Aimer l’Eglise en vérité

Pour ne plus savoir ce que veut dire aimer, nombreux sont ceux qui ne savent plus ce que signifie aimer l’Église. Parce qu’ils réduisent l’amour au seul sentiment, il n’est plus alors question que de se sentir en communion avec le pape, communion que certains vous reprocheront de ne pas avoir : « vous êtes contre le pape, donc vous n’aimez pas l’Église ! » Le comble apparaît lorsque ceux-là mêmes qui ainsi vous condamnent si promptement n’hésitent pas à s’affranchir des préceptes et enseignements de l’Église, arguant du primat de la conscience : ils ne réalisent pas combien ils crucifient l’Église !

Les trois premiers commandements l’ont suffisamment enseigné, tout amour authentique se décline en un triptyque : admirer, respecter, et servir jusqu’au don total de soi. Ainsi en va-t-il de l’amour de l’Église.

Aimer l’Église, c’est d’abord adorer la transcendance divine qui la constitue, pour en devenir participants. En tout lieu et à travers tous les temps, L’Église n’a d’autre raison d’être que de transmettre Notre-Seigneur Jésus-Christ à tous les élus de Dieu afin que ceux-ci, engendrés dans l’Église, soient incorporés au Christ par la foi, et ainsi rendus participants du royaume de Dieu. A cette fin, l’Église garde et transmet fidèlement les vérités divines révélées par le Christ, vérités qui comme lui sont les mêmes hier, aujourd’hui et toujours[1]. Transcendant la vie humaine, l’Église transmet donc la foi vive, ou vie de la grâce, véritable participation à la vie filiale qui habite le Verbe éternel de Dieu fait chair. Aimer l’Église, c’est se prosterner devant ces immenses réalités, pour les recevoir à deux genoux. Faut-il détailler quelque peu ?

L’amour authentique de l’Église consiste à recevoir filialement ce que cette Mère et Maîtresse des âmes transmet, quels que soient les temps ; sa Tradition donc. Aussi n’aime-t-il pas l’Église en vérité, celui qui prétend faire évoluer la Vérité éternelle au gré des hommes, plutôt que de faire évoluer les hommes vers la Vérité éternelle. A plus d’une reprise, saint Paul, le grand prédicateur de l’Église, condamne ces derniers[2]. Ainsi donc, la première marque d’un amour authentique de l’Église est la fidélité à l’enseignement pérenne de l’Église. Cette allégeance filiale, saint Paul l’appelle l’obéissance de la foi[3]. Sans elle, il est impossible de plaire à Dieu[4].

  • Aimer l’Église, c’est encore adorer ce qui la vivifie entièrement, à savoir le sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; c’est vouloir tout rassembler à l’ombre bienfaisante de la Croix rédemptrice. Tout restaurer dans le Christ, disait saint Pie X ; et nous pourrions préciser avec saint Paul : tout restaurer dans le Christ crucifié[5]. A l’inverse, celui qui à coup de sagesse humaine tend à rendre vaine la croix du Christ[6] ne peut prétendre aimer l’Église : aux dires de saint Jean, il dissout le Christ, et relève donc de l’antéchrist[7].
  • Aimer l’Église, c’est aussi se prosterner devant le mystère d’Incarnation que Dieu continue en ses ministres, précisément en tant qu’ils nous transmettent l’enseignement pérenne de l’Église et la vie de grâce découlant de la Croix du Christ. Plus que l’amour du pape, des évêques, et des prêtres, il s’agit donc de l’amour de la papauté et de la romanité jusqu’en ses dernières fibres, quelle que soit la faiblesse des pasteurs ; il s’agit de l’amour du Christ représenté par ses vicaires, et non des vicaires lorsque ceux-ci évincent le Christ : seul le Christ est la véritable tête de l’Église.

Tout amour d’admiration s’incarne dans une attitude de respect. A ce dernier aspect peut d’ailleurs se mesurer l’authenticité d’un amour, ici de notre amour pour l’Église. Ainsi, parce qu’elle aime, l’Église développe un culte à l’endroit de ses dogmes. La non incinération ou la vénération des reliques sont par exemple un culte rendu au dogme de la résurrection des corps, tout comme la génuflexion et le respect entourant la communion magnifient le dogme de la présence réelle. Toujours, l’Église a entouré de respect l’exercice de sa piété, fût-elle populaire. Et si l’on en vient au renouvellement non sanglant du sacrifice de la Croix offert quotidiennement sur les autels, alors l’Église démultiplie les marques extérieures d’adoration et de respect, car nulle part son amour n’est plus intense. Indépendamment de toute donnée doctrinale – qui garde son importance première – on ne peut donc dire qu’il relève de l’amour de l’Église de désacraliser la liturgie à coup de danses, de rap ou de guitares, fût-ce en présence du pape. Ils ne sont pas plus amis de l’Église, ceux qui ont méprisé la piété populaire, au point de la faire mourir en nos contrées. Les tristes exemples, hélas, pourraient-être multipliés…

L’admiration comme le respect peuvent rester extérieurs. S’ils sont au fondement de l’amour, ils ne sont pas encore l’amour dans sa plénitude : l’amour engage. Il s’épanouit donc dans le service, jusqu’au don total de soi. « Il n’y pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime[8]». Cela s’applique encore à l’amour de l’Église. Le chrétien n’est pas seulement appelé à recevoir de l’Église, mais à s’y donner ; car il n’est pas seulement appelé à être aimé, mais à aimer. Il s’y donne ordinairement dans la vocation concrète qui est la sienne, de père ou de mère de famille chrétienne par exemple, sans oublier pour autant le service paroissial. Si vivre au quotidien cette vocation réclame courage et don de soi, il en faut bien davantage encore pour continuer à transmettre aux siens cette vie ecclésiale pure de toute compromission avec le monde, malgré les courants dominants qui ont envahi tant de chaires et de sanctuaires ! Ils s’avèrent être les véritables fils aimants de l’Église, ceux qui ainsi persévèrent à temps et à contre temps, en une époque où les hommes, pour ne plus supporter la saine doctrine, se donnent des maîtres à foison [9]. En eux l’Église se perpétue, en leurs foyers apparaîtront les vocations de demain ; pourvu que de tous ces trésors, ils ne se fassent pas les propriétaires arrogants, mais les bénéficiaires pleins de reconnaissance.

Et si pour leur fidélité ils sont persécutés, bienheureux sont-ils. Oui, « Heureux êtes-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.  Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux : c’est ainsi qu’ils ont persécuté les prophètes qui ont été avant vous[10] ».

Abbé  P. de LA ROCQUE


[1] He 13, 8

[2] Ga 1, 6-9 ; Ro 16, 17-18 ; 1 Co 15, 1-3, etc.

[3] Ro 1, 5 ; Ro 16, 26 ; 2 Co 10, 15).

[4] He 11, 6

[5] 1 Co 2, 2.

[6] 1 Co 1, 17

[7]  1 Jn 4, 3

[9] Jn 15, 13  [9] 2 Tm 4, 2-4

[10] Mt 5, 11-12

Les conditions de l’infaillibilité – Les intentions du Souverain Pontife

Il y a quatre conditions bien précises pour que les décisions et actes du pape soient infaillibles:

  1. Que le Pape donne un enseignement (et non une simple discussion) pour toute l’Eglise universelle (et non pour une partie seulement des catholiques, pour les fausses religions ou pour le genre humain dans son ensemble).
  2. Que le Pape use de son autorité de chef suprême de l’Eglise, Vicaire du Christ et successeur de saint Pierre (et non comme porte-parole d’une communauté croyante, ou en vertu de ses opinions personnelles).
  3. Qu’il enseigne une vérité devant être tenue par toute l’Eglise de façon définitive, et qu’il  exprime son intention de définir une doctrine ferme ( notamment en déclarant clairement que ceux qui la refusent n’ont plus la foi catholique).
  4. Qu’il enseigne une doctrine qui concerne la foi ou la morale (et non l’histoire, la géographie ou la météo…).

S’il manquait une de ces quatre conditions, ce que dit le Pape pourra être vrai, mais ne sera pas infaillible.

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Plusieurs fois au cours de l’année l’Eglise nous fait prier aux Intentions du Souverain Pontife. Mais quelles sont donc ces intentions ? Elles sont définies très précisément par l’Eglise, ce sont :

  • l’exaltation de l’Eglise
  • la propagation de la Foi
  • l’extirpation de l’hérésie
  • la conversion des pécheurs
  • la concorde entre les princes chrétiens
  • les autres biens du peuple chrétien

L’Eglise expliquée à nos enfants

Chaque dimanche, nous nous rendons à l’église pour assister au Saint Sacrifice de la messe, il s’agit là de l’édifice, de l’endroit où nous allons prier et où se trouve le tabernacle dans lequel repose Jésus. Il n’est pas difficile d’expliquer ce qu’est l’église à un enfant, c’est tout simplement « la maison de Jésus ». Mais un jour nous aurons à lui apprendre ce qu’est l’Eglise, celle qui a une majuscule, et cela sera plus difficile…car, d’une certaine façon, elle ne se voit pas !

 Pour rendre les choses plus concrètes, il nous faudra alors partir des connaissances de l’enfant sur la vie de Notre Seigneur : il sait déjà qui est Jésus et connaît Sa vie chaque année un peu mieux en revivant les événements de l’année liturgique.

Avant sa mort sur la Croix, nous savons que Jésus avait, pendant trois années, enseigné Lui-même ses Apôtres et beaucoup d’autres disciples. Enormément de gens se réunissaient autour de Lui et croyaient en Lui, on le regardait comme un chef : Notre-Seigneur avait fondé l’Eglise. Il s’agit d’une société[1], l’assemblée de ses fidèles, ses amis qui l’écoutent et lui obéissent. Et ainsi Jésus leur apprenait qui était le bon Dieu, son Père, et ce qu’il fallait faire pour aller au Ciel, pour un bonheur éternel auprès de Lui. Jésus était venu sur la terre pour cela : pour conduire nos âmes au Ciel.

Jésus savait que bientôt, lorsqu’Il aurait terminé sa mission sur la terre, Il remonterait au Ciel près de Son Père. Il fallait donc trouver un chef visible pour diriger à sa place tous ses disciples; Il choisit alors Saint Pierre parmi ses Apôtres pour être chef de Son Eglise sur la terre. Et depuis Jésus, après Saint Pierre, il y a toujours eu un nouveau successeur pour devenir le chef de l’Eglise. Nous l’appelons le Pape. Saint Pierre a été le premier Pape. Aujourd’hui le Pape s’appelle François, il est le chef de toute l’Eglise, c’est-à-dire de tous les fidèles baptisés du monde entier. Il représente Jésus sur la terre, son devoir est d’apprendre aux hommes tout ce que Jésus a révélé à Ses Apôtres pour qu’ils aillent, eux aussi, au Ciel.

Comme nous sommes baptisés, nous appartenons nous aussi à l’Eglise. Chaque baptisé est un membre de son corps dont Notre Seigneur est la tête, le chef invisible (le chef visible sur la terre étant le Pape). Depuis toujours, l’Eglise est comme la barque de Saint Pierre qui transporte tous les baptisés et leur transmet les vérités que Jésus avait données aux hommes par le moyen des sacrements (Baptême, Confirmation, Eucharistie…). Il y a bien des tempêtes parfois, mais Jésus veille sur Son Eglise et a dit à Ses Apôtres qu’elle durerait toujours !

L’Eglise est répandue sur toute la terre, alors le Pape, qui habite Rome, la Ville Eternelle, est aidé par d’autres prêtres (le clergé) dont les plus importants sont les cardinaux, puis les évêques et les prêtres qui sont répartis dans le monde entier pour convertir les âmes et leur donner les sacrements, comme l’avaient fait les Apôtres après que Jésus est monté au Ciel, le jour de l’Ascension. Les fidèles que nous sommes obéissent aux prêtres qui eux-mêmes obéissent aux évêques qui sont dirigés par le Pape, et le Pape obéit à Jésus-Christ Lui-même. Nous appartenons donc à une grande chaîne qui nous relie à Jésus-Christ.

Lorsque l’enfant sera plus âgé,  nous pourrons expliquer que dans certaines circonstances[2], le Pape jouit de l’infaillibilité. On dit qu’il parle  ex cathedra. C’est-à-dire qu’il bénéficie d’une assistance particulière du Saint Esprit qui garantit que ce que dit alors le Pape est sans aucune erreur.

Nous devrons également lui expliquer que l’Eglise est Une, Sainte, Catholique et Apostolique et qu’elle réunit trois parties : l’Eglise Militante sur la terre, l’Eglise Souffrante au Purgatoire et l’Eglise Triomphante au Ciel.

Ainsi donc, l’Eglise est la grande famille des enfants de Dieu. Et si je lui appartiens, j’ai des devoirs envers elle : je dois bien sûr l’aimer et la servir !

On appelle l’Eglise « notre Sainte Mère » car elle donne la Vie et veille sur nos âmes comme une mère sur ses enfants. Comment ne pas aimer une mère si bonne, si sainte et si vigilante ?!

Pour aimer l’Eglise, les catholiques doivent obéir aux enseignements de Notre-Seigneur en étudiant le catéchisme, en se formant toute leur vie par des bonnes lectures, en observant les commandements et recevant les sacrements. Ils doivent également être fiers d’être membres de l’Eglise, la respecter et la défendre s’ils entendent des gens l’attaquer et remettre en cause les enseignements de Notre-Seigneur, ce qui est grave !

Les membres de l’Eglise doivent également aimer le Pape, puisqu’il est « Jésus sur la terre ». Pour cela il est un devoir de prier en famille pour lui. Il faut montrer aux enfants que le Pape est une personne importante, qui a une lourde responsabilité et que nous devons le soutenir de nos prières. Pour donner ce sens de l’Eglise à l’enfant, on pourra lui montrer une photo du Saint père le Pape, parler de ses déplacements dans les différents pays, recevoir sa bénédiction « Urbi et orbi » le jour de Noël et de Pâques en écoutant les retransmissions directes à la radio, occasion de recevoir les indulgences plénières, et même, si l’occasion se présente, l’emmener à Rome, siège de la Chrétienté, pour qu’il voit où ont vécu tant de papes, et où tant de martyrs ont versé leur sang pour défendre la foi de Jésus-Christ !

Nous avons aussi des devoirs de générosité envers l’Eglise, non seulement en prières, mais aussi en sacrifices, en aumônes (denier du culte, soutien d’œuvres, d’associations qui travaillent pour le règne de Notre-Seigneur sur la terre…), en soutenant les prêtres et les religieux, en faisant de l’apostolat.

Faisons bien comprendre à nos jeunes enfants que nous sommes fiers d’être des catholiques, c’est-à-dire des fils de l’Eglise romaine, membres du Corps mystique du Christ, et de travailler sous l’autorité des pasteurs, à étendre le royaume du Christ.

SL


[1] Mat. 16,18

[2] Cf. notre rubrique : Le saviez-vous, page suivante.

Troisième Mystère Glorieux : La descente du Saint-Esprit sur les apôtres

Fruit de ce mystère : Vivre dans l’Esprit

« Je ne vous laisserai pas orphelins, je vous enverrai l’Esprit consolateur !… » De cette promesse, les apôtres ont vécu depuis le jour de l’Ascension. En redescendant du mont des Oliviers où le Christ s’est dérobé à leurs yeux, ils sont venus directement au Cénacle, dans cette chambre haute, témoin pour eux des moments les plus bouleversants ! C’est là que pendant dix jours, ils vont vivre dans un grand silence de recueillement et de prière… première retraite de l’Eglise naissante !… Prière profonde pour préparer à l’Esprit un chemin dans leurs âmes. La Vierge est là. Et voici qu’au matin du dixième jour, alors que, dans Jérusalem en fête, les fidèles montent au Temple pour célébrer la Pentecôte Juive (sept semaines après le deuxième jour de la Pâque) : « tout à coup, il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un grand vent qui souffle avec force et il emplit toute la maison où ils étaient assemblés. Il leur parut des langues de feu qui se posèrent sur chacun d’eux et ils furent tous remplis de l’Esprit ».

Simplicité du récit des apôtres ! On croirait y être… Mais nous ne pouvons pas imaginer ce qu’ils ressentirent quand cet Esprit de lumière et d’amour les envahit ! Vierge Marie, Vous sans doute reviviez ces heures où après le passage de l’ange, ce même Esprit de feu descendit en vous pour accomplir le mystère de votre maternité divine. Vous, l’épouse du Saint Esprit, dans quel silence et quelle adoration l’avez-vous reçu au milieu des autres… Quel envahissement de l’Esprit qui soulève et transforme l’être jusqu’aux racines de lui-même puisque, de ces timides qui perdirent foi et courage au soir du Vendredi saint, Il va faire des apôtres intrépides jusqu’au martyre ! Ils débordent maintenant d’une telle joie et d’un tel zèle que les premiers témoins de cette allégresse mystérieuse les jugeront « ivres de vin nouveau ». Ils sont ivres, mais d’une vie divine qui fermente et semble faire éclater des cœurs trop petits pour la contenir !

Car les juifs sont accourus de toutes parts vers le Cénacle en entendant ce bruit. A cette foule composée de tous ceux qui sont montés à Jérusalem pour la fête, gens de toutes races et de tous pays, les apôtres, emportés par le zèle qui les enflamme se mettent à prêcher le Christ ressuscité ! Et, prodige, voici que tous, à leur stupeur profonde, comprennent ces discours en n’importe quelle langue !

Alors bouleversés, trois mille demandèrent le baptême…

« Si vous ne renaissez pas de l’eau et de l’Esprit, vous n’aurez pas la vie éternelle… »

Il faut qu’en récitant cette dizaine et en contemplant cette ferveur nouvelle des apôtres, je me demande si je vis vraiment de la vie de l’Esprit ?

Il me faut d’abord réaliser sa présence. Je pense au Père qui m’a créée et dont l’infinie puissance éclate dans les beautés de la création. Je pense au Christ qui m’a rachetée, à cause de ce crucifix qui étend ses bras au-dessus de mon lit, à ce Christ que je reçois à la communion ; mais c’est vrai que je pense peu à cet esprit d’amour qui demeure sans cesse en moi, qui m’a été donné pour être le compagnon de ma vie, à chaque minute… N’est-il pas en moi comme ce trésor dont parle l’Evangile, enfoui dans le champ avant qu’on l’ait découvert ? Ne suis-je pas un propriétaire ignorant de sa richesse et qui gémit sur sa pauvreté ? Je marche seule en me plaignant de ma solitude, alors qu’invisible mais présente, au fond de moi, dans ce silence et cet oubli où je l’enferme, vit la réalité adorable de l’Amour ! Et je me plains de ma solitude et je pleure sur l’incompréhension des hommes, et je soupire après une tendresse fidèle alors qu’au fond de moi est l’ami. Et je me plains aussi de l’inefficacité de mes efforts, alors que je n’aurais qu’à tendre la main pour être secourue…

O Marie, mère de ma vie intérieure, apprenez-moi à rentrer en moi-même, au long de mes journées si pleines de la dispersion de mes tâches multiples. Apprenez-moi à ne pas me « noyer » dans toutes mes besognes, à préserver ces minutes de recueillement où, descendant au fond de moi-même, derrière les agitations stériles et cette marée mouvante et contradictoire de ma vie, je trouverai le silence où la présence de l’Esprit sera vivante…

Vivre de l’Esprit, c’est avoir l’intelligence des choses divines. L’Esprit seul, si je vis en Lui, me donnera la lumière pour discerner ce qui est du Christ et ce qui est du monde, et Lui seul me donnera la force de préférer l’Un à l’autre… Vierge Marie, ce n’est pas facile de résister à tout ce qui entraîne vers la facilité, la vie de jouissance, le besoin de dominer les autres. Ce n’est pas facile d’admettre ce mystère des Béatitudes qui semble brimer la nature humaine… Et pourtant si l’Esprit est vivant en moi je saurai que « les premiers sont les derniers dans le Royaume de Dieu. »

Vierge Marie, ces choses-là, je ne les sais que du bout des lèvres et c’est pourquoi, au milieu des incroyants qui m’observent, au lieu de rendre témoignage à l’Esprit qui habite en moi, j’ai été souvent un de ceux qui obscurcissent sa Lumière !

Vivre de l’Esprit, enfin, c’est avoir le sens de la prière… Offrande de tout l’Etre et non pas ce vain bavardage où, sous prétexte de simplicité, s’étalent tous mes petits désirs matériels ou sentimentaux… Ah que je ne confonde pas la simplicité et la confiance filiale avec l’esprit de marchandage et l’égoïsme inconscient qui ramène tout à soi… que je ne prétende pas forcer Dieu à vouloir ce que je veux moi-même… but secret de tant de supplications et de neuvaines !

Vierge Marie, prier, ne serait-ce pas parfois me taire pour écouter monter en moi cette grande voix de l’Esprit qui sait mieux que moi ce qu’il faut demander au Père : non pas ce que j’aime mais ce qu’Il aime, le « pain de chaque jour », sans doute mais plus encore, en moi et dans les autres, le triomphe du bien sur le mal et le péché. « Que Votre règne arrive… que Votre volonté soit faite ». Prier pour accepter cette volonté quoi qu’il en coûte, pour qu’en me relevant, je n’ai pas l’inquiétude et l’angoisse de me demander si j’ai été entendue, mais cette paix profonde de sentir que, quoi qu’il arrive, j’ai déjà été exaucée puisque je ne demande que l’accomplissement de la volonté de Dieu ! Ainsi ma prière ne resserrera pas le monde à mes propres dimensions mais étendra au contraire mon âme aux dimensions du monde.

Vierge Marie, faites que, me dépouillant de mon esprit propre je vive enfin, à votre exemple, dans l’Esprit de Dieu. Obtenez-moi les grâces de cette pentecôte unique et sans cesse renouvelée pour que moi aussi, je sois transformée, jour après jour, par la docilité que je veux mettre désormais à vivre avec l’Hôte de mon âme pour écouter ses conseils et implorer sans cesse son secours !

D’après Paula Hoesl

Promenade en famille

En ce début de printemps, quelle joie de retrouver les premières fleurs rescapées du froid de l’hiver, perce-neiges, crocus, primevères, narcisses, jonquilles ! Certains camélias fleurissent déjà. Le petit duvet d’herbe tendre qui commence à recouvrir le sol nous donne un avant-goût de ce renouveau printanier.

Une bonne promenade en forêt ou dans un parc, sous les premières lueurs du frais soleil de ce printemps renaissant, va donner à toute la famille l’occasion de s’émerveiller de la résurrection, tous les ans renouvelée, de Dame nature. Bien plus qu’une dose de Vitamine D, ce grand bol d’air vif et léger nous redonnera de l’énergie par la contemplation de cette éternelle jeunesse, bienveillante prodigalité de notre Créateur.

La famille, école de chrétienté

Chers grands-parents,

Il n’est pas de journée sans que nos journaux ne traitent des « scandales », vrais ou supposés qui frappent notre Eglise. Or nous le savons, seul le Christ est la voie du salut et c’est à Pierre qu’il a confié les clés du royaume. «  Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel ». Les pères de l’Eglise et les conciles[1] ont défini quelles étaient les conditions de cette autorité. Nous sommes catholiques et romains et nous devons transmettre cette certitude à notre famille ! Dans la crise étonnante que nous traversons, comment transmettre notre amour de l’Eglise à nos enfants et petits-enfants ?

Nous avons retenu trois pistes principales permettant de maintenir cet amour.

  • Enraciner la foi de nos enfants dans une profonde culture catholique,
  • Expliquer clairement ce qu’est l’Eglise
  • Donner l’exemple.

Enraciner la foi.

Les catéchistes, prêtres ou laïcs sont toujours impressionnés par l’absence de culture catholique qui sévit dans nos familles. En dehors de quelques lectures de vies de saints et d’une connaissance superficielle du catéchisme, nos enfants savent peu ! Parfois très peu !

Mes propres enfants ont eu la chance d’avoir une grand-mère qui leur lisait la bible dans des ouvrages adaptés [2] tentant – car ça n’est pas toujours facile – de leur expliquer comment notre religion s’enracinait dans les prophètes qui ont annoncé la naissance du Christ et ainsi prouvé son origine divine. Certes nous sommes du nouveau testament mais le Christ n’est pas soudain apparu sans aucune annonce préalable !

En plus de ces récits de la bible, il faut encourager chez nos enfants et petits-enfants l’apprentissage du catéchisme. Pour être catholique, il est nécessaire de savoir ce à quoi on croit de manière certaine ! C’est ce qui donnera à nos petits des « réflexes » chrétiens. Dans bien des familles, l’efficacité des sacrements est méconnue, de même que les conditions nécessaires pour les recevoir [3] !

Il est vrai que la pratique de notre sainte religion consiste d’abord à bénéficier des mérites acquis par Notre Seigneur sur la Croix mais il est aussi vrai que l’acquisition de ces mérites nécessite l’acceptation de certaines règles. Il ne suffit pas d’être de bonne volonté – je devrais dire velléité –  pour être sauvé. Il faut travailler à son salut.

Expliquer ce qu’est l’Eglise.

« L’Église catholique est la société ou la réunion de tous les baptisés qui, vivant sur la terre, professent la même foi et la même loi de Jésus-Christ, participent aux mêmes sacrements et obéissent aux pasteurs légitimes, principalement au Pontife Romain [4]. » Nos petits-enfants savent-ils cela ? Même foi et même loi, fidélité à Rome. Tout ce qui n’est pas dans cette définition n’est pas catholique et ne suit pas le Christ !

Que nos familles soient des lieux de fidélité à l’Eglise [5], c’est-à-dire à sa foi, sa loi et au pontife romain.

Cela n’empêche pas d’expliquer à nos enfants que tout prêtre n’est pas forcément un saint et que l’autorité, même romaine, doit obéir elle-même à la loi de Dieu et à la foi en conformité avec la Tradition.

Donner l’exemple.

Nous sommes tous – j’espère –  des passionnés. Peut-être avons-nous tendance à juger vite et à parler trop. S’il est un domaine dans lequel nous devons méditer avant de parler, c’est bien celui de l’Eglise et des hommes d’Eglise. Il me paraît important d’éviter certains sujets causes de scandale devant les enfants.

Nos prêtres, en plus d’être « « d’autres Christs » célébrant la messe, sont nos prédicateurs habituels. Ce sont eux qui nous transmettent la foi et, même s’ils ne sont pas infaillibles, nous devons toujours les traiter avec respect, les honorer et les recevoir. Hors cas de nécessité, il devrait être interdit de critiquer le sermon du dimanche ! S’il nous paraît maladroit, peut-être a-t-il convaincu d’autres cheminant différemment.

Donnons l’exemple, assistons pieusement à la messe et soyons sourds aux motifs d’agacement. Aimons raconter des histoires qui valorisent nos autorités religieuses ! Aimons montrer que nous avons du respect et de l’amitié pour nos prêtres ! Prions tous les jours en famille pour le Pape et l’Eglise !

Daigne Sainte Anne nous donner la foi, l’intelligence et la finesse pour transmettre à nos petits notre amour de l’Eglise.

Des grands-parents

[1] En particulier le concile Vatican I.

2 Nous recommandons la Bible d’une Grand-mère de la Comtesse de Ségur

3 C’est ainsi que la communion du dimanche est généralisée – ce qui est bon – alors que les confessionnaux sont vides. Aurions-nous affaire à une génération qui ne pèche plus ?

4 Catéchisme de St Pie X

5 Il va de soi qu’il s’agit d’une obéissance conforme aux enseignements des pères de l’Eglise et des conciles conformément entre autre à la doctrine de ST Thomas d’Aquin et que les dérives de certaines autorités doivent être respectueusement mais fermement condamnées !

Faire aimer l’Eglise à nos enfants

« Aimer le Christ ou aimer l’Église, c’est tout un ». Nous avons à cœur de faire aimer Notre Seigneur à nos enfants, pensons-nous seulement à leur faire aimer son Église ? Certes, en ces temps d’épreuve et de crise, la chose paraît plus délicate qu’à l’ordinaire[1] ; elle n’en est pas moins nécessaire, tout au contraire. Pour être malade, l’Église n’en demeure pas moins notre mère et, d’un point de vue humain, une mère que l’on sait menacée n’en est que plus aimée. Il devrait en être ainsi de notre amour pour l’Église, même si nous la savons indéfectible. A cet amour d’ailleurs se mesure la vérité de notre amour pour Notre Seigneur. Ce qui est vrai de Pierre en ce domaine l’est aussi de nous : son amour pour le Christ se vérifie dans son amour pour l’Église, pour les brebis du Christ[2].

A n’en pas douter, là comme ailleurs s’applique à l’endroit des plus jeunes la méthode préventive de saint Jean Bosco. Jusqu’à l’âge des dix – onze ans, ce grand éducateur voulait prévenir le mal, faire en sorte qu’il croise le moins possible l’âme des petits. Il aurait aimé que l’enfant ne voie que le bien autour de lui pour mieux l’imiter, pour mieux combattre aussi les germes de mal qui sont en lui. Ainsi, des difficultés de l’Église comme des défaillances de ses ministres, on ne parlera pas devant les petits. Autant que possible, on évitera également les circonstances où le mauvais exemple de certains pourrait hélas choquer leur sens de Dieu et du sacré.

De l’Église et de ses ministres, il importe de leur donner initialement une vision toute positive. A l’instar du Bon samaritain[3], Jésus nous a confié à son Église, pour qu’elle prenne soin de nous. Elle est pour nous une mère qui panse nos plaies et nous nourrit, elle est la vigne du Christ qui, par ses ministres, nous vivifie de la divine sève. Hors d’elle, c’est-à-dire sans cette dépendance vitale à l’Église et à ses ministres, nous serions comme ces sarments morts qui ne sont bons qu’à être jetés au feu[4]. N’hésitons pas, auprès de ces petits, à reprendre ces paraboles et images de l’Évangile, pour les initier à l’amour de l’Église. On pourra encore profiter d’un baptême pour expliquer discrètement à l’enfant, pendant la cérémonie même, combien lui-même a tout reçu de l’Église, par la médiation du prêtre. Il saisira ainsi combien sa vie quotidienne de prière et de sacrifice s’enracine dans son appartenance à l’Église, et ne la reliera que mieux au mystère de la Messe lors de ses communions.

Lui enseignant la hiérarchie de l’Église à l’aide de belles et dignes photos, on apprendra encore à l’enfant à prier pour le pape, les évêques, les prêtres. L’offrande de la journée[5], récitée chaque matin au pied du lit, en sera l’occasion : quand il n’y a pas d’intention particulière, on proposera à l’enfant de toujours prier « aux intentions du pape[6] et pour les besoins de sa sainte Église ». Devenu plus grand, on le fera participer, à chaque fois que cela sera possible, aux adorations perpétuelles organisées régulièrement dans chaque Prieuré aux grandes intentions ecclésiales. L’heure sainte au foyer, dans le cadre des Foyers Adorateurs, pourra encore être un moment privilégié.

Grandissant, l’enfant découvre bien vite l’existence du mal autour de lui. Dieu l’a voulu ainsi : faire le bien réclame de découvrir préalablement là où il n’est pas. Ainsi, oui, le pré-adolescent puis l’adolescent vont toujours plus découvrir tant les limites des hommes d’Église que la crise qui secoue celle-ci de l’intérieur. L’heure des grandes discussions arrive, et avec elles celles des premières distinctions. Pour mieux leur faire connaître et aimer l’Église, il importe qu’ils saisissent que, jusqu’à la fin des temps, celle-ci sera ici-bas composée de bon grain et d’ivraie[7], de bons et de mauvais poissons[8], et ce jusque dans ses ministres ; que l’Église elle-même sera toujours comparable à cette barque battue par les flots où, à vue humaine, Jésus semble dormir[9] ; mais que si Dieu permet cela, ce n’est que pour mieux manifester la puissance de sa grâce, pour faire triompher l’action secrète du Christ qui jamais n’abandonne son Église[10]. En un mot, le jeune adolescent, à l’âge où il se forme un idéal, doit saisir que l’Église sera militante jusqu’à la fin des temps, que les armes de Dieu ne sont pas celles du monde, que la victoire du Christ et le triomphe de l’Église sont assurés.

Des mauvais pasteurs, il faudra lui apprendre à se préserver. Car il faut que l’adolescent saisisse le mal et la destruction qu’engendre l’hérésie diffuse dans le Corps même de l’Église, tel un cancer. Oui, l’Église sa mère est une mère malade, malade en sa partie humaine. Aussi, précisément parce qu’il aime l’Église, parce que le mal et l’erreur s’en prennent à elle et ruinent les âmes, il doit haïr cette maladie ; s’en préserver, la soulager, la combattre autant qu’il est en lui. A cette fin, que toujours il reste lumière au milieu des ténèbres, en laissant bien vivants en lui ces trésors de foi et de vie aujourd’hui reniés de fait. Et quand bien même de mauvais pasteurs voudraient les lui faire abandonner au profit de la maladie, il ne devra pas les écouter[11] ; ce ne sera là désobéir qu’en apparence, car un tel discours n’est plus celui de l’Église – une mère ne peut vouloir la mort de son enfant – mais émane d’un membre comme saisi par le délire de la maladie. Loin de céder à ces enseignements tronqués, qu’il s’en tienne à ce que l’Église a toujours enseigné, là il trouvera les voies du salut[12].

Malgré ces mauvais pasteurs, Dieu toujours vivifie son Église, laquelle continue à nous enseigner et à nous nourrir. A cette fin, Dieu n’omettra jamais d’envoyer de bons pasteurs[13].

Quels que soient les défauts de ces derniers, qu’ils soient présentés au pré-adolescent tels des héros, dignes de respect et d’obéissance : on ne tire pas sur un capitaine qui au milieu des périls mène à bien la barque en laquelle nous sommes, sous prétexte qu’un bouton de sa vareuse serait mal attaché ! On lui est au contraire reconnaissant de son dévouement, et on l’y seconde. Et qu’on se rappelle surtout qu’à travers et par cet homme, c’est Dieu qui se donne.

L’enfant, devenu adolescent et bientôt jeune adulte, saisira à cette école combien, en ces temps si troublés, l’Église reste la fidèle épouse du Christ qui, en son amour, le suit partout où il va[14]; aujourd’hui unie à la Passion et comme défigurée de par la fuite des Apôtres eux-mêmes, demain partageant sa gloire.

Il saisira qu’aimer en vérité le Christ et l’Église aujourd’hui, consiste à rester dans cette dépendance profonde de l’Église de toujours, sans relativiser nullement le mal qui présentement la ronge. Seul cet amour sera fécond, parce qu’il sera vrai. Puisse-t-il engendrer de nombreuses vocations. 

Abbé  P. de LA ROCQUE


[1] Cf. Plus loin, article : Aimer l’Église en vérité

[2] Jn 21, 17

[3] Lc 10, 30-37

[4] Jn 15, 6

[5] « Divin Cœur de Jésus, je vous offre, par le Cœur Immaculé de Marie, mes prières, mes œuvres et mes souffrances de cette journée en réparation de toutes mes offenses, et à toutes les intentions pour lesquelles vous vous immolez continuellement sur l’autel. Je vous les offre en particulier pour… »

[6] Cf. notre rubrique : Le saviez-vous ? p. 21

[7] Mt 13, 24-30

[8] Mt 13, 47-50

[9] Mt 8, 23-27

[10] Mt 28, 20

[11] Jr 23, 16

[12] Jr 6, 16

[13] Jr 23, 1-4

[14] Ap 14, 4

ACTUALITÉS CULTURELLES

  • Meximieux (01) :

Le 31 mars, deuxième édition du «  Printemps des jardins » dans le parc du château. Ville-meximieux.net

  • Aix en Provence (13) :

Festival de Pâques, du 13 au 28 avril, la musique à l’honneur au grand théâtre de Provence et au Théâtre du jeu de Paume. Festivalpaques.com

  • Arc- et –Senans (25) :

Jusqu’au 24 mars, « Froid ». Venez découvrir tous les mystères du froid avec ses effets sur les organismes vivants, un voyage au cœur des températures négatives. Salineroyale.com

  • Angers (49) :

« Les chambres des merveilles » jusqu’au 31 mars…quand l’insolite et le prodigieux des objets accumulés révèlent des mondes cachés…Un parcours sympathique dans une ambiance visuelle et sonore. Château-angers.fr

  • Mulhouse (68) :

« Quand les fleurs font l’étoffe » jusqu’au 29 septembre…les fleurs et la mode. Au très beau musée de l’impression sur étoffe, 14 rue Jean-Jacques Henner.

  • Paris (XIe) :

« Les lumières de Van Gogh », du 22 février au 31 décembre à l’Atelier des Lumières (38 rue Saint Maur) offre un voyage visuel et sonore qui plonge le visiteur au cœur de l’œuvre du peintre, de ses paysages ensoleillés ou scènes nocturnes, à ses portraits et natures mortes. Qui n’a jamais vu de près une toile de ce peintre talentueux, n’est pas en mesure d’apprécier son grand art !

  • Paris (XIXe) :

Ne manquez pas la dernière tournée mondiale du pharaon Toutankhamon et de son trésor à l’occasion du centenaire de la découverte de son tombeau royal, du 24 mars au 15 septembre à la Grande Halle de la Villette (211 Avenue Jean Jaurès 75019 Paris).

  • Bruxelles (Belgique) :

 20 février au 26 mai, « Bernard van Orley, Bruxelles et la Renaissance » au Palais des Beaux-Arts. Ce peintre, une des figures clés de la Renaissance du Nord, très tôt nommé peintre de la Cour par Marguerite d’Autriche, régente des Pays-Bas, alors que Bruxelles est le centre du pouvoir en Europe.

Bibliographie politique pratico-pratique dans le domaine de la science politique

Dans le désordre politique actuel, des citoyens se demandent parfois s’il ne conviendrait pas de revenir aux principes fondamentaux de la science politique, en préalable à une restauration de la poursuite du bien commun temporel.

En vue de faciliter ce travail forcément studieux, nous proposons ci-dessous les références de cinq ouvrages de Saint Thomas d’Aquin. Ces documents que l’on peut se procurer aisément et sans investissement exagéré devraient permettre au débutant d’assimiler les jugements universels et permanents que le Docteur réaliste nous propose sur le politique, par-delà les siècles. Cette doctrine qui reste très actuelle permet de se dégager rapidement de l’interprétation journalistique des évènements politiques pour développer sa propre analyse politique ; dans un deuxième temps elle autorisera une renaissance de l’authentique action politique. Sauf mention contraire, tous ces ouvrages sont disponibles dans les librairies dont les adresses suivent (liste non exhaustive) :

DPF, BP 1, 86190 Chiré-en-Montreuil.

Tél: 05 49 51 83 04.

Librairie Duquesne, 27 avenue Duquesne, 75007 Paris.

Librairie Notre Dame de France, 33 rue Galande, 75005 Paris.

Librairie Dobrée, 14 rue Voltaire, 44000 Nantes

Des éditions numériques de certains textes proposés dans cet article sont disponibles par le canal de la Revue Foyers Ardents.

  1. Les textes fondateurs de la science politique traditionnelle
  2. De Regno, traduction, notes et annexes par le R.P. Bernard Rulleau. édition Civitas 2010.
  3. Les principes de la réalité naturelle, Nouvelles éditions latines, collection Docteur Commun, 1963.
  4. Commentaire du traité de la politique d’Aristote, traduction de Serge Pronovost, éditions Docteur Angélique, 2017.
  5. Commentaire de l’Éthique à Nicomaque d’Aristote, traduction d’Yvan Pelletier, 1999 [accessible sur le site docteurangelique.free.fr].
  6. Les lois[1], traduction et notes du père Jean de la Croix Kaelin, édition Téqui, 2003

Nous préconisons la lecture des ouvrages dans l’ordre où ils se trouvent cités ci-dessus.

II Les commentaires des ouvrages de Saint Thomas d’Aquin cités

Le professeur Jean-Marie Vernier[2] introduisait fréquemment ses cours par le conseil suivant, qui s’est avéré singulièrement fondé par la suite : « Méfiez-vous des commentateurs, lisez saint Thomas dans le texte ». Néanmoins il ne peut être question de lire seul, sans aucun guide, les traités de l’aquinate. « Méfiez-vous des commentateurs » ne signifie pas « Débrouillez-vous tout seul ». Examinons préalablement ce qui justifie la recommandation de J-M Vernier :

Premier motif de suspicion légitime des commentateurs : les disciples de saint Thomas, que l’on appelle les thomistes, sont majoritairement des thomistes démocrates : ceux-ci sont d’abord démocrates et ensuite, thomistes. Les « thomistes démocrates qui formeront le contingent le plus écouté des thomistes français dans les années 1930 et jusqu’à la disparition quasi complète du thomisme de la vie intellectuelle française[3] » sont finalement tous des disciples de Jacques Maritain. Or celui-ci est partisan d’un « humanisme théocentrique[4] ». Certes la Somme de saint Thomas est un traité éminemment théologique et l’ordre théologique comprend la totalité de l’ordre naturel. Mais pour autant la Somme n’est pas un cursus de science politique[5]. Un critère significatif qui permet de reconnaître facilement un thomiste démocrate, c’est sa ferveur pour la question 105 de la Somme Théologique : par des « artifices parfois divertissants, parfois agaçants[6] » il va s’appliquer à faire de saint Thomas un « génial précurseur de la démocratie moderne[7] ».

Deuxième motif : les thomistes… sont rarement d’authentiques disciples de saint Thomas. Comme l’explique Étienne Gilson, celui qui s’efforce de retrouver la vraie pensée du Docteur Commun se trouve appartenir à une minorité dans une minorité :

« Et je crois pouvoir assurer qu’il ne suffit pas qu’un maître se dise thomiste, ou même qu’il pense l’être, pour qu’on soit sûr d’avoir affaire avec un fidèle disciple de saint Thomas.[8] »

Combien de thomistes qui ne sont que disciples de François Suarez ou de Jacques Maritain. Or, pour se limiter à une seule illustration, Thomas d’Aquin et F. Suarez[9] n’ont pas la même définition de la loi civile.

« La loi n’est rien d’autre qu’une ordination de la raison en vue du bien commun, établie par celui qui a la charge de la communauté, et promulguée. » (Thomas d’Aquin, Somme théologique, q. 90 a. 4)[10]   La loi est un précepte commun, juste et stable, suffisamment promulgué. (Francisco Suarez, Des lois, De legibus).[11]

On imagine les conséquences politiques d’un tel désaccord principiel. Une fois supprimé le bien commun dans la définition de la loi, on aboutit inéluctablement à la conception moderne de la loi. D’où le volontarisme politique et l’impossibilité de fonder la légitimité d’exercice[12].

Considérons à présent les commentaires susceptibles de faciliter la compréhension des ouvrages de saint Thomas cités supra. Le plus simple étant de reprendre un à un les cinq titres d’ouvrages :

  1. : Du gouvernement royal (De regno)

La traduction conseillée du De Regno par le R.P. Bernard Rulleau comporte un commentaire détaillé de chaque chapitre avec une application proposée pour des questions actuelles de politique (dans la France d’aujourd’hui).

  • Les principes de la réalité naturelle

L’application des principes de cet opuscule à la politique – qui reste notre préoccupation dans cet article – est opérée dans la brochure de Midelt Bernard, Nature de la société politique, diffusion AFS ou DPF, 2003.

  • Commentaire de la Politique d’Aristote:

La traduction de Pronovost peut être accompagnée de la lecture du livre d’Hugues Kéraly, Préface à la politique, éd. Nouvelles éditions latines 1974 (réédité en 2018) qui propose un commentaire du proème de Saint Thomas. Mais celui-ci est insuffisant et il doit être absolument complété par l’article de Marcel De Corte, « Réflexions sur la nature de la Politique », revue L’Ordre Français, n° de mai 1975.

  • Commentaire de l’Ethique à Nicomaque d’Aristote

Malgré son titre, cet ouvrage est un traité de Politique. Le Professeur Marcel De Corte a longuement commenté cet ouvrage de Saint Thomas d’Aquin dans le chapitre « L’Éthique à Nicomaque: Introduction à la politique », publié dans l’ouvrage Permanence de la philosophie : mélanges offerts à Joseph Moreau, édition La Baconnière, Neuchatel, 1977, à partir de la p.69.

  • Les lois

Il existe un commentaire exhaustif et technique de Laversin M-J dans le volume de la Somme Théologique intitulé « La Justice » de La Revue des Jeunes.

Bernard de Midelt  et Louis Lafargue


[1] Traité issu de la Somme Théologique, la Ilae, questions 90 à 97.

[2] Jean-Marie Vernier est l’auteur du texte français du Commentaire du Traité de l’âme d’Aristote par Thomas d’Aquin, Vrin, 2000.

[3] De Thieulloy Guillaume, Antihumanisme intégral. L’augustinisme de Jacques Maritain, édition Téqui 2006, p. 121.

[4] Maritain Jacques, dans Humanisme intégral. Un « Humanisme théocentrique » est un oxymore (figure de rhétorique caractérisée par un assemblage de mots apparemment contradictoires) qui a conduit Marcel de Corte à taxer Maritain d’angélisme.

[5] Meinvielle Julio, Critique de la conception de Maritain sur la personne humaine, édition Iris, 2011, pp. 54, 79 et 241.

[6] Jugnet Louis, Pour connaître la pensée de saint Thomas d’Aquin, Nouvelles Éditions Latines, 1999, chapitre « Le régime politique ».

[7] De Thieulloy Guillaume, op cit, p 121.

[8]  Gilson Etienne, Les tribulations de Sophie, éd Vrin 1967, pp 22 et 24.

[9] Ne pas s’imaginer un malentendu. F. Suarez s’inscrit ici ouvertement dans une critique de la conception de la loi de l’aquinate.

[10]  Bastit Michel, Naissance de la loi moderne, éd. Puf, col Léviathan 1990, p. 66

[11] Bastit Michel, Naissance de la loi moderne, éd. Puf, col Léviathan 1990, p. 312.

[12] Ne pas s’imaginer un malentendu. F. Suarez s’inscrit ici ouvertement dans une critique de la conception de la loi de l’aquinate.

Dans la joie et la bonne humeur !

« Quand il vous arrive de jeûner, ne prenez pas des airs tristes, sombres, renfrognés » nous dit Notre Seigneur qui connaît pourtant les duretés de la vie et les épreuves qui peuvent broyer le cœur de l’homme. N’avons-nous pas, en effet, assez de douleurs inévitables pour nous y complaire et nous rendre malheureux comme à plaisir ?!

Et si nous profitions de ce Carême pour éveiller en nous « le ravi de la Crèche »dont l’âme si pure et toute en Dieu, ne cesse de Le louer d’une joie spirituelle qui  rejaillit sur tout lui-même … ?  « Dieu aime les louanges de ceux qui sont humblement, doucement heureux…la joie est une caractéristique de la sainteté. » (P Gaston Courtois)

Dieu est joie, joie infinie. Il veut nous communiquer sa joie en nous communiquant sa vie. Si nous lui donnons notre confiance, notre reconnaissance, en Le mettant au cœur de nos pensées, de nos actions, dans un bel esprit d’abandon à sa volonté sur nous, alors Il infusera Sa joie à notre âme comme le soleil réchauffe la terre.

La joie est une vertu essentiellement chrétienne, elle est ce qui fait dire à ceux que l’on croise : « mais vous, vous avez quelque chose en plus ! » Oui, j’ai la foi, ce trésor qui brûle en mon âme, qui me fait aimer, sourire, et même parfois chanter !

Dans la vie quotidienne, la joie chrétienne se transforme en bonne humeur, un des meilleurs remparts contre la tentation. Car vous vous doutez bien que le démon attaque en nous cette joie que nous devons défendre avec acharnement ! Une âme joyeuse est plus disposée à la pratique de la générosité, du sacrifice, de la charité. La bonne humeur est un élan irrésistible à l’âme et devient une force dans nos affaires temporelles : elle apporte succès dans le travail, atténue la fatigue, supporte les contradictions, les imprévus, les contrariétés…L’âme joyeuse est plus sereine, plus lucide, elle attire les sympathies, inspire confiance,…la joie est même utile à la santé.

« Modération, calme et bonne humeur

Ferment la porte au nez du docteur ! »

Lorsque la fatigue prend le dessus sur le moral d’un des époux, le meilleur remède n’est-il pas la bonne humeur réconfortante de son conjoint qui vient alléger joyeusement l’atmosphère? Nous savons combien le pessimisme, la déprime peuvent avoir une mauvaise répercussion sur la santé…et je dirais même sur la santé du fonctionnement de notre ménage !

Une ambiance paisible et joyeuse (vous avez compris qu’il ne s’agit pas de ces joies superficielles faites d’excitations, mais de celle qui vient de l’âme proche de Dieu !) est aussi une condition de succès dans l’éducation car elle facilite l’effort généreux et fait accepter le mal qu’il faut se donner pour vaincre. « Ce qui rentre dans le cœur à la faveur d’un rayon de joie s’y grave bien mieux. » (P. Gaston Courtois) Une éducation qui sait encourager, aidera les visages à s’épanouir, admirera les actes de bonnes volonté, poussera à acquérir des qualités, contrairement à un commandement découragé et plein de reproches.

Aidez-vous votre mari ou épouse en arborant un air revêche sous prétexte de soucis ou de fatigue ?! Non, soyons « semeurs de joie », un « alléluia » de la tête aux pieds comme dit si allègrement Dom Guéranger ! Imitons cette sainte épouse (Elisabeth Leseur) qui cherchait à convertir son mari en veillant sur son attitude, sur sa toilette, se faisant « séduisante » pour le bon Dieu, rendant son foyer attrayant en vue d’un bien plus grand, d’une fin plus haute pour son époux.


La bonne humeur constante n’est pas chose facile…C’est une grâce que Dieu nous accordera seulement si nous la Lui demandons avec persévérance : « Seigneur, faites grandir Votre joie en mon âme ! »Cela viendra si nous faisons un effort personnel, celui de chasser de notre esprit tout nuage de tristesse, Dieu nous le demande. Etre bien décidé à ne pas se laisser envahir par des idées déprimantes (qui ne sont rien d’autre que des tentations du démon), avoir la volonté d’y résister en réagissant immédiatement : les mettre à la porte ! Ne pas ruminer nos ennuis, ce qui ne fait que les aggraver. Compenser une pensée négative par une idée optimiste : « je suis triste » deviendra « je suis joyeux », « je n’ai pas de chance »se transformera en « tout va bien ». Si je suis contrarié : « rien ne me vexe, rien ne me décourage, mon Dieu je Vous donne tout ».

Et si cela devient obsédant, prenez un papier et un crayon pour écrire tous vos points noirs, les analyser un par un, et chercher le meilleur remède pour les effacer. Pris séparément, ils seront plus faciles à éradiquer. Ou encore, mettez par écrit vos propres litanies de la joie !

La bonne méthode est vraiment celle de toujours voir le bon côté des choses, l’avantage à en tirer…  « Vous pouvez à votre choix voir dans une flaque d’eau ou la boue gisant au fond, ou l’image du ciel qui est au-dessus » le bien et le mal sont mêlés partout ! Prenons donc du recul en dominant la situation, ne nous laissons pas troubler par ce qui est en réalité une peccadille. Tant que nous ne sommes pas au Ciel, il est normal que notre vie de la terre ne soit pas parfaitement heureuse, transformons  les épreuves en grâces en attendant le bonheur infini qui nous est destiné. Le Ciel se  mérite !

Si nous faisons notre devoir de notre mieux, sans nous préoccuper de façon exagérée de ce que l’on peut penser de nous mais pour Dieu qui connaît nos pensées et notre bonne volonté, nous serons en paix. Organisons notre vie, assurons-nous de repas et d’un sommeil suffisants pour éviter de « vivre sur les nerfs ». Dès que l’énervement gagne…arrêtons-nous quelques minutes pour retrouver une maîtrise intérieure. Si des choses agacent l’autre (désordre, imprévoyance, retard…) il vaut mieux les anticiper pour éviter tout frottement et perte de calme. Faisons de temps en temps l’inventaire des bienfaits dont on bénéficie et gardons le sourire (« avoir un visage souriant, n’est-ce point comme si l’on avait mis des fleurs à la fenêtre ? »), travaillons à rendre les autres heureux : nous oublier et soulager notre prochain est une recette infaillible ! Ne voyons que le bon côté des choses…et le beau côté des gens !

Voici donc un joli programme pour nous plonger joyeusement dans ce Carême ! Nos âmes, si elles sont en état de grâce, portent Dieu en elles. Abandonnons-Lui nos causes de tristesse et oublions-les pour ne penser qu’à Lui. Terminons avec le bon Père Courtois : 

« La joie est fruit de l’amour. Elle ne supprime pas le sacrifice, elle le transfigure en lui donnant la plénitude de sa valeur et de sa fécondité ».

De grand cœur, saint et joyeux Carême à tous !

Sophie de Lédinghen

  PS : Vous trouverez un autre article pour vous aider à faire un bon  Carême dans notre FA 2 ou sur le  site : http://foyers-ardents.org/2017/03/24/comment-faire-un-bon-careme-en-famille/