Qu’est-ce que l’âme de l’Eglise ?

L’âme de l’Eglise, à proprement parler, ce sont toutes les âmes en état de grâce, fondues ensemble sous l’action du Saint-Esprit, de manière à réaliser le mot des Actes des apôtres : « Un seul cœur, une seule âme[1]. »

Pour en faire partie, il ne suffit donc pas d’avoir été baptisé, il ne suffit même pas de professer la foi chrétienne, il faut être en état de grâce avec Dieu. Et quiconque n’appartient pas à l’âme de l’Eglise, même en gardant le lien extérieur de l’unité, même en conservant un reste de foi, est un cadavre de chrétien : c’est une branche morte, destinée au feu, à moins que la pénitence ne la fasse reverdir.  

Père Emmanuel – La Sainte Eglise


[1] Ep.4,16

Tradition et modernité, l’alliance impossible ?

Voiture autonome, intelligence artificielle, robotisation, transhumanisme ou encore plus proche de nous, Instagram, Snapchat, Iphone X, puce de paiement, cryptomonnaie… autant de techniques modernes qui n’existaient pas il y a cinq ans et dont on ne parlait pas il y a dix ans mais qui s’invitent dans notre travail et notre vie quotidienne. Qu’en penser ? Faut-il dans un dernier réflexe de survie de l’homme face à la machine tout rejeter en bloc et aller élever des chèvres dans le Larzac ou bien au contraire applaudir béatement au progrès matériel comme source inéluctable du progrès moral et des lendemains heureux ? La question est délicate et il faut nous la poser très régulièrement car ce n’est pas simplement de notre avoir qu’il s’agit, mais parfois de notre être en tant qu’Homme, créature enfant de Dieu.

Si l’on résume l’apport global des techniques modernes à l’humanité, on pourrait dire qu’elles permettent de gagner toujours plus en efficacité, en fiabilité et en répétabilité. Soit de faire plus de choses, mieux, en moins de temps et avec moins de monde. Plusieurs questions se posent alors : que font les gens pendant tout ce temps « gagné »  et comment remplacer le lien social qu’ils établissaient en effectuant leur travail avec leurs collègues ? Travail qu’ils ne font plus maintenant car il est fait par une machine et collègues qu’ils n’ont plus parce qu’ils ont été remplacés par des machines. Une partie de la solution réside dans le fait qu’il faut du monde pour concevoir installer et régler les machines, et du monde pour s’occuper de toute cette industrie complexe, autrement dit pour légiférer, assurer et financer. Mais toute cette partie est aussi de plus en plus automatisée. Prenons un exemple :

Dans le train entre Londres et Paris, je commande en deux clics sur ma tablette mon panier de course hebdomadaire pour livraison à 20 h devant la porte de mon appartement. A 300 km de là un robot vient faire du « picking » dans l’entrepôt Auchan et déposer la caisse dans une camionnette qui demain sera autonome. A 20h00 arrivé depuis 15 minutes, je reçois une notification sur mon smartphone ; le panier est livré en bas de chez moi. Je n’ai plus qu’à ouvrir la porte pour le saisir et ranger les courses : « il faut tout faire soi-même ! A quand le robot rangeur de courses cela me ferait gagner un temps fou !! »

Bilan : Beaucoup temps gagné, des économies de carburant, moins d’émissions de CO2, car la camionnette groupe les commandes en fonction de leur localisation, mais aussi pas une seule parole adressée au vendeur (il n’y en a plus). Finies les discussions avec le boucher sur le temps, la famille et par-ci par-là, le curé du village et le Bon Dieu. Finis les entraides

et les dépannages entre voisins, c’est tout un lien social qui se distend de plus en plus et qui peu à peu n’existe plus. Les familles éclatent, les gens sont de plus en plus isolés et se raccrochent à leur téléphone qui leur donne l’illusion d’exister aux yeux des autres car leurs posts sont likés sur facebook par des « amis » à l’autre bout du monde. Alors, gagner du temps toujours et encore, mais pour quoi faire, pour l’utiliser à chercher à en gagner encore plus, pour gagner plus d’argent ? Pour s’isoler et ne penser qu’à soi et à son triste sort.

Alors que faire ? Surtout ne pas faire ses courses en ligne ? Si bien sûr si c’est plus pratique, mais utiliser le temps gagné pour discuter avec la voisine, aller aider à la paroisse et faire du bien autour de soi. Utiliser le temps « gagné » pour les autres et non pour soi. En effet, une partie de ce « temps gagné » ne leur appartenait-il pas ?

Nous ne pouvons faire renaître le passé et il nous faut non seulement utiliser les moyens modernes, mais même parfois promouvoir leur utilisation sous peine, dans le milieu professionnel, de faire faillite et ainsi de nuire au bien commun.

Cependant nous avons aussi le devoir d’orienter autant que possible l’utilisation de ces moyens de façon chrétienne et humaine. Et plus ces moyens sont performants plus ils sont potentiellement dangereux s’ils sont utilisés à mauvais escient.

Notre rôle, en tant que catholiques engagés dans la cité et chefs chrétiens est donc d’utiliser et de canaliser ces puissances vers le bien, et même dans certains cas de les interdire si elles sont mauvaises en soi. De donner un cadre à leur utilisation pour que la Terre ne devienne pas un enfer déshumanisé. Pas question donc de nous isoler dans notre coin en attendant que cela passe et en se disant que dans tous les cas, cela va bien s’écrouler un jour, tel un géant aux pieds d’argile.

Par ailleurs, notre ancrage de Catholique dans ce qui est immuable, doit nous permettre de prendre de la hauteur et de garder notre capacité à juger et à exercer un regard critique sur ce monde en marche perpétuelle et accélérée dont le seul but semble être le mouvement. Ainsi, le progrès technique et son utilisation doivent être guidés par un jugement formé à l’aune de la tradition et de l’histoire.

Il ne faut pas non plus oublier que plus ces moyens sont sophistiqués, plus ils reposent sur un équilibre fragile et instable qui peut s’écrouler d’un instant à l’autre. Il est donc très important de savoir s’en passer et cela peut constituer la première partie de l’éducation d’un enfant, avant de lui apprendre quand il sera plus mûr à maîtriser et à se servir raisonnablement des moyens modernes qui vont décupler sa « puissance ».

Alors monte vite dans le TGV, si tu veux, fais tes courses sur internet et achète-toi les « Google glasses », mais surtout continue à aimer, à aider ton prochain et à lui apporter la Vérité que tu as eu la chance de recevoir ! Et garde un pied dans le réel et le concret, dans ce qui demeure, cela peut servir.

Charles

Le prêtre

Chère Bertille,

Dimanche dernier nous avons reçu un prêtre à la maison, un vieil ami de la famille. Nous avons passé la soirée à discuter, donnant des nouvelles des uns et des autres, posant des questions sur tel aspect de doctrine incompris, ou demandant des éclaircissements ou des précisions sur la conduite à tenir dans telle ou telle circonstance.

            Cette excellente soirée passée en compagnie de ce prêtre m’a donné l’idée de te parler du sacerdoce. En effet, si son rôle principal est à l’autel et au confessionnal et nous oublions souvent que son action sur les âmes doit se prolonger bien au-delà.

            Le prêtre est un homme à part, choisi par Dieu, « tiré du sein même du peuple pour en faire ses ministres ». C’est par lui que Jésus agit en nous, qu’Il continue son œuvre de Rédemption. Toute la valeur et le prix du sacerdoce sont contenus dans cette investiture du Christ, cette charge conférée à son représentant, son ministre. C’est pour cela que nous lui devons beaucoup de respect. Les fidèles doivent considérer et vénérer consciemment dans leurs prêtres la personne même du Christ… Et Sainte Catherine de Sienne conseillait à ses disciples de considérer uniquement dans les prêtres leur qualité de « dispensateurs du Sang de l’Agneau humble et immaculé, en dépassant les défauts qu’ils pourraient rencontrer en eux. »

            Le prêtre tient un rôle important dans la société : sans prêtres, les églises seraient désertes, les écoles laïcisées, les époux privés de la bénédiction divine et les mourants, des ultimes réconforts. Les enfants seraient abandonnés au mal ; toute l’humanité serait replongée dans sa misère, sans avoir quelqu’un pour l’en retirer, l’élever, la conduire à Dieu, L’implorer en son nom et à son profit. Le prêtre nous permet de nous rapprocher du Bon Dieu : « Sans le sacerdoce, nous serions privés de l’Eucharistie ; de l’ineffable consolation de nous entendre dire, au nom de Dieu : « Tes péchés sont remis[1]».

Le prêtre nous accompagne dans toutes les étapes de notre vie ; à notre naissance, il nous accueille aux fonts baptismaux, il nous administre les sacrements, nous initie à la compréhension des réalités divines. Il nous montre la voie du bien, bénit notre idéal, soutient nos pas, nous réconforte à l’heure suprême de l’agonie. Il connaît bien les difficultés de chaque étape de la vie par l’expérience qu’il a acquise, en particulier lors de l’administration du sacrement de pénitence. Par la prière et le conseil il fait un bien immense aux âmes, c’est un travail qui ne se voit pas mais combien important : « Le prêtre travaille souvent dans l’ombre, souvent méconnu, peu apprécié, quelquefois méprisé, aussi précieuse et indispensable que soit pourtant son œuvre d’apôtre[2] ».

            N’hésitons pas, ma chère Bertille, non seulement à profiter des grâces obtenues par son ministère principal mais aussi à venir demander conseil au prêtre, à lui confier nos intentions de prières et à lui livrer notre âme pour qu’il la guide vers le Bon Dieu.

            A l’approche du Carême, prions pour les prêtres et pour que le Bon Dieu suscite de nouvelles vocations qui font vivre l’Eglise.

Je t’embrasse bien affectueusement en espérant te revoir bientôt,              

Anne


[1] Mt. IX, 2

[2] Intimité divine – P.G. de Sainte Marie-Madeleine

Pour des têtes bien « shampouinées », bien rincées, bien coiffées …

Un peu la corvée les shampooings … répétitifs un brin …

Néanmoins, c’est aussi une part de notre apparence, de notre bien-être et de notre santé … Les shampooings actuels sont parfois agressifs pour nos cheveux et notre cuir chevelu. C’est pourquoi il faut vous rincer soigneusement la tête après avoir frictionné vos cheveux.

Pour cela, utilisez de l’eau tiède (plutôt tiède-froid que tiède-chaud!). La chevelure  est débarrassée plus vite et mieux des résidus de shampooing. Attention à la douche écossaise : ne passez pas directement de l’eau très chaude à l’eau très froide, gare aux maux de tête consécutifs … mais procédez progressivement à la baisse de la température.

Et n’oubliez pas, avant de remettre en ordre votre chevelure, de savonner, puis rincer vos brosses et peignes …mini-shampooing au savon cette fois-ci !

A « transmettre  » à votre progéniture, pour des économies d’eau et d’énergie !

Je le redis : que les championnes de l’organisation n’hésitent pas à partager leurs trésors d’organisation en écrivant au journal. Partageons nos talents …

Maris, aimez vos femmes…

…comme le Christ a aimé l’Eglise… Si Saint Paul utilise cette comparaison dans l’épître de la messe de mariage, c’est pour qu’elle soit une source d’inspiration pour chacun.

Retournons cette comparaison : si nous sommes de bons maris – ou essayons de l’être- aimons l’Eglise à l’imitation de l’amour que nous avons envers notre épouse ! Prenons quelques exemples :

Connaître et regarder pour aimer

Qui peut aimer sans connaître ? Avant de s’aimer et se marier, il faut déjà se connaître et s’apprécier ! L’étude du catéchisme et de la doctrine de l’Eglise est un point de départ. Méditons ensuite le mystère de Dieu fait homme et nous laissant son Eglise pour nous guider. Rappelons-nous que l’Eglise est le Corps Mystique du Christ dont chacun de nous est un membre. Ce corps unit les membres « militants » dont nous sommes, avec les membres douloureux et l’Eglise triomphante de ceux qui sont déjà arrivés au ciel ! Comment ne pas aimer cette magnifique entraide de la communion des saints ? A chaque fois que nous faisons une bonne action, un sacrifice, une prière, nous embellissons le Corps Mystique !

Prier pour elle, prier avec elle

Ces recommandations sont une des clés du bonheur familial. C’est aussi une clé de l’amour de l’Eglise. Même les plus saints prêtres ont besoin de nos prières.

Ecoutons Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus (Histoire d’une âme) : « Pendant un mois, j‘ai vécu avec de saints prêtres et j’ai vu que, si leur sublime dignité les élève au-dessus des anges, ils n’en sont pas moins des hommes faibles et fragiles. Si de saints prêtres que Jésus appelle dans son Evangile ‘le sel de la terre’ montrent dans leur conduite qu’ils ont un extrême besoin de prières, que faut-il dire de ceux qui sont tièdes ?! » Et c’est ainsi que le motif de son entrée au Carmel s’affirme : « je suis venue pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres».

Lorsque l’Eglise ou certains de ses chefs sont en mauvaise situation, le devoir de la prière est d’autant plus impératif comme nous l’enseignent les Actes des Apôtres: « pendant que Pierre était ainsi gardé dans la prison, l’Eglise ne cessait de prier Dieu pour lui », ce qui a amené sa délivrance miraculeuse.

Prier avec l’Eglise, c’est prier dans et par la Liturgie. Aimons les belles cérémonies, processions, adorations, les prières liturgiques et donnons-en le goût à nos enfants ! A la messe, s’unir aux prières du prêtre, a davantage de valeur – la valeur de la prière de l’Eglise- que  de rester dans nos prières personnelles.

Attentions et services

L’amour familial s’entretient par des attentions de chaque jour : paroles, écoute, services rendus, petites attentions multiples … Notre amour pour l’Eglise doit se manifester de la même façon. N’attendons pas que le clergé nous demande notre aide, mais proposons-la avec humilité et simplicité selon nos compétences et nos possibilités.

Bienveillance

Que penserions-nous d’un mari qui raconterait à qui veut l’entendre toutes les maladresses ou erreurs de son épouse ? (et réciproquement !). L’ambiance familiale en serait vite abîmée, et les enfants choqués. Ils garderaient une image négative de l’un ou des deux parents… Alors, stop aux commentaires négatifs sur la qualité de tel sermon, tel défaut du prêtre ou de la religieuse !

Comme le dit si bien Mgr Chevrot (Les petites vertus du foyer) : la bienveillance « est un signe de force morale et une condition de bonheur… La bienveillance nous fait accorder aux autres le préjugé favorable. N’avez-vous pas observé cette tendance instinctive qui pousse tant de gens à croire au mal plus facilement qu’au bien ?…. l’homme bienveillant, au contraire, commence par refuser de croire à la faute tant qu’il n’en aura pas de preuves certaines ; puis s’il a la certitude que ce tiers a réellement commis un acte répréhensible, il s’impose de ne point en parler, à moins que ce ne soit pour lui trouver une excuse ou des circonstances atténuantes ; ne condamnez pas disait Notre-Seigneur, et vous ne serez pas condamnés. Sans doute, lorsque vous interprétez favorablement la conduite d’autrui, l’indulgence risque de vous tromper ; mais si vous le jugez avec sévérité, votre jugement est presque sûrement entaché d’erreur ». 

Soigner la malade en se protégeant

Pour aimer et soigner un malade, il faut déjà se fortifier soi-même contre la contagion ; puis agir avec douceur, chacun selon son état et son autorité: mari, enfant ou médecin !

Face à la crise de l’Eglise et aux faiblesses de certains de ses membres, il est essentiel de séparer les actes –qui peuvent être condamnés- des personnes que nous ne devons pas juger, mais respecter selon leur état. Notre devoir est d’aimer l’Eglise même si elle est défigurée ou handicapée ; prier, la servir, dénoncer les erreurs qui font souffrir l’Eglise, mais uniquement lorsque cela est nécessaire.

« Il faut distinguer avec soin entre l’esprit critique et l’esprit de critique. Le premier est louable : grâce à lui, nous distinguons le vrai du faux, le juste de l’injuste, le bien du mal ; il nous met à l’abri des impulsions téméraires, des engouements naïfs et des condamnations prématurées. Tout autre est l’esprit de critique, la manie de ne voir, de ne chercher que le mal…. De même que le médisant s’intoxique de toute l’amertume qu’il distille, de même le bienveillant s’enrichit de toutes les beautés qu’il admire. En admirant, inconsciemment, on s’élève vers Dieu, principe de toute grandeur et de toute beauté. N’est-ce pas parce que l’admiration est une forme de la prière qu’elle nous procure la paix et la force ? » Cherchons donc de bons prêtres, de bons religieux, de bonnes œuvres pour grandir avec  eux et par eux.

Espérance et confiance inébranlables

Nous sommes membres du Corps Mystique du Christ qui est l’Eglise : du progrès de notre sainteté personnelle et en ménage dépend la sainteté de notre famille et le progrès du Corps Mystique !

Comme les apôtres dans la barque, prions, et Notre-Seigneur maîtrisera toutes les tempêtes : celles de notre âme, celles de la société, celles de l’Eglise car les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle… comme l’a promis Notre-Dame à Fatima : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera » et les grâces puisées au trésor de l’Eglise surabonderont.

Hervé Lepère

Aimer l’Eglise en vérité

Pour ne plus savoir ce que veut dire aimer, nombreux sont ceux qui ne savent plus ce que signifie aimer l’Église. Parce qu’ils réduisent l’amour au seul sentiment, il n’est plus alors question que de se sentir en communion avec le pape, communion que certains vous reprocheront de ne pas avoir : « vous êtes contre le pape, donc vous n’aimez pas l’Église ! » Le comble apparaît lorsque ceux-là mêmes qui ainsi vous condamnent si promptement n’hésitent pas à s’affranchir des préceptes et enseignements de l’Église, arguant du primat de la conscience : ils ne réalisent pas combien ils crucifient l’Église !

Les trois premiers commandements l’ont suffisamment enseigné, tout amour authentique se décline en un triptyque : admirer, respecter, et servir jusqu’au don total de soi. Ainsi en va-t-il de l’amour de l’Église.

Aimer l’Église, c’est d’abord adorer la transcendance divine qui la constitue, pour en devenir participants. En tout lieu et à travers tous les temps, L’Église n’a d’autre raison d’être que de transmettre Notre-Seigneur Jésus-Christ à tous les élus de Dieu afin que ceux-ci, engendrés dans l’Église, soient incorporés au Christ par la foi, et ainsi rendus participants du royaume de Dieu. A cette fin, l’Église garde et transmet fidèlement les vérités divines révélées par le Christ, vérités qui comme lui sont les mêmes hier, aujourd’hui et toujours[1]. Transcendant la vie humaine, l’Église transmet donc la foi vive, ou vie de la grâce, véritable participation à la vie filiale qui habite le Verbe éternel de Dieu fait chair. Aimer l’Église, c’est se prosterner devant ces immenses réalités, pour les recevoir à deux genoux. Faut-il détailler quelque peu ?

L’amour authentique de l’Église consiste à recevoir filialement ce que cette Mère et Maîtresse des âmes transmet, quels que soient les temps ; sa Tradition donc. Aussi n’aime-t-il pas l’Église en vérité, celui qui prétend faire évoluer la Vérité éternelle au gré des hommes, plutôt que de faire évoluer les hommes vers la Vérité éternelle. A plus d’une reprise, saint Paul, le grand prédicateur de l’Église, condamne ces derniers[2]. Ainsi donc, la première marque d’un amour authentique de l’Église est la fidélité à l’enseignement pérenne de l’Église. Cette allégeance filiale, saint Paul l’appelle l’obéissance de la foi[3]. Sans elle, il est impossible de plaire à Dieu[4].

  • Aimer l’Église, c’est encore adorer ce qui la vivifie entièrement, à savoir le sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; c’est vouloir tout rassembler à l’ombre bienfaisante de la Croix rédemptrice. Tout restaurer dans le Christ, disait saint Pie X ; et nous pourrions préciser avec saint Paul : tout restaurer dans le Christ crucifié[5]. A l’inverse, celui qui à coup de sagesse humaine tend à rendre vaine la croix du Christ[6] ne peut prétendre aimer l’Église : aux dires de saint Jean, il dissout le Christ, et relève donc de l’antéchrist[7].
  • Aimer l’Église, c’est aussi se prosterner devant le mystère d’Incarnation que Dieu continue en ses ministres, précisément en tant qu’ils nous transmettent l’enseignement pérenne de l’Église et la vie de grâce découlant de la Croix du Christ. Plus que l’amour du pape, des évêques, et des prêtres, il s’agit donc de l’amour de la papauté et de la romanité jusqu’en ses dernières fibres, quelle que soit la faiblesse des pasteurs ; il s’agit de l’amour du Christ représenté par ses vicaires, et non des vicaires lorsque ceux-ci évincent le Christ : seul le Christ est la véritable tête de l’Église.

Tout amour d’admiration s’incarne dans une attitude de respect. A ce dernier aspect peut d’ailleurs se mesurer l’authenticité d’un amour, ici de notre amour pour l’Église. Ainsi, parce qu’elle aime, l’Église développe un culte à l’endroit de ses dogmes. La non incinération ou la vénération des reliques sont par exemple un culte rendu au dogme de la résurrection des corps, tout comme la génuflexion et le respect entourant la communion magnifient le dogme de la présence réelle. Toujours, l’Église a entouré de respect l’exercice de sa piété, fût-elle populaire. Et si l’on en vient au renouvellement non sanglant du sacrifice de la Croix offert quotidiennement sur les autels, alors l’Église démultiplie les marques extérieures d’adoration et de respect, car nulle part son amour n’est plus intense. Indépendamment de toute donnée doctrinale – qui garde son importance première – on ne peut donc dire qu’il relève de l’amour de l’Église de désacraliser la liturgie à coup de danses, de rap ou de guitares, fût-ce en présence du pape. Ils ne sont pas plus amis de l’Église, ceux qui ont méprisé la piété populaire, au point de la faire mourir en nos contrées. Les tristes exemples, hélas, pourraient-être multipliés…

L’admiration comme le respect peuvent rester extérieurs. S’ils sont au fondement de l’amour, ils ne sont pas encore l’amour dans sa plénitude : l’amour engage. Il s’épanouit donc dans le service, jusqu’au don total de soi. « Il n’y pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime[8]». Cela s’applique encore à l’amour de l’Église. Le chrétien n’est pas seulement appelé à recevoir de l’Église, mais à s’y donner ; car il n’est pas seulement appelé à être aimé, mais à aimer. Il s’y donne ordinairement dans la vocation concrète qui est la sienne, de père ou de mère de famille chrétienne par exemple, sans oublier pour autant le service paroissial. Si vivre au quotidien cette vocation réclame courage et don de soi, il en faut bien davantage encore pour continuer à transmettre aux siens cette vie ecclésiale pure de toute compromission avec le monde, malgré les courants dominants qui ont envahi tant de chaires et de sanctuaires ! Ils s’avèrent être les véritables fils aimants de l’Église, ceux qui ainsi persévèrent à temps et à contre temps, en une époque où les hommes, pour ne plus supporter la saine doctrine, se donnent des maîtres à foison [9]. En eux l’Église se perpétue, en leurs foyers apparaîtront les vocations de demain ; pourvu que de tous ces trésors, ils ne se fassent pas les propriétaires arrogants, mais les bénéficiaires pleins de reconnaissance.

Et si pour leur fidélité ils sont persécutés, bienheureux sont-ils. Oui, « Heureux êtes-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.  Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux : c’est ainsi qu’ils ont persécuté les prophètes qui ont été avant vous[10] ».

Abbé  P. de LA ROCQUE


[1] He 13, 8

[2] Ga 1, 6-9 ; Ro 16, 17-18 ; 1 Co 15, 1-3, etc.

[3] Ro 1, 5 ; Ro 16, 26 ; 2 Co 10, 15).

[4] He 11, 6

[5] 1 Co 2, 2.

[6] 1 Co 1, 17

[7]  1 Jn 4, 3

[9] Jn 15, 13  [9] 2 Tm 4, 2-4

[10] Mt 5, 11-12

Les conditions de l’infaillibilité – Les intentions du Souverain Pontife

Il y a quatre conditions bien précises pour que les décisions et actes du pape soient infaillibles:

  1. Que le Pape donne un enseignement (et non une simple discussion) pour toute l’Eglise universelle (et non pour une partie seulement des catholiques, pour les fausses religions ou pour le genre humain dans son ensemble).
  2. Que le Pape use de son autorité de chef suprême de l’Eglise, Vicaire du Christ et successeur de saint Pierre (et non comme porte-parole d’une communauté croyante, ou en vertu de ses opinions personnelles).
  3. Qu’il enseigne une vérité devant être tenue par toute l’Eglise de façon définitive, et qu’il  exprime son intention de définir une doctrine ferme ( notamment en déclarant clairement que ceux qui la refusent n’ont plus la foi catholique).
  4. Qu’il enseigne une doctrine qui concerne la foi ou la morale (et non l’histoire, la géographie ou la météo…).

S’il manquait une de ces quatre conditions, ce que dit le Pape pourra être vrai, mais ne sera pas infaillible.

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Plusieurs fois au cours de l’année l’Eglise nous fait prier aux Intentions du Souverain Pontife. Mais quelles sont donc ces intentions ? Elles sont définies très précisément par l’Eglise, ce sont :

  • l’exaltation de l’Eglise
  • la propagation de la Foi
  • l’extirpation de l’hérésie
  • la conversion des pécheurs
  • la concorde entre les princes chrétiens
  • les autres biens du peuple chrétien

L’Eglise expliquée à nos enfants

Chaque dimanche, nous nous rendons à l’église pour assister au Saint Sacrifice de la messe, il s’agit là de l’édifice, de l’endroit où nous allons prier et où se trouve le tabernacle dans lequel repose Jésus. Il n’est pas difficile d’expliquer ce qu’est l’église à un enfant, c’est tout simplement « la maison de Jésus ». Mais un jour nous aurons à lui apprendre ce qu’est l’Eglise, celle qui a une majuscule, et cela sera plus difficile…car, d’une certaine façon, elle ne se voit pas !

 Pour rendre les choses plus concrètes, il nous faudra alors partir des connaissances de l’enfant sur la vie de Notre Seigneur : il sait déjà qui est Jésus et connaît Sa vie chaque année un peu mieux en revivant les événements de l’année liturgique.

Avant sa mort sur la Croix, nous savons que Jésus avait, pendant trois années, enseigné Lui-même ses Apôtres et beaucoup d’autres disciples. Enormément de gens se réunissaient autour de Lui et croyaient en Lui, on le regardait comme un chef : Notre-Seigneur avait fondé l’Eglise. Il s’agit d’une société[1], l’assemblée de ses fidèles, ses amis qui l’écoutent et lui obéissent. Et ainsi Jésus leur apprenait qui était le bon Dieu, son Père, et ce qu’il fallait faire pour aller au Ciel, pour un bonheur éternel auprès de Lui. Jésus était venu sur la terre pour cela : pour conduire nos âmes au Ciel.

Jésus savait que bientôt, lorsqu’Il aurait terminé sa mission sur la terre, Il remonterait au Ciel près de Son Père. Il fallait donc trouver un chef visible pour diriger à sa place tous ses disciples; Il choisit alors Saint Pierre parmi ses Apôtres pour être chef de Son Eglise sur la terre. Et depuis Jésus, après Saint Pierre, il y a toujours eu un nouveau successeur pour devenir le chef de l’Eglise. Nous l’appelons le Pape. Saint Pierre a été le premier Pape. Aujourd’hui le Pape s’appelle François, il est le chef de toute l’Eglise, c’est-à-dire de tous les fidèles baptisés du monde entier. Il représente Jésus sur la terre, son devoir est d’apprendre aux hommes tout ce que Jésus a révélé à Ses Apôtres pour qu’ils aillent, eux aussi, au Ciel.

Comme nous sommes baptisés, nous appartenons nous aussi à l’Eglise. Chaque baptisé est un membre de son corps dont Notre Seigneur est la tête, le chef invisible (le chef visible sur la terre étant le Pape). Depuis toujours, l’Eglise est comme la barque de Saint Pierre qui transporte tous les baptisés et leur transmet les vérités que Jésus avait données aux hommes par le moyen des sacrements (Baptême, Confirmation, Eucharistie…). Il y a bien des tempêtes parfois, mais Jésus veille sur Son Eglise et a dit à Ses Apôtres qu’elle durerait toujours !

L’Eglise est répandue sur toute la terre, alors le Pape, qui habite Rome, la Ville Eternelle, est aidé par d’autres prêtres (le clergé) dont les plus importants sont les cardinaux, puis les évêques et les prêtres qui sont répartis dans le monde entier pour convertir les âmes et leur donner les sacrements, comme l’avaient fait les Apôtres après que Jésus est monté au Ciel, le jour de l’Ascension. Les fidèles que nous sommes obéissent aux prêtres qui eux-mêmes obéissent aux évêques qui sont dirigés par le Pape, et le Pape obéit à Jésus-Christ Lui-même. Nous appartenons donc à une grande chaîne qui nous relie à Jésus-Christ.

Lorsque l’enfant sera plus âgé,  nous pourrons expliquer que dans certaines circonstances[2], le Pape jouit de l’infaillibilité. On dit qu’il parle  ex cathedra. C’est-à-dire qu’il bénéficie d’une assistance particulière du Saint Esprit qui garantit que ce que dit alors le Pape est sans aucune erreur.

Nous devrons également lui expliquer que l’Eglise est Une, Sainte, Catholique et Apostolique et qu’elle réunit trois parties : l’Eglise Militante sur la terre, l’Eglise Souffrante au Purgatoire et l’Eglise Triomphante au Ciel.

Ainsi donc, l’Eglise est la grande famille des enfants de Dieu. Et si je lui appartiens, j’ai des devoirs envers elle : je dois bien sûr l’aimer et la servir !

On appelle l’Eglise « notre Sainte Mère » car elle donne la Vie et veille sur nos âmes comme une mère sur ses enfants. Comment ne pas aimer une mère si bonne, si sainte et si vigilante ?!

Pour aimer l’Eglise, les catholiques doivent obéir aux enseignements de Notre-Seigneur en étudiant le catéchisme, en se formant toute leur vie par des bonnes lectures, en observant les commandements et recevant les sacrements. Ils doivent également être fiers d’être membres de l’Eglise, la respecter et la défendre s’ils entendent des gens l’attaquer et remettre en cause les enseignements de Notre-Seigneur, ce qui est grave !

Les membres de l’Eglise doivent également aimer le Pape, puisqu’il est « Jésus sur la terre ». Pour cela il est un devoir de prier en famille pour lui. Il faut montrer aux enfants que le Pape est une personne importante, qui a une lourde responsabilité et que nous devons le soutenir de nos prières. Pour donner ce sens de l’Eglise à l’enfant, on pourra lui montrer une photo du Saint père le Pape, parler de ses déplacements dans les différents pays, recevoir sa bénédiction « Urbi et orbi » le jour de Noël et de Pâques en écoutant les retransmissions directes à la radio, occasion de recevoir les indulgences plénières, et même, si l’occasion se présente, l’emmener à Rome, siège de la Chrétienté, pour qu’il voit où ont vécu tant de papes, et où tant de martyrs ont versé leur sang pour défendre la foi de Jésus-Christ !

Nous avons aussi des devoirs de générosité envers l’Eglise, non seulement en prières, mais aussi en sacrifices, en aumônes (denier du culte, soutien d’œuvres, d’associations qui travaillent pour le règne de Notre-Seigneur sur la terre…), en soutenant les prêtres et les religieux, en faisant de l’apostolat.

Faisons bien comprendre à nos jeunes enfants que nous sommes fiers d’être des catholiques, c’est-à-dire des fils de l’Eglise romaine, membres du Corps mystique du Christ, et de travailler sous l’autorité des pasteurs, à étendre le royaume du Christ.

SL


[1] Mat. 16,18

[2] Cf. notre rubrique : Le saviez-vous, page suivante.

Troisième Mystère Glorieux : La descente du Saint-Esprit sur les apôtres

Fruit de ce mystère : Vivre dans l’Esprit

« Je ne vous laisserai pas orphelins, je vous enverrai l’Esprit consolateur !… » De cette promesse, les apôtres ont vécu depuis le jour de l’Ascension. En redescendant du mont des Oliviers où le Christ s’est dérobé à leurs yeux, ils sont venus directement au Cénacle, dans cette chambre haute, témoin pour eux des moments les plus bouleversants ! C’est là que pendant dix jours, ils vont vivre dans un grand silence de recueillement et de prière… première retraite de l’Eglise naissante !… Prière profonde pour préparer à l’Esprit un chemin dans leurs âmes. La Vierge est là. Et voici qu’au matin du dixième jour, alors que, dans Jérusalem en fête, les fidèles montent au Temple pour célébrer la Pentecôte Juive (sept semaines après le deuxième jour de la Pâque) : « tout à coup, il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un grand vent qui souffle avec force et il emplit toute la maison où ils étaient assemblés. Il leur parut des langues de feu qui se posèrent sur chacun d’eux et ils furent tous remplis de l’Esprit ».

Simplicité du récit des apôtres ! On croirait y être… Mais nous ne pouvons pas imaginer ce qu’ils ressentirent quand cet Esprit de lumière et d’amour les envahit ! Vierge Marie, Vous sans doute reviviez ces heures où après le passage de l’ange, ce même Esprit de feu descendit en vous pour accomplir le mystère de votre maternité divine. Vous, l’épouse du Saint Esprit, dans quel silence et quelle adoration l’avez-vous reçu au milieu des autres… Quel envahissement de l’Esprit qui soulève et transforme l’être jusqu’aux racines de lui-même puisque, de ces timides qui perdirent foi et courage au soir du Vendredi saint, Il va faire des apôtres intrépides jusqu’au martyre ! Ils débordent maintenant d’une telle joie et d’un tel zèle que les premiers témoins de cette allégresse mystérieuse les jugeront « ivres de vin nouveau ». Ils sont ivres, mais d’une vie divine qui fermente et semble faire éclater des cœurs trop petits pour la contenir !

Car les juifs sont accourus de toutes parts vers le Cénacle en entendant ce bruit. A cette foule composée de tous ceux qui sont montés à Jérusalem pour la fête, gens de toutes races et de tous pays, les apôtres, emportés par le zèle qui les enflamme se mettent à prêcher le Christ ressuscité ! Et, prodige, voici que tous, à leur stupeur profonde, comprennent ces discours en n’importe quelle langue !

Alors bouleversés, trois mille demandèrent le baptême…

« Si vous ne renaissez pas de l’eau et de l’Esprit, vous n’aurez pas la vie éternelle… »

Il faut qu’en récitant cette dizaine et en contemplant cette ferveur nouvelle des apôtres, je me demande si je vis vraiment de la vie de l’Esprit ?

Il me faut d’abord réaliser sa présence. Je pense au Père qui m’a créée et dont l’infinie puissance éclate dans les beautés de la création. Je pense au Christ qui m’a rachetée, à cause de ce crucifix qui étend ses bras au-dessus de mon lit, à ce Christ que je reçois à la communion ; mais c’est vrai que je pense peu à cet esprit d’amour qui demeure sans cesse en moi, qui m’a été donné pour être le compagnon de ma vie, à chaque minute… N’est-il pas en moi comme ce trésor dont parle l’Evangile, enfoui dans le champ avant qu’on l’ait découvert ? Ne suis-je pas un propriétaire ignorant de sa richesse et qui gémit sur sa pauvreté ? Je marche seule en me plaignant de ma solitude, alors qu’invisible mais présente, au fond de moi, dans ce silence et cet oubli où je l’enferme, vit la réalité adorable de l’Amour ! Et je me plains de ma solitude et je pleure sur l’incompréhension des hommes, et je soupire après une tendresse fidèle alors qu’au fond de moi est l’ami. Et je me plains aussi de l’inefficacité de mes efforts, alors que je n’aurais qu’à tendre la main pour être secourue…

O Marie, mère de ma vie intérieure, apprenez-moi à rentrer en moi-même, au long de mes journées si pleines de la dispersion de mes tâches multiples. Apprenez-moi à ne pas me « noyer » dans toutes mes besognes, à préserver ces minutes de recueillement où, descendant au fond de moi-même, derrière les agitations stériles et cette marée mouvante et contradictoire de ma vie, je trouverai le silence où la présence de l’Esprit sera vivante…

Vivre de l’Esprit, c’est avoir l’intelligence des choses divines. L’Esprit seul, si je vis en Lui, me donnera la lumière pour discerner ce qui est du Christ et ce qui est du monde, et Lui seul me donnera la force de préférer l’Un à l’autre… Vierge Marie, ce n’est pas facile de résister à tout ce qui entraîne vers la facilité, la vie de jouissance, le besoin de dominer les autres. Ce n’est pas facile d’admettre ce mystère des Béatitudes qui semble brimer la nature humaine… Et pourtant si l’Esprit est vivant en moi je saurai que « les premiers sont les derniers dans le Royaume de Dieu. »

Vierge Marie, ces choses-là, je ne les sais que du bout des lèvres et c’est pourquoi, au milieu des incroyants qui m’observent, au lieu de rendre témoignage à l’Esprit qui habite en moi, j’ai été souvent un de ceux qui obscurcissent sa Lumière !

Vivre de l’Esprit, enfin, c’est avoir le sens de la prière… Offrande de tout l’Etre et non pas ce vain bavardage où, sous prétexte de simplicité, s’étalent tous mes petits désirs matériels ou sentimentaux… Ah que je ne confonde pas la simplicité et la confiance filiale avec l’esprit de marchandage et l’égoïsme inconscient qui ramène tout à soi… que je ne prétende pas forcer Dieu à vouloir ce que je veux moi-même… but secret de tant de supplications et de neuvaines !

Vierge Marie, prier, ne serait-ce pas parfois me taire pour écouter monter en moi cette grande voix de l’Esprit qui sait mieux que moi ce qu’il faut demander au Père : non pas ce que j’aime mais ce qu’Il aime, le « pain de chaque jour », sans doute mais plus encore, en moi et dans les autres, le triomphe du bien sur le mal et le péché. « Que Votre règne arrive… que Votre volonté soit faite ». Prier pour accepter cette volonté quoi qu’il en coûte, pour qu’en me relevant, je n’ai pas l’inquiétude et l’angoisse de me demander si j’ai été entendue, mais cette paix profonde de sentir que, quoi qu’il arrive, j’ai déjà été exaucée puisque je ne demande que l’accomplissement de la volonté de Dieu ! Ainsi ma prière ne resserrera pas le monde à mes propres dimensions mais étendra au contraire mon âme aux dimensions du monde.

Vierge Marie, faites que, me dépouillant de mon esprit propre je vive enfin, à votre exemple, dans l’Esprit de Dieu. Obtenez-moi les grâces de cette pentecôte unique et sans cesse renouvelée pour que moi aussi, je sois transformée, jour après jour, par la docilité que je veux mettre désormais à vivre avec l’Hôte de mon âme pour écouter ses conseils et implorer sans cesse son secours !

D’après Paula Hoesl

Promenade en famille

En ce début de printemps, quelle joie de retrouver les premières fleurs rescapées du froid de l’hiver, perce-neiges, crocus, primevères, narcisses, jonquilles ! Certains camélias fleurissent déjà. Le petit duvet d’herbe tendre qui commence à recouvrir le sol nous donne un avant-goût de ce renouveau printanier.

Une bonne promenade en forêt ou dans un parc, sous les premières lueurs du frais soleil de ce printemps renaissant, va donner à toute la famille l’occasion de s’émerveiller de la résurrection, tous les ans renouvelée, de Dame nature. Bien plus qu’une dose de Vitamine D, ce grand bol d’air vif et léger nous redonnera de l’énergie par la contemplation de cette éternelle jeunesse, bienveillante prodigalité de notre Créateur.