 et t’embrasse affectueusement,

Anne

 

La magnanimité

S’il est une vertu qui ne se rencontre plus beaucoup actuellement, c’est bien la magnanimité, c’est-à-dire l’âme grande.

 Elle évoque souvent l’attitude élevée des rois, mais nous est également nécessaire, afin de lutter contre la médiocrité de notre époque.

Aussi je voudrais, à l’image du Divin Maitre, et des siens, la contempler avec toi, afin qu’elle grandisse en nous.

La magnanimité, c’est la grandeur d’âme. Ame qui s’élève, sans orgueil, dans les petites choses du quotidien, pour les faire le mieux possible.

Sans rechigner, sans se plaindre, sans ménager sa peine, car le regard voit plus loin et plus haut que la triste besogne, agissant par amour de Dieu, atteignant ainsi un peu d’éternité.

C’est le sens de l’honneur qui nous pousse à tenir parole, à accomplir ce que l’on s’est promis ou que l’on a promis.

Si le découragement ou la fatigue nous assaille, la magnanimité nous aide à reprendre avec courage car fille de la vertu de force, elle entraîne à la persévérance.

C’est saint Joseph dans l’épreuve de la fuite en Egypte, partant sans murmure et supportant les adversités du voyage et de l’exil sans se plaindre.

La magnanimité, c’est la patience du Seigneur face au manque de compréhension de ses disciples et à leur vue trop terrestre.

Ce fut ne pas s’irriter et pardonner aux foules qu’Il avait enseignées, secourues, guéries, de Lui témoigner si peu de reconnaissance lors de sa Passion.

C’est savoir saluer avec le sourire celui qui nous a offensé, sans arrière-pensée, lui tendre la main pour repartir ensemble.

C’est pardonner vraiment, durablement sans avoir plus tard une parole blessante, ou entretenir des rancœurs familiales ou relationnelles.

C’est l’habitude de toujours rendre le bien pour le mal, ne pas avoir l’esprit de clan et ne mépriser personne.

Clémence des grandes âmes, souvent chez nos rois chrétiens, qui était l’honneur de la chevalerie et de ceux qui ont l’esprit.

C’est Notre-Dame au pied de la croix, priant pour l’humanité sans une plainte et relevant saint Pierre après sa chute.

La magnanimité, c’est l’humilité de ne pas se mettre en avant, ne pas se froisser d’être négligé, se taire sur nos peines, quand ce n’est pas utile d’en parler, c’est l’oubli de nous-mêmes face à une autre détresse.

C’est aussi humblement et simplement reconnaître ses torts, sans se trouver de mauvaises explications, et savoir se retirer si l’on n’est plus digne.

C’est celui qui, sachant qu’il n’est pas meilleur que les autres, ne s’étonne pas de ses faiblesses mais poursuit sa route paisiblement

C’est l’amour de la vérité sans faux-fuyants, le sens de l’honneur et de la loyauté.

La magnanimité, c’est la générosité de celui qui ne regarde pas au don, qu’il soit physique, moral ou financier, et ne le fait pas savoir.

C’est celui qui sait se sacrifier pour les autres, voir leur intérêt avant le sien et sortir de son confort. C’est celui qui accepte de tout perdre ou de voir échouer son projet, s’en remettant à Dieu, malgré la douleur et la déception.

C’est celui qui va rester constant, calme dans la tempête voyant plus haut, il rassure ainsi et entraîne au bien, au dépassement de soi.

La magnanimité, comme la charité, dont elle participe, ne pêche jamais par excès. Elle nous permet de laisser le monde un peu meilleur après nous, en lui donnant un sens divin.

 

          Jeanne de Thuringe

 

Quels sont vos incroyables talents ?

Identifier ses talents n’est pas chose facile mais pourtant bien utile à l’âge du choix des études qui détermineront le métier que nous exercerons plus tard.

Tous nous avons reçu des dons spécifiques : même le serviteur le moins doté de la parabole. Ceux-ci se manifestent par des aptitudes, des facilités que le Bon Dieu nous a données pour que nous les développions afin de les mettre au service du bien commun naturel et surnaturel de la société. Ce faisant, nous accomplirons pleinement notre nature. L’accomplissement et le développement de ces puissances qui sont en nous, contribueront à nous rendre heureux mais surtout à répondre au plan de Dieu.

Mais comment identifier et détecter ses talents ? Un peu d’introspection ne peut pas faire de mal.

Se poser honnêtement quelques questions et y réfléchir pourra déjà donner des indices.

  • Qu’est-ce que j’aime faire ?
  • A quoi suis-je bon ?
  • Y-a-t-il des choses que je réalise avec facilité et qui paraissent difficiles à d’autres ?
  • Quelles sont mes plus grandes réussites ?

De plus, comme nous sommes souvent mauvais juges de nous-mêmes, n’hésitons pas à demander à nos proches qui nous connaissent bien, parents, frères et sœurs, amis et à leur poser les questions suivantes :

  • Quelles compétences perçoivent-ils en nous ?
  • Dans quels domaines les étonnons-nous par notre aisance ?
  • Ont-ils des exemples concrets de situations où nous les avons impressionnés ?

A partir des réponses à ces différentes questions, il est utile de creuser ce qui, au-delà des apparences visibles, est notre motivation profonde : là réside peut-être notre véritable force !

Enfin, n’hésitez pas à être curieux, à essayer de nouvelles activités, à découvrir de nouveaux métiers dans un état d’esprit positif, en cherchant à comprendre ce qui motive et ce qui plaît aux personnes qui vous les font connaître. Peut-être cela vous fera-t-il penser à des aptitudes qui dorment encore en vous.

N’hésitez pas à oser parler avec les adultes que vous pouvez croiser au hasard d’une rencontre (sortie de messe, réunion de parents à l’école, etc…) pour les interroger sur leur métier encore inconnu pour vous ; contrairement à ce que vous pensez, vous ne les importunez pas ! Ils seront heureux de témoigner de leur expérience.

Depuis quelques années, les chambres de Commerce et d’Industrie proposent un contrat1 pour faciliter les démarches (assurance et autre) pour les « stages de découverte professionnelle ». Il permet aux jeunes de passer 5 jours consécutifs dans une entreprise pendant les vacances scolaires sans que cela représente un coût ou des démarches administratives pesantes pour l’établissement d’accueil.  Vous pourrez ainsi découvrir de façon plus approfondie des métiers divers et vous pourrez affiner votre regard sur telle ou telle orientation. C’est une belle occasion qui est proposée là, n’hésitez pas à vous renseigner et à en profiter !

Enfin, retenez bien que ce serait de la fausse humilité que de se croire sans talent car nous avons tous des trésors cachés en nous qu’il nous appartient de trouver pour pouvoir les développer en les mettant au service du bien commun.

Alors, bonne chasse aux trésors, vous avez certainement d’incroyables talents !

 Antoine

1 Convention Mini Stage de découverte professionnelle par les CCI régionales