Larguez les amarres et gardez le cap !

A l’aube de l’âge adulte, nos relations avec notre famille peuvent malheureusement parfois se distendre. Le besoin d’affirmation, de démontrer son autonomie et sa capacité à se gérer soi-même peut conduire à des irritations de part et d’autre.

C’est alors que chacun doit reconsidérer sa place et ajuster son attitude. En effet, le « petit » n’a plus 10 ans et la maman n’est pas une « bonne » …

Au moment de prendre notre indépendance, la famille est en fait notre port d’attache, qui n’a de raison d’être que si l’on peut larguer les amarres, s’éloigner, voguer de par le vaste monde et s’y confronter, puis revenir faire le plein, retrouver la stabilité, l’écoute et le soutien de parents et de frères et sœurs aimants et attentifs. Tout cela pour pouvoir repartir de nouveau, sûr de son origine, de son appartenance et de ses racines.

Cependant, l’observation du monde extérieur peut parfois nous faire réfléchir sur le modèle familial, l’éducation reçue, les choix de nos parents… Ceci associé à de légères tensions dues aux différences de caractère pourraient, dans des cas extrêmes, nous conduire à prendre le contrepied de l’éducation reçue. A l’inverse, une admiration sans limite pour celle donnée par nos parents pourrait conduire à vouloir la reproduire très exactement.

Et c’est souvent d’ailleurs par l’une ou l’autre de ces périodes un peu caricaturales que nous passons avant d’être capables de prendre du recul et de choisir librement, en adulte.

En effet, c’est ce qui marque le passage de l’adolescent encore entraîné par ses parents sur le chemin de la vertu, à l’adulte responsable de ses choix et libre de les poser en conscience grâce à l’intelligence et à la vertu qu’il aura pu développer à l’aide de ses parents et pendant son éducation.

L’objet et le but de l’éducation sont justement de former des hommes libres et responsables, capables de poser des choix raisonnables et vertueux en autonomie. La famille et ses références deviennent une base solide pour se construire et commencer à bâtir sa future famille selon ses propres choix mais toujours avec l’objectif de s’élever au mieux vers le ciel, dans des conditions différentes de celles qu’ont vécues nos parents. Et si parfois des circonstances malheureuses et le dessein de la Providence ont pu faire que la famille dans laquelle nous avons grandi n’ait pas pleinement partagé cet objectif d’élever vers le Ciel, il est important de chercher dans les familles amies quelques bons exemples pour nous appuyer sur elles.

Sachons donc tirer le maximum de l’exemple de nos familles pour grandir et préparer la nôtre, en passant au-dessus des imperfections inhérentes à toute institution humaine, plutôt que de perdre notre temps dans la critique et l’opposition. Nous serons alors de vrais adultes, libres et autonomes, et nous satisferons au devoir du respect filial dû à nos parents envers qui nous avons une dette qui n’est pas solvable, si ce n’est en la transmettant à nos enfants.

 

 Antoine

 

L’amour-propre

Ma chère Bertille,

 Je pense que tu dois particulièrement apprécier le thème de ce numéro, toi qui es tellement attachée à ta famille et je suis contente de pouvoir approfondir avec toi tout ce qu’il représente.

Je voudrais en profiter pour te faire découvrir le plus grand ennemi de l’entente familiale. Tu crois peut-être le connaître ? Sans doute penses-tu que je vais te parler des méfaits de la langue ? Eh bien, non ! Car pour ma part, je pense plutôt à celui qui est à la racine de tout : l’amour-propre !

N’est-ce pas lui le véritable responsable d’un mot un peu aigre, d’une réflexion désagréable, de rancunes tenaces et de toutes ces petites ou grandes rancœurs qui empoisonnent l’esprit de famille…? N’est-ce pas lui qui nous chante à l’oreille qu’il faut que chacun nous reconnaisse comme « le meilleur », celui qui « a toujours raison », celui qui « sait toujours bien s’y prendre », et qui nous inspire sans cesse des mots ou des pensées (car même les pensées sont coupables) contre la charité ? Il nous rend délicats, ombrageux, soupçonneux, rigides et excessifs sur nos droits, aisés à offenser ; il entretient dans nos cœurs une certaine malignité, une joie secrète des petites mortifications qui arrivent au prochain…

Et pourtant… Ceux qui nous regardent ne devraient-ils pas pouvoir s’exclamer : « Voyez comme ils s’aiment » ?

Ne récitons-nous pas soir et matin la prière du Pater : « pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons… » ? Pourquoi alors garder dans notre cœur toutes ces rancunes contre l’un ou l’autre ?

Ne disons-nous pas avec conviction : « Que votre volonté soit faite » ? Pourquoi croyons-nous alors que les autres doivent nous être reconnaissants puisque tout vient de Dieu et de Dieu seul ?

Ne communions-nous pas chaque dimanche ? Pourquoi alors déchirons-nous ensuite à belles dents la réputation de notre prochain ?

N’égrenons-nous pas avec régularité les grains de notre chapelet pour tous ceux qui sont dans l’épreuve ? Pourquoi alors dans le secret de notre cœur avons-nous eu cette petite joie du malheur qui arrive aux autres ?

 

Prenons quelques instants pour examiner si vraiment nous avons « l’esprit chrétien » selon les paroles de l’Evangile. Osons marcher vers la vérité lumineuse et écoutons Celui qui a dit :

– « Je veux la miséricorde, et non le sacrifice1 » et regardons alors avec amour celui à qui nous faisons l’aumône d’un sourire ou d’une aide.

– « Aimez vos ennemis2 » et recommençons tous les « Notre Père » que nous avons dis alors que nous avions de l’amertume dans le cœur.

– « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés3 », et prions pour celui qui erre plutôt que de l’enfoncer davantage.

– « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous, et le serviteur de tous4.» Oublions nos susceptibilités mesquines et notre besoin instinctif de briller en restant à notre place avec le sourire.

– « Nul ne peut servir deux maîtres5 » et demandons-nous si nous n’essayons pas constamment de faire des compromis dangereux pour notre âme tout en maintenant une apparence un peu pharisienne…

– « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce lui-même, qu’il porte sa croix chaque jour, et me suive6 » et humblement examinons si vraiment nous suivons le Christ honnêtement et non pas de façon hypocrite, car accomplir la loi est nécessaire mais n’est pas suffisant. On n’est pas chrétien parce que l’on pratique. On pratique parce que l’on est chrétien. Dieu nous veut tout entiers ; Il va jusqu’au plus profond de l’homme ; non pas seulement dans ses apparences ou ses actes, mais aussi au fond de son cœur et de sa conscience.

Notre christianisme doit être la source d’inspiration vivante de chacun de nos actes ou de nos pensées. Alors seulement nous aurons vraiment compris le message du Christ qui est venu sur terre pour nous dire : « Mes enfants, aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ! »

Voilà ma chère Bertille, ce que je voulais partager avec toi aujourd’hui afin de te faire découvrir le grand ennemi de l’esprit de famille, – au sens large aussi car ne sommes-nous pas tous frères ?

 Je te souhaite déjà une très belle fête de Noël, grande fête de famille s’il en est, où la paix règnera là où l’esprit chrétien sera.

Avec toute mon affection,

Anne

 

1 Saint Matthieu, 12-7

2 Saint Matthieu, 5-44

3 Saint Matthieu, 7-1

4 Saint Marc, 9-34

5 Saint Matthieu, 6-24

6 Saint Luc, 9-23

 

 

Lumière de septembre

Dès la fin août, la lumière est moins vive, bien que toujours présente, les ombres s’allongent dans une nostalgie paisible.

En septembre, le soleil pare d’or maisons et jardins pour tout présenter avec élégance, comme l’on peint un tableau, sans couleurs vives, mais adoucies. Les fleurs retrouvent la force de repartir après les ardeurs de l’été, et certaines aux teintes délicates n’apparaissent qu’à cette saison.

  Douceur de septembre.

 

Beauté de ce mois qui nous introduit peu à peu dans l’automne, nous prépare doucement au sommeil de l’hiver. Rien n’égale la beauté de ces journées, prolongement de l’été mais sans sa force parfois violente.

Heures où la rentrée s’avance avec les souvenirs des vacances qui furent l’occasion des retrouvailles familiales, et de repos pour repartir plein d’entrain.

  Douceur et élan de septembre.

 

Celles-ci nous ont laissé des souvenirs qui imprègneront la mémoire des petits pour y créer des rituels charmants et rassurants, aidant à la construction des jeunes âmes. Chaque famille connaît ces petites habitudes, chacune a les siennes, elles sont un signe de reconnaissance et se gardent en mémoire jusqu’au bout, et à travers les générations.

  Douceurs de la mémoire familiale.

 

Cependant la nostalgie des bons souvenirs n’est pas utile, si ceux-ci restent enfouis sans être transmis. Que sera cette nouvelle année de reprise des activités si nous n’essayons pas de garder le meilleur, en le faisant grandir, en le dégageant de ce qui est moins noble ?

L’esprit de famille se recueille mais se perfectionne aussi parce que chacun y apporte le meilleur de soi.

Foin des petites rancœurs face aux défauts que chaque famille possède souvent sans s’en rendre compte, voisinant avec de belles qualités. Pardon pour ne pas crisper les générations sur des disputes.

Oubli de soi, ne pas s’attarder sur les imperfections, les agacements des caractères, mais dans les difficultés rencontrées, se hâter pour rendre service ou faire une visite, comme Notre-Dame à sa cousine Elisabeth, à ceux qui sont seuls ou dans la peine.

  Douceur et bonté en famille.

 

Bien souvent notre jeunesse nous suggère d’aller voir ailleurs, de prendre le large, vent de liberté qui nous susurre à l’oreille les plus belles rencontres. Mais que d’illusions parfois… Si nous avions su…

Les difficultés nous ramènent auprès des nôtres, presqu’invariablement, et ceux-ci doivent alors être comme le père de l’enfant prodigue de l’Evangile si nous avions rompus, ou pleins de tendresse pour nos chagrins.

  Douceur des cœurs en famille.           

 

Douceur de ces moments, de ces lumières qui sont un pâle reflet de la bonté divine, de la tendresse de Dieu qui comme un Père nous donne à travers son Eglise un esprit de famille, et nous demande la charité fraternelle.

Esprit de famille qui nous lie aussi les uns aux autres par le baptême, en attendant notre union totale dans la Lumière sans fin.

  Douceur de Dieu.

          Jeanne de Thuringe

 

Pour conquérir le Ciel !

Ma chère Bertille,

 Tu me disais la semaine dernière, durant cette marche que nous avons faite ensemble sur les pas de saint Jacques, combien cette connaissance de toi-même que tu approfondis chaque jour, te décourage.

« Je vaux si peu ! Je me fais un programme que je ne tiens jamais… A quoi bon recommencer ? » Et tu hésites même à prendre des résolutions en ce début d’année d’étudiante.

Attention : ces grands découragements ne seraient-ils pas une tentation du démon de l’orgueil ? Est-ce par peine d’offenser Dieu que tu te désoles ou est-ce par dépit de ne pas parvenir où tu veux aller par ta seule volonté ?

Y a-t-il des héros ou des saints dès la naissance ? Réalise bien que c’est un lieu commun pour toute nature humaine que d’avoir des défauts, des instincts mauvais qui tyrannisent, des tentations ou des faiblesses et même des défaillances… Mais il ne s’agit pas d’arriver le premier au bout du chemin… Dieu nous demande seulement d’y parvenir ; et pour cela il nous faut commencer déjà par partir ! Aujourd’hui, je vais te donner un conseil très pratique : pour progresser vers le Ciel, il faut vouloir, et vouloir humblement, mais aussi patiemment et avec persévérance !

 Vouloir

Déjà, il faut le vouloir ! Et cela personne, pas même Dieu, ne le peut pour nous ! C’est le mystère de la liberté. Nos instincts nous poussent dans une direction, notre ange nous guide mais nous sommes libres de résister. Chacun de nous possède cette liberté et cette force en soi. Ne pas y croire ou mettre en doute notre pouvoir serait déjà partir perdant… C’est pourquoi, il faut avoir confiance et se répéter chaque matin : avec la grâce de Dieu, je peux obtenir cette victoire ! Celui qui pense : « Je voudrais bien » est déjà à moitié vaincu… Si atteindre le sommet de l’Aiguille Verte est impossible pour certains, les sommets de la vie morale sont, par et avec la grâce de Dieu, accessibles à tous ! Notre-Seigneur est venu sur terre pour appeler les âmes à la perfection ; il n’a pas réservé ses paroles à une élite. A tous ceux qu’Il a croisés, Il a dit : « Soyez parfaits comme mon Père céleste est parfait ! » Si le Seigneur, qui connaît véritablement chacune de nos âmes, l’a dit, c’est qu’Il sait que tous peuvent y parvenir !

 Vouloir humblement

L’Evangile rappelle sans cesse la nécessité de l’humilité. Il faut vouloir se conquérir soi-même mais non pas dans le secret et orgueilleux désir de se sentir supérieur aux autres : « Les autres sont faibles, moi je serai forte. Les autres tombent, moi, je tiendrai ! » Car celui qui ne compte que sur lui-même compte sur bien peu et tu l’as vécu dans ces moments où tu t’es découragée. Il faut se connaître et savoir sans doute qu’on a en soi des principes d’énergie, mais surtout bien comprendre que la source vraie de toute force n’est pas en nous, mais dans le Seigneur : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » disait-Il. Et la pire folie serait bien de croire que sans Lui, on pourrait parvenir à conquérir le Ciel !

Aussi chaque matin mais aussi dans les difficultés, les tentations et les doutes, mets-toi à genoux (au moins en pensée) et prie ; demande à Dieu « ce pain de chaque jour » qui n’est pas seulement pour le corps mais bien aussi pour l’âme.

« Si Vous me laissez à moi-même, qui suis-je ? dit l’Imitation. Rien qu’infirmité. Mais dès que vous jetez un regard sur moi, à l’instant, je suis forte. »          >>> >>> C’est en Dieu que tous les saints ont trouvé leur force et, à leur image, c’est en Dieu seul que tu trouveras la détermination pour faire ce que la nature humaine seule ne peut accomplir.

 Vouloir patiemment et avec persévérance

Durant notre semaine de marche, tu as bien remarqué combien certaines ascensions demandaient de prudence et de patience, mais tu as persévéré vaillamment car la perspective du sommet t’en donnait le courage. Alors pourquoi vouloir être plus pressée dans la vie morale ? Rien ne se fait vite dans la nature ! Combien de temps a-t-il fallu au gland pour devenir le chêne magnifique qui orne ce parc ?

Patience ! Une faiblesse aujourd’hui ? Recommence demain ; et encore après-demain ! Le soleil se lèvera de nouveau et éclairera peut-être cette victoire sur ce défaut particulier. Patience ! C’est souvent l’échec qui forme le mieux le caractère ! Si le succès arrivait trop vite, nous risquerions de nous en enorgueillir. L’échec nous tient en haleine… Et si malgré tous nos efforts, nous constatons que nous retombons toujours dans les mêmes défauts, répétons : « Le succès n’est pas ce qui importe. Ce qui importe, c’est l’effort ! »

 Allons, courage ! En cette veille de la rentrée, redis-toi cette phrase inlassablement : vouloir, vouloir humblement, vouloir patiemment et avec persévérance, et avec l’aide de Dieu, je vais parvenir à atteindre cet idéal qui me mènera au Ciel ! » Et chaque matin, devant le mystère humble et grandiose d’une journée à remplir, confie ton désir au Seigneur et à sa Sainte Mère. Ainsi chaque soir, devant le compte de ta journée, si petit au creux de la conscience qui soupèse, si décevant quand on le compare avec les espoirs du matin, dis-toi simplement, sans découragement ni amertume : « Demain, avec la grâce de Dieu, je ferai mieux, » en priant avec regret, humilité mais aussi avec une immense confiance car Celui qui compte les petits efforts et protège de sa force l’âme qui Le regarde avec amour, veille tout particulièrement sur toi !

Je t’embrasse et te souhaite une belle rentrée !

Anne

 

Du Monte Gargano au Mont-Saint-Michel

Comme un grand phare dans la tempête,

Comme un abri dans la tourmente,

Comme une lueur dans les ténèbres,

Comme un refuge dans l’orage,

 

Le rocher normand

La caverne des Pouilles

L’île couronnée

La grotte ciselée

 

Par des taureaux furent révélés

Les deux sanctuaires jumelés.

 

Comme une flèche vers les hauteurs,

Comme une ancre dans les profondeurs,

Comme une claire direction,

Comme de solides fondations,

 

L’îlot du Couesnon,

Le rocher de Siponte,

 

Tous deux de roc sont constitués

Ces deux sanctuaires jumelés.

 

D’un coup d’épée

Le grand Archange

S’est consacré

La Chrétienté

 

Du Monte Gargano jusqu’au Mont-Saint-Michel.

 

Du tréfond de la terre

A très haut vers le ciel,

Du sud de l’Italie

A la Basse Normandie

Sur une ligne étroite

Sept sanctuaires sont dressés2

De l’Archange ils nous montrent

La puissance

La grandeur

La blancheur

La constance

Pour protéger la Chrétienté

Pour défier les esprits mauvais

Pour élever vers notre Père.

 

Du Monte Gargano jusqu’au Mont-Saint-Michel

 

Ô grand archange

Défendez bien la Chrétienté

Partout où passe votre épée.

 

 Antoine

 1 Le Monte Gargano est un sanctuaire dédié à saint Michel dont l’origine miraculeuse remonte à la fin du Ve siècle. Un berger ayant perdu son plus beau taureau le retrouva agenouillé devant une grotte au sommet d’un mont. Furieux, il décocha une flèche contre le taureau rebelle qui lui revint dans le pied. Il se rendit chez l’évêque qui, devant ces faits extraordinaires, ordonna trois jours de prières. A la fin de ces trois jours, saint Michel apparut à l’évêque et lui dit : « Je suis l’archange saint Michel […] La caverne m’est un lieu sacré, je l’ai choisie ; j’en suis moi-même le gardien vigilant […] Là où le rocher s’entrouvre, les péchés des hommes peuvent être pardonnés. Ce qui sera demandé ici dans la prière sera exaucé. »

Il y aura trois autres apparitions de l’archange liées à cet endroit. Au cours de l’une d’elles, saint Michel dit à l’évêque qui s’apprêtait à lui consacrer la grotte que c’était inutile car il se l’était déjà consacrée. Depuis quinze siècles, de même que pour notre Mont-Saint-Michel, cette grotte surmontée d’une basilique est devenue un lieu de pèlerinage très célèbre. La visite de la grotte est très impressionnante et la puissance du sacré qui s’en dégage est vraiment frappante.

 

2 Coïncidence ou destin providentiel, sur l’axe Monte Gargano/Mont-Saint-Michel, six sanctuaires sont consacrés à saint Michel et le septième ou l’origine de l’axe est le monastère du Mont Carmel au Liban. Cet axe est surnommé le coup d’épée de saint Michel.

Pour voir les photos on se reportera directement page 12 et 13 sur la Revue complète en ligne: Composition-FA-41-pour-internet.pdf (foyers-ardents.org)

Vers le Mont

Mon Dieu, nous voilà sur la grève, face au Mont-Saint-Michel, cette merveille de la chrétienté, pour, avec d’autres pèlerins, traverser la baie à pied, avant que la marée ne recouvre tout à nouveau.

La brume de mer laisse entrevoir la silhouette connue et originale, et l’archange d’or, tout en haut de la flèche, l’épée brandie, veille sur notre traversée.

Comme celle-ci est bien l’image de notre vie, ce long pèlerinage sur terre avec les dangers qui nous guettent.

Pieds nus, comme des pauvres, nous avançons sur le sable tiède. Il faut avoir un guide pour s’aventurer sur cette étendue désolée et ne pas s’enfoncer dans les sables mouvants.

Il faut avoir un guide, Notre-Seigneur dans ses sacrements, pour ne pas se laisser séduire par des promesses fallacieuses qui ont tôt fait de nous ensevelir dans la mondanité, la facilité ou la mollesse, et dont il sera bien difficile de s’abstraire. Tout au long de notre existence, nous sommes des pauvres qui recevons tout de Dieu.

Mon Dieu, nous avançons prudemment, les yeux tantôt levés vers le Mont, tantôt baissés vers nos pieds pour ne pas nous tromper, tout en priant le Rosaire.

Voilà que nous traversons les cours d’eau, ces petits fleuves, la Sélune et la Sée, au fort courant, qui irriguent la baie. Nous pouvons avoir de l’eau jusqu’à la ceinture, il faut tenir fermement la main des enfants qui pourraient être emportés, voire les prendre dans nos bras.

Il faut tenir fermement ceux qui nous sont confiés, les porter dans le service ou la prière lorsque le courant du monde les menace. Lorsque ce sont des épreuves que nous traversons, bien tumultueuses, regardons Notre-Seigneur, regardons Marie l’Etoile de la Mer, pour tenir bon et garder la paix.

A notre gauche, nous distinguons Tombelaine.

Nous sommes à mi-chemin. Un prieuré y fut érigé au XIIe siècle qui a depuis disparu. La fatigue se faisant sentir, nous pourrions être tentés de nous arrêter dans ces quelques ruines. Mais il faut continuer.

Mon Dieu, bien souvent nous voudrions nous arrêter, trouver un refuge et nous dire que cela suffit. Mais tant que vous nous gardez ici-bas, il faut avancer, persévérer malgré les croix, les fatigues, les déceptions, les incompréhensions, et les offrir pour qu’elles portent du fruit.

 

Enfin, les pieds vaseux, les vêtements mouillés, nous distinguons de mieux en mieux tous les détails du Mont, l’archange se fait plus grand, plus terrible dans sa puissance contre le démon.

Nous pourrions être tentés d’accélérer et d’arriver dans les premiers sur la terre ferme. Un dernier danger nous guette : celui de la vase glissante et traître au pied du Mont.

Ainsi en sera-t-il de nos derniers instants. Nous aurons un ennemi qui essaiera de nous faire glisser, désespérer afin que nous tombions, c’est la lutte de l’agonie. Nous nous tournerons alors vers saint Michel et Notre-Dame pour avoir la grâce de la persévérance finale.

Mon Dieu, quelle joie, nous voilà enfin arrivés, heureux d’avoir offert tout cela pour vous, et nous goûtons la beauté de ces pierres ancestrales. Nous admirons la beauté de cet édifice, sa construction si extraordinaire chargée de toute la prière d’un peuple, des plus simples aux rois, durant ces mille années.

C’est une joie bien plus grande qui nous attend, quand enfin nous pourrons vous contempler éternellement après notre pèlerinage d’ici-bas.

 

Jeanne de Thuringe

 

Mais pourquoi ?

Mais pourquoi ? Pourquoi ? Telle est la question récurrente des enfants de 5 ans qui s’étonnent et s’interrogent à la découverte du monde qui les entoure. Comprendre la cause des choses, reconstituer les liens logiques, ordonner, hiérarchiser est un travail important pour l’enfant et l’adolescent. Tout ce travail d’assimilation, de décantation se fait progressivement et continue bien après à l’âge adulte.

Mais pourquoi ? N’est-ce pas la question que nous nous posons encore régulièrement devant telle épreuve incomprise, telle décision de nos supérieurs, tel évènement extérieur, tel déchirement intérieur ? Comme des enfants, nous attendons, voire nous exigeons une réponse du ciel, nous voulons comprendre, savoir… Nous voulons à tout prix savoir les raisons des circonstances et évènements extérieurs qui nous « impactent » et comprendre le sens de la vie, et l’importance réelle des choses relativement à l’unique essentiel du salut.

Et comme parfois répondent les parents, le ciel nous répond : « Tu comprendras plus tard.» En effet, si nous nous retournons sur l’expérience de notre courte vie, combien de choses n’avons-nous pas comprises avec le temps. Quand on fait l’exercice de prendre du recul et d’observer l’enchaînement des évènements qui ont marqué notre vie, il est parfois fascinant d’observer à quel point la Providence guide toute chose et oriente nos vies vers ce qui est le mieux pour notre salut.

Il est réconfortant de savoir que notre compréhension actuelle des choses qui nous paraît trop limitée peut s’améliorer et s’augmenter au cours de la vie et des évènements que nous vivrons. Il nous faut cependant y mettre du nôtre, et même si nous ne sommes pas assurés du résultat, nous avons obligation de moyens. Seules la méditation et la réflexion, à l’image de la Vierge Marie qui méditait ces choses dans son cœur, peuvent nous permettre, si Dieu nous en fait la grâce, de progresser dans la connaissance et la compréhension des mystères. Et même si cette compréhension augmente avec l’âge, elle restera bien limitée par rapport à celle que nous aurons au Ciel.

Alors, comme un enfant confiant dans ses parents, accepte de s’entendre dire « tu comprendras plus tard », si malgré nos réflexions et méditations nous ne comprenons toujours pas, acceptons avec abandon les desseins de la Providence sur nous sans les comprendre, en sachant, si cela peut nous aider, que nous comprendrons plus tard, en ce monde ou dans l’autre.

 Antoine

1 Somme théologique, Ia IIae q. 13 a.2

 

Les hommes ont besoin de toi !

Ma chère Bertille,

            Il est un sujet dont il faut que je te parle maintenant que tu es étudiante et que tu te trouves au milieu d’un monde qui peut te surprendre. Cela fait quelque temps que je réfléchis sur ce thème qui fait bondir les uns et sourire les autres… Tu as eu maintenant tout le loisir d’observer cela autour de toi et tu te poses la question : ma tenue vestimentaire a-t-elle vraiment un rôle à jouer dans le combat d’aujourd’hui ? N’est-ce pas donner de l’importance à quelque chose de pourtant bien banal ?

 

Considérons d’abord les faits qui sont des réalités que la génération actuelle cherche à nier mais qui n’ont pas disparu pour autant :

Dieu a demandé au genre humain de peupler la terre ; Il a donc donné, aux hommes et aux femmes, des natures complémentaires qui s’attireront mutuellement et cela inévitablement. Il ne faut pas y voir une quelconque obsession ; cela se passe ainsi, c’est un fait.

Dieu a créé l’homme et la femme différents, non seulement dans leurs corps mais dans tout ce qui fait leur caractère (sensibilité, vaillance, attrait des sens, etc.) Il les a faits complémentaires pour qu’ils puissent fonder une famille et que leurs qualités ajoutées les unes aux autres soient le fondement d’un foyer, peuplé de saints.

Depuis quelques années, le monde actuel veut faire disparaître cette différenciation en nous parlant d’égalité, de parité, de liberté de la femme, de partage des tâches, etc. ; et s’attache particulièrement à « déféminiser » la femme en flattant son orgueil et à « déviriliser » l’homme en brisant son autorité et en le culpabilisant.

Ces trois éléments posés te paraissent peut-être complètement indépendants, ils sont cependant intimement liés et doivent te permettre de déterminer un comportement adéquat tant en ce qui concerne le choix des vêtements que l’attitude à adopter au quotidien.

 

En tant que femme, tu as une mission à accomplir chaque jour. Elle se place aujourd’hui sur plusieurs plans :

Quelle que soit ta vocation tu dois respecter et préserver ton cœur et celui des autres. J’imagine que tu aimerais être choisie – par celui que tu veux donner comme père à tes enfants – non pour ton corps mais pour tes qualités personnelles de profondeur, de cœur, de générosité dont tu fais si souvent preuve ? Inutile donc de vouloir troubler les cœurs masculins par ton physique attrayant. Aimerais-tu que ton futur mari te dise qu’il t’a choisie pour le galbe de tes jambes ? On le sait, Dieu l’a voulu ainsi, les hommes sont sensibles aux charmes féminins, mais veillons à ne rien faire qui puisse éveiller la concupiscence. 

Les garçons, sous un extérieur parfois un peu crâne, ont eux aussi, une lutte à mener, un cœur à préserver, une pureté à protéger, une force d’âme à décupler, une imagination à brider… Ne les empêche pas de monter plus haut à cause de ta tenue, de ta coquetterie ou des relations malsaines. Respecte-les ! Ne joue jamais avec les cœurs ! Tu en porterais la responsabilité devant Dieu !

 

L’homme qui méritera de te prendre pour épouse – si c’est ta vocation – saura déceler tes grandes qualités féminines ! Crois-moi, un garçon qui se laisserait influencer par la coquetterie ou la tenue des filles ne serait pas un bon époux pour toi ! Laisse les écervelées se griller les ailes et prie pour elles !

On le sait, depuis toujours les femmes sont le soutien des hommes, aujourd’hui les hommes, ces >>>    >>> garçons, tes amis, ont besoin de ton aide ! Le monde cherche à détruire l’identité de tous et en particulier celle des hommes en s’attaquant à leur virilité ; par faiblesse et manque de personnalité, ils se sont laissé faire presque insensiblement… Partout on entend des « témoignages » de la supériorité de la femme ; on cherche à amenuiser les hommes, à en faire des caractères mous, sans ressort, sans volonté ; on attaque leur pureté avec des publicités innommables, faisant de la femme un objet à acheter. Ne rentre pas dans ce jeu-là, pénètre dans l’arène et aide tes frères, ces hommes qu’on tue à petit feu ! En donnant toi-même l’image d’une jeune fille gaie, pure, habillée avec goût et féminité, déjà tu participeras à l’œuvre de reconstruction ! Que les filles soient habillées en filles, coiffées en filles, se tiennent en filles, qu’elles ne jouent pas de leurs charmes pour avilir l’homme. Elles les aideront alors à être des hommes taillés comme des chefs de famille, au regard pur et à l’âme claire.

 

Tu es irritée par toutes les actualités insensées ? Tu veux entrer en action contre les mauvaises lois, prendre part aux manifestations ? Je le comprends bien, mais n’as-tu pas reconnu là encore un des aspects de l’inversion complète qu’on nous propose aujourd’hui ? N’as-tu pas décelé les intentions perverses de ceux qui veulent détruire la famille en passant par la destruction de la femme, future maman ? Tu as ici une belle occasion de lutte et crois-moi, ce n’est pas une croisade de second plan ! Avec courage, refuse de t’habiller comme un garçon et fais croître tes qualités féminines qui ne sont pas moindres que celles des hommes mais, comme je te l’ai dit, qui sont différentes et complémentaires… De même, ne sois pas une Eve des temps nouveaux qui participe à la décadence de l’homme en le tentant et en jouant de ses faiblesses… Adopte définitivement des tenues décentes (connais-tu l’expression : « Jupe courte, idées courtes ! » et ne parlons pas de ces petits hauts d’été qui ne cachent rien…). Sois au contraire une aide et un soutien pour aider l’homme à retrouver sa dignité !

 

Tes amis auront alors eux-aussi envie d’être des hommes, quittant leurs allures efféminées et désireux de retrouver leur identité pour conquérir celles qui seront redevenues de vraies femmes ! Entraîne tes amies dans cette bataille : à deux, on est plus fort ! Courage ! Il te faudra sans doute faire quelques sacrifices mais plus ils te coûteront, plus ils seront méritoires pour le ciel ! J’ai conscience qu’ils te demanderont surtout un grand combat contre ton amour-propre pour aller à contre-courant, mais avec l’aide de Dieu et de Notre-Dame, je sais que tu en es capable !

 Je t’embrasse très affectueusement,

Anne

 

 

Le sacerdoce caché

Mon Dieu, vous avez tiré la femme du côté de l’homme, c’est-à-dire de son cœur. Il nous est donc donné d’être le cœur du foyer, de comprendre avec intuition ce que l’homme formalisera, dans le temps, avec sa raison.

Le côté, c’est aussi une partie du corps à laquelle nul ne fait trop attention, la tête, les mains, la silhouette sont remarquées, mais pas le côté.

Aussi tirées du côté, nous avons un rôle humble et caché mais essentiel puisque le cœur assure la vie de tout le corps.

 

Mon Dieu, apprenez-moi à être ce cœur qui donne vie à ceux qui me sont confiés ou que je croise le temps d’un moment.

A être ce petit moteur silencieux qui tourne sans cesse, de façon si évidente, si normale, que nul ne le remarque.

A exercer une sorte de sacerdoce caché, puisque ne pouvant vous offrir la Victime sur l’autel, je peux offrir mon sacrifice sur l’autel de votre Cœur, pour les âmes dont j’ai la charge, celles qui sont loin de vous, celles qui se sont recommandées à mes prières.

 

Douce Vierge Marie, vous regardant dans l’Evangile, je ne vois ni discours, ni action de terrain éclatante, ni entreprise, ni miracle.

Juste une femme qui fait humblement son devoir d’état comme je dois faire le mien, attentive aux autres, devinant leurs besoins lors de la Visitation et des Noces de Cana. Une mère qui offre à Dieu la victime qu’est son Fils sur la Croix, s’unit à ses souffrances, offre les siennes toutes maternelles, et avec Lui pardonne aux bourreaux.

 

Mon Dieu, dans mes tâches du quotidien, mes peines physiques ou morales, donnez-moi de tourner mon cœur vers Vous, afin qu’avec votre grâce, j’enfante des âmes par mon offrande, dans une prière silencieuse.

Apprenez-moi à ne pas vouloir agir avec éclat, surtout quand je n’y peux rien mais à m’oublier, à me renoncer pour obtenir ainsi, bien plus sûrement la grâce souhaitée.

 

Mon Dieu, apprenez-moi à aider vos prêtres comme le faisaient les saintes femmes pour les apôtres. Après leur rude journée, ne faisaient-elles pas le repas, ne réparaient-elles pas tuniques déchirées et sandales usées dans une prière muette mais qui préparait les âmes à recevoir la parole de Dieu ?

A leur exemple, je peux porter discrètement un prêtre dans ma prière, participant ainsi au sacerdoce, réparer ou confectionner des ornements, en offrant tout le temps passé, les petits points comptés comme autant d’intentions pour son ministère.

Sœurs, mères de prêtres ou simples fidèles, nous pouvons ainsi accompagner efficacement le ministère de celui pour lequel nous œuvrons, afin de lui préparer des âmes.

 

Mon Dieu, apprenez-moi ce sacerdoce caché qui peut tant pour l’Eglise, pour le monde, et dont je ne verrai les fruits que dans votre Eternité.

         

                Jeanne de Thuringe

 

Le « bien-être » animal en question !

Corrida, chasse à courre, combats de coqs, autant de pratiques traditionnelles remises en question à l’époque où le bien-être animal est devenu un élément essentiel qui tarabuste la conscience de l’homme moderne. Que faut-il en penser ? Quelles sont les idées sous-jacentes ? L’homme prendrait-il soudainement conscience au XXIème siècle de sa cruauté historique envers l’animal ?

Animal qui d’ailleurs est un être vivant, comme nous ! Capable de sentiments, comme nous ! Capable de s’exprimer, comme nous ! Capable de voir, entendre, toucher, se souvenir, comme nous ! Y a-t-il vraiment une différence entre l’Homme et l’animal ? Est-il normal qu’il y ait domination de l’Homme sur l’animal ? Ne faut-il pas que l’Homme, espèce envahissante, laisse s’exprimer, s’étendre au même titre que lui, les autres espèces qu’il a contraintes ? Le loup et l’ours ne doivent-ils pas eux aussi avoir droit de s’étendre et sinon, à quel titre l’Homme s’arrogerait-il cette supériorité ?

Autant de questions, de débats qui animent nos discussions avec nos contemporains et auxquels il n’est pas toujours facile de répondre. Nous essayerons ici de livrer quelques éléments philosophiques permettant d’initier la réflexion et de désamorcer les réflexes sentimentaux qui nous sont proposés quotidiennement !

Partons tout d’abord du résultat de l’observation : un animal, bien que capable de s’exprimer et de communiquer avec ses semblables (aboiement, chant d’oiseau), ne détient pas le langage. En effet, si c’était le cas, nous aurions observé une accumulation de l’expérience, et une évolution du comportement des animaux au cours du temps et dans l’espace en fonction des apprentissages des espèces, transmis et augmentés de génération en génération : le chien Choupette du XXIème siècle n’a rien appris de son arrière-grand-père Médor du XIXème ni de son ancêtre Idefix né en 50 av. Jésus-Christ.

Or le langage est intrinsèque à la pensée en plus d’en être l’expression : comment penser à une chose ou à un concept, sans le nommer même intérieurement et donc sans utiliser de mots issus du langage ?

Nous l’avons montré, l’animal par nature n’a pas le langage, donc il n’est pas capable de penser. Or la conscience de soi est l’utilisation sur soi de la puissance de penser, c’est-à-dire penser que je pense. Donc l’animal ne peut être conscient, il n’a donc pas dans sa nature, la conscience de soi. En effet, il n’est pas une personne.

Pourtant, s’il vous est arrivé d’observer un chien ou même un singe, ils semblent agir de façon rationnelle. L’animal serait-il tout de même capable de raisonner ?

Saint Thomas se pose la question et nous répond que « dans tous les étants que meut la raison, même s’ils ne sont pas doués de raison, l’ordre de la raison apparaît. Ainsi, la flèche va-t-elle droit au but sous l’impulsion de l’archer comme si elle-même avait une raison qui la dirige. On retrouve donc [dans l’ordre animal] une inclination naturelle à des processus merveilleusement agencés puisqu’ils sont ordonnés par l’Art souverain1 (de Dieu). » Ce sont en effet ces « inclinations naturelles à des processus merveilleusement agencés » que l’on observe chez l’animal, et qui ont l’apparence de raisonnements logiques. Peut-être, par exemple, avez-vous déjà observé une mouette lâcher de haut un coquillage sur du sable dur pour qu’il se brise en tombant ? Aussi « raisonnable » que cela puisse être, cela ne démontre pas pour autant que >>> >>> la mouette possède la raison. Les mouettes effectuent cela depuis des temps immémoriaux et n’en ont pas tiré de leçon ou de déduction applicable à une situation nouvelle. Elles ne font que reproduire encore et toujours les mêmes « inclinations naturelles… »

Nous avons établi que l’animal par nature n’est pas conscient, et qu’il n’a pas de raison. Il est cependant capable d’éprouver des passions animales qui ressemblent aux sentiments humains (craindre, aimer, désirer, haïr) et c’est pourquoi, la tentation est grande de considérer l’animal comme ayant une dignité presque égale à celle de l’homme. Car dans la conception actuelle, l’Homme tire sa dignité de ce qu’il est capable de sentir et de ressentir comme ses congénères !

Ceci étant dit, que penser de la corrida, de la chasse à courre et autres traditions qui « maltraitent » l’animal ? Et que penser de l’élevage intensif où les porcs et les poules vivent toute leur vie dans des espaces extrêmement réduits ?

L’animal, nous l’avons dit, n’a pas conscience de lui, il n’a donc pas conscience qu’il souffre, c’est pourquoi « il » ne souffre pas, mais plutôt « cela » souffre en lui. Au sens où ce qui s’oppose à ses tendances naturelles le fait souffrir. Sa nature, détournée de sa fin, souffre. Il est donc mauvais de faire souffrir un animal gratuitement, pour le faire souffrir, car c’est violenter un ordre naturel dans le seul but d’aller contre cet ordre. Cependant, il semble que se mesurer à l’animal – comme c’est le cas lors des corridas et des chasses à courre – et ce faisant, accidentellement faire souffrir l’animal dans cette lutte en le mettant à mort, ne soit pas contre nature car il est dans la nature de l’Homme de dominer l’animal et dans celle de l’animal d’être dominé par l’Homme. Et que sont ces pratiques si ce n’est l’actualisation de cette domination voulue par Dieu ?

Cette conclusion peut sembler un peu dure à entendre. Mais posons-nous la question pourquoi ? N’est-ce pas parce que nous avons souvent pitié de l’animal en lui prêtant des sentiments identiques aux nôtres ?  Et cette pitié est souvent ressentie à différents degrés selon que l’animal en question nous ressemble plus. En effet, qui n’a jamais eu pitié de son poisson rouge pourtant enfermé dans un bocal ? Par contre un dauphin dans un delphinarium brisera les cœurs des moins sensibles d’entre nous.

Et si le loup est protégé, nous n’avons pas encore vu la naissance de la LPM (ligue protectrice des moustiques…).

Quant à l’élevage intensif, il semble que le désordre soit plutôt du côté de la recherche de la rentabilité à outrance dans notre société de consommation, pouvant entraîner des conditions de vie irrespectueuses de la Création et  allant parfois contre la nature des animaux soit en cherchant à les développer le plus vite possible à l’aide d’agents chimiques, soit en les laissant dans un état et une saleté qui ne leur est pas naturelle.

Enfin, pour conclure, nous pouvons dire que le « bien-être » animal n’existe qu’en tant que conformité à sa nature, mais pas en tant qu’état de confort, de bonheur, tel que l’Homme seul peut le ressentir consciemment en nommant cet état « bien-être ».

Ces réflexions nous mènent à mille lieues du discours ambiant et cette distance vient du fait que c’est la raison éclairée par la philosophie réaliste qui oriente notre pensée et non le sentimentalisme négateur de la nature, qui mène le monde actuellement ! Nous pourrions même dire qu’il est plus contre nature de mettre l’Homme au niveau de l’animal dans son rapport à la souffrance et au bien-être que de faire souffrir l’animal accidentellement.

Antoine