Je vous salue Marie, pleine de grâces

           « Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit », et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra ainsi lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

 

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  Qu’il m’est facile d’imaginer le bel archange saint Gabriel s’adresser ainsi à La Vierge toute pure, dans sa maison de Nazareth ! Il arrive sans bruit, dans cette humble demeure où règnent le silence et le recueillement. La Vierge Marie est en prière, son âme est constamment tournée vers le Bon Dieu, même au milieu de ses occupations quotidiennes. Combien grande doit être la sainteté de cette jeune fille, pour qu’un ange s’incline devant elle, lui qui contemple Dieu sans cesse !

   Pleine de grâce, vous l’êtes, ô Marie, vous êtes un océan de grâces comme dit saint Albert le Grand. Conçue sans le péché originel, vous êtes la seule créature qui surpasse les anges, car le Bon Dieu vous a comblée de ses bienfaits, en prévision du jour heureux où vous alliez prononcer le « oui » qui détermina le salut de tous les hommes. Jamais le péché, ou même la simple négligence, n’ont terni la blancheur de votre âme si belle.

   C’est pourquoi je redis chaque jour, à la suite de l’ange, « je vous salue, Marie ». Je vous salue, ô vous ma co-rédemptrice, c’est-à dire vous qui avez tant aimé les âmes que vous avez accompagné votre Fils unique jusqu’à la Croix, pour les racheter. Je vous salue, Marie, et j’aime à prononcer votre nom, qui est le plus doux de la terre ! Le Bon Dieu a voulu que le salut arrive par vous, il vous a demandé d’être notre mère, et c’est pour cela que je vous appelle avec amour et confiance. Comment atteindre plus sûrement le cœur de Jésus, sinon en passant par sa très sainte Mère ? »

  C’est en se plongeant dans le cœur de Notre-Dame que l’on peut s’approcher de notre Père céleste. « J’ai beaucoup aimé voir l’Ange, dit François de Fatima, mais j’ai aimé encore plus Notre Dame. Ce que j’ai aimé le plus a été de voir Notre Seigneur dans cette lumière que Notre Dame nous a mise dans la poitrine. J’aime tellement Dieu !… Nous étions là à brûler dans cette lumière qui est Dieu, et nous ne nous consumions pas. Comment est Dieu ! On ne peut pas le dire ! Oui, vraiment, personne ne pourra jamais le dire ! » Les enfants de Fatima, et avant eux sainte Bernadette, ne désiraient plus qu’une chose après avoir vu la Sainte Vierge : mourir pour aller la revoir !

  Je me rappelle la parole de Dieu à Eve, quand il l’a chassée du paradis terrestre : « tu enfanteras dans la douleur ». L’enfantement de l’humanité s’est fait au pied de la croix, et comme vous deviez nous aimer pour accepter de prendre sous votre aile ceux-là mêmes qui crucifiaient votre Divin Fils ! Votre miséricorde est sans limite, oui, vraiment, vous méritez que l’univers s’incline devant vous, et je veux imiter l’ange, en répétant chaque jour après lui, je vous salue Marie, avec le plus profond respect et un amour sans bornes.

  Mon saint ange gardien, venez à mon aide pour honorer comme il faut ma douce mère du Ciel. Inspirez-moi les mots les plus tendres et les baisers les plus doux pour celle qui est pleine de grâce, la fleur la plus belle du jardin céleste. Soutenez-moi dans la récitation de mon chapelet, et peut-être pourrai-je faire un effort pour me tenir bien droit et sage pendant ce moment que ma chère Maman du Ciel affectionne tant. Je repenserai à la profonde admiration de l’Archange s’approchant d’elle, en ce jour où notre Sauveur s’est incarné. Et puisque, ô Marie, vous êtes ma Mère, je veux vous imiter en répétant chaque jour au Bon Dieu, au milieu de mon devoir d’état : Fiat !

 

Germaine Thionville

 

En avant

           La vie est une marche en avant, puisqu’elle est mouvement. Personne n’a jamais pu remonter le temps, revenir en arrière et changer ce qui fut.

A chaque instant, nous sommes face à deux options : rester immobile, avec nos habitudes et certitudes, sans remise en cause de nous-mêmes, ou bien réfléchir et se poser la question du bien-fondé du comportement qui, spontanément, nous anime.

 

Si je lis le Saint Evangile pour me mettre à l’écoute de la parole divine, voici ce que je trouve :

 

Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous persécutent.

Or notre premier réflexe est de nous cabrer, de vouloir rendre le mal au nom de l’honneur (amour propre plutôt) ou de ressasser des mois, des années ce qui nous a blessés, sans chercher à pardonner et à effacer d’un sourire.

Effort de dépassement de notre susceptibilité.

 

Malmené, il n’ouvrait pas la bouche.

  Notre Seigneur, pleinement Dieu, auteur de la création, connaissant le secret des cœurs, vit dans l’Incarnation et la Passion, l’injustice, la contradiction, la calomnie, la trahison.

Cherche-t-il à se justifier, à triompher par la force et le raisonnement de ses ennemis, à se défendre ? Non bien sûr.

  Or nous voudrions toujours nous défendre, ulcérés d’être incompris et moqués ou calomniés au lieu de laisser cela au Seigneur.

  Ce n’est pas le modèle du divin Maître.

  Effort de dépassement de notre orgueil.             

 

Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés.

Que savons-nous du secret des cœurs, de l’histoire et des blessures de chacun ? Des intentions, des bonnes volontés parfois maladroites et du chemin que Dieu a tracé pour chaque âme droite, à travers ses chutes et ses faiblesses.

Peut-être que celui que nous jugeons si sévèrement, sera avant nous dans le Royaume, et qui sait si nous y serons nous-mêmes ?…

  A force de vivre en lutte contre l’esprit du monde, nous finissons par développer une dureté de cœur et une méfiance envers chacun.

  Effort de dépassement de notre vue trop humaine.

 

Pleurez avec ceux qui pleurent, réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent.

Combien de fois restons nous campés sur nos égoïsmes sous prétexte de manque de temps pour ne pas écouter, ou rendre une visite qui soulagerait la peine sans même pouvoir faire autre chose.

Dans la joie, n’avons-nous pas, parfois, une secrète envie de ce qui va bien chez les autres, surtout si nous connaissons des difficultés, en même temps de notre côté. Notre cœur n’a pas alors la simplicité de la joie ou du bien qui se fait sans nous.

  Effort de dépassement de notre égocentrisme.

 

  Dans nos journées, si nous demandons la grâce de voir les évènements comme Dieu les voit, nous avons les moyens de ramer à contrecourant pour ne pas nous laisser emporter par ce qui ternit si vite la beauté de notre âme baptisée et purifiée à chaque confession.

  Alors, au lieu de nous plaindre et de maugréer, rendons grâce à Dieu de ce qu’Il permet pour nous lancer vers le Ciel et faisons feu de tout bois, nous souvenant que celui de la croix fut le préalable de la Résurrection.

  Forts de la foi en la parole divine, de l’espérance du Ciel et de la charité, lançons-nous

  En avant…

                  Jeanne de Thuringe

 

Aider à grandir

Vaste programme !

           Le sujet pose à nouveau le rôle des grands-parents dans l’éducation de leurs petits-enfants.

           Nous avons déjà exprimé, dans plusieurs articles précédents que, si les grands-parents pouvaient avoir un rôle, celui-ci devait rester discret, et surtout venir en complément de celui des parents. C’est une affaire délicate car il y a forcément des différences de conception dans la conduite de l’éducation…

  Croître, c’est évidemment apprendre mais c’est aussi – et peut-être surtout – réfléchir, partager, méditer, prendre du recul. On ne grandit pas si on ne médite pas ce qu’on a appris et si on ne le confronte pas à la réalité.

  Il nous semble que la position singulière des grands-parents et les conditions dans lesquelles ils reçoivent leurs petits-enfants leur permettent d’apporter un plus pour les « faire grandir ».

  D’une part, parce qu’ils bénéficient du recul donné par l’expérience et que l’éloignement des contingences immédiates de l’éducation leur offre des opportunités que n’ont pas toujours les parents.

  D’autre part, parce que leur position peut leur permettre une certaine connivence qui peut faciliter le passage de certains messages.

  En effet, bien souvent, la nécessité impose aux parents d’utiles contraintes qui canalisent leur système d’éducation. Dès le retour de l’école, le goûter, les leçons, le dîner… laissent peu de temps pour prendre du recul. Les conversations sont souvent limitées par la nécessité de « s’occuper des petits » ou de respecter les horaires tandis que les conversations avec les professeurs traitent essentiellement du niveau scolaire plutôt que de l’accroissement de la maturité de l’enfant. L’enfant engrange mais n’a pas assez le temps de maturer… Bien entendu, l’enfant progresse quand même car tout est lié mais les priorités sont souvent inversées.

  En revanche, la situation avec les grands-parents se présente différemment. Le temps des vacances présente des situations moins commandées par la nécessité et permet donc de « prendre du temps » pour faire les choses. Les règles de vie sont généralement adaptées et permettent de parler avec les grands dans un esprit de confiance et de liberté, difficile à créer au quotidien par les parents. Dans cet esprit, le recul, le moindre souci de l’immédiat, le changement de milieu, permettront différentes activités et surtout d’utiles conversations qui n’accroîtront peut-être pas significativement le nombre de connaissances des enfants mais les mettront en perspective. Une complicité avec les grands-parents – qui restera respectueuse bien entendu – permettra une pédagogie davantage fondée sur les encouragements que sur la contrainte et pourra participer à transmettre plus facilement un état d’esprit.

  Une fois de plus, nous observons que la position – en deuxième échelon – des grands-parents leur permet de compléter, de perfectionner l’éducation donnée par les parents.

  Pour finir, l’exemple n’étant pas la « meilleure des pédagogies, mais la seule », les grands-parents présentent le modèle de vie achevé et prouvent, par leur exemple, le bien fondé des messages qu’ils transmettent.

 

Des grands-parents

 

Etre ou paraître

           Il fait nuit. Il fait froid. Il doit être entre deux et trois heures du matin. Dans la ville, les rues sont désertes, ou presque. On croise quelques fêtards avinés, rentrant de soirée. Sur les façades, quelques rares fenêtres restent éclairées de flashs colorés, un écran de télévision passe un film devant des spectateurs avachis. Les lampadaires éclairent des rues tristes et sales. La ville, sans les atours du jour, paraît ce qu’elle est : sans cœur, sans vie, sans joie. Sous un pont, un misérable lutte contre le vent glacial, recroquevillé sous une couverture rendue rigide par la crasse. Quelques voitures passent, un boulanger parti faire chauffer les fours, une infirmière ou un ouvrier de nuit, allant prendre son poste ou retournant chez lui profiter d’un repos mérité. Le monde s’est éteint. La ville moderne n’a pas d’âme. Oh, il y a bien dans son cœur historique une vieille église, de hautes murailles, une tour altière, un ancien palais aux façades classiques. De vieux immeubles s’alignent avec grâce dans l’obscurité, certains ayant encore dans un coin une alcôve contenant une antique statue de la Vierge. Mais l’âme du pays s’en est allée. La ville paraît vivante, mais elle est comme un sépulcre blanchi. Elle a gardé la forme de la chrétienté, mais son âme est morte, tuée par le péché.

  Dans la campagne, la cloche sonne. Les étoiles brillent dans le ciel. Une brume traîne sur le pays. Dans les cellules, les moines se lèvent sans bruit. Ils revêtent leur bure, puis doucement descendent à la chapelle. En entrant, tous se signent. La voûte murmure, c’est le bruit des pas étouffés sur les dalles ; les stalles se remplissent. Soudain, une voix brise le temps et réchauffe la pierre : « Domine, labia mea aperies ». Les matines commencent.

  Notre monde est un monde du paraître. Sans cesse, ses enfants, réduits à l’état d’individus, cherchent la gloriole des hommes et la pompe de Satan. Ils se gavent d’un flot ininterrompu d’actualités, si vif, si volumineux que le débit ne permet pas la plus petite réflexion. Ils postent sur les réseaux sociaux, tous les jours, partout, sur n’importe quoi. Sans aucune pudeur, on dévoile à la terre entière son intimité, un baiser avec son conjoint, un sourire de son enfant, le contenu de son assiette ou même encore ses petites émotions pleines de bons sentiments à faire pleurer dans les chaumières. On pleurniche sur le sort des forêts sud-américaines, on s’indigne sur l’infortune des affamés par les guerres du monde, on proteste contre le sort réservé aux minorités, mais on ne voit pas le réel, on ne veut pas voir le mendiant sous sa porte, le voisin qui vit enfermé dans une solitude pire que la plus obscure prison, son concitoyen qui fait face à la ruine ou à la détresse. Même au travail, de plus en plus, il faut paraître. Faire semblant. Se montrer. Avec ses masques, ceux en tissu qui cachent le visage, ceux invisibles qui cachent tout son être pour paraître, pour se donner une image et une contenance. Jouer des coudes quitte à écraser un collègue, mentir, pour se mettre en avant. Dans ce jeu sans merci, tout devient mauvais théâtre, rôles de pacotille, bal des illusions mal dansé.

  Au fond de l’abbatiale, le silence enveloppe les moines. Pas un bruit. On entend presque la pierre respirer, doucement, portée par la terre, sous le regard du Ciel. Un moine en surplis rentre doucement, suivi d’un moine en chasuble. Génuflexion. Signe de croix. Un murmure, imperceptible, la messe commence.

  Le monde, lui, continue sa course. On s’agite mais on n’agit plus. On gesticule mais on ne maintient plus. On pleurniche mais on ne pleure plus. On ricane mais on ne rit plus. On s’abrutit de musiques insanes mais on ne chante plus. On consomme de plus en plus mais on ne donne plus à l’indigent. On accumule les amis sur internet mais on ne salue plus le passant de chair croisé dans la rue. On invective mais on ne débat plus. On condamne mais on ne pardonne plus. On palabre et on se pavane mais on ne parle plus. On prêche la tolérance et la différence, mais on ne sait plus écouter son prochain. On fait du yoga mais on ne médite plus. On consulte le psychologue mais on évite le prêtre. On étale sa vie à tous les vents mais on ne se confesse plus. On se crée des idoles mais on ne prie plus. On ment aux autres et à soi-même, on paraît mais on n’est plus.

  Le cantique à la Vierge s’achève, en un dernier soupir. Les religieuses sont agenouillées, le visage dans les mains. La nuit a saisi la terre. Le temps semble arrêté. Une prière silencieuse monte vers le Ciel et satisfait le Cœur divin. Les religieux et les prêtres tiennent le monde dans leurs prières. Ils ne paraissent pas, ils sont en Dieu. Ils se cachent dans le cloître, et pourtant, ils vivent plus véritablement que tous les hommes.

  L’air du temps souffle partout. Même les catholiques se bercent à ses illusions, s’accommodent de ses mensonges. Faisons le point sur notre vie : quelle utilisation faisons-nous des réseaux sociaux ? Ne sommes-nous pas en train de nous pavaner ? De jouer un mauvais rôle ? Pompes de Satan. Sommes-nous apôtres ? Ou taisons-nous la Vérité par convenance, par peur, parce qu’au travail, ce n’est pas le lieu ? Avons-nous oublié que chacun de nos collègues a coûté le sang du Christ ? Combien de temps passons-nous à regarder la télévision, des films ou des séries ? Ce temps si précieux qui s’égrène dans les mains de Dieu, ce temps qui coule inexorablement jusqu’à la mort ! Et combien de temps passons-nous à prier ? Où sont nos méditations et nos lectures spirituelles ? Quand nous manifestons et prions publiquement, prions-nous vraiment ou nous agitons-nous, plus inquiets de l’impact politique et médiatique de notre action que cherchant à toucher le cœur de Dieu ? Voyons-nous notre vie comme Dieu la voit ou comme les hommes la voient ? Voulons-nous paraître auprès des hommes ou être et demeurer en Dieu ?

 

  Méditons cela, à l’approche du Carême, qui pourra être l’occasion de faire le ménage, de couper un fil qui nous retient de devenir un saint. N’oublions pas, sans la prière, mais aussi sans la pénitence, nous ne pourrons nous approcher de Celui qui Est.

  Dans le froid de l’hiver, allongé sur son lit, tenaillé par l’agonie, un saint moine rend son âme à son Créateur. Oh, il n’y aura pas d’article de presse, de marche blanche bougie à la main, point de déclaration larmoyante et fausse, point de pleurnicheurs pour s’émouvoir sur les réseaux sociaux, rien de tout cela. Mais il y a les trompettes des anges qui proclament son entrée dans le sein de Dieu pour l’éternité. Qui les entend ? 

 

Louis d’Henriques

 

Ma bibliothèque

ENFANTS :

Pour les tout-petits : Dominos – Les oiseaux de mon jardin (livre et jeu) – Père Castor – 2021

Dès 8 ans : Réimpression de deux livres de la collection Chemins de lumière aux Editions Clovis : Saint Thomas D’Aquin et Saint Dominique Savio – 2021

– Activités manuelles dès 10 ans : Nichoirs, mangeoires et Cie – Terran – 2021

– A partir du collège :  Le sable et la croix – V. Duchateau – Plein Vent – 2021

– Pour enfants et adolescents : Six Chemins de Croix pour enfants – Abbé Patrick Troadec (Les cinq premiers s’adressent à des enfants de huit à treize ans, le dernier à des jeunes de quatorze à dix-huit ans) Via Romana – 2022

 

ADULTES (à partir de 16 ans) :

– Education : L’âme de la femme – Gina Lombroso – Saint Rémi – 2022

– Spiritualité : Le Saint homme de Tours – H. Lannier – A commander sur BOD librairie – 2021

Histoire religieuse : Les martyrs de Chine parlent – R.P. Monsterleet – à commander au Moulin du Pin 53290 Beaumont Pied de Bœuf – 2021

Roman : L’étape – Paul Bourget – Clovis – 2021

– Histoire : Jean L’Herminier -I. de Saizieu – 2021  

 

Pour compléter cette liste, vous pouvez vous renseigner sur les Cercles de lecture René Bazin : cercleReneBazin@gmail.com  (à partir de 16 ans- Culture, Formation)

 

 

La Revue : « Plaisir de lire » propose un choix de nouveautés pour toute la famille (distraction, histoire, activités manuelles) Envoi d’un numéro gratuit à feuilleter sur écran, à demander à : PlaisirdeLire75@gmail.com 

 

Actualités culturelles

 Israël (Césarée)

           Des recherches archéologiques menées au large de Césarée ont permis de retrouver des vestiges provenant de cargaisons de navires échoués. Parmi eux, une bague octogonale ornée d’une pierre précieuse verte sur laquelle on distingue, gravée, l’image d’un jeune berger en tunique portant un mouton. Aucun doute : il s’agit bien d’une représentation du Bon Pasteur vieille de 1700 ans. Ce genre de représentation, que l’on retrouve de façon régulière dans les catacombes de la même époque, est très rare sur une bague. 

  • Italie

  Le ministre de la culture italien, Dario Franceschini, a annoncé sa volonté de restituer une centaine d’œuvres d’art aux églises et monuments italiens qui les accueillaient à l’origine. Cette opération concerne les œuvres de quatorze musées, actuellement cachées dans les réserves. Il ne s’agit néanmoins que d’une restitution temporaire de 10 ans renouvelables. Une occasion inespérée de contempler des œuvres cachées jusqu’à nos jours !

  • France (Bayonne)

  Face au projet d’extension du musée Bonnat-Helleu à Bayonne, l’INRAP (Institut National des Recherches Archéologiques Préventives) s’était mobilisé pour réaliser en amont des recherches archéologiques sur le terrain. C’est ainsi qu’il a pu mettre au jour les vestiges d’un couvent dominicain présent dans l’enceinte du petit Bayonne du XIIIe au XVIIIe siècle environ. Les archéologues ont également retrouvé des traces de constructions civiles recouvrant les mêmes époques.

  • France (Narbonne)

  Le 11 décembre dernier a eu lieu l’inauguration officielle de Narbo Via, nouveau musée dédié à l’histoire romaine de la Narbonne antique. L’objectif est de faire revivre la célèbre cité antique de Narbo Martius, première colonie romaine fondée en dehors de l’Italie en 118 avant J.-C. L’ensemble du patrimoine romain de Narbonne est désormais rassemblé dans ce musée qui retrace l’histoire de la ville depuis la fin de l’âge de Fer jusqu’au Haut Moyen-Age.

 

 

Faire grandir son enfant

           Nos enfants, je ne vous l’apprends pas, sont ce que nous avons de plus cher sur cette terre. Que ne sommes-nous pas prêts à mettre en œuvre pour leur bien-être, leur satisfaction, leur joie de vivre ! Oui, nous voulons les voir souriants, ne manquant de rien, ne souffrant d’aucun tourment… Et souvent cela nous conduit à les détourner du vrai but de notre mission parentale, le bonheur du ciel. 

  En venant sur la terre, Notre-Seigneur est venu dire aux hommes qui était son Père dans le ciel, et leur montrer ce qu’il fallait faire sur la terre pour aller à Lui : le connaître, l’aimer et le servir par la prière, le devoir d’état, l’amour du prochain, le sacrifice… C’est donc la voie à suivre dans notre éducation.

  Nous observons, autour de nous, même dans les milieux catholiques, beaucoup de parents qui essaient de préserver leurs enfants de toute épreuve physique ou morale, de toute privation, de toute contrainte… Combien voyons-nous aujourd’hui d’enfants et d’adolescents incapables d’affronter l’adversité, de prendre sur eux pour l’accepter ou la combattre ; qui subissent les événements parce qu’on ne leur a pas appris à se dépasser en faisant preuve de caractère et de volonté.

  C’est tout petit que nous donnerons l’esprit de sacrifice et le sens de l’effort à notre enfant, en ne cédant pas à ses caprices, en ne le protégeant pas de tout. S’il tombe sans se faire mal, laissons-le se relever. Comment se relèvera-t-il plus tard, lorsque les épreuves de la vie se chargeront de le faire tomber, si on ne le lui a pas appris ? Comment trouvera t-il le courage d’affronter l’adversité ou d’encaisser un coup dur si on ne l’a pas laissé faire les choses « tout seul » (fermer les boutons de son manteau, ranger sa chambre, rendre service…) dès qu’il en a été capable ? Tout jeune, donnons des exigences à notre enfant qui doit savoir obéir tout de suite et sans grogner, prêter ses affaires, terminer ce qu’il a commencé, non seulement parce que Papa ou Maman l’a demandé mais aussi pour les faire de bon cœur… Et si Maman est contente, Jésus est content aussi !

  L’enfant et l’adolescent ont eux-mêmes à se priver, à faire l’effort, à supporter leur part de la vie. Si les parents veulent que leurs enfants soient forts face à la tentation, et courageux dans les combats de chaque jour, ils doivent être familiarisés avec l’effort. Comment se fortifieront-ils si leur mère se précipite auprès du professeur pour réparer une injustice de quelques demi-points au dernier devoir, ou pour expliquer (avec renfort de larmes parfois !) que la punition est beaucoup trop lourde ?! En plus de discréditer auprès de l’enfant ledit professeur auquel on aura donné tort, et dont on aura ainsi sapé l’autorité, le parent aura fait preuve de faiblesse auprès de son enfant. Comment voulez-vous que votre enfant grandisse et devienne responsable de ses actes si vous abaissez les barrières qui sont là justement pour l’aider à se construire ? Quel adulte voulez-vous vraiment que votre enfant soit demain ? Oui, il aura des croix à porter toute sa vie, il n’y a pas de ciel sans croix. Dieu lui-même a voulu cela pour son propre fils qu’il n’a pas épargné, loin de là !

« Mais je ne supporte pas de le voir souffrir ! » Alors, madame, aidez-le à porter ses croix au lieu de les lui porter. Les parents ne sont pas là pour empêcher leurs enfants de souffrir, mais pour aider, encourager et souffrir avec eux s’il le faut. Ce n’est pas la Sainte Vierge qui a été crucifiée à la place de son fils, et pourtant elle était là, debout au pied de la croix, silencieuse mais présente… Et elle priait en souffrant avec lui.

  C’est lorsque votre enfant sera encore petit que vous l’encouragerez et le consolerez doucement en lui demandant d’offrir sa peine, son sacrifice, la petite dispute, en donnant son cœur à Jésus dans une petite prière ou un baiser. Vous l’aiderez à reconnaître ses torts, ou trouverez quelques excuses à l’adversaire tout en lui disant que vous pouvez comprendre cette colère qu’il ne doit pourtant pas garder au fond de lui. Vous tempérerez sa nature rebelle avec tact ou même en le taquinant !

  Plus vous aurez fortifié le caractère et la volonté, mieux vos enfants traverseront et surmonteront leurs épreuves. Donnez-leur aussi le sens de la générosité, du don d’eux-mêmes, apprenez-leur à se détourner de leur petite personne pour se rendre utiles et agréables aux autres. Laissez-les prendre des initiatives, des responsabilités, et tant pis si le premier gâteau a un peu trop roussi dans le four, ils tireront les conséquences de leurs actes et se corrigeront d’eux-mêmes pour les fois suivantes, c’est comme cela qu’on devient humble et responsable !

  Plus tard, les chagrins seront plus grands, les blessures plus profondes, ainsi que les rancœurs. Les échecs auront de plus graves conséquences et certaines peines ne guériront peut-être jamais…Vous resterez consolateurs, écouterez avec patience. S’il y avait un conflit avec un professeur, un chef scout, l’autre parent, un prêtre ou toute personne détenant une autorité sur l’enfant, vous devez toujours soutenir l’autorité et ne pas prendre parti systématiquement pour votre enfant. Donnez des circonstances atténuantes pour minimiser les griefs, et prenez du recul afin d’aider l’enfant à accepter ce qui le peine ou le contrarie. Vous le connaissez suffisamment pour savoir, qu’il peut exagérer et aggraver les choses, mais si vous le voyez vraiment dans la révolte, il est possible que quelque injustice soit arrivée. Dans ce cas, on trouvera discrètement la personne concernée pour savoir ce qui s’est passé et, au besoin, s’entendre pour rectifier une parole ou une action inadaptée. Mais cela doit rester tout à fait exceptionnel, et sans que l’enfant en ait connaissance.

 Ce n’est pas parce que la colère ou le chagrin est passé que tout va bien… Il reste souvent encore un petits poids sur le cœur de notre enfant, une amertume, un regret, et cela peut être long avant de disparaître, et c’est vrai que cela est douloureux à notre cœur de père et de mère. Nous poursuivrons alors notre travail en soutenant de nos prières, à deux et dans le secret. Parfois, nous avons tout dit pour mettre en garde notre enfant qui s’égare (mauvaises influences, mauvais choix de vie, mauvaises occupations ou habitudes…), et rien ne change. Il faut encore se surpasser dans le sacrifice, et le déposer entre les bras de la Providence avec une confiance dont seuls des parents aimants sont capables, nous en serons toujours récompensés. Oui vraiment, une bonne éducation est aussi la sainteté des parents !

       

Sophie de Lédinghen

 

 

Après Traditionis Custodes,comment garder la Tradition?

C’est le thème du XVIème congrès de la revue Si si no no, organisé avec DICI, qui s’est tenu le 15 janvier 2022 à Notre-Dame de Consolation à Paris devant une nombreuse assistance, très intéressée par ce sujet que l’actualité religieuse de ces derniers mois a mis au premier plan. Le motu proprio Traditionis Custodes du 16 juillet 2021 a, en effet, considérablement restreint la possibilité pour le clergé diocésain et les prêtres des communautés ralliées à Rome de donner les sacrements selon le rite traditionnel. Les responsa ad dubia – réponses aux objections – publiées le 18 décembre 2021 par la Congrégation du culte divin ont donné de ce texte une interprétation extrêmement stricte. De telles célébrations ne sont plus possibles pour les confirmations et les ordinations et sont réservées aux paroisses personnelles pour les baptêmes et les mariages. Quant aux messes, elles sont soumises à un strict régime d’autorisation. L’interdiction de créer de nouvelles paroisses ou même de nouveaux groupes va considérablement limiter l’apostolat des communautés Ecclesia Dei ainsi que la possibilité pour le jeune clergé diocésain de promouvoir, au sein de l’Eglise officielle, un mouvement conservateur encore timide mais réel.

  Les six conférences ont été données par les abbés Portail, Lorans et Gleize, M. Viain, et enfin, les abbés Espinasse et Pagliarani. Elles ont porté sur l’histoire des indults et motu proprio relatifs à la célébration de l’ancienne messe, les relations entre celle-ci et le Concile, le rôle des laïcs dans le combat pour la messe et sa place occupée dans l’Eglise en France, avant la conclusion du Supérieur général. Les actes du congrès devraient être publiés dans les prochains mois, mais il est déjà possible de donner un aperçu des principales thématiques abordées.     

  L’histoire des six indults et motu proprio qui se sont succédés depuis 1969 sur la possibilité de célébrer la messe selon le rite traditionnel est instructive car elle permet de dégager quelques constantes au-delà des modalités qui ont pu varier dans le temps. Au début des années 1970, Paul VI répond déjà par la négative au philosophe français Jean Guitton qui plaide auprès de lui pour une libéralisation de la messe de saint Pie V, au nom de l’unité ecclésiale et parce que ce serait une condamnation du concile Vatican II.  En 1984, l’indult qui donne aux évêques le droit d’autoriser la célébration de la messe selon le rite traditionnel, tout en enserrant celle-ci dans des conditions strictes, réserve cette possibilité à ceux des catholiques qui ne remettent pas en cause la validité et la légitimité de la nouvelle messe.  Cet indult a fait l’objet d’un élargissement aux communautés créées après les sacres de Mgr Lefebvre en 1988, sans que cette limitation ait disparu. Nous retrouvons tous ces éléments dans le motu proprio de juillet 2021 et même certains d’entre eux dans le motu proprio Summorum Pontificum édicté par Benoît XVI en juillet 2007. Un autre trait caractéristique de ces textes est l’éclairage donné sur leurs fins pastorales. Ils s’adressent à des fidèles présumés âgés qui ont du mal à accepter les changements apportés par les réformes liturgiques et auxquels un temps d’adaptation est nécessaire. Dans les indults de 1984 et de 1988, ainsi que dans le motu proprio de Benoît XVI, il existe une volonté de désenclaver les catholiques traditionnalistes en les intégrant dans un courant conservateur de l’Eglise conciliaire dans le but de les faire converger progressivement vers l’acceptation de la nouvelle messe et du concile. Le régime beaucoup plus strict applicable aux célébrations selon l’ancien rite a suscité, dans ces communautés, des réactions en général plus fortes chez les laïcs que chez les clercs, mais leur acceptation de ne pas contester la validité et la légitimité de la nouvelle messe bride leur capacité de résistance.

  En reprenant les textes sur la célébration de l’ancienne messe, nous nous heurtons, au moins depuis 1984, à une contradiction : alors que les autorités romaines proclament de façon constante que la nouvelle messe est, avec la liberté religieuse, la collégialité et l’œcuménisme, un des fruits du concile Vatican II, l’autorisation donnée de pouvoir célébrer selon l’ancien rite est subordonnée à la reconnaissance de la validité et de la légitimité de la nouvelle messe et à l’absence de contestation du concile. L’actuel préfet de la congrégation du culte divin, Mgr Roche, a clairement affirmé que l’ancienne messe « diverge de la réforme conciliaire ». 

  Le motu proprio de 2007 Summorum Pontificum de Benoît XVI s’est écarté, au moins en apparence, de cette approche. Au-delà de la concession capitale de l’absence d’abrogation de l’ancien rite de la messe qui contredit certaines déclarations du pape Paul VI, il repose sur un équilibre plus subtil que réaliste :  il n’y pas d’opposition entre les deux messes, la nouvelle et l’ancienne représentent respectivement la forme ordinaire et la forme extraordinaire de l’unique rite romain et les deux ont vocation à s’enrichir mutuellement l’une et l’autre.  

  Les différences entre Summorum Pontificum et Traditionis Custodes doivent cependant être relativisées. Dans les deux motu proprio, la messe de saint Pie V ne constitue pas la norme. Pour Traditionis Custodes, la nouvelle messe est la seule expression du rite romain. Pour Summorum Pontificum, elle a une prévalence de principe sur l’ancienne. La forme ordinaire a un caractère permanent et durable, la forme extraordinaire présente un caractère contingent et provisoire. En 2008, Benoît XVI, parlait au sujet du motu proprio Summorum Pontificum d’« un acte de tolérance ». Or l’objet de la tolérance est de permettre un moindre mal en vue d‘un plus grand bien. Pour paraphraser Louis Veuillot, c’est une illusion libérale de croire que l’erreur tolérera toujours la vérité.     

  Les raisons de s’opposer à la nouvelle messe ont été amplement exposées, en premier lieu dans le Bref examen critique signé par les cardinaux Ottaviani et Bacci puis par d’éminents auteurs comme Louis Salleron et Jean Madiran. Il ne s’agit pas de préférences personnelles ou esthétiques qui devraient céder le pas devant le bien commun de l’Eglise mais de raisons d’ordre doctrinal. Le nouveau rite s’est éloigné de la théologie de la messe définie par le Concile de Trente tant en ce qui concerne le rôle du prêtre, la présence réelle et la fin propitiatoire du sacrifice.  Le frère Max Thurian de la communauté protestante de Taizé admet la possibilité pour des protestants de célébrer leur cène en utilisant le nouveau missel alors que cela eût été impossible avec l’ancien. Le frère Schulz, de la même communauté, reconnaît des similitudes ente les nouvelles prières eucharistiques et la messe luthérienne. 

  Au-delà de l’enjeu théologique, de loin le plus important, il faut se demander si la libéralisation de la messe de saint Pie V constituait une menace pour l’Eglise conciliaire. Le journal La Croix parlait en juillet 2021 de petite minorité en croissance pour caractériser les catholiques Ecclesia Dei. En France, 60 000 fidèles assistent chaque dimanche dans 250 lieux de culte – dont le nombre a doublé entre 2007 et 2021 – à la messe tridentine célébrée, dans la moitié des cas, par des prêtres diocésains et, pour l’autre moitié par des prêtres appartenant à des Instituts. Ces 60 000 fidèles représenteraient 4 % des pratiquants français. Ces chiffres ne prennent pas en compte les fidèles qui fréquentent les centres de messe de la Fraternité Saint Pie X.  Le ton très offensif de Traditionis Custodes tranche avec la déchristianisation rapide des pays d’ancienne chrétienté : pour rester en France, le nombre annuel de baptêmes a été divisé par deux entre 2000 et 2018 pour descendre à 215 000.     

  La conclusion revenait bien sûr au Supérieur général. Le motu proprio Traditionis Custodes concerne au premier chef les communautés Ecclesia Dei mais celles-ci sont très liées à l’histoire de la Fraternité Saint Pie X et, en particulier, aux sacres conférés par Mgr Lefebvre en 1988.  Summorum Pontificum a été conçu pour conforter l’aile conservatrice de l’Eglise sans remettre en question les causes de la situation que Benoît XVI voulait améliorer. Le choix de la Fraternité est de garder la liberté inconditionnelle de professer la vraie foi en laissant à la Providence le soin d’en gérer les conséquences plutôt que de soumettre une telle possibilité à la volonté d’une autorité qui marche dans le sens opposé. La Fraternité Saint Pie X ne demande pas un autel latéral, fût-il privilégié, dans une Eglise ouverte à tous les courants, elle demande la foi et la messe tridentine, inconditionnellement, pas seulement pour elle-même mais pour toute l’Eglise.  

Thierry de la Rollandière

 

Enfin la retraite !

           L’un de nos lecteurs nous a envoyé un article, qui fait suite à notre précédent numéro. C’est bien volontiers que nous le publions. Nous le remercions vivement pour sa généreuse participation.

           Que de rêves n’avons-nous formulés en attendant la retraite ? Que de projets et sollicitations avons-nous repoussés pour ne pas nuire à notre devoir d’état ?

  Mais qu’est-ce que la retraite ?

  Pour certains elle est attendue comme de grandes vacances, pour d’autres, c’est la rupture brutale d’une activité principale et d’un rythme de vie ; pour d’autres encore, c’est une diminution d’activité (certaines entreprises pratiquent même la retraite progressive) mais pour tous, c’est un changement de vie et d’activité important, libérant du temps disponible, l’occasion de redéfinir ses priorités.

  Dans mon entreprise, de nombreux retours plus ou moins dramatiques de jeunes retraités, désorientés, perdus, déprimés, avaient alerté les services des ressources humaines sur la nécessaire préparation à la retraite.

  Une formation sur deux jours fut mise en place ; quelques années plus tard cette formation était toujours en tête des indices de satisfaction. Je me décidai à la découvrir.

  L’idée de base était que chaque participant ressorte de la formation avec son livre de retraite rempli, divisé en 3 parties avec les consignes suivantes :

 – Premier chapitre : placer les occupations dont vous avez toujours rêvé mais que vous n’aviez pas le temps de réaliser, des activités pour lesquelles vous aimeriez consacrer du temps et de l’énergie, à condition que ce soient des activités où vous réaliseriez quelque chose.

 – Deuxième chapitre : pris par la vie professionnelle, vous avez peut être mené des vies parallèles avec votre conjoint, c’est le moment de se rapprocher et d’inventer des activités à deux. Consigne : placer des occupations communes.

 – Troisième chapitre : la retraite peut être un temps de repli ou d’isolement. Plus d’écoles ou d’entreprises pour retrouver un environnement social. Réfléchissons à donner de notre temps pour les autres : que ce soit la visite de malades ou de personnes âgées, aider dans une association, auprès de jeunes, etc. Ce temps donné est très gratifiant et nous donnera le sentiment d’être utile : placer des occupations au service des autres.

  La session fut animée, des questions surgissaient, des idées aussi, des difficultés apparurent, notamment pour remplir le deuxième chapitre, bref les stagiaires construisaient leur nouvelle vie.

  Si cette formation fut un succès, c’est à mon sens que les travaux demandés répondaient aux questions que chacun se posait : qu’est ce qui est important dans la vie, comment se rendre utile, conserver un rôle dans la société, comment rendre belle et heureuse cette nouvelle période de notre vie ?

– La grande affaire de notre vie

  Bien sûr la grande affaire de notre vie est de gagner notre ciel, aussi la retraite en offrant du temps disponible et moins de soucis matériels est un moment favorable pour s’y préparer.

Nos abbés sauront très bien nous y aider pourvu que nous leur demandions.

Le choix de sa résidence est important. Mon voisin rêvait de passer sa retraite au bord de la mer ; la proximité d’une paroisse ou d’un prieuré apparaîtra sans doute plus essentielle.

Plus précisément, nos prêtres nous recommandent de suivre une retraite spirituelle chaque année, ou au moins tous les deux ans. Pendant notre vie professionnelle, un tel rythme était souvent impossible. Pour un retraité, cela devrait être possible. Tous ceux qui ont essayé disent que cela vaut la peine !

Nos abbés nous conseillent aussi de lire des ouvrages de piété ou de doctrine. Mais le temps nous manquait souvent pour appliquer ces recommandations. Une fois à la retraite, cela devient possible. Nombreux sont peut-être les livres qui occupent les étagères de notre bibliothèque et que nous n’avons jamais ouverts !

Nos prêtres nous répètent souvent qu’il est utile et même nécessaire de prier et de recevoir les sacrements. Là encore, il faut bien reconnaître que, par le passé, notre surcharge de travail ne nous a pas permis d’être à la hauteur. Maintenant, il est plus aisé d’aller à la messe en semaine, de réciter le chapelet sans précipitation, et même parfois d’assister à un salut du Saint Sacrement ou un chemin de croix.

– Transmettre

  Au moment du départ à la retraite, ce que nous avons reçu, les histoires de la vie, les expériences acquises, peut-être les épreuves rencontrées, seront autant de choses qui pourront être utiles à transmettre aux générations suivantes.

  Donner des cours ou des conférences, écrire des livres ou des articles ou simplement prendre la peine de raconter, de parler, peu importe le moyen mais quelle nécessité de transmettre cet héritage ! Et quel bonheur ce sera alors d’instruire, de fixer des repères, de donner des exemples, de faire aimer notre pays et notre religion.

 

– Donner du temps pour les autres

  Lors de notre formation, chacun avait son idée pour donner un peu de son temps, et en ressentait la nécessité, notamment pour retrouver un environnement social. C’est une nécessité pour le retraité, mais c’est surtout une réponse adéquate à un réel besoin du prochain. Le Christ a dit : « Tout ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le ferez ». Ils sont innombrables, les gens qui ont besoin de nous. Par exemple, les multiples associations qui gravitent autour de la Tradition cherchent sans cesse des bénévoles, et n’en trouvent jamais suffisamment. Les prieurés aussi sont souvent à la recherche de personnes disposant d’un peu de temps pour des activités très variables : comptabilité, ménage, organisation de kermesse, de procession ou de pèlerinage, sacristie, secrétariat, couture, enseignement du catéchisme, procure, etc. Dans les écoles également, les bénévoles sont bienvenus : surveillance, service de cantine, jardinage, entretien des bâtiments, enseignement, etc. C’est donc une excellente initiative que le jeune retraité propose ses services explicitement à son prieur ou à telle association. La charité étant la plus importante et la plus excellente des vertus, celle qui nous rapproche de Dieu, nous pouvons difficilement nous donner une ambition plus appropriée que celle de terminer notre vie sur terre à aimer et à aider notre prochain. En voici un bel exemple.

 

  La mère de saint Jean Bosco, maman Marguerite, avait accepté de consacrer les dernières années de sa vie à aider son fils prêtre dans son apostolat auprès des enfants. Un jour, elle perdit son sang-froid. Littéralement à bout de force, elle dit à son fils : « Cette fois, j’en ai assez, ça ne va plus. Hier, j’avais demandé aux enfants de rentrer la lessive que j’avais mise à sécher sur des cordes : ils me l’ont déchirée et traînée dans la boue. Dans le jardin, ils piétinent les légumes. Ils abîment tellement leurs vêtements que je ne sais plus où les raccommoder. Ils perdent leurs chaussettes. Ils cachent si bien la vaisselle de la cuisine que je dois la chercher pendant des heures. C’est fini, fini ! Je rentre à la maison pour avoir un peu de repos pour mes vieux jours ». Son fils, saint Jean Bosco, l’écouta sans l’interrompre ; il l’écouta sans dire un mot. Et quand elle eut fini, il montra simplement du doigt le crucifix qui était suspendu au mur. Maman Marguerite comprit. Elle réfléchit, puis dit en pleurant : « Tu as raison, mon enfant, je n’y avais pas pensé ». Et aussitôt, retrouvant son courage et son sourire, elle retourna à sa mission auprès des protégés de son fils, en silence à son ingrate besogne et y demeura jusqu’à son dernier soupir.

  Bienvenue à la retraite !

Olivier de Lacoste

 

Est-ce qu’apprendre à être poli, aide à grandir ?

           Si l’on écoute les reproches de nos anciens sur les jeunes d’aujourd’hui, il ressort qu’ils ne sont pas élevés, trop « désinvoltes », vraiment immatures : ils bousculent les vieilles dames au coin de la rue, ne savent pas dire merci, ne vivent que pour leur petit bonheur sans envergure.

  Est-ce qu’une des façons de devenir adulte ne serait donc pas de leur apprendre à être polis, civilisés par un certain savoir-vivre ? Toutes ces contraintes au quotidien quand ils sont petits, deviennent vite des habitudes, puis un véritable souci de gentillesse pour leur entourage, antidote nécessaire à l’égoïsme et au malaise des adolescents.

  La politesse facilite grandement les rapports entre les générations, et est un cadre dans lequel nos enfants peuvent se sentir à l’aise, en sachant tout naturellement dire Bonjour, ou Merci, avec un grand sourire qui fait toute la différence. Elle n’est pas un frein à leur développement, mais plutôt une armature qui leur permet de s’épanouir.

  Et c’est à nous, les parents, de leur inculquer ces principes, une des clefs du bonheur.