Tintin au pays des soviets (suite et fin)

           Après une visite d’usine si intrigante, notre reporter intrépide prenant son courage à deux mains, décida d’aller rencontrer ses dirigeants afin de mieux comprendre leurs objectifs.

           En entrant dans le couloir menant aux bureaux, couloir sombre et qui lui parut interminable, il aperçut sur les murs une grande galerie d’images, agrémentées de citations d’hommes célèbres, retraçant l’historique de cette fabrique de la société moderne et les idées ayant conduit à sa réalisation.

  La première de ces citations était de Descartes, « L’homme est maître et possesseur de la nature ». Suivait de près celle de Rousseau : « Que l’élève n’apprenne pas la science, qu’il l’invente ». Ainsi qu’une gravure représentant la décapitation du roi Louis XVI en 1793, comme si la domination de la nature puis l’invention d’un contrat social, issu de l’imagination – et sans lien avec la nature humaine et le réel – avaient conduit l’intelligence humaine à couper le lien qui soumettait la société à l’autorité divine. Se détachant alors de son objet qui est la découverte de la vérité par l’appréhension du réel, l’intelligence humaine s’est à ce moment transformée et focalisée uniquement sur la dernière de ses facultés, l’imagination. Elle a, à partir de celle-ci, élaboré un modèle de société sans Dieu et sans nature, censée apporter la paix et le bonheur sur Terre. Dieu n’ayant pas apporté ni promis le bonheur sur terre, mais dans les cieux, et étant un signe de contradiction, il convient de l’éliminer de ces modèles de société si l’on veut parvenir à la paix et au bonheur de l’Humanité. Or éliminer Dieu est un vaste programme pour une société qui s’est construite sur Lui, avec Lui et par Lui depuis sa création.

  Il faut pour cela commencer par nier tout ce qui peut ramener l’homme à Lui. La première chose étant la notion de nature, nature humaine, nature politique, nature divine, etc… qui ne seraient en fait que des conventions permettant à une partie de l’humanité de dominer l’autre. Cela conduit progressivement à la destruction de la famille et de toutes les communautés elles-mêmes, basées sur la nature de l’homme, de la femme et de l’homme comme animal social et politique, pour parvenir à un individu libéré de toute entrave. A cet endroit du couloir figuraient des photos de l’atelier de transformation de la vérité et d’exploitation des émotions décrits dans les reportages précédents.

  Il importe en effet de transformer en profondeur l’intelligence commune de l’homme pour éviter que celle-ci ne soit capable de retourner à ses anciennes amours qu’il nomme « vérités ». Le cas échéant, la révolte et la guerre se rapprocheraient et tout serait à recommencer. D’où l’importance de changer les mots pour changer la conscience, et la rendre incapable de retrouver le chemin de la vérité.

  Ici notre reporter pouvait voir la photo d’une ville moderne, scintillant dans la nuit, avec ses immenses tours qui semblent s’élever jusqu’au ciel, symbole de la puissance et de la beauté de nos sociétés modernes dans un monde organisé, efficace, utile et performant, rassemblant des individus libérés de toute contrainte sociale, mentale et géographique.

  Toutes, non, une contrainte résiste encore et toujours à l’Homo Fabricus : celle de la mort. Mais que l’on se rassure, c’est l’objectif de notre fabrique pour les années à venir, un grand chantier en préparation.

  Un des employés de l’entreprise d’ailleurs cité sur le mur l’affirme : « Nous allons obtenir la maîtrise de notre destin, nous allons prendre notre mortalité en main1 ».

  Telle est la dernière innovation, le dernier objectif ambitieux, sur lequel tous les chercheurs de l’usine travaillent. Ce qui éclaire la raison d’être de l’entreprise est affiché en caractères immenses et colorés au-dessus de la porte du bureau du PDG :

« RENDRE L’HUMANITE HEUREUSE ETERNELLEMENT »

  Notre reporter tourna alors la poignée de cette porte brillante espérant rencontrer enfin le PDG de cette œuvre prometteuse et altruiste.

  Le bureau était vide, vide de tout, et une odeur de soufre s’en dégageait, c’est alors qu’il comprit et que son intelligence, heureusement encore capable de saisir le vrai, aperçut la figure hideuse du véritable PDG. Ainsi, tout ce qu’il avait aperçu au cours de sa visite trouvait son explication dans ce bureau du singe de Dieu qui fait miroiter à l’homme depuis sa création un impossible bonheur sans Dieu.

  Vous vous en doutez, cette entreprise prospère n’a jamais été si rentable qu’aujourd’hui, cependant Dieu veille et, comme à la Passion, attend son heure pour faire resplendir la vérité.

Antoine

1 Kurzweil employé de Google dans Humanité 2.0, 2007

 

 

Croquants sablés au chèvre – Gâteau aux pommes et à la cannelle

Croquants sablés au chèvre

 Ingrédients :

– Pâte sablée 

– 1 bûche de chèvre 

– Herbes de Provence 

– 1 jaune d’œuf

Déposer une tranche de chèvre parsemée d’herbes de Provence entre deux cercles de pâte sablée.

Badigeonner le dessus avec du jaune d’œuf.

Mettez au four pendant 15 à 20 minutes à 180°C soit thermostat 6.

Déguster à la sortie du four en les présentant sur un lit de salade. 

Entrée rapide à réaliser et succès assuré !

 

Gâteau aux pommes et à la cannelle

Ingrédients pour 8 à 10 personnes :

– 10 cuillères à soupe de farine 

– 6 cuillères à soupe de sucre 

– 6 cuillères à soupe de lait 

– 2 œufs entiers 

– 2 cuillères à café de levure 

– 2 cuillères à café d’huile ou de beurre 

 

Mélanger le tout, étaler la pâte dans un moule en silicone et mettre dessus des quartiers de pommes 

Faire cuire au four environ 20 minutes à 180°C. Quand le gâteau est cuit, couvrir avec la préparation suivante :

– 240 g de sucre

– 60 g de beurre fondu

– 2 œufs entiers 

– 2 cuillères à soupe environ de cannelle

Remettre au four à 180°C pendant environ 15 minutes et surveiller la cuisson.

 

La grande leçon de la terre

           Voici ce que Mgr Lefebvre déclara pendant le sermon de son jubilé sacerdotal, à Paris le 23 septembre 1979 : « Et je souhaite que dans ces temps si troublés, dans cette atmosphère si délétère dans laquelle nous vivons dans les villes, vous retourniez à la terre quand c’est possible. La terre est saine, la terre apprend à connaître Dieu, la terre rapproche de Dieu, elle équilibre les tempéraments, les caractères, elle encourage les enfants au travail. »

Quelle belle phrase ! Quelle profonde vérité !

  Il convient de s’y pencher quelques instants. Pourquoi la terre ? Qu’est-elle ? Pourquoi y retourner  ?

  La terre, la nature, est au Ciel ce que le corps est à l’âme. Comme notre corps, elle sort des mains de Dieu. Comme notre corps, Dieu nous commande de la dominer, non pas de la dominer par une puissance destructrice si caractéristique de notre époque moderne où l’homme se fait Dieu. Non ! Il faut dominer la terre par une puissance humble qui, soumise aux lois divines, parfait la création, construit les paysages, laboure et sème les champs, coupe et plante les arbres, draine et canalise l’eau, dans le respect des générations passées et au service des générations qui viennent. Le travail de l’homme qui parfait la création est à l’image du travail de l’esprit sur le corps, il est une métaphore de la pénitence, de l’ascèse, du travail de la grâce qui parfait notre âme.

  La terre est une école, une école de vie, une école de Dieu. Elle ancre dans le réel et élève notre âme aux vérités spirituelles. Plus on s’en éloigne, plus on perd le sens des choses, plus nous sommes déracinés, plus nous devenons comme une feuille morte que les vents du temps emporteront où bon leur semble, plus nous serons comme trop de nos contemporains, influençables, malléables, manipulables et manipulés par les appétits insatiables des « grands » de ce monde. Mais si nous vivons proche de la terre, alors nous nous mettons à l’école du Créateur à travers sa création. En cela, la terre libère !

  Bien sûr, tout le monde ne peut devenir agriculteur ou éleveur. Et pourtant, la France n’a jamais été aussi belle que lorsque son peuple paysan labourait et semait. En revanche, l’on peut se rapprocher de la terre si on ne peut en vivre, « quand c’est possible » comme le dit Mgr Lefebvre. S’éloigner de la ville, déménager à la campagne, y aller dès que possible. Nous pouvons nous mettre à l’école de la terre. Planter, semer, récolter, se faire humble face aux lois de la nature, supporter les caprices de la météo, voilà une école de la confiance, de l’abandon, de la Providence. Observer, se laisser surprendre par une mésange ou un lièvre, apercevoir l’ombre furtive d’un renard, contempler une fleur, voilà une école de la méditation. Travailler dehors, couper du bois, bécher, planter, désherber, tailler, voilà une école de la persévérance, du goût de l’effort. Chasser, débusquer un canard, abattre un chevreuil, voilà une école de la patience et du bon sens, rappelant la place unique de l’homme dans la création.

  Oui, la terre « rapproche de Dieu ». Dieu n’a pas créé les fleurs, les oiseaux, les arbres et toutes les beautés que renferme la nature pour l’unique plaisir des scientifiques qui répertorient tous ces trésors. Non, Dieu a créé tout cela pour que nous nous émerveillions, pour que nous contemplions. Dieu ne fait rien au hasard ! Un rouge-gorge se perche sur un rameau devant vous ? Regardez-le, admirez-le, considérez ses perfections, sa gorge rouge et fière, ses petits yeux noirs pressés, à l’affût du danger. Il ne sème ni ne moissonne, et pourtant notre Père du Ciel le nourrit. Cette petite créature n’a pas croisé votre route par hasard, alors en le voyant, pensez à Dieu, remerciez-le pour sa bonté, pour la beauté de sa création, pour ses dons innombrables qu’il nous donne sans cesse, chaque jour. Et rappelons-nous que toute la beauté de la Création n’est rien comparée à la beauté d’une âme remplie de Dieu, n’est rien comparée à la beauté du sacrifice d’un enfant, d’un acte de vertu d’un homme, du don renouvelé d’une épouse, de la douceur d’une mère.

  Alors, relisons cette exhortation de Monseigneur Lefebvre. Voyons comment nous pouvons nous mettre à l’école de Dieu en retournant à la terre, retourner à Dieu en nous mettant à l’école de la terre.

 

Louis d’Henriques

 

L’oraison – Le silence – La prière – Prier sans relâche

L’oraison

L’oraison est une école où l’âme apprend des choses que ni les livres ni les hommes ne savent dire ; […] c’est le port où elle se réfugie pour échapper aux tempêtes ; c’est la tour où elle monte pour embrasser l’horizon et juger de toutes choses sur le plan de l’éternité ; c’est la table où elle refait ses forces ; c’est le rendez-vous où l’attend Celui qu’elle désire et qu’elle aime ; c’est sa sauvegarde pour atteindre la vie éternelle. L’oraison est à la vie chrétienne ce que la racine est à l’arbre. […] De même l’âme tire de Dieu, par l’oraison, la grâce dont elle a besoin pour croître dans la vertu, résister aux tentations, accomplir les bonnes œuvres. Coupez la racine, et l’arbre meurt. Ôtez l’oraison, il n’y a plus de vie religieuse, mais seulement des gestes extérieurs et de vaines apparences, que n’anime aucun zèle véritable, aucune charité, aucun désir de plaire à Dieu.           

Dom J. de Monléon

Le silence

Le silence… c’est le plus grand plaisir,

le chant le plus parfait, la plus haute prière…

Silence, ami profond qu’on écoute se taire…

Arrêt des boniments. Trêve des éloquences.

Evasion d’entre les paroles. Vacances.

Délassement délicieux. Cerveau guéri

de tous les coups dont il était endolori

par tous les bruits que font les gens qu’on rencontre,

et qui ne cessent de parler pour ou contre… »

Edmond Rostand

La prière

Vous viserez donc à conserver votre foi en faisant acte. Il faut pour cela vous tenir au contact de votre Dieu par un esprit de prière et un esprit sacramentel qui le complète. […] Prière du matin, prière du soir : deux bornes milliaires pour la route accidentée de la vie. Prière d’élan au départ ; prière de repli, de contrôle, d’apaisement et de reprise éventuelle au moment de l’étape.

Ce monde est comme un voile tendu sur l’autre monde : la prière écarte le voile. Ce monde est comme une île loin des rives éternelles : la prière jette le pont. Tandis que le troupeau humain trotte sur la route poudreuse, ne regardant rien au-delà de son nuage lourd […], et le ruban de la route à deux pas, et l’herbe, l’homme de prière respire l’air des hauteurs ; il regarde vers l’horizon ; il songe aux buts derniers où l’action trouve sa raison d’être […], uni au Christ qui nous relie en la sainte société du divin, il rend ses devoirs et attend les divines réponses.

A.D. Sertillanges « Jeunes de France »

Prier sans relâche

L’âme qui a sans cesse en vue la gloire de Dieu et l’honneur de son nom ; qui, dans tout ce qu’elle fait, s’attache à lui plaire ; qui s’efforce d’aimer ce qu’Il aime et de détester ce qu’Il déteste, celle-là accomplit sans aucun doute le précepte de Notre-Seigneur et prie sans relâche.

             Dom J. de Monléon

 

La rumeur

Yves Duteil (né le 24 juillet 1949)

           Conclusion pessimiste pour cette œuvre talentueuse et très réaliste, qui nous met en garde, comme l’illustration ci-contre de Norman Rochwell (1894-1978), contre les ravages que peut causer un bavardage malveillant.

Mais de « la rancœur » annoncée à la fin de la chanson, non ! Le pardon oui, et pourquoi pas, la demande de bénédictions envers la personne qui nous a fait du tort.

La rumeur ouvre ses ailes
Elle s’envole à travers nous
C’est une fausse nouvelle
Mais si belle, après tout

Elle se propage à voix basse
À la messe et à midi
Entre l’église et les glaces
Entre confesse et confit.

 

La rumeur a des antennes
Elle se nourrit de cancans
Elle est bavarde et hautaine
Et grandit avec le temps

C’est un arbre sans racines
À la sève de venin
Avec des feuilles d’épines
Et des pommes à pépins.

 

Ça occupe, ça converse
Ça nourrit la controverse
Ça pimente les passions
Le sel des conversations

 

La rumeur est un microbe

Qui se transmet par la voix

Se déguise sous la robe

De la vertu d’autrefois

La parole était d’argent

Mais la rumeur est de plomb

Elle s’écoule, elle s’étend

Elle s’étale, elle se répand.

 

C’est du miel, c’est du fiel

On la croit tombée du ciel

Jamais nul ne saura

Qui la lance et qui la croit

C’est bien plus fort qu’un mensonge
Ça grossit comme une éponge
Plus c’est faux, plus c’est vrai
Plus c’est gros et plus ça plaît

Calomnie, plus on nie
Plus elle enfle se réjouit
Démentir, protester
C’est encore la propager.

 

Elle peut tuer sans raison
Sans coupable et sans prison
Sans procès ni procession
Sans fusil ni munitions

 

C’est une arme redoutable
Implacable, impalpable
Adversaire invulnérable
C’est du vent, c’est du sable

Elle rôde autour de la table
Nous amuse ou nous accable
C’est selon qu’il s’agit
De quiconque ou d’un ami.

 

Un jour elle a disparu
Tout d’un coup, dans les rues
Comme elle était apparue
À tous ceux qui l’avaient crue

 

La rumeur qui s’est tue
Ne reviendra jamais plus

Dans un cœur, la rancœur
Ne s’en ira pas non plus.

https://open.spotify.com/search/la%20rumeur%20yves%20duteil

L’éloge de la force

           « Tu crois avoir à peu près tout connu de cette France à l’agonie, et ce n’est encore rien, rien face au désastre qui vient. La crise finale approche. Tu le sens. Tu le sais. Il faut quand même qu’on en parle. Tu vas rester assis chez toi sans rien faire, et laisser la fin venir te trouver, c’est ça ton projet ? »

           C’est par ces mots que commence le dernier ouvrage de Monsieur Laurent Obertone. Cet auteur se propose, page après page, à la manière d’un traité ascétique naturel ou d’un programme de musculation éthique, de reconstruire l’homme en lui injectant, « une ampoule de réel à très haute dose ». Le titre de ce livre, c’est « Eloge de la force ». La vertu de force a fait l’objet du n°23 de Foyers Ardents et elle est tellement importante à l’heure actuelle que nous voudrions vous proposer une réflexion supplémentaire à ce sujet.

 

  Ce monde ne vous convient pas, cher lecteur ? Changez le vous-même. Il y en a assez de se lamenter dans son coin ou de passer son temps à pleurnicher sur les réseaux sociaux ou en sortie de messe. Mais attention au « sursaut en forme de rage de dents1 ». Sinon nos ennemis vous briseront net. Comme on l’a souvent répété dans cette chronique, il vous faut réfléchir avant d’agir. Et pour réfléchir correctement, il vous faut commencer par vous mettre à l’école de maîtres et d’auteurs de qualité. Vous serez alors armés (intellectuellement) pour commencer à changer les choses.

 

  Marcel de Corte a rédigé quatre livres sur chacune des vertus : la prudence, la justice, la tempérance et la force. Une librairie paroissiale s’étant procurée lesdits ouvrages en plusieurs exemplaires, quel ne fut pas mon étonnement que de voir tous ces volumes trouver preneurs les uns après les autres, sauf celui consacré à la vertu de force. C’est une anecdote, certes, mais révélatrice. Passons.

 

  La vertu, il nous faut l’acquérir : peut-on laisser la force de côté ? « Le mot vertu désigne une perfection dans une puissance. Or la perfection de chaque chose tient principalement dans le rapport qu’elle soutient avec sa fin2. » Et saint Thomas d’Aquin d’ajouter que « les puissances rationnelles propres à l’homme, ne sont pas déterminées par elles-mêmes à une seule action, elles restent indéterminées à l’égard de plusieurs tant que l’habitus ne vient pas la déterminer à des actes précis. Voilà pourquoi les vertus humaines sont des habitus. » Ainsi chaque vertu imprime une façon d’être et donc d’agir dans nos vies : ce que l’Aquinate nomme précisément l’habitus. La vertu est ensuite ce qui permet à l’homme d’acquérir sa finalité. (Nous n’aborderons pas la question de l’articulation entre les vertus naturelles acquises et les vertus surnaturelles infuses : pour une vue précise se reporter à l’ouvrage du Père Froget3.)

 

  La force est la vertu qui correspond à la puissance irascible de l’homme. Cette puissance est ce qui nous permet d’éprouver cinq passions : l’espoir ou son opposé, le désespoir, l’audace ou au contraire, la crainte et enfin, cette passion ni bonne ni mauvaise sans la notion de justice : la colère. L’irascible est en nous ce qui joue le rôle de source d’énergie qui permet d’entreprendre ou non une action. Allons plus loin. Dans l’homme, comme dans l’univers, tout est ordre. On ne doit pas concevoir une chose sans l’ordre dans lequel elle est enchâssée. Ainsi chaque puissance de l’âme et chaque vertu sont connectées les unes aux autres dans une sorte d’enchaînement d’activité. « La force est une vertu générale, ou plutôt la condition générale de toute vertu4». Donc s’il y a une vertu à cultiver en premier, et à posséder dans une intensité maximale, c’est bien la vertu de force.

 

  Marcel de Corte l’explique : « [La vertu de force] ne consiste pas seulement aujourd’hui à tenir ferme dans les périls corporels, mais à maintenir l’essence de l’homme, et avant tout sa nature d’animal politique tant au plan naturel qu’au plan surnaturel, contre les dangers de plus en plus nombreux qui la menacent de mort, et à contre-attaquer les ennemis qui pullulent autour d’elle et tentent de l’asservir ». « La vertu de force supporte et repousse les assauts et les périls extrêmes dans lesquels il est le plus difficile de rester ferme. La force inclut la résistance à un monde extérieur ennemi ou à un autrui antagoniste qui attaque l’être humain en sa réalité propre ». « Du fait que l’acte principal de la force soit de résister, il ne faudrait pas conclure qu’il consiste uniquement dans la défensive […]. La vertu de force implique secondairement, mais nécessairement, l’attaque5. » On pointe directement du doigt la portée de cette vertu : elle maintient l’homme dans son être même et précisément dans sa nature, donc dans l’ordre dans lequel l’homme est inclus, qui est social et politique.

 

  Quand on a dit tout cela, qu’est-ce qu’on a dit ? Rien du tout. Parce qu’aussi vrai que puisse être cet exposé succinct et incomplet, il n’en reste pas moins un article qui sera lu à la hâte et vite oublié. Que le lecteur nous pardonne alors d’oser un coup de force. La vertu n’est pas une chose abstraite, elle concerne l’homme qui vit ici et maintenant, dans le monde réel, ce monde-là dehors, qui est, notamment pour vous, cher lecteur, à la fois la condition de votre confort spirituel actuel (chapelles, écoles libres, etc…) et la cause de votre survie physique (allocations familiales, justice, santé, organisation de la cité, etc…). Ainsi cette vertu de force dont parlent saint Thomas et Marcel de Corte, vous concerne directement. Parce qu’il faut absolument se souvenir de cette terrible sentence de Bossuet : « Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer6 ».

 

Raphaël Laserna

 

 

Bâillons discrètement !

           Que faut-il faire quand on a envie de bâiller en public ?

           En principe, il vaut mieux éviter de le montrer et essayer de camoufler ce bâillement intempestif, synonyme d’ennui mortel ou d’indifférence… C’est très impoli et peut même être pris pour de la provocation.

  Le mieux est de se retourner discrètement, ou de mettre sa main devant sa bouche, car il n’y a rien de plus communicatif qu’une envie de bailler ! Et pour peu qu’elle soit justifiée, voilà la salle de cours entière, ou la maisonnée en visite chez les grands-parents, qui est prise d’une irrésistible envie de bâiller à se décrocher la mâchoire !

  Ce qui n’est pas très charitable pour le professeur ou l’hôte qui essaiera, de son côté, de faire comme s’il ne remarque rien.

  Quel jeu de dupes que ces bâillements !

 

La prière en famille

Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps.

Mon fils se laisse toucher…

            Le 17 janvier 1871, la Vierge à Pontmain donnait ce message à 3 jeunes enfants. Il était difficile, l’année du cent cinquantième de cette apparition  de parler de la prière en famille sans rappeler ce grand message. Il faut prier !

Plus récemment, en 1917 à Fatima, la Vierge précisa qu’il fallait prier – dire le chapelet – en famille. Il  ne suffit donc pas de prier seul ! Il faut dire le chapelet en famille !

Plus récemment encore, Pie XII affirma « une famille qui prie est une famille qui vit ! »

Les trois exemples pris au milieu de multiples messages célestes et injonctions des papes illustrent la continuité de la parole de l’Eglise. Quand faut-il prier, nous demande le catéchisme : « le matin, le soir et dans les tentations ».

Il faut prier, prier en famille, c’est même nécessaire à la vie de la famille !

Ce précepte s’impose aux parents et à leurs enfants, doit-elle s’élargir aux grands-parents, enfants et petits enfants ?

Bien que cela ne soit pas une obligation, nous  pensons que c’est mieux. Mais comment faire ?

Dans une famille simple, parents enfants, il n’est déjà pas facile, au milieu des irrégularités de la vie, de maintenir la régularité de la prière, alors pendant les vacances, avec des familles différentes (certaines préfèreront peut-être se réunir avec leurs enfants pour prier), dans des périodes ou les emplois du temps sont chaotiques, est-ce vraiment possible ?

  Tout d’abord, rappelons qu’il n’est pas obligatoire d’organiser une prière de toutes nos familles ensemble pendant les vacances. L’option des familles disant leur prière seules est tout à fait bonne !

Nous pensons cependant que la prière de toute la famille répond bien à l’esprit des demandes de la Sainte Vierge et est un bon facteur d’unité familiale. Si c’est possible, il est bien de le faire…

Il convient alors de faire simple, de ne pas créer d’agacements, et de persévérer.

Après avoir vu ce qui se faisait dans de nombreuses familles amies, il nous semble qu’il y a une condition indispensable pour maintenir une prière familiale, quotidienne et persévérante : la régularité.

Chaque jour, à la même heure connue de tous – 18h30 par exemple – les grands parents commencent la prière dans un lieu pouvant rassembler toute la famille. Un ménage est absent ? Ce n’est pas grave, ils diront le chapelet dans leur voiture. Une maman doit s’occuper d’un petit qui mange mal ? Le Bon Dieu compensera. Des parents pensent que le chapelet est trop long pour leurs petits ? Qu’ils partent – discrètement – au milieu… Un ménage préfère dire son chapelet avec ses propres enfants ? C’est dommage mais doit être accepté. Ils reviendront peut-être plus tard avec l’ensemble de la famille !

Ceci pour dire que si l’on attend chaque soir pour commencer que tout le monde soit là, les retards, les agacements s’accumuleront avec tous leurs effets négatifs.

Imposons la discrétion aux retardataires, ne nous agaçons pas des absences – il est normal que pendant les vacances, les emplois du temps se relâchent un peu – faisons tout pour rendre ce moment de prière fervent et régulier, faisant participer tout le monde (les petits peuvent dire le début du chapelet), sans forcément nous sentir obligés de créer des nouveautés « pédagogiques » pour faire accepter la prière (la Sainte Vierge a demandé le Chapelet en famille… Quoi de moins novateur !). Donnons une intention particulière et ajoutons un chant à l’initiative de l’un ou l’autre.

Puis, sans nous agacer de rien, persévérons !

Nous serons peut-être seuls un soir parce que toutes les familles ne sont pas rentrées de la promenade ! Eh bien, disons le chapelet seuls !

En plus de cette prière quotidienne, respiration de la famille, il peut être bien d’ajouter de temps à autre un petit pèlerinage familial dans un sanctuaire local. Notre pays ne manque pas d’églises ou chapelles qui furent autrefois des lieux de pèlerinage. Pourquoi ne pas créer une habitude familiale avec ou sans une petite marche ? C’est l’occasion de créer un bon moment de prière et d’unité familiale !

 

  Prions notre bonne Sainte Anne de nous guider dans notre devoir de grands parents.

  Bonne et heureuse année pleine de lucidité et de courage !

 

Des grands parents

 

 

Donnez-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour

           « Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit », et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra ainsi lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

 

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  « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? »

 

  C’est avec confiance que je m’approche de vous, ô mon Dieu, dans cette prière… Vous qui veillez avec amour sur la plus petite fleur des champs et sur les oiseaux du Ciel, vous ne pouvez manquer de veiller sur moi, que vous avez créé à votre image, et pour qui votre Fils unique est mort sur la Croix ! Je vous demande le pain pour nourrir mon corps, et bien plus encore, celui qui vivifie mon âme par le sacrement de l’Eucharistie : pour mon âme immortelle, je vous demande le pain de Vie, celui sans lequel je ne peux grandir dans votre amour.

 

  A chaque jour suffit sa peine, dit le proverbe. Chaque jour, dans le désert, le Bon Dieu a envoyé aux Hébreux la manne pour qu’ils ne meurent pas de faim dans cet endroit aride. Chaque jour aussi le Bon Dieu m’envoie la manne de mon âme, sa grâce, pour me fortifier et me soutenir sur le chemin du Ciel. Alors pourquoi m’inquiéter de demain, de ces efforts que j’aurai à fournir pour bien accomplir mon devoir d’état, puisque le Bon Dieu m’enverra les grâces nécessaires à temps ? C’est ce que Notre-Seigneur nous explique dans l’Evangile, en parlant des oiseaux : ils suivent leur instinct, car ils n’ont pas une âme immortelle comme la mienne, mais ce faisant, ils accomplissent la volonté du Bon Dieu qui leur donne chaque jour  ce dont ils ont besoin. Ils ne se soucient pas du lendemain, et ils ont bien raison car le Créateur veille sur eux.

 

  Et pendant que, grâce à votre bienveillance,  mon père de la terre me donne le pain fait de main d’homme, vous-même, par le sacrifice de votre Fils renouvelé sur l’autel, vous m’assurez le pain de mon âme.  Le premier me maintient dans cette vie terrestre, et m’y fortifie, le second, sans négliger mon corps qui est appelé à ressusciter à la fin du monde, fera grandir en mon cœur ces belles vertus de Foi, d’Espérance et de Charité.

 

  « Je suis le pain de Vie », a dit Notre-Seigneur. C’est ce pain-ci que je veux manger, car il me donnera la Vie éternelle. Que j’aime m’approcher de la Sainte Table pour y recevoir  mon Sauveur, et si je ne peux le faire chaque jour car je n’ai pas la possibilité d’assister à la Messe, qu’au moins je pense à faire une communion spirituelle afin de vous accueillir dans mon cœur et que vous puissiez me transformer, et me combler de vos grâces et de vos bienfaits, ô Jésus !

 

  Sainte Vierge, accueillez Jésus dans mon âme à chacune de mes communions, afin qu’il soit reçu le plus parfaitement possible, et que mon cœur soit pour lui un lieu de repos et de joie. Gardez-moi bien pur, et faites que je ne perde aucune miette de ce pain de chaque jour que je demande au Bon Dieu de m’envoyer, et qu’il m’envoie puisqu’il ne refuse jamais sa grâce à qui la lui demande, et ainsi je grandirai en âge et en amour du Bon Dieu, pour ensuite aller chanter sa louange avec vous, ô ma Mère, et avec mon ange gardien qui veille sur moi à chaque instant. Qu’à travers cette phrase, je demande avec ferveur au Bon Dieu non seulement le pain physique, qui nourrira mon corps, mais aussi le pain de Vie qui me fortifiera pour l’Eternité.

 

Germaine Thionville

 

La rumeur

 

Yves Duteil (né le 24 juillet 1949)

           Conclusion pessimiste pour cette œuvre talentueuse et très réaliste, qui nous met en garde, comme l’illustration ci-contre de Norman Rochwell (1894-1978), contre les ravages que peut causer un bavardage malveillant.

Mais de « la rancœur » annoncée à la fin de la chanson, non ! Le pardon oui, et pourquoi pas, la demande de bénédictions envers la personne qui nous a fait du tort.

La rumeur ouvre ses ailes
Elle s’envole à travers nous
C’est une fausse nouvelle
Mais si belle, après tout

Elle se propage à voix basse
À la messe et à midi
Entre l’église et les glaces
Entre confesse et confit.

 

La rumeur a des antennes
Elle se nourrit de cancans
Elle est bavarde et hautaine
Et grandit avec le temps

C’est un arbre sans racines
À la sève de venin
Avec des feuilles d’épines
Et des pommes à pépins.

 

Ça occupe, ça converse
Ça nourrit la controverse
Ça pimente les passions
Le sel des conversations

 

La rumeur est un microbe

Qui se transmet par la voix

Se déguise sous la robe

De la vertu d’autrefois

La parole était d’argent

Mais la rumeur est de plomb

Elle s’écoule, elle s’étend

Elle s’étale, elle se répand.

 

C’est du miel, c’est du fiel

On la croit tombée du ciel

Jamais nul ne saura

Qui la lance et qui la croit

C’est bien plus fort qu’un mensonge
Ça grossit comme une éponge
Plus c’est faux, plus c’est vrai
Plus c’est gros et plus ça plaît

Calomnie, plus on nie
Plus elle enfle se réjouit
Démentir, protester
C’est encore la propager.

 

Elle peut tuer sans raison
Sans coupable et sans prison
Sans procès ni procession
Sans fusil ni munitions

 

C’est une arme redoutable
Implacable, impalpable
Adversaire invulnérable
C’est du vent, c’est du sable

Elle rôde autour de la table
Nous amuse ou nous accable
C’est selon qu’il s’agit
De quiconque ou d’un ami.

 

Un jour elle a disparu
Tout d’un coup, dans les rues
Comme elle était apparue
À tous ceux qui l’avaient crue

 

La rumeur qui s’est tue
Ne reviendra jamais plus

Dans un cœur, la rancœur
Ne s’en ira pas non plus.

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