Avocats en turban ou Fondant au chocolat

AVOCATS EN RUBAN

6 personnes
Temps de préparation : 20 mn
Réfrigération : 3h
Pas de cuisson

Ingrédients:
3 avocats
une demi-tasse de mayonnaise
3 cuill. à soupe de crème fouettée
3 cuill. à soupe de jus de citron
2 cuill. à café d oignon haché
Une demie cuillère à café de piment en poudre
15 g. de gélatine
Un quart de litre d eau
Persil haché
Sel

Faites ramollir la gélatine dans une demie tasse d eau froide. Versez-la dans un quart de litre d’eau chaude.

Pelez les avocats et réduisez-les en purée.  (La purée d avocats doit être très fine, rien ne vaut le mixer pour obtenir ce résultat). Ajoutez le jus de citron. Salez.

Mélangez la purée d’avocats, la mayonnaise, les oignons haches, le piment en poudre et la crème.
Ajoutez la gélatine. Mélangez bien.

Versez dans un moule en forme de couronne et faites prendre au moins 3 h au réfrigérateur.

Démoulez au moment de servir et mettez dans le centre des crevettes décortiquées marinées dans de l’huile et du vinaigre et 4 cuillères à soupe de ketchup.

Saupoudrez de persil haché.

FONDANT au CHOCOLAT et aux RAISINS

Ingrédients
350 g. chocolat amer
100g. raisins secs
40gr amandes effilées
6 œufs
1/2 verre de rhum
1 tasse de café fort
300gr de beurre mou

Faire tremper les raisins dans le rhum pdt 30 mn
Faire fondre le chocolat au bain Marie avec le café
Puis incorporer le beurre, puis les raisins égouttés, les amandes, les jaunes d’œufs.
Bien mélanger et rajouter délicatement les blancs en neige.
Verser le mélange dans un moule en silicone et garder 12 h au frais
Servir avec une crème anglaise.
Bon appétit ! C’est délicieux !

Chœur de l’hiver

Notre citation de janvier et février pour surmonter les petites crises intérieures, avec humour …

« Quand vous êtes harassés de fatigue,

 pensez toujours à l’exemple de la bouilloire.

Elle a beau avoir le couvercle en ébullition, cela ne l’empêche pas de chanter. »

     CHŒUR DE L’HIVER de Jean-Baptiste Lully

tiré de l’opéra « Isis », tragédie lyrique en cinq actes de Philippe Quinault

mis en musique par Jean-Baptiste Lully (1632-1687)

5 janvier 1677

« L’hyver qui nous tourmente … »

L’opéra met en scène les dieux de l’Olympe et leurs amours.

Ici, la furie Erinye est sortie des enfers et  a rattrapé, sur ordre de Junon, la nymphe Io. Elle l’emmène dans des lieux de souffrance, et notamment dans un enfer glacé … A la suite de cette épreuve, Io deviendra la déesse Isis.

L’extrait que je vous propose est composé de multiples couplets durant lesquels Io se lamente, mais je me contenterai de vous livrer le refrain, en rapport avec la saison de janvier …

« L’hiver qui nous tourmente
S’obstine à nous geler,
Nous ne saurions parler
Qu’avec une voix tremblante.
La neige et les glaçons
Nous donnent de mortels frissons,
Les frimas se répandent sur nos corps languissants,
Le froid transit nos sens,
Les plus durs rochers se fendent. »

https://open.spotify.com/track/27lnoQEpAKImy8LeLrmpbu

Ce chœur est aussi appelé  « chœur des trembleurs » car pour créer l’effet dramatique souhaité, Lully redouble les syllabes sur la même note :

« Nou-ous  ne-eu  sau-aurion-ons, etc … qui rappellera à certains « l’air du froid » proposé l’année dernière.

Ma vie à grande vitesse !

Fini la pension, c’est ta première rentrée en tant qu’étudiant. Tout excité ce dimanche soir, tu montes dans le TGV pour Paris sous l’œil inquiet de tes parents sur le quai. Le train démarre, les wagons s’ébranlent en douceur puis accélèrent progressivement, les lumières défilent de plus en plus vite, le train accélère encore, et te voilà lancé à 320km/h. Cela s’arrêtera-t-il un jour, non c’est parti, c’est la vie qui défile. Paris, le métro bondé, les cours, le travail, les amis, encore le métro, ouf, tranquille chez moi, une pause ? Non c’est reparti, sms, WhatsApp, Facebook, je communique avec le bout du monde, mon esprit se déplace à la vitesse de la lumière, mais il s’agite, s’excite, s’inquiète…  1 ans, 2 ans, 5 ans ont passé, depuis cette première rentrée. Les études sont finies et c’est le boulot qui commence, pression du résultat, il faut réagir dans la seconde, répondre aux mails, au téléphone qui sonne. Un sms, tu réponds en traversant la route, BOUM !!!

Tout s’arrête, cette fois c’est fini. Nous sommes arrivés au terminus, tout le monde descend ! Qu’as-tu fait de ta vie ? Me connais-tu seulement, Moi qui t’ai fait signe plusieurs fois sur le bord de la voie ? Mais non tu allais trop vite, pas le temps de t’arrêter pour penser à Moi, pour penser à toi, au sens de ta vie, à la direction que tu prenais. Trop occupé pour penser à l’essentiel, à ton âme rachetée à grand prix par mon Fils bien aimé, tu as préféré la vendre uniquement au profit de la production de biens matériels sans y penser seulement, simplement parce tout le monde fait comme ça et que tu n’y as pas réfléchi un seul instant. Mais maintenant que tu as le temps, l’éternité, il est trop tard mon ami, c’est l’enfer qui t’attend.

Alors cher ami ne te laisse pas entraîner par le rythme infernal de cette vie hyper connectée et arrête-toi régulièrement en gare pour prendre du recul et redresser la direction par rapport à l’essentiel, par rapport au but de ta vie qui est le bonheur suprême, ton salut éternel et non les plaisirs fugitifs procurés par les bien matériels de cette vie passagère. Pour ce faire, quoi de mieux en ce début d’année que de prendre la résolution de faire une retraite spirituelle dans les mois qui viennent, belle occasion pour changer le rythme et l’orientation de ta vie. Ton âme en a besoin, elle qui s’asphyxie peu à peu alors pense à elle, c’est le prix du bonheur.

Charles

La douceur

Ma fille, laisse-Moi te rappeler ce qui, pendant des siècles, avant la révolution féministe

Faisait la qualité première de la femme

Que J’avais mise en elle dès la Création pour être l’aide de l’homme

Et dont bien des saints ont usé pour toucher les âmes,

La douceur

 Tu es soutien de l’homme comme de l’enfant, confiés selon ta vie

Par ta voix posée, ton regard souriant, tes gestes gracieux, l’élégance de ta mise,

Ton cœur enclin à comprendre la peine, à excuser sans complicité mais avec bonté,

A guider patiemment sachant attendre, à cause de

La douceur

 Sois consciente que tu es le « second » qui épaule, suggère et accompagne.

Celle qui est en dessous, soumise, pour porter et supporter,

Pour construire le cœur et l’âme,

Soutenant discrètement le monde, comme une pierre d’angle oubliée

Dans une mission magnifique, faisant grandir peu à peu vers Mon Père par

La douceur

Moi qui suis doux et humble de cœur, comme ma Mère

Je ne retrouve pas Celle qui m’a portée, qui par Sa compassion est co-rédemptrice,

Celle qui a consolé Saint Pierre repentant, et tant d’autres,

Dans les jeunes filles et les femmes se voulant désormais égales des hommes

L’occultant de sa place de meneur, de protecteur

En l’écrasant d’une ridicule arrogance, oubliant

La douceur

 Celle-ci n’est pas mièvrerie ni mollesse, et encore moins abdication de l’idéal.

Elle demande la force sur le long cours, bien souvent héroïque

Pour contrer le premier mouvement naturel et ainsi posséder ton âme,

Pour accepter humblement tes limites, tes faiblesses, et sans orgueil de tes dons.

Là seule est ta vraie place, gage d’une vie réussie sous Mon regard

Demande-Moi si tu ne l’as, la grâce de

La douceur

                                                                                                            Jeanne de Thuringe

Histoire des Styles 2 : Louis XIII

            Sous le règne d’Henri IV, avec l’accalmie qui suit les guerres de religion, un certain confort va se développer touchant le mobilier et les objets du quotidien. Avec le règne de Louis XIII, les grandes demeures sont davantage tournées vers l’agrément que la défense, les fenêtres s’ouvrent sur le monde et la symétrie s’impose. Pour relancer l’économie française, Henri IV fait venir à la cour, en son palais du Louvre, des artistes étrangers chargés de former des apprentis français dans des domaines aussi variés que l’ébénisterie, le tissage de tapisserie ou de la soie.

            A sa mort son épouse régente, Marie de Médicis, poursuivra dans le même sens ainsi qu’ensuite leur fils Louis XIII, malgré les difficultés politiques.

            Avec Louis XIV et le faste de la cour de Versailles, la France développera un savoir-faire en tous domaines, qui deviendra un modèle pour l’Europe entière.

            L’architecture du XVIIème siècle est marquée par la symétrie, avec d’amples bâtiments, des façades régulières sur lesquelles se trouvent parfois des éléments issus de l’antiquité comme colonnes, pilastres, frontons, balustrade. Les pièces d’habitation sont au premier étage, et le plus souvent en enfilade, tendant à se réduire à la fin du XVIIème siècle pour être plus commodément chauffées.

            Les corporations s’enrichissent de nouveaux métiers qui se diversifient : l’ébéniste se distingue du menuisier ; le tapissier garnit les sièges et crée d’amples décors de tentures.

            Le chêne est toujours utilisé comme au Moyen âge pour la fabrication des meubles, mais on trouve également des bois blancs plus légers pour des plateaux de table. Noyer et poirier sont aussi travaillés.

            Sous Louis XIII les bois sont cirés, et les premiers sièges apparaissent, garnis de crin de cheval et recouverts de velours, cuir, damas, ou de tapisserie, remplaçant les coussins mobiles. Ils sont fixés par de gros clous à tête de cuivre. Les pieds sont tournés en chapelet ou torsade, et la chaise à bras prend le nom de fauteuil en 1640. Certaines innovations comme la chaise de malade datent de cette époque.

Les tables sont toujours dressées sur des tréteaux pour les repas mais ce sont des petites tables très sobres au début, elles auront des pieds tournés par la suite.

Les meubles de rangement sont l’armoire, et le buffet à deux corps très apprécié depuis le milieu du XVIème siècle, parfois très richement orné.

            Les ustensiles pour le repas restent simples avec coupe, assiette, écuelle, pichet, en étain ou en argent. Il n’y a quasiment pas de verre, si ce n’est ceux des artistes italiens venus en France.

           En conclusion, le style Louis XIII se reconnaît à :

 Des meubles en bois foncés, massifs, d’allure sobre et architecturée.

Des pieds de table en spirale, en balustre ou en chapelet avec toujours un entrejambe en H.

Des sièges garnis avec également un entrejambe en H.

Des moulures importantes en pointe de diamant, en gâteau (en parts), en tas de sable sur les armoires.

Des ornementations de feuille d‘acanthe, de pied d’aiglon, de chimères.

                                                                                  Jeanne de Thuringe

 

Jouer avec son père; jouer avec ses enfants!

Samedi d’hiver, journée pluvieuse, les enfants ont été sages toute la matinée, mais à 14h…

  • Je ne sais pas quoi faire…On s’ennuie…Il m’embête…

Bernard Contact, le papa, absorbé dans un bon livre, a très envie de répondre :

  • Va jouer ! Laisse-moi tranquille…

Il se ravise, et avec un sourire :

  • Venez, on va jouer ensemble !…
  • Oh oui, papa !….Chouette !…

Bernard se lève et tout en réfléchissant :

  • Que voulez-vous faire ? Aviez-vous commencé quelque chose ?

En l’absence de réponse, il a le choix de jouer avec ses enfants, faire jouer ses enfants ou les encourager à jouer !

Jouer avec ses enfants

Aujourd’hui, Bernard s’assied par terre, dans la chambre avec eux, un bac de cubes (de Kapla ou de Légos) est sorti :

  • Nous allons construire la plus grande tour du monde ! Chacun à son tour met une pièce…

Evidemment, Marie l’aînée trouve que son  frère Louis -4 ans- est bien maladroit, Paul essaie de l’aider discrètement, Louis veut faire comme les grands et se rebelle….

Patatras, la tour finit par s’écrouler….

  • C’est de sa faute…Ouiinnn….
  • Bravo dit le papa, Bernard, en riant… Ce n’est pas grave, recommençons pour aller plus haut cette fois-ci !

Après avoir accompli deux ou trois jeux différents, les enfants contents, continuent à jouer calmement seuls. Bernard passe à ses papiers ou à son bricolage. Il vient de passer un « moment de qualité », témoignage d’affection réciproque avec ses enfants. Il a la joie du devoir accompli dans la bonne humeur. Il a appris sur ses enfants et a avancé dans leur éducation !

Rôle éducatif du jeu

En effet, le jeu se distingue de la distraction, en ce qu’il amène l’enfant à exercer ses facultés physiques et   psychologiques, développer son caractère et des compétences dont il aura besoin plus tard dans sa vocation d’adulte.

En observant l’enfant jouer, l’éducateur pourra plus facilement discerner, diriger ou orienter les tendances profondes de la nature de l’enfant.

Le rôle de l’éducateur sera donc multiple :

  • Découvrir les tendances et tempéraments des enfants
  • Orienter les passions : réprimer les passions dangereuses (orgueil, tricherie, colère,..) et encourager les autres (bienveillance, justice, joie,..)
  • Apprendre à « bien jouer » : seul ou en groupe, en encourageant les jeux actifs pour l’imagination, l’habileté, l’intelligence, les sens, l’échange avec les autres et en évitant les jeux passifs ou violents. Les parents s’assureront de la valeur morale des jeux !
  • Donner de la joie et développer la confiance en soi des enfants.

La vie est faite de réussites et de joies à encourager et partager, d’échecs ou de difficultés à surmonter. Le jeu aussi !

S’adapter aux tempéraments

Au sanguin qui passe de l’excitation du gagnant à la colère du perdant, vous apprendrez à se réjouir pour le vainqueur et à se maîtriser. Vous utiliserez son optimisme communicatif et encouragerez sa persévérance lorsque les difficultés ne se laissent pas franchir du premier coup…

Du bilieux, vous aimerez les talents d’organisateur, en l’encourageant à faire participer tout le monde, sans écraser les plus faibles, à faire preuve de justice et de bienveillance.

Le mélancolique adepte du « je n’y arriverai pas… » sera encouragé et aidé pour qu’il développe sa confiance en lui. Qu’il profite de sa capacité à prendre du recul pour réfléchir à la manière de dompter les difficultés qu’il voit mieux que d’autres !

« Pourquoi jouer plutôt que continuer à rêver ou à lire ? » vous dira le flegmatique… Vous saurez l’attirer par la joie d’être ensemble dans un jeu actif, ou par des jeux d’observation ou d’imagination qui aideront à le tourner vers les autres. Vous lui apprendrez aussi à se choisir de bons chefs dans les jeux collectifs et à ne pas se laisser écraser par une docilité excessive !

S’adapter aux âges

Le père de famille n’hésitera pas à se mettre par terre avec ses jeunes enfants, à adapter les règles et les difficultés pour leur permettre de gagner régulièrement mais pas toujours, et à jouer à leur niveau !

Qui n’a pas ri en jouant à cache-cache avec des petits, derrière les buissons chétifs du jardin de 200m2, qui ont bien de la peine à cacher l’anorak rouge ?

Comment ne pas s’amuser à voir la joie d’un enfant lorsque le papa rate (par un hasard parfois volontaire…) un bon coup à un jeu de mémoire (paires qu’on retourne, 7 familles), de cartes (crapette, barbu, tarot,..), de dames ou d’échecs, de ballon, ou à tout autre jeu de société…

 Les grands seront encouragés à être meneurs du jeu chacun leur tour, ou à conseiller les plus petits.

Même si les jeux où toute la famille peut se retrouver sont sympathiques, il est important de garder des temps de jeu spécifiques pour les grands de manière à garder le contact et à les aider à grandir en stimulant leurs plus grandes capacités.

Si vos aînés prennent parfois votre relais vis-à-vis des plus petits, vous avez transmis quelque chose ! Ne vous étonnez donc pas de voir votre fils de 17 ans, jouer à 4 pattes aux voitures ou aux Playmobil avec son petit frère, ou votre grande fille jouer avec sa sœur cadette de 8 ans plus jeune qu’elle ! Contentez-vous d’observer discrètement pour ne pas décourager ces complicités utiles pour l’avenir !

 Hervé Lepère

 Au prochain numéro : faire jouer ses enfants ou les encourager à jouer !

 

Bonne Année!

 Chère Bertille,

Me permets-tu de te souhaiter une bonne année de manière originale ?

J’aimerais en effet faire miennes les paroles de Monsieur de Charette et te les adresser en guise de souhaits.

« Notre Patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos pères ont aimé devant nous. Notre Patrie, c’est notre Foi, notre Terre, notre Roi. Mais leur Patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez-vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition.

Alors, qu’est-ce que cette Patrie narguante du passé, sans fidélité, sans amour ? Cette Patrie de billebaude et d’irréligion ? Beau discours, n’est-ce ? Pour eux, la Patrie semble n’être qu’une idée ; pour nous elle est une terre. Ils l’ont dans le cerveau ; nous, nous l’avons sous les pieds, c’est plus solide ! Et il est vieux comme le Diab’ leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu… Vieux comme le Diab’… on nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions…Faut rire ! Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver, pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur. »

 Ce « Testament » de Monsieur de Charette est aussi actuel aujourd’hui qu’il ne l’était hier.

Dire que la situation présente est oppressante et désespérante est devenue un lieu commun. Peu cependant veulent bien admettre qu’elle n’est en fait que la suite logique du démembrement de la société catholique amorcée par la Révolution dite, française.

Les ennemis de Dieu devaient en effet tout d’abord concentrer leurs forces à détruire la patrie charnelle avant de mettre à mal la patrie spirituelle. Il fallait détruire les traditions humaines de nos pères, le Roi, la patrie, pour détruire la tradition divine de Notre Père et son Royaume sur terre, la Sainte Eglise Catholique et Romaine.

Cela semble à priori étrange me diras-tu. Pourtant, vois-tu, l’autel qui est le centre de l’église et sur lequel se réalise le sacrifice de Notre Seigneur repose traditionnellement sur un roc naturel.

 Il en est de même dans l’ordre spirituel : les vertus naturelles forment le socle sur lequel se tient l’autel de la foi. L’Eglise repose sur les patries charnelles qui La défendent.

La Révolution, en s’attaquant à la patrie, avait en vue d’abattre un jour l’Eglise privée de défense et de défenseurs.

Les coups de butoir de la Révolution française, ont en effet détruit les fondements naturels de la société et créé en lieu et place ce que Marcel de Corte appelle finement la dissociété.

La société dans laquelle nous vivons se meurt car le bien commun a fait place aux intérêts personnels. Il ne s’agit plus pour l’homme de rechercher un bonheur en cultivant les vertus et de vivre en harmonie avec ses semblables, mais d’acquérir du pouvoir au détriment des autres. Nous vivons sous le régime du capitalisme sauvage. Il ne s’agit plus, comme cela était le cas dans la cité antique, de bien vivre mais de survivre et de jouir. Nous sommes dans l’aire de l’individualisme effréné.

L’absence de vertus se fait douloureusement sentir aujourd’hui.

L’homme est désormais une machine qui consomme. Il a sur le monde de pauvres idées toutes arrêtées qui ne sont en fait que des stéréotypes. Ils lui ont été inculqués par des médias aux ordres qui l’étourdissent et opèrent une déshumanisation systématique.

Désormais avili, l’homme est réduit à l’état d’animal n’ayant d’autre centre d’intérêt que de satisfaire ses instincts. Il lui est devenu difficile de réfléchir tant il est conduit par ses sens exacerbés.

Recroquevillé sur lui-même, préoccupé avant tout de sa survie et de ses satisfactions éphémères, la patrie ne saurait être au mieux pour lui qu’une idée. Elle n’est plus une réalité charnelle.

Aussi la foi ne reposant plus sur un roc solide ne peut-elle s’incarner. Elle en est réduite à n’être qu’un sentiment qui repose sur une sincérité à géométrie variable.

Aussi les sociétés, tant civiles qu’ecclésiastiques, s’en vont-elles à vau-l’eau et chacun adopte peureusement la spiritualité du chien crevé au fil de l’eau.

Tu comprends désormais certainement mieux pourquoi j’ai voulu te souhaiter une bonne année en faisant miennes les paroles de Monsieur de Charette. En son français rugueux et inimitable, Il a magistralement tracé une ligne de crête que nous devons suivre.

Il est l’heure d’être les défenseurs de notre patrie en respectant les traditions et les coutumes de nos Pères. N’ayons nulle crainte d’aller à contre-courant, il s’agit de défendre notre héritage et de le transmettre.

 Il est l’heure de nous consacrer au service de l’Eglise en entourant nos prêtres qui en ont tant besoin et nous préparant, par nos choix  quotidiens, à devenir des épouses et des mères.

Ce que nous avons reçu compte plus que ce que nous croyons être.

Au-delà de nos personnes, il y a le bien commun naturel de la société et le bien commun surnaturel de la foi à défendre. La vie serait-elle neutre ? Ne faut-il pas au contraire choisir hardiment ?

Etre « la jeunesse de Dieu, vivre de liberté intérieure », n’est-ce point s’engager dans cette double défense au mépris de nos aises et de nos avantages, en luttant contre l’esprit bourgeois qui nous guette et nous gangrène des miasmes de son libéralisme ?

Faisons nôtre l’esprit d’un Charette.

Placées en sentinelles sur la dentelle du rempart, soyons prêtes à défendre notre héritage sacré.

« Sommes la jeunesse de Dieu Bertille ! ».

L’être vraiment, tel est mon souhait pour cette nouvelle année qui commence. L’année sera belle alors, non sans souffrances. Mais toujours, nous savons que là-haut nous avons une Maman qui veille sur nous et nous entraîne sur le chemin du ciel ; alors gardons confiance !

 Foin de tristesse Bertille ! Le combat qui nous attend est beau. « Faut rire ! »

Je t’embrasse bien affectueusement.

 AZILIZ

Ma Bibliothèque

Vous trouverez ici des titres que nous conseillons sans aucune réserve pour chaque âge de la famille.
En effet ne perdons pas de vue combien la lecture d’un bon livre est un aliment complet ! Elle augmente la puissance de notre cerveau, développe la créativité, participe à notre développement personnel, nous distrait, nous détend et enfin elle enrichit notre vocabulaire.
Il faut, dès l’enfance, habituer vos enfants à aimer les livres ! Mais, quel que soit l’âge, le choix est délicat tant l’on trouve des genres variés… N’oubliez jamais qu’un mauvais livre peut faire autant de mal qu’un mauvais ami !

– Dès 3 ans : Mon grand livre illustré : La Nature – M. Lacey (Usborne)
– A partir de 6 ans : Trois Histoires – Benjamin Rabier (MicMac)
– 8-10 ans : Pour le Roi… avec Bertrand Du Guesclin – M. Vial Andru (Les Petits chouans)
– 12-14 ans : Le grand dérangement – H. Pérol (Clovis)
– Formation 15 ans et plus (filles): La mère, miroir de Dieu – Cal. J. Mindszenty (Parthénon)
Adultes (à partir de 16 ans)
– Formation-Méditation: Explication du Saint Sacrifice de la Messe – R.P . M de Cochem (Saint Rémi)
– Histoire : Le cheval rouge – Eugénio Corti (L’âge d’homme)
– Distraction : La sagesse du Père Brown – Chesterton (Omnibus)
– Réflexion : L’acédie, quand le cafard devient péché – coll. d’auteurs (Le Sel)

Pour compléter cette liste, vous pouvez vous renseigner sur les Cercles de lecture, René Bazin : cercleReneBazin@gmail.com (à partir de 16 ans- Culture, Formation)

La Revue : « Plaisir de lire » propose un choix de nouveautés pour toute la famille (distraction, histoire, activités manuelles) Envoi d’un numéro gratuit sur simple demande à PlaisirdeLire75@gmail.com

Vous avez dit, musique?

Notre monde actuel semble ignorer le silence. Que nous soyons en effet, dans un magasin, un supermarché, dans la rue ou bien chez nous, nous sommes « agressés » par toutes sortes de bruits et de musiques. L’homme voudrait-il se tenir loin de Dieu, Lui qui ne parle que dans le silence ?

Dans ce « paysage sonore », la musique tient une place importante. Mais sommes-nous capables d’apprécier cet art ? Car pour aimer, ne faut-il pas d’abord connaître ? Alors connaissons-nous la musique ? Exerce-t-elle une influence sur notre comportement ?

Commençons par définir ce qu’est la musique afin de mieux la connaître. Elle n’est pas une création ex nihilo, car elle a pour principe le son. C’est la cause matérielle, car cet art est fabriqué à partir du son. Restons avec la méthode de définition par les causes d’Aristote : qui la fabrique (cause formelle) ? Eh bien, le compositeur ! Qui mettra en forme un support : une partition, des signes, ou rien – ce sera alors ce que l’on appelle la transmission orale. Mais qui fait la musique (cause efficiente) ? Ce sont les interprètes qui la jouent sur des instruments ou utilisent leurs voix. Quel est enfin le but de la musique (cause finale) ? C’est la louange de Dieu ou le moyen de se divertir sainement.

Cette définition est un point de départ qui va nous permettre d’approfondir cet art.

Prenons tout d’abord la cause matérielle : le phénomène naturel appelé SON. Ce dernier possède quatre caractéristiques :

  • Le timbre est relatif aux harmoniques. En effet, lorsqu’on analyse un son, on s’aperçoit que certains harmoniques sont plus forts que d’autres, ce qui explique la différence entre un son de trompette et un son de piano par exemple. Le timbre correspond donc aux instruments.La hauteur est une fréquence qui se mesure en Hertz. Plus il y a de vibrations, plus le son est aigu et réciproquement. Il est peut-être utile de remarquer ici la différence entre un son et un bruit. Le son est composé de « mini-sons » très ordonnés appelés harmoniques. Quant au bruit, ses harmoniques sont diffus, il n’y a pas d’ordre, donc pas de hauteur. La hauteur est en relation avec la mélodie.
  • La durée se mesure en secondes et correspond au rythme.
  • L’intensités’exprime en décibels et représente le volume sonore. Elle se traduit en musique par les nuances (fort, doux…)

La mélodie est une succession ordonnée de sons. Elle est première car pour reconnaître un morceau, nous fredonnons sa mélodie.
Ces caractéristiques nous dévoilent un phénomène musical unique qui se présente sous trois aspects :

  • L’harmonie découle de la mélodie, elle lui est intrinsèquement liée.
  • Le rythme communique la vie à la mélodie et à l’harmonie.

Nous pouvons comparer ces trois aspects aux facultés de l’âme. La mélodie correspond aux éléments supérieurs, à savoir la raison avec son intelligence et sa volonté. Le rythme s’identifie aux éléments inférieurs, c’est-à-dire à l’appétit sensible, respectivement le concupiscible et l’irascible (sensualité / bestialité). Quant à l’harmonie, elle peut à la fois satisfaire les facultés supérieures et inférieures.

Passons à la cause finale qui nous tourne maintenant vers la vie de l’homme puisqu’elle va l’orienter.

Etant corps et âme, l’homme aura besoin autant d’une musique qui nourrit l’âme que le corps. C’est pourquoi, il a élaboré différentes musiques. Tout d’abord celle ordonnée à la prière qui est la musique liturgique. Elle a pour lieu l’église. Son plus parfait modèle est le chant grégorien. Comme il a été déjà dit, elle est celle qui loue et glorifie Dieu (cause finale). Ensuite vient la musique que l’on peut qualifier de « savante » car elle est généralement écrite. Elle sera élaborée car elle nourrit l’intelligence. Elle a pour lieu les salles de spectacle ou de concert. Enfin, nous arrivons au corps et à la sensibilité qui trouveront leur nourriture dans une musique que l’on qualifiera de « populaire » car elle est généralement transmise oralement. S’adressant au corps, elle mettra en avant le rythme. Elle peut être pratiquée en famille, avec des amis ou même sur la place publique. En effet, elle était autrefois un lien social ponctuant différents événements de la vie.

Ces trois « fonctions » de la musique sont complémentaires. Elles doivent s’harmoniser afin d’assurer l’équilibre de la nature humaine.

Après avoir vu objectivement ce qu’est la musique, nous pouvons à présent nous interroger sur ses évolutions.

Commençons par le « paysage sonore » qui nous entoure. L’homme moderne habite aujourd’hui un univers acoustique qu’il n’a jamais connu. Les bruits ont envahi sa vie. En effet, des chants d’oiseaux au marteau du maréchal-ferrant sur l’enclume puis aux roues des fiacres sur les pavés, il n’entend plus aujourd’hui que des sonneries de téléphones mobiles des marteaux piqueurs, des moteurs de véhicules…

 « La ‘pollution acoustique’ est aujourd’hui un problème mondial, nous dit Murray Schäfer en 1979 ! Le paysage sonore semble avoir atteint le comble de la vulgarité, faisant craindre aux experts la surdité universelle, si la situation n’est pas rapidement contrôlée (…) Il y a pollution sonore quand l’homme n’écoute plus, car il a appris à ignorer le bruit[1]. »

Cette première constatation nous montre que notre environnement sonore, de naturel qu’il était, est devenu artificiel voire nocif puisqu’il tendrait à « la surdité universelle. » En est-il de même pour l’art en général ? On observe qu’à la Renaissance, le règne de l’oralité s’efface au profit de la prédominance de la vision qui permet la naissance et la croissance d’un nouvel individualisme. Cette ère visuelle n’a cessé de progresser, extirpant l’art du réel pour l’attirer du sentiment au rêve et aboutir au virtuel. Salvator Dali (1904-1989) avoue lui-même cet objectif :

« Systématiser la confusion pour discréditer totalement le monde de la réalité[2]. »

La musique suit également cette progression. L’ascension de la puissance sonore, initiée par la révolution industrielle, trouve un écho dans la musique « savante » dont l’effectif orchestral ne cesse d’augmenter jusqu’aux gigantesques symphonies de Gustav Mahler (1860-1911). Sa symphonie n°8 est dite « des mille » donnant l’effectif des interprètes ! Le XX° siècle, quant à lui, suscitera un engouement pour les instruments à percussion – Ionisation, par exemple, est une pièce écrite par Edgar Varèse en 1931 pour treize percussionnistes –  et pour la dissonance voulue qui inclinent l’homme vers cette nuisance sonore.

Il en est de même pour la musique « populaire » qui évolue peu jusqu’au milieu du XIX° siècle. Le développement des voies de communication l’ouvre sur le monde. Son évolution sera sans précédent. L’apport de l’électricité lui dévoile le chemin de la puissance sonore et du bruit provoquant cette confusion dont parle Dali.

Par un schéma (cf FA 7 en pdf), relions, dans un premier temps, ce propos à nos trois aspects vus plus haut : la mélodie, l’harmonie et le rythme.

Ainsi le monde oral, où la voix véhiculait le verbe de Dieu, cède le pas au monde visuel, centré sur l’homme, capable de dire « je » depuis la naissance de l’opéra et de la musique concertante, pour enfin accéder au monde virtuel où l’homme s’enfonce de plus en plus dans l’individualisation et la subjectivité, allant vers ce qui le délecte.

Dans un second temps, voyons une autre confusion qui s’est progressivement opérée par la « défonctionnalisation » de la musique. Comme il a été démontré plus haut, l’homme a besoin de différentes musiques pour garder un équilibre. Celui-ci put se réaliser grâce au mécénat. Mais la « démocratisation » et l’émancipation de l’art au XVIII° siècle ont commencé à bouleverser les repères. La musique liturgique par exemple, se déplace vers les salles de concert. Ainsi, l’œuvre sacrée ne sera plus fonctionnelle. Elle ne fera que prendre appui sur des textes ou des faits religieux. Ce phénomène ne cessera de croître au cours des XIX° et XX° siècles. En effet, la musique vise plus à créer une ambiance pieuse, un sentiment religieux qu’à s’intégrer à la liturgie. La cause principale étant que la plupart des compositeurs écrivent aussi bien pour l’Eglise que pour le théâtre (opéra) et le concert, le tout dans un même langage musical. Par conséquent, musique liturgique et musique « savante » se confondent.

Au début du XX° siècle, certains compositeurs chercheront à renouveler leur langage « savant » en intégrant la musique « populaire » à leurs œuvres. C’est le cas de Béla Bartók (1881-1945).

La confusion arrivera à son comble avec l’invention de l’enregistrement et le développement des moyens de diffusion qui permettront d’entendre n’importe quelle musique n’importe où.

« La musique est dans une funeste décadence sans qu’on s’en aperçoive ; elle perd de jour en jour dans l’opinion publique. Des abus sans nombre s’y sont introduits, ils la menacent d’une ruine certaine, ou, au moins ils lui préparent une prochaine catastrophe. On l’enseigne mal, on ne l’étudie plus que mécaniquement ; et cet art intéressant, instructif et bienfaisant deviendra bientôt le jouet de l’ignorance[3]. »

Cette citation – tout à fait actuelle – date du début du XIX° siècle ! La lucidité de ce compositeur nous montre les travers qui conduisent la musique à n’être que « le jouet de l’ignorance. » Oui, cet art n’est plus enseigné. Pourquoi le fut-il pendant des siècles, de l’Antiquité à la Révolution ? C’est parce qu’il devait être connu afin d’être maîtrisé, car la musique, comme nous l’avons vu, influe sur notre âme. Déjà Platon avait constaté, dans La République, que des modes[4] engendrent la mélancolie d’autres la mollesse… Pour cela, il préconisait d’éviter l’introduction d’une nouvelle variété de musique car celle-ci pouvait mettre en péril l’état tout entier. La musique a donc une action sur l’individu mais également sur la société. Confucius, philosophe chinois (500 av JC) disait également :

« Si tu veux comprendre les mœurs d’un pays, écoute sa musique. »

Pour aller un peu plus loin, Hermann Hesse dans son livre les perles de verres (1972) reprend une théorie de la Chine ancienne selon laquelle il existerait des liens entre la musique et l’état :

« La musique d’une époque d’ordre est calme et sereine, et son gouvernement équilibré. La musique d’une époque inquiète est excitée et rageuse et son gouvernement va de travers. La musique d’un état décadent est sentimentale et son gouvernement est instable. »

Ces différents constats nous invitent en premier lieu à bien distinguer chaque musique par sa fonction et son lieu d’exécution puis à créer un équilibre. Nous avons besoin de toutes ces musiques, à des proportions différentes selon chacun et selon chaque âge. C’est pourquoi, dès son plus jeune âge, l’enfant doit être éduqué à ces différentes musiques, afin qu’il puisse les approfondir à l’âge adulte et ne pas s’enfermer dans les musiques commerciales que nous propose la société actuelle. Par conséquent, il est du devoir des parents d’éveiller leurs enfants à la musique « populaire » par la pratique de chants en famille, de la comptine aux chants de marins…

Pour les plus musiciens, il est primordial de restaurer le chant choral car il est la base essentielle de la musique et est totalement négligé de nos jours. Décapité à la Révolution, il fut quelque peu remis à l’honneur, mais depuis le règne de l’écoute individuelle, il a été tout naturellement écarté car il est aux antipodes de l’individualisme. Non seulement, il était le moyen d’apprendre la musique, mais également de la partager soit pour une saine détente, soit pour la louange divine.

La musique tient donc une place importante dans notre vie car nos oreilles n’ont pas de paupières ! Comme le vêtement que nous portons est plus le reflet de notre âme que la mise en valeur de notre corps, la musique que nous écoutons doit plus reposer, nourrir et élever notre âme que d’asservir notre corps.

Arnaud Chambade

[1] SCHAFER, Murray, Le paysage sonore, J.C. Lattès, 1979 / compositeur canadien né dans l’Ontario en 1933

[2] Tout sur l’art, Flammarion, p.429

[3] Anton REICHA (Prague 1770/Paris 1836), Texte inédit sur la musique comme art purement sentimental écrit entre 1810 et 1814

[4] Il s’agit d’une échelle de notes

Premier Mystère Douloureux

L’agonie de Jésus au Jardin des Oliviers.

Fruit  de ce Mystère : Le regret de nos péchés.

Là commence le grand drame de la Rédemption. Il fait nuit ; c’est après l’heure bénie où le Sacrement de l’Eucharistie a été institué. Jésus a quitté la chambre haute où pour la dernière fois il a épanché tout l’amour de son cœur dans ce grand message que nous devrions lire sans cesse. Il est parti dans la nuit ; il connaît le chemin. Voici la vallée du Cédron et ce petit bois d’oliviers si paisible. Voici maintenant l’heure où le sacrifice approche. Les disciples, las d’attendre, se sont endormis et Jésus s’est mis en prière sous ces oliviers argentés dans la nuit laiteuse et douce.

Prière de Jésus dans cette nuit, prière qui est en même temps une agonie par toute la souffrance lucide qui étreint son âme. O Vierge Marie, vous la pauvre maman anxieuse, à distance, avec les yeux du cœur, vous regardez votre bien-aimé. Vous êtes de ceux qui ne dorment pas cette nuit là. Vous voudriez tellement être proche à cette heure suprême où commence, dans la solitude qui doit durer jusqu’à la fin, la dernière étape douloureuse de la vie de votre Fils, celle pour laquelle il est venu en ce monde, l’étape dernière en haut de laquelle il n’y a plus que l’arbre de la croix pour s’y suspendre ! Dans la ville aussi, les ennemis ne dorment pas… Il y a Judas, il y a les pharisiens qui conspirent, suant de haine et d’orgueil. Seuls les amis dorment, malgré la plainte douloureuse : « Ne pourriez vous veiller un moment avec moi !… » Ils dorment. Il dort le bouillant, l’impétueux Pierre, il dort le grand jeune homme passionné qui reposait sa tête sur le cœur de son bien-aimé… Qu’elles sont peu de choses les amours humaines pour nous consoler aux heures de détresse ! N’y a-t-il pas des heures où seul peut veiller et souffrir avec nous Celui qui justement n’eut personne pour partager les angoisses de son agonie ?

Lui, il est là, seul. Il faut qu’il porte en ce moment le péché du monde, celui dont il va assumer la charge devant la justice de Dieu pour le racheter jusqu’à la dernière parcelle. Tous ces péchés qui déferlent comme une immense marée, les péchés passés, les péchés présents, les péchés à venir… « Que ce calice s’éloigne de moi ! » Il fallait qu’il fût poussé ce cri pour que nous ne nous découragions pas de pousser le même cri, pourvu que filialement nous ajoutions comme Lui, avec la même certitude d’un secours : « Père, que votre volonté soit faite ! »

C’est vers vous Vierge Marie, la mère qui avez tout connu des souffrances de votre Fils, que je me tourne afin de retirer ce fruit de la contrition sans lequel la rédemption pour moi serait inutile.

Avoir la contrition, c’est penser d’abord au rôle personnel que je joue dans ce grand drame qui commence. De cette « tragédie », je ne suis pas témoin, mais « acteur ». Ce ne sont pas les juifs de l’an 33, qui ont crucifié Jésus-Christ, ce sont les pécheurs de tous les siècles et, au milieu de cet immense cortège, je prends ma place : « je ne suis pas innocent du sang de cet homme ». Si je n’étais pas là, mes péchés y étaient, et chacun d’eux, des plus grands aux plus petits ont dû être expiés par une souffrance de Jésus… Est-ce que je le sais ? Est-ce que je sais avant mes confessions, mettre réellement ma tête entre mes mains pour regarder le Christ dans sa passion et me dire que c’est moi, moi qui suis responsable ! Ce que Jésus voyait à l’heure de l’agonie, ce n’était pas seulement Judas, le reniement de Pierre et la haine des pharisiens… c’était aussi mes péchés, ceux de mon adolescence, ceux de l’an dernier, ceux d’aujourd’hui. Mon orgueil, ma légèreté, mes négligences quotidiennes dans mon devoir, ma dureté de cœur envers mon prochain, mes coupables préférences pour moi-même… tout ce qui fait la trame de mes défaillances journalières, Jésus a dû l’expier dans la souffrance. Vierge Marie donnez-moi de comprendre « la malice du péché ». Aidez-moi, ô cœur de tendresse, qui connaissez seule la profondeur de la passion, à secouer cette apathie, cette froideur dans la contrition qui entrave mes progrès vers le bien. Obtenez-moi Vierge Marie de rompre une bonne fois avec les habitudes de péchés, de vous demander réellement pardon une fois, avec un cœur tout brûlant de ce repentir qui est une des formes de l’amour.

Avoir la contrition, c’est surtout avoir le désir de ne plus retomber dans les fautes dont on vient chercher le pardon. Il y a tant de choses dont je m’accuse -oh comme le mot est peu exact- sans avoir vraiment envie de les faire disparaître de ma vie… comme si j’en prenais mon parti. Tant de choses que j’accepte en moi-même, dans un demi-acquiescement, comme en fermant les yeux pour ne pas en voir la gravité. C’est tellement plus commode : cette petite rancune contre tel ou telle, cette négligence quotidienne d’un de mes devoirs d’état qui m’agace. Je dois à l’avance essayer de faire jaillir de ce cœur trop sec, en face de l’Amour de Dieu toujours prêt à pardonner, le sentiment profond que le pardon appelle la générosité, que chacune de ses absolutions est une grâce infinie et que si ma faiblesse n’est pas capable d’un repentir parfait, mon amour au moins doit s’efforcer de rendre ces fautes moins fréquentes, d’en avoir un regret de plus en plus grand, de marcher de plus en plus dans le chemin du perfectionnement intérieur.

O Vierge Marie, devant Jésus écrasé au jardin des oliviers sous le poids de mes fautes, donnez-moi la contrition profonde qui arrache l’âme à la médiocrité pour la lancer sur le chemin de l’amour.

Avoir la contrition c’est pénétrer aussi dans toutes les délicatesses de l’amour. Qui donc doit le plus aimer, si ce n’est celui qui a été le plus aimé ? Que m’importe au fond l’insolence, ou l’ingratitude d’un étranger ? Je l’oublie vite… Mais comme reste durable la blessure ouverte par l’ingratitude d’un ami ! Quelle stupeur devant son infidélité… A moi qui ai tant reçu en lumières et en grâces, à moi qui, comme saint Jean, ai reposé tant de fois ma tête sur le cœur de Jésus dans la communion, à moi qui comme Pierre ai cheminé tant de fois près de lui…

« Ne pouvez-vous pas veiller et prier un moment avec moi ? » Cette plainte, que Jésus n’ait pas trop souvent à me l’adresser. Que je ne sois pas de ces amis qui dorment dans leur médiocrité, alors qu’Il souffre pour eux, mais de ceux qui veillent avec générosité à ce que le mal trouve de moins en moins de complicité dans leur âme.

Vierge Marie, faites-moi progresser dans la contrition vraie, qui n’est pas une manière de se ratatiner sur soi-même et de stériliser sa vie dans la défiance malsaine de soi mais dans la contrition ardente. Donnez-moi de chercher toujours ce qui plaît à Dieu, de ne pas marchander mon effort dans la lutte contre les plus petites fautes. C’est de vous seule que je peux attendre cette grâce, et je la demande avec confiance en égrenant ces dix Ave….

D’après Paula Hoesl