Le « bien-être » animal en question !

Corrida, chasse à courre, combats de coqs, autant de pratiques traditionnelles remises en question à l’époque où le bien-être animal est devenu un élément essentiel qui tarabuste la conscience de l’homme moderne. Que faut-il en penser ? Quelles sont les idées sous-jacentes ? L’homme prendrait-il soudainement conscience au XXIème siècle de sa cruauté historique envers l’animal ?

Animal qui d’ailleurs est un être vivant, comme nous ! Capable de sentiments, comme nous ! Capable de s’exprimer, comme nous ! Capable de voir, entendre, toucher, se souvenir, comme nous ! Y a-t-il vraiment une différence entre l’Homme et l’animal ? Est-il normal qu’il y ait domination de l’Homme sur l’animal ? Ne faut-il pas que l’Homme, espèce envahissante, laisse s’exprimer, s’étendre au même titre que lui, les autres espèces qu’il a contraintes ? Le loup et l’ours ne doivent-ils pas eux aussi avoir droit de s’étendre et sinon, à quel titre l’Homme s’arrogerait-il cette supériorité ?

Autant de questions, de débats qui animent nos discussions avec nos contemporains et auxquels il n’est pas toujours facile de répondre. Nous essayerons ici de livrer quelques éléments philosophiques permettant d’initier la réflexion et de désamorcer les réflexes sentimentaux qui nous sont proposés quotidiennement !

Partons tout d’abord du résultat de l’observation : un animal, bien que capable de s’exprimer et de communiquer avec ses semblables (aboiement, chant d’oiseau), ne détient pas le langage. En effet, si c’était le cas, nous aurions observé une accumulation de l’expérience, et une évolution du comportement des animaux au cours du temps et dans l’espace en fonction des apprentissages des espèces, transmis et augmentés de génération en génération : le chien Choupette du XXIème siècle n’a rien appris de son arrière-grand-père Médor du XIXème ni de son ancêtre Idefix né en 50 av. Jésus-Christ.

Or le langage est intrinsèque à la pensée en plus d’en être l’expression : comment penser à une chose ou à un concept, sans le nommer même intérieurement et donc sans utiliser de mots issus du langage ?

Nous l’avons montré, l’animal par nature n’a pas le langage, donc il n’est pas capable de penser. Or la conscience de soi est l’utilisation sur soi de la puissance de penser, c’est-à-dire penser que je pense. Donc l’animal ne peut être conscient, il n’a donc pas dans sa nature, la conscience de soi. En effet, il n’est pas une personne.

Pourtant, s’il vous est arrivé d’observer un chien ou même un singe, ils semblent agir de façon rationnelle. L’animal serait-il tout de même capable de raisonner ?

Saint Thomas se pose la question et nous répond que « dans tous les étants que meut la raison, même s’ils ne sont pas doués de raison, l’ordre de la raison apparaît. Ainsi, la flèche va-t-elle droit au but sous l’impulsion de l’archer comme si elle-même avait une raison qui la dirige. On retrouve donc [dans l’ordre animal] une inclination naturelle à des processus merveilleusement agencés puisqu’ils sont ordonnés par l’Art souverain1 (de Dieu). » Ce sont en effet ces « inclinations naturelles à des processus merveilleusement agencés » que l’on observe chez l’animal, et qui ont l’apparence de raisonnements logiques. Peut-être, par exemple, avez-vous déjà observé une mouette lâcher de haut un coquillage sur du sable dur pour qu’il se brise en tombant ? Aussi « raisonnable » que cela puisse être, cela ne démontre pas pour autant que la mouette possède la raison. Les mouettes effectuent cela depuis des temps immémoriaux et n’en ont pas tiré de leçon ou de déduction applicable à une situation nouvelle. Elles ne font que reproduire encore et toujours les mêmes « inclinations naturelles… »

Nous avons établi que l’animal par nature n’est pas conscient, et qu’il n’a pas de raison. Il est cependant capable d’éprouver des passions animales qui ressemblent aux sentiments humains (craindre, aimer, désirer, haïr) et c’est pourquoi, la tentation est grande de considérer l’animal comme ayant une dignité presque égale à celle de l’homme. Car dans la conception actuelle, l’Homme tire sa dignité de ce qu’il est capable de sentir et de ressentir comme ses congénères !

Ceci étant dit, que penser de la corrida, de la chasse à courre et autres traditions qui « maltraitent » l’animal ? Et que penser de l’élevage intensif où les porcs et les poules vivent toute leur vie dans des espaces extrêmement réduits ?

L’animal, nous l’avons dit, n’a pas conscience de lui, il n’a donc pas conscience qu’il souffre, c’est pourquoi « il » ne souffre pas, mais plutôt « cela » souffre en lui. Au sens où ce qui s’oppose à ses tendances naturelles le fait souffrir. Sa nature, détournée de sa fin, souffre. Il est donc mauvais de faire souffrir un animal gratuitement, pour le faire souffrir, car c’est violenter un ordre naturel dans le seul but d’aller contre cet ordre. Cependant, il semble que se mesurer à l’animal – comme c’est le cas lors des corridas et des chasses à courre – et ce faisant, accidentellement faire souffrir l’animal dans cette lutte en le mettant à mort, ne soit pas contre nature car il est dans la nature de l’Homme de dominer l’animal et dans celle de l’animal d’être dominé par l’Homme. Et que sont ces pratiques si ce n’est l’actualisation de cette domination voulue par Dieu ?

Cette conclusion peut sembler un peu dure à entendre. Mais posons-nous la question pourquoi ? N’est-ce pas parce que nous avons souvent pitié de l’animal en lui prêtant des sentiments identiques aux nôtres ?  Et cette pitié est souvent ressentie à différents degrés selon que l’animal en question nous ressemble plus. En effet, qui n’a jamais eu pitié de son poisson rouge pourtant enfermé dans un bocal ? Par contre un dauphin dans un delphinarium brisera les cœurs des moins sensibles d’entre nous.

Et si le loup est protégé, nous n’avons pas encore vu la naissance de la LPM (ligue protectrice des moustiques…).

Quant à l’élevage intensif, il semble que le désordre soit plutôt du côté de la recherche de la rentabilité à outrance dans notre société de consommation, pouvant entraîner des conditions de vie irrespectueuses de la Création et  allant parfois contre la nature des animaux soit en cherchant à les développer le plus vite possible à l’aide d’agents chimiques, soit en les laissant dans un état et une saleté qui ne leur est pas naturelle.

Enfin, pour conclure, nous pouvons dire que le « bien-être » animal n’existe qu’en tant que conformité à sa nature, mais pas en tant qu’état de confort, de bonheur, tel que l’Homme seul peut le ressentir consciemment en nommant cet état « bien-être ».

Ces réflexions nous mènent à mille lieues du discours ambiant et cette distance vient du fait que c’est la raison éclairée par la philosophie réaliste qui oriente notre pensée et non le sentimentalisme négateur de la nature, qui mène le monde actuellement ! Nous pourrions même dire qu’il est plus contre nature de mettre l’Homme au niveau de l’animal dans son rapport à la souffrance et au bien-être que de faire souffrir l’animal accidentellement.

Antoine

1 Somme théologique, Ia IIae q. 13 a.2

 

 

Former son coeur

Chère Bertille,

 Lors de notre dernière rencontre, tu m’as dit combien tu souffrais d’entendre chaque jour, de la part de tes camarades comme de tes professeurs, des attaques perpétuelles sur « l’homme, ennemi de la nature ».

Tu trouveras dans ce numéro de quoi étayer et renforcer tes convictions. Mais ces réflexions, très actuelles, m’ont menée vers des principes fondamentaux que je souhaite éclaircir avec toi aujourd’hui, car contre toutes ces sirènes – plus ou moins attirantes, d’ailleurs – il est important d’avoir les idées bien en place !

Tu sais, car je te l’ai souvent dit, combien il est important de former son cœur ! « Si ton cœur est médiocre, rends-le bon, s’il est bon, rends-le meilleur ! »

Aujourd’hui, on développe surtout l’intelligence, parfois la volonté, mais on oublie qu’un cœur se forme, se déforme et se transforme ! Or parmi les mauvais guides du cœur, on trouve l’atmosphère ambiante et une vision superficielle de la vie. Un cœur non formé cessera bientôt d’être sensible aux appels du bien pour écouter les voix de l’égoïsme, de la jouissance et des passions mauvaises. Former son cœur est le moyen d’empêcher qu’un jour ou l’autre, un grain de sable ne cale le moteur sur la route de l’héroïsme ! Que de vies gâchées, non pas parce que le cœur était mauvais, mais parce qu’on l’a livré à toutes ces impulsions du monde, qu’on n’a pas su donner le coup de frein nécessaire ou qu’on l’a donné trop tard ! Apprends donc à ton cœur ce qu’il doit faire pour trouver la vraie joie des enfants de Dieu et éviter la tristesse ; apprends-lui à dissiper les mirages trompeurs, à ne pas se laisser influencer, et à découvrir les splendeurs réelles au-delà des facilités apparentes !

 Avant tout, connaître l’ennemi : les faux prophètes s’érigent en maîtres ; ils ont trouvé une façon d’émouvoir les âmes les plus sensibles pour détourner les esprits des réalités surnaturelles. Revues, livres, affiches, conversations, publicités, photos et informations – destinées à faire pleurer même les âmes les plus dures – finissent par avoir raison de nos certitudes. Ils sont, ces mauvais guides, d’autant plus dangereux que, nous croyant au-dessus de tout cela et intouchables, nous ne les voyons pas et nous ne nous en méfions plus! Force terrible de l’accoutumance ! Cette atmosphère imprègne notre intelligence ; lentement les idées pénètrent en nous, à notre insu, pour devenir la substance de notre pensée et de nos sentiments. Petit à petit, des idées insidieuses s’infiltrent en nous : celui-ci a dit de très belles choses, celui-là a découvert des réalités psychologiques dont personne ne s’était soucié jusque-là… Et puis au fond de nous, n’avons-nous pas un peu envie de découvrir des idées qui semblent plus riantes ou plus brillantes et de lâcher un peu nos guides qui nous semblent devenus carcans ? Quand l’eau est mauvaise – et même seulement un peu trouble – on la rejette, quand l’atmosphère du monde est contaminée, on ne baisse jamais la garde et on cultive l’antidote !

 Continue donc à te former afin de ne pas te laisser influencer. Un ami me disait qu’il faut avoir « le nez catholique » ; réalité exacte mais pas suffisante ! >>>  >>> En effet, avec un minimum de formation, on doute facilement que telle assertion soit juste mais la méfiance ne donnera pas les arguments ! Parfois, quand le danger est là et que l’on ne se sent pas assez fort ou formé, il peut être très judicieux de fuir ! Par exemple quand, dans une conversation publique, un opposant se montre plein de verve et a vite fait de mettre les rieurs de son côté. Mais il ne faut pas s’arrêter là ! Il faut ensuite nourrir son intelligence afin de s’entraîner à réagir pour ne pas laisser son cœur s’emballer trop vite, emporté par l’enthousiasme féminin…

 Cultive la force d’âme sans peur du respect humain afin de te garder des influences ! La réalité est là : sauvegarder les principes sans varier d’un iota est un art difficile qui relève même de la vertu ! Cependant n’est-ce pas là une façon assurée de faire son salut et de soutenir ceux qui nous entourent ? « La civilisation chrétienne dépend beaucoup de la femme, de son attitude, de sa fidélité, je dirais même de son héroïsme.1»

 Enfin, apprends à te recueillir ! Pour savoir ce qui, dans les évènements et les circonstances, n’est pas pour toi et où tu dois diriger tes pas, il faut, avant tout, ne vouloir que ce que Dieu veut et Lui demander son secours. C’est en ouvrant ton âme à Dieu que tu trouveras le soutien nécessaire pour rester fidèle, sans crainte de te dissiper.

 Voilà, ma chère Bertille, ces premiers mots sur la formation du cœur ! C’est avec joie que je continuerai cette discussion quand nous nous reverrons !

Je t’embrasse,

Anne

 

 

Calvaires de nos campagnes

Petits oratoires au coin des chemins devenus routes, placés là par une main pieuse en souvenir de quelque vœu, ou après une mission locale, pour ranimer la ferveur après la fureur des temps, vous ponctuez nos campagnes, toujours pleins de fraîcheur.

Statuette de la Sainte Vierge à l’abri d’une vieille niche de pierre battue par les vents, tout usée de soleil et de pluie mais qui, de longue mémoire, a toujours été là et reste entretenue malgré tout, avec parfois un soin jaloux…

Notre Dame des champs qui veillait sur les récoltes, et les rudes travaux,

Notre Dame de la mer qui regardait au loin partir et revenir ses fils marins, protégeant parfois mystérieusement les équipages, l’implorant dans la tempête. De retour au port, ceux-ci la saluaient et lui déposaient un ex-voto en reconnaissance.

Notre Dame du Chêne, parce que, sans savoir comment, la statue s’était retrouvée dans un tronc, auprès de laquelle, on venait en procession confier les intentions des cœurs lourds.

Notre Dame des Marais, dans ces étendues plates, un peu désolées où terre et mer fusionnent pour se rejoindre sans que la distinction soit bien nette.

Et tant d’autres vocables pour d’humbles statues.

Simples calvaires de pierre aux si jolies proportions, sculptés dans le matériau local avec un petit air de noblesse afin d’honorer le Sauveur,

Nichés dans un bosquet de verdure, ornés l’été de fleurs sauvages poussant à leur pied, ou au contraire se dressant dans la plaine, comme un témoignage de la route à suivre.

Modestes croix de bois croisées dans les montagnes comme au milieu de nulle part, parfois peintes gaiement, permettant aux bergers lors de l’alpage de prier sur fond de cliquetis des cloches de leurs troupeaux.

Grands calvaires de bois ou de pierre érigés en souvenir d’une mission, dont la date est bien visible pour, après les ravages du protestantisme et de la Révolution, faire revenir les âmes à la vraie foi des aïeux.

Vous êtes si présents dans notre vieux pays de France, restes touchants de la piété des gens simples dont la vie était rude et qui savaient qu’elle n’avait qu’un temps et qu’une valeur, celle qu’ils lui donnaient pour leur éternité.

Que nous sachions toujours vous saluer dignement, en chrétiens, vous défendre au besoin, vous reconstruire avec générosité car vous êtes toute une armée de veilleurs, qui nous rappelez, humbles poteaux indicateurs, la route du Ciel.

                       

                Jeanne de Thuringe

 

L’Eucharistie

Chère Bertille,

Aujourd’hui je voudrais te parler de l’apostolat. En effet, l’apostolat tient une place importante dans la vie de tout chrétien et tout particulièrement chez la jeune fille qui doit rayonner. Pour ce faire, je souhaite te livrer un texte qui explique comment l’apostolat peut être fécond.

« Le but de l’Incarnation et dès lors de tout apostolat est de diviniser l’humanité. […] Or, c’est dans l’Eucharistie, ce n’est pas assez dire, c’est dans la Vie Eucharistique, c’est-à-dire dans la vie intérieure solide, alimentée au banquet divin, que l’apôtre s’assimile la vie divine. […] La vie eucharistique, c’est la vie de Notre-Seigneur en nous, non seulement par l’indispensable état de grâce, mais par une surabondance de son action. Veni ut vitam habeant et abundantius habeant (Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance). Si l’apôtre doit surabonder de vie divine pour la répandre dans les fidèles, et s’il n’en trouve la source que dans l’Eucharistie, comment dès lors supposer l’efficacité des œuvres sans l’action de l’Eucharistie sur ceux qui directement ou indirectement doivent être les dispensateurs de cette vie par ces œuvres ?

Impossible de méditer sur les conséquences du dogme de la présence réelle, du sacrifice de l’autel, de la communion, sans être amené à conclure que Notre-Seigneur a voulu instituer ce Sacrement pour en faire le foyer de toute activité, de tout dévouement, de tout apostolat vraiment utile à l’Eglise. Si toute la Rédemption gravite autour du Calvaire, toutes les grâces de ce mystère découlent de l’autel. Et l’ouvrier de la parole évangélique qui ne vit pas de l’autel n’a qu’une parole morte, une parole qui ne sauve pas, parce qu’elle émane d’un cœur qui n’est pas assez imprégné du sang du rédempteur. […]

Qu’il s’agisse du démon habile à retenir les âmes dans l’ignorance, ou de l’esprit superbe et impur qui cherche à les griser d’orgueil ou à les noyer dans la boue, l’Eucharistie, vie du véritable apôtre, fait sentir son action à nul autre semblable contre l’ennemi du salut. […]

Au degré de vie eucharistique acquis par une âme, correspond presque invariablement la fécondité de son apostolat. La marque, en effet, d’un apostolat efficace, c’est d’arriver à donner aux âmes la soif de participer fréquemment et pratiquement au banquet divin. Et pareil résultat n’est obtenu que dans la mesure où l’apôtre lui-même vit véritablement de Jésus-Hostie. […]

Ne rejetons pas la faute sur l’état de démoralisation profonde de la société, puisque nous voyons par exemple ce que, sur des paroisses déjà déchristianisées, a pu opérer la présence de prêtres judicieux, actifs, dévoués, capables, mais par-dessus tout, amants de l’Eucharistie. En dépit de tous les efforts des ministres de Satan, facti diabolo terribiles, puisant la force au foyer de la force, dans le brasier du tabernacle, ces prêtres, malheureusement rares, ont su tremper des armes invincibles que les démons conjurés ont été impuissants à briser. »

Voici ma chère Bertille, comment tu pourras avoir un apostolat fécond, c’est ce que je te souhaite en ce temps de Carême !       

Anne 

1 Dom J. B. Chautard, L’âme de tout apostolat, Emmanuel Vitté, XVIème édition, 1941, p. 186 à 194.

 

 

Apostolat et humilité

Comment vivre en Chrétien dans un monde qui ne l’est plus ? Comment témoigner de notre Foi et comment rendre de nouveau chrétien ce monde apostat ? L’ampleur de la tâche a de quoi nous décourager et souvent la question de notre contribution à l’apostolat s’impose à notre esprit. Tantôt pleins de fougue et d’énergie, nous échafaudons de grands projets de mouvements politiques ou catholiques. Tantôt les bras ballants, nous ne savons par quel bout commencer !

Faire du porte à porte, faire des prêches sur les places des villages, ou prier dans notre chambre ? Où est notre devoir ?

L’exemple des saints nous est utile. Tous ont pratiqué l’apostolat. Chacun à leur manière ! Quoi de commun entre un saint François-Xavier parti évangéliser la Chine et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus cloîtrée dans son carmel et pourtant patronne des missions ? Quoi de commun entre les pères du désert, et saint Philippe Néri ? Quoi de commun entre saint Tarcisius et saint Ignace de Loyola ?

Un point commun, dénominateur de tous les saints : c’est leur amour de Dieu. Le départ et l’aboutissement de tout apostolat. Tous ont accompli leur devoir d’état avec un maximum d’amour, et cela les a conduits à rayonner l’amour de Dieu et ainsi à évangéliser leur entourage.

Là est leur secret ! Le Bon Dieu ne nous demande pas d’imaginer la meilleure méthode pour convertir le monde. Il nous demande de L’aimer toujours plus que tout, et cela « suffit » pour évangéliser le monde.

En effet, nourri de cet amour de Dieu, c’est tout notre être qui se transforme et qui naturellement rayonne d’amour des autres. C’est notre essence même d’enfants de Dieu qui peut déjà interpeller un observateur attentif. Notre joie, notre sérénité malgré les vicissitudes de cette vie, pourrait interroger notre entourage païen. Ils nous observeront donc plus attentivement et passeront au crible nos actions, ce que nous faisons. Il y a notamment une vertu plus particulièrement chrétienne et peu naturelle qui, si nous la pratiquons, continuera à interloquer notre entourage, que ce soit dans le cadre des études ou de notre travail : c’est l’humilité ! En effet, qui mieux qu’un bon chrétien accepte de reconnaître ses torts et de ne pas avoir raison ? Accepte surtout de pardonner aux insultes et aux mépris ? Car au nom de qui ou de quoi pardonner si ce n’est au nom du Christ qui a pardonné à ses bourreaux, comme beaucoup de saints à sa suite ? Les questions suscitées par notre comportement qui paraîtra irrationnel à certains, viendront inévitablement, et ce sera alors le moment de dire la Foi qui nous anime. Et si cette âme n’est pas touchée instantanément, au moins, la petite graine est semée, et le Bon Dieu se chargera de la faire grandir à sa guise, avec ou sans nous !

Vivre l’amour de Dieu en cohérence entre ce que nous sommes, ce que nous faisons et ce que nous disons est naturellement le premier des apostolats que le Bon Dieu attend de nous, c’est celui de l’exemple !

Pour le reste, faisons confiance à la Providence, elle mettra sur notre route de multiples occasions de témoigner de notre foi. Si nous cherchons toujours à grandir dans l’amour de Dieu et à correspondre à cet amour, alors nous saurons les saisir avec audace et sans respect humain, et nous serons assurés d’évangéliser selon le plan de Dieu.

Antoine

 

Laisser transparaître Dieu

Afin que les hommes puissent connaître Dieu à travers toi, pour trouver le chemin du Ciel, veux-tu bien le laisser transparaître ?

Point n’est besoin de grands discours, il suffit d’être…

Ton âme bien unie à celle de ton Seigneur, Sa Face toujours présente en toi, pour, presque malgré toi, imprimer Sa Bonté par ta charité sur ceux qui te rencontrent.

Ton sourire qui ne juge pas, ne condamne pas mais soutient et réchauffe surtout ceux qui sont isolés ou oubliés, encourage, comme celui du Divin Maître qui devait être si doux, si entraînant.

Ton regard qui voit plus loin, ne s’arrête pas à des vues trop humaines de vains enthousiasmes ou de craintes stériles et paralysantes, pour refléter Celui du Crucifié qui ne cessait de contempler la face de Son Père.

Ton oreille attentive qui sait prendre le temps d’écouter, même si le discours est lassant, et qui devine derrière lui la peine ou ce qu’il convient de doucement aplanir et orienter vers le Bien.

Ton oreille qui sait recevoir les conseils donnés, sans amour-propre, pour grandir.

Ta parole rassurante, ferme s’il le faut, sans faux-semblants, qui dit oui quand c’est oui, qui dit non quand c’est non, pour amener vers le Verbe de Dieu.

Ta parole qui évite toute condamnation tranchée, reste mesurée pour faire comprendre la Miséricorde du Seigneur, mesure ce qu’elle dit, parfois se retient pour ne pas blesser, tait le bien que tu fais, et ne se met jamais en avant.

Tes mains donnant sans compter et se joignant souvent pour la prière implorante, quand il n’y a plus que cela pour l’âme éloignée de Dieu.

Tes actions empreintes de calme, de silence, de grandeur cachée, surtout dans le devoir d’état, sans agitation stérile afin de faire deviner Celui que tu portes, qui donne la paix et ouvre à des horizons infinis.

Tes services spontanés devinant le besoin du prochain, offerts, surtout ceux qui coûtent un peu plus de temps ou de fatigue, sans s’offusquer s’ils ne sont pas vus ou remerciés.

Tes services rendus avec le sourire, sans maugréer malgré la peine ou la lassitude, surtout pour les plus humbles ou rebutants, à l’image de celui qui s’est fait Serviteur.

Enfin ta prière constante pour être droite, d’humeur égale, phare dans la tempête du monde, solide quand tout s’écroule, instrument divin et transparence de Dieu.

                         

                Jeanne de Thuringe

 

CONFIANCE ET ABANDON

Chère Bertille,

 

Dans ta dernière lettre tu me dis que, de plus en plus, dans les conversations de sortie de messe, à table, dans les réunions de famille, il n’est question que de nouvelles alarmantes, d’inquiétudes. Les sujets sont variés : combien de temps vont tenir nos écoles catholiques ; la nouvelle épidémie de grippe ou de COVID sera-t-elle plus virulente ? Comment se chauffer en raison de l’augmentation des prix ? Comment trouver du travail avec les réglementations actuelles ? Les informations tournent en boucle ; chacun est penché sur son portable à l’affût des dernières nouvelles… Avenir bien sombre pour une jeune fille qui est dans l’âge des grandes espérances. C’est le moment où les projets d’avenir se forment. De quoi sera fait demain ?

 Je comprends ton inquiétude, et j’aimerais pouvoir t’aider à tirer le meilleur parti de cette situation en prenant un peu de hauteur.

Ma réflexion se construira autour de trois questions essentielles : Quel est le but de la vie et pourquoi sommes-nous sur terre ? Quelle est ta place, en tant que jeune fille dans la société qui traverse cette période de crise ? Où pourrais-tu trouver la force d’avancer sereinement ? 

 Nous avons tous tendance à chercher une vie idéale, sans inquiétude, sans obstacle à nos projets, à notre volonté. Mais finalement, qu’est-ce qu’une vie idéale ? Je laisse Guy de Larigaudie répondre à ma place : « la vie idéale est celle où Dieu, individuellement, nous veut moine, poète, cordonnier ou assureur. »1 La vie idéale, c’est faire notre devoir d’état d’étudiante, de jeune professionnelle, à l’époque où le Bon Dieu nous a placées. Cette vie idéale doit être atteinte même si nous ne comprenons pas le monde dans lequel nous vivons, ni pourquoi la crise de l’Eglise dure si longtemps, ou pourquoi il est de plus en plus difficile de vivre en chrétien dans ce monde. Il ne nous appartient pas de répondre à toutes ces questions. Le Bon Dieu permet que nous ne comprenions pas tout, et même rien : « nous ne comprenons rien à rien. Il y a autant de mystère dans la croissance d’un grain de blé que dans le mouvement des étoiles. Mais nous savons bien que nous sommes seuls capables d’aimer, et c’est pour cela que le moindre des hommes est plus grand que tous les mondes réunis. »2 Eh oui, ma chère Bertille, nous sommes sur terre pour aimer Dieu, voilà le but de notre vie et notre gloire !

 

Le monde dans lequel nous vivons a besoin de joie, de bonheur, d’amour. La vocation de la femme est justement d’apporter ce rayon de soleil. « Le rayon de soleil éclaire, réchauffe et réjouit le cœur de l’homme. Il en va de même pour la femme qui remplit son rôle. (…). La femme réchauffe les énergies, les stimule ; elle sait encourager d’un regard dans l’effort persistant. Elle aide chacun à donner le meilleur de lui-même. Sa force d’âme réside dans le fait qu’elle sait oublier ses fatigues et ses soucis pour se dépenser au bien de ceux qui l’entourent. Enfin, par son égalité d’humeur, le charme de son sourire, ses délicatesses, sa joie communicative, ses attentions sans cesse renouvelées, elle réjouit le cœur de ses proches.»3 Voilà ta place de choix, ma chère Bertille, dans notre société qui a perdu toute joie de vivre !

 

Mais comment trouver la force et la persévérance ? « La femme puisera sa constance dans une solide piété qui gardera son âme dans la paix et la joie.»4 La piété est cette habitude de vivre sans cesse en présence du Bon Dieu. Cette attitude nous permet de nous abandonner de plus en plus en la sainte Providence et de mettre notre confiance en Dieu. Le Bon Dieu n’a pas eu besoin de nous pour créer le monde, ni pour nous créer. Nous devons tout à Dieu, notre existence, la vie surnaturelle par la grâce du baptême, les petites joies quotidiennes. Pourquoi ne pourrions-nous pas rester confiants dans ses bras ? C’est donc en Dieu, ma chère Bertille, que tu trouveras la force d’avancer sereinement, « faire de sa vie une conversation avec Dieu ».5

 

Le secret de la joie, ma chère Bertille, est de faire avec amour ton devoir d’état à la place et à l’époque où le Bon Dieu t’a placée, peu importe si l’orage du monde gronde. Tel un vaisseau avançant paisiblement à travers les vagues car c’est le Bon Dieu qui souffle dans les voiles.

 Je te souhaite une bonne et sainte année remplie d’une joie profonde !

Anne 

 

Sois tranquille  

 

Mon enfant, un jour, j’ai dit à Marthe qui s’agitait avec fièvre pour me recevoir : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et te troubles de beaucoup de choses. Or une seule est nécessaire… »

 

Or bien souvent, bien trop souvent, tu es comme Marthe, agitée, agacée, désemparée et triste.

Que de sujets d’inquiétude, et pourtant si tu savais comme Je t’aime et mène tout pour ton plus grand bien, tu te reposerais dans Mes bras comme un enfant, alors,

Sois tranquille.

 

Par Mon Incarnation, J’ai connu la vie des hommes, partagé leurs joies, leurs peines, leurs souffrances. En prenant la nature humaine pour Ma Passion, j’ai été un Dieu proche, vivant, qui a vécu comme eux, sans privilèges ni facilités, dès le début.

Ma Mère et saint Joseph furent jetés sur les routes au moment de Ma naissance pour le recensement, puis ont dû fuir à cause de moi leur pays sans aide, pour une contrée étrangère, païenne, dont ils ne connaissaient pas la langue.

Pourtant, Mon Père veillait sur nous et rien ne nous a manqué, même si nous avions tout juste le nécessaire. Ma Mère a toujours tout attendu de Lui et fait confiance, sachant pourtant quelles seraient ses souffrances associées à Ma Passion.

Alors, lorsque tu avances dans la vie avec appréhension, ne sachant pas ce qu’il convient de faire ou si telle entreprise réussira,

Sois tranquille.

 

De toute éternité, mon Père a pensé à toi, te faisant naître dans cette famille, dans cette ville, dans cette époque, avec tes qualités et tes défauts, et t’a donné l’état de vie qui est le tien. Tes péchés et tes faiblesses, tes renoncements, tes regrets, tes relèvements, Il les connaît déjà. Lui qui sonde les reins et les cœurs, te connaît mieux que toi-même.

La grâce est là qui t’accompagne si tu la demandes et si tu te jettes toute confiante dans Ses bras, comme un enfant,

Alors lorsqu’il faut avancer, recevoir Son Pardon sans rien dissimuler, quand une entreprise te coûte, ne crains rien,

Sois tranquille.

 

Bien souvent, tu imagines tel résultat, désire telle issue à ton épreuve ou ton doute. Tu organises déjà intérieurement ton scénario, heureux ou malheureux.

Mais la Volonté du Père n’est pas forcément la tienne, parfois oui, parfois non. La vie quotidienne est tissue de petits riens, de fidélités imperceptibles mais nécessaires et cette régularité donne la paix intérieure. Certains ont des vies toutes simples, toutes discrètes, sans grands résultats, ni belles réponses.

C’est dans cette humilité confiante, combat parfois caché mais bien réel que la grâce de sainteté travaille dans leur âme, qu’ils sont un témoignage du Père, presque malgré eux. La paix et la joie en sont les fruits. Alors à leur image,

Sois tranquille.                             >>>   >>> Lorsque Ma Croix est à son tour mise sur tes épaules, avec son âpreté, sa soudaineté, sa violence, incompréhensive, presque injuste, ne crains rien.

Elle est là dans un dessein d’amour mystérieux qui te fera grandir et te prépare dans l’Eternité une place de choix. Je suis toujours à tes côtés et mets alors sur ta route ce qu’il faut pour t’aider à la porter, même si c’est difficile.

Tu y rencontras Ma Mère, Simon de Cyrène et Véronique.

Toujours, tu constateras que l’issue en est bien plus belle que tout ce que tu avais pu imaginer.

Et puis dans tes manques de charité, dans tes jugements téméraires, Je te montrerai souvent tes erreurs, ta mauvaise compréhension des intentions et comme tu alourdis seule les difficultés avec ton prochain. Certaines âmes ont des mystères intérieurs que Seul je connais.

Là aussi, apprends à regarder avec Mon regard, sans chercher à tout comprendre et

Sois tranquille.

 

A l’heure dernière, quand Mon Père te rappellera, Je serais là avec Ma Mère pour le dernier combat. Le découragement et l’indignité te tenteront, mais si tu as toujours su être confiante et joyeuse en Dieu, malgré les vents contraires, tu aborderas le rivage de l’Eternité et le Père te dira

Entre tranquille dans la paix de mon Royaume car tu as combattu le bon combat.

 

                Jeanne de Thuringe

 

La garde du cœur  

« Elle court, elle court la maladie d’amour… »

Comme ne le dit pas la chanson, aimer n’est pas une maladie, mais bien la plus merveilleuse capacité que Dieu ait déposée dans le cœur de l’Homme. Dieu n’est-il pas l’Amour incarné ? De l’amour du Père pour son Fils et du Fils pour son Père ne résulte-t-il pas le Saint-Esprit ? Telle est la capacité de l’Amour infini. Donc non, aimer ce n’est pas être malade. Mais alors qu’est-ce qu’aimer ?

– Est-ce ressentir quelque chose d’indéfinissable et de merveilleux au fond du cœur ?

– Est-ce flotter sur un petit nuage en pensant nuit et jour à la personne « aimée » ?

– Est-ce ce trouble qui nous envahit quand cette personne nous sourit ou nous regarde ?

Et si c’est tout cela en même temps, alors je l’aime, je l’aime ! Et si je l’aime, il faut qu’elle devienne ma femme ! Serions-nous des marionnettistes ? Car heureusement, ce n’est pas seulement cela aimer !

 

Être amoureux, car c’est bien de cela qu’il s’agit, est un état presque instinctif, qui peut permettre au véritable amour de naître. Distinguons-le de l’amour, le vrai, celui qui mènera au mariage et qui suppose l’assentiment et l’énergie de la volonté qui seule peut permettre à l’amour de durer dans le temps.

Être ému par une jeune fille, chacun de nous l’a été, peut-être plusieurs fois, parfois même de personnes différentes. Cependant, cela ne préjuge absolument pas de la pérennité de ce sentiment, ni même de la possibilité d’une suite, et aucunement de sa prédestination. Tout bon Roméo qui est ému par une jeune fille pour la première fois, y voit la main de Dieu et tend à considérer cet amour naissant comme écrit de toute éternité dans le ciel et voué à un merveilleux avenir. La littérature, les musiques et l’atmosphère ambiante propagent en chantant cette légende dorée qui contribue en partie au drame de l’instabilité des familles aujourd’hui.

Jeune homme que tu es, ne sois pas gêné outre mesure de ce trouble qui t’envahit pour la première fois quand ton regard croise le sourire d’une bonne amie. Ce sentiment n’est pas honteux, mais juste instinctif. Sache-le simplement, cela permettra peut-être à ta volonté d’envisager la situation plus sereinement.

Avant d’envisager d’aller plus loin et de savoir si tu veux donner suite, voici une première question toute simple qui peut t’aider à discerner car, dans cette situation, le jugement est souvent obscurci par la passion naissante :

 

– Es-tu en mesure d’assurer la subsistance d’une famille ?

Si la réponse est négative, alors garde cela pour toi et surtout ne révèle pas ce sentiment à la principale intéressée, ni en parole, ni par tes attitudes car cela risquerait de prendre des proportions plus importantes et d’échapper au contrôle de ta volonté. Pense à autre chose et ne t’entretiens pas dans des rêveries irréalisables.

Si, après quelques années, ce sentiment est toujours présent et que la jeune fille est toujours libre, alors, à toi d’examiner les autres questions qui se posent pour le choix d’une épouse et d’envisager quelque chose de sérieux (cf. FA 34 : Les fiançailles). Mais tant que tu n’es pas autonome, ce n’est objectivement pas la volonté de >>>  >>> Dieu. Or, dans nos vies, cela seul doit compter : faire la volonté de Dieu.

Si Dieu a prévu que ce sentiment naissant conduise au mariage, alors sa Providence organisera les choses en temps voulu pour que cela se fasse !

De plus, la jeune fille à laquelle tu penses est aussi certainement trop jeune pour poser un choix libre et éclairé. Ne serait-ce pas alors lui manquer de respect ou au moins de délicatesse en demandant un choix qu’elle n’est pas encore en mesure de poser.

Méfie-toi aussi de l’orgueil qui joue son rôle… En effet, quoi de plus flatteur que de se savoir aimé par une jolie jeune fille ? N’est-ce pas la meilleure preuve de ta valeur auprès de tes amis ?

 

– Eh non, je suis encore étudiant ! Alors quoi, serais-je le seul à ne pas avoir le droit d’aimer quand tous mes camarades et même mes amis sortent, et ont leur « copine » ? C’est trop dur, c’est impossible et surtout à quoi bon ? Faut-il que je fasse comme ces jeunes un peu « timides » qui n’osent pas parler aux filles de peur de ressentir ce trouble ?

Non si tu es amoureux, tu es un homme comme les autres.

Mais si tu es capable de garder ce sentiment pour toi tant que le moment n’est pas venu, alors là seulement tu dois savoir que tu es un homme pas comme les autres !

Tu es capable de te maîtriser, de dompter tes sentiments, tu es un homme digne d’amour et d’estime, et ta femme plus tard en sera d’autant plus fière ! Elle aura épousé un homme de caractère, différent de ces mous qui pullulent et étalent leur vague à l’âme sur la place publique sans être capable de se maîtriser. Elle aura épousé un homme capable de conduire une famille car capable de se conduire lui-même. Elle aura surtout épousé un homme qui aura gardé son cœur pour elle plutôt que d’en éparpiller des morceaux à chaque regard charmeur !

 

Alors je suis amoureux, je n’ai que 18 ans, c’est grave docteur ? Non, c’est que tu es un vrai gars, mais garde-le pour toi et là, tu seras vraiment un homme !

Et plutôt que d’occuper ton esprit à des considérations qui ne sont pas encore d’actualité pour toi, prends le temps de te construire, d’établir ta personnalité en travaillant à développer ta volonté et toutes tes qualités qui feront de toi un homme. Entretiens de solides amitiés surtout avec des bons garçons. Partage aussi des activités avec des filles, cela te permettra de découvrir leur caractère parfois si mystérieux et de te familiariser avec elles.

Et enfin, abandonne ce sentiment qui dort en toi à la Sainte Vierge, confie-lui la garde de ton cœur, elle en fera bon usage et telle une mère attentionnée à qui tu peux tout dire, elle te guidera parmi les embûches et mirages de la vie étudiante jusqu’à te faire rencontrer celle qui sera ta femme, en temps voulu. Et si tu as la grâce d’avoir été choisi par Dieu pour le servir alors cette garde du cœur te permettra d’être assez fort pour le suivre.

Antoine

 

Voir le beau  

A la philharmonie de Paris, les dernières notes du Miserere d’Allegri viennent de s’évanouir ! Le public, peu à peu, redescend sur terre après avoir été élevé vers le ciel par la beauté vibrante de cet air aérien magnifié par la pureté d’une voix d’enfant.

Au même moment, le soleil se couche sur le Mont Blanc révélant à l’alpiniste qui bivouaque en montagne les sombres arêtes qui se détachent, flèches bleues acérées sur le fond rougeoyant du ciel embrasé. Instant d’éternité, beauté sublime et passagère que l’homme est incapable de reproduire.

La beauté contient en elle une capacité à toucher, à émouvoir notre sensibilité. Est beau ce qui sonne juste, vrai, immuable, authentique. Le beau, le vrai, le bien sont des transcendantaux qui nous élèvent vers le ciel et qui vont d’ailleurs toujours ensemble. Le beau nous ramène imperceptiblement à notre nature profonde de créature dont l’objet est de louer Dieu notre créateur. Le beau nous parle de Dieu et nous conduit vers Dieu que nous savons être la beauté même.

Chaque beauté que nous pouvons contempler sur terre est un peu comme une étincelle d’un feu d’artifice qui résulterait de la beauté de Dieu.

Toute cette beauté que Dieu a, sans compter, répandue sur toute la terre et qu’il a permis aux hommes de développer est une source inépuisable d’émerveillement et de joie. Cette source ne compense-t-elle pas largement les motifs de crainte et de tristesse qui peuplent cette « Vallée de larmes » ?

Mais pour trouver cette joie, il faut être capable de la recevoir. Ceci requiert au moins deux dispositions d’âme :

La curiosité, d’une part, qui nous fait ouvrir les yeux, observer le monde et la nature qui nous entoure, discerner et repérer les éléments de beauté qui parfois se cachent et ne se laissent pas saisir par le premier venu. Et la capacité d’émerveillement, d’autre part, cette souplesse de l’âme qui se laisse émouvoir. Fraîcheur de l’esprit qui reste ouvert aux découvertes et sait se laisser toucher, surprendre.

Véritables trésors, ces deux dispositions d’âme sont des sources inépuisables de richesse intérieure qui permettent de trouver de la joie partout, quelles que soient les vicissitudes de la vie.

Dilapidez-les bêtement, éparpillez-les au gré de votre vie numérique, laissez-en une parcelle dans chaque vidéo, réseau « social », tweet, Tchat ou Snapchat et bientôt elles auront disparu sans que vous ne vous en soyez même aperçu. Et, petit à petit, sans savoir pourquoi, vous constaterez que la vie devient morne, triste et sans relief. Le soleil brille et se couche partout tous les soirs et pour tout le monde, mais seuls les hommes heureux le regardent et seuls ceux qui sont capables de s’émouvoir à son coucher sont heureux.

Si, ayant gardé cette curiosité, nous sommes les heureux témoins d’un bel instant, notre premier réflexe en tant « qu’Homo Numericus » est de le « capturer » à l’aide de notre smartphone pour être sûr que cet instant de bonheur ne nous échappe pas. Le second réflexe est de le partager avec nos amis pour leur procurer à eux aussi de la joie. Joie qu’ils ont du mal à éprouver en visualisant le paysage que nous leur proposons au travers d’un écran de 10 cm2. Ils nous répondent néanmoins instantanément et notre vie numérique, abandonnée une minute reprend son cours immédiatement, pendant que la lumière change et que >>>   >>> nous passons à côté d’un surcroît de beauté et de bonheur potentiel.

Même si l’intention de partager les bons moments est louable, apprenons à la différer. Cela permet de prendre le temps d’observer plus complètement la beauté, de s’en émerveiller encore plus, de s’en imprégner et surtout de louer le Créateur à son origine. Que de joie et de bonheur éprouverons-nous plus tard à décrire à nos proches, avec nos mots, ce que nous aurons contemplé. Ils seront encore plus heureux de constater notre émerveillement que de recevoir un « screen shot » muet de notre vie, avec pour tout commentaire des « smileys » évocateurs.

La beauté du monde est un réservoir inépuisable de joie et de bonheur déposé par Dieu sur terre et dans nos vies pour nous faire lever le regard vers lui, l’entr’apercevoir et ainsi le désirer. C’est cette même beauté qui d’ailleurs imprègne toute la liturgie.

 

Allons y puiser régulièrement et conservons notre âme d’enfant pour accéder à la contemplation de Dieu au royaume des cieux.

Antoine