Adoption: Les parents qui t’ont donné la vie et tes parents pour toujours:

Cela regarde chacun de se tourner ou non vers l’adoption d’un enfant. Il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir accueillir dans son foyer un enfant conçu par d’autres, avec les risques héréditaires que cela peut supposer, la crainte de ne pas savoir s’y prendre ou de l’aimer comme son propre enfant. Il faut bien le comprendre et ne pas juger ce qui est bon ou ce qui ne l’est pas lorsqu’il s’agit de notre prochain.

 

  Certains époux sans enfant verront dans l’adoption la réalisation du but premier de leur mariage en partageant leur bonheur familial avec un ou plusieurs enfants orphelins ou abandonnés par leurs parents « biologiques », leur offrant la vie de la grâce par le baptême, et la sécurité d’une famille aimante et stable.

 

  Ces familles sont plus nombreuses qu’on pourrait le penser, et poussent même parfois leur générosité en choisissant des enfants malades ou handicapés. Elles ont appris dans la prière, et dans les signes plus ou moins lisibles de la Providence, que cela leur était demandé, et qu’ils auraient les grâces nécessaires pour mener à bien leur belle mission de parents adoptifs. Nous nous contenterons ici de parler de la nécessité de révéler à l’enfant adopté sa véritable situation.

 

  Pour toute adoption, il y a eu abandon, volontaire ou non, et donc une séparation définitive que les enfants adoptés ne peuvent ignorer. Beaucoup de ces enfants n’ont été adoptés qu’après l’âge de deux ou trois ans. Ils ont passé le début de leur vie dans des hôpitaux, des orphelinats ou des institutions, à moins qu’ils n’aient été confiés à une succession de nourrices différentes. Aucun attachement durable n’a pu se faire mais ils ont accumulé des ruptures. D’autres, heureusement, sont adoptés très jeunes, âgés de quelques semaines ou quelques mois, ou n’ont connu qu’une seule nourrice. Aucun attachement durable n’a alors été vécu.

 

  Quand cela est possible, il est préférable que les parents adoptifs qui vont chercher leur enfant (dans la majorité des cas dans un pays étranger) puissent rester sur place quelque temps, pour apprivoiser cet enfant, mieux connaître ses conditions de vie, ses habitudes, sa façon de se nourrir ou de dormir qui peuvent varier selon les civilisations et les cultures. Cela permettra ensuite de mieux comprendre ses réactions.

 

  Dire la vérité à son enfant sur ses origines n’est pas une question d’âge. La psychologue, Bernadette Lemoine*, préconise de le dire déjà au bébé ou tout jeune enfant, avec des paroles affectueuses et rassurantes : « Tu as un papa et une maman qui t’ont donné la vie. Ils ont accepté que ce soit nous qui te fassions grandir. Nous sommes heureux de te donner tout notre amour. Nous sommes ton papa et ta maman pour toujours. » Si le petit entend parler de son adoption depuis son plus jeune âge, il ne se sentira pas trahi ensuite. Quel choc, en revanche, s’il apprend beaucoup plus tard qu’on lui a caché cette vérité. Comment ne pas se sentir blessé lorsqu’on réalise soudain que ses parents ne sont pas les siens !

Quand la psychologue reçoit un enfant adopté, elle lui dit : « Tes parents adoptifs sont là pour t’aimer, pour prendre soin de toi, te permettre de grandir, de devenir adulte et de vivre ta vie très heureux. Tes parents selon le sang t’ont fait le merveilleux cadeau de la vie. Tu peux leur dire merci pour cela, et leur en être reconnaissant. » C’est important pour l’enfant de savoir que ses parents biologiques ont fait beaucoup en lui donnant la vie.

  Plus tard on lui expliquera qu’il n’a pas été abandonné parce qu’il était « mauvais ». Au contraire, parce qu’il a beaucoup de prix, celle qui l’a mis au monde l’a confié à des parents adoptifs. Pour des raisons psychologiques, économiques ou politiques (un pays en guerre par exemple), sa mère a pensé qu’il ne lui serait pas possible de le faire grandir. Elle a accepté de transmettre son « trésor » à un papa et une maman qui lui donnerait tout ce dont il aura besoin pour grandir et être heureux.

 

  Il est fréquent que, dans leur prière familiale, les parents adoptifs fassent une place à ces parents qu’ils ne connaissent pas, mais qui continuent de vivre dans un autre pays. Ils remercient Dieu pour le cadeau qu’ils ont reçu de ces personnes inconnues, ce petit garçon ou cette petite fille qui vit désormais chez eux.

 

  Presque toujours, les enfants adoptés désirent un jour connaître leurs origines. C’est compliqué de vivre sans connaître le début de sa vie, ceux qui nous ont précédés, les maillons de la chaîne à laquelle nous appartenons. Mais il est très difficile de trouver les origines d’un enfant adopté. Certains viennent de pays lointains et l’on ne connaît pas toujours les circonstances de l’abandon. Si l’enfant insiste vraiment, et que cela l’empêche d’aller de l’avant, on peut l’accompagner dans son pays d’origine et lui permettre de connaître la terre où il est né, de se familiariser avec la culture dont il est issu, de voir peut-être l’hôpital ou l’orphelinat dans lequel il a vécu au début de sa vie. Mais inutile de faire cette démarche s’il n’en éprouve aucun besoin. Si ce deuil est fait, si l’enfant se sent bien dans sa famille adoptive, il ne faut surtout pas retourner en arrière. Ce qui est fini est fini !

 

  Sans s’alarmer à l’avance, on sera un peu plus vigilant avec des enfants adoptés puisque ces enfants ont rencontré une difficulté majeure dès le début de leur vie. Par exemple, quand la gestation a été difficile (situation de guerre, dénutrition de la maman, violences conjugales ou abandon de la femme enceinte, etc.) nous savons que ce sont des facteurs de fragilisation pour l’enfant. Son « tissu affectif » est plus fragile et craque plus facilement. Certains d’entre eux sont plus vulnérables que la moyenne des enfants, comme le montre souvent leurs réactions face à l’arrivée d’un nouvel enfant dans la famille (biologique ou non). La peur d’être exclu, la volonté d’avoir en exclusivité l’affection de leurs parents les conduisent à des réactions parfois violentes. Les enfants adoptés ont une conscience plus aiguë de la séparation. Chacune d’entre elles, même normale, ouvre à nouveau une blessure dont la cicatrice reste fragile.

 

  « Dans le mot abandon, il y a aussi le mot « don ». On peut considérer que l’enfant abandonné est un don. La grâce des parents adoptifs, et de tous ceux qui les entourent, est de faire fructifier ce don. » (B. Lemoine)

               S. de Lédinghen

 

 

*Bernadette Lemoine « Maman, ne me quitte pas ! Accompagner l’enfant dans les séparations de la vie » Ed. Saint Paul

 

Il était une fois deux femmes

Qui ne s’étaient jamais rencontrées.

L’une dont tu ne te souviens pas,

L’autre que tu appelles « Maman ».

(…)

La première te donna la vie,

La seconde t’apprit comment la vivre.

L’une te donna ses racines,

L’autre t’offrit son nom.

L’une reçut ton premier sourire,

L’autre sécha tes larmes.

L’une t’offrit en adoption,

C’est tout ce qu’elle pouvait faire pour toi.

L’autre pria pour avoir un enfant,

Et Dieu la mena vers toi.

        (Auteur anonyme)

 

Allo… les enfants?!

           Vous pouvez toujours appeler… vos enfants ne vous entendent pas, ils sont branchés, scotchés, connectés…ou plutôt déconnectés de la vie normale au profit de ce monde fascinant des écrans en tous genres, enfermés dans une bulle dont ils peinent à s’extraire. La liste des troubles générés par ces moyens modernes de prétendue « communication » s’allonge d’année en année : attention, mémoire, isolement, violence, difficulté dans l’expression… Nos enfants sont en danger sur bien des plans : moralité, pornographie, « rencontres », temps perdu, perte des notions de réalité… nous n’avons pas fini de découvrir la nocivité de ces écrans multiples sur cette jeunesse d’autant plus surexposée du fait de l’actuelle période de confinement.

  Les enfants de moins de 10 ans passent en moyenne 4 heures par jour devant les écrans, et les petits de moins de 2 ans, 3 heures ! C’est beaucoup trop pour ces jeunes intelligences qui sont d’autant plus fragiles et réceptives à toutes les émotions et excitations suscitées par les jeux et films regardés. Nous sommes plus marqués par ce que l’on voit, personne ne peut y être imperméable, alors quel impact sur de jeunes esprits ?!

Tous ces simulateurs désincarnent la personne qui regarde, et trompent ses sens (la vue et l’ouïe d’abord, et maintenant le toucher) entraînant une confusion entre le réel et l’irréel. Tromperie également dans la facilité à faire les choses : d’une simple pression du doigt l’enfant arrive à faire des choses extraordinaires : combats, constructions, longues distances parcourues… le poussant hors de la difficulté de la vie réelle. On s’invente alors un autre monde où l’on exclut l’effort et le sacrifice, n’acceptant plus de contraintes. Un monde où l’on se réfugie au lieu de se divertir, pour goûter cette facilité si contraire à ce que l’on vit hors des écrans.

  Les adolescents, eux, sont plus attirés par le phénomène des réseaux sociaux. Alors qu’ils ne parlent pas chez eux, ils recherchent les mises en relations avec d’autres, un contact immédiat où ils se racontent, se montrent, se valorisent, développant à outrance ce narcissisme propre à leur âge, et espérant que l’autre se livre à son tour.

Il faut savoir que les réseaux sociaux manipulent nos cerveaux, modifient nos intentions, captent notre attention. Les ingénieurs qui y travaillent ont mis en place une panoplie d’astuces pour nous maintenir connectés le plus longtemps possible. La science de cette manipulation s’appelle la « captologie », elle utilise sciemment l’informatique et les nouvelles technologies pour influencer les utilisateurs. Elle crée de nouveaux algorithmes dans le but de nous manipuler (ex : Facebook, Google…).

Par exemple, parfois des étiquettes de notifications rouges s’allument, donnant un sentiment d’urgence à notre cerveau pour nous pousser à cliquer. Leur objectif est de nous garder en ligne le plus longtemps possible. L’algorithme connaît tout de nous, ce que l’on aime, ce que l’on va regarder sur nos écrans, nos sujets d’intérêt… aussi nous envoie-t-il de nouvelles informations sur ce que l’on aime regarder !

Il y a aussi des jeux ou des actions qui s’activent en tirant vers le bas, comme les machines à sous au casino ! Cela nous envoie un choc de dopamine (hormone du plaisir). Le problème étant que l’on peut très vite être dépendant à la dopamine qui nous récompense un instant, pour nous laisser ensuite une sensation de vide… alors on recommence pour en avoir d’autres, comme un chien ramène la balle pour obtenir son sucre ! Ainsi les ingénieurs captent les failles de notre cerveaux pour nous donner un maximum de dopamine, ils poussent la machine à nous rendre de plus en plus dépendants. Seulement voilà qu’à force de pousser la machine, cette dernière s’est mise à évoluer toute seule, pour finir par échapper aux ingénieurs. Aujourd’hui elle n’est bien souvent plus sous contrôle, au point d’inquiéter tous ces chercheurs et inventeurs. Ils connaissent parfaitement le danger addictif et manipulateur de ces outils qu’ils ont inventés et les interdisent à leurs propres enfants, les mettant même dans des écoles où l’on ne travaille pas sur des ordinateurs !

Sur les réseaux sociaux, c’est la réalité qui est faussée ; tout y est beau, mis en valeur, idéal alors que ce n’est pas la vérité, ce qui modifie les relations en profondeur. La captologie pousse les jeunes à se comparer à ce qu’ils voient, et leur donne un sentiment de déprime, de culpabilisation.

Alors, comment faire quand on sait que le téléphone portable est aujourd’hui devenu un outil indispensable en dépit de ses nombreux inconvénients, que les jeunes de 13 à 18 ans passent 40% de leur temps de veille sur les écrans, que 60% des Français se disent incapables de se passer de leur téléphone durant une journée… que 50% des Français, et 70% des jeunes consultent leur téléphone toutes les dix minutes ?!

  La première chose à faire est de donner le plus tard possible un téléphone à son enfant : après le bac si on le peut (oui, je sais bien que cela paraît sévère, mais il faut savoir si l’on veut vraiment « le bien supérieur de notre enfant »). Il est impératif de ne pas lui permettre d’avoir accès à internet tout de suite. Qu’il apprenne progressivement à s’en servir : un téléphone est fait pour téléphoner ! On peut très bien lui confier (plus facilement aux jeunes filles) un téléphone très simple et limité à l’occasion d’un voyage seul en train, par exemple, pour se rassurer (votre enfant, lui, est souvent moins inquiet que vous de prendre le train seul…, il pourra toujours emprunter le téléphone de son voisin pour signaler le retard du train). Par ailleurs cela apprend aussi à savoir se débrouiller. Plus de maturité avant de commencer à utiliser un téléphone retarde l’addiction. Quand on est plus mûr, on est plus fort.

  Il doit y avoir des règlements familiaux à respecter (et pour cela les parents en donneront l’exemple) : pas de téléphones dans les chambres, ni dans le salon. L’idéal étant que chacun le laisse dans l’entrée ou la cuisine. Combien de jeunes (et de moins jeunes !) consultent leur téléphone même dans leur lit, pour des informations de bien peu d’importance ?!

Savoir dire « non », mais en proposant autre chose. Si vous dites « arrête ton téléphone et prends un livre ! », cela ne marchera pas. À vous parents de lancer une conversation, d’organiser une activité, un jeu de société, une promenade… Décidez aussi en famille tous ensemble de ce que vous pouvez faire.

Pour limiter les multiples activités sur le téléphone, on peut également « déconstruire l’outil téléphone » en offrant à nos enfants un appareil photo, un réveil, un lecteur de CD pour écouter de la belle musique…

Pour les plus jeunes, le téléphone de papa ou de maman est souvent devenu « une nounou » ! Au moins, a-t-on la paix pour un bon moment ! Or les jeux excitent les enfants en les gavant de dopamine ! Pas étonnant que ces petits redoutent de se coucher le soir, mettant des heures à trouver le calme nécessaire à leur endormissement ! Si nos plus jeunes font un peu de chahut, c’est qu’ils ont besoin d’être occupés, ou que l’on s’occupe d’eux, ou tout simplement besoin de sortir prendre l’air et se défouler.

Enfin, il est nécessaire de « veiller », de contempler, de réfléchir, de faire ce silence en soi alors que les écrans empêchent nos enfants de « se retirer », d’avoir une vie intérieure qui puisse les élever vers le bon Dieu.

Il suffit d’observer un quai de métro ou un arrêt de bus : les gens sont tous rivés sur leurs téléphones en jouant des pouces à toute allure, écouteurs sur les oreilles ! On ne sait plus rester à ne rien faire… il faut que les doigts bougent et que la tête traite plusieurs idées à la fois ! Aujourd’hui le silence fait peur, l’inaction inquiète…mais alors quand réfléchit-on ?

  Apprenons à nos enfants à écouter le chant des oiseaux, le bruit du vent dans les feuilles. Aidons-les à prendre le temps de bien faire les choses, sans précipitation et à aimer le silence reposant de notre maison.

  Tout n’est pas perdu, nous avons encore la main et pouvons encore maîtriser l’usage familial du téléphone. Pour cela apprenons tous, parents et enfants, à nous passer de nos téléphones plusieurs heures chaque jour et même plusieurs jours d’affilée, à ne communiquer que les informations importantes… notre vie de famille ou personnelle ne regarde pas les autres, le gâteau du dimanche, si réussi soit-il, n’a pas à faire le tour de toutes nos connaissances ! Notre vie de famille est notre histoire à nous, et ne regarde que nous, ce sont des petits secrets que nous nous réservons comme de petits trésors. C’est aussi tout cela qui fait la force d’une famille : ses souvenirs précieux, ses combats pour le bien commun, l’unité familiale qui préserve du mal ambiant, et toutes les grâces que l’on puise chaque jour, tous à genoux devant le crucifix… « Ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal ! »

Sophie de Lédinghen

 

 

Les adolescents et la prière

           A la période fraîche et spontanée de « l’enfance adulte », entre 8 et 12 ans environ, succède cet âge original et irritant qui se déroule autour de la puberté, et durant lequel le jeune garçon comme la jeune fille se replie sur la découverte de sa personnalité. De 12 à 17 ans, l’adolescent mène une aventure intérieure solitaire… Que ses parents n’espèrent pas de confidences, et moins encore dans le domaine spirituel qu’en tout autre ! L’attention spontanée à autrui disparaît, il est à un âge d’égoïsme fondamental, on pourrait même dire biologique. Comment obtiendrait-on facilement cette attention à « l’Autre » qu’est la prière ? Comment pourrait-on accepter de prendre Dieu pour centre, et non soi-même ? Peut-on alors espérer pour cet âge une éducation de la vie intérieure ou de la prière ?

  Bien des traits du caractère adolescent pourraient expliquer la difficulté qu’ont ces jeunes gens à rencontrer Dieu. Outre leur tendance égoïste, la constance et la ténacité leur semblent impossibles. Ils seront attirés vers ce qui stimule leurs émotions : la musique rythmée et forte, les chahuts d’école, les amis…Or Dieu ne parle pas dans le bruit, et la prière nécessite une concentration, un silence intérieur dont notre jeunesse est de plus en plus privée. L’adolescence est enfin caractérisée par une attitude de refus, de rejet. La majorité des jeunes de nos familles ont profité d’une enfance pieuse, jalonnée de séances de catéchisme, de messes, de prières collectives. Souvent les garçons ont servi à l’autel, et les filles multiplié les chapelets et petites dévotions. Mais vient le moment où, pour grandir, l’adolescent rejette son enfance et souvent aussi tout ce qui y est attaché. Comment ne rejettera-t-il pas aussi des habitudes de prières qui lui semblent appartenir à l’enfance ?! Il trouvera alors des prétextes « d’homme », comme son travail scolaire ou des occupations urgentes, pour éviter la prière du soir en famille, le chapelet commun et se prouver ainsi qu’il a grandi… !

  Non, votre enfant ne perd pas la Foi, disons seulement que les ressorts psychologiques de la prière ne sont plus les mêmes que durant l’enfance. Quels sont-ils à présent ?

  Un des aspects les plus positifs du caractère de l’adolescent semble bien être un élan de loyauté et de générosité. Il est un être épris d’absolu. Avec lui, c’est tout ou rien ! On ne le contentera pas avec des demi-mesures prudentes, ni avec des gestes vides. C’est ce trop plein de vitalité neuve qui pourra l’aider à franchir les premières difficultés de la vie spirituelle. Ce qui le séduira dans la prière, c’est l’attitude, la difficulté même. Les adolescents sont souvent plus courageux que les adultes pour la messe au petit matin ou les pèlerinages épuisants… Mais encore mal équilibré il heurte ses grands désirs aux difficultés du réel ; découragement sous mille formes d’autant plus douloureuses qu’il est rempli d’illusions : faiblesse devant le péché, crainte dans les combats quotidiens, ses études, les premiers émois sentimentaux… Cet âge d’enthousiasme est souvent teinté de désespoir.

  C’est en tenant compte de ces traits psychologiques que l’on trouvera quelques points de repère pour comprendre et aider l’adolescent dans sa vie de prière. Notre vie intérieure est le reflet de ce que nous sommes, caractère et personnalité : la prière d’un inquiet ne peut être paisible ; qui est simple le sera avec le bon Dieu …le compliqué porte sa complication dans sa prière. Notre éducation, notre culture interviennent aussi : le pur citadin ne prie pas comme l’homme de la nature. Notre prière, enfin, dépend de notre état de vie : la jeune fille prie en jeune fille, une maman en maman.

  En pratique, il faudra accepter que la prière d’un adolescent ne soit pas parfaite en tous points. La contemplation et la louange resteront fugitives à un âge où compte d’abord l’action. L’action de grâce se heurtera à cette ingratitude à laquelle sont confrontés parents et éducateurs. Sachons que pour entraîner un adolescent à la prière, il faut que celle-ci soit vraie, efficace, amicale.

  Malgré une horreur affichée pour le sentiment, les adolescents, imprègnent d’affectivité toutes leurs démarches intellectuelles et spirituelles. Ils sont tout feu, tout flamme ! Ce qu’ils détestent, c’est le sentiment différent du leur. Même si nous trouvons leurs goûts un peu mièvres côté filles, ou un peu « pompiers » côté garçons, gardons-nous bien de condamner leurs élans !

  L’adolescent ne se contente pas d’une prière de routine qui « ne sert à rien », où il « ne sent rien ». On ne le laissera pas alors limiter ses prières, mais on pourra les raccourcir un peu tout en l’aidant à fixer des intentions à sa prière, un but à son pèlerinage…

  Enfin l’adolescent est fait pour aimer. Enfant, il aimait être aimé, maintenant il aime aimer. Sa prière devra être à la mesure de cette amitié qu’il offre timidement autour de lui, en attendant qu’elle s’épanouisse en amour de Dieu. Peu à peu il se rapprochera de Dieu en trouvant en lui le compagnon de route, la voie à suivre. On le conduira à lire les Évangiles, où il se nourrira du contact direct avec le Christ, de beaux textes (comme ceux de Guy de Larigaudie « L’étoile au grand large », ou l’« Almanach pour une jeune fille triste » de Marie Noël…), de récits imprégnés des grands sentiments auxquels il aspire, ou même de belles phrases toutes simples… L’éducation de la prière de l’adolescent sera sur la bonne voie lorsque, cherchant à unir sa vie à celle du Christ, il parlera à Dieu comme on parle à un ami.

  Chers parents chrétiens, apprenez à vos enfants à prier dès le plus jeune âge car, plus tard, lorsqu’il sera l’adolescent, et déjà en marche pour une autonomie spirituelle, il s’appuiera sur les bases reçues durant son enfance. Ce sera désormais entre la grâce de Dieu et lui que cela se jouera.

  Cependant les parents gardent encore, vis-à-vis de l’adolescent et de sa spiritualité, une mission irremplaçable. D’abord par l’exemple. Avoir vu prier des parents qu’il admire, sentir que tout événement ramène ce père et cette mère à la présence de Dieu, c’est assez pour faire réfléchir profondément l’adolescent le plus jaloux de son autonomie. Le garçon vautré dans des vacances un peu païennes entend, soyez-en sûr, le départ discret de sa maman pour la messe de 7 heures et remarque que son père a fait une halte à l’église.

  La prière en famille est indispensable mais ne suffit pas à la nourriture spirituelle des participants. Au fur et à mesure que les enfants grandissent, on l’étoffera et l’adaptera pour qu’elle ne devienne pas « la prière des petits ». Cependant elle ne remplace pas le besoin indispensable de la prière personnelle des grands. Pour cette prière personnelle, les parents peuvent jouer un rôle indirect en entraînant à une messe en semaine un hésitant, en laissant traîner ou en offrant un livre qui puisse favoriser une réflexion ou une prière. La visite d’un monastère ou d’un très bel endroit qui élève l’âme…

  Mais surtout, l’immense service que des parents pourront rendre à leurs grands enfants dans cet apprentissage de la vie spirituelle personnelle, sera de leur faciliter la visite du prêtre qui sera pour eux le maître de la prière et le confident de leur itinéraire spirituel. Tout cela demande beaucoup de délicatesse, de patience et de confiance en Dieu pour qu’enfin, l’adolescent retrouve, seul dans l’intimité de sa chambre, le désir de prier.

  Dans le secret de Dieu, il arrive aussi que des adolescents soient portés, pour un moment, par la prière de ceux qui les aiment. Car dans le monde de la grâce et de la liberté, si les parents veulent que leurs enfants aiment la prière, il leur faut eux-mêmes envelopper de prière l’âme de ces grands adolescents si fragiles et si attachants.

Sophie de Lédinghen

 

 

L’éducation au pardon

           L’éducation spirituelle du tout jeune enfant est indissociable de l’éducation naturelle, les principes de la foi chrétienne doivent se vivre chaque jour pour pénétrer mieux l’âme et la tourner vers le bon Dieu. Ainsi les notions de prière, d’action de grâce, de pardon commencent-elles en apprenant au tout petit à dire « s’il vous plaît », « merci », et « pardon ».

C’est d’abord à ses parents de la terre que l’enfant prononce ces trois petits mots incontournables. C’est même avant qu’il en comprenne le sens que ses parents les lui prononcent : « s’il vous plaît » dès qu’il tend les bras pour obtenir ce qu’il désire, « merci Papa ou Maman » quand on le lui donne, et « pardon » lorsqu’il a fait un caprice ou que le parent a été obligé de hausser le ton pour reprendre son enfant.

Peu à peu on les lui fera répéter à bon escient, puis, lorsqu’il sera en mesure de le faire spontanément, on le laissera les prononcer seul en lui montrant bien que l’on attend qu’il dise quelque chose, quitte à le lui rappeler « Que dit-on ? », « comment demandes-tu ? » …

Avec le temps, l’enfant verra que ces trois petits mots font vraiment plaisir à papa et maman ! Peu à peu, les parents feront comprendre que ce qui leur fait plaisir fait aussi plaisir au bon Dieu. Il y a un lien automatique, et le jeune enfant est si heureux de faire plaisir à ceux qu’il aime, qu’il mettra tout en œuvre pour le faire. Pour cela, il faudra bien sûr que les parents marquent à leur enfant un encouragement, une reconnaissance et une joie visible, et qu’ils se parlent poliment entre eux en se demandant pardon et se remerciant avec simplicité : « Oh excuse-moi, Chéri, j’ai oublié ce bouton que tu m’avais demandé de recoudre ! », « C’est toi qui as vidé le lave -vaisselle ? Merci beaucoup ! ».

Ces mots, une fois acquis dans la vie quotidienne, deviendront également habituels dans la vie spirituelle, notre Père du ciel, comme papa et maman sur la terre, attend de moi les mêmes paroles.

Quand la raison s’affirme avec la conscience du « moi », ce que j’aime ou non, ce que je veux ou pas, moi et les autres…et encore « mon petit caractère », l’enfant se sent plus facilement contrarié ou blessé, surtout lorsqu’il faut demander pardon ! Cela lui coûte et touche sa fierté. Il faut alors apprendre à passer par-dessus son amour propre et faire preuve d’humilité…qu’il comprenne bien qu’il a fait quelque chose de mal, qu’il a fait de la peine à quelqu’un et que cela se répare d’abord en demandant pardon. Il apprend ainsi ce qu’est le bien ou le mal, la prochaine fois il préfèrera le bien, qu’il apprendra peu à peu à aimer, et regrettera d’avoir offensé en ayant fait de la peine à ses parents, frères et sœurs, camarades…et donc aussi au bon Dieu !

Les parents exigeront ce pardon qui, en fonction du petit tempérament, viendra plus ou moins rapidement. C’est surtout par la douceur (tout en montrant son mécontentement) que les parents toucheront le mieux son cœur et le feront fléchir docilement. Ce pardon prononcé, ce regret d’avoir peiné, prépare déjà la petite âme aux confessions futures.

Lorsque le pardon est dit, papa et maman montrent leur joie et embrassent leur petit contrit, lui exprimant leur satisfaction de son effort, et l’amenant à désirer ne pas recommencer son méfait (il aura aussi demandé pardon et embrassé ses frère, sœur ou toute personne à qui il aura fait de la peine). Et quand papa et maman ont pardonné, c’est fini, on n’en parle plus… exactement comme le bon Dieu pardonne aussi au confessionnal.

Demander pardon…mais savoir aussi pardonner ! Là encore, il faudra faire appel à une belle force de caractère et d’âme pour forcer l’humilité à prendre le dessus ! Si la personne qui l’a offensé a demandé pardon à l’enfant, il faut vraiment apprendre à ce dernier à pardonner en vérité et entièrement…comme fait le bon Dieu !

Cela n’est pas toujours si simple, mais on peut déjà préparer le terrain de son cœur à la maison, voici comment :

Par un climat de bienveillance en famille, en évitant toute critique du prochain. Les foyers où l’on critique à tout va finissent par ne voir que les défauts des autres ! Rien ne va jamais, et le prochain ne trouve que rarement grâce aux yeux scrutateurs ! Cela encourage à ne pas pardonner…rien n’est jamais de leur faute, mais celle des autres qui ont tant de défauts et qui, eux seuls, doivent demander pardon ! Les cœurs se durcissent et ne se pardonnent rien au sein même de la famille où le climat est pesant et suspicieux… Tout serait si léger et paisible si on faisait preuve de charité en trouvant des excuses, ou ne relevant rien de ce qui nous agace « ce n’est pas grave, c’est une maladresse de sa part… ». Et puis il ne faut pas toujours se sentir concerné par les affaires des autres…nous avons déjà bien assez des nôtres ! Se détacher des affaires qui ne nous regardent pas, c’est se protéger de tout jugement téméraire. Une maman que je connais bien répète souvent à ses enfants « Mords-toi, la langue ! » dès qu’elle sent qu’une réflexion désobligeante pourrait jaillir…ou vient de surgir en une flèche acerbe !

  Il y a des choses qui ne regardent pas nos enfants. Certaines conversations n’ont pas à être faites devant nos jeunes témoins, ou rapportées plus tard. Cela éviterait bien des jugements de la part des non concernés. Voilà une grande charité dont les enfants se souviendront toute leur vie en l’imitant. Si les parents ont quelques griefs contre quelqu’un, ils les gardent pour eux en faisant l’effort de lutter contre une éventuelle colère qu’ils chercheront à apaiser avec vigueur en la remettant entre les mains de la Providence. Et si leurs enfants ont eu vent de quelque affaire injuste, les parents leur expliqueront comment pardonner de bon cœur et ne pas donner trop d’importance à trois fois rien.

  On ne fait pas les choses pour se faire valoir, mais parce qu’on doit les faire, et les faire bien avant tout pour faire plaisir à ceux que l’on aime, gratuitement, sans esprit de retour (compliments, service rendu, admiration…). Il n’y a souvent qu’un pas entre la charité et la vanité… Attention à ne pas entretenir ce regard des autres qui emprisonne la générosité et efface tout naturel dans les relations. Cela peut devenir une maladie de se sentir jugé, observé. Seul le regard du bon Dieu compte, ma conscience est là qui me guide vers le bien pour Lui plaire à Lui surtout ! Se « fermer les yeux » au regard des autres aide à ne pas considérer leurs défauts ou mauvaises actions, cela revient à se protéger de tout mauvais jugement de leur part comme de la mienne. Il ne s’agit pas, bien sûr, de vivre les yeux rivés au sol, mais d’être détachés, en pensée, des faits et dires des autres au point de ne pas se sentir piqué au vif, blessé ou même flatté à la moindre réflexion.

  L’habitude d’un examen de conscience quotidien est indispensable, pour aider nos enfants à prendre du recul sur leur journée, mieux voir leurs péchés et reconnaître leurs torts. Cette humilité nécessaire à toute contrition se fait beaucoup plus facilement devant le bon Dieu qui sait déjà et comprend tout.

  Chers parents, apprenez à vos enfants à pardonner dès leur plus jeune âge ! Luttez contre toute susceptibilité qui n’est que le reflet d’un orgueil contre lequel on n’a pas bien lutté. C’est si difficile de l’apprendre adulte, les gens qui ne savent pas pardonner sont des gens extrêmement malheureux ! Cela ne se fera pas en un jour, les aider à prendre conscience de cette rébellion interne qui les submerge régulièrement est déjà un immense progrès. Jour après jour ils apprendront à la combattre. Le bon Dieu sait bien qu’il ne suffit pas de vouloir être saint pour le devenir, il faut surtout lutter ! Il voit toujours la bonne volonté que l’on y met, et la récompense en envoyant les grâces nécessaires au combat.

« Accepter les occasions de mépris et d’humiliation, d’abord avec patience, puis volontiers sans difficulté, à la fin avec joie : c’est l’humilité parfaite ! » Père Kolbe

Sophie de Lédinghen

 

 

Si le père n’est pas là…

           Pour le nouveau-né, le père est d’abord une présence. Il ne sait pas « à quoi sert un papa », mais il devine son rôle et son importance à la sécurité qui émane de lui. Le père apaise les peurs, calme les caprices, les énervements, dissipe les craintes, sème la joie. Il lui suffit pour cela d’apparaître…

Mais il arrive que l’enfant soit privé de la présence de ce papa pourtant si nécessaire à son équilibre. Que ce soit par la mort, le divorce de ses parents, un abandon…ou même un père présent seulement physiquement parce que non impliqué dans son devoir paternel, l’enfant souffre tout autant de ce manque cruel de son père.

Dans le cas de la mort, l’enfant chrétien, quoi que souffrant du vide laissé par son père disparu, sait que son père n’est pas tout à fait absent puisque, étant déjà dans l’éternité il est le plus vivant de la famille. Le défunt a ainsi encore toute sa place, son souvenir reste, les photos témoignent des bons moments passés ensemble, on parle de lui, on se recueille sur sa tombe. Papa n’est plus là à la maison, mais il ne cesse de protéger sa famille, à la manière du bon Dieu, sans secours visible ; et la prière est le moyen de rester bien uni à lui. Et puis, il y a son nom que porte toute la famille, les histoires que raconte la maman pour montrer quel homme était papa et qui engendrent une admiration certaine, parfois au détriment de la mère elle-même, ou du moins pour sa faiblesse de femme. Dans ces conditions on ne s’étonnera pas que leur père vive « parmi eux » comme le maître de famille.

Les enfants de divorcés vivent un arrachement d’autant plus cruel qu’ils sont attachés à leurs deux parents qu’ils voient « en guerre », se justifiant l’un l’autre, se condamnant mutuellement…et il faudrait que les enfants jugent cela et prennent parti pour l’un ou l’autre de leurs deux parents ?! Si le divorce disloque la famille, les enfants en subissent de plein fouet de profonds traumatismes affectifs et psychologiques. Ils ne savent plus si « chez eux » est la maison de papa ou l’appartement de maman. Inconsciemment ils se reprochent de ne pas avoir réussi à empêcher la séparation de leurs parents.

Que dire des cas où l’un ou les deux parents se mettent à vivre avec une autre personne ?! Quel choc pour ces petits qui se retrouvent dans des foyers « décomposés/recomposés » !!! Comment une petite tête d’enfant peut-elle faire face à cela sans dégâts irréversibles ?!…

L’enfant né hors mariage n’est malheureusement pas un fait rare puisqu’en 2014 cela concernait 50% des grossesses en France (41% aux USA)*. Et n’allez pas croire que les milieux catholiques en soient préservés. Il ne s’agit bien sûr pas de juger, surtout si les jeunes filles (ou jeunes gens) ont eu le courage de garder leur enfant, de le faire baptiser et de l’élever, et parfois seules.

Ces enfants, souvent conçus alors que leurs parents ne souhaitaient pas particulièrement se marier, ne sont pas toujours reconnus par leur père et donc élevés sans lui. Parfois les deux parents ont une réelle affection l’un pour l’autre et sont prêts à se marier bien vite, surtout pour « sauver les apparences » aux yeux du monde, sans être vraiment certains de fonder ainsi un foyer solide … La prudence demande de ne pas précipiter les choses et de prendre le temps de bien se connaître pour savoir si l’on peut raisonnablement s’engager dans le mariage durablement.

On dit souvent que ce n’est pas parce qu’on a fait une « bêtise » qu’il faut en faire une deuxième ! Pour être à même de mieux réfléchir à cette question, il est bon que les parents de l’enfant vivent séparés pour faire leur choix plus facilement et librement…mais aussi plus saintement.

Ce n’est pas parce que cet enfant est né d’une « erreur » que le père sera un mauvais père. S’il s’investit dans son éducation en dépit de l’éloignement, s’il prend intérêt de lui, la mère pourra alors compter sur son soutien auprès d’elle, et, à moins d’un empêchement majeur, ils pourront unir leurs vies dans le mariage. S’il est mieux pour elle et pour son enfant de rester seule, elle aura ce courage de ne pas risquer un foyer de discorde et de souffrances pour toute la famille, ni même de mettre en danger sa foi ou sa santé nerveuse tant que physique.

Être absent, cela ne signifie pas forcément être éloigné physiquement, il y a des pères inexistants dans leur foyer tout en y étant présent ! On les voit distants, distraits, absorbés par d’autres soucis, ou tout simplement égoïstes au point de ne prendre aucune part à l’éducation des enfants qu’ils considèrent même comme « une affaire de femme » ! Il y a de bons pères qui sont marins ou grands voyageurs pour leur profession, mais qui restent présents au foyer par le téléphone et un vrai intérêt à tout ce qui se passe chez eux. Ils sont en communion permanente. Mais le père « absent », alors même qu’il est en présence de sa famille, devient un poids pour tous. Il s’agit-là de plus qu’une défaillance, c’est une démission qui peut provoquer de vraies catastrophes ! La mère s’épuise et s’endurcit, les enfants sont atteints d’exactement les mêmes symptômes que tous ceux qui ont été élevés sans la présence de leur père.

Le père a un rôle structurant dans la construction de la personnalité de l’enfant. Son absence n’entraîne pas systématiquement de carences, mais des études de l’INED dénoncent une délinquance des jeunes en pleine expansion surtout chez les enfants privés de père. Un psychologue est même allé jusqu’à intituler son livre « Père manquant, fils manqué » !

On constate chez ces enfants un manque de confiance en soi (si son père est parti, c’est donc que lui ne vaut pas grand-chose sinon il n’aurait pas été abandonné), échec scolaire, une éternelle insatisfaction qui entraîne : obésité, forte consommation d’alcool et de drogues, blessures par des piercing et tatouages, tendances suicidaires, et, phénomène récent, déviances sexuelles. Les éducateurs et psychologues qualifient l’absence du père comme un problème de santé publique actuellement. A partir de 10 ans l’enfant a pleine conscience de l’absence de son père, et en souffre davantage, parfois jusqu’à la révolte. Alors comment aider et soulager ces enfants ?

Il est clair que la foi et la pratique religieuse préservent nettement des effets secondaires négatifs en représentant une colonne vertébrale de valeurs morales qui soutiennent. Le sens de l’effort, du sacrifice et de la prière y contribue.

Si elle ne peut tout à fait remplacer le père, la mère a moyen de suppléer partiellement à son absence. Elle a les grâces pour cela et se doit d’être autant que possible père et mère à la fois : son enfant lui réclame inconsciemment ce qu’il attendait aussi de son père. Elle se retrouve donc face à un dilemme cruel : ou bien être trop faible, ou bien être trop dure. Allier la tendresse, la douceur, la bonté de la femme, et la fermeté, la justice, le calme de l’homme, est-ce possible, même par grâce ? S’il s’agit d’obtenir obéissance et discipline, la mère y parviendra. Mais s’il s’agit d’une transfusion de virilité cela paraît difficile.

Quelles que soient les situations citées ci-dessus, le manque du père existera toujours chez l’enfant, mais il est en partie possible de « remplacer » l’absent par une autre figure : grand-père, oncle, parrain…qui offre un contre-poids à la figure maternelle et donne à l’enfant le repère masculin dont il a besoin pour grandir. Un dernier conseil serait que l’enfant n’entende pas critiquer ou condamner son père. Même si cela se passe mal entre les deux parents, il y a des choses qui ne regardent pas leur enfant, mais surtout il y a un lien étroit entre l’image de son père et celle qu’il a de Dieu. C’est à travers le père et à l’image du père qu’est essentiellement formée la représentation de Dieu.

Sophie de Lédinghen

*Insee 

 

La force dans l’éducation

           Au-delà de la vertu de force qui affermit l’âme dans son désir d’un bien pourtant difficile à atteindre, le don de force nous donne l’assurance d’accéder à ce bien. Voilà qui est fort encourageant pour des parents chrétiens : parmi les dons reçus de l’Esprit Saint le jour de notre Confirmation, se trouve celui de la force ! Nous qui avons tant besoin d’assistance et de soutien providentiels pour la bonne marche de notre famille, nous avons reçu ces secours et oublions bien souvent d’y avoir recours. Car il nous faut les demander encore et toujours à Dieu pour garder en nos âmes ce petit germe de courage et de persévérance qui nous attire immanquablement et sans aucune crainte vers Lui. Voyons comment cette force peut revêtir divers aspects pour nous aider, selon les circonstances et les moments de notre vie, dans notre devoir d’éducateur.

La force héroïque :

  Celle des renonciations, des grands choix pour la sainteté de notre famille, comme par exemple celui d’une famille nombreuse si cela est possible. Ne nous sommes-nous pas mariés pour « peupler le ciel d’élus » ? Voilà bien un premier héroïsme de générosité, surtout aujourd’hui ou l’on vous regarde avec de grands yeux dès vous avez plus de deux enfants !

Cela entraîne bien sûr quelques difficultés : de logement d’abord. Qui dit famille nombreuse, dit grand logement…et de préférence une maison…avec un jardin. Pour l’équilibre de la famille, ne vaudrait-il pas mieux s’installer en province où les loyers sont plus abordables, et la vie plus sereine ? Il est possible que la carrière professionnelle du père de famille en pâtisse un peu… Admirables sont les parents capables de quitter leur région, d’accepter un revenu moins élevé pour le bien-être de leurs enfants !

Se pose ensuite la question du choix des écoles, car nous les voulons catholiques et d’un enseignement solide…serons-nous prêts à faire des kilomètres en voiture, hiver comme été, avec toute la petite troupe, nourrisson compris ?! Le don de force rassure nos âmes, cela pourra se faire ! Et plus tard, mettrons-nous nos enfants en pension ? Si cela est le meilleur choix pour eux, nous les y mettrons ! Admirables, vous dis-je.

La force tenace :

  Elle repose sur différents principes de l’éducation que nous voulons donner, comme ne pas céder aux caprices, mettre notre menace à exécution, ne pas faire « oui » quand on a dit « non » ! Et puis toutes ces petites exigences quotidiennes qui demandent de la persévérance : apprendre à nos enfants à finir ce que l’on a commencé, à ranger ce que l’on a sorti, la régularité, l’exactitude mais aussi leur montrer comment se priver de ce qu’on aime, rendre service, obéir…ces choses que l’on apprend tout petit et pour toute la vie ! Combien de fois faut-il répéter chaque jour, reprendre, corriger, se fâcher alors que souvent l’on est fatigué ?!

La force ferme et affectueuse :

  La mère surtout a des instinct de « couvage » ! Elle serrerait volontiers contre son cœur chacun de ses petits toute la journée si elle s’écoutait ! Mais il faut se retenir pour ne pas amollir les enfants, les laisser se relever lorsqu’ils ne sont pas gravement tombés, ne pas faire à leur place lorsqu’ils en sont capables et ont besoin de cette exigence personnelle…

           Pour son équilibre affectif, l’enfant a besoin de douceur et de fermeté, cela le sécurise. Une mère empêchait toute souffrance à sa fille : « elle aura à souffrir bien assez plus tard ! » disait-elle en la cajolant. En grandissant cette petite devint tyrannique avec sa mère désespérée, la traitant plus bas que terre. On n’avait donné à cette enfant aucun sens du sacrifice ni du moindre effort !

L’affection se traduit de différentes manières en fonction des âges, mais toujours elle est faite d’échanges, de bavardages confiants… oh cela prend du temps, mais c’est aussi du temps gagné par ailleurs ! Combien d’enfants, d’adolescents surtout, se plaignent de ne pas pouvoir parler avec leurs parents : maman est toujours pressée et papa a trop de travail… Il faut prendre ce temps, se rendre disponible et écouter, parler, conseiller, tranquilliser, s’intéresser à leurs études, leurs amis…merveilleuse façon de donner son affection quand est passé l’âge des câlins !

 

La force pleine d’abandon :

 

  La plus difficile, elle nous fait méditer la force de Notre Dame debout au pied de la Croix, impuissante et douloureuse devant la souffrance de son divin Fils. Il n’y a rien de plus insoutenable que de voir souffrir son enfant, que ce soit d’une douleur physique ou morale ! Immanquablement arrivent des épreuves : maladies, accidents, déceptions, échecs, deuils… On voudrait pouvoir prendre sur soi ces douleurs de nos enfants et l’on se sent si impuissant à les soulager. Parfois même on ne peut pas leur en parler pour les aider, leur dire au moins qu’on est là…Il nous faut alors faire un acte d’offrande, tout accepter et abandonner entre les mains de la Providence avec eux et pour eux, dans un grand « fiat » en dépit de nos larmes.

Parfois nous aurons conseillé, mis en garde, et nos enfants auront fait de mauvais choix souvent irrémédiables, dont, la plupart du temps, les fruits ne se font pas attendre… Douloureux chemin de croix qu’il faut alors faire avec eux, sans passion ni colère.

 

  Quant à nous, chers amis, notre foyer est-il école d’énergie ? Nous appuyons-nous sur le don de force pour obtenir de nos enfants que, de temps en temps, et dans quelques-uns de leurs actes, ils répriment leurs caprices et consentent à sacrifier leurs désirs pour installer en eux l’habitude de vouloir le bien ? Et, entre nous, ne savons-nous pas que pour régler la vie de nos enfants, il est quelquefois nécessaire de corriger les dérèglements de la nôtre…alors force et courage !

       Sophie de Lédinghen

 

Le chapelet avec les enfants

           La belle Dame est là, qui regarde Lucie… En la voyant si belle et si douce, la voyante hésite à lui parler. Enfin, la voilà qui se décide à demander à la Dame ce qu’elle désire.

Je désire que vous veniez ici le 13 du mois prochain, que vous récitiez le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre Dame du Rosaire pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu’elle seule pourra l’obtenir.

Lucie s’enhardit ensuite à transmettre à la Dame plusieurs demandes de grâces. La vision répond maternellement à chacune, en recommandant toujours le chapelet comme moyen de les obtenir.

Le 13 octobre 1917, la belle Dame annonce qui elle est : 

Je suis Notre-Dame du Rosaire. Je veux que l’on continue toujours à réciter le chapelet tous les jours !

On peut vraiment dire que la Sainte Vierge a encouragé ces trois jeunes enfants de dix, neuf et sept ans à prier le chapelet ! Beaucoup de parents sont réticents, n’osant pas imposer à leurs enfants une « récitation » fastidieuse… Mais le chapelet n’est pas une « récitation ». C’est une contemplation, un voyage que l’on fait au pays de Jésus, à l’époque de Jésus. C’est sérieux parce que c’est vrai. Qui n’aurait pas envie de partir en Terre Sainte auprès de Jésus ? Qui ne préfèrerait être invité dans la crèche de Bethléem le jour de la naissance de Jésus plutôt qu’assister à un banal goûter de Noël ?

Il n’est jamais trop tôt pour faire l’expérience de la joie surnaturelle, et les enfants n’attendent que cela ! Ils sont mystiques par nature. Même votre petit bonhomme, qui vous paraît toujours si distrait et agité dans la prière, n’attend que cela !

Organisez la récitation du chapelet avec vos enfants, prenez le temps de leur expliquer cette prière, dans un langage adapté à leur âge, mais sérieusement (pas comme à des bébés), donnez à chacun un chapelet et expliquez simplement chaque mystère en feuilletant une Bible joliment illustrée. Les mystères joyeux, pour commencer, et vous les verrez impatients de prier !

Dites ce chapelet tous ensemble, calmement, en alternant (garçons et filles, par exemple) la première et la deuxième partie des Ave Maria, et, c’est important, en demandant à chacun de s’imaginer pour chaque dizaine, dans la maison de Marie à Nazareth, le jour de l’Annonciation, ou dans la grotte de Bethléem, ou dans le Temple de Jérusalem, afin d’entrer vraiment dans le grand mystère auquel vous avez la grâce d’être invités et de pouvoir le contempler de près.

Certains parents diront peut-être : une ou deux dizaines, oui, mais peut-on vraiment dire avec les enfants les cinq dizaines d’un chapelet ? Le jour où on leur explique le chapelet, oui certainement, en ayant soin, bien sûr, de faire de bonnes interruptions entre chaque dizaine pour expliquer le mystère suivant, et de chanter (les mystères joyeux doivent être joyeux !). Mais ils sont portés par la prière collective, et c’est facile de le réciter ensuite entièrement.

Après cela, on peut les encourager à réciter librement une dizaine de chapelet dans la cour de récréation, sur le chemin de l’école ou dans leur chambre…dès qu’ils ont un petit moment qu’ils peuvent donner à Jésus et à la Sainte Vierge.

On pourra aussi organiser des « processions », à l’occasion d’une promenade ou d’un petit pèlerinage en famille, pour que les enfants voient qu’on peut aussi continuer à prier en marchant avec les bannières (que l’on aura fabriquées avec eux !) et en chantant.

Les enfants sont très sensibles à la proximité du monde surnaturel : la Sainte Vierge, quand on la prie, est là au milieu de nous et elle nous écoute ; de plus, elle ne vient jamais seule, elle est entourée de milliers d’anges qui nous encouragent et prient avec nous. Eux voient la Sainte Vierge pendant que nous prions, alors demandons-leur de nous aider s’il nous arrive d’avoir des distractions…

Si les enfants disent 9 ou 11 « je vous salue Marie », ils doivent comprendre que ce n’est pas grave…ce qui est important, c’est de les aider à entrer dans cette contemplation du chapelet, de laisser ce monde et ses préoccupations, de faire silence et de se transporter là où sont Jésus et Marie.

Il est parfois étonnant (et très satisfaisant !) de voir certains enfants prier les mains jointes et les yeux fermés, dans un si profond recueillement qu’on a l’impression que les anges du Paradis se sont rendus visibles le temps d’un chapelet… Mais gardons-nous de dire qu’un enfant ne prie pas parce qu’il ne prononce pas les prières. On peut voir l’un ou l’autre fixer une image, sans rien dire, il ne « récite » pas son chapelet…mais qui oserait dire qu’il n’est pas de tout son cœur dans la grande cour de la maison de sainte Elisabeth, tressaillant peut-être lui aussi d’allégresse à la visite de Notre Dame… ?!

Tout ce que l’on reçoit dans l’enfance, et particulièrement sur le plan spirituel, marque beaucoup et pour toujours. Chers parents, aimez le chapelet, faites-le aimer à vos enfants, profitez de ces vacances qui commencent pour prendre l’habitude de le réciter tous ensemble chaque jour, et pourquoi pas avec les grands-parents, oncles et tantes, cousins de tous âges ? Répondez aux demandes instantes de Notre-Dame, il est nécessaire de le prier, il est même urgent de le faire dire aux enfants dont la prière plaît tant à Dieu ! Le chapelet est loin d’être une dévotion secondaire ou facultative, la Vierge de Fatima est venue révéler qu’il est la condition pour obtenir toutes les grâces que nous lui demandons. Oui, elle est Médiatrice de toutes grâces, mais « ce torrent de faveurs qu’elle retient dans son Cœur Immaculé, elle ne veut le déverser sur chacune de nos âmes, de nos familles, de nos patries et sur le monde, qu’en réponse à l’imploration humble et suppliante de nos innombrables chapelets ». Si, comme à Lourdes, elle s’est montrée tenant à la main un chapelet, c’était pour nous montrer qu’il est le meilleur moyen pour gagner son Cœur et obtenir ses grâces. Vous verrez comme elle bénira vos familles où la foi s’affermira jusque dans le cœur de vos enfants.

               S. de Lédinghen

 

 

Lorsque l’enfant s’en va…

           Des enfants sont venus. Un, plusieurs… Vous les avez élevés, soignés, servis comme si vous n’aviez que cet intérêt au monde. Ils ont occupé toutes vos pensées, chacune de vos heures du jour, et souvent même celles de la nuit. Ils vous ont fait rire…mais parfois aussi pleurer. Pour eux, vous avez été prêts à tous les sacrifices, à toutes les fatigues…Puis ils partent, l’un après l’autre…qui en études supérieures ou en apprentissage, qui au séminaire ou au couvent. Ils doivent vous quitter et vous rappellent que vous ne les avez pas eus pour vous…que leur chemin doit continuer hors de votre présence pour « grandir » autrement et construire leur propre vie.

  Cette étape de la séparation est aussi grande qu’éprouvante tant pour vous parents, que pour vos enfants qui quittent le nid familial si confortable et organisé, pour une vie plus précaire et encore pleine d’inconnu ! Cette étape douloureuse, il faut bien le dire, sera moins pénible si vous avez su d’abord y préparer vos cœurs et vos âmes…les vôtres, mais aussi ceux de vos enfants.

  Une vie de pension, des camps d’été ou gardes d’enfants vous auront déjà quelque peu « endurcis » à la séparation. Longtemps avant son départ, par vos conversations, vous aurez pris le temps de répondre aux mille questions que votre enfant se pose sur son avenir, ses choix, son futur mode de vie, les habitudes qu’il devra précieusement conserver et les nouvelles qu’il lui faudra adopter. L’air de rien, vous aurez semé des petits cailloux de recommandations et conseils qui, petit à petit, auront imprégné son jeune esprit.

  Nous avons déjà insisté, chers parents, sur l’importance de l’éducation des apprentissages tant dans le quotidien d’une maison que dans celui de la tempérance (confort, écrans, dépenses…), d’une vie spirituelle nourrie et quotidienne, tout cela sera source de tranquillité pour vous comme pour lui !

  Dans sa recherche de logements plusieurs choix s’offrent à vous : chambre chez l’habitant, colocation en appartement…à vous de voir quelles seront les meilleures conditions pour votre enfant et pour son travail. Il est préférable de ne pas le laisser habiter seul la première année, qui est celle où se prennent les habitudes de cette nouvelle vie, ni dans une ville trop éloignée, si possible, pour un retour chaque week-end à la maison. Il vaut mieux proscrire les foyers pour étudiants, sauf cas exceptionnels, car les jeunes d’aujourd’hui (issus de tous milieux) mènent souvent des vies de débauche sans horaires ni restrictions (les fameux jeudi soir…) ! Vous aurez vérifié avec le centre d’études et votre CAF, la possibilité de bourses et d’allocation logement. Notez que le bénéfice de ces allocations avant les 21 ans de l’enfant (ou 20 ans selon les cas), peut réduire les allocations familiales de la famille. Faites le calcul pour connaître la formule la meilleure. Si vous ne connaissez pas la ville où étudiera votre enfant, renseignez-vous sur la localisation des quartiers tranquilles et de ceux qui sont dangereux. L’idéal serait un endroit pratique pour aller en cours, pas trop loin d’une chapelle où il puisse aller à la messe (au moins une fois par semaine en plus du dimanche) et rejoindre quelques jeunes de son âge.

           Vous aurez discuté d’un budget, même s’il a droit à une bourse, pour l’aider à être économe. Apprenez-lui à bien noter ses dépenses sur un carnet ou un fichier Excel, afin de mieux évaluer ses besoins mensuels ou hebdomadaires (loyer, transports, nourriture, fournitures scolaires…). En l’emmenant faire des courses montrez-lui comment lire les prix, les promotions, comparer les prix au kilo, les quantités, et apprenez-lui à n’acheter que l’indispensable…

  Si vous n’êtes pas allés visiter son futur logement avec votre étudiant, allez au moins l’aider à s’y installer. C’est important que vous puissiez l’imaginer ensuite, et en discuter avec lui ; et lui sera ravi que vous connaissiez son nouveau « chez lui » ! Ne l’abreuvez pas d’une liste sans fin de précautions et conseils en tous genres ! Montrez-lui plutôt qu’il a votre confiance et que vous êtes fiers de pouvoir la lui accorder. Les conseils de dernières minutes ne valent rien !  Vous aurez depuis longtemps fait vos recommandations pour sa vie temporelle comme spirituelle…

  Ensuite, gardez le contact ! Téléphonez-vous régulièrement, pas forcément longtemps mais restez bien présents, bien au courant, surtout la première année. Ecoutez les mots qu’il vous dit…mais écoutez aussi ce que vous dit sa voix : est-elle paisible, posée, joyeuse ? ou plutôt inquiète, tendue, nerveuse, agacée ?

  Il y a un tel fossé entre chez vous et sa vie d’étudiant, dans laquelle il doit prendre souvent sur lui pour faire face, qu’il a vraiment besoin de rentrer souvent pour se ressourcer « à la maison » ! Avec les années il prendra davantage d’indépendance et son propre rythme. Lorsqu’il rentre, laissez-le un peu respirer et se détendre…avant de pouvoir trouver un petit moment de conversation seul à seul. Observez-le : est-il amaigri ? Pâle ? Défiguré par un teint qui trahit une mauvaise alimentation ? Ses ongles sont-ils soignés…ou particulièrement rongés ? Vous regarde-t-il dans les yeux ? Son rire est-il franc et joyeux ? Au premier coup d’œil une mère voit toutes ces choses-là !

  Lorsque votre enfant est au loin, il reste pourtant près de vous. Sa chambre à la maison est vide, mais il est bien présent dans chacune de vos pensées. Votre prière ne faiblit pas pour lui…comme pour chacun de ceux de vos « petits » déjà partis ! Priez, chers parents, priez sans cesse ! Vous êtes leur garde-fou, leur paratonnerre…dans l’ombre et le secret. Et grandissez avec eux en offrant votre sacrifice de détachement, tout en partageant avec eux la joie de cette nouvelle « promotion sociale » !

               

S. de Lédinghen

 

 

 

Alerte aux écrans (suite et fin)

La télévision n’aide pas non plus à l’acquisition du langage :

Tout d’abord puisqu’il est inutile de nommer ce que l’on voit, ensuite parce que le langage demande le passage du concret à l’abstrait. Les images données toutes faites par l’écran risquent de « fossiliser » les possibilités d’abstraction de l’enfant. De plus le langage télévisuel est un langage direct, il n’y a jamais de phrases en style indirect ; les temps sont simples, on n’emploie presque jamais le subjonctif : l’enfant se bloque dans un langage très simple qui lui permet tout juste de dire à peu près ce qu’il a à dire.

Le problème est grave car il semble bien que l’enfant doive acquérir les formes complexes, la structure de son expression future avant l’âge de six ans. On rencontre en effet fréquemment des adultes dont le vocabulaire est extrêmement limité, réduit à environ deux cents mots et quelques onomatopées. De plus leur langage est hésitant, abrégé (sympa, ado, sécu…), maladroit. La mémoire bourrée de représentations devient inapte à retenir les articulations des plus simples raisonnements. Les enfants ont une très grande difficulté à écrire quelques lignes de leur composition, à comprendre un texte extrêmement court, à passer du concret à l’abstrait. On aboutit donc à un analphabétisme fonctionnel : les enfants savent lire et écrire, mais ne savent pas utiliser leurs facultés.

« La télévision entrave tant qu’elle peut le jeu normal de la conceptualisation et du jugement, qui empêche « l’homo sapiens » de se former dans l’enfant et qui ne fait succéder à l’enfance que l’infantilisme. Nos contemporains n’ont pas le sens du vrai, parce que, au fond, ils ne sont jamais devenus des hommes. Ce sont des avortons intellectuels. » (Abbé Berto, ND de Joie)

C’est peut-être là que réside l’effet le plus pervers de la télévision : les images qu’elle accumule avec force paralysent l’exercice normal de l’intelligence et empêche de trouver-ou même de chercher- la lumière de la vérité.

Cette analyse très succincte peut paraître sévère et susciter doutes ou même refus. Que chacun fasse le bilan des centaines d’heures passées devant un récepteur et réfléchisse à ce qu’il a acquis dans tel ou tel domaine…Il y a loin de la coupe aux lèvres !

Alors que faire ?

Considérer l’écran comme un spectacle. Or l’être humain n’est pas fait pour aller au spectacle tous les jours. On peut donc le regarder très occasionnellement. Et pour le jeune enfant cela doit rester très exceptionnel. Il faut alors toujours lui préciser s’il s’agit de fiction ou de réalité.

Vivre en famille sans télévision ? (Témoignage d’une mère de famille)

Mais oui, cela existe ! Peut-être même plus souvent qu’on ne pourrait le croire.

Pourquoi se passer de télévision ? Il faut bien répondre à cette question quand on voit l’étonnement que cela suscite autour de nous. Même si nous rencontrons la compréhension d’un nombre croissant de personnes, reconnaissons que, dans l’esprit du plus grand nombre, la télévision est devenue « obligatoire ». N’est-ce pas plutôt un luxe, un loisir parmi d’autres ? Je n’ai jamais vu personne blâmé parce qu’il ne va pas au cinéma, au théâtre, au concert, dans les musées ou parce qu’il ne lit pas, n’écoute pas de musique, etc. Pourquoi, la télévision connaît-elle ce traitement à part ? N’est-ce pas un étrange esclavage que nous subissons en famille ? Pourquoi ne pas comprendre que d’autres désirent faire un choix différent ? Si juste après notre mariage, nous n’avons pas jugé nécessaire d’acquérir un poste de télévision, avant le réfrigérateur ou le lave-linge, comme on peut le constater dans nombre de familles* (dont le budget ne permet pas de tout acheter en même temps) c’est bien parce que, nous sentant faibles, nous voulions nous préserver. Et si, aujourd’hui, nous n’avons toujours pas franchi le pas, c’est pour préserver également nos enfants.

Aurions-nous peur ? Notre sentiment est que si la télévision trônait au milieu du salon, le ver serait dans le fruit. Même si on pense savoir maîtriser le temps d’écoute et le type d’émission, la tentation demeure. Lorsque les enfants sont intenables, ce qui arrive quelquefois, quelle mère de famille à bout de patience n’allume pas la télévision pour obtenir un peu de calme ?

Et, que fait-on du temps gagné ?

Nous avons le temps de nous parler, les repas peuvent se prolonger sans devoir s’aligner sur l’heure d’un programme. En rentrant de classe les enfants trouvent le temps de jouer, de préférence avec leur mère ou leur père les jours où ils ne vont pas en classe. A la campagne, tout est plus facile, car il suffit d’ouvrir la porte donnant sur le jardin pour découvrir mille sujets d’intérêt. En ville cela demande plus d’organisation et donc plus de disponibilité de la part des parents. Les plus grands peuvent lire ou découvrir des jeux de société.

Déplorons qu’en France aujourd’hui, beaucoup de tout petits enfants grandissent devant un récepteur allumé en permanence !

 

  Que dire aujourd’hui de tous ces jeunes mariés qui démarrent leur vie de ménage avec chacun leur propre ordinateur portable (et téléphone !) ?! Ils ont, bien souvent, déjà pris de mauvaises habitudes de « dépendance » et d’indépendance… Quelle volonté et quel courage énergique il leur faut alors pour faire le choix de s’en détacher le plus possible pour le bien de leurs âmes et celui de leur famille !

SL

 

 

 

Alerte aux écrans (suite)!

Rappel des différentes parties vues lors de la première partie de cette étude (FA n°18) : L’imagination, saturation de l’imagination par l’écran, un effet destructeur sur la perception du réel.

 L’écran remplace le propre rêve de l’enfant par le rêve organisé

Par l’écran, l’imaginaire de l’enfant subit une invasion de sons et d’images qui le submerge et l’empêche de créer ses propres images. Quand il joue ou qu’il lit, l’enfant crée lui-même son propre « film », ce qui est indispensable à son développement psychologique. L’écran lui enlève cette possibilité. De plus, l’ambiance émotionnelle lui est imposée, alors que dans la lecture, elle est seulement proposée par l’auteur et recréée par l’enfant.

 L’enfant croit davantage à la réalité d’une image mobile que dans ses rêveries provoquées par le récit d’un conte. Il vit intensément le conte véhiculé par l’écran car les messages sont transmis par un triple langage : visuel, verbal, non verbal sonore. L’enfant, naturellement très impressionnable, intègre facilement le message que lui apporte l’écran et s’identifie plus aisément au héros qu’il lui propose. L’identification à des héros multiples peut d’ailleurs être source de perturbations. L’enfant héros est avant tout une création d’adultes dont l’imaginaire diffère totalement de celui de l’enfant à qui il s’adresse.

Le modèle mythique n’aide pas l’enfant, sinon à projeter ses propres frustrations : il forme alors une image dévalorisée de lui-même, de son milieu familial, de sa condition sociale et culturelle. Les véritables joies de l’enfance innocente sont ainsi étouffées par les écrans.

  • L’écran contribue au modelage de l’enfant

Dès son plus jeune âge l’enfant cherche à imiter, il reproduit tout :

-Les modèles sont d’abord ses parents puis le reste de son entourage.

-Au fur et à mesure qu’il grandit, il découvre de nouveaux modèles dans son voisinage, à l’école et dans la société en général.

-A l’âge de raison il sera à même de juger ce qu’il y a de bon et de mauvais dans ces modèles.

Mais l’influence reçue pendant ses toutes premières années pèsera d’une manière décisive. Le rôle primordial dans ce processus revient bien sûr aux parents. Or les écrans se substituent aux parents. C’est un véritable bouleversement des rôles. Bien avant l’école les enfants disposent d’une autre source qui leur permet d’assimiler des ambiances et des conceptions, de se familiariser avec des adultes différents, d’éprouver des émotions nouvelles. Ils sont pris dans de puissants faisceaux d’influences aux âges sensibles de la formation de la personne. Au cours de ce processus de formation se constitue un champ de représentations sociales qui vont permettre à l’enfant de comprendre son environnement, de l’interpréter, de communiquer avec ses semblables et de situer lui-même dans la société.

La constitution de ce champ est un mécanisme évolutif dans lequel les premières représentations résultant de l’identification aux parents et la formation de l’image de soi sont des structurations fondamentales. Dans l’intimité du foyer les écrans influencent considérablement cette structuration en imposant une vision du monde et un mode de vie qui façonnent uniformément adultes et enfants. Aujourd’hui la standardisation de l’homme est évidente et l’humanité y perd beaucoup.

  • Influence de l’écran sur l’intelligence

Parce qu’elles saturent, qu’elles gavent l’imagination, les images fournies par l’écran perturbent le travail naturel de l’intelligence. Il est incontestable que dans un premier temps il y a un élargissement des connaissances mais qui devient stagnation par la suite.

La passivité qui consiste à recevoir une information déjà façonnée ne permet pas le développement ultérieur d’un esprit critique et de recherche personnelle de la connaissance que donne la lecture des livres.

L’écran peut-il donc être un bon outil d’apprentissage ?

L’expérience montre que non. Ceci pour plusieurs raisons :

-Parce qu’elle va vite, qu’à l’image succède l’image, elle ne laisse pas le temps de réfléchir ; les idées ne s’impriment pas durablement car elle ne permet pas de revenir longuement sur un sujet comme on le fait sur les phrases d’un livre.

Les réponses viennent sans que l’enfant n’ait eu le loisir de se poser les questions ; or l’émergence d’une question est le fruit d’une maturation qui est plus utile que la connaissance de la réponse. L’émission ou le jeu sur écran ne tient compte ni du degré de connaissance, ni de la maturité, ni du langage ni de l’expérience individuelle. Elle s’adresse donc soit à la moyenne présumée, soit au niveau le plus bas de l’audience ciblée.

L’écran spectacularise les événements et les idées : c’est le côté spectaculaire ou sympathique qui frappe, plus que la profondeur des idées. Il s’adresse plus aux sentiments qu’à l’esprit.

A ce sujet, voici ce qu’écrit le professeur Rufo* dans la revue « vie et santé » de mars 1991 : « L’obstacle le plus important est la rupture qui existe entre deux mondes :

-d’une part celui de l’étude, de la réflexion, de la recherche, de la concentration ;

-d’autre part celui des écrans.

Tout est opposé d’une manière remarquable. Et l’étudiant connaît, consciemment ou pas, un mal fou à s’adapter au passage d’un univers à l’autre.

Pire, l’écran exerçant sur lui le pouvoir que l’on sait, va le conduire à attendre une vie « télévisuelle » partout où il vivra son quotidien. L’écran est capable de créer de nouveaux réflexes chez un individu, notamment chez un jeune (…) Le système télévisuel s’articule autour du show, du spectacle (…) L’enfant va attendre qu’autour de lui tout soit présenté en terme de spectacle, faute de quoi rien ne l’accrochera, même s’il s’agit de l’essentiel dans sa vie (…) Le travail de l’examen scolaire se vit sur la base d’un tout autre système, celui de la répétition, celui de la concentration, de l’attention sur un même sujet.

C’est d’ailleurs un fait très actuel : les gens d’aujourd’hui changent de conversation d’une manière étonnante, incapables qu’ils sont devenus de discuter en profondeur sur un sujet, ce qui reste le privilège -pourtant accessible à tous- de peu de personnes. La pensée part dans tous les sens, se ballade, n’arrive pas à se fixer… »

La mentalité contemporaine est ainsi devenue une mentalité inversée : les concepts sont devenus contingents et accessoires.

La voie est ainsi ouverte pour toutes les séductions que le filtre familial aura bien du mal à assumer.

 

 

Fin dans le prochain numéro :

-Comment les écrans nuisent à l’acquisition du langage.

-Vivre en famille sans télévision.

*Pr Rufo, pédopsychiatre, prof. d’université