Actualités culturelles

 ¨ Honfleur (14)

A partir du 5 septembre et jusqu’au 23 novembre 2020, le musée Eugène Boudin met en avant « Les couleurs de la mer. Charles-François et Karl Daubigny en Normandie ». Précurseur du mouvement impressionniste, Charles Daubigny est l’un des premiers artistes à adopter la peinture en plein air : on lui doit de magnifiques paysages côtiers de Normandie, aux couleurs exceptionnelles. Son fils Karl, dont le talent ne démérite pas, prendra la suite de son père.

¨ Langres (52)

Grâce à l’exposition « Mille et un Orients. Les grands voyages de Girault de Prangey (1804-1892) », le musée d’Art et d’Histoire de Langres fait renaître la figure de Girault de Prangey, voyageur infatigable qui rapporta de ses expéditions des œuvres uniques : peintures, aquarelles, dessins et daguerréotypes vous plongeront dans l’atmosphère chaleureuse de l’occident méditerranéen et de l’Orient.

¨ Paris (75 014)

Le musée de la Libération présente jusqu’au 13 décembre 2020 son exposition intitulée « 1940. Les parisiens dans l’exode ». La réunion de nombreuses photographies ainsi que de quelques vidéos saisissantes permet de revenir sur cet épisode tragique de mai et juin 1940 : face à l’avancée soudaine des armées allemandes, les parisiens – et bien d’autres – se voient forcés d’abandonner leurs habitations et de fuir la capitale. Un témoignage bouleversant !

¨ Le Havre (76)

Jusqu’au 1e novembre 2020, profitez de l’exposition « Nuits électriques » organisée par le Musée d’Art Moderne du Havre. Rassemblant les œuvres de 70 peintres, l’exposition souligne le bouleversement provoqué par l’apparition de l’éclairage artificiel des villes : cette nouvelle illumination donne à voir des clartés jusque-là inconnues, véritable fascination pour les artistes.

¨ Saint Germain-en-Laye (78)

Jusqu’au 3 janvier prochain, partez à la découverte des expéditions archéologiques de Napoléon III avec l’exposition « D’Alésia à Rome. L’aventure archéologique de Napoléon III » au Musée d’archéologie nationale. Fasciné, comme beaucoup de ses contemporains, par la redécouverte de civilisations oubliées, Napoléon est le premier – et le dernier ! – chef d’Etat à faire de l’archéologie une préoccupation nationale. Il vous emmènera à ses côtés sur les traces de Jules César.

 

La maçonnerie

Commençons à approfondir la restauration d’une maison ancienne par la compréhension de la structure du bâti (ou maçonnerie) selon les matériaux propres à sa région et les techniques de construction qui en dépendent.

Pour des raisons de pratique et d’économie, la maison est bâtie avec les matériaux fournis sur place, selon un savoir empirique et l’observation du climat transmis de mémoire d’homme. C’est ainsi que personne ne se hasarde à construire aux abords d’une rivière pouvant  se transformer en un torrent furieux, en bord de mer du fait des tempêtes, ou dans un couloir d’avalanche.

  Une construction simple est composée de quatre murs extérieurs : la façade principale avec l’entrée, la façade postérieure, et deux murs latéraux appelés murs pignons. Dans les régions venteuses, ils sont orientés vers les vents dominants et le plus souvent aveugles (sans ouverture).

  A l’intérieur, nous trouvons des murs de refend, ou murs porteurs afin de consolider les planchers des étages quand la portance est trop grande.

  Dans les régions pauvres, les murs sont montés en terre comprimée, le pisé. Parfois s’ajoute de la paille hachée, il s’agit alors de la bauge. Le torchis est composé d’argile, d’eau, de paille et parfois de poils d’animaux. La chaux peut le compléter.

  Le soubassement est fait en pierres trouvées sur place, souvent trop peu nombreuses pour tout un mur mais suffisantes pour ce socle, sur lequel ensuite des pieux sont fichés comme armature. Puis le pisé, bauge ou torchis remplit les vides.

La solidité en est certaine. De beaux exemples se voient en Normandie dans le pays d’Auge, en Sologne, ou dans le Lyonnais.

  Dans la région du Nord, les constructions sont en briques cuites dans de petits fours campagnards chauffés au bois et ont le charme d’un matériau aux dimensions non standardisées.

  Enfin dans les régions plus riches où la pierre est présente, la construction est faite avec la veine de pierre locale.

  Pierre calcaire en Bourgogne, Poitou, granit en Auvergne, Bretagne et sur le V granitique qui va de l’une à l’autre de ses régions. Pierre de tuffeau tendre mais gélive (sensible au gel) en Touraine et une partie des pays de Loire. Pierre blonde de Caen, schiste dans la région de Bayeux et le nord Cotentin, en Bretagne aussi, résistant à l’humidité et d’une solidité à toute épreuve. Pierre de meulière en région parisienne, etc…

Pierre de taille quand elle est plus fine, elle est employée dans les constructions plus importantes ou plus riches comme les belles demeures de ville ou châteaux d’importance, les manoirs étant, quant à eux construits avec les matériaux locaux.

Il est possible aussi de trouver dans les maisons rurales des murs dits de blocage, constitués de deux parements qui enserrent une fourrure de terre, pierres et cailloux.

Les fondations n’existent pas, contrairement à la fondation en béton actuelle. Les murs s’élèvent sur un fond bien stable (le fond de fouille) plus ou moins profond, parfois plus large à la base, afin d’assurer aux murs une grande stabilité pour résister aux poussées horizontales des planchers ou de la charpente. Ils présentent alors ce que l’on appelle un talus ou un fruit.

Enfin un enduit ou rejointement vient finir le travail de maçonnerie.

Le rejointement vient compléter les joints entre les pierres. Il est fait au mortier de chaux jusqu’au droit des pierres entourant les ouvertures, et n’est pas creusé autour de chaque pierre, ni encore moins en ciment, comme c’est le cas actuellement.

L’enduit, quant à lui vient tout recouvrir. Les joints sont grattés pour faciliter l’accroche du gobetis (ou dégrossi) projeté à la truelle, sur lequel ensuite, se pose l’enduit. Il vient à fleur des pierres entourant les ouvertures.

Ce sont donc ces pierres d’entourage qui indiquent si la façade doit être rejointoyée ou enduite, car dans ce cas elles sont saillantes pour tenir compte de l’épaisseur de l’enduit.

  Celui-ci est composé de chaux aérienne éteinte pour le bâtiment (CAEB), mélangée avec du sable de carrière du pays, non lavé, légèrement coloré et argileux et de l’eau.

  La maçonnerie, appelée aussi gros-œuvre est le premier des corps d’état sur un chantier, déterminant tous les autres, et le plus important financièrement.

  Nous verrons la prochaine fois, comment remédier à certains désordres et nous étudierons les principes de restauration.

                            Jeanne de Thuringe

 

FOYERS ARDENTS

Saviez-vous que tous les articles que vous lisez ici sont publiés dans une Revue bimestrielle ?

Notre revue: Foyers ardents est proposée :

  • soit gratuitement sur le site  http://foyers-ardents.org/
  • soit en version papier à lire, relire, feuilleter, préter pour le prix de 20 € (prix coûtant) 6 numéros par an à commander sur le site ou par courrier à Foyers Ardents, 2 rue du Maréchal de Lattre de Tassigny 78000 Versailles

  Vous pouvez aussi commander notre premier livre :

–  le Rosaire des Mamans (méditations du Rosaire parues dans notre revue)

 Il est paru au prix de 6€ + frais de port (gratuits pour 10 exemplaires). N’hésitez pas à en profiter rapidement !

Contactez-nous par courrier : Foyers ardents, 2 rue du Maréchal de Lattre de Tassigny 78000 Versailles ou sur contact@foyers-ardents.org

 

La force dans l’éducation

           Au-delà de la vertu de force qui affermit l’âme dans son désir d’un bien pourtant difficile à atteindre, le don de force nous donne l’assurance d’accéder à ce bien. Voilà qui est fort encourageant pour des parents chrétiens : parmi les dons reçus de l’Esprit Saint le jour de notre Confirmation, se trouve celui de la force ! Nous qui avons tant besoin d’assistance et de soutien providentiels pour la bonne marche de notre famille, nous avons reçu ces secours et oublions bien souvent d’y avoir recours. Car il nous faut les demander encore et toujours à Dieu pour garder en nos âmes ce petit germe de courage et de persévérance qui nous attire immanquablement et sans aucune crainte vers Lui. Voyons comment cette force peut revêtir divers aspects pour nous aider, selon les circonstances et les moments de notre vie, dans notre devoir d’éducateur.

La force héroïque :

  Celle des renonciations, des grands choix pour la sainteté de notre famille, comme par exemple celui d’une famille nombreuse si cela est possible. Ne nous sommes-nous pas mariés pour « peupler le ciel d’élus » ? Voilà bien un premier héroïsme de générosité, surtout aujourd’hui ou l’on vous regarde avec de grands yeux dès vous avez plus de deux enfants !

Cela entraîne bien sûr quelques difficultés : de logement d’abord. Qui dit famille nombreuse, dit grand logement…et de préférence une maison…avec un jardin. Pour l’équilibre de la famille, ne vaudrait-il pas mieux s’installer en province où les loyers sont plus abordables, et la vie plus sereine ? Il est possible que la carrière professionnelle du père de famille en pâtisse un peu… Admirables sont les parents capables de quitter leur région, d’accepter un revenu moins élevé pour le bien-être de leurs enfants !

Se pose ensuite la question du choix des écoles, car nous les voulons catholiques et d’un enseignement solide…serons-nous prêts à faire des kilomètres en voiture, hiver comme été, avec toute la petite troupe, nourrisson compris ?! Le don de force rassure nos âmes, cela pourra se faire ! Et plus tard, mettrons-nous nos enfants en pension ? Si cela est le meilleur choix pour eux, nous les y mettrons ! Admirables, vous dis-je.

La force tenace :

  Elle repose sur différents principes de l’éducation que nous voulons donner, comme ne pas céder aux caprices, mettre notre menace à exécution, ne pas faire « oui » quand on a dit « non » ! Et puis toutes ces petites exigences quotidiennes qui demandent de la persévérance : apprendre à nos enfants à finir ce que l’on a commencé, à ranger ce que l’on a sorti, la régularité, l’exactitude mais aussi leur montrer comment se priver de ce qu’on aime, rendre service, obéir…ces choses que l’on apprend tout petit et pour toute la vie ! Combien de fois faut-il répéter chaque jour, reprendre, corriger, se fâcher alors que souvent l’on est fatigué ?!

La force ferme et affectueuse :

  La mère surtout a des instinct de « couvage » ! Elle serrerait volontiers contre son cœur chacun de ses petits toute la journée si elle s’écoutait ! Mais il faut se retenir pour ne pas amollir les enfants, les laisser se relever lorsqu’ils ne sont pas gravement tombés, ne pas faire à leur place lorsqu’ils en sont capables et ont besoin de cette exigence personnelle…

           Pour son équilibre affectif, l’enfant a besoin de douceur et de fermeté, cela le sécurise. Une mère empêchait toute souffrance à sa fille : « elle aura à souffrir bien assez plus tard ! » disait-elle en la cajolant. En grandissant cette petite devint tyrannique avec sa mère désespérée, la traitant plus bas que terre. On n’avait donné à cette enfant aucun sens du sacrifice ni du moindre effort !

L’affection se traduit de différentes manières en fonction des âges, mais toujours elle est faite d’échanges, de bavardages confiants… oh cela prend du temps, mais c’est aussi du temps gagné par ailleurs ! Combien d’enfants, d’adolescents surtout, se plaignent de ne pas pouvoir parler avec leurs parents : maman est toujours pressée et papa a trop de travail… Il faut prendre ce temps, se rendre disponible et écouter, parler, conseiller, tranquilliser, s’intéresser à leurs études, leurs amis…merveilleuse façon de donner son affection quand est passé l’âge des câlins !

 

La force pleine d’abandon :

 

  La plus difficile, elle nous fait méditer la force de Notre Dame debout au pied de la Croix, impuissante et douloureuse devant la souffrance de son divin Fils. Il n’y a rien de plus insoutenable que de voir souffrir son enfant, que ce soit d’une douleur physique ou morale ! Immanquablement arrivent des épreuves : maladies, accidents, déceptions, échecs, deuils… On voudrait pouvoir prendre sur soi ces douleurs de nos enfants et l’on se sent si impuissant à les soulager. Parfois même on ne peut pas leur en parler pour les aider, leur dire au moins qu’on est là…Il nous faut alors faire un acte d’offrande, tout accepter et abandonner entre les mains de la Providence avec eux et pour eux, dans un grand « fiat » en dépit de nos larmes.

Parfois nous aurons conseillé, mis en garde, et nos enfants auront fait de mauvais choix souvent irrémédiables, dont, la plupart du temps, les fruits ne se font pas attendre… Douloureux chemin de croix qu’il faut alors faire avec eux, sans passion ni colère.

 

  Quant à nous, chers amis, notre foyer est-il école d’énergie ? Nous appuyons-nous sur le don de force pour obtenir de nos enfants que, de temps en temps, et dans quelques-uns de leurs actes, ils répriment leurs caprices et consentent à sacrifier leurs désirs pour installer en eux l’habitude de vouloir le bien ? Et, entre nous, ne savons-nous pas que pour régler la vie de nos enfants, il est quelquefois nécessaire de corriger les dérèglements de la nôtre…alors force et courage !

       Sophie de Lédinghen

 

Sois forte

Il est dit de la Vierge Marie qu’elle est forte comme une armée rangée en bataille. Cette force, loin de la brusquerie, doit être tienne, à son image.

Être forte, dans le monde où nous vivons, peut être souvent compris, ou vécu comme une intransigeance, une dureté qui se raidit face au mal, une tension jusqu’à nous rompre, faisant fuir ceux qui nous entourent. Mais la force est d’abord l’énergie détournée de soi, tournée vers le bien commun et le bien suprême, pour nous faire avancer. Elle écarte l’obstacle qui empêche la volonté d’être fidèle à la raison. C’est-à-dire qu’elle nous aide à vaincre le mal qui nous effraie et nous permet de poser, avec audace des actes qui coûtent.

Pour le bien, sois forte.

 Pour être fortes, nous devons savoir où nous allons, pourquoi et comment. Sinon cette apparence de force tournera vite en exaltation de nos caprices, à la satisfaction de nos désirs égoïstes, et nous deviendrons alors peu à peu tyranniques pour notre entourage. Notre vigueur disparaitra vite, comme neige au soleil, dans les difficultés. Nous ne saurons pas défendre la vérité, celui qui souffre, et ne parviendrons pas au but fixé. Nous ne servirons pas, mais nous nous servirons.

Pour t’oublier, sois forte.

Force qui s’acquiert par les petits efforts répétés du quotidien, du devoir d’état, ce renoncement sans cesse renouvelé, besogneux, ingrat, que parfois nul ne voit. Il nous aide, dans les grandes décisions à ne pas nous contenter d’à peu près, mais à chercher la vérité, quoiqu’il en coûte, à supporter avec patience les caractères… Seul l’amour de Dieu et du prochain peut être le moteur de l’âme dans cette quête du vrai. Nos actes ont des conséquences que nous ne mesurons pas sur les autres, ni dans le temps. Nous serons responsables de bien des chutes, de bien des pleurs, de bien des erreurs, si nous n’avons pas fait, avec force, ce qui nous incombait.

Par amour, sois forte.

 La force nous aide à la juste colère, si celle-ci est nécessaire pour la défense de la foi, de la morale ou du bon sens. La force tempère ce qui peut bouillonner en nous devant la souffrance profonde, l’injustice ou l’erreur grossière, car elle nous contient. La force nous rend doux mais fermes, il faut la demander souvent, dans la prière, car elle n’est plus vraiment de mise. Nous en avons peu d’exemples dans un monde où le caprice matérialiste domine, sans souci de servir Dieu. Le chemin d’une âme, autre que la nôtre, surtout si nous en avons charge, dépend de notre force.

Pour ton prochain, sois forte.

Force de ne pas « faire comme tout le monde », de ne pas suivre les modes, de ne pas se couler dans le moule par peur de la différence. Force de dire et rappeler la vérité sans crainte, force de résister à l’autorité quand celle-ci nous conduit manifestement mal ou se montre comme un loup ravisseur. Force sans hargne, sans mauvaise colère, sans agacement. Force qui va tranquillement son chemin et reste le phare dans la tempête, car elle sait où elle va et pourquoi.

Force d’accepter la contrariété ou la croix sans révolte, même si la nature est broyée, de se relever après la chute avec courage. Persévérance humble de chaque jour, jusqu’au moment où la mort viendra nous prendre. Force qui ne vient pas de nous qui ne sommes que faiblesse.

En Notre Seigneur et Notre Dame, sois forte.

                           Jeanne de Thuringe

 

 

 

Une jolie blouse!

Chères amies,

Pour cette rentrée nous vous proposons de coudre une blouse pour jeune fille et femme, à la coupe bien actuelle. Elle comporte 3 plis à l’encolure et de petites manches. Selon le tissu employé elle sera pour les belles occasions ou pour le quotidien. Prévoyez un tissu un peu fluide mais avec suffisamment de tenue pour le tombé des plis (coton fin, crêpe, lin).

http://foyers-ardents.org/fa-23patron-blouse/

http://foyers-ardents.org/fa-23-blouse-tuto/

Bonne couture !

Isabelle et Marie-Hélène

 

Mon enfant peut-il travailler dans le domaine de la santé?

Faisant écho à l’article « Mon enfant peut-il faire Sciences-po ? » paru dans un dernier numéro de « foyers ardents »1, l’application au domaine de la santé peut sembler plus simple. « Oui évidemment », « La santé est un domaine de choix pour un catholique », « Il aura toujours le choix de soigner comme il convient », ou encore « N’est-ce pas un excellent moyen de toucher les cœurs que de soigner les corps ? ». 

Ces réponses trop rapides méritent quelques éclaircissements, car ce n’est pas si simple.

Ces lignes ne se veulent pas un exposé des différentes filières de la santé, mais plutôt une réflexion sur des principes qui doivent guider le futur professionnel de santé catholique pour déterminer ce qu’il peut ou ne peut pas faire, depuis le début de ses études jusqu’à son exercice professionnel.

Ce qui a été dit des « grandes écoles »1 s’applique parfaitement aux IFSI et IFAS (Instituts de Formation en Soins Infirmiers ou Aide-Soignants) ou aux facultés de médecine : dispensation d’un enseignement fortement idéologique et politiquement correct, sanitairement correct ; risque de se confronter à des comportements toxiques voir immoraux (les soirées d’intégration en médecine ou les soirées infirmières ont toujours été connus pour leur caractère « carabins », comprenez « portés sous la ceinture », et ceci ne va pas en s’améliorant loin de là). Ajoutons une forme de pression qui pousse à l’excellence (concours de premières années, concours de l’internat) qui requiert une volonté forte pour garder un équilibre naturel (sport, lectures, formation) et surnaturel (prière, sacrements).

Distinguons les formations théoriques et les formations pratiques sous forme de stages, souvent mêlées.

Formation théorique

Cette formation est incontournable et le plus souvent dispensée par des professeurs spécialisés dans leur discipline. Elle est encore aujourd’hui reconnue pour sa qualité.

Mais l’étudiant aura à se garder des erreurs, parfois subtiles, qui lui sont enseignées dans ses cours. On pense évidemment aux sujets comme l’avortement, la contraception, l’euthanasie, pour lesquelles il doit avoir les idées très claires. Il ne doit pas, ne peut pas, jamais, jamais. Il s’agit d’une violation directe de la loi divine. « Non possumus ».

D’autres sujets mélangent plus subtilement le bon grain et l’ivraie, et nécessitent un solide attachement à la loi naturelle et au réalisme. C’est le cas des sciences humaines, de l’histoire de la médecine, de la psychologie, pour ne citer que ces exemples. Il devra garder un regard critique et se former en parallèle avec de bons ouvrages. Il lui faudra l’humilité pour demander conseil sur ces références bibliographiques. Car là encore il faut du discernement.

Par exemple, de nombreuses ouvrages officiellement catholiques tentent de remédier à l’utilitarisme en développant ce qu’ils appellent la « norme personnaliste ». Particulièrement développée après les années 80, ils considèrent la dignité humaine comme une fin absolue. Cette « norme » peut sembler moins mauvaise que l’idéologie qui dispose de l’homme comme d’un bien consommable. Mais elle n’en est pas moins dangereuse car l’action est alors tournée vers l’homme pour l’homme, et non d’abord vers Dieu à travers l’homme. C’est en fait, remplacer la charité (aimer Dieu et son prochain pour l’amour de Dieu) par la solidarité (aimer son prochain). Notre étudiant tirera un grand profit dans la lecture de références catholiques modernes mais antérieures à la crise des années 60. On ne devrait pas faire l’économie de lire, méditer, relire et ruminer les écrits du pape Pie XII sur la santé, avantageusement réédités récemment en un recueil2. L’idéal serait de relire tous les textes de ce pontife aux médecins, infirmière, ou sage-femmes, car tous les principes y sont abordés, les grandes questions « bioéthiques » d’aujourd’hui y ont déjà été traitées.

Les stages

L’autre partie de l’enseignement est distillée sur le terrain sous forme de stages.

Les filières imposent différents stages, et on aura soin de bien les connaître en détail avant de s’y lancer. Privilégier les filières où on peut choisir soi-même les stages. Se renseigner en amont, le plus efficace étant d’appeler directement dans les services et de s’entretenir avec un autre étudiant stagiaire pour connaître tous les détails. Ne pas avoir peur de poser toutes les questions : c’est un usage courant aujourd’hui à une époque où les étudiants donnent des notes de leur terrain de stage. Ne nous privons donc pas de mener notre enquête.

Exemples. Stage de gynécologie-obstétrique : puis-je le valider en ne passant qu’en suivi des grossesses et en salle de naissance ? Bloc obstétrical : puis-je assister uniquement aux accouchements, et pas aux IMG ou aux chirurgies de stérilisation ? Stage de chirurgie : est-ce que les disciplines sont séparées ou bien toute opération y compris de gynécologie se fait dans le même bloc ? Gériatrie : y-a-t-il un secteur de soins palliatifs et quelle est l’approche des équipes médicales sur la fin de vie ? Stage chez le médecin généraliste : serai-je amené à prescrire des contraceptifs ou pourrai-je m’y opposer ?

Pour tout stage obligatoire dans une spécialité, se demander : puis-je le valider dans un service qui me permet de ne pas pratiquer un acte que la morale réprouve ? Si la réponse est non, il faut assurément chercher un autre terrain de stage. S’il n’y en a pas, il faut courageusement remettre en cause cette filière. Le principe est qu’on ne doit jamais faire le mal, y participer directement, même pour qu’en résulte un bien.

Exemple. Je dois faire un stage de gynécologie où l’on me demande de « faire une vacation d’IVG ». C’est obligatoire dans le cursus pour devenir gynécologue. Et on a besoin de gynécologues catholiques.

Si le bien que je vise, devenir gynécologue catholique, passe par la réalisation d’actes intrinsèquement mauvais (ex : l’avortement) : ce n’est pas acceptable pour un catholique. Soit j’arrive à devenir gynécologue par un autre chemin (stages validant sans pratiquer l’avortement), soit je ne dois pas faire d’études pour devenir gynécologue.

Objection. À ce titre, il n’y aura jamais plus de gynécologue catholique.

À ce jour, par la filière classique, c’est très probable.

Mais le prix à payer ne peut pas être le péché mortel commis par l’étudiant. Non possumus. Souvenons-nous que certaines professions était interdites aux premiers chrétiens car incompatibles avec la foi chrétienne. Il faut être de cette trempe, être cohérent.

Objection. Mais je ne participe pas toujours directement à l’acte mauvais. Si je suis exécutant d’un ordre, suis-je responsable ?

Il s’agit là de la coopération à un acte mauvais. Le médecin pratique un acte mauvais, les autres y coopèrent : l’étudiant l’aide, l’infirmière injecte le produit, l’aide soignante fera la toilette du patient, l’agent technique fera le ménage de la chambre. Tous n’ont pas le même degré de coopération à l’acte. Pour l’étudiant ou l’infirmière, la coopération est dite prochaine. Pour les autres elle est dite lointaine. Cette distinction permettra à un bon conseiller de bannir la première et de tolérer dans certains cas la seconde. Nous approfondirons ce point dans un prochain article sur les actes qui ont deux effets, un bon et un mauvais (Principe de l’acte à double effet).

 

Objection. « Maintenant que je suis infirmière ou interne, je ne vais quand même pas revenir à zéro et gâcher toutes ces études ». 

D’où l’importance de bien connaître ce qui peut l’être avant de se lancer dans une filière: mieux vaut prévenir que guérir.

Malgré cela, on peut se rendre compte secondairement qu’on est confronté à des actes mauvais, qu’ils nous sont imposés, ou qu’on ne l’avait pas prévu. Et on ne peut pas tout prévoir. Alors, s’il n’y a pas moyen de faire autrement, oui il faut renoncer, faire autre chose, changer de voie. Car la beauté de cette voie, la grandeur de cette mission, le bien qu’on pourrait y faire, ne justifient pas la pratique d’un seul péché mortel. Jamais. Non possumus.

Souvenons-nous de la parole célèbre de sa mère à Saint-Louis : « je préfère vous voir mort à mes pieds que coupable d’un seul péché mortel ».

 Citons aussi le cas de ce gynécologue non catholique. Sa femme obtient la grâce de sa conversion. Il arrêta alors de prescrire des contraceptifs et de pratiquer les avortements. Il mit fin à son exercice de gynécologue et s’installa en médecine générale dans une autre région, sous les railleries de ses anciens collègues et de ses proches.

Être fier de sa foi et lui soumettre toute sa vie. Toute. Savoir dire non quel qu’en soit le prix et garder confiance en Dieu pour la suite.

Que les parents et les jeunes gens soient donc attentifs au contenu précis de ses formations dans le domaine de la santé. On ne peut pas dresser une liste des filières qu’on peut suivre et de celles qu’on ne peut pas suivre quand on est catholique. Il faut les étudier toutes avec précision.

Ne partons pas du principe que « c’est comme autrefois, j’ai connu ça de mon temps » : les cursus et les obligations pour obtenir le diplôme ont changé et changent.

Et il faudra du courage pour faire comprendre en douceur à nos étudiants que telle ou telle filière n’est pas faite pour eux.

On ne peut pas se lancer dans ces filières les yeux fermés. Il faudra même les déconseiller aux jeunes gens influençables, faibles, peu préparés ou mondains. Ils auront besoin d’une forte liberté intérieure pour résister aux compromissions avec l’esprit du monde. A ceux déjà évoqués, ajoutons une forme sournoise, et croissante au fil du temps, de pression professionnelle. Entraîné vers une obligation de résultats (alors qu’officiellement, le soignant n’a qu’une obligation de moyens), le soignant est poussé à se donner toujours plus, quitte à négliger ses autres devoirs.

Donc même conclusion que pour « Science Pô » : « Des jeunes gens, fermement attachés à leur foi, nourris de lectures fortes, puisant aux sources de la philosophie thomiste, proches d’un prêtre à qui ils pourront exposer leurs doutes, attachés à leur chapelet quotidien, peuvent donc encore risquer (le mot n’est pas trop fort) cette formation »1.

              Dr L.

1 « Foyers ardents » numéro 20, mars avril 2020, pages 26-28

2 Pie XII et la médecine, éditions Clovis.

 

Une belle mission

Chers grands-parents,

           Laissons la parole aujourd’hui à la jeune génération qui ose par ces lignes réclamer aux anciens le plus beau cadeau dont ils ont besoin :

           « Vous qui constatez les ravages exercés par le temps dans le champ de votre activité et qui êtes parfois tentés de vous attrister, en vous croyant inutiles, vous avez encore un beau rôle à jouer. La nature a pâli votre teint, ravagé votre front, en y creusant des rides profondes, mais elle a glissé une sorte de miséricorde dans ses ravages, en donnant à vos cheveux blancs la douceur qui atténue ses dommages. Vos yeux ne sont plus aussi vifs mais ils laissent tomber un tel rayon de bonté ; sur vos lèvres ne se dessinent plus les petits plis malicieux qui jadis, si facilement, venaient s’y accrocher ; vos mains n’ont plus de vigueur mais leur étreinte est plus chaude. Dans ce temps de congé, dans ces années de vacances lumineuses que vous ménage la Providence, oh, faites, au soir de votre vie, le geste du divin semeur, semez, semez la bonté. Donnez, donnez avant de partir, à ceux que vous aimez ce qu’il y a de meilleur en vous : un peu de votre âme. Donnez un peu du divin qui vous envahit. Soyez à cette heure où l’égoïsme triomphe, où la haine multiplie les ruines, où l’orgueil s’acharne à imposer silence à tous les maîtres, à ceux d’hier et à ceux d’aujourd’hui, soyez des semeurs de bonté et des mainteneurs de tradition. Les nouvelles générations qui s’éveillent ont besoin de vous, de votre regard bienveillant, de vos conseils pleins d’affection. Nous savons que vous priez pour chacun de vos petits-enfants sans en oublier aucun, et nous ne ferons rien qui pourrait vous décevoir. Vous êtes la voûte de la famille, le pilier qui rassure, l’image de la fidélité. Dans votre regard, nous voyons l’espérance que nous éveillons en vous et nous ne voudrions pour rien au monde vous décevoir. Vous êtes le lien entre l’éternité et la terre car votre âme, qui parle tant à Dieu, inonde de ses prières ceux qui risqueraient de brûler leurs ailes au contact du monde.

Chers grands-grands-parents, ne regrettez pas le temps passé, ne vous plaignez pas de votre faiblesse physique ou des méfaits de l’âge ; ne vous lamentez pas sur les voix de Dieu qui vous échappent : offrez et priez ! Dieu vous a laissé sur terre pour cette belle mission et il compte sur vous. Vos enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants ont besoin de vous ! Comme le soleil couchant, avant de réciter votre Nunc dimittis avec le vieillard Siméon, répandez encore sur la terre la lumière de vos rayons flamboyants. Merci pour tout ce que vous nous avez transmis, pour ce lien que vous avez créé entre ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui ; merci encore pour la paix, la bienveillance, la fidélité et la force de la vérité que vous avez su nous faire aimer. Merci toujours pour vos prières qui nous portent aujourd’hui et qui nous suivront de là-haut demain ! Nous comptons sur vous !

                  Des petits-enfants

 

La force aujourd’hui

« Quiconque n’a pas de caractère n’est pas un homme, c’est une chose », disait le journaliste révolutionnaire Chamfort. La volonté, le caractère sont en effet des synonymes de cette force d’âme qui nous fascine tant lorsque nous contemplons la vie des grands hommes qui ont traversé l’histoire. Quiconque est doté de cette force est érigé en modèle intemporel, au-dessus de la multitude innombrable de ceux que le Père Vuillermet (OP) appelle les « homunculi », les « moitiés d’hommes1 » . Blessé par le péché originel, il est, en effet, difficile à l’homme d’agir, de résister à ses passions, à ses pulsions. Vertu morale, c’est-à-dire vertu nécessaire aux bonnes mœurs, à la vie sociale, la vertu de force est aujourd’hui tombée en désuétude car mal comprise et donc mal appliquée, aussi attachons-nous à la définir, ce qui nous permettra de comprendre en quoi le monde actuel lui est foncièrement opposé et enfin de déterminer quelques moyens propices à son apprentissage.

  1. Définition

   « La vertu de force, explique saint Thomas, a pour fonction d’écarter l’obstacle qui empêche la volonté d’obéir à la raison ». La force est donc étroitement liée à la prudence, puisque le rôle de cette dernière est de choisir entre différents moyens pour parvenir au bien, et donc de projeter la volonté vers la fin qui nous paraît la plus raisonnable. La prudence sans la force est vaine, car incapable d’atteindre le bien désiré, tandis que la force sans la prudence n’est que violence primaire et infructueuse. La prudence est également subordonnée à la justice, qui permet de déterminer quel est le meilleur bien à poursuivre parmi ceux qui se présentent à nous.

Du fait de la difficulté qu’a l’homme à faire le bien suite au péché originel, la force implique que l’homme vainque sa crainte de la souffrance, son envie de fuir les difficultés. Son expression la plus élevée est dans le dépassement de la crainte de la mort, souffrance suprême pour l’homme, en vue de maintenir la justice, comme l’expose saint Thomas : « l’homme n’expose sa vie personnelle que pour la justice ». Mais parvenir à ce niveau de force nécessite « une préparation matérielle et morale adéquate » (M. de Corte) et « [d’avoir] pu se préparer, par une longue méditation antérieure, à sacrifier tous ses biens particuliers et, en premier lieu, sa vie personnelle [pour le bien commun]. » (Saint Thomas d’Aquin)

  1. La force aujourd’hui

   Nous avons vu plus haut que la vertu de force découlait de la vertu de justice, du service du bien commun. Sans cette force, il est impossible à l’homme de vaincre sa crainte de la souffrance ou tout simplement son égoïsme. Cet égoïsme est aujourd’hui la règle autour de nous et s’exprime par une recherche exclusive du bien particulier d’une personne ou d’un groupe de personnes. Nous avons aujourd’hui le culte du désordre, parfaitement exprimé par la suppression des droits de Dieu au profit des « droits de l’homme ». Privé de son cadre, l’homme perd ses repères et, dans ce contexte, la force ne peut qu’être dénaturée.

Aujourd’hui, fort est celui qui s’abandonne à ses passions et les revendique contre une société jugée oppressive, celui qui trouve le courage extraordinaire de briser les « tabous », celui qui, en somme se jette à corps perdu dans le péché et l’immondice et se montre au monde entier comme modèle et héros de l’indécence. Peu importe le mal que l’on fait, du moment qu’on l’assume.

A côté de cela, il apparaît que la vertu de force revêt une importance toute nouvelle : la justice étant devenue beaucoup plus difficile à exercer du fait de la corruption généralisée des mœurs, la force va être d’autant plus nécessaire à l’homme afin de poser le moindre acte de vertu : « Là où la force fait défaut, la déliquescence morale et politique, l’indifférence religieuse, la recherche éperdue du plaisir pour le plaisir s’installent et se répandent » (M. de Corte). Michelet, bien que libéral et anticlérical, a constaté cette disparition de la force propre au monde moderne : « Au milieu de temps de progrès matériels, intellectuels, le sens moral a baissé. Tout avance et se développe ; une seule chose diminue, c’est l’âme ». Sans cette âme, sans cette force mise au service du bien, les hommes ne peuvent que plonger dans les ténèbres et se vautrer de plus en plus profond dans le vice. Et malheureusement, à la vue de notre pauvre monde, nous sommes bien tentés de répéter les mots prononcés il y a déjà trois siècles par le philosophe Jouffroy : « Il n’y a plus d’hommes2 », ce qui doit d’autant plus nous animer du désir de sortir de la masse des homunculi pour entrer dans l’élite des virum, des hommes et des femmes vrais.

III. L’apprentissage de la force

   On recense de nombreux ouvrages traitant de l’apprentissage de la force, et l’on retrouve dans la plupart les mêmes éléments. Le Père Vuillermet (1875-1927), dominicain et aumônier d’un bataillon de chasseurs alpins, s’applique dans son Soyez des hommes, à la conquête de la virilité, à guider les jeunes gens sur le chemin de la vie adulte. Son propos est cependant assez général pour s’appliquer à tous, quel que soit l’âge ou le sexe. Il souligne plusieurs éléments qui, sans être absolument nécessaires, sont d’une grande aide dans l’apprentissage de la force. Cela n’est bien sûr possible que si l’on considère que la force n’est pas innée et nécessite d’être poursuivie longuement et ardemment. En effet, un Alexandre le Grand, un César ou un Louis XIV sont admirables pour leur force de caractère mais n’ont pas réellement acquis la vertu de force car ils entretenaient des vices contraires au bien par faiblesse personnelle. 

La première clé que donne le P. Vuillermet est la connaissance de soi-même, permise par un examen de conscience profond confrontant notre attitude personnelle à la volonté de Dieu, et par la prise d’une résolution ferme et précise en vue d’acquérir la vertu la plus opposée à notre défaut dominant. Cette résolution est indispensable si l’on veut progresser dans la vertu, car elle permet de donner une direction claire et surtout atteignable à nos efforts. La deuxième clé est l’amitié, car de l’amitié vraie naît une émulation et une entraide vers le bien, d’autant plus qu’un véritable ami est bien souvent le mieux placé pour aider à la correction des défauts3. Ajoutons que de toutes les amitiés, celle du prêtre est de premier choix de par sa clairvoyance et sa profondeur. Parmi les autres clés que nous donne le P. Vuillermet, la question des habitudes est l’une des plus importantes car c’est de ces habitudes que naît la facilité à faire le bien, ce qui est à proprement parler la vertu. Comme le dit l’adage, « c’est le premier pas qui compte ». Celui-ci fait, le suivant est déjà plus facile, et ainsi de suite. Ces trois clés en main, l’apprentissage de la vertu ne devient alors qu’une question de temps, mais encore faut-il avoir la volonté de changer, de se détourner du monde pour se tourner entièrement vers Dieu.

  Parce qu’elle est le ciment de la société, parce qu’elle est nécessaire à toutes les vertus, parce qu’elle grandit l’homme au-dessus de sa médiocrité causée par le péché originel et encouragée par l’individualisme moderne, la force est la vertu phare de notre temps plus qu’aucun autre.  Mettons toutes nos forces – c’est bien le cas de la dire – à acquérir cette précieuse vertu, de peur que nous n’ayons à entendre à notre jugement ces paroles de Dieu : « je vomirai les tièdes ».

 

« Ce qui soutient le monde, et, de génération en génération (…), ce qui l’empêche de tomber à la barbarie, ce ne sont pas les progrès de la mathématique et de la chimie, ni ceux de l’histoire et de l’érudition, mais ce sont les vertus actives, le sacrifice de l’homme et cette abnégation de soi dont le christianisme a fait la loi de la conduite humaine. » (F. Brunetière).

Un animateur du MJCF

 

1 « Homme » est bien sûr à prendre sous sa forme universelle, et non générique.

2 Théodore Jouffroy (1796-1842) est un philosophe et homme politique français qui a vécu les bouleversements politiques et moraux provoqués par la Révolution et l’Empire.

3 Cf le Foyer Ardent n° 22 sur la solitude

 

 

 

La force de l’Amour!

           Lorsque Louis-Marie avait éprouvé ses premiers sentiments pour Julie, son amour naissant lui avait donné des ailes : il avait mis son point d’honneur à bien réussir la fin de ses études, à trouver un bon travail et à approfondir sa vie spirituelle pour être plus digne d’elle. Ils sont maintenant mariés depuis quelques années, et leur amour réciproque reste une motivation essentielle dans les efforts de chaque jour.

L’amour rend fort

   La Force, ce don qui nous inspire de l’énergie et du courage pour vivre chrétiennement en surmontant tous les obstacles est une qualité de la volonté. Pour orienter et guider la volonté, rien de tel qu’un haut idéal moral et spirituel ! Tous les éducateurs le savent et cherchent à développer l’amour de cet idéal chez les enfants et les adultes.

  L’amour continue à nous donner des ailes toute notre vie, au-delà de la période de découverte des premières années ! Louis-Marie puise dans l’amour de son épouse et de ses enfants, le sens de l’engagement dans son travail avec des responsabilités ou des contrariétés parfois lourdes à porter. Il y trouve aussi la persévérance dans les efforts vers la vertu pour corriger ses défauts (et cela dure toute la vie !).

  Son amour se concrétise dans les attentions de chaque jour, les services pour alléger le travail de son épouse, le temps passé avec les enfants même lorsque la fatigue ou l’égoïsme l’attirent vers internet ou son journal.

  Par amour, le bon mari sait respecter son épouse, s’unir à elle par un vrai don mutuel en évitant l’esprit de possession et pratiquer l’abstinence lorsqu’elle est souhaitable.

  Par amour, il sait envisager le positif en toute chose, y voir l’action de la Providence avant de s’inquiéter des incertitudes ou des épreuves.

Ainsi, le père aide sa famille à aller de l’avant. Il fait le pari de la confiance par amour : confiance envers son épouse, confiance envers les enfants. Il éloigne toute pensée de jalousie qui blesserait cet amour et pèserait sur l’ambiance de la famille.

  Une traduction de saint Paul, apparemment moderne mais théologiquement juste1, nous montre quelle force doit porter notre amour en famille : « l’amour est patient, serviable, sans envie (…) il ne s’emporte pas (…), il excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout » (1 Cor-XIII). Quel programme à mettre en pratique !

Plus fort pour bien aimer

            S’adapter au tempérament de chacun pour trouver le bon moment et la bonne manière de se parler peut réclamer un effort. Par expérience, nous savons tous les effets négatifs d’une parole, d’un silence ou d’une attitude maladroite, au mauvais moment… Le père de famille essaiera de faire attention à ce point. Cet effort d’adaptation montrera son amour à son épouse et à ses enfants et les fera tous grandir.

Il faut de la force et de la persévérance chaque jour pour rassurer, donner confiance, encourager, protéger, organiser une vie régulière afin que la paix règne dans la famille malgré les incertitudes ou les épreuves qui peuvent secouer notre tempérament.

  « Tu t’apercevras bientôt, je crois, (qu’en raison des imperfections humaines et des difficultés qui en découlent), l’amour, bien qu’il soit un don, doit aussi être appris, particulièrement lorsque tu t’efforceras de l’intégrer dans votre vie quotidienne qui n’est pas vécue dans un château de contes de fées mais au milieu des pressions, des problèmes et des épreuves quotidiennes2. »

Avoir la force d’intégrer notre amour dans la vie quotidienne, voilà le secret pour développer cet amour ! Cette règle s’applique à l’amour humain, comme à l’amour de Dieu.

A contrario, il est évident que la faiblesse détruit l’amour. Nous appelons faible, un mari ou un père inconstant dans l’épreuve, tombant trop facilement dans les tentations. L’amour impur rend faible, esclave des passions charnelles. Il est un faux amour.

Apprendre la force de l’amour

   Quels que soient notre âge et l’état de notre famille, apprenons la force qui nous aidera à mieux aimer et utilisons notre amour pour développer notre force de caractère ! Plus nous pratiquerons la force par amour, plus la force deviendra une habitude. Cette habitude libèrera notre volonté qui pourra s’employer, par un nouvel élan, à conquérir des qualités nouvelles et toujours plus élevées.

La force, qui est une qualité de la volonté, ne doit pas être confondue ni avec l’entêtement, ni avec l’énergie. Elle ne se conquiert que lentement et doit être éclairée par l’intelligence sur les buts à atteindre.

La rentrée scolaire peut être une bonne occasion de prendre quelques résolutions pour développer notre force par amour : amour de notre épouse, de la famille, de Dieu.

Au-delà des services ou des signes d’amour que nous pouvons mettre à notre programme, souvenons-nous que l’Eucharistie est appelée « le Pain des Forts » ! Quoi de mieux pour progresser, que la communion chaque dimanche, et pourquoi pas une messe en semaine cette année ? Une messe par amour de notre famille, ainsi confiée au Bon Dieu ; une messe pour mieux accomplir notre rôle de père ! 

Hervé Lepère

 

1 La Charité se résume en ce commandement : tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain….

2 Au creuset de l’amour, Alice von Hildebrand-2002